Autour du monde avec le vice-président (3ème partie)
Bangkok, Thaïlande
LE MERCREDI 9 janvier offrit un programme complet. Les réunions commencèrent à 9 heures par celle relative au service dans le champ. Le programme de l’après-midi et de la soirée consistait en plusieurs bons discours prononcés par les frères locaux, qui révélèrent une réelle compétence. De nouveau, le vice-président de la Société clôtura le programme de la journée, cette fois en dissertant sur le texte de l’année 1957, qui était accroché au-dessus de sa tête en siamois : “ De jour en jour annoncez la bonne nouvelle de son salut. ” (Ps. 96:2, NW). L’importance de chanter le nouveau cantique fut fortement soulignée devant les 115 congressistes présents. En toute occasion il doit être entonné par les témoins de Dieu à qui il est chanté, car le salut des chanteurs et celui des personnes qui entendent en dépendent.
Jeudi matin vit s’ouvrir le dernier jour d’une trop courte assemblée, ainsi que le jour final de la brève visite du vice-président. Au cours des activités de la journée, deux hommes qui s’étaient récemment voués furent baptisés dans un bac en plastique dans l’arrière-cour du bâtiment de la filiale. Comme la conférence publique de l’assemblée devait être l’événement final du programme de la journée, frère Franz prononça un discours d’une heure et ses exhortations d’adieu assez tôt, à 16 heures.
La question était : Combien de personnes assisteraient au discours public en ce milieu de semaine ? Ce discours “ La paix d’un monde nouveau est-elle possible de notre temps ? ” avait été bien annoncé par les frères par la distribution de feuilles d’invitation où le sujet était imprimé en deux langues. Les journaux locaux annoncèrent l’arrivée de l’orateur en même temps qu’ils faisaient une bonne publicité pour le discours, en anglais et en siamois. À l’heure annoncée, à partir de 19 heures en cette 2 500ème année de l’ère bouddhiste, la question posée reçut une réponse. Il y avait 190 personnes rassemblées dans le pavillon et dans la cour, devant, qui entendirent grâce à des haut-parleurs. Aucun bouddhiste présent ne manifesta l’impression d’avoir été froissé. Tous écoutèrent attentivement pendant toute la durée du discours, jusqu’au dernier mot. Ils apprirent comment l’introduction d’une paix durable pour les hommes de bonne volonté était une chose sûre pendant notre génération, paix qui ne serait pas introduite, cependant, par l’organisation des Nations unies, dont l’assemblée générale en cours fut précisément présidée par le prince Wan Waithayakon de Thaïlande, ni par aucun autre moyen que les hommes de ce monde peuvent employer, mais par le Dieu tout-puissant, Jéhovah, après sa guerre d’Harmaguédon. Certains des points de ce discours furent publiés dans les journaux anglais, le lendemain.
Le pavillon devait être rendu libre pour le spectacle du soir ; aussi l’assemblée se dispersa-t-elle rapidement après le discours. Cette même nuit, à 1 h 15, le vice-président devait quitter Bangkok en avion. Le temps précieux qui précédait ce départ fut surtout employé pour le bien des missionnaires qui étaient venus de tous leurs postes dispersés à travers la Thaïlande. À la filiale, il y eut un dernier, quoique tardif, rassemblement avec frère Franz. Un savoureux buffet et de joyeux cantiques fournirent un agréable rafraîchissement.
À 23 heures, quatre voitures de frères et sœurs quittèrent la filiale avec frère Franz en direction de l’aéroport de Don Muang. Nous apprîmes à l’arrivée que l’avion avait près de deux heures de retard. Tout le groupe de ceux qui voulaient assister au départ décida de rester avec le visiteur jusqu’à l’arrivée de l’avion. Les missionnaires tirèrent profit du temps supplémentaire en arrangeant une autre réunion avec lui. Dans le charmant patio de l’aéroport, ils rassemblèrent assez de chaises pour tout le monde, et la réunion commença ! Certainement, il était tard, tous étaient fatigués et avaient sommeil. Mais cette réunion vivante, où de nombreuses questions furent posées, chacune d’elles recevant une réponse, tint tous les assistants éveillés. Enfin, l’avion longtemps attendu arriva un peu avant 3 heures. Frère Franz se détache de ce groupe de missionnaires. Tandis qu’il se dirige sur le terrain vers l’appareil, tous, sur le balcon de l’aéroport, lui font des signes de la main pour lui dire au revoir. Quelques minutes de plus et le grand oiseau mécanique s’éloigne dans l’obscurité, vers sa destination, Hong-Kong.
