Chapitre 13
La Réforme: Un nouveau tournant dans la recherche
1, 2. a) En quels termes un livre sur la Réforme décrit-il l’Église catholique romaine du Moyen Âge? b) Quelles questions cela soulève-t-il sur la situation de l’Église de Rome?
LA VÉRITABLE tragédie pour l’Église médiévale, c’est qu’elle n’évolua pas avec son temps. (...) Loin de suivre le progrès, loin de donner une direction spirituelle, elle était rétrograde et décadente, corrompue à tous les niveaux.” Tels sont les termes dans lesquels le livre L’histoire de la Réforme (angl.) décrit la puissante Église catholique romaine, qui domina la plus grande partie de l’Europe du Ve au XVe siècle de notre ère.
2 Comment, de toute-puissante qu’elle était, l’Église de Rome se retrouva-t-elle ‘décadente et corrompue’? Comment la papauté, qui revendiquait la succession apostolique, manqua-t-elle à ses devoirs au point de ne pas même fournir de “direction spirituelle”? Et quelle fut la conséquence de ce manquement? Pour connaître la réponse à ces questions, il nous faut examiner brièvement quelle sorte d’Église elle était devenue au juste et quel rôle elle jouait dans la recherche que menaient les hommes pour trouver le vrai Dieu.
Le déclin de l’Église
3. a) Quelle était la situation matérielle de l’Église catholique à la fin du XVe siècle? b) Par quels moyens l’Église s’efforça-t-elle de conserver sa grandeur?
3 À la fin du XVe siècle, l’Église de Rome possédait tant de paroisses, de monastères et de couvents d’un bout à l’autre de son domaine qu’elle était le plus grand propriétaire terrien d’Europe. On a dit qu’elle possédait la moitié des terres en France et en Allemagne, et au moins les deux cinquièmes en Suède et en Angleterre. Qu’en résulta-t-il? La “splendeur de Rome s’accrut démesurément à la fin du XIVe siècle et au début du XVe, et son importance politique augmenta temporairement, dit le livre Histoire de la civilisation (angl.). Cependant, toute cette grandeur se payait: pour la conserver, la papauté dut trouver de nouvelles sources de revenus. L’historien Will Durant a détaillé les différents moyens qu’elle mit en œuvre:
“Tout ecclésiastique nommé était requis de remettre à la Curie pontificale — bureaux administratifs de la papauté — la moitié du revenu de sa charge pour la première année (annate), et ensuite chaque année la dixième partie du revenu, ou dîme. Un nouvel archevêque devait payer au pape une somme importante pour le pallium — bande de lainage blanc qui servait de confirmation et d’insigne de son autorité. À la mort de tout cardinal, archevêque, évêque ou abbé, ses possessions personnelles retournaient à la papauté. (...) Toute faveur ou tout jugement obtenu de la Curie correspondait à un don en reconnaissance, et le jugement était parfois dicté par l’importance de ce présent.”
4. Quel effet les richesses amassées par l’Église eurent-elles sur la papauté?
4 Les énormes sommes d’argent qui s’entassaient dans les coffres du pape année après année furent à l’origine de maints abus et d’une grande corruption. Quelqu’un a dit que ‘même un pape ne peut toucher de la poix sans se souiller les doigts’. Or, durant cette période de son histoire, l’Église connut ce qu’un historien a appelé “une succession de papes très mondains: Sixte IV (pape de 1471 à 1484) dépensa une fortune pour construire la Chapelle Sixtine, dont le nom vient du sien, et pour enrichir ses nombreux neveux et nièces; Alexandre VI (pape de 1492 à 1503), le célèbre Rodrigo Borgia, reconnut et favorisa ouvertement ses enfants illégitimes; Jules II (pape de 1503 à 1513), un neveu de Sixte IV, préférait les guerres, la politique et les arts à ses devoirs ecclésiastiques. Érasme, érudit catholique hollandais, était donc pleinement fondé à écrire en 1518: “L’impudicité de la Curie romaine a atteint son point culminant.”
5. Qu’indiquent les récits de l’époque à propos de la moralité du clergé?
5 La corruption et l’immoralité n’étaient pas le propre de la papauté. Un dicton disait alors: “Si tu veux la perte de ton fils, fais-le prêtre.” Les récits de l’époque confirment cet état de choses. Selon Will Durant, en Angleterre, pour ce qui est des “accusations d’incontinences [sexuelles] enregistrées en 1499, (...) les coupables ecclésiastiques se montaient à quelque 23 % du total, bien que le clergé correspondît probablement à moins de 2 % de la population. Certains confesseurs sollicitaient des faveurs de leurs pénitentes. Des milliers de prêtres avaient des concubines; en Allemagne, ils en avaient presque tous”. (Comparer avec 1 Corinthiens 6:9-11; Éphésiens 5:5.) La déchéance morale touchait d’autres domaines encore. Un Espagnol qui vécut à ce moment-là aurait formulé cette plainte: “Je me rends compte qu’on ne peut guère obtenir quoi que ce soit des ministres du Christ à moins de leur donner de l’argent; au baptême de l’argent (...), au mariage de l’argent, pour une confession de l’argent — non, pas d’extrême-onction [le dernier sacrement] sans argent! Ils ne feront pas sonner de cloches sans argent, pas d’enterrement à l’Église sans argent; à tel point qu’il semblerait que le Paradis soit fermé à ceux qui n’ont pas d’argent.” — Comparer avec 1 Timothée 6:10.
