JEAN
Notes d’étude sur le chapitre 4
Samarie : Au 1er siècle, la Samarie était une province romaine dans laquelle Jésus s’est rendu occasionnellement. Par la suite, ses disciples y ont apporté le christianisme. Aujourd’hui, on ne connaît pas les frontières exactes de cette province, mais on la situe entre la Galilée, au N, et la Judée, au S, et on pense qu’elle s’étendait depuis l’O du Jourdain jusqu’aux plaines côtières de la Méditerranée. La plus grande partie de cette province englobait les territoires qui appartenaient autrefois à la tribu d’Éphraïm et à la demi-tribu de Manassé qui se trouvait à l’O du Jourdain. Bien que Jésus ait parfois traversé la Samarie pour aller à Jérusalem ou pour en revenir (Jean 4:3-6 ; Lc 9:51, 52 ; 17:11), il a demandé à ses apôtres de ne pas prêcher dans les villes samaritaines, car leur mission première était d’aller « vers les brebis perdues de la nation d’Israël », c’est-à-dire les Juifs (Mt 10:5, 6). Mais cette restriction n’était valable que pour un temps limité. Juste avant de monter au ciel, Jésus a dit à ses disciples qu’ils annonceraient la bonne nouvelle en « Samarie » et « jusque dans la région la plus lointaine de la terre » (Ac 1:8, 9). Quand la persécution a éclaté à Jérusalem, des disciples, notamment Philippe, ont prêché la bonne nouvelle en Samarie. Pierre et Jean ont plus tard été envoyés là-bas pour que les Samaritains puissent recevoir de l’esprit saint (Ac 8:1-17, 25 ; 9:31 ; 15:3).
Sychar : Il s’agit d’une ville de Samarie qui a été identifiée au village d’Askar, près de la ville actuelle de Naplouse, à environ 1 km au NE de Sichem et à 0,7 km au NNE du puits de Jacob (voir app. B6 et B10). Certains ont identifié ce lieu à Sichem, en se basant sur des auteurs profanes anciens ainsi que sur le Codex Syro-Sinaiticus, qui porte « Sychem ». Toutefois, l’option « Sychar » trouve de solides appuis dans les manuscrits grecs les plus anciens et qui font le plus autorité, et des archéologues ont montré que le site de Sichem (tell Balata) était inhabité à l’époque de Jésus.
le puits de Jacob : Selon la tradition, on situe ce puits à Bir Ya’Kub (Beer Yaakov), à environ 2,5 km au SE de la ville actuelle de Naplouse, pas très loin du tell Balata (le site de la Sichem antique). Ce puits est profond, et le niveau de l’eau n’atteint jamais le bord. Des mesures réalisées au 19e siècle indiquent que sa profondeur était d’environ 23 m à ce moment-là. Comme le fond du puits est recouvert de décombres et de pierres jetés par des visiteurs, on peut penser que, dans l’Antiquité, il était encore plus profond (Jean 4:11). Étant donné que le puits est habituellement à sec de la fin du mois de mai jusqu’aux pluies d’automne, certains pensent que son eau provient de la pluie et des infiltrations. D’autres sont d’avis que le puits est également alimenté par une source (voir note d’étude sur puits dans ce verset). La Bible ne dit pas explicitement que ce puits a été creusé par Jacob, mais elle signale que Jacob possédait des terres dans les environs (Gn 33:18-20 ; Jos 24:32). Il est probable que Jacob a creusé ce puits ou l’a fait creuser, peut-être pour fournir de l’eau à sa famille nombreuse et à ses grands troupeaux. Il évitait ainsi d’avoir des ennuis avec ses voisins, qui étaient sans aucun doute déjà propriétaires des autres points d’eau de la région. À moins qu’il n’ait eu besoin d’une autre réserve d’eau lorsque des puits de la région se sont asséchés.
