Questions de lecteurs
● Pourquoi Aaron ne fut-il pas puni de la lèpre comme sa sœur Marie quand ils parlèrent contre Moïse ? — G. M., Pennsylvanie.
Cet incident qui peut recevoir une explication plausible est relaté dans le livre des Nombres, chapitre 12. Aaron était à ce moment-là grand prêtre en Israël, et d’après les conditions requises du grand prêtre, telles que les mentionne le Lévitique, chapitre 21, et particulièrement les Lév 21 versets 20 et 21, aucun Israélite de la maison d’Aaron affligé d’une infirmité, de la gale ou de tout autre défaut corporel ne pouvait être grand prêtre. Par conséquent, si Aaron avait été frappé de la lèpre, il eût été expulsé de la prêtrise, du moins pendant les sept jours qu’aurait duré sa plaie, comme dans le cas de Marie (Nomb. 12:15). C’est évidemment la fonction d’Aaron qui lui épargna un châtiment si terrible. En outre, le récit montre qu’Aaron éprouva beaucoup de peine à la vue de Marie frappée de la lèpre, aussi éleva-t-il des supplications en sa faveur ; la douleur qu’il ressentit, comme frère, fut sans aucun doute un châtiment suffisant pour lui. Nous aimerions souvent souffrir nous-mêmes plutôt que de voir souffrir ceux que nous aimons tendrement. — Nomb. 12:10-12.
Néanmoins, dans ce cas, Marie ayant peut-être davantage sujet à se plaindre, son péché a pu être plus grand que celui d’Aaron. Il s’agissait peut-être d’un cas qui opposait deux femmes et dans lequel Aaron prit parti pour sa sœur plutôt que pour sa belle-sœur (Nomb. 12:1). Marie murmura contre Moïse parce qu’il avait pour femme une éthiopienne. Il y avait sans aucun doute un peu de jalousie dans cette affaire. Moïse était un prophète de Jéhovah et sa femme partageait un peu de sa gloire. Elle était respectée à cause de la position de Moïse et peut-être la regardait-on comme une grande dame du pays. Or, comme l’indiquent les circonstances, Marie était aussi une grande dame. Quand les Israélites traversèrent la mer Rouge, et que Moïse entonna son cantique sur l’autre rivage, Marie prit la tête parmi les femmes pour chanter les louanges de Dieu ; on la considérait aussi comme une prophétesse en Israël (Ex. 15:20, 21). Cela la plaça au rang d’une grande dame en Israël, position qui évidemment lui permit d’exercer quelque influence. Peut-être sa position fut-elle éclipsée par celle de la femme de Moïse, ce qui envenima les choses. S’il n’était pas juste qu’Aaron critiquât Moïse, à plus forte raison était-ce de la présomption de la part de Marie d’agir ainsi, en considération de la place assignée à la femme dans l’assemblée de Dieu, c’est-à-dire la soumission à l’homme. C’est pourquoi Dieu la frappa de la lèpre et l’humilia aux yeux de tous. Pendant sept jours elle se trouva hors du camp, puis elle fut ramenée et rétablie dans son rang. Quand elle mourut et fut ensevelie, elle avait la faveur de Dieu et tout Israël lui manifesta du respect.
● La Tour de Garde du 1er septembre 1951, paragraphe 3, page 265, déclare : “ Ils doivent prier auprès de lui, afin qu’il puisse entendre les paroles de leur prière et montrer en disant “ Amen ! ” qu’il est d’accord avec elles. ” Est-ce à dire que lorsqu’une personne a fini de prier lors d’une réunion ou aux repas, tous les auditeurs devraient dire “ Amen ” pour montrer qu’ils sont d’accord ? — A. B., Côte de l’Or.
Non, ce serait sortir sans raison valable cette déclaration de son contexte. La Tour de Garde discutait le cas d’un homme malade spirituellement auprès duquel les anciens de l’assemblée devaient prier. Leur prière aurait pour objet l’édification du malade, elle présenterait ses problèmes, donnerait des conseils, recommanderait la marche à suivre scripturale et demanderait l’aide de Jéhovah. Mais l’affligé permettrait-il qu’on l’aide ? Admettrait-il ses manquements, les causes de sa détresse spirituelle, la sagesse contenue dans les conseils donnés, la nécessité de suivre les procédés recommandés pour qu’il se rétablisse ?
