JACOB
(“qui tient le talon”, “qui supplante”).
Fils d’Isaac et de Rébecca; frère jumeau et néanmoins cadet d’Ésaü. En 1858 avant notre ère, alors qu’ils étaient mariés depuis vingt ans, les parents de Jacob donnèrent le jour à ces jumeaux, les seuls enfants qu’ils devaient jamais avoir. À cette époque-là, Isaac était âgé de soixante ans. Par conséquent, à l’instar d’Abraham, cet homme qui priait pour avoir une descendance ne se vit exaucer que lorsque sa patience et sa foi dans les promesses divines eurent été pleinement éprouvées. — Gen. 25:20, 21, 26; Rom. 9:7-10.
Pendant sa grossesse, Rébecca s’inquiétait de sentir les jumeaux lutter en elle. Jéhovah révéla que ceux-ci deviendraient la souche de deux nations antagonistes et que, contrairement à la coutume, l’aîné servirait le cadet. Conformément à cette prédiction, Jacob, le cadet, tenait le talon d’Ésaü au moment de leur naissance. D’où son nom, Jacob, c’est-à-dire “qui tient le talon”. (Gen. 25:22-26.) Jéhovah montra ainsi qu’il était capable de déceler les dispositions génétiques d’un homme avant même sa naissance et d’exercer sa prescience et son droit de choisir à l’avance qui il veut pour réaliser ses desseins, sans pour cela déterminer tant soit peu le sort ultime des individus. — Rom. 9:10-12; Osée 12:3.
Ésaü, le fils préféré d’Isaac, devint un chasseur sauvage, errant et instable. En revanche, les Écritures dépeignent Jacob comme “un homme irréprochable [héb. tâm], habitant sous les tentes”, qui menait une vie pastorale tranquille et sur qui l’on pouvait compter pour s’occuper des affaires de la maison, de sorte que sa mère le chérissait tout particulièrement (Gen. 25:27, 28). Dans d’autres textes, le terme hébreu tâm qualifie ceux qui sont approuvés par Dieu. Ainsi, nous lisons que “les hommes sanguinaires haïssent celui qui est irréprochable [héb. tâm]”, mais Jéhovah donne l’assurance que “l’avenir de cet homme [l’homme irréprochable] sera pacifique”. (Prov. 29:10; Ps. 37:37.) De son côté, Job, homme intègre, “était irréprochable [héb. tâm] et droit”. — Job 1:1, 8; 2:3.
IL REÇOIT LE DROIT D’AÎNESSE ET LA BÉNÉDICTION
Quand Abraham mourut en 1843, son petit-fils Jacob avait déjà quinze ans. Aussi ce dernier, tout jeune, eut-il souvent l’occasion d’entendre son grand-père lui-même, et à plus forte raison son père, parler de l’alliance divine conclue sous serment (Gen. 22:15-18). C’était un insigne privilège que de jouer un rôle dans l’accomplissement des promesses de Dieu, et Jacob le comprenait fort bien. Par la suite, les événements lui offrirent la possibilité d’acheter légalement à son frère le droit de primogéniture et toutes les prérogatives qu’il conférait (Deut. 21:15-17). L’occasion se présenta le jour où Ésaü, rentrant exténué de la campagne, sentit le ragoût savoureux que Jacob avait préparé. “Vite, s’il te plaît, s’exclama Ésaü, donne-moi à avaler de ce roux — de ce roux-là, car je suis fatigué!” Mais Jacob rétorqua: “Vends-moi tout d’abord ton droit de premier-né!” “Ésaü méprisa le droit d’aînesse.” C’est pourquoi l’affaire fut aussitôt conclue et ratifiée par un serment solennel (Gen. 25:29-34; Héb. 12:16). Vraiment donc, Jéhovah avait de bonnes raisons de dire: “J’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Ésaü.” — Rom. 9:13; Mal. 1:2, 3.
Jéhovah manifesta particulièrement son amour pour Jacob par la façon dont il dirigea les événements afin que celui-ci reçût la bénédiction patriarcale d’Isaac, qui était destinée à Ésaü. Isaac avait demandé à Ésaü d’aller chasser du gibier. Pendant son absence, sur le conseil de sa mère, Jacob revêtit les vêtements d’Ésaü, imprégnés de l’odeur de la campagne, couvrit ses mains et son cou de peaux de chèvres pour paraître velu comme son frère, puis apporta à son père un plat de chevreau appétissant que ce dernier prit pour la venaison qu’il attendait. Convaincu d’être en présence de son premier-né, Isaac accorda à Jacob la bénédiction à laquelle celui-ci attachait tant de prix. — Gen. 27:1-37.