épuisé : C’est le seul passage des Écritures qui dit que Jésus était « épuisé ». Il était environ midi, et ce matin-là Jésus avait probablement fait le voyage depuis la vallée du Jourdain en Judée jusqu’à Sychar en Samarie, une montée abrupte avec un dénivelé de presque 900 m (Jean 4:3-5 ; voir app. A7).
puits : Ou « fontaine », « source ». Dans ce chapitre, deux mots grecs sont utilisés pour parler du puits de Jacob, à Sychar. Le mot grec pêgê, rendu deux fois par « puits » dans ce verset, désigne souvent une source, ou fontaine ; il se rapporte peut-être ici à la source qui alimentait le puits de Jacob. En Jc 3:11, ce terme est employé pour parler d’une « source » au sens littéral ; et en Jean 4:14, où il est aussi rendu par « source », il est utilisé au sens figuré. En Jean 4:12, c’est le mot grec phréar qui est employé pour désigner le puits de Jacob. Ce mot peut avoir pour sens « puits », « citerne » ou « réservoir vertical » (1S 19:22, Septante ; Lc 14:5 ; Ré 9:1). Souvent, les puits étaient alimentés par une source. Pour atteindre la source, il fallait parfois déblayer le terrain ou creuser. Cela explique peut-être pourquoi les mots « source » et « puits » sont ici utilisés de façon interchangeable pour parler du même point d’eau (voir note d’étude sur le puits de Jacob dans ce verset).
environ midi : Litt. « environ la sixième heure » (voir note d’étude sur Mt 20:3).
les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains : Les premiers Samaritains dont il est question dans la Bible étaient les Juifs qui vivaient dans le royaume des dix tribus d’Israël avant sa conquête par les Assyriens (2R 17:29). La séparation entre les Samaritains et les autres Juifs a commencé plus tôt, quand Jéroboam a instauré un culte idolâtrique dans le royaume des dix tribus (1R 12:26-30). Après la conquête assyrienne, le nom Samaritain en est venu à désigner les descendants de ceux qui avaient été laissés dans la région de Samarie ainsi que les étrangers qui avaient été amenés pour habiter dans le pays. Même si les Samaritains prétendaient qu’ils descendaient uniquement des tribus de Manassé et d’Éphraïm, il ne fait aucun doute qu’il y avait eu des mariages avec des étrangers, et les Écritures montrent que ces populations mixtes ont aggravé la corruption du culte en Samarie (2R 17:24-41). Quand les Juifs sont revenus de leur exil à Babylone, les Samaritains ont affirmé être attachés à Jéhovah, mais ils se sont opposés à la reconstruction du temple et des murailles de Jérusalem. Puis, peut-être au 4e siècle av. n. è., ils ont construit sur le mont Garizim leur propre temple, qui a été détruit par les Juifs en 128 av. n. è. Toutefois, les Samaritains ont continué d’adorer sur cette montagne. Au 1er siècle de n. è., ils peuplaient la province romaine de Samarie, située entre la Judée et la Galilée. Les Samaritains n’acceptaient que les cinq premiers livres de la Bible, et peut-être aussi le livre de Josué, mais ils avaient modifié certains versets pour justifier l’emplacement de leur temple. À l’époque de Jésus, le nom Samaritain avait une connotation raciale et religieuse, et les Samaritains étaient méprisés par les Juifs (Jean 8:48).
[...] avec les Samaritains : Cette remarque entre parenthèses ne figure pas dans certains manuscrits, mais elle trouve de solides appuis dans plusieurs manuscrits anciens qui font autorité.
eau vive : L’expression grecque désigne littéralement de l’eau qui s’écoule, de l’eau de source ou de l’eau douce provenant d’un puits alimenté par des sources. L’« eau vive » s’oppose à l’eau qui stagne dans une citerne. En Lv 14:5, l’expression hébraïque traduite par « eau courante » signifie littéralement « eau vive ». En Jr 2:13 et 17:13, Jéhovah est présenté comme la « source d’eau vive », c’est-à-dire la source de l’eau symbolique qui donne la vie. Quand Jésus a parlé avec la Samaritaine, il a utilisé l’expression « eau vive » dans un sens figuré, mais apparemment cette femme a d’abord pris cette expression au sens propre (Jean 4:11 ; voir note d’étude sur Jean 4:14).
