L’amour qui mène à la vie
“Le fruit de l’esprit, c’est l’amour.” — Gal. 5:22, MN.
1. Quelles questions montrent qu’il n’y a rien d’anormal à ce qu’il y ait quatre mots grecs pour exprimer l’idée de l’amour ? Pourquoi les réponses à ces questions devraient-elles nous intéresser ?
ON DIT que “les Grecs avaient un mot pour tout”, et pour ce qui est de l’amour, on peut presque le croire. En effet, pour exprimer les différents aspects de cette qualité, les Grecs disposaient de non moins de quatre mots distincts : érôs, storgê, philia et agapê. Il n’y a là rien d’anormal quand on considère combien l’amour est complexe. Il suffit d’essayer de le définir pour s’en rendre compte. Au fait, qu’est donc l’amour ? S’agit-il simplement d’un sentiment, d’une impulsion ? Va-t-il toujours de pair avec l’affection, et se manifeste-t-il seulement à l’égard de quelqu’un qu’on admire ou vers qui on est attiré à cause de ses qualités ? Peut-on aimer celui pour qui on n’éprouve pas de la sympathie ? Quelle est la source de l’amour ? Le cœur, l’esprit, ou bien l’un et l’autre ? Enfin, existe-t-il un moyen de mesurer et d’éprouver l’amour, afin d’en connaître la valeur ? On dit que “tout ce qui brille n’est pas or”, et tout ce qui présente l’apparence de l’amour n’est pas l’amour véritable. Souvenons-nous du baiser de Judas — tendre mais perfide ! — Marc 14:44, 45.
2. Qu’est-ce qui prouve qu’on peut apprendre à aimer ?
2 “L’amour est la leçon la plus difficile enseignée par le christianisme ; c’est pourquoi nous devrions nous appliquer tout particulièrement à l’apprendre.” Tel était l’avis de William Penn, fondateur de l’État de Pennsylvanie. L’idée qu’on puisse apprendre à aimer semblera étrange à certains, et cependant la Bible indique clairement qu’il en est ainsi (I Thess. 4:9, 10, MN). Le mot “disciple” signifie littéralement “élève” ou “celui qui apprend”. Or, la nuit avant sa mort, le Fils de Dieu déclara à ceux qu’il avait formés et enseignés. “À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous.” — Jean 13:35, MN.
3. a) Pourquoi l’amour véritable est-il le signe caractéristique des vrais chrétiens ? b) Quel danger guette aujourd’hui la congrégation chrétienne ?
3 Un amour de ce genre-là serait rare, tellement rare qu’il serait le signe caractéristique qui distinguerait les vrais élèves ou disciples de Jésus d’avec tous les autres habitants de la terre. Ce fut le cas du temps de Jésus ; trouve-t-on pareil amour de nos jours ? Lisez les journaux, écoutez la radio ou regardez tout simplement ce qui se passe autour de vous. Vous constaterez, à n’en pas douter, que la prédiction suivante de l’apôtre Paul se réalise devant vos yeux : “Mais sache ceci : que dans les derniers jours il y aura des temps critiques, difficiles à affronter. Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de l’argent, (...) désobéissants aux parents, ingrats, déloyaux, sans affection naturelle, (...) sans amour du bien, (...) enflés d’orgueil, amis des plaisirs plus qu’amis de Dieu, ayant une forme de pieux dévouement mais reniant ce qui en est la force ; et de ceux-là éloigne-toi.” (II Tim. 3:1-5, MN). Jésus alla même jusqu’à prédire que l’amour véritable ferait tellement défaut que même la congrégation chrétienne serait sérieusement éprouvée sous ce rapport. N’oubliez pas que ce fut, non en parlant du monde en général, mais à propos de ceux qui se diraient ses disciples au temps de la fin, que le Christ affirma : “Et à cause de l’accroissement de l’iniquité, l’amour du grand nombre se refroidira.” Ces paroles signalent un danger ! — Mat. 24:12, MN.