Ce n’était pas là une imposture dolosive, car Jacob avait déjà acheté légalement le droit d’aînesse. Dès lors, il pouvait légitimement représenter Ésaü ou prendre sa place. Quant à son père, dont la vue avait baissé, il croyait sans doute Ésaü toujours détenteur du droit de premier-né.
Mais Ésaü, pour sa part, refusa d’honorer la vente qu’il avait solennellement conclue avec son frère, et, pis encore, il ne voulut pas reconnaître la direction divine en cette affaire. Il résolut donc de tuer Jacob après la mort de son père, qui, d’après lui, n’allait pas tarder à survenir. Cependant, Rébecca intervint pour protéger la vie de Jacob et, du même coup, les intérêts de la postérité promise; en effet, dès qu’elle apprit qu’Ésaü projetait de se débarrasser de Jacob, elle persuada Isaac d’envoyer ce dernier chercher une femme dans sa famille, à Paddan-Aram. Par conséquent, Jacob ne subit donc jamais une influence cananéenne comme celle qu’Ésaü avait introduite dans sa maison. — Gen. 27:41 à 28:5.
LE VOYAGE À PADDAN-ARAM
Jacob a soixante-dix-sept ans quand il quitte Béer-Schéba et se met en route pour le pays de ses ancêtres, où il passera les vingt prochaines années de sa vie (Gen. 28:10; 31:38). Après avoir parcouru une centaine de kilomètres en direction du nord-est, il s’arrête à Luz, dans la région montagneuse de Juda, pour y passer la nuit, faisant d’une pierre son oreiller. C’est là qu’il voit en rêve une échelle, un escalier qui s’élève jusqu’aux cieux. Sur l’échelle, des anges montent et descendent. Siégeant tout en haut, Jéhovah réitère à Jacob l’alliance qu’il a déjà conclue avec Abraham et Isaac. — Gen. 28:11-13; I Chron. 16:16, 17.
Par cette alliance, Jéhovah promit à Jacob qu’il veillerait sur lui, qu’il le garderait et ne l’abandonnerait pas jusqu’à ce que le sol sur lequel il était couché soit devenu sa possession. Il lui certifia également que sa postérité deviendrait aussi nombreuse que les particules de poussière de la terre, puis il ajouta: “Grâce à toi et grâce à ta postérité se béniront vraiment toutes les familles du sol.” (Gen. 28:13-15). Quand Jacob comprit toute l’importance du songe qu’il avait reçu cette nuit-là, il s’exclama: “Que ce lieu est redoutable! Ce n’est rien d’autre que la maison de Dieu!” Il changea donc le nom de Luz en celui de Béthel, qui signifie “maison de Dieu”, érigea une colonne et l’oignit pour en faire un témoin de cet événement inoubliable. En reconnaissance de cette promesse de soutien, Jacob fit vœu de donner sans faute à Jéhovah le dixième de tout ce qu’il recevrait. — Gen. 28:16-22.
En poursuivant son voyage, Jacob finit par rencontrer sa cousine Rachel aux alentours de Haran. Laban, père de Rachel et frère de Rébecca, sa mère, l’invita à loger chez lui. Jacob tomba amoureux de Rachel, et il accepta de travailler sept ans pour Laban à condition que celui-ci la lui donne pour femme. Les années qui passèrent lui “parurent comme quelques jours”, tant était profond son amour pour Rachel. Mais quand vint le moment du mariage, Jacob fut victime d’une tromperie. Au lieu de Rachel, on lui amena Léa, sa sœur aînée. Pour toute explication, Laban décréta: “Ce n’est pas la coutume (...) de donner la cadette avant la première-née.” Après avoir célébré cette union pendant une semaine, Laban accorda aussi la main de Rachel à Jacob, à condition que celui-ci s’engage à travailler encore sept ans pour lui. Laban fit également don de deux servantes à Léa et à Rachel, respectivement Zilpah et Bilhah. — Gen. 29:1-29; Osée 12:12.
Jéhovah se mit à édifier une grande nation à partir de ce mariage. Léa donna successivement quatre fils à Jacob, savoir Ruben, Siméon, Lévi et Juda. Voyant qu’elle restait stérile, Rachel amena sa servante Bilhah à Jacob; celle-ci lui enfanta deux fils, Dan et Nephtali. Pendant ce temps, Léa était stérile. Aussi présenta-t-elle à son tour à Jacob sa servante Zilpah. Deux fils, Gad et Aser, naquirent de cette union. Puis Léa retrouva sa fécondité. Elle mit d’abord au monde Issacar, puis Zabulon, puis une fille nommée Dinah. En dernier lieu, Rachel devint enfin enceinte et donna le jour à Joseph. En conséquence, en seulement sept ans, Jacob eut le bonheur d’engendrer de nombreux enfants. — Gen. 29:30 à 30:24.
JACOB S’ENRICHIT AVANT DE QUITTER HARAN
Quand le contrat de travail de quatorze ans qu’il avait conclu pour acquérir ses femmes vint à expiration, Jacob était impatient de rentrer chez lui. Mais Laban, lui, voyait bien que Jéhovah l’avait béni en raison de la présence de Jacob. C’est pourquoi il implora ce dernier de continuer à s’occuper de ses troupeaux. Il lui laissa même le soin de fixer son salaire. Or, dans cette région du monde, les moutons et les chèvres sont généralement d’une seule couleur. Les moutons sont blancs et les chèvres noires. Jacob demanda donc que lui soient donnés uniquement les moutons et les chèvres qui avaient une couleur ou des marques anormales, c’est-à-dire tous les moutons brun foncé et les chèvres marquées de taches blanches: “Eh bien, c’est parfait!” répondit Laban. De plus, pour réduire le salaire au minimum, Laban sépara du reste du troupeau, sur proposition de Jacob, toutes les chèvres mouchetées, rayées ou tachetées, ainsi que les jeunes béliers brun foncé, puis il les confia aux soins de ses fils; il mit même une distance de trois jours de route entre Jacob et lui pour empêcher tout croisement entre les animaux des deux troupeaux. Seules les bêtes de couleur anormale qui naîtraient par la suite devraient appartenir à Jacob. — Gen. 30:25-36.
Dès lors, Jacob ne s’occupa plus que des moutons normaux et des chèvres sans marques. Mais il travailla dur et fit ce qui, d’après lui, contribuerait à augmenter le nombre des animaux de couleur inhabituelle. Il se fabriqua donc des bâtons avec des jeunes pousses vertes de styrax, d’amandier et de platane, et les écorça de façon à leur donner un aspect rayé ou tacheté. Puis il disposa ces bâtons dans les rigoles des abreuvoirs où les bêtes venaient boire. Sans doute pensait-il que si les bêtes en chaleur regardaient ces rayures, cela exercerait sur elles une influence, de sorte qu’à la naissance les petits auraient une couleur anormale ou une robe tachetée. Jacob veilla aussi à ne placer les bâtons dans les abreuvoirs que lorsque les animaux les plus robustes étaient en chaleur. — Gen. 30:37-42.
Quel en fut le résultat? Les bêtes qui avaient une couleur ou des marques anormales et qui constituaient le “salaire” de Jacob devinrent plus nombreuses que celles qui portaient une couleur uniforme et qui représentaient la part de Laban. Puisqu’il avait obtenu les résultats attendus, Jacob pensa vraisemblablement qu’il le devait à son stratagème. En cela, il partageait probablement la conception erronée, mais fort répandue, selon laquelle ce genre de procédé peut avoir une incidence sur la progéniture. Cependant, par un rêve, Dieu lui fit savoir qu’il en allait tout autrement.
Par ce songe, Jacob apprit que sa réussite ne reposait pas sur le stratagème des bâtons, mais sur certains principes génétiques. En effet, bien que Jacob ne gardât que des animaux de couleur unie, la vision lui révéla que les boucs étaient en fait rayés, mouchetés et tachetés. Comment était-ce possible? Malgré leur couleur uniforme, ces boucs étaient apparemment des hybrides issus des croisements qui avaient eu lieu dans le troupeau de Laban avant que Jacob ne commençât d’être payé. Dès lors, certaines de ces bêtes portaient dans leurs cellules reproductrices des facteurs héréditaires qui allaient donner aux générations ultérieures une couleur tachetée ou mouchetée, conformément aux lois de l’hérédité découvertes par Gregor Mendel au siècle dernier. — Gen. 31:10-12.
Jacob travailla six ans dans le cadre de ce contrat. Pendant ce temps, Jéhovah le rendit prospère en augmentant non seulement le nombre de son petit bétail, mais encore celui de ses serviteurs, de ses chameaux et de ses ânes, quoique Laban ne cessât de modifier le salaire convenu. En définitive, le “vrai Dieu de Béthel” invita Jacob à retourner en Terre promise. — Gen. 30:43; 31:1-13, 41.
