LUC
Notes d’étude sur le chapitre 13
sur qui la tour de Siloé est tombée : Pour appuyer son argumentation, Jésus se sert ici d’un évènement tragique récent, ou au moins dont le souvenir est toujours présent dans la mémoire de ses auditeurs. La tour de Siloé se trouvait apparemment près du bassin de Siloé, dans la partie SE de Jérusalem (voir app. B12, carte « Jérusalem et ses environs »).
un figuier dans sa vigne : Il était courant de planter des figuiers et des oliviers dans les vignes. Ainsi, même si, une année, les vendanges étaient mauvaises, les figues et les olives permettaient de s’assurer un certain revenu.
trois ans : D’habitude, les jeunes arbres obtenus à partir de boutures produisent au moins quelques figues dans la deuxième ou la troisième année. Quand Jésus a donné cet exemple, son ministère avait déjà duré environ trois ans. Il semble que ces trois années soient à mettre en parallèle avec les trois ans mentionnés dans l’exemple. Tout au long de cette période, Jésus a essayé d’implanter la foi chez les Juifs. Mais son travail n’a produit que quelques fruits, un nombre relativement faible de disciples. À présent, dans la quatrième année de son ministère, il redouble d’efforts. En prêchant et en enseignant en Judée et en Pérée, c’est comme s’il creusait tout autour du figuier symbolique, qui représente la nation juive, et qu’il y mettait de l’engrais. Cependant, seul un petit nombre de Juifs réagit favorablement à ses efforts ; la nation dans son ensemble risque donc fort d’être détruite.
qu’un démon rendait invalide : Litt. « qui avait un esprit de faiblesse ». En Lc 13:16, Jésus dit que cette femme est « gardée liée » par Satan.
graine de moutarde : En Israël, plusieurs variétés de moutarde poussent à l’état sauvage. La moutarde noire (Brassica nigra) est celle qu’on cultive généralement. La graine, qui est relativement petite (elle mesure entre 1 mm et 1,6 mm et pèse 1 mg), donne une plante qui fait penser à un arbre. Certaines variétés de moutarde peuvent mesurer jusqu’à 4,5 m de haut. Dans les écrits juifs anciens, la graine de moutarde, qui est appelée « la plus petite de toutes les graines » en Mt 13:32 et en Mc 4:31, était utilisée pour symboliser la plus petite taille qui soit. Il est vrai qu’on connaît aujourd’hui des graines plus petites encore. Mais à l’époque de Jésus, la graine de moutarde était sans doute la plus petite graine récoltée et semée par les cultivateurs israélites.
grandes mesures : Voir note d’étude sur Mt 13:33.
n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? : Dans l’Antiquité, l’un des sujets qui étaient au centre de débats passionnés parmi les chefs religieux juifs était le nombre de personnes qui seraient finalement sauvées. Plus tard sont même apparus des mouvements mystiques qui cherchaient à déterminer ce nombre en attribuant une valeur numérique à chaque lettre de différents textes sacrés. Sachant que le jugement de Dieu est un vaste sujet qui donne lieu à beaucoup de suppositions, Jésus, dans sa réponse, a attiré l’attention sur la responsabilité individuelle de chacun.
Faites de vigoureux efforts : Ou « continuez à combattre ». L’exhortation de Jésus souligne la nécessité de mettre toute son âme à entrer par la porte étroite. Des ouvrages de référence proposent, dans ce contexte, des traductions comme « faites le maximum d’efforts » ou « faites tous les efforts ». Le verbe grec agônizomaï est apparenté au nom agôn, qui désignait souvent des compétitions d’athlétisme. En Hé 12:1, ce nom est utilisé au sens figuré pour parler de la « course » chrétienne pour la vie. Ailleurs, il est utilisé dans le sens plus général de « combat » (Php 1:30 ; Col 2:1 ; 1Tm 6:12 ; 2Tm 4:7). Des formes du verbe grec utilisé en Lc 13:24 sont traduites par « participer à une compétition » (1Co 9:25), « lutter » (Col 1:29 ; 4:12 ; 1Tm 4:10) et « combattre » (1Tm 6:12). Comme ce terme tire son origine des compétitions qui avaient lieu lors des jeux athlétiques, certains ont émis l’idée que les efforts auxquels Jésus encourageait ici peuvent être comparés aux efforts vigoureux d’un athlète, à toute l’énergie qu’il met pour remporter le prix.
