JEAN
Notes d’étude sur le chapitre 7
les Juifs : Dans l’Évangile de Jean, ce terme a des sens différents en fonction du contexte. Il peut désigner les Juifs en général, ceux qui habitaient en Judée ou ceux qui habitaient à Jérusalem et dans ses environs. Mais il peut aussi avoir un sens plus restreint et désigner les Juifs qui étaient farouchement attachés aux traditions humaines ajoutées à la Loi mosaïque, traditions souvent contraires à l’esprit de cette Loi (Mt 15:3-6). Parmi ces « Juifs », les plus éminents étaient les autorités juives (ou chefs religieux juifs) qui détestaient Jésus. Dans ce verset et dans d’autres occurrences du terme « Juifs » en Jean chapitre 7, le contexte indique qu’il est question des autorités juives, ou chefs religieux juifs (Jean 7:13, 15, 35a ; voir lexique à « Juif »).
fête […] des Tabernacles : Ou « fête des Huttes », « fête des Cabanes ». Il s’agit de la seule mention de cette fête dans les Écritures grecques chrétiennes. Ce verset se rapporte à la fête célébrée à l’automne 32 de n. è. (voir lexique à « fête des Huttes » et app. B15).
Les Juifs : Ici, l’expression « les Juifs » peut désigner l’ensemble des personnes qui s’étaient réunies à Jérusalem pour la fête des Tabernacles, bien qu’elle puisse aussi se rapporter aux chefs religieux juifs (voir note d’étude sur Jean 7:1).
bon : C.-à-d. qui aime le bien.
des Juifs : Cette expression désigne apparemment les autorités juives, ou chefs religieux juifs (voir note d’étude sur Jean 7:1).
les Juifs : Cette expression semble désigner les autorités juives, ou chefs religieux juifs. Cette conclusion s’appuie sur la question que Jésus pose à ces « Juifs » au verset 19 : « Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? » (voir note d’étude sur Jean 7:1).
les Écritures : Litt. « les écrits », « les lettres », c.-à-d. les caractères alphabétiques. L’expression grecque qu’on peut traduire par « savoir (connaître) les lettres » est une expression idiomatique qui signifie « avoir une bonne connaissance des écrits (des livres, de la littérature) ». Dans ce contexte, elle se rapporte apparemment à la connaissance des Écritures inspirées.
alors qu’il n’a pas fait d’études : Ou « sans avoir été instruit ». Litt. « n’ayant pas appris ». Jésus n’était pas sans instruction, mais il n’avait pas étudié dans les écoles rabbiniques d’enseignement supérieur.
sa volonté : C.-à-d. celle de Dieu.
de moi-même : Jésus, le principal représentant de Dieu, écoute toujours la voix de Jéhovah et dit toujours ce que Jéhovah lui ordonne de dire.
la circoncision un jour de sabbat : La circoncision des garçons était une exigence absolue de la Loi mosaïque et elle devait avoir lieu le huitième jour après la naissance (Lv 12:2, 3). Elle était tellement importante que si le huitième jour tombait un sabbat, jour saint qui était particulièrement respecté, il fallait quand même la pratiquer (voir lexique à « circoncision »).
Les chefs : Cette expression désigne ici les chefs juifs. À l’époque du ministère terrestre de Jésus, Israël était à la fois sous le pouvoir de l’Empire romain et sous celui des chefs juifs. L’élément principal des autorités juives était le Sanhédrin, un conseil composé de 71 anciens, dont le grand prêtre. Le gouvernement romain accordait au Sanhédrin un certain pouvoir dans les affaires juives (voir lexique à « Sanhédrin »).
je suis son représentant : Litt. « je suis d’auprès de lui ». L’utilisation de la préposition grecque para (litt. « d’auprès de », « de ») souligne non seulement que Jésus vient « de » Dieu, c’est-à-dire de sa part, mais aussi qu’il est proche, ou près, de lui. C’est pourquoi on peut dire que Jésus est un « représentant » de Dieu.
des agents : C.-à-d. des gardes du temple de Jérusalem. Ces agents étaient probablement sous l’autorité du Sanhédrin et aux ordres des prêtres en chef. Ils servaient de police religieuse.