Le vendredi 11 janvier se lève au-dessus de la mer de Chine méridionale. Tandis que l’avion de la PAA, volant depuis quatre heures, approche de sa destination, on informe les passagers que le temps est couvert au-dessus de Hong-Kong et qu’il bruine. Perdant de l’altitude, notre avion vole à travers les nuages pendant un long moment. Finalement, il descend et entre dans une zone claire et nous apercevons des îles accidentées au milieu des eaux vertes. Çà et là, nous voyons des navires qui nous semblent minuscules. Cela évoque le port de Rio de Janeiro, au Brésil. Nous approchons de Hong-Kong par le passage du sud-ouest. De notre hublot, nous apercevons une ville au-dessous, à droite de notre avion. Nous descendons encore et avons l’impression d’effleurer le sommet des montagnes. Mais tout va bien et, à 7 h 53, nous atterrissons sur la piste de l’aéroport de Kaï Tak. Dans l’intervalle, comme l’aube se levait, huit témoins de Jéhovah prenaient le bac pour aller de la ville de Victoria sur l’île de Hong-Kong à Kowloon, sur le continent chinois. Ils venaient y rencontrer douze frères, missionnaires de la Watch Tower Society et témoins chinois, afin de se rendre à l’aéroport de Kaï Tak, à l’arrivée de l’avion impatiemment attendu. En ce matin triste et couvert, les montagnes à l’entour semblaient étreindre nos frères dans l’atmosphère sombre, et, tourmentés, ils se demandaient si le temps ne gênerait pas l’atterrissage de l’avion. Ce fut pour eux un soulagement de le voir, tel un oiseau qui plane et se pose sur son nid, s’approcher et descendre sur la piste de Kaï Tak, qu’entourent les montagnes et la mer ; il avait deux heures de retard. La bruine ne tombait plus, mais le ciel demeurait couvert !
Passant assez rapidement à la douane et ne perdant guère de temps à l’accomplissement des autres formalités pour l’entrée dans le pays, le vice-président de la Société, F. W. Franz, put bientôt serrer cordialement la main du nouveau serviteur de la filiale de la Watch Tower Society à Hong-Kong, celles des autres missionnaires diplômés de l’École biblique de Galaad et des témoins chinois rayonnants de joie. En voiture, il fallut peu de temps pour aller de l’aéroport au nouveau home de missionnaires situé sur la Prince Edward Road à Kowloon. Le déjeuner nous y attendait, et vingt-trois d’entre nous se réunirent dans la salle à manger. Cette dernière est utilisée également comme Salle du Royaume, pour les réunions du groupe de Kowloon.
D’après l’horaire fixé, l’assemblée de trois jours des témoins de Jéhovah à Hong-Kong ne devait pas commencer avant 18 h 45, ce même soir. L’après-midi fournit donc l’occasion à certains d’entre nous, répartis dans deux voitures, de faire une promenade pour visiter une partie de la péninsule de Kowloon, colonie de la Couronne britannique située à l’embouchure du Canton. Au cours de cette promenade en voiture, le vice-président fut conduit sur la scène de la terrible émeute de Hong-Kong qui éclata dans la région et aux alentours de Shumshipo, en octobre 1956, pendant la célébration de l’indépendance de la Chine nationaliste. L’ancien home de missionnaires était situé dans ce quartier. De là, frère Franz entrevit l’endroit où la missionnaire Joan Espley vécut son épouvantable “ cauchemar lors des émeutes de Hong-Kong ”, le 10 octobre. Son récit sur ces faits a été publié dans l’édition du 22 mars 1957 du périodique Réveillez-vous ! Il n’y avait maintenant plus de populace hurlante, fanatique, acharnée au meurtre !
Le soir, nous prîmes le bac qui nous fit traverser lentement le détroit de l’île de Hong-Kong pour entrer dans le bassin et arriver à quai, là où la ville de Victoria se blottit au pied du Pic Victoria, célèbre dans le monde et se dressant à plus de cinq cents mètres. Puis nous montâmes la route de la Caroline Hill pour nous rendre à la Salle de conférences du New Method College. Là, tous les arrangements avaient été faits pour tenir une assemblée de trois jours des deux groupes de la colonie britannique et de toutes les personnes de bonne volonté. Le jour de l’ouverture, quatre-vingt-quatre d’entre nous étaient présents. L’assemblée commença à l’heure par des cantiques et des expériences agréables. Cette partie du programme était dirigée par un frère chinois. Pendant l’heure suivante, deux discours instructifs furent prononcés sur les surveillants qualifiés dont l’organisation terrestre de Jéhovah a besoin pour son bien, et sur les relations des serviteurs avec les autres frères du groupe. Ce fut une agréable surprise quand le serviteur de filiale de la Société présenta la nouvelle brochure d’instructions pour le service dans le champ, intitulée “ Pour rester unis dans la prédication ” et publiée en chinois.