grandes rues : Ou « rues principales ». Le terme grec utilisé ici désigne les rues principales qui s’élargissaient aux endroits importants de la ville et servaient de places publiques. Ces « grandes rues » étaient très différentes des nombreuses ruelles étroites et sinueuses qu’il y avait dans les villes et les villages du 1er siècle.
grincerez des dents : Ou « serrerez les dents », « crisserez des dents ». Cette expression emporte entre autres l’idée de chagrin, de désespoir et de colère, qui peuvent s’accompagner de paroles acerbes et d’actes violents.
de l’est, de l’ouest, du nord et du sud : En mentionnant les quatre points cardinaux, Jésus englobe toute la surface de la terre. En d’autres termes, l’honneur de s’étendre à table dans le Royaume serait accordé à des gens de toutes les nations.
s’étendront à table : Voir note d’étude sur Mt 8:11.
Hérode : C.-à-d. Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand (voir lexique).
ce renard : Cet animal est connu pour être rusé et sournois ; Jésus faisait sans doute allusion à ces caractéristiques quand il a appelé Hérode « ce renard ». Selon certains biblistes, en qualifiant Hérode de « renard », Jésus combinait peut-être les notions de sournoiserie, de faiblesse et d’insignifiance. La littérature juive opposait la métaphore du renard, qui représentait des hommes rusés, opportunistes et relativement faibles (cf. Né 4:3), à celle du puissant lion, qui, lui, représentait un grand dirigeant, puissant et sûr de lui (cf. Pr 28:1 ; Jr 50:17 ; Éz 32:2). Si c’est ce que Jésus avait à l’esprit, qualifier Hérode de « renard » revenait à dire que c’était un dirigeant rusé et imbu de lui-même, mais insignifiant aux yeux de Dieu. Jésus traversait probablement la Pérée, le territoire d’Hérode, pour se rendre à Jérusalem quand les pharisiens lui ont dit qu’Hérode voulait le tuer. Il est possible que ce soit Hérode lui-même qui ait sournoisement lancé cette rumeur dans l’espoir que Jésus prenne peur et fuie son territoire. Il semble qu’Hérode était troublé par Jésus et son ministère. Quelque temps plus tôt, manipulé par sa femme, il avait fait tuer Jean le Baptiseur, et il ne voulait peut-être pas risquer de tuer un autre prophète de Dieu (Mt 14:1, 2 ; Mc 6:16).
aujourd’hui et demain, [...] et après-demain j’aurai fini : Ces indications de temps ne sont pas à prendre au sens littéral. Jésus voulait simplement dire que, dans peu de temps, il se rendrait à Jérusalem, où il mourrait. Ses paroles montraient peut-être aussi que le déroulement de son ministère messianique était déjà défini et que les ambitions politiques d’un quelconque dirigeant ne pouvaient ni l’interrompre ni le modifier.
il est impensable : Ou « il n’est pas possible », « il est inconcevable ». Même si aucune prophétie biblique n’annonçait explicitement que le Messie mourrait à Jérusalem, on pouvait le déduire de Dn 9:24-26. De plus, il était logique que ce soit dans cette ville que les Juifs tuent un prophète, et en particulier le Messie. En effet, le Sanhédrin, le tribunal suprême (composé de 71 membres), se réunissait à Jérusalem ; c’était donc là qu’était jugée toute personne accusée d’être un faux prophète. Jésus avait peut-être aussi à l’esprit que c’était à Jérusalem qu’on offrait à Dieu les sacrifices réguliers et qu’on tuait l’agneau pascal. Les évènements ont donné raison à Jésus : Il a été amené devant le Sanhédrin à Jérusalem, où il a été condamné. Et c’est à Jérusalem, juste à l’extérieur des murailles, qu’il est mort en « agneau pascal » (1Co 5:7).
Jérusalem, Jérusalem : D’après Mt 23:37, Jésus a fait une déclaration quasi identique à Jérusalem le 11 nisan, au cours de la dernière semaine de son ministère terrestre. La déclaration rapportée ici, elle, a été faite quelque temps plus tôt, quand Jésus était en Pérée (voir app. A7).
Voyez ! : Voir note d’étude sur Mt 1:20.
maison : C.-à-d. le Temple.
Jéhovah : En Ps 118:26, qui est cité ici, le nom divin, représenté par quatre consonnes hébraïques (translittérées par YHWH), figure dans le texte hébreu original (voir app. C).