Seigneur : Ou « monsieur ». Ici, simple appellation de politesse.
le puits est profond : Voir note d’étude sur Jean 4:6.
notre ancêtre Jacob : Les Samaritains prétendaient descendre de Jacob par Joseph, une affirmation que beaucoup de Juifs auraient très certainement contestée. Pour insister sur l’ascendance étrangère des Samaritains, des Juifs les appelaient du nom hébreu Koutim, qui peut se rendre par « Choutéens » ou « Cuthéens », c’est-à-dire gens de Kouth, ou Kouta. Les noms Kouth et Kouta désignent le lieu d’origine des gens que le roi d’Assyrie a envoyé s’installer dans les villes de Samarie après avoir exilé les Israélites en 740 av. n. è. Ce lieu se trouvait probablement à environ 50 km au NE de Babylone (2R 17:23, 24, 30).
l’eau que je lui donnerai : Dans ce verset, les mots « eau » et « source » sont utilisés au sens figuré. Un peu plus tôt dans sa conversation avec la Samaritaine, Jésus a parlé d’une « eau vive » (voir note d’étude sur Jean 4:10). Il explique maintenant que l’eau qu’il donne devient en ceux qui la reçoivent une source d’eau qui peut communiquer la vie éternelle. La Parole de Dieu utilise l’eau pour représenter les dispositions que Dieu a prises afin que les humains retrouvent une vie parfaite. Un élément important de cette eau symbolique est la rançon payée grâce au sacrifice de Jésus. Dans ce contexte, Jésus met en évidence les bienfaits spirituels que reçoivent ceux qui l’écoutent et deviennent ses disciples. Comme ils « apprennent à [...] connaître » Jéhovah Dieu et Jésus Christ et qu’avec foi ils agissent en conséquence, ils ont la perspective d’obtenir la vie éternelle (Jean 17:3). Jésus a dit que lorsqu’une personne accepte cette eau symbolique, celle-ci devient en elle une source dont jaillissent des bienfaits qui donnent la vie. Cette personne se sent aussi poussée à partager cette « eau de la vie » avec d’autres (Ré 21:6 ; 22:1, 17 ; voir note d’étude sur Jean 7:38).
Seigneur : Ou « monsieur ». Ici, simple appellation de politesse.
Seigneur : Ou « monsieur ». Ici, simple appellation de politesse.
cette montagne : C.-à-d. le mont Garizim (voir app. B10). Cette montagne est mentionnée quatre fois dans les Écritures hébraïques (Dt 11:29 ; 27:12 ; Jos 8:33 ; Jg 9:7). Pour faire concurrence au temple de Jérusalem, un temple samaritain a été construit sur cette montagne, peut-être au 4e siècle av. n. è. ; et il a été détruit par les Juifs en 128 av. n. è. Les Samaritains n’acceptaient que les cinq premiers livres de la Bible, et peut-être aussi le livre de Josué, mais seulement dans leur version, connue sous le nom de Pentateuque samaritain. Ce pentateuque était écrit en caractères samaritains, issus de l’hébreu ancien. Il existe environ 6 000 différences entre le texte samaritain et le texte massorétique de la Bible hébraïque. La plupart des variantes portent sur des détails, mais on note aussi quelques différences importantes. Par exemple, en Dt 27:4, où il est question de l’endroit où la Loi de Moïse a été écrite sur des pierres enduites de plâtre, le « mont Ébal » a été remplacé par le « mont Garizim » (Dt 27:8). La raison évidente de ce changement était d’appuyer la croyance samaritaine selon laquelle Garizim était la montagne sainte de Dieu.
le salut commence par les Juifs : Ou « le salut vient des Juifs ». Cette déclaration de Jésus emporte l’idée que le peuple juif s’était vu confier la Parole de Dieu, le culte pur et la vérité qui peut mener au salut (Rm 3:1, 2 ; voir lexique à « salut »). Les Juifs avaient aussi été choisis pour être le peuple d’où viendrait le Messie et par lequel se réaliserait la promesse de Dieu concernant la « descendance » d’Abraham (Gn 22:18 ; Ga 3:16). À l’époque où Jésus a parlé à la Samaritaine, c’était uniquement par les Juifs qu’une personne pouvait découvrir la vérité sur Dieu, ce qu’il attend des humains ainsi que les détails relatifs au Messie. Israël était toujours le canal utilisé par Dieu, et quiconque désirait servir Jéhovah devait le faire en se joignant à la nation qu’il avait choisie.