6. Quelle description Machiavel fit-il de l’Église catholique (Romains 2:21-24)?
6 Pour résumer la situation dans laquelle se trouvait l’Église catholique au début du XVIe siècle, nous citerons Machiavel, célèbre philosophe italien de cette période:
“Si la religion du christianisme avait été conservée selon les ordonnances du fondateur, l’État et les corps de la chrétienté eussent été beaucoup plus unis et heureux qu’ils ne le sont. Il ne peut non plus y avoir une plus grande preuve de sa décadence que le fait que plus les peuples sont près de Rome, capitale de leur religion, et moins ils sont religieux.”
Premières tentatives de réforme
7. Quels efforts timides l’Église fit- elle en vue de refréner quelques abus?
7 Des hommes tels qu’Érasme et Machiavel n’étaient pas les seuls à se rendre compte de la crise que traversait l’Église; l’Église elle-même en avait conscience. Des conciles furent convoqués pour répondre à quelques plaintes et s’attaquer à quelques abus, mais sans effets durables. Se complaisant dans leur gloire et leur pouvoir personnels, les papes décourageaient toute véritable tentative de réforme.
8. Que provoqua la négligence prolongée de l’Église?
8 Si l’Église avait mis plus d’ardeur à faire le ménage en son sein, peut-être la Réforme n’aurait-elle jamais éclos. Mais faute de mesures, on se mit à réclamer une réforme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église. Au chapitre 11, nous avons déjà parlé des Vaudois et des Albigeois. Certes, on les avait condamnés pour hérésie, on les avait réprimés sans pitié; malgré tout, ils avaient éveillé chez le peuple un sentiment d’insatisfaction vis-à-vis des abus du clergé catholique, et ils avaient suscité le désir de revenir à la Bible. Nombre des premiers réformateurs reprirent ce genre de thèmes.
Protestations au sein de l’Église
9. Qui était John Wycliffe, et contre quoi prêcha-t-il?
9 Souvent appelé “l’étoile de la Réforme”, John Wycliffe (1330?-1384) était prêtre catholique et professeur de théologie à Oxford, en Angleterre. Bien au courant des abus perpétrés dans l’Église, il écrivit et prêcha par exemple contre la corruption dans les ordres monastiques, contre les taxes papales, contre la doctrine de la transsubstantiation (selon laquelle le pain et le vin utilisés lors de la messe se changent littéralement en le corps et le sang de Jésus Christ), contre la confession et l’ingérence de l’Église dans les affaires temporelles.
10. Comment Wycliffe montra-t-il son dévouement à la Bible?
10 Wycliffe se montra particulièrement virulent quand il s’en prit à la négligence de l’Église à enseigner la Bible. Il déclara un jour: “Plût à Dieu que chaque paroisse de ce pays ait une bonne Bible et de bonnes interprétations de l’évangile, que les prêtres les étudient assidûment, et qu’ils enseignent vraiment l’évangile et les commandements de Dieu au peuple!” À cette fin, Wycliffe entreprit dans les dernières années de sa vie de traduire en anglais la Vulgate, la Bible latine. Aidé de ses associés, notamment de Nicolas de Hereford, il produisit la première Bible complète en langue anglaise. Incontestablement, ce fut là le plus grand apport de Wycliffe à la recherche que menaient les hommes pour trouver Dieu.
11. a) Que réussirent à faire les disciples de Wycliffe? b) Qu’arriva-t-il aux lollards?
11 Les écrits de Wycliffe ainsi que des parties de la Bible furent propagés dans toute l’Angleterre par un groupe de prédicateurs souvent dénommés les “pauvres prêtres” parce qu’ils allaient pieds nus, vêtus simplement, et ne possédaient aucun bien. On les appelait aussi, par dérision, lollards, mot qui dérive du moyen allemand lollaert, “qui marmonne des prières ou des hymnes”. (Brewer’s Dictionary of Phrase and Fable.) “En quelques années, leur nombre s’accrut considérablement, déclare le livre Les lollards (angl.). On a estimé qu’au moins un quart de la nation penchait réellement pour ces opinions ou les professait.” Il va de soi que tous ces remous n’échappèrent pas à l’Église. Ce n’est que grâce au crédit dont il jouissait dans les milieux dirigeant et scolastique que Wycliffe put mourir en paix, le dernier jour de l’an 1384. Ses disciples eurent moins de chance. Sous le règne d’Henri IV d’Angleterre, ils furent taxés d’hérésie, ce qui valut à nombre d’entre eux d’être emprisonnés, torturés ou brûlés vifs.
12. Qui était Jan Hus, et contre quoi prêcha-t-il?
12 Un homme fut fortement influencé par John Wycliffe: le Bohémien (Tchèque) Jan Hus (1369?-1415), qui lui aussi était prêtre catholique, et recteur de l’université de Prague. Comme Wycliffe, Hus prêcha contre la corruption de l’Église catholique et souligna l’importance de lire la Bible, ce qui lui attira rapidement les foudres de sa hiérarchie. En 1403, les autorités lui ordonnèrent de cesser de prêcher des idées qui s’opposaient à la papauté, les idées de Wycliffe, dont les livres étaient brûlés en public. Toutefois, Hus continua d’écrire certains des réquisitoires les plus cinglants contre les pratiques de l’Église, notamment la vente des indulgences pontificalesa. Il fut condamné et excommunié en 1410.