4. Citez une définition du mot “sentiment”, et expliquez un incident prouvant qu’il ne s’agit pas là de l’amour véritable.
4 Quelle sorte d’amour vous anime ? Vous différencie-t-il des hommes en général, montrant que vous êtes un disciple ou élève de Jésus-Christ ? Ou bien, votre amour est-il surtout sentimental ? L’une des définitions du mot “sentiment” est la suivante : “Jugement, opinion qui se fonde sur une appréciation subjective, sur une croyance (et non sur un raisonnement logique).” Bien des gens agissent et parlent sous l’impulsion des sentiments ou de l’émotion, et pensent exprimer ainsi leur amour. Au début de sa carrière de disciple, l’apôtre Pierre avait tendance à agir de la sorte, ce qui ne manqua pas, plus d’une fois, de lui attirer des ennuis. Ainsi, lorsque Jésus parla à ses disciples des souffrances et de la mort qui l’attendaient, Pierre, agissant par impulsion, prit Jésus à part et se mit à soulever de fortes objections, en lui disant : “Montre-toi bon pour toi, Seigneur ; tu n’auras pas cette destinée du tout.” Jésus accepta-t-il cet appel aux sentiments comme une expression de l’amour véritable ? Le récit nous donne la réponse en ces termes : “Mais, tournant le dos, il dit à Pierre : ‘Passe derrière moi, Satan [adversaire] ! Tu m’es une pierre d’achoppement, parce que tu penses, non les pensées de Dieu, mais celles des hommes.’” — Mat. 16:21-23, MN.
5. Par quoi l’homme sentimental se laisse-t-il diriger, et pourquoi l’amour véritable est-il supérieur au sentimentalisme ?
5 L’esprit de certains se laisse dominer plutôt par les sentiments que par la vérité ; guidés par leurs émotions, ils tâtonnent comme un aveugle. En effet, l’homme sentimental ferme les yeux à la nécessité de raisonner logiquement pour déterminer comment agir au mieux des intérêts de son prochain. En revanche, celui qui est mû par l’amour véritable fait preuve de prévoyance et ne se laisse pas diriger par ses émotions. Il oriente ses sentiments dans la bonne direction, celle qu’il a choisie en raisonnant. — Rom. 8:5-8, MN.
6. a) À propos de l’amour, que pourrons-nous comprendre grâce à notre faculté de raisonner ? b) Pourquoi l’homme honnête reconnaîtra-t-il que les pensées de Dieu lui sont nécessaires pour manifester l’amour ?
6 Mais celui qui possède l’amour doit avant tout penser “les pensées de Dieu”. Il doit reconnaître que Dieu avait raison quand il déclara : “Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées.” (És. 55:9). Grâce à notre faculté de raisonner, nous pouvons arriver à la conclusion que les membres de la famille humaine dépendent les uns des autres, puisqu’ils ont tous les mêmes besoins d’ordre physique, mental et spirituel. De même, nous nous apercevons que si nous pouvons pourvoir par nos propres moyens à certains de ces besoins, il y en a d’autres qui ne peuvent être satisfaits que par ceux qui nous aiment, et que notre bonheur dépend de ces besoins. La logique nous dira peut-être que l’homme animé par l’amour saura discerner ces besoins et fera tout son possible pour les satisfaire. Cependant, comme ses moyens sont limités, l’amour l’incitera à déterminer quels sont les besoins les plus urgents de son prochain, afin d’y porter toute son attention. Notre intelligence nous permettra sans doute de comprendre que, pour aider quelqu’un, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte et que l’amour véritable nous poussera à agir, non selon nos préférences, celles des autres, voir même celles de l’intéressé, mais au mieux des intérêts de ce dernier. Grâce à la réflexion, vraisemblablement nous comprendrons la nécessité de désirer de tout cœur agir en faveur de notre prochain. Il n’empêche que si nous sommes honnêtes, nous avouerons qu’il nous faut les “pensées de Dieu” pour savoir comment satisfaire au mieux les besoins de nos semblables, pour connaître réellement leurs besoins les plus urgents, pour agir au mieux de leurs intérêts présents et futurs, enfin pour stimuler notre désir d’agir ainsi. Nous ne nous tromperons jamais si nous nous laissons guider par Dieu, puisque “tout don de qualité, tout présent parfait vient d’en haut, car il descend du Père des lumières célestes, et chez qui il n’y a pas le changement provenant du mouvement de l’ombre”. — Jacq. 1:17, MN.