Dieu est un Esprit : Le mot grec pneuma est utilisé ici au sens de « personne spirituelle », « être spirituel » (voir lexique à « esprit »). Les Écritures montrent que Dieu, Jésus glorifié et les anges sont des esprits (1Co 15:45 ; 2Co 3:17 ; Hé 1:14). Un esprit est une forme de vie très différente des humains et il est invisible à l’œil humain. Un esprit a un corps, un « corps spirituel », qui est de loin supérieur au « corps physique » (1Co 15:44 ; Jean 1:18). Des rédacteurs de la Bible ont décrit Dieu comme ayant un visage, des yeux, des oreilles, des mains, etc., mais ces descriptions ne sont que des figures de style destinées à aider les humains à se représenter Dieu mentalement. Les Écritures montrent clairement que Dieu est une personne bien réelle. Il se trouve à un endroit au-delà du monde physique. Christ pouvait donc dire : « Je vais vers le Père » (Jean 16:28). Et en Hé 9:24, il est dit que Christ est entré « dans le ciel même, où il se présente [...] devant Dieu en notre faveur ».
adorer avec l’esprit : Comme le montre l’entrée lexicale « esprit », le mot grec pneuma peut avoir plusieurs sens, parmi lesquels la force agissante de Dieu, ou esprit saint, ainsi que la force qui motive les actions d’un humain, c’est-à-dire son état d’esprit. Le terme « esprit », quel que soit le sens qu’il emporte, désigne toujours quelque chose d’invisible à l’œil humain. En Jean 4:21, Jésus a expliqué que le culte rendu à son Père n’aurait pas pour centre un lieu physique, comme le mont Garizim, en Samarie, ou le temple de Jérusalem. Étant donné que Dieu n’est pas de nature physique et qu’on ne peut pas le voir ni le toucher, le culte qu’on lui rend ne serait plus lié à un temple physique ni à une montagne. Dans d’autres versets de la Bible, Jésus a montré que pour que Dieu accepte le culte d’une personne, celle-ci doit se laisser guider par l’esprit saint invisible de Dieu, aussi appelé « assistant » (Jean 14:16, 17 ; 16:13). Ainsi, « adorer avec l’esprit » signifie apparemment rendre un culte qui est guidé par l’esprit de Dieu ; cet esprit aide l’individu à régler sa manière de penser sur celle de Dieu grâce à l’étude et à la mise en pratique de sa Parole. « Adorer avec l’esprit » implique donc bien plus qu’être sincère et servir Dieu avec un état d’esprit zélé, ou enthousiaste.
adorer avec [...] la vérité : Le culte que Dieu accepte ne peut pas reposer sur l’imaginaire, des mythes ou des mensonges. Il doit être en harmonie avec les faits et avec la « vérité » que Dieu a révélée dans sa Parole à son propre sujet et au sujet de ses projets (Jean 17:17). Ce culte doit être conforme aux « réalités invisibles » qui sont révélées dans la Parole de Dieu (Hé 9:24 ; 11:1 ; voir aussi note d’étude sur adorer avec l’esprit dans ce verset).
Je sais que le Messie vient : Les Samaritains acceptaient uniquement les cinq premiers livres de la Bible, aujourd’hui connus sous le nom de Pentateuque. Ils rejetaient le reste des Écritures hébraïques, à l’exception peut-être du livre de Josué. Toutefois, étant donné qu’ils acceptaient le Pentateuque, écrit par Moïse, les Samaritains attendaient la venue du Messie, le prophète plus grand que Moïse (Dt 18:18, 19).