13. a) Qu’était la véritable Église, au dire de Hus? b) Que valut à Hus sa ténacité?
13 Hus soutenait la Bible sans compromis. “Se rebeller contre un pape dévoyé, c’est obéir à Christ”, écrivit-il. De plus, il enseignait que la véritable Église, loin de se limiter au pape et au catholicisme établi, “est la totalité des élus et le corps mystique du Christ, dont la tête est le Christ; et l’épouse du Christ, que, dans son immense amour, il racheta avec son propre sang”. (Voir Éphésiens 1:22, 23; 5:25-27.) Pour toutes ces raisons, il comparut au concile de Constance où il fut condamné pour hérésie. Déclarant qu’“il vaut mieux mourir sain que vivre malade”, il refusa de se rétracter et mourut sur le bûcher en 1415. Le même concile ordonna qu’on exhumât les ossements de Wycliffe et qu’on les brûlât, alors qu’il était mort et enterré depuis plus de 30 ans!
14. a) Qui était Jérôme Savonarole? b) Que tenta-t-il de faire, et y parvint-il?
14 Un autre des premiers réformateurs fut le moine dominicain Jérôme Savonarole (1452-1498), du monastère San Marco à Florence, en Italie. Enflammé par l’esprit de la Renaissance italienne, Savonarole dénonça la corruption de l’Église et de l’État. Prétendant se fonder sur l’Écriture, sur des visions et sur des révélations qu’il aurait reçues, il chercha à instaurer un État chrétien, un ordre théocratique. En 1497, le pape l’excommunia. L’année suivante, il fut arrêté, torturé puis pendu. Ses dernières paroles furent: “Mon Seigneur est mort pour mes péchés; ne lui donnerai-je pas cette pauvre vie avec joie?” Son corps fut brûlé et ses cendres jetées dans l’Arno. Savonarole se qualifia avec juste raison de “précurseur” et de “sacrifice”. Seulement quelques années plus tard, la Réforme éclatait de toutes parts en Europe.
Une maison divisée
15. Dans quelle mesure le mouvement réformateur divisa-t-il l’Église en Europe occidentale?
15 Quand la tempête de la Réforme se déchaîna, elle ébranla la maison religieuse de la chrétienté en Europe occidentale. Jusqu’alors sous la domination presque absolue de l’Église catholique romaine, cette maison se divisa. Le sud de l’Europe — l’Italie, l’Espagne, l’Autriche et certaines régions de France — demeura en majorité catholique. Le reste de l’Europe se sépara en trois courants principaux: luthérien en Allemagne et en Scandinavie; calviniste (ou réformé) en Suisse, aux Pays-Bas, en Écosse et dans plusieurs régions de France; et anglican en Angleterre. Au milieu de ces courants apparurent çà et là des groupes plus petits, mais plus radicaux, d’abord les anabaptistes, puis les mennonites, les huttérites et les puritains, qui par la suite emportèrent leurs croyances en Amérique du Nord.
16. En fin de compte, que devint la chrétienté (Marc 3:25)?
16 Les années passant, ces principaux courants se fractionnèrent pour former les centaines de confessions qui existent aujourd’hui — presbytérienne, épiscopalienne, méthodiste, baptiste, congrégationaliste, pour n’en citer que quelques-unes. La chrétienté devint vraiment une maison divisée. Mais qu’est-ce qui suscita toutes ces divisions?
Luther et ses thèses
17. À quelle date pourrait-on situer le début officiel de la Réforme protestante?
17 Si l’on devait désigner une date ayant marqué le début de la Réforme protestante, ce serait le 31 octobre 1517, jour où le moine augustin Martin Luther (1483-1546) placarda ses 95 thèses à la porte de l’église du château de Wittenberg, en Saxe, un État allemand. Mais qu’est-ce qui avait provoqué cet événement révolutionnaire? Qui était Martin Luther? Et contre quoi protestait-il?
18. a) Qui était Martin Luther? b) Qu’est-ce qui décida Luther à afficher ses thèses?
18 Comme ses prédécesseurs Wycliffe et Hus, Martin Luther était un moine érudit. Il était aussi docteur en théologie et professeur d’études bibliques à l’université de Wittenberg. Luther se tailla une solide réputation de par son intelligence de la Bible. Même s’il avait des idées arrêtées sur la question du salut, ou de la justification, par la foi plutôt que par les œuvres ou par la pénitence, il n’avait nullement l’intention de rompre avec l’Église de Rome. En réalité, il avait affiché ses thèses par réaction à un incident spécifique; il ne s’agissait pas d’une révolte préméditée. Il protestait contre la vente des indulgences.
19. Quel profit tirait-on de la vente des indulgences à l’époque de Luther?
19 À l’époque de Luther, les indulgences pontificales étaient vendues publiquement, non seulement en faveur des vivants, mais encore pour les morts. “À peine dans ce tronc est tombée une obole, du purgatoire une âme au paradis s’envole”, disait un adage. Pour les gens ordinaires, une indulgence devint presque une assurance d’impunité quel que soit le péché, et la repentance en fit les frais. “Partout, écrivit Érasme, on vend la rémission des tourments infligés au purgatoire; non seulement on la vend, mais on oblige ceux qui la refusent à l’accepter.”
