Qui est le Messie du livre de Daniel ?
IL Y A environ vingt-cinq siècles, l’ange Gabriel révéla à Daniel une vérité d’importance capitale. Il lui déclara que l’“oint” ou “messie” viendrait au terme d’un nombre prescrit de “semaines”, non pas de semaines de jours, mais de “semaines d’années”. Le fait que ce message fut transmis par un ange laisse entendre que l’arrivée de l’“oint” serait un événement de la plus haute importance et qui aurait un effet profond sur l’humanité.
Que déclara Gabriel à Daniel ? Selon la Bible du Rabbinat français, traduite sous la direction du grand rabbin Zadoc Kahn, il dit :
“Soixante-dix semaines ont été fixées comme terme à ton peuple et à ta ville sainte pour éteindre la rébellion, mettre fin aux péchés, effacer l’iniquité et établir une justice éternelle, de façon à réaliser la vision et la parole du prophète et faire l’onction du Saint des Saints. Sache donc et comprends bien qu’à partir du moment où fut donné l’ordre de recommencer à reconstruire Jérusalem jusqu’à un prince oint, il y a sept semaines ; et durant soixante-deux semaines Jérusalem sera de nouveau rebâtie — rues et fossés des remparts — mais en pleine détresse des temps. Et après ces soixante-deux semaines, un oint sera supprimé, sans avoir de successeur légitime, la ville et le sanctuaire seront ruinés par le peuple d’un souverain à venir.” — Dan. 9:24-26.
D’après la façon dont ce passage est traduit, on pourrait conclure que le “prince oint” viendrait au terme de “sept semaines”, tandis qu’un autre “oint” serait supprimé au bout de soixante-deux semaines. L’histoire confirme-t-elle cette interprétation ?
Points de vue juifs
Selon les exégètes juifs, l’ordre de commencer à reconstruire Jérusalem fut donné quand le prophète Jérémie annonça que la ville serait rebâtie après avoir été ravagée par les Chaldéens. Ce prophète déclara notamment : “La ville sera rebâtie sur sa hauteur.” (Jér. 30:18, Zadoc Kahn). Cela permet à ces exégètes d’interpréter les “sept semaines” comme étant la période de désolation de soixante-dix ans qui prit fin lors du retour d’un reste juif de l’exil babylonien. Certains d’entre eux vont plus loin et appliquent le titre de “prince oint” au roi Cyrus qui publia le décret autorisant les exilés juifs à retourner en Juda et à Jérusalem. D’autres pensent plutôt que ce “prince oint” est soit Zorobabel, le gouverneur, soit Josué, le grand prêtre, qui revinrent tous deux de l’exil babylonien après la publication du décret de Cyrus.
Et qu’en est-il des “soixante-deux semaines” ? Selon les exégètes juifs il s’agirait d’une période de 434 ans pendant laquelle Jérusalem devait être complètement rétablie. Certains pensent que l’“oint” qui devait être “supprimé” (Dan. 9:26) désigne le roi Agrippa (II) qui vivait à l’époque de la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère. D’autres croient toutefois qu’il s’agit du grand prêtre Onias, déposé par Antiochos IV Épiphane en 179 avant notre ère.
Par conséquent, les exégètes juifs ne sont pas du tout sûrs de la signification des paroles de Gabriel. Leurs explications renferment même des illogismes, car en ce qui concerne les “sept semaines” ils disent que chaque semaine représente une période de dix ans, ce qui fait un total de soixante-dix ans (7 × 10). Mais ils considèrent les “soixante-deux” semaines comme ayant chacune une durée de sept ans et comme représentant un total de quatre cent trente-quatre ans (62 × 7). Ces exégètes juifs ont donc forcé la chronologie dans leurs efforts pour trouver une explication aux paroles de Gabriel.