LE MOT “AMOUR” EN GREC
7. Quel est le sens propre de chacun des quatre mots grecs signifiant “amour” ?
7 Revenons à présent aux Grecs et aux quatre termes qu’ils employaient pour exprimer l’idée de l’amour. Dans les temps bibliques, les Grecs se servaient du mot érôs pour parler de ce que nous appelons aujourd’hui l’amour physique ou sexuel. Ils disaient storgê pour désigner l’amour entre les membres d’une famille, par exemple l’amour paternel ou maternel. Philia emportait l’idée de l’affection entre amis, d’un amour caractérisé par l’attachement mutuel dû à l’affinité des personnalités. Enfin, agapê désignait l’amour fondé sur des principes, un amour réfléchi et désintéressé.
8. a) Grâce à qui comprenons-nous clairement le sens de ces termes ? b) Pourquoi le mot agapê désigne-t-il l’amour qui mène à la vie ?
8 Ce furent les Grecs qui nous fournirent ces termes mais, paradoxalement, c’est grâce à des Hébreux qui écrivaient en grec que nous sommes à même de bien les comprendre. Nous parlons des rédacteurs de cette partie de la Bible appelée les Écritures grecques chrétiennes. Nous sommes arrivés à l’intelligence de ces mots grâce surtout à l’emploi tout à fait particulier que ces écrivains firent du terme agapê, pour désigner l’amour fondé sur des principes (plutôt que sur l’attrait physique, la parenté ou la compatibilité des personnalités). À ce propos, le Dictionnaire biblique de Douglas (angl.) nous informe qu’agapê est l’“un des mots les moins souvent rencontrés dans les écrits classiques grecs”. Ainsi, on trouve rarement ce terme chez Platon, Socrate ou Aristote, tandis que Pierre, Paul, Jean et les autres rédacteurs des livres compris entre Matthieu et l’Apocalypse ou Révélation se servirent de ce vocable dans des acceptions tout à fait nouvelles. Dans leurs écrits, les Écritures grecques chrétiennes, on ne trouve nulle part le mot érôs, on y rencontre trois fois seulement des composés de storgê, le verbe philéô y figure moins de cent fois, tandis que le terme agapê y est employé 250 fois environ. L’apôtre Jean utilisa ce mot dans sa phrase : “Dieu est amour [agapê].” (I Jean 4:8, MN). Le même apôtre mit ce terme dans la bouche de Jésus, en écrivant : “Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour [agapê] entre vous.” (Jean 13:35, MN). Paul l’employa également quand il affirma que “le fruit de l’esprit, c’est l’amour [agapê]”. (Gal. 5:22, MN.) Un peu plus loin, l’apôtre ajouta : “Celui qui sème ayant l’esprit en vue, récoltera de l’esprit la vie éternelle.” Il y va donc de notre vie d’apprendre à pratiquer cet amour fondé sur des principes et produit par l’esprit de Dieu (Gal. 6:8, MN). L’apôtre Jean souligna cette pensée quand il écrivit : “Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons [agapaô, forme verbale d’agapê] les frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.” — I Jean 3:14, MN.
9. a) À cause du manque d’amour, quelle question fut soulevée au début de l’histoire humaine ? b) Comment Jéhovah Dieu réagit-il à cette manifestation d’égoïsme ?