20. a) Pourquoi Johannes Tetzel se rendit-il à Jüterbog? b) Quelle réaction la vente des indulgences à laquelle se livrait Tetzel provoqua-t-elle chez Luther?
20 En 1517, Johannes Tetzel, frère dominicain, vint vendre des indulgences à Jüterbog, près de Wittenberg. L’argent obtenu devait en partie financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome; il devait aussi aider Albert de Brandebourg à rembourser l’argent qu’il avait emprunté pour acheter à la curie romaine le poste d’archevêque de Mayence. Tetzel déployant ses talents de marchand, le peuple afflua vers lui. Luther s’en indigna; c’est pourquoi il employa le moyen le plus rapide dont il disposait pour exprimer publiquement son opinion sur cette affaire aberrante: il afficha 95 points de débat sur la porte de l’église.
21. Quels arguments Luther opposa-t-il à la vente des indulgences?
21 Luther appela ses 95 thèses Controverse destinée à montrer la vertu des indulgences. Il ne visait pas tant à défier l’autorité de l’Église qu’à dénoncer les excès, les exactions qui accompagnaient la vente des indulgences pontificales. Cela ressort des thèses suivantes:
“5. Le pape ne veut, ni ne peut remettre aucune peine, excepté celles qu’il a imposées (...) de sa propre volonté (...).
20. Par conséquent, le pape, lorsqu’il parle de rémission plénière de toutes les peines, ne les comprend pas absolument toutes, mais seulement celles qu’il a lui-même imposées. (...)
36. N’importe quel chrétien, vraiment repentant, a pleine rémission de la peine et de la faute; elle lui est due même sans lettres d’indulgences.”
22. a) Qu’est-ce qui se développait à mesure que le message de Luther se répandait? b) Qu’arriva-t-il a Luther en 1520, et quelle en fut l’issue?
22 Avec la presse à imprimer, qu’on venait de découvrir, ces idées explosives ne mirent pas longtemps à atteindre d’autres parties de l’Allemagne — et Rome. Le débat ébauché sous des allures de querelle académique se mua bientôt en controverse portant sur des questions de foi et sur l’autorité du pape. Au départ, l’Église de Rome engagea un débat avec Luther et lui ordonna de se rétracter. Le refus de Luther amena les pouvoirs ecclésiastique et politique à faire pression sur lui. En 1520, le pape émit une bulle, ou édit, qui interdisait à Luther de prêcher et ordonnait l’autodafé de ses livres. Par défi, Luther brûla la bulle papale en public. Le pape l’excommunia en 1521.
23. a) Qu’était la diète de Worms? b) En quels termes Luther exposa-t-il sa position à Worms, et quelle en fut la conséquence?
23 Plus tard, la même année, Luther fut cité devant la diète, ou assemblée, à Worms. Il fut jugé par l’empereur du Saint Empire romain, Charles Quint, catholique fervent, ainsi que par les six électeurs des États allemands et par d’autres chefs et dignitaires, religieux et séculiers. Sommé une nouvelle fois de se rétracter, Luther fit cette déclaration célèbre: “À moins d’être convaincu par le témoignage de l’Écriture et par des raisons évidentes (...) je ne puis ni ne veux rien rétracter, car il n’est ni sûr ni salutaire d’agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide! Amen.” En conséquence de quoi l’empereur le mit au ban de l’empire. Néanmoins, le chef de l’État allemand où il vivait, l’Électeur Frédéric de Saxe, vint à son secours en lui offrant un refuge au château de la Wartburg.
24. Que fit Luther pendant son séjour au château de la Wartburg?
24 Ces mesures n’empêchèrent pas les idées de Luther de se répandre. Pendant dix mois, en sécurité à la Wartburg, Luther se consacra à la traduction de la Bible et écrivit beaucoup. Il traduisit les Écritures grecques en allemand à partir du texte grec établi par Érasme. Il s’attaqua ensuite aux Écritures hébraïques. La Bible de Luther s’avéra répondre parfaitement aux besoins du peuple. Selon un rapport, “on en vendit cinq mille exemplaires en deux mois et deux cent mille en douze ans”. On compare souvent l’influence de cette version sur la langue et la culture allemande à celle de la Bible du roi Jacques sur l’anglais.
25. a) D’où vient le nom de protestant? b) Qu’était la Confession d’Augsbourg?
25 Dans les années qui suivirent la diète de Worms, le mouvement réformateur gagna tant de faveur auprès du peuple qu’en 1526 l’empereur accorda à chaque État allemand le droit de choisir entre luthéranisme et catholicisme. Cependant, en 1529, il revint sur sa décision; quelques princes allemands protestèrent: c’est ainsi que le nom de protestant fut rattaché au mouvement de la Réforme. L’année suivante, en 1530, à la diète d’Augsbourg, l’empereur tenta de concilier les deux parties. Les luthériens présentèrent leurs croyances dans un document, la Confession d’Augsbourg, rédigée par Philipp Melanchthon, mais basée sur les enseignements de Luther. Le ton de ce document avait beau être conciliateur, l’Église le rejeta, et le fossé qui séparait le protestantisme du catholicisme devint infranchissable. De nombreux États allemands, suivis de près par les États scandinaves, prirent parti pour Luther.
Réforme ou révolte?