Tout cela servit de bonne introduction au discours suivant, celui du vice-président. Il fut traduit par un frère chinois, capable et s’exprimant avec énergie. Les congressistes furent heureux quand l’orateur leur montra le nouveau Yearbook of Jehovah’s Witnesses, bien qu’il ne parût qu’en anglais. Il en fut de même pour le nouveau calendrier de 1957 avec son illustration, unique en son genre, en dessous du texte biblique de l’année. En le présentant, il parla des grands progrès réalisés dans l’expansion de l’organisation visible de Jéhovah et dans la diffusion des périodiques dans le monde entier. Le groupe d’imprimeries de la Watch Tower Society à Brooklyn, représentées sur le calendrier de 1957, en est vraiment la source. Frère Franz demanda aux congressistes de Hong-Kong de coopérer pleinement et de tout leur cœur à la distribution de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! L’édition chinoise de La Tour de Garde, dont le premier numéro date du 1er janvier 1956 et fut publié à Hong-Kong, est maintenant imprimée dans l’imprimerie de Brooklyn, représentée sur le calendrier de 1957. Cet appel fut loyalement entendu par les témoins de Jéhovah de Hong-Kong car, depuis, ils ont atteint une nouvelle pointe dans la distribution des numéros de ces périodiques du monde nouveau. Après les sessions du soir, une petite réunion familiale des congressistes à la cafétéria, située à l’arrière de la salle de l’assemblée, se révéla fort plaisante. Tout cela avait une saveur vieille Chine exotique.
Le samedi 12 janvier vit un grand nombre d’entre nous se rassembler dans l’autre home de missionnaires de la Watch Tower Society, situé dans Castle Road, île de Hong-Kong. Là se trouve également une Salle du Royaume, pour le groupe de Hong-Kong. Pour de nombreux frères de la presqu’île de Kowloon c’était la première fois qu’ils voyaient la Salle du Royaume et le home de missionnaires et s’y rencontraient. Le groupe de Hong-Kong était très heureux d’y recevoir ses frères de Kowloon. Le samedi est journée des périodiques pour les témoins de Jéhovah du monde entier, et la session du matin fut comme une réponse directe à l’appel lancé, la veille, par frère Franz, pour une plus grande diffusion. En effet, à cette réunion de service, on insista nettement sur l’importance des périodiques ; la distribution, ce matin-là, devait être faite dans le quartier des affaires du Central District. Frère Franz, l’ancien serviteur de la filiale, le serviteur actuel et une sœur chinoise parlant le cantonais formaient l’un des groupes qui se rendirent dans le champ. En passant dans les rues étroites et pleines de monde de la ville on a une vue de premier plan de la manière de vivre chinoise. Peu de temps après, le vice-président se trouvait à un troisième étage, à l’intérieur d’un foyer chinois, écoutant le serviteur de la filiale rendre témoignage en chinois à une mère de huit enfants parlant le cantonais. Elle avait été abonnée à La Tour de Garde en chinois ; un proclamateur du Royaume lui avait fait des visites complémentaires. Le serviteur de filiale lui remit des publications. En bas, sur le trottoir, nous rencontrâmes la sœur Ng So Ching, qui parle le cantonais. Aussi frère Franz saisit immédiatement l’occasion de retourner avec elle chez la dame parlant le même dialecte chinois. Elle nous fit bon accueil. Nous nous assîmes, et après que sœur Ng lui eut rendu un témoignage plus étendu, la dame, bien que de religion catholique romaine, s’abonna de nouveau et avec empressement à La Tour de Garde en chinois. Une action qui en valait la peine !
Les Chinois forment un peuple étonnant quand il s’agit d’utiliser l’espace. Des milliers de réfugiés de la Chine communiste ont afflué dans Hong-Kong, et ils constituent un problème considérable pour le gouvernement de la colonie. Comme nous nous y attendions, l’après-midi, nous passâmes dans une région peu étendue de squatters, sur le flanc d’une colline. Les maisons, de simples petites huttes, de 1,80 m sur 2,10 m, ont moins de quatre mètres carrés de surface et sont faites de grosse toile rapiécée et de bâche. Une famille de six personnes demeure généralement dans une de ces maisons minuscules. L’eau doit être cherchée à une canalisation principale où des centaines de gens font la queue pour en obtenir. Il n’y a pas de toilettes, seulement un fossé sale. Ce fut un soulagement pour nous de nous éloigner de là et de voir les rues du marché, commerçantes et pittoresques, grouillantes de gens vendant leurs marchandises.