Ou bien se serait-il égaré trop loin du droit chemin et serait-il devenu trop faible spirituellement pour réagir devant leur prière et devant l’assistance qu’ils lui offrent ? Dans ce cas-là, il y aurait quelques doutes quant à la réaction de l’individu aux paroles de la prière. Il serait donc convenable qu’il s’exprime nettement, et un “ Amen ” prononcé à haute voix ou dans son cœeur serait la manière de montrer qu’il est d’accord avec la prière.
La situation est différente dans le cas de prières faites aux réunions et aux repas. Il n’y a aucune raison de douter que les auditeurs ne soient pas d’accord. Les prières convenablement dites à de telles occasions ne susciteront aucun désaccord et aucune expression d’accord n’est requise. Cependant on ne peut trouver à redire à l’“ Amen ” prononcé à haute voix, comme conclusion, par les auditeurs qui le désirent. Le peuple disait “ Amen ” à la fin de l’un des psaumes d’actions de grâces de David, et en d’autres occasions les Israélites montrèrent qu’ils étaient d’accord en employant cette expression (Deut. 27:14-26 ; I Chron. 16:7-36 ; Apoc. 5:14). En parlant de prières dites en une langue inconnue, Paul déclara : “ Comment celui qui est dans les rangs de l’homme du peuple répondra-t-il Amen ! à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ? ” (I Cor. 14:16). Aujourd’hui nous ne parlons pas en des langues inconnues, mais certains quand ils prient ne manifestent pas toujours de la considération pour leurs auditeurs en parlant clairement et avec suffisamment de volume pour être entendus facilement. De telles prières n’édifient pas ceux qui les écoutent, ils ne peuvent donc se joindre à l’esprit des paroles de la prière ou indiquer leur accord par un “ Amen ” silencieux ou prononcé à haute voix.
L’expression “ Amen ” indique aussi aux auditeurs que la prière est finie (Ps. 41:14 41:13, NW ; 72:19, 20 ; 89:53 89:52, NW ; Rom. 16:27 ; Gal. 6:18 ; Jude 25). Pour cette raison il est convenable que celui qui prie à haute voix conclue par un “ Amen ” prononcé clairement. Il indiquera ainsi qu’il a terminé, et les auditeurs dont la tête est inclinée pourront reprendre leur attitude normale. Par conséquent, celui qui prie à haute voix devrait toujours dire “ Amen ” lorsqu’il conclut sa prière et ceux qui l’écoutent peuvent en faire autant ou non, comme ils le désirent.
● La Société approuve-t-elle le fait d’offrir des cadeaux à l’occasion d’un mariage ou d’une naissance ? Devrait-on exposer ces cadeaux et faire connaître leurs donateurs ? — M. F., New-York.
La Société ne désapprouve pas le fait d’offrir des cadeaux, mais il n’est pas bon de penser seulement aux cadeaux et d’amener le peuple du Seigneur à offrir sans cesse des cadeaux. Il faut peu de chose pour qu’un tel fasse un cadeau à tel autre parce qu’il a reçu de lui un cadeau et ainsi de suite. Cet état de choses est susceptible de devenir un fardeau pour les frères et de prendre leur temps et leur argent pour des cadeaux que leurs moyens ne permettent pas toujours. Vous direz que l’on peut rendre visite en pareille circonstance sans que l’on soit obligé d’apporter un cadeau, mais la coutume veut que l’on offre quelque chose et la majorité le fera ; en outre il serait fort embarrassant de venir les mains vides. Il faut cependant dire ici qu’il n’y a pas de mal à faire un don. Quand on agit spontanément on fait preuve de fraternelle bonté, qualité louable, et parfois le don est réellement la manifestation de l’amour chrétien. C’est en somme une obligation que nous imposent les Écritures : visiter ceux de nos frères qui sont dans le besoin et leur venir en aide. Nous pouvons saisir l’occasion d’un mariage ou d’une naissance pour venir en aide à quelqu’un, mais nous ne devons pas attendre qu’une telle occasion se présente, nous ne devons pas nous arranger pour faire un cadeau à ce moment spécial où la coutume veut que l’on offre quelque chose. Notre assistance aurait pu être nécessaire à un autre moment. Nous devrions donner quand il y a besoin et à ceux qui ont le plus besoin et le faire spontanément, sans attendre que l’on nous sollicite en nous envoyant un faire-part, cette petite lettre qui fait que nous nous sentons obligés, que celui à qui nous donnons soit dans le besoin ou non.