26. D’après Luther, quelles idées fondamentales séparaient le protestantisme du catholicisme?
26 Quelles idées fondamentales séparaient les protestants des catholiques? D’après Luther, elles étaient au nombre de trois. D’abord, Luther croyait que le salut provient de la “justification par la foi seule” (latin sola fide)b et non grâce à l’absolution donnée par un prêtre ni par des œuvres de pénitence. Ensuite, il enseignait que le pardon n’est accordé que par la grâce de Dieu (sola gratia) et non de par l’autorité de prêtres ou de papes. Enfin, Luther soutenait que tout point de doctrine doit être appuyé par l’Écriture uniquement (sola scriptura) et non par des papes ou par des conciles.
27. a) Quels enseignements et pratiques non bibliques des catholiques les protestants conservèrent-ils? b) Quels changements les protestants exigeaient-ils?
27 Cela n’empêcha pas Luther de “conserver des croyances et de la liturgie anciennes, tout ce qu’il put adapter à ses conceptions personnelles du péché et de la justification”, rapporte l’Encyclopédie catholique (angl.). La Confession d’Augsbourg déclare que dans la foi luthérienne “il n’y a rien qui soit contraire aux Écritures ou à l’Église catholique, ou même à l’Église romaine, pour autant que les auteurs connaissent cette Église”. En réalité, la foi luthérienne telle que la présentait la Confession d’Augsbourg reprenait des doctrines contraires aux Écritures, telles que la Trinité, l’immortalité de l’âme et les tourments éternels, ainsi que des pratiques comme le baptême des nouveau-nés et les fêtes de l’Église. D’un autre côté, les luthériens exigeaient certains changements: ils voulaient par exemple que le peuple soit autorisé à recevoir le vin aussi bien que le pain lors de la communion, et qu’on abolisse le célibat des prêtres, les vœux monastiques et la confession obligatoirec.
28. En quoi la Réforme réussit-elle, et en quoi échoua-t-elle?
28 D’une façon générale, la Réforme défendue par Luther et ses disciples réussit à les soustraire au joug papal. Néanmoins, Jésus déclara en Jean 4:24: “Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer avec l’esprit et la vérité.” On peut affirmer qu’avec Martin Luther la recherche menée par les hommes pour trouver le vrai Dieu ne prit qu’un nouveau tournant; on était encore loin du sentier étroit de la vérité. — Matthieu 7:13, 14; Jean 8:31, 32.
La réforme de Zwingli en Suisse
29. a) Qui était Ulrich Zwingli, et contre quoi prêcha-t-il? b) En quoi la réforme de Zwingli différait-elle de celle de Luther?
29 Pendant que Luther se débattait avec les émissaires du pape et les autorités civiles en Allemagne, Ulrich Zwingli (1484-1531), prêtre catholique, entamait un mouvement de réforme à Zurich, en Suisse. Comme on parlait allemand dans la région, les gens étaient déjà touchés par les vents de réforme qui soufflaient du nord. Vers 1519, Zwingli se mit à prêcher contre les indulgences, la mariolâtrie, le célibat des prêtres et d’autres doctrines de l’Église catholique. Bien que Zwingli se prétendît indépendant de Luther, il partageait ses idées dans de nombreux domaines et distribuait ses écrits dans tout le pays. À l’opposé toutefois de Luther, qui était plus conservateur, Zwingli prônait l’abolition de tous les vestiges de l’Église catholique: des images, des crucifix, des vêtements sacerdotaux, et même de la musique liturgique.
30. Quelle question divisait Zwingli et Luther?
30 Les deux réformateurs étaient cependant divisés par une controverse plus grave, qui portait sur l’Eucharistie ou messe (communion). Luther ne démordait pas d’une interprétation littérale de ces paroles de Jésus: “Ceci est mon corps.” Il croyait que le corps et le sang du Christ étaient miraculeusement présents dans le pain et le vin servis lors de la communion. Zwingli, en revanche, affirmait dans son traité intitulé Sur le souper du Seigneur que la déclaration de Jésus “doit être prise figurément ou métaphoriquement; ‘Ceci est mon corps’ signifie ‘le pain représente mon corps’ ou ‘est une figure de mon corps”’. Cette divergence entraîna les deux réformateurs sur des chemins différents.
31. À quoi aboutit l’œuvre de Zwingli en Suisse?
31 Zwingli continua de prêcher ses doctrines réformées à Zurich, où il opéra de nombreux changements. D’autres villes se rallièrent bientôt à lui, mais la plupart des habitants de la campagne, plus attachés à la tradition, se cramponnaient au catholicisme. Le conflit entre les deux factions s’envenima à tel point qu’une guerre civile éclata entre Suisses protestants et catholiques. Zwingli, qui servait dans l’armée comme aumônier, fut tué à la bataille de Kappel, près du lac de Zug, en 1531. Quand la paix fut rétablie, chaque canton se vit octroyer le droit de choisir sa religion, protestante ou catholique.