9 Quels sont les principes qui déterminent la pratique de cet amour désintéressé ? Dans sa Parole écrite, Dieu nous révèle que la grande question de la souveraineté universelle a été soulevée quand l’un de ses fils spirituels se rebella contre son Créateur et le calomnia devant le premier couple humain en Éden, afin de se concilier le soutien du premier homme et de la première femme, même au prix de leur vie. Adam ne manifesta à l’égard de sa femme Ève que l’amour érotique ou charnel ; tournant le dos à son Père céleste, il se joignit à elle dans la désobéissance. En méprisant sa position d’homme juste devant Jéhovah Dieu et en renonçant à sa perfection humaine, il se priva dans une large mesure de la possibilité de témoigner à sa femme un amour véritable. Inévitablement, ses enfants vinrent au monde imparfaits, sous le coup du péché héréditaire et dans une condition de mortalité, tout comme leur père. Mais malgré cette ingratitude égoïste, Jéhovah ne s’aigrit pas et il ne laissa pas son amour se refroidir. En effet, tout en prononçant son juste jugement contre les trois rebelles, il annonça son dessein de produire par la suite une Postérité qui mettrait fin à tout le mal que son adversaire aurait provoqué. Ce thème se rencontre d’un bout à l’autre de la Bible, exposant le déroulement des desseins divins pendant une période de quatre mille ans. Au terme de cette période, Dieu envoya ici-bas le Fils qui lui était le plus cher, d’abord pour défendre la cause de son Père et se montrer indéfectiblement attaché à lui en tant que Souverain légitime, ensuite pour fournir aux hommes ce dont ils avaient le plus grand besoin, savoir : une rançon leur ôtant le péché et la condamnation à mort et les réconciliant avec le Père céleste. — Gen. 3:14-24 ; Jean 3:16, 36.
10. a) Quelles perspectives les prophéties bibliques laissent-elles entrevoir à ceux qui manifestent l’amour véritable ? b) Quelle œuvre l’amour les incite-t-il à accomplir ?
10 La Bible révèle, en outre, que les bienfaits de la rançon seront dispensés aux hommes et aux femmes obéissants et aimants par un Royaume gouverné par Jésus-Christ, et qu’il en résultera un ordre complètement nouveau sur la terre. Le présent ordre, fondé sur l’égoïsme, la violence et la désobéissance envers Dieu, sera anéanti lors de la guerre universelle d’Harmaguédon. Les prophéties bibliques réalisées dans les événements et les conditions des temps actuels attestent que depuis 1914 nous sommes au “temps de la fin” du présent ordre, et que sous peu notre génération verra la terre purifiée et délivrée des maux qui l’accablent : haines, convoitises, luttes, meurtres, vols, oppressions, adultères, calomnies et autres fruits d’un monde sans amour qui ignore l’esprit de Dieu (Mat. 24:7-14, 33-35 ; Gal. 5:21). La Bible indique aussi que l’amour de nombre de ceux qui se déclarent disciples de Jésus ‘se refroidirait’ ; en revanche, d’autres endureraient et accompliraient une œuvre désintéressée. Laquelle ? Jésus la décrit en ces termes : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par la terre habitée tout entière en témoignage à toutes les nations ; et alors la fin viendra.” — Mat. 24:14, MN.
11. Qui nous apprend le vrai sens du mot amour ?
11 À présent, nous comprenons mieux pourquoi la Bible déclare dans I Jean 4:19 (MN) : “Pour nous, nous aimons, parce qu’il nous a aimés le premier.” Une connaissance des actes et des desseins bienveillants de Dieu nous aide à comprendre réellement l’amour et nous incite à imiter notre Créateur sous ce rapport. Puisque, à l’origine, l’homme fut fait à l’image de Dieu, il est de notre devoir d’exprimer un amour semblable au sien. — Gen. 1:26, 27.
L’AMOUR PHYSIQUE
12, 13. a) La Bible désapprouve-t-elle et passe-t-elle sous silence l’amour sexuel, et quels exemples peut-on citer à ce sujet ? b) Pour que l’amour physique contribue au bonheur, qu’est-ce qui est nécessaire, et que nous apprend le cas des Grecs et des Romains de l’Antiquité ?
12 Examinons d’abord l’amour sexuel, que les Grecs appelaient érôs. Vous vous demandez peut-être quel rapport existe entre cet amour-là et l’amour réfléchi (agapê) dont il a été question plus haut. Certes, les écrivains bibliques ne se servirent jamais du terme érôs. Il n’empêche que la Bible parle très franchement de l’amour physique. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire la Genèse (Adam et Ève, Isaac et Rébecca, Jacob et Rachel), le Cantique des Cantiques ou les conseils donnés dans Proverbes 5:15-19. Cependant, la Bible ne déifie pas l’amour charnel. Tout en précisant que Rébecca était “très belle de figure” et que Rachel était “belle de taille et belle de figure”, la Bible montre que ce qui rendait ces femmes réellement belles était leur dévouement envers le vrai Dieu Jéhovah et à l’égard de leur mari (Gen. 24:16 ; 29:17). Pour ce qui est des Écritures chrétiennes, dans sa première lettre aux Corinthiens (chapitre sept), l’apôtre Paul donne des conseils très francs sur l’amour conjugal, et on aurait du mal à le taxer de “puritanisme”.
13 Mais dans tout ce que la Bible déclare à ce sujet, elle souligne la pensée suivante : L’amour physique ne peut contribuer au bonheur que dans la mesure où il est maîtrisé, et non adoré ; et pour le maîtriser, il nous faut l’amour fondé sur des principes. De nos jours, le monde entier commet, semble-t-il, la même erreur que les Grecs de l’Antiquité. Ils adoraient le dieu Éros, se prosternaient devant son autel et lui offraient des sacrifices. Les Romains agissaient de même à l’égard de Cupidon, identifié avec l’Éros grec. Mais l’Histoire atteste que le culte de l’amour sexuel ne produisit que la dégradation, la débauche et la dissolution. C’est peut-être ce qui explique pourquoi les écrivains bibliques évitèrent d’employer le mot érôs.
14. Comment l’amour réfléchi peut-il résoudre les problèmes conjugaux ?
14 Aujourd’hui, l’incompatibilité d’humeur est responsable d’un nombre toujours croissant de divorces, à telle enseigne que dans certaines régions des États-Unis, un mariage sur deux se termine par un divorce. Comme les hommes ont besoin de l’amour fondé sur des principes ! Que de problèmes — même intimes — seraient résolus si les hommes et les femmes se souvenaient que l’amour (agapê) “ne se conduit pas de manière indécente, ne cherche pas ses propres intérêts, ne s’irrite pas” ! (I Cor. 13:5, MN.) Les racines de la mésentente conjugale et des scènes de ménage seraient extirpées si les conjoints suivaient ces sages conseils de Paul : “Toutefois, que chacun de vous en particulier aime [agapaô] ainsi sa femme, comme lui-même ; d’autre part, la femme doit avoir un profond respect pour son mari.” (Éph. 5:33, MN). Animés d’un tel amour, le mari et la femme ne voudront pas posséder, mais partager. Au lieu de toujours dire “je”, “moi” ou “le mien”, ils diront “nous” et “notre”. Ils chercheront à connaître les besoins et les désirs l’un de l’autre puis, avec amour, ils agiront en conséquence, pour leur plus grand bonheur mutuel.