Nous prîmes le souper dans la salle de l’assemblée, assis tous ensemble comme une grande famille. Disposés autour de quatre tables, nous nous rafraîchissions de plats chinois, les absorbant à l’aide de bâtonnets. Lors de l’ouverture de la session du soir, qui débuta par la relation d’expériences, une Chinoise, pionnier spécial, raconta une expérience dans sa langue natale ; une sœur missionnaire lui succéda, avec l’aide d’un interprète. Tous les missionnaires entreprennent la tâche ardue de se familiariser complètement avec la langue officielle chinoise. Les deux discours qui se succédèrent au cours de l’heure suivante étaient fondés sur le texte de l’année : “ De jour en jour annoncez la bonne nouvelle de son salut. ” (Ps. 96:2, NW). Ils furent prononcés par l’ancien serviteur de filiale, frère Carnie, et son successeur, C. W. Charles. Le vice-président termina le programme de la journée par un discours sur la loyauté à l’égard de la Société que le Dieu très-haut a employée puissamment sur la terre en ce dernier siècle du sixième millénaire du septième jour de la création. Frère Franz exhorta les quatre-vingt-deux assistants à continuer de se montrer loyaux de tout leur cœur envers l’instrument de Jéhovah.
Puis vint le dimanche 13 janvier, avec une atmosphère bien compréhensible d’impatience mais aussi avec le sentiment quelque peu attristant que c’était le dernier jour d’une assemblée chaleureuse, ici, dans ce coin isolé de la terre. Le temps ne voulait pas, semblait-il, abandonner son aspect nuageux et sa tristesse. Les activités dans le champ, dans l’œuvre du témoignage, caractérisèrent cette dernière matinée de l’assemblée. Dans le courant de la matinée, le vice-président fut heureux d’apercevoir, du sommet s’élevant à plus de cinq cents mètres au-dessus du niveau de la mer, la pittoresque ville de Victoria, avec sa plage de seize kilomètres et Kowloon de l’autre côté du détroit. De ce sommet, on comprend pourquoi le lieu fut appelé Hong-Kong, mot qui, en français, signifie “ Baie parfumée ”. Le nom Kowloon, par contre, signifiant “ Neuf Dragons ”, se réfère à une petite rangée de collines, à présent démolies, mais situées à l’origine près de l’actuel champ d’aviation de Kaï Tak. Un million de personnes sur une population totale estimée à 2 500 000 vivent sur l’île de Hong-Kong. En descendant la montagne, de l’autre côté de l’île, on arrive à Aberdeen, petit port de pêche chinois où abondent les jonques de pêche chinoises chargées de poissons de toutes sortes. C’est là que l’on peut voir les célèbres “ restaurants flottants ” de Hong-Kong. Après avoir visité cette partie du territoire où travaillent les proclamateurs de Hong-Kong, nous retournâmes à la salle de l’assemblée, à temps pour accompagner de maison en maison une sœur chinoise, pionnier spécial dans un pauvre quartier de la ville de Victoria. Les conditions difficiles régnant dans ces foyers de la misère faisaient ressortir le grand besoin pour les habitants d’entendre le message alors si largement annoncé et qui devait être proclamé ce même après-midi dans le discours public : “ La paix du Monde Nouveau viendra de notre temps. Pourquoi ? ” Si pauvres que soient ces gens, matériellement, jamais ils ne se montrent avares dans leur hospitalité.
Après le dîner, dans la salle de l’assemblée, un service de baptême fut organisé pour ceux qui désiraient sceller publiquement le don de leur personne à Jéhovah Dieu pour marcher sur les traces de son Fils Jésus-Christ. Sept frères et sœurs répondirent Oui aux deux questions posées par l’orateur pour s’assurer qu’ils purent être immergés à bon droit. Ils le furent non loin de là, dans la salle de bain de la Salle du Royaume de Hong-Kong, car au milieu de janvier, il fait froid au bord de la mer.
Comme l’heure annoncée pour la conférence, 15 h 30, approchait, il se mit à bruiner. Néanmoins, l’excellente et élogieuse publicité faite dans les journaux, qui avaient reproduit la photographie d’un groupe de témoins de Jéhovah et celle du vice-président, les feuilles d’invitation, les affiches et une grande publicité verbale frayèrent la voie pour que de nombreuses personnes préoccupées par les problèmes d’aujourd’hui viennent à la salle de conférences du New Method College entendre le discours au titre séduisant. En dépit du temps maussade, 167 personnes s’y rendirent. Pour cette terre du bouddhisme et de l’idolâtrie, l’attention accordée à l’orateur en visite fut enthousiaste. Les gens de bonne volonté dans l’assistance furent très impressionnés par ce qu’ils entendirent au moyen d’un interprète. À la fin du discours public, trente-sept exemplaires de la brochure en chinois “ Cette bonne nouvelle du royaume ” et dix-sept exemplaires de la brochure en anglais “ Conquête prochaine du monde — par le royaume de Dieu ” furent remis gratuitement à ceux qui désiraient de plus amples informations imprimées. D’autre part, sept personnes remplirent le bulletin qui leur avait été remis, par lequel elles demandaient d’être visitées par un témoin de Jéhovah.