Les Juifs : Étant donné que, dans le contexte, il est fait mention des prêtres en chef et des pharisiens (Jean 7:32, 45), ici l’expression « les Juifs » désigne apparemment les autorités juives, ou chefs religieux juifs (voir note d’étude sur Jean 7:1).
les Juifs dispersés : Litt. « la dispersion ». Dans ce contexte, le mot grec diaspora désigne les Juifs vivant hors d’Israël. Cette dispersion, appelée Diaspora, résultait du fait que les Juifs avaient été exilés de leur terre natale après avoir été vaincus par d’autres nations, d’abord par les Assyriens au 8e siècle av. n. è., puis par les Babyloniens au 7e siècle av. n. è. (2R 17:22, 23 ; 24:12-17 ; Jr 52:28-30). Seul un reste des Juifs exilés est revenu en Israël ; les autres sont restés disséminés (Is 10:21, 22). Au 5e siècle av. n. è., il semble qu’on trouvait des communautés juives dans les 127 provinces de l’Empire perse (Est 1:1 ; 3:8). L’expression utilisée ici, en Jean 7:35, se rapporte en particulier aux Juifs qui étaient dispersés parmi les Grecs. Au 1er siècle de n. è., il y avait hors d’Israël des populations juives dans de nombreux endroits où l’on parlait le grec, par exemple en Syrie, en Asie Mineure et en Égypte, ainsi que dans la partie européenne de l’Empire romain, notamment en Grèce et à Rome. Comme les Juifs s’efforçaient de convertir des personnes au judaïsme, avec le temps, beaucoup d’entre elles ont eu une certaine connaissance de Jéhovah et de la Loi qu’il avait donnée aux Juifs (Mt 23:15). Des Juifs et des prosélytes venant de nombreux pays se trouvaient à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte 33, et ils ont entendu la bonne nouvelle concernant Jésus. Par conséquent, la dispersion des Juifs dans tout l’Empire romain a contribué à la diffusion rapide du christianisme.
Le dernier jour : C.-à-d. le septième jour de la fête des Tabernacles (ou : des Huttes, des Cabanes), le 21 tishri. On l’appelait « le grand jour de la fête » (Dt 16:13 ; voir note d’étude sur Jean 7:2 ; lexique à « fête des Huttes » et app. B15).
couleront des fleuves d’eau vive : Ici, Jésus fait peut-être allusion à une coutume qui était observée lors de la fête des Tabernacles (ou : des Huttes, des Cabanes). Cette coutume consistait à puiser de l’eau au bassin de Siloé à l’aide d’une cruche en or et à la verser, avec du vin, sur l’autel à l’heure du sacrifice du matin (voir note d’étude sur Jean 7:2 ; lexique à « fête des Huttes » et app. B15). Ce rite n’est pas mentionné dans les Écritures hébraïques, mais il a été adopté plus tard. Selon la plupart des spécialistes, il était pratiqué les sept jours de la fête, mais pas le huitième jour, où il y avait un rassemblement solennel. Le premier jour de la fête étant un sabbat, l’eau que le prêtre versait avait été amenée la veille depuis le bassin de Siloé jusqu’au Temple. Les jours suivants, le prêtre allait au bassin de Siloé pour puiser de l’eau et il s’arrangeait pour revenir au Temple au moment précis où les prêtres étaient sur le point de déposer les morceaux du sacrifice sur l’autel. Quand il passait par la porte des Eaux et entrait dans la cour des Prêtres, son arrivée était annoncée par des prêtres qui sonnaient trois fois de la trompette. L’eau était versée dans un récipient en même temps qu’on versait du vin dans un autre récipient, puis les récipients se vidaient et les deux liquides s’écoulaient à la base de l’autel. Ensuite, la musique du Temple accompagnait le chant des psaumes du Hallel (Ps 113-118) tandis que les fidèles agitaient des feuilles de palmier en direction de l’autel. Cette cérémonie rappelait peut-être à cette foule joyeuse ces paroles de la prophétie d’Isaïe : « Avec joie vous puiserez de l’eau aux sources du salut » (Is 12:3).
