À la recherche du nom disparu
LORSQUE Moïse, le conducteur de la nation d’Israël, se mit à écrire l’histoire de l’humanité voici quelque 3 500 ans, il le fit tout naturellement dans sa langue maternelle, l’hébreu. Nous retrouvons aujourd’hui son œuvre historique dans les cinq premiers des 39 livres qui constituent les Écritures hébraïques, plus connues sous le nom d’Ancien Testament. Dans tout ce recueil d’ouvrages, le nom propre de Dieu revient près de 7 000 fois. Mais quel est-il au juste?
Ce nom est tellement sacré que le Créateur donna aux Israélites un commandement spécifique au sujet de son emploi. Il déclara: “Tu ne prononceras pas en vain le nom de Yahvé [Héb. יהוה ], ton Dieu” (Exode 20:7, Osty), ou: “Tu ne prendras point le nom de Jéhovah, ton Dieu, en vain.” (Crampon 1905). Avez-vous reconnu ce nom, “Yahvé” ou “Jéhovah”, ou bien est-il nouveau pour vous?
Revenons sur ce commandement. Dieu a-t-il purement et simplement interdit aux Juifs d’employer ou de prononcer son nom? Pas du tout. Il leur était seulement défendu d’en faire un mauvais usage.
Pourquoi ne pas lire ce texte biblique (Exode 20:7) dans votre propre Bible? Vous risquez d’être surpris. En effet, à quelques variantes près, voici ce qu’on trouve dans de nombreuses traductions: “Tu ne prononceras pas à tort le nom du SEIGNEUR, ton Dieu.” (Traduction Œcuménique de la Bible, 1977). Ou encore: “Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel ton Dieu à l’appui du mensonge.” — Bible du Rabbinat français (1906).
N’avez-vous rien remarqué d’anormal? Si, bien sûr. Dans nombre de versions de la Bible, le nom divin a été omis. Rendez-vous compte: Le nom le plus important de l’univers a été éliminé dans des millions de Bibles, dans certaines des traductions les plus répandues au sein de la chrétienté et du judaïsme. On croit rêver!
Est-ce là le résultat d’une simple méprise, ou bien une tentative visant délibérément à rabaisser le Souverain Seigneur Jéhovah? S’il fallait retenir la dernière hypothèse, il s’agirait alors d’une mystification de la plus haute gravité, qui concerne vos relations avec le Créateur.
Ce nom était-il employé dans l’Antiquité?
Le nom de Dieu est utilisé depuis l’aube de l’histoire humaine. Comment pouvons-nous l’affirmer? Le récit historique de la Bible déclare: “Or Adam eut des relations avec Ève, sa femme, et elle devint enceinte. À son heure elle enfanta Caïn et dit: ‘J’ai produit un homme avec l’aide de Jéhovah.’” Vous trouverez ci-dessous la fin de ce texte hébreu avec sa traduction littérale en français dans l’interligne (d’après The NIV Interlinear Hebrew-English Old Testament):
אֶת־ קַיִן וַתֹּאמֶר קָנִיתִי
J’ai-enfanté et-elle-dit Caïn ***
אִישׁ אֶת־ יְהוָה ׃ וַתֹּסֶף
et-elle-continua (2) Yahvé avec homme
La version interlinéaire hébreu-anglais fait bien ressortir le nom distinctif de Dieu sous sa forme “Yahvé” (en anglais “Yahweh”). — Genèse 4:1.
Que pouvons-nous en conclure? Que les tout premiers habitants de la terre connaissaient très bien le nom personnel de leur Créateur. Ce nom continua d’être appliqué au seul vrai Dieu pendant toute la rédaction des Écritures hébraïques, qui s’étendit sur plus d’un millénaire. Dès lors, la question suivante se pose: Quand et comment se mit-on à cacher le nom divin, “Jéhovah” ou “Yahvé”?
Votre Bible porte-t-elle l’empreinte de la tradition juive?
Il n’est pas facile de déterminer la date à partir de laquelle l’emploi du nom divin est tombé en désuétude. Certains indices démontrent toutefois qu’avant l’an 70 les Juifs traditionalistes s’assujettirent à une superstition qui leur fit cesser d’utiliser ce nom. Bien qu’il eut été employé depuis des siècles, les dignitaires du judaïsme décrétèrent, semble-t-il, qu’il était désormais trop sacré pour être prononcé, et que le seul moyen de prévenir les abus était d’en proscrire purement et simplement l’usage. Étrange logique, en vérité! En poussant le raisonnement plus loin, ils auraient tout aussi bien pu interdire le mariage sous prétexte d’éviter l’adultère!
Mais cette tradition juive a-t-elle influencé les traducteurs de la Bible au sein de la chrétienté? Ceux-ci ont-ils glorifié le nom de Dieu, ou bien ont-ils perpétué l’erreur des Juifs en le supprimant à leur tour? Se pourrait-il que votre Bible soit défectueuse sous ce rapport? Il suffit de regarder quelques versions modernes pour connaître la réponse à ces questions.
Voici par exemple ce qu’on lit dans la présentation de la Bible en français courant (1983, Alliance biblique universelle): “En ce qui concerne les noms divins on s’est conformé en général à l’usage (...). Quant au mystérieux nom propre du Dieu d’Israël, YHWH, la traduction a voulu respecter l’usage du judaïsme (...) selon lequel ce nom ne devait pas être prononcé mais remplacé par un équivalent comme Le Seigneur.” (C’est nous qui soulignons).
D’autres traducteurs français paraissent également se retrancher derrