La vérité fait le bonheur d’un condamné à mort
LA TOUR DE GARDE du 1er février 1957 reproduisit une lettre relatant la prédication faite parmi les “ condamnés à mort ” dans les quartiers disciplinaires des États-Unis, au Fort Leavenworth, Kansas. On y conduisait des études bibliques, dans la prison même, avec trois condamnés, dont l’un avait été baptisé en prison. Six mois plus tard, la Société reçut une lettre de ce baptisé, dont voici un extrait :
“ Au moment où vous recevrez cette lettre, j’aurai été exécuté (...) J’ai symbolisé le don de ma personne à Jéhovah par le baptême dans l’eau en décembre 1954, et, bien qu’emprisonné, ma vie a été plus heureuse que jamais auparavant au fur et à mesure que j’allais de l’avant, progressant sur le chemin de la maturité. Cela ne m’aurait pas été possible sans l’aide constante et les bénédictions de Jéhovah. La Tour de Garde a été mon plus grand soutien ; elle m’a fourni la nourriture spirituelle nécessaire à tous ceux qui composent le peuple de Jéhovah. Frères, je prie Jéhovah de persister à vous bénir et à vous guider par son saint esprit, afin que vous puissiez continuer d’annoncer de jour en jour la bonne nouvelle de son salut. Par votre intermédiaire Jéhovah a instillé en moi une foi indéfectible, et j’ai l’espoir qu’il me trouvera digne de mon appel et me donnera la vie dans le monde nouveau. ” Peu de temps après nous parvint une lettre du ministre qui avait instruit ce frère condamné. Entre autres choses, il dit ce qui suit :
“ Je vous écris cette lettre pour vous mettre au courant de ce qui concerne frère Edwards. Sa condamnation à mort fut exécutée par le personnel militaire, le jeudi 14 février 1957, peu après minuit (avant de devenir un témoin, cet homme fut condamné à mort en avril 1953, pour avoir tué une jeune fille allemande alors qu’il appartenait à l’armée des États-Unis à l’étranger).
“ Mes visites à frère Edwards étaient limitées. D’octobre 1954 à décembre 1956, j’eus la permission d’étudier avec ce frère une heure par mois. Pendant les deux derniers mois, on m’accorda une heure par semaine, de sorte que la grande partie de sa connaissance lui vint de son étude personnelle.
“ Dans les dernières semaines de sa vie, le principal souci de frère Edwards était celui-ci : “ Comment puis-je gagner l’approbation de Jéhovah ? ” Aussi, plus d’une fois, lorsque je le visitais, je le trouvais derrière les barreaux, Bible en mains, rendant témoignage au gardien qui se tenait à l’extérieur. Il avait, me dit-il, de nombreuses occasions de témoigner à d’autres prisonniers et aux gardiens, car, pendant les deux derniers mois, lui et d’autres détenus étaient continuellement surveillés. Durant les dix derniers jours de sa vie en prison, on le mit dans une cellule où il ne pouvait parler qu’aux gardiens. Pendant cette période, je conduisais l’étude, la porte de fer entre nous et le gardien assis à mes côtés (jusqu’alors j’avais été autorisé à entrer dans la cellule du frère). Lors de ma dernière visite, j’eus la permission de pénétrer dans la cellule après avoir ôté mon manteau et m’être laissé “ fouiller pour des raisons de sécurité ”.
“ Pendant les deux derniers mois, je répondis à des questions bibliques et nous étudiâmes La Tour de Garde. Le lundi soir, 11 février, je lui portai les derniers exemplaires de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! ainsi que le Report of the New World Society Assembly of Jehovah’s Witnesses de 1953. Il me fit cette remarque : “ Frère Smith, je n’ai pas beaucoup de temps pour les étudier, mais je les lirai. ” Pour autant qu’il s’en souvînt, il n’avait jamais rencontré d’autre témoin de Jéhovah que moi. Il lut le rapport de l’assemblée. Quand je le visitai pour la dernière fois, il me le tendit et me dit : “ C’est ce que j’ai lu de meilleur, en fait, j’ai pleuré en le lisant (...) Il n’y a pas d’organisation semblable à la société du monde nouveau. ”
“ Ma dernière visite dura une heure et se termina à 22 h 30 le mercredi. Grâce à l’esprit de Jéhovah, aucun sentiment de tristesse ne se mêla à notre conversation sur l’espoir d’une résurrection pour la vie. Les mots ne peuvent exprimer la joie qui resplendissait sur le visage d’un homme qui n’avait plus qu’une heure et demie à vivre, tandis qu’il me souhaitait bonne nuit. “ Si les frères demandent comment je vais, dis-leur que je suis bien. ”
Frère Edwards écrivit la lettre suivante au groupe local :
“ Frère Smith vous a certainement informés de ma condition et, à un moment ou à un autre, de mes progrès dans le service de Jéhovah, aussi ne sommes-nous pas des étrangers. Je veux simplement vous faire savoir comment notre tendre Dieu Jéhovah m’a manifesté sa bonté imméritée et sa miséricorde en m’appelant pour son service et en me révélant sa parole de vérité. Cependant, je n’aurais pu faire de progrès sans l’aide de son témoin, frère Smith, qui, tendrement et avec patience, m’a dirigé dans la poursuite du but de ma vie vers la maturité.
“ Je vous écris comme si je connaissais personnellement chacun d’entre vous dans le groupe. C’est vraiment le sentiment que j’éprouve, parce que frère Smith m’a parlé de temps en temps de l’activité que vous exercez, ce qui m’a attiré vers vous grâce à l’amour existant au sein de la société du monde nouveau de Jéhovah, dans le monde entier. C’est cet amour pour Jéhovah et pour vous qui me pousse à vous écrire. N’est-elle pas merveilleuse, la façon dont l’esprit de notre tendre Créateur opère ?
“ Frères, notre Dieu bienheureux Jéhovah veut que nous soyons heureux. Ne vous attristez pas de la manière dont je meurs. Mon cœur est ferme, confiant en Jéhovah, et j’ai l’espoir que nous nous reverrons face à face dans le monde nouveau pour être toujours ensemble, louant Jéhovah. Soutenez donc la bonne œuvre, prêchant de jour en jour. Ne renoncez pas. Prêchez, prêchez, prêchez ! car vous connaissez l’importance de la prédication (Mat. 24:14). Puisse l’esprit de Jéhovah demeurer sur vous et vous affermir pour son service continuel jusqu’à travers Harmaguédon pour entrer dans son monde nouveau de justice.
“ Votre compagnon de travail dans le service de Jéhovah ”
(signé) THOMAS EDWARDS
Notez qu’il n’y a aucune illusion sentimentale d’aller au ciel tout de suite ; de même, aucune confiance en une repentance sur un lit de mort, mais la preuve d’une croissance constante vers la maturité spirituelle pendant plus de deux ans.
Bien que sa mère ne fût pas favorable aux témoins de Jéhovah, elle fit honneur à la requête de son fils d’être enterré par les témoins. 350 personnes environ étaient présentes. L’orateur rendit un bon témoignage à Jéhovah, ce qui amena l’ordonnateur des funérailles à faire le commentaire suivant : “ C’est le premier enterrement de témoins de Jéhovah auquel j’assiste. Ce fut le sermon d’enterrement le plus intelligent que j’ai jamais entendu. Il a élargi mon esprit au sujet des témoins de Jéhovah. ”
Frère Smith continue de visiter cette prison tous les jeudis soir ; il conduit une étude avec deux autres prisonniers qui ont pris également position pour Jéhovah depuis qu’ils sont en prison.