Devrait-on exposer les cadeaux et faire connaître leurs donateurs ? Pourquoi devrions-nous le faire ? Ceux qui offrent des cadeaux plus riches que les autres ne cherchent certainement pas à en tirer des acclamations et peut-être mettrait-on dans l’embarras des frères moins aisés qui sont obligés de faire un cadeau plus modeste ; peut-être aussi leur ferait-on dépenser plus d’argent qu’ils ne peuvent en réalité se le permettre. Pourquoi donc glorifier les riches et humilier les pauvres, même involontairement ? (Jacq. 2:1-4.) Cette publicité faite à un don et au donateur n’est pas conforme aux Écritures où nous lisons : “ Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite. ” (Mat. 6:2, 3). Si les dons devaient rester anonymes, les cadeaux seraient-ils encore aussi coûteux ? Celui qui donne, dépenserait-il plus qu’il ne peut si l’on ne le faisait pas connaître en même temps que ce qu’il a offert ? Cette manière d’agir révélerait le degré de désintéressement qui est à l’origine du don. Celui qui donne avec désintéressement, celui-là est agréable aux yeux de Dieu.
Mentionnons encore un point de la plus haute importance, à propos d’un mariage ou de toute autre réunion privée de témoins. Dirigez toujours le déroulement de ces réunions de manière à ce qu’elles soient édifiantes. Les divertissements stupides sont pour les gens au caractère puéril ; les chrétiens mûrs ont dépassé ce stade et n’y retournent plus. Les danses lascives ou celles que rythme un jazz endiablé ne sont pas pour les chrétiens, sans que l’on puisse condamner pour autant la danse et la musique convenables. Lorsque Jésus assista à un mariage il profita de cette occasion pour rendre gloire à Dieu car c’est là qu’il accomplit son premier miracle par lequel il changea de l’eau en vin (Jean 2:1-11). Mais à coup sûr nous pouvons dire que Jésus n’honora aucune coutume qui veut que l’on embrasse la mariée — aussi ne l’avons-nous pas apportée du monde où l’on adore la créature, elle tend à élever la femme ; cette coutume est du monde. Au lieu d’adopter une conduite relâchée ou de faire des excès dans le boire et le manger, nous devrions veiller sur notre conduite et créer le divertissement par des moyens qui se révéleront profitables, en chantant des cantiques par exemple, en proposant d’identifier des personnages ou des sujets bibliques au moyen de quelques données caractéristiques, en relatant des expériences vécues dans le champ, et ainsi de suite. De telles choses non seulement nous procureront une détente et nous aideront à mieux nous connaître, mais elles seront également profitables aux personnes de bonne volonté qui pourraient être présentes et leur permettront d’avoir une impression favorable du peuple de Jéhovah.
Nous disons donc qu’il n’y a rien de mal dans un cadeau, et ceux qui en font ne devraient pas être critiqués par ceux qui n’en font pas et vice versa. Soyez modérés en toutes choses, quand vous offrez des cadeaux à l’occasion d’un mariage ou d’une naissance, quand vous mangez et quand vous buvez à ces occasions, et contribuez à les rendre édifiantes pour l’esprit. Souvenez-vous toujours que Jésus-Christ est notre exemple (I Pi. 2:21). Il n’a pas consacré trop de temps à ces choses, il n’a pas donné avec ostentation, il n’a pas fait d’excès de table en de telles occasions spéciales, ni en d’autres occasions non plus. Lorsqu’il se trouvait en société il mettait ces circonstances à profit pour la gloire de Dieu, mais il ne fut pas pris par des soirées sept jours par semaine et il ne se dépensa pas uniquement pour ses relations. C’est son zèle pour Jéhovah et l’œuvre de prédication qui accaparèrent son temps et son énergie. Nous devrions suivre son exemple en équilibrant nos diverses activités selon leur importance.