Anabaptistes, mennonites et huttérites
32. Qui étaient les anabaptistes, et qu’est-ce qui leur valut ce nom?
32 Certains protestants trouvaient toutefois que les réformateurs n’avaient pas suffisamment rejeté les défauts de l’Église catholique papiste. À leur sens, l’Église chrétienne ne devait se composer que de pratiquants fidèles qui se feraient baptiser, et non de tous les membres d’une communauté ou d’une nation. C’est pourquoi ils rejetaient le baptême des nouveau-nés et exigeaient la séparation de l’Église et de l’État. Comme ils rebaptisaient secrètement leurs compagnons croyants, on leur donna le nom d’anabaptistes (ana voulant dire “de nouveau” en grec). Du fait qu’ils refusaient de porter les armes, de prêter serment ou d’assumer des fonctions publiques, ils étaient considérés comme une menace pour la société, et ils furent persécutés tant par les catholiques que par les protestants.
33. a) Pourquoi le mouvement anabaptiste fut-il violemment réprimé? b) Comment l’influence anabaptiste s’étendit-elle?
33 Les anabaptistes vécurent d’abord en petits groupes éparpillés en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas. Étant donné qu’ils prêchaient leurs croyances partout où ils allaient, leur nombre augmenta rapidement. En 1534, emportés par leur ferveur religieuse, un groupe d’anabaptistes abandonnèrent leur pacifisme et prirent la ville de Münster. Ils voulaient en faire une Nouvelle Jérusalem organisée en une communauté pratiquant la polygamie, mais leur mouvement fut vite endigué avec une rare violence. Cette tentative porta atteinte à la réputation des anabaptistes, qui furent presque exterminés. En réalité, la majorité des anabaptistes étaient des gens simples et croyants qui s’efforçaient de mener une vie tranquille, à part. Parmi leurs héritiers les mieux organisés, on dénombrait les mennonites, disciples du réformateur néerlandais Menno Simons, et les huttérites, dirigés par le Tyrolien Jakob Hutter. Pour fuir la persécution, certains d’entre eux émigrèrent en Europe de l’Est (en Pologne, en Hongrie et même en Russie), d’autres en Amérique du Nord, où on les retrouva finalement dans les communautés huttérites et amish.
Apparition du calvinisme
34. a) Qui était Jean Calvin? b) Quel livre important écrivit-il?
34 La Réforme progressa en Suisse sous l’impulsion d’un Français nommé Jean Cauvin ou Jean Calvin (1509-1564), qui entra en contact avec les enseignements protestants au cours de ses études en France. En 1534, Calvin quitta Paris où sévissaient des persécutions religieuses et s’établit à Bâle, en Suisse. Pour défendre les protestants, il publia l’Institution de la religion chrétienne dans laquelle il résuma les idées des premiers pères de l’Église et des théologiens médiévaux, ainsi que celles de Luther et de Zwingli. On en vint à considérer cet ouvrage comme le fondement doctrinal de toutes les Églises réformées établies par la suite en Europe et en Amérique.
35. a) Comment Calvin expliquait-il sa doctrine de la prédestination? b) Comment l’austérité de cette doctrine se reflétait-elle dans d’autres aspects de l’enseignement de Calvin?
35 Dans l’Institution, Calvin exposait sa théologie. Pour lui, Dieu est le souverain absolu, dont la volonté détermine et règle toute chose. Par contre, l’homme déchu est pécheur et ne mérite absolument rien. Le salut ne dépend donc pas des belles œuvres de l’homme, mais de Dieu — d’où la doctrine de la prédestination que défendait Calvin, à propos de laquelle il écrivit:
“Nous disons que le Seigneur a une fois constitué en son conseil éternel et immuable, lesquels il voulait prendre à salut, et lesquels il voulait laisser en ruine. Ceux qu’il appelle à salut, nous disons qu’il les reçoit de sa miséricorde gratuite, sans avoir égard aucun à leur propre dignité. Au contraire que l’entrée de vie est forclose à tous ceux qu’il veut livrer en damnation, et que cela se fait par son jugement occulte et incompréhensible: combien qu’il soit juste et équitable.”
L’austérité d’un tel enseignement se percevait dans d’autres domaines. Calvin soutenait que les chrétiens doivent mener une vie sainte et vertueuse, s’abstenant non seulement du péché, mais aussi des plaisirs et de la frivolité. En outre, il affirma que l’Église, qui rassemble les élus, doit être exemptée de toute restriction civile, et que c’est uniquement par le moyen de l’Église que l’on peut établir une société véritablement pieuse.
36. a) Que tentèrent Calvin et Farel à Genève? b) Quel règlement strict instituèrent-ils? c) Quelle fut l’une des conséquences notoires des mesures extrêmes prises par Calvin, et comment se justifia-t-il?
36 Peu après avoir publié l’Institution, Calvin fut convaincu par Guillaume Farel, un autre réformateur français, de s’installer à Genève. Ensemble ils travaillèrent à mettre en œuvre les principes du calvinisme. Leur but était de transformer Genève en cité de Dieu, une théocratie ou domination divine qui cumulerait les fonctions de l’Église et de l’État. Ils instituèrent un règlement strict, assorti de sanctions, qui régissait tout, depuis l’instruction religieuse et les offices de l’Église jusqu’aux mœurs publiques, en passant par l’hygiène ou la prévention des incendies par exemple. Un texte historique rapporte qu”‘un coiffeur fut emprisonné deux jours pour avoir coiffé une mariée d’une manière jugée inconvenante; la mère et deux amies de l’épousée, qui avaient apporté leur concours, subirent la même peine. Le magistrat punissait aussi ceux qui dansaient ou qui jouaient aux cartes”. Ceux qui ne suivaient pas Calvin en matière de théologie se voyaient infliger de durs traitements. Le plus célèbre d’entre eux fut l’Espagnol Miguel Serveto, ou Michel Servet, qui fut brûlé vif. — Voir l’encadré de la page 322.