RETOUR EN TERRE PROMISE
De peur que Laban ne tentât à nouveau de l’obliger à rester à son service, Jacob prit en secret ses femmes, ses enfants et tout ce qui lui appartenait, franchit l’Euphrate et se mit en route pour Canaan. Au moment où il envisagea ce départ, il gardait probablement son bétail non loin de l’Euphrate, comme cela ressort de Genèse 31:4, 21. Pendant ce temps, Laban était parti tondre ses troupeaux. Il n’apprit donc le départ de Jacob que trois jours plus tard. Toutefois, il lui fallut peut-être un délai supplémentaire afin d’achever la tonte et de faire les préparatifs nécessaires pour se lancer avec ses hommes aux trousses de Jacob. Au total, cela dut donner à Jacob le temps de conduire doucement ses troupeaux jusque dans la région montagneuse de Galaad, soit à plus de 550 kilomètres de Haran à vol d’oiseau, avant que Laban ne le rattrape. Cependant, Laban et les hommes de sa famille, montés sur des chameaux, n’eurent aucun mal à parcourir cette distance en sept jours de poursuite acharnée. — Gen. 31:14-23.
Quand Laban eut rejoint les fugitifs qui campaient à quelques kilomètres au nord du Jabboc, il demanda à Jacob de lui expliquer pourquoi il s’était enfui sans le laisser embrasser ses enfants et ses petits-enfants pour leur faire ses adieux, et pourquoi il avait volé ses dieux (Gen. 31:24-30). La réponse à la première question tombait sous le sens: Jacob craignait que Laban ne l’empêchât de partir. En revanche, Jacob ignorait tout de la deuxième accusation. Malgré une fouille, on ne découvrit pas que Rachel avait effectivement volé les téraphim de la famille et les avait cachés dans le panier de selle de son chameau. — Gen. 31:31-35.
L’acte de Rachel et l’inquiétude de Laban peuvent s’expliquer ainsi: “Les dieux domestiques faisaient de leur possesseur l’héritier légitime, ce qui permet de comprendre pourquoi Laban tenait tant, selon Gen. 31:26, à reprendre à Jacob ses dieux domestiques.” — Ancient Near Eastern Texts, publié par J. Pritchard, 2e éd., p. 220, note en bas de page no 51.
Une fois leur différend réglé pacifiquement, Jacob érigea une colonne, puis un monceau de pierres, qui restèrent là pendant de nombreuses années comme témoins de l’alliance de paix que les deux hommes avaient conclue par un repas cérémoniel. On donna au monceau de pierres les noms Galéed (“monceau de témoignage”) et la Tour de Garde. — Gen. 31:36-55.
Jacob était également très désireux de faire la paix avec Ésaü, son frère, qu’il n’avait pas revu depuis plus de vingt ans. Dans l’intention d’apaiser tout éventuel reste de haine chez son frère, Jacob envoya au-devant de lui des présents coûteux, des centaines de chèvres et de moutons, ainsi que de nombreux chameaux, bovins et ânes (Gen. 32:3-21). Jacob n’avait pratiquement rien quand il avait quitté Canaan. Mais à son retour, grâce à la bénédiction de Jéhovah, c’était un homme riche.
Durant la nuit où sa famille traversa le Jabboc pour aller à la rencontre d’Ésaü, vers le sud, Jacob vécut une aventure fort peu commune: il lutta avec un ange. En raison de sa persévérance, son nom fut changé en celui d’Israël, qui signifie “Dieu lutte” ou “qui lutte (qui persévère) avec Dieu”. (Gen. 32:22-28.) Par la suite, les deux noms du patriarche sont fréquemment associés dans les parallélismes de la poésie hébraïque (Ps. 14:7; 22:23; 78:5, 21, 71; 105:10, 23). Au cours de cette lutte, l’ange toucha Jacob à la cavité de la jointure de la cuisse, de sorte que celui-ci boita pendant le restant de ses jours; cet acte avait peut-être pour objet de lui enseigner l’humilité, car cette infirmité lui rappellerait sans cesse qu’il ne devait s’enorgueillir à l’excès ni de sa prospérité, qui venait de Dieu, ni de sa lutte avec l’ange. En souvenir de cet épisode mémorable, Jacob appela ce lieu du nom de Peniel ou Penuel. — Gen. 32:25, 30-32.