Soixante-quinze personnes restèrent pour les sessions du soir qui clôturaient l’assemblée. Le discours du serviteur de filiale, frère Charles, sur le thème “ Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ”, fit comprendre clairement que le monde tend naturellement à exercer une influence néfaste sur ceux qui adoptent la conduite chrétienne mais que le contrepoids efficace est le Royaume de Dieu. Le vice-président, dont le départ approchait, assuma la partie finale du programme. Conscient du péril des temps, il concentra ses paroles d’adieu sur la nécessité de s’attacher étroitement à l’organisation du peuple de Jéhovah afin de pouvoir rester dans la vérité qui sauve. Son discours terminé, le serviteur de filiale Charles s’avança et lut une résolution exprimant que nous reconnaissions la Watch Tower Bible and Tract Society comme l’instrument utilisé par Jéhovah pour diriger maintenant son peuple sur la terre avant Harmaguédon et que noua prenions l’engagement de lui être loyaux et de la soutenir continuellement. L’ancien serviteur de filiale, frère Carnie, lui-même membre diplômé de la Watch Tower Bible and Tract Society, appuya la motion de C. W. Charles pour adopter cette résolution. Un “ Aye ! ” unanime, plein de conviction et de détermination, s’éleva pour adopter cette résolution. C’est ainsi que l’assemblée de Hong-Kong se termina sur une note splendide.
Le lendemain, lundi, dans la matinée, certains des frères de Hong-Kong rappelèrent l’adieu de Paul aux frères descendus sur le rivage, dans le port de Tyr, une des étapes de l’apôtre (Actes 21:2-6). Sur le sable, près de Repulse Bay Hotel, dix-neuf missionnaires et pionniers spéciaux tinrent une réunion de service près des eaux de cette baie bien connue. Frère Franz considéra leurs difficultés dans le service dans le champ et leur donna des exhortations encourageantes. Il prit ensuite avec eux un excellent repas matériel au Golden City Restaurant au Queens Road Center, dans la ville de Victoria. Il nous fallut alors retourner sur nos pas jusqu’à l’aéroport de Kaï Tak, en dehors de Kowloon. Le vice-président y goûta les derniers et précieux moments de contact et de conversation avec les frères de Hong-Kong avant d’être invité à monter à bord de l’avion “ Orient Star ”. Un parlementaire étant parmi les passagers, tous nos bagages furent embarqués sans contrôle dans ce bimoteur, par courtoisie pour ce voyageur. À 16 h 36 notre avion abandonne la piste, et, bientôt, nous survolons les eaux et les îles de cette région.
MANILLE, RÉPUBLIQUE PHILIPPINE
Après avoir offert à ses passagers une magnifique vue aérienne des lumières nocturnes de Manille, notre bimoteur prit contact vers 19 h 35 avec la terre ferme, à l’aéroport des P.A.L. Comme le vice-président se dirigeait vers le bâtiment de la douane, une délégation de nombreux témoins l’accueillit par des cris de joie. Avec l’aide d’un agent des douanes, témoin philippin, il fallut peu de temps pour remplir cette formalité et entrer en contact direct avec les frères venus souhaiter la bienvenue. La filiale de la Watch Tower Society à Quezon City offrit son hospitalité au visiteur officiel en lui attribuant, pour les quatre jours suivants, une chambre pourvue de toutes les commodités du bâtiment de Brooklyn. Mais, avant de nous retirer pour la nuit, nous eûmes la joie d’assister à une grande réunion comprenant la famille des membres de la filiale, des missionnaires et des frères philippins. Elle se prolongea jusqu’à une heure très tardive, ce qui nous permit de faire meilleure connaissance.
La visite de frère Franz fut l’occasion d’une assemblée nationale des témoins de Jéhovah des nombreuses îles des Philippines, pendant trois jours, du 15 au 17 janvier 1957. Pour cette assemblée, le même stade utilisé au printemps précédent, lors de la visite aux Philippines du président de la Société et de son secrétaire, fut loué : le magnifique stade de football Rizal Memorial. En dépit du peu de temps dont on disposa pour informer les frères dispersés, il fut agréable de constater que ceux qui assistèrent à l’assemblée venaient de toutes les Philippines. Le missionnaire diplômé de Galaad, désigné comme serviteur de l’assemblée, fit un bon travail. La réunion initiale qu’il organisa deux mois auparavant donna un certain développement à l’organisation de l’assemblée car l’entreprise que nous avions devant nous était grande. Une assemblée réussie en fut le résultat.