37. Par quel moyen l’influence de Calvin s’étendit-elle bien au delà des frontières de la Suisse?
37 Calvin continua d’appliquer sa réforme à Genève jusqu’à sa mort en 1564, et l’Église réformée s’implanta solidement. Les réformateurs protestants qui fuyaient la persécution dans d’autres pays affluèrent à Genève, adoptèrent les idées calvinistes et devinrent les initiateurs des mouvements de réforme dans leurs pays d’origine. Le calvinisme se répandit rapidement en France, où les huguenots (c’est ainsi qu’on appelait les calvinistes français) endurèrent de sévères persécutions de la main des catholiques. Aux Pays-Bas, les calvinistes participèrent à l’établissement de l’Église réformée des Pays-Bas. En Écosse, sous la conduite zélée de l’ancien prêtre catholique John Knox, l’Église presbytérienne d’Écosse fut créée dans la droite ligne du calvinisme. Le calvinisme joua encore un rôle dans la Réforme en Angleterre, d’où les puritains l’emmenèrent en Amérique du Nord. Par conséquent, bien que Luther ait mis en route la Réforme protestante, c’est Calvin qui, de loin, exerça la plus grande influence sur son développement.
La Réforme en Angleterre
38. Comment l’œuvre de John Wycliffe engendra-t-elle l’esprit protestant en Angleterre?
38 Totalement en marge des mouvements réformateurs d’Allemagne et de Suisse se situe la Réforme anglaise, dont les racines remontent aux jours de John Wycliffe, qui engendra l’esprit protestant en Angleterre en prêchant contre le clergé et en mettant l’accent sur la Bible. D’autres imitèrent ses efforts pour traduire la Bible en anglais. William Tyndale, qui dut s’enfuir d’Angleterre, publia son Nouveau Testament en 1526. Il fut par la suite trahi à Anvers, attaché à un poteau, étranglé, et son corps fut brûlé. Miles Coverdale acheva la traduction de Tyndale, et une version intégrale de la Bible fut éditée en 1535. Sans aucun doute, la publication de la Bible dans la langue du peuple fut l’événement qui contribua le plus à la naissance de la Réforme en Angleterre.
39. Quel rôle Henri VIII joua-t-il dans la Réforme en Angleterre?
39 La rupture officielle avec le catholicisme eut lieu lorsque Henri VIII (1491-1547), à qui le pape avait conféré le titre de Défenseur de la foi, proclama en 1534 l’Acte de suprématie, par lequel il s’érigeait en chef de l’Église d’Angleterre. Henri VIII ferma aussi les monastères et répartit leurs propriétés dans la petite noblesse. En outre, il ordonna qu’on place une Bible en anglais dans chaque Église. Cependant, l’intervention de Henri VIII était plus d’ordre politique que religieux. Il désirait s’affranchir de l’autorité du pape, particulièrement dans ses affaires matrimonialesd. Sur le plan religieux, il demeura catholique sous tous les rapports, sauf de nom.
40. a) Quels changements eurent lieu dans l’Église d’Angleterre sous le règne d’Élisabeth Ire? b) Quels groupes dissidents finirent par se former en Angleterre, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord?
40 Ce fut sous le long règne (1558-1603) d’Élisabeth Ire que l’Église d’Angleterre adopta les pratiques protestantes, bien qu’elle gardât dans une large mesure sa structure catholique. On mit un terme à l’allégeance au pape, au célibat des prêtres, à la confession et à d’autres coutumes catholiques, tout en conservant la structure épiscopale de l’Église, c’est-à-dire une hiérarchie comprenant des archevêques et des évêques ainsi que des ordres de moines et de religieusese. Ce conservatisme engendra un grand mécontentement, à la suite duquel divers groupes dissidents se formèrent. Les puritains réclamaient une réforme plus profonde, en vue de purifier leur Église de toutes les pratiques catholiques; les séparatistes et les indépendants affirmaient que les affaires de l’Église devaient être traitées par des anciens (presbytres) locaux. De nombreux dissidents se réfugièrent aux Pays-Bas ou en Amérique du Nord, où ils établirent les Églises congrégationaliste et baptiste. En Angleterre apparurent également la Société des Amis (quakers), fondée par George Fox (1624-1691), et les méthodistes dirigés par John Wesley (1703-1791). — Voir le tableau ci-dessous.
Les conséquences
41. a) De l’avis de certains spécialistes, quel effet la Réforme a-t-elle eu sur l’Histoire? b) Quelles questions faut-il soulever?
41 Maintenant que nous avons considéré les trois grands courants de la Réforme — luthérien, calviniste et anglican —, il nous faut nous arrêter et en faire le bilan. Indéniablement, la Réforme a changé le cours de l’Histoire en Occident. “La Réforme a eu pour effet de donner au peuple une soif de liberté et d’une citoyenneté plus élevée et plus pure. Partout où la cause protestante s’est répandue, elle a rendu les masses plus revendicatrices”, a écrit John Hurst dans son livre intitulé Brève histoire de la Réforme (angl.). De nombreux spécialistes pensent que la civilisation occidentale telle que nous la connaissons n’aurait jamais vu le jour sans la Réforme. Quoi qu’il en soit, il nous faut nous demander: Qu’a apporté la Réforme sur le plan religieux? De quel profit a-t-elle été dans la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver le vrai Dieu?