comme l’ont dit les Écritures : Apparemment, Jésus ne cite pas ici un verset en particulier, il fait plutôt allusion à des versets comme Is 44:3 ; 58:11 ; et Za 14:8. Plus de deux ans auparavant, quand il a parlé à la Samaritaine de l’eau vive, Jésus a mis en évidence les bienfaits qu’il y a à recevoir cette eau (Jean 4:10, 14). Mais dans ce verset, Jésus montre que cette « eau vive » coulerait de ceux qui ont foi en lui, c’est-à-dire ses disciples, lorsqu’ils la partageraient avec d’autres (Jean 7:37-39). Les Écritures grecques chrétiennes attestent abondamment que quand ils ont commencé à recevoir l’esprit saint à partir de la Pentecôte 33 de n. è., les disciples de Jésus se sont sentis poussés à partager cette eau qui donne la vie avec tous ceux qui les écoutaient (Ac 5:28 ; Col 1:23).
car il n’y avait pas encore d’esprit : Le mot grec traduit par « esprit », pneuma, figure deux fois dans ce verset et il désigne l’esprit saint de Dieu, ou sa force agissante. Jésus et ses auditeurs savaient que Dieu utilisait depuis longtemps son esprit saint (Gn 1:2 ; note ; 2S 23:2 ; Ac 28:25) et qu’il l’avait accordé à ses serviteurs fidèles, comme Otniel, Jephté et Samson (Jg 3:9, 10 ; 11:29 ; 15:14). Jean parlait donc manifestement d’une nouvelle façon dont cet esprit agirait sur des humains imparfaits. Aucun serviteur de Dieu du passé n’avait été appelé par le moyen de l’esprit à vivre au ciel. À la Pentecôte 33 de n. è., Jésus a répandu sur ses disciples l’esprit saint que lui-même, en tant qu’esprit glorifié, avait reçu de Jéhovah (Ac 2:4, 33). C’était la première fois que des humains imparfaits recevaient l’espérance de vivre au ciel en tant qu’esprit. Grâce à cette onction, les chrétiens ont été en mesure de comprendre la signification d’un grand nombre de choses qu’ils n’avaient pas comprises jusque-là.
des maudits : Les pharisiens et les chefs juifs qui étaient orgueilleux et qui s’estimaient justes méprisaient les gens du peuple qui écoutaient Jésus ; ils les qualifiaient de « maudits ». Le mot grec utilisé ici, éparatos, est un terme de mépris, qui signifie que ceux dont on parle sont sous le coup d’une malédiction de Dieu. Les chefs religieux juifs employaient aussi un terme hébreu, ʽam-haʼarèts (gens du pays), pour exprimer leur mépris envers les gens du peuple. À l’origine, il s’agissait d’un terme respectueux désignant les habitants d’un certain territoire, et il s’appliquait non seulement aux pauvres et aux classes inférieures, mais également aux personnages importants (Gn 23:7 ; 2R 23:35 ; Éz 22:29). Cependant, à l’époque de Jésus, certains utilisaient ce terme pour parler de ceux qui, selon eux, ne connaissaient pas la Loi mosaïque ou qui ne respectaient pas les traditions rabbiniques dans les moindres détails. Des écrits rabbiniques ultérieurs confirment cet usage. Beaucoup de chefs religieux considéraient les gens du peuple avec mépris. Ils refusaient de manger avec eux, de leur acheter quoi que ce soit ou de les fréquenter.