L’AMOUR AU SEIN DE LA FAMILLE
15. Pourquoi l’amour (storgê) traverse-t-il actuellement une crise, et que faut-il faire pour le protéger ?
15 Quel plaisir de voir une famille unie par les liens de l’amour ! On y trouve une beauté et un charme tout à fait particuliers, et l’on passe des moments délicieux en son sein. Cette affection naturelle (gr. storgê) qui existe entre les membres d’une famille est citée par Paul comme un exemple des sentiments familiaux qui devraient exister parmi les chrétiens (Rom. 12:10, MN). Mais l’apôtre prédit également qu’à notre époque cette “affection naturelle” ferait défaut parmi la généralité des hommes (II Tim. 3:3, MN). La vie familiale d’antan n’a pas résisté aux pressions des temps modernes. Aujourd’hui, les membres d’une famille prennent leurs repas de moins en moins souvent ensemble et c’est rarement qu’ils se trouvent réunis pour profiter de la compagnie les uns des autres. La délinquance adulte et juvénile divise de plus en plus les foyers. La raison en est que l’affection naturelle ne peut, à elle seule, résister aux pressions des temps actuels. Par contre, l’amour fondé sur des principes peut préserver l’unité d’une famille, parce que l’“amour [agapê] (...) est un parfait lien d’union”. — Col. 3:14, MN.
16. Quels conseils la Bible adresse-t-elle aux parents qui désirent agir au mieux des intérêts de leurs enfants ?
16 Parents, voulez-vous que vos enfants vous aiment ? Sans doute voudriez-vous que vos enfants soient comme ceux dont la Bible parle en ces termes : “Enfants, soyez obéissants envers vos parents en union avec le Seigneur, car cela est juste : ‘Honore ton père et ta mère’ ; ce qui est le premier commandement avec une promesse : ‘Pour que tu t’en trouves bien et subsistes longtemps sur la terre.’” Votre désir est-il de voir vos enfants obtenir la vie éternelle sur une terre édénique sous le Royaume de Dieu ? Si oui, il vous faut jouer votre rôle, savoir : “Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais continuez de les élever dans la discipline et les conseils autorisés de Jéhovah.” Pour faire cela en ces temps difficiles, il vous faudra faire preuve non seulement d’affection, mais d’amour, d’un amour fondé sur les bons principes. — Éph. 6:1-4, MN.
17. a) Pourquoi ne fait-on pas preuve d’amour quand on gâte un enfant ? b) Pourquoi un manque de discipline peut-il être néfaste aussi bien pour les enfants que pour les parents ?
17 Le père qui n’élève pas ses enfants dans la saine discipline mais qui cède à tous leurs caprices fait preuve, à vrai dire, d’égoïsme. Il dira peut-être : “Je sais que je n’aurais pas dû leur acheter cela mais ils y tenaient tellement, et je n’aime pas leur faire de la peine.” Au lieu de servir les intérêts futurs de ses enfants, un tel père agit égoïstement en songeant surtout à se concilier leur affection, qui risquerait de diminuer provisoirement s’il leur appliquait une juste mesure disciplinaire. Qui aurait l’idée de donner à son enfant une bombe à retardement ? C’est pourtant ce que font certains parents quand ils achètent une voiture à leur fils alors qu’il est encore trop jeune, ou quand ils permettent à leur fille de jouir d’une liberté trop grande pour son âge. Lorsqu’un père faible sacrifie ses principes sur l’autel de la sentimentalité, il pratique un faux culte, et souvent l’affection qu’il s’attend à recevoir plus tard de ses enfants fait cruellement défaut. Le sage proverbe déclare : “Celui qui ménage sa verge hait son fils, mais celui qui l’aime cherche à le corriger.” (Prov. 13:24). Corriger ou discipliner, c’est enseigner et éduquer. Tout comme notre Père céleste nous discipline et nous enseigne, nous devons corriger nos enfants si nous voulons leur témoigner un amour véritable. — Héb. 12:5-11, MN.
L’AMOUR ENTRE AMIS
18, 19. a) Sur quoi se fonde l’amour entre amis (philia), et quel exemple montre qu’il n’y a pas de mal à avoir des amis ? b) Pour qu’une amitié soit durable, que faut-il y ajouter, et pourquoi ?