Messie : Le mot grec Méssias (transcription de l’hébreu mashiaḥ) n’est employé que deux fois dans les Écritures grecques chrétiennes (ici et en Jean 1:41). Le titre mashiaḥ vient du verbe hébreu mashaḥ, qui signifie « enduire (d’un liquide) », « oindre » (Ex 29:2, 7). À l’époque biblique, on désignait officiellement quelqu’un comme prêtre, dirigeant ou prophète en l’oignant avec de l’huile (Lv 4:3 ; 1S 16:3, 12, 13 ; 1R 19:16). Les titres « Messie » et Christ (grec Khristos) sont équivalents et signifient tous les deux « oint ». Le titre « Christ » est utilisé plus de 500 fois dans les Écritures grecques chrétiennes (voir note d’étude sur Mt 1:1).
Moi qui te parle, je suis celui-ci : C’est apparemment la première fois que Jésus révèle ouvertement qu’il est le Messie, ou le Christ, et il le révèle à une femme qui n’est même pas juive, mais samaritaine (Jean 4:9, 25). La plupart des Juifs méprisaient les Samaritains et refusaient de les saluer ; et beaucoup d’hommes juifs témoignaient du dédain aux femmes. Plus tard, Jésus a accordé un honneur similaire à d’autres femmes en leur permettant d’être les premiers témoins de sa résurrection (Mt 28:9, 10).
je suis celui-ci : Litt. « moi, je suis ». Grec égô éïmi. Certains pensent que cette expression est une allusion au rendu d’Ex 3:14 dans la Septante et ils s’en servent pour identifier Jésus à Dieu. Toutefois, la version grecque d’Ex 3:14 utilise une formulation différente (égô éïmi ho ôn, « Je suis celui qui est » ou « Je suis celui qui existe ») de celle qu’on trouve en Jean 4:26. Par ailleurs, l’expression égô éïmi est employée dans la Septante pour traduire des paroles d’Abraham, d’Éliézèr, de Jacob, de David et d’autres encore (Gn 23:4 ; 24:34 ; 30:2 ; 1Ch 21:17). Dans les Écritures grecques chrétiennes, l’expression égô éïmi n’est pas utilisée uniquement pour rendre les paroles de Jésus. Les mêmes mots se retrouvent en Jean 9:9, qui rapporte les propos d’un homme que Jésus avait guéri ; ils veulent simplement dire : « C’est moi. » Ces mots sont aussi utilisés par l’ange Gabriel, ainsi que par Pierre, Paul et d’autres (Lc 1:19 ; Ac 10:21 ; 22:3). À l’évidence, leurs déclarations ne sont pas des allusions à Ex 3:14. Enfin, en comparant trois récits parallèles des Évangiles synoptiques, on comprend que l’expression égô éïmi, qui se trouve en Mc 13:6 et en Lc 21:8 (où Jésus dit littéralement : « Moi, je suis »), est une forme abrégée de l’expression plus complète qui se trouve en Mt 24:5 et qui se traduit par « je suis le Christ ».
parlait avec une femme : Trahissant l’esprit de la Loi mosaïque, la tradition juive déconseillait aux hommes de parler aux femmes en public. Il semble que cette façon de voir les choses était très répandue à l’époque de Jésus. Cela expliquerait pourquoi même ses disciples ‘ont été surpris’ quand ils ont vu Jésus parler avec une Samaritaine. D’après le Talmud, les rabbins de l’Antiquité conseillaient aux sages de « ne pas parler avec une femme dans la rue ». Et d’après la Mishna, un rabbin a dit : « Ne multiplie pas les bavardages avec la femme. [...] Celui qui parle beaucoup avec la femme se fait tort à lui-même, néglige l’étude de la Thora et finalement, il héritera du Géhinom [la géhenne] » (Pirké Avot 1:5).
il y a encore quatre mois avant que vienne la moisson : La moisson des orges commençait au mois juif de nisan (mars-avril), aux alentours de la Pâque (voir app. B15). En remontant quatre mois plus tôt, on arrive au mois de kislev (novembre-décembre), moment où Jésus aurait prononcé ces paroles. À cette époque de l’année, les pluies augmentaient et le froid se faisait plus vif. Par conséquent, quand il a dit qu’une moisson était déjà en cours, Jésus parlait apparemment d’une moisson symbolique, un rassemblement de personnes, et non d’une moisson au sens littéral (Jean 4:36).