Le programme qui se déroula offrit à tous les congressistes un somptueux repas spirituel pour le matin, l’après-midi et le soir. Les discours durent être faits dans les deux principaux dialectes des îles, l’ilocano et le tagala, ainsi qu’en anglais. Une estrade attrayante représentait des tours de garde. Elle était ornée de bannières sur lesquelles on pouvait lire, dans les huit principales langues des Philippines, le texte de l’année 1957. Elle avait été dressée sur le champ herbeux, au milieu et devant les tribunes couvertes, sur le côté desquelles se trouvent les places découvertes qui s’étendent tout autour de la piste ovale du grand stade. Une innovation caractéristique fut le remplacement d’un orchestre par un chœur mixte accompagné simplement par un piano. Sous la direction musicale d’un diplômé de Galaad, le chœur chanta à l’assemblée, comme introduction, la première strophe de chaque cantique, après quoi toute l’assemblée reprenait le chant qui grandissait et s’amplifiait, entonné par des voix puissantes. C’était très bien.
Le serviteur des relations publiques prit des dispositions pour des interviews. Aussi, le matin du jour de l’ouverture de l’assemblée, le mardi 15 janvier, frère Franz, accompagné de ce serviteur, se rendit aux deux stations de radio où il avait des rendez-vous. La première, DZFM (Station du Peuple), appartient au gouvernement philippin. Le directeur du programme était très aimable. Quoi qu’il ne se sentît pas très bien, il vint au rendez-vous pour l’interview. Il annula même un programme subventionné de trente minutes pour recevoir le vice-président de la Watch Tower Society. L’interview d’une demi-heure fut spontanée et retransmise directement du studio. Le directeur du programme fut heureux des informations d’intérêt public que frère Franz donna en réponse à de nombreuses questions, surtout de la position des témoins de Jéhovah à l’égard du communisme impie. Les îles Philippines n’ont pas de relations diplomatiques avec le gouvernement soviétique de la Russie.
Immédiatement après la première entrevue, il fallut se rendre à la station CBN (Chronicle Broadcasting Network), station commerciale, pour être exact à un rendez-vous. Une interview de quinze minutes y fut enregistrée. Elle fut diffusée le lendemain, et le service de sonorisation du Stade du Rizal Memorial put l’enregistrer et la retransmettre le soir, pendant la pause de l’assemblée.
Dans l’intervalle, le serviteur de la filiale de la Société, qui était aussi le président de l’assemblée, tint dans les tribunes du stade une réunion de deux heures avec les serviteurs de district, de circuit et de groupe. La plupart des autres congressistes employèrent la matinée pour aller dans le champ. Quand l’ouverture de l’assemblée officielle de l’après-midi approchait, le ciel se couvrit et il tomba quelques averses. Néanmoins, en ce premier jour les tribunes étaient remplies et quelques congressistes s’assirent dans les places à ciel ouvert. Le serviteur de filiale, en tant que président de l’assemblée, prononça le discours officiel de bienvenue à cette belle réunion de frères. Ensuite, les sept buts spirituels des témoins de Jéhovah pour 1957 furent habilement discutés par sept frères.
Pour les sessions du soir, la foule augmenta d’une manière appréciable, passant de 5 768 à 6 353. Le discours que leur fit le vice-président sur l’appui à accorder à l’organisation visible de Jéhovah se révéla des plus opportuns tout en leur donnant un point de vue que beaucoup n’avaient pas eu précédemment. Cela leur fournit des raisons de mieux comprendre et de mieux apprécier ce qui suivit : la présentation de la résolution spéciale qui, depuis le début de l’été dernier, avait été adoptée aux assemblées des témoins de Jéhovah sur tout le globe. La résolution, présentée tout d’abord en anglais, était traduite simultanément en ilocano et en tagala, par des interprètes se trouvant à la droite et à la gauche de l’orateur. Quand l’orateur leva la main devant les 6 353 personnes rassemblées, pour que le vote de la motion soit exprimé, des applaudissements enthousiastes retentirent, accompagnés de l’adoption de vive voix de cette courageuse et nette résolution contre la persécution communiste, adoption exprimée en anglais, en ilocano et en tagala. Disons en passant que la traduction simultanée des discours à partir de l’anglais fit gagner beaucoup de temps. En effet, chacun des interprètes était muni d’écouteurs, reliés au microphone central, et chaque groupe de langue, occupant les places assignées dans les tribunes, entendait distinctement et sans confusion. Le dispositif fonctionna d’une manière excellente, et nombreux furent les congressistes qui exprimèrent leur appréciation pour cette grande amélioration apportée dans la méthode de transmission sur celle en service, lors de l’assemblée nationale qui se tint l’année dernière, dans ce même lieu.