Tu n’es tout de même pas de Galilée, toi aussi ? : Cette question semble être révélatrice du mépris que ces Judéens éprouvaient pour les Galiléens. Quand Nicodème a pris la défense de Jésus (Jean 7:51), les pharisiens lui ont répondu en quelque sorte : « Est-ce que tu le défends et le soutiens, en t’abaissant au niveau d’un Galiléen retardé ? » Comme le Sanhédrin et le Temple étaient à Jérusalem, on y trouvait sans doute une grande concentration d’enseignants de la Loi, d’où probablement ce proverbe juif : « Va vers le nord [en Galilée] pour les richesses, va vers le sud [en Judée] pour la sagesse. » Mais les faits indiquent que les Galiléens connaissaient la Loi de Dieu. Partout en Galilée, dans les villes et les villages, il y avait des enseignants de la Loi, ainsi que des synagogues, qui servaient de centres d’enseignement (Lc 5:17). Par ailleurs, cette réponse arrogante des pharisiens à Nicodème montre qu’ils n’avaient même pas fait l’effort de se renseigner au sujet du lieu de naissance de Jésus, à savoir Bethléem (Mi 5:2 ; Jean 7:42). Ils n’ont pas non plus discerné la réalisation de la prophétie d’Isaïe qui comparait la prédication du Messie à une « grande lumière » qui brillerait en Galilée (Is 9:1, 2 ; Mt 4:13-17).
de Galilée […] pas de prophète : Cette déclaration fait abstraction des paroles prophétiques d’Is 9:1, 2, qui prédisaient qu’une grande lumière viendrait de Galilée. Certains biblistes pensent même que les pharisiens faisaient une généralisation excessive en affirmant qu’aucun prophète ne s’était jamais levé ni ne se lèverait jamais de l’insignifiante Galilée. Une telle affirmation n’aurait pas tenu compte du fait que le prophète Jonas était de la ville galiléenne de Gath-Héfèr, située à seulement 4 km au NNE de Nazareth, où Jésus a grandi (2R 14:25).
7:53
Les plus anciens manuscrits qui font autorité ne contiennent pas le passage de Jean 7:53 à 8:11. Ces 12 versets ont manifestement été ajoutés au texte original de l’Évangile de Jean (voir app. A3). Ils ne figurent pas dans les deux plus anciens papyrus disponibles contenant l’Évangile de Jean : le papyrus Bodmer 2 (P66) et le papyrus Bodmer 14, 15 (P75), qui datent tous les deux du 2e siècle de n. è. Ils ne figurent pas non plus dans le Codex Sinaiticus et le Codex Vaticanus, qui datent tous les deux du 4e siècle. On les trouve pour la première fois dans un manuscrit grec du 5e siècle (codex de Bèze), mais ils ne figurent dans aucun autre manuscrit grec avant le 9e siècle. Ils sont absents de la plupart des traductions anciennes dans d’autres langues. Certains manuscrits grecs placent ces mots à la fin de l’Évangile de Jean ; d’autres, après Lc 21:38. Le fait que ce passage figure à des endroits différents en fonction des manuscrits confirme qu’il s’agit d’un texte apocryphe. L’immense majorité des biblistes s’accordent à dire que ces versets ne font pas partie du texte original de Jean.
Les manuscrits grecs et les traductions qui contiennent ces versets présentent quelques variantes. Mais leur texte pourrait être rendu ainsi :
53 Alors ils s’en allèrent chacun chez soi.
8 Mais Jésus s’en alla au mont des Oliviers. 2 À l’aube, cependant, il se présenta de nouveau dans le Temple, et tout le peuple venait vers lui, et il s’assit et se mit à les enseigner. 3 Or les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère, et, après l’avoir placée au milieu d’eux, 4 ils lui dirent : « Enseignant, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. 5 Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider cette sorte de femmes là. Toi donc, que dis-tu ? » 6 Naturellement, ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin d’avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus se courba et se mit à écrire de son doigt sur le sol. 7 Comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter une pierre. » 8 Et se courbant de nouveau, il continua à écrire sur le sol. 9 Mais ceux qui entendirent cela sortirent alors, un à un, en commençant par les hommes d’âge mûr, et il resta seul, ainsi que la femme qui était au milieu d’eux. 10 Se redressant, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » 11 Elle dit : « Personne, seigneur. » Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va ; à partir de maintenant ne pratique plus le péché. »