Un signe de ponctuation change le sens
Aussi étonnant que cela puisse paraître à certains, les copistes et certains traducteurs juifs ont interpolé le texte original de Daniel 9:25. En effet, les scribes connus sous le nom de massorètes y ont ajouté un ʼathnaḥ ou signe de ponctuation après l’expression “sept semaines”, la séparant ainsi des “soixante-deux semaines”. En outre, un certain nombre de traducteurs juifs ont ajouté le mot “durant” avant “soixante-deux semaines” d’années, laissant entendre par là que Jérusalem serait complètement rétablie pendant toute cette période. Or, sans ces interpolations, le passage de Daniel 9:25 se lit comme suit : “Tu dois savoir et discerner que depuis la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem, jusqu’à Messie le Conducteur, il y aura sept semaines, également soixante-deux semaines. Elle reviendra et sera effectivement rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps.” De nombreuses traductions non juives rendent ce verset de cette façon.
Il est clair, d’après cette traduction, que le “messie” ou “oint” devait arriver non pas au terme de sept “semaines” mais de sept plus “soixante-deux semaines”, c’est-à-dire au bout de soixante-neuf “semaines”. Par conséquent, le “messie” qui devait être supprimé ou retranché à un moment donné après la fin des “soixante-deux semaines” serait celui-là même qui devait arriver au terme de “sept semaines, également soixante-deux semaines”. Un “oint” est-il apparu à ce moment-là ?
Le moment de l’apparition du Messie
Afin de répondre à cette question, nous devons déterminer quand l’ordre fut donné de rétablir et de rebâtir Jérusalem. Il est raisonnable de s’attendre à ce qu’un tel ordre soit donné lorsqu’il est possible d’y obéir, plutôt qu’à l’époque de la prophétie de Jérémie prononcée avant même la destruction de la ville.
Bien qu’un reste juif soit revenu de l’exil babylonien en Juda et à Jérusalem en 537 avant notre ère, le mur et les portes de la ville ne furent reconstruits ou réparés que des années plus tard. Décrivant l’état de Jérusalem, une délégation d’exilés juifs dirent à Néhémie, échanson juif du roi Artaxerxès (Longue-Main) : “Ceux qui sont restés de la captivité sont là dans la province, au comble du malheur et de l’opprobre ; les murailles de Jérusalem sont en ruines, et ses portes sont consumées par le feu.” (Néh. 1:3). Quelques mois après avoir reçu cette nouvelle, Néhémie fut chargé par le roi Artaxerxès de rebâtir Jérusalem. Le roi lui confia cette mission au mois de nisan de la vingtième année de son règne (Néh. 2:1-6). Les témoignages historiques les plus dignes de foi indiquent que le mois de nisan de cette année-là tomba en 455 avant notre èrea. Ce fut donc lors de l’arrivée de Néhémie à Jérusalem quelques mois plus tard, que la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem pouvait entrer en vigueur.
Si nous prenons 455 avant notre ère comme point de départ des soixante-neuf semaines d’années (483 ans), le “Messie” ou “oint” devait arriver en l’an 29 de notre ère. Les Juifs attendaient-ils un “messie” à cette époque-là ? Un “messie” apparut-il alors ?
Commentant le neuvième chapitre de Daniel, un rabbin bien connu du dix-septième siècle, Manassé ben Israël, déclara : “Certains interprètent ces 70 cycles de sept ans comme voulant dire qu’à leur expiration le Messie viendrait. (...) D’ailleurs, tous les Juifs qui prirent les armes contre les Romains étaient de cet avis.” De son côté, Abba Hillel Silver, érudit juif, déclara : “On attendait le Messie vers le second quart du premier siècle de notre ère.” Le Talmud babylonien, dans son Traité Sanhédrin, feuille 97a, parle du “cycle de sept ans au terme duquel le fils de David [le Messie] viendra”. Les Juifs attendaient donc non pas n’importe quel “messie”, mais le Messie, le “fils de David”, et cela au moment même indiqué dans le neuvième chapitre du livre de Daniel.
