Il commence à faire jour
LE Kirchenbote (“ Messager de l’église ”) pour le canton de Zurich (Suisse) a publié, dans son édition de février 1958, un très intéressant article intitulé “ Immortalité ou Résurrection ? ” La réponse à une question semble avoir déclenché une controverse sur ce sujet parmi ses lecteurs, et c’est ainsi qu’il a fait paraître, à l’appui de ses déclarations, un article, tiré de “ Evangelische Welt ” (“ Monde évangélique ”), écrit par le professeur Dr Koeberle de Tuebingue (Allemagne). Ce professeur allemand bien connu a collaboré à l’excellent ouvrage Neutestamentliches Wörterbuch (“ Dictionnaire du Nouveau Testament ”). Nous avons rencontré plusieurs ecclésiastiques, ces derniers mois, qui ont déclaré ne pas croire en l’immortalité de l’âme humaine, mais ils ne le prêchent pas ouvertement à cause de l’opinion publique enracinée ; c’est pourquoi cet article constitue une admirable exception ; nous en citons quelques paragraphes :
“ La question de savoir si l’âme meurt également au moment de la mort n’a reçu pendant longtemps qu’une seule réponse, un “ oui ” convaincu de la part des adhérents de l’opinion matérialiste, tandis que le platonisme, l’idéalisme et l’église chrétienne ont soutenu avec tout autant d’intransigeance la continuation de la vie de l’âme par delà la mort et le tombeau. Suivant la manière de penser matérialiste, la conduite spirituelle, psychique et morale de l’homme est un sous-produit résultant de l’activité physiologique du cerveau. Avec la désintégration de la substance terrestre dans la mort, les aptitudes mentales d’une personne sont automatiquement éteintes, tout comme une lampe perd sa lumière quand l’huile et la mèche sont épuisées dans le récipient. Si triste et désespérée que cette opinion semble être, ne nous abusons pas nous-mêmes : c’est précisément ce dogme de l’anéantissement total de l’individu au moment de la mort qui est favorablement accueilli par d’innombrables personnes, parce qu’on est alors débarrassé de toute responsabilité future. Personne ne pourra jamais me demander : Quel acteur avez-vous été sur la scène du monde ?
“ Mais aujourd’hui, le fait extraordinaire, c’est que depuis trente ans environ, des théologiens éminents, les premiers de l’église luthérienne, ont aussi avoué leur conviction que l’âme meurt à la mort, quoique cette conviction soit fondée sur un tout autre mobile que celui avancé par les représentants de l’idée matérialiste et associée à des espérances que ceux-là ne connaissent pas. Qu’est-ce qui amène les théologiens évangéliques de marque à reconnaître ce dogme de l’anéantissement total de l’homme à la mort, idée qui, au sein de l’église chrétienne, a été propagée avec énergie par les seuls Étudiants de la Bible (témoins de Jéhovah) ?
“ Les considérations théologiques sont les suivantes : Le mal, puissance du péché, est toujours enraciné dans l’esprit. Notre corps, nos dispositions naturelles, ne sont pas responsables de la rupture d’avec Dieu. C’est l’orgueil de notre cœur, le mépris de notre âme, qui font que nous ne voulons pas que Dieu nous témoigne son amour et que nous préférons suivre notre propre chemin, affirmant notre volonté. De là, si la mort est le salaire du péché comme châtiment de notre rébellion contre Dieu, alors la partie qui en porte réellement la responsabilité devrait être aussi incluse dans la sentence de mort ; mais cela, c’est notre esprit, notre âme, et non notre corps, qui a été seulement attiré dans cette condition déplorable avec l’âme, actif assurément, mais néanmoins portant la moindre part de la faute. C’est ainsi seulement que la mort prend son véritable caractère de jugement, tandis que le jugement de la mort n’apparaît plus que comme une bagatelle si l’âme immortelle se libère plus ou moins facilement de la désintégration et que le corps y reste seul assujetti. En même temps, la théologie actuelle est pleinement convaincue que c’est seulement ce nouveau point de vue qui confère à l’espérance chrétienne en la résurrection toute sa grandeur et son importance, lorsque Dieu, à la fin de tous les jours, réveillera ou restaurera à une nouvelle vie, en les faisant sortir du néant absolu, les morts qui sont inscrits, par leur nom, dans sa mémoire.
“ Ce n’est pas par hasard que ce sont précisément les théologiens luthériens qui soutiennent avec une telle détermination la conviction de la destruction de l’âme dans la mort. La doctrine luthérienne de la justification affirme que l’homme lui-même n’a rien à offrir qui puisse lui donner droit au pardon et à l’amour de Dieu (...) Dieu, qui seul possède l’immortalité, peut nous rendre la vie par une résurrection comme conséquence d’un acte de rédemption.
“ Nos gens d’église sont profondément troublés par cette nouvelle compréhension et cet enseignement nouveau. Quand il entend un tel message sur le bord de la tombe, le simple pratiquant a cette impression : Eh bien ! alors, les matérialistes ont raison quand ils soutiennent que tout est fini à la mort. Le clergé l’affirme lui aussi, maintenant ! Que nous disions plus que cela — que nous annoncions la résurrection des morts —, cette idée n’est pas toujours si aisément acceptée. L’assemblée demeure uniquement sur l’impression accablante qu’il n’y a pas de fondement à la survivance de l’âme après la mort (...) En ce qui concerne l’homme, l’immortalité de l’âme ne peut certainement pas être maintenue ou prouvée. ”
Ce qui précède est confirmé par un autre professeur de théologie bien connu, O. Cullmann, qui enseigne aux universités de Bâle et de Paris. Il déclare, dans une publication intitulée “ Immortalité de l’âme ou la Résurrection des morts ? ” : “ L’idée juive et chrétienne de la création exclut tout dualisme grec entre le corps et l’âme. ”
Il est intéressant de noter qu’après que les témoins de Jéhovah ont prêché la grande vérité biblique de la résurrection pendant les quatre-vingts dernières années, certains théologiens protestants commencent maintenant à voir un peu plus clair sur la question. Oui, il commence à faire jour.