Au terme d’une entrevue amicale, Jacob et Ésaü, ces frères jumeaux maintenant âgés d’environ quatre-vingt-dix-neuf ans, poursuivirent chacun son chemin. On peut supposer qu’ils ne se rencontrèrent plus jusqu’au jour où ils ensevelirent ensemble leur père Isaac, quelque vingt-trois ans plus tard. Ésaü partit pour Séir, au sud, emmenant avec lui ses présents, tandis que Jacob se dirigea vers le nord et retraversa le Jabboc. — Gen. 33:1-17; 35:29.
RÉSIDENT ÉTRANGER EN CANAAN PENDANT TRENTE-TROIS ANS
Après avoir pris congé d’Ésaü, Jacob élut domicile à Succoth. C’était la première fois qu’il s’installait quelque part depuis son retour de Paddan-Aram. Le récit ne précise pas combien de temps il y resta. Toutefois, il demeura peut-être plusieurs années en ce lieu, car il s’y construisit une maison d’habitation permanente ainsi que des huttes, c’est-à-dire un genre d’étables couvertes pour son troupeau. — Gen. 33:17.
Plus tard, Jacob repartit vers l’ouest, traversa le Jourdain et s’arrêta près de Sichem, où il acheta un lopin de terre aux fils de Hamor pour “cent pièces de monnaie [héb. qesitâh]”. (Gen. 33:18-20; Josué 24:32.) C’est dans la ville de Sichem que Dinah, fille de Jacob, se mit à fréquenter des Cananéennes, ce qui donna à Sichem, fils de Hamor, le chef, l’occasion de la violer. Les répercussions de ce drame échappèrent au contrôle de Jacob: ses fils abattirent tous les mâles de Sichem, emmenèrent captifs les femmes et les enfants et pillèrent toutes les richesses de la ville, faisant de leur père une “puanteur” pour les habitants du pays. — Gen. 34:1-31.
Sur ces entrefaites, Dieu ordonna à Jacob de quitter Sichem pour descendre à Béthel. Jacob s’exécuta, mais avant de partir il veilla à ce que sa famille se purifie, change de vêtements et se débarrasse de tous ses faux dieux (y compris, selon toute vraisemblance, des téraphim de Laban), ainsi que des boucles d’oreilles que l’on regardait peut-être comme des fétiches. Jacob enfouit tout cela près de Sichem. — Gen. 35:1-4.
Jacob attachait une importance toute particulière à Béthel, la “maison de Dieu”. En effet, sans doute une trentaine d’années plus tôt, c’est là que Dieu l’avait constitué héritier de l’alliance abrahamique. Cette fois, après que Jacob y eut construit un autel à Jéhovah, le grand Dieu de ses ancêtres, celui-ci formula de nouveau les termes de cette alliance et confirma le changement du nom de Jacob en celui d’Israël. Après quoi Jacob dressa une colonne sur laquelle il versa une libation et de l’huile pour se rappeler ces événements marquants. Pendant son séjour à Béthel, Déborah, la nourrice de sa mère, mourut et fut ensevelie. — Gen. 35:5-15.
Nous ne savons pas non plus combien de temps Jacob séjourna à Béthel. En tout état de cause, il finit par repartir vers le sud. Alors que la famille était encore à quelque distance de Bethléhem (Éphrath), Rachel fut prise des douleurs de l’enfantement et mourut en donnant le jour à Benjamin, son deuxième fils, au terme d’un accouchement particulièrement pénible. Jacob ensevelit sa femme bien-aimée au même endroit et dressa une colonne pour marquer l’emplacement de sa tombe. — Gen. 35:16-20.
Israël ou Jacob avait maintenant, au complet, ses douze fils qui allaient donner naissance aux douze tribus d’Israël. Il poursuivit sa route vers le sud et dressa ensuite sa tente “à une certaine distance au delà de la tour d’Éder”. Cette description biblique situe le lieu de campement quelque part entre Bethléhem et Hébron. C’est pendant son séjour à cet endroit que Ruben, fils aîné de Jacob, eut des rapports sexuels avec Bilhah, concubine de son père et mère de Dan et de Nephtali. Ruben a pu croire que Jacob était désormais trop vieux pour réagir. Mais Jéhovah condamna son acte incestueux, qui lui valut de perdre le droit de premier-né. — Gen. 35:21-26; 49:3, 4; Deut. 27:20; I Chron. 5:1.
Peut-être avant que Joseph, son fils, soit vendu comme esclave en Égypte, Jacob partit pour Hébron, où vivait encore Isaac, son père, maintenant très âgé, mais l’on ne peut être catégorique sur la date de ce déplacement. — Gen. 35:27.