Le Messie identifié
La seule personne qui apparut en qualité de Messie en l’an 29 de notre ère, fut Jésus, un descendant du roi David. L’histoire profane, tout comme la Bible, indique qu’en automne de l’an 29, Jésus se présenta à Jean et fut baptiséb. Immédiatement après son baptême, “les cieux s’ouvrirent et il vit descendre comme une colombe l’esprit de Dieu qui venait sur lui. Voici, il y eut aussi une voix des cieux qui disait : ‘Celui-là est mon Fils, le bien-aimé, que j’ai approuvé.”’ (Mat. 3:16, 17). Lors de son onction par l’esprit de Dieu, Jésus devint le Messie ou Christ, car ces termes signifient “Oint”. À partir de ce moment-là, les paroles suivantes du prophète Isaïe s’appliquaient à lui : “L’esprit du Seigneur, de l’Éternel, repose sur moi, puisque l’Éternel m’a conféré la mission de porter un heureux message aux humbles.” (Is. 61:1, Zadoc Kahn). Trois ans et demi après son onction, Jésus fut “supprimé”, mis à mort.
Le témoignage de Daniel 9:25 indique donc clairement que Jésus était le Messie promis. Le rabbi Simon Luzatto (du dix-septième siècle) fit cet aveu :
“Ce passage remarquable (...) a rendu les rabbins si perplexes et incertains, qu’ils ne savent pas s’ils sont dans le ciel ou sur la terre. Le résultat de recherches approfondies de notre part sur cette prophétie pourrait bien être que nous devenions tous chrétiens. On ne peut nier que ce passage parle clairement de l’avènement du Messie et que le moment fixé pour cet événement est déjà passé.”
Ce fut manifestement parce qu’ils rejetaient Jésus que les massorètes ajoutèrent un signe de ponctuation dans le verset 25 du neuvième chapitre de Daniel, essayant par là d’obscurcir le facteur chronologique qui permet, sans doute possible, d’identifier Jésus comme le Messie promis. Le professeur E. B. Pusey dit ce qui suit au sujet des accents massorétiques dans une de ses conférences (dans une note en bas de page) prononcées à l’université d’Oxford et publiées en 1885 :
“Les Juifs mettent le principal signe de ponctuation du verset sous [sept], afin de séparer les deux nombres, 7 et 62. Ils ont agi malhonnêtement, (...) (comme Rashi [un illustre rabbin juif du douzième siècle] le dit, en rejetant les interprétations littérales favorisant les chrétiens).”
Nous ne devons pas nous étonner que la plupart des Juifs ne reconnaissent pas que Daniel 9:25 s’applique à Jésus-Christ. Leurs opinions ont été fortement influencées par les exégètes et autres érudits juifs vivant entre les onzième et quinzième siècles de notre ère. Or, pendant cette période, les Juifs souffrirent beaucoup à cause de l’antisémitisme acharné qui se pratiquait, la haine à leur égard étant surtout fomentée par des personnes se disant disciples de Jésus-Christ. C’est pour cette raison que la plupart des Juifs exécraient le nom de Jésus. Il n’est donc pas étonnant que les commentaires bibliques que l’on doit aux rabbins de cette époque-là, nient l’application messianique de nombreuses prophéties qui trouvaient manifestement leur accomplissement en Jésus.
Cependant, de nombreux Juifs sincères ne se laissent pas prévenir contre le nom de Jésus à cause du mal commis par des gens se disant hypocritement chrétiens. Ils examinent personnellement les témoignages et lisent les récits du ministère de Jésus faits par les évangélistes juifs : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ils étudient également les prophéties hébraïques identifiant Jésus comme le Messie promis. Leurs recherches les convainquent que Jésus est effectivement le Messie.
Si vous êtes parmi les millions de Juifs qui ne croient pas que le Messie promis est déjà venu, pourquoi ne pas vous donner la peine d’examiner cette question à fond ? Sans aucun doute, si Jésus est vraiment le Christ, comme le neuvième chapitre de la prophétie de Daniel Da 9 le montre clairement, vous ne voudrez pas vous opposer à lui de façon à perdre sa bénédiction. Pour que vous puissiez connaître les bénédictions du règne juste du Messie, les témoins de Jéhovah seront heureux de vous aider à considérer d’autres témoignages encore prouvant que Jésus est bien le Messie.
[Notes]
a Voir le livre Aid to Bible Understanding, pages 137, 328-330.
b Voir le livre Aid to Bible Understanding, pages 920, 921.