blancs : C.-à-d. mûrs. Le mot grec leukos désigne le blanc et différentes teintes de couleur claire, comme le blond ; quand des céréales prenaient cette teinte, cela signifiait qu’elles étaient mûres et prêtes à être moissonnées. Puisque Jésus déclarait ici qu’il y avait « quatre mois avant que vienne la moisson », les champs autour de lui étaient probablement verts, de la couleur des jeunes pousses d’orge. Ainsi, quand il a dit que les champs étaient mûrs pour la moisson, Jésus pensait sans aucun doute à une moisson spirituelle, et non littérale. D’après des biblistes, lorsqu’il a encouragé ses auditeurs à regarder les champs, Jésus parlait peut-être de la foule de Samaritains qui approchait, et sa remarque sur les champs « blancs » pouvait être une allusion aux longs vêtements blancs que ces personnes portaient. À moins que cette remarque ait été une figure de style indiquant que les Samaritains étaient prêts à accepter son enseignement (Jean 4:28-30).
Beaucoup de Samaritains [...] eurent foi en lui : Le résultat de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine était manifeste : grâce au témoignage de cette femme, beaucoup de Samaritains se sont mis à croire en Jésus. Il est vrai que la première moisson spirituelle avait eu lieu principalement parmi les Juifs, mais une moisson encore plus grande — englobant les Samaritains — deviendrait bientôt une réalité, comme le montre le récit inspiré. La prédication de Jésus à la Samaritaine a vraisemblablement préparé le terrain pour que de nombreux Samaritains fassent bon accueil à la prédication de Philippe (Jean 4:34-36 ; Ac 1:8 ; 8:1, 14-17).
sauveur du monde : Cette expression, qui ne figure qu’ici et en 1J 4:14, montre que Jésus sauverait du péché ceux qui, dans le « monde » des humains, feraient preuve de foi (voir notes d’étude sur Jean 1:29 ; 3:17).
son propre pays : Litt. « la terre de son père ». Le mot grec rendu ici par « pays » est traduit par « région » en Mt 13:54 et en Mc 6:1, et par « propre région » en Lc 4:24 ; dans ces versets, il s’agit de la ville où Jésus a grandi, Nazareth. En Jean 4:44, cependant, il semble que ce mot grec désigne toute la Galilée (Jean 4:43).
Cana en Galilée [...] Capharnaüm : La distance entre Cana (Khirbet Qana) et Capharnaüm par la route est d’environ 40 km (voir note d’étude sur Jean 2:1).
un fonctionnaire du roi : Ou « un certain serviteur du roi ». Le mot grec basilikos se rapporte à une personne qui a un lien avec le roi (basileus), que ce soit par le sang ou par sa fonction. Ici, il semble qu’il s’agisse d’une personne attachée au service du roi Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée, ou d’un membre de sa cour. Le peuple appelait Hérode Antipas « le roi » (voir notes d’étude sur Mt 14:9 ; Mc 6:14).
aller : Litt. « descendre », c.-à-d. descendre à Capharnaüm. Dans l’Antiquité, une route passant par Khirbet Qana (très probablement la Cana de la Bible ; voir note d’étude sur Jean 2:1) descendait vers la mer de Galilée ; elle longeait ensuite la rive jusqu’à Capharnaüm, située à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer. C’est pourquoi on disait à l’époque qu’on « descendait » à Capharnaüm.
vers une heure de l’après-midi : Litt. « à la septième heure » (voir note d’étude sur Mt 20:3).
le deuxième miracle : Ici, il est question du deuxième des deux miracles que Jésus a accomplis en Galilée alors qu’il revenait de Judée. Le premier de ces miracles, ou signes, est mentionné en Jean 2:11. Jésus a fait d’autres miracles à Jérusalem avant de réaliser ce « deuxième miracle » en Galilée (Jean 2:23).