Un beau jour, Jacob envoya Joseph (qui avait alors dix-sept ans) prendre des nouvelles de ses frères, qui faisaient paître son bétail. Quand Joseph les eut enfin trouvés à Dothan, à une centaine de kilomètres au nord d’Hébron, ceux-ci se saisirent de lui et le vendirent à une caravane de marchands qui se rendait en Égypte. Cet événement eut lieu en 1750 avant notre ère. Puis ils firent croire à leur père que Joseph avait été tué par une bête sauvage. Pendant bien des jours, Jacob le pleura. Il refusait d’être consolé et gémissait: “Je descendrai en deuil vers mon fils au Schéol!” (Gen. 37:2, 3, 12-36). La mort d’Isaac, son père, en 1738, ne fit qu’ajouter à sa douleur. — Gen. 35:28, 29.
DÉPART POUR L’ÉGYPTE
Une dizaine d’années plus tard, une famine généralisée força Jacob à envoyer dix de ses fils en Égypte pour y acheter des céréales. Benjamin, en revanche, resta auprès de lui. Joseph, qui était devenu entre-temps gestionnaire des vivres de Pharaon, reconnut ses frères et leur demanda de ramener en Égypte Benjamin, leur plus jeune frère (Gen. 41:57; 42:1-20). Quand il eut vent de cette exigence, Jacob refusa tout d’abord de le laisser partir, craignant qu’il n’arrive malheur au fils de sa vieillesse, qu’il aimait tendrement. À l’époque, Benjamin avait au moins vingt-deux ans (Gen. 42:29-38). Jacob ne consentit à ce départ que lorsque la nourriture achetée en Égypte fut épuisée. — Gen. 43:1-14; Actes 7:12.
Quand Joseph et ses frères furent réconciliés, Jacob fut invité à venir s’installer avec toute sa famille, son bétail et ses biens dans le pays de Goschen, région fertile de l’Égypte située dans le delta du Nil, car la grande famine devait encore sévir pendant cinq ans. Pharaon leur fournit même des chariots et des provisions de bouche pour le déplacement (Gen. 45:9-24). Sur la route de l’Égypte, Jéhovah assura à Jacob qu’il approuvait et bénirait ce voyage (Gen. 46:1-4). Toutes les âmes qui appartenaient à la famille de Jacob, y compris Manassé, Éphraïm et d’autres qui ont pu naître en Égypte avant la mort de Jacob, étaient au nombre de soixante-dix (Gen. 46:5-27; Ex. 1:5; Deut. 10:22). Ce chiffre ne comprend pas Léa, qui était morte en Terre promise (Gen. 49:31), ni les filles anonymes de Jacob, ni les femmes de ses fils. — Gen. 46:26; voir Genèse 37:35.
Finalement, en 1711, après dix-sept ans de résidence en Égypte, Jacob mourut à l’âge de 147 ans (Gen. 47:27, 28). Conformément à son souhait d’être enseveli en Canaan, Joseph fit d’abord embaumer son corps par les médecins d’Égypte afin de le préparer pour le voyage. Puis un grand cortège funèbre, en rapport avec le rang de Joseph, s’ébranla et quitta l’Égypte. Lorsqu’il arriva dans la région du Jourdain, sept jours furent consacrés aux rites de deuil, après quoi les fils de Jacob ensevelirent leur père dans la caverne de Macpélah, où Abraham et Isaac avaient été enterrés. — Gen. 49:29-33; 50:1-14.
Les prophètes employèrent fréquemment le nom “Jacob” dans un sens figuré, pour désigner la nation issue de ce patriarche (És. 9:8; 27:9; Jér. 10:25; Ézéch. 39:25; Amos 6:8; Michée 1:5; Rom. 11:26). De son côté, Jésus l’utilisa figurément lorsqu’il parla de ceux qui siégeraient “dans le royaume des cieux”. — Mat. 8:11.
[Carte, page 738]
(Voir la publication)
Quelques lieux cités dans le récit de LA VIE DE JACOB
Haran
PADDAN-ARAM
Euphrate
GRANDE MER
GOSCHEN
ÉGYPTE
CANAAN
SÉIR
GALLAD
Béer-Schéba
Guérar
Hébron
Mamré
Bethléhem
Tour d’Éder
Caverne de Macpélah
Béthel
Sichem
Penuel (Peniel)
Ouadi de Jabboc
Succoth
Galéed (?)
Mahanaïm (?)
Jourdain