42. a) Quel est sans conteste le plus grand service qu’a rendu la Réforme? b) Quelle question s’impose quant aux véritables résultats de la Reforme?
42 Sans conteste, son plus grand service, la Réforme l’a rendu en divulguant la Bible dans la langue du peuple, qui pour la première fois disposait de la Parole de Dieu dans son entier et pouvait se nourrir spirituellement en la lisant. Mais il ne suffit évidemment pas de lire la Bible. La Réforme affranchit-elle le peuple non seulement de l’autorité papale, mais encore des doctrines et des dogmes erronés qui le tenaient captif depuis des siècles? — Jean 8:32.
43. a) À quels symboles la plupart des Églises protestantes actuelles souscrivent-elles, et de quelles croyances sont-ils les fondements? b) Quelle incidence la diversité et le vent de liberté produits par la Réforme ont-ils eue sur la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu?
43 Presque toutes les Églises protestantes souscrivent aux mêmes symboles — les symboles de Nicée, d’Athanase et des Apôtres —, sur lesquels reposent certaines des doctrines que le catholicisme enseigne depuis des siècles, comme la Trinité, l’immortalité de l’âme et l’enfer. Ces enseignements contraires aux Écritures ont donné au peuple une image déformée de Dieu et de son dessein. Au lieu d’aider les hommes dans leur recherche du vrai Dieu, les nombreuses sectes et confessions venues à l’existence dans le sillage du vent de liberté soufflé par la Réforme protestante n’ont été bonnes qu’à les diriger dans de multiples directions. Elles sont si différentes et si confuses qu’elles ont conduit maintes personnes à douter de l’existence même de Dieu. Le résultat en fut, au XIXe siècle, une vague d’athéisme et d’agnosticisme. Il en sera question dans le prochain chapitre.
[Notes]
a Lettres de pardon des péchés émanant du pape.
b Luther tenait tant au concept de justification par la foi seule que dans sa traduction de la Bible il ajouta le mot “seule” en Romains 3:28. Il se méfiait aussi du livre de Jacques parce qu’on y lit que la foi sans les œuvres est morte”. (Jacques 2:17, 26.) Il ne comprenait pas que, dans la lettre aux Romains, Paul parlait des œuvres de la Loi juive. — Romains 3:19, 20, 28.
c Martin Luther s’était marié en 1525 à Katharina von Bora, une ancienne religieuse qui s’était échappée d’un cloître cistercien. Ils eurent six enfants. Luther déclara s’être marié pour trois raisons: pour plaire à son père, pour contrarier le pape et le Diable, et pour sceller son témoignage avant son martyre.
d Henri VIII eut six femmes. Contre la volonté du pape, il fit annuler son premier mariage et divorça d’une autre femme. Il fit décapiter deux de ses femmes, et deux moururent de mort naturelle.
e Le mot grec épiskopos est traduit par “évêque” dans plusieurs Bibles françaises.
[Encadré/Illustrations, page 322]
“Des erreurs du dogme trinitaire”
À 20 ans, Michel Servet (1511-1553), un Espagnol qui avait étudié le droit et la médecine, publia De Trinitatis erroribus (Des erreurs du dogme trinitaire), dans lequel il déclara qu’il ‘n’emploierait pas le mot Trinité, qu’on ne trouve pas dans l’Écriture, et qui semble uniquement perpétuer une erreur philosophique’. Il taxa la Trinité de doctrine “incompréhensible, incompatible avec la nature des choses, et que l’on peut même regarder comme blasphématoire”!
L’Église catholique condamna Servet pour son franc-parler. Mais ce sont les calvinistes qui le firent arrêter, juger et brûler à petit feu. Calvin se justifia en disant: “Quand les papistes sont si brutaux et si violents pour défendre leurs superstitions qu’ils se déchaînent cruellement pour verser le sang innocent, les magistrats chrétiens n’auraient-ils pas honte de se montrer moins ardents pour défendre la vérité certaine?” Le fanatisme et la haine de Calvin aveuglèrent son jugement et l’amenèrent à bafouer les principes chrétiens. — Voir Matthieu 5:44.
[Illustrations]
Jean Calvin, à gauche, fit brûler Michel Servet, à droite, pour hérésie.
[Tableau, page 327]
(Voir la publication)
Tableau simplifié des principales religions de la chrétienté
Départ de l’apostasie - IIe siècle
Église catholique romaine
IVe siècle (Constantin)
Ve siècle copte
jacobite
1054 de n. è. orthodoxe d’Orient
russe
grecque
roumaine et autres
XVIe siècle Réforme
luthérienne
allemande
suédoise
américaine et autres
anglicane
épiscopalienne
méthodiste
Armée du Salut
baptiste
pentecôtiste
congrégationaliste
calviniste
presbytérienne
Églises réformées
[Illustrations, page 307]
Ces estampes du XVIe siècle opposent Christ chassant les changeurs du temple et le pape vendant des indulgences.
[Illustrations, page 311]
Jan Hus sur le bûcher.
John Wycliffe, réformateur et traducteur de la Bible en anglais.
[Illustrations, page 314]
Martin Luther, à droite, protesta contre la vente des indulgences par le moine Johannes Tetzel.