18 On s’enrichit également en aimant ses amis. Pour cet amour-là, les Grecs employaient le mot philia. Comme la vie serait stérile si nous n’avions pas d’amis ! En général, on éprouve de l’amitié pour quelqu’un quand on trouve chez lui des qualités qu’on apprécie. Une amitié peut naître également quand deux personnes partagent les mêmes expériences pendant un certain temps, posant ainsi un fondement pour l’affection et la fidélité. Une confiance réciproque existe entre deux amis. Jésus-Christ lui-même témoigna une amitié spéciale à trois de ses disciples : Pierre, Jacques et Jean. Et des trois, Jean est mentionné comme étant particulièrement cher à Jésus. — Jean 19:26 ; 20:2.
19 Toutefois, pour qu’une amitié soit durable, elle doit s’accompagner de l’amour fondé sur des principes. C’est pourquoi l’apôtre Pierre nous exhorte à ajouter à notre “affection fraternelle [philadélphia] l’amour [agapê]”. (II Pierre 1:7, MN.) Sinon, notre affection risque de dégénérer en flatterie et cajolerie. Elle pourrait nous inciter à nous joindre à quelqu’un dans des activités mauvaises et nuisibles qui déshonorent Dieu et font du tort à notre prochain. Or, l’“amour [agapê] ne fait pas de mal au prochain”. — Rom. 13:10, MN.
20. Comment l’amitié de Dieu devrait-elle nous guider dans le choix de nos amis ?
20 À vrai dire, l’amour fondé sur les bons principes devrait nous guider dès le début dans le choix de nos amis. Imaginez la joie des disciples de Jésus lorsqu’ils entendirent celui-ci dire : “Le Père lui-même a de l’affection [philéô] pour vous.” Mais pourquoi Dieu les honorait-il de la sorte ? Les paroles suivantes de Jésus nous donnent la réponse : “Parce que vous avez de l’affection pour moi et que vous croyez que je suis sorti comme le représentant du Père.” (Jean 16:27, MN). Oui, Dieu n’a de l’affection que pour ceux qui le méritent, et ce sont les seuls à qui il accorde son amitié (Jacq. 2:23). C’est donc à juste titre que l’avertissement suivant nous est donné : “Celui donc qui veut être ami [philos] du monde se constitue ennemi de Dieu.” Nos amis devraient être, avant tout, ceux qui aiment Dieu et sont ses amis. — Jacq. 4:4, MN.
21. Pourquoi ne faut-il pas en conclure que notre amour sera désormais limité à quelques personnes seulement ?
21 Ces considérations sont-elles une entrave à l’expression de notre amour ? Nullement, car l’amour fondé sur des principes [agapê] peut et doit entrer en ligne de compte là où on n’éprouve aucune affection [philia]. La récompense de la vie éternelle ne sera pas accordée à ceux qui se bornent à témoigner de l’amour et de l’attachement à leur conjoint, à leur famille et à leurs amis intimes. Jésus déclara : “Si, en effet, vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense avez-vous ? Les percepteurs d’impôts ne font-ils pas la même chose ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les gens des nations ne font-ils pas la même chose ? Vous devez donc être parfaits comme votre Père céleste est parfait.” (Mat. 5:46-48, MN). De ce qui précède il ressort très clairement que l’on peut aimer quelqu’un pour qui on n’éprouve pas de la sympathie. Il y va même de notre vie d’agir ainsi.
22. Quelles questions devrions-nous nous poser très sérieusement ?
22 Réfléchissez un peu et posez-vous les questions suivantes : Quelle est la qualité de mon amour ? Est-il fondé sur des principes ou est-il surtout sentimental ? Mon amour est-il limité à ceux que j’aime naturellement : conjoint, parents, enfants, amis qui me sont sympathiques ? Et même l’amour que j’ai pour mes amis intimes est-il motivé par le désir de servir leurs intérêts éternels ou par les avantages que leur amitié me procure ? À quel point mon amour est-il sincère ? La valeur de toute votre existence dépend de la réponse à ces questions. — I Cor. 13:1-3, MN.
[Illustration, page 457]
philia
agapê
érôs
storgê