Le mercredi 16 janvier, après avoir considéré le texte biblique quotidien dans le stade, il y eut encore une joyeuse sortie dans le champ. Dans le courant de la matinée, dans les tribunes, des réunions furent tenues en quatre dialectes — cébu-visayan, hiligaynon-visayan, bicolano et pamango — pour le bien des congressistes qui ne comprenaient pas les trois langues employées. Le résumé du programme de la veille, surtout la résolution spéciale contre le communisme, furent présentés lors de ces réunions. Au même moment, dans la cafétéria, située juste de l’autre côté de la rue, le serviteur de filiale conduisait une réunion uniquement avec les serviteurs de district et de circuit des îles Philippines. De cette manière, de la nourriture spirituelle ainsi que de la nourriture matérielle furent dispensées à la cafétéria de l’Assemblée de la Paix du Monde Nouveau, cafétéria dont les cuisines, le service et les nombreuses tables étaient abrités sous des toits ingénieusement construits par les témoins de Jéhovah eux-mêmes.
Certains journalistes furent assez intelligents pour s’intéresser à l’événement le plus important qui se déroulait alors dans la capitale du pays. Peu après 10 heures, quatre d’entre eux s’assirent en face de frère Franz dans une salle du bâtiment de l’administration et le harcelèrent de questions. Le reporter du second des journaux à grand tirage se trouva être le plus enthousiaste. Son journal, le Chronicle de Manille, publia l’interview en première page, sous le titre “ Le Chef des Témoins de Jéhovah déclare qu’ils resteront neutres en cas de guerre ”, et, sous la photo du vice-président, on pouvait lire ces mots : “ (...) pas d’ingérence dans la politique. ” L’article était très bon. Les journalistes, ayant obtenu des informations suffisantes, s’en allèrent, et on fit entrer un groupe de vingt-cinq missionnaires, diplômés de Galaad accomplissant le service à plein temps aux îles Philippines. Les réponses à leurs questions, d’un autre ordre, leur furent de précieux conseils concernant les difficultés qu’affrontent les missionnaires. Ces humbles chasseurs et assembleurs des brebis du bon Berger furent exhortés à être optimistes et à aller de l’avant dans leurs activités qui apportent le salut. Il leur fut aussi recommandé de s’attacher fermement à leurs inestimables attributions de service, de ne pas abandonner leur poste.
Dans l’après-midi, sur l’estrade de l’assemblée, deux discussions dirigées furent conduites par les orateurs de la filiale philippine de la Société et les serviteurs de circuit itinérants. La première traita de l’“ Organisation du groupe ” et la seconde de la “ Proclamation du royaume de Jéhovah avec les périodiques ”. À 14 h 10 frère Franz fut interviewé pendant quinze minutes sur la scène mobile du studio K de la station de radio DZRH, dans l’immeuble de la Compagnie de radiodiffusion de Manille. Cependant, quand les “ grands patrons ” entendirent l’enregistrement de l’interview, ils ne voulurent pas la retransmettre. Le soir vint et, sous un ciel clair de pleine lune, frère Franz parla à l’assemblée sur le thème : “ Rester dans les limites de la société du monde nouveau ”. Les 6 919 assistants, profondément attentifs, éclatèrent en applaudissements. Ils apprécièrent le point faisant ressortir que l’on devait manifester une inébranlable fidélité à l’organisation bénie de Jéhovah.
Inexorablement, comme dans toutes les assemblées, le jour final de celle de Manille arriva. Ce fut une journée très chargée. Conformément au programme, le baptême fut le premier événement de la matinée. Les questions posées aux candidats au baptême afin de déterminer s’ils en étaient dignes le furent en autant de langues que de dialectes par eux parlés, outre en anglais, en tagala, ilocano, cébu-visayan, hiligaynon-visayan, bicolano, samareno, pangasinan, pampango, zambel et ibanag. En dépit de la différence de langage, ils se ressemblaient tous en étant voués au même Dieu Jéhovah et en comprenant la vérité de son royaume. En conséquence, 279 eurent la faveur d’être baptisés dans la piscine de l’YMCA, non loin du Rizal Stadium, où 6 572 assistants les avaient entendus répondre affirmativement aux questions décisives.
Eu égard au fait que la fin de la journée était réservée à la réunion publique, l’après-midi, les orateurs firent, de l’estrade, des exhortations d’adieu aux frères. Ils n’ignoraient pas qu’au cours de l’année dernière, l’organisation du témoignage aux Philippines avait subi une perte considérable quant au nombre des proclamateurs, des ministres actifs. Ils encouragèrent donc les congressistes à faire des efforts pour rattraper les pertes et pour marcher du même pas que le reste de la société du monde nouveau dans l’expansion du ministère. C’est avec à-propos que le serviteur de la filiale des Philippines, Earl K. Stewart, prononça le discours final de l’après-midi et les incita à une plus grande efficacité en tant que ministres du monde nouveau. Les 7 652 auditeurs prirent la question à cœur.
Il y eut une pause de quarante-cinq minutes, puis, dans la fraîcheur d’une soirée précoce, la foule, qui assistait à la conférence publique, cette foule qui remplissait les tribunes et une partie des places à ciel ouvert, prêta l’oreille à la présentation, en anglais, en ilocano et en tagala, du sujet : “ La paix du Monde Nouveau viendra de notre temps. Pourquoi ? ” Les 9 463 personnes qui composaient l’assistance, la plus grande de l’assemblée, étaient émues. Elles applaudirent lorsque l’orateur, frère Franz, apparut devant eux en costume de cérémonie philippin, portant un barong tagala, riche cadeau et marque d’appréciation des frères philippins. Ils applaudirent vigoureusement les points de son discours, rendu sans aucune hésitation et avec animation par les traducteurs placés à sa droite et à sa gauche. Ils entendaient, ils comprenaient, ils sentaient ! Leur appréciation du message du monde nouveau se manifesta une fois de plus lorsqu’ils acceptèrent les milliers d’exemplaires gratuits de la brochure “ Cette bonne nouvelle du royaume ”. Ce discours public et toutes les activités dans le champ que les milliers de témoins en visite dans la ville avaient exercées antérieurement laissèrent le fondement pour un travail complémentaire dont se chargeraient les groupes de la capitale.
Dans son ensemble, cette assemblée fit ressortir une grande croissance spirituelle sur les précédentes. On nota une amélioration dans la conduite des congressistes. Les différents services de l’assemblée étaient mieux organisés et se révélèrent plus efficaces, surtout la cafétéria de l’Assemblée de la Paix du Monde Nouveau et le service important de la sonorisation. Le service de la publicité envoya des articles à la presse pendant huit jours. Ils le firent à six quotidiens anglais, deux tagala, trois chinois, à six hebdomadaires et à quatorze journaux provinciaux. Près de neuf mètres de colonnes furent consacrés aux articles, surtout dans les quotidiens à grand tirage. Au moment où ce récit fut écrit, un hebdomadaire anglais et un hebdomadaire talaga publièrent chacun un article important fondé sur les renseignements fournis par le service de la publicité.
Étant donné que la République des Philippines n’entretient pas de relations diplomatiques avec le gouvernement soviétique de Moscou, qu’allait-on faire de la première copie de la résolution spéciale, adoptée et signée officiellement sur l’estrade de l’assemblée, le premier soir, devant 6 353 congressistes ? Il fallait un intermédiaire pour la remettre, en suivant la voie hiérarchique, aux diplomates soviétiques intéressés. Opportunément, et ce fut son dernier acte avant son départ de la capitale du pays, le vendredi 18 janvier, frère Franz, accompagné du serviteur de la filiale et de notre frère, agent des douanes, se rendit, avant midi, au Ministère de la Justice. Là, ils furent introduits dans le bureau de M. Carlos Garcia, alors vice-président de la République philippine, qui faisait également fonction de secrétaire des Affaires étrangères. Ce fut surtout en raison de cette dernière fonction que nous fîmes une démarche auprès de ce haut fonctionnaire. L’honorable M. Garcia se montra très affable et plein d’égards. Il s’assit avec le vice-président de la Société sur un canapé et s’entretint avec lui sur le ton de la conversation. Il semblait avoir oublié le temps. C’est ainsi qu’avant la fin de l’entrevue, qui dut être interrompue, le vice-président de la Société devant se rendre à l’aéroport, le vice-président des Philippines lui avait accordé quarante minutes de son temps précieux. D’une façon démocratique et pour soutenir la liberté constitutionnelle d’adorer Dieu selon les inspirations de la conscience, il accepta des mains de frère Franz la copie signée de la résolution spéciale et déclara qu’il l’enverrait au fonctionnaire russe intéressé, par l’intermédiaire du gouvernement américain. Nous exprimâmes au vice-président Garcia nos sincères remerciements pour son amabilité. Deux mois plus tard, le 18 mars, ce fut lui qui prêta serment à Manille pour succéder dans sa charge au président Ramón Magsaysay, victime d’un accident d’avion.
À l’aéroport international de Manille, quelques frères, philippins et missionnaires, s’étaient rassemblés pour voir partir frère Franz. Enfin, vers 14 h 30, l’ancien “ Flying Tiger ” s’éleva dans les airs, au-dessus de la baie de Manille, à destination de l’étape suivante de frère Franz.
(À suivre.)
[Illustration, page 42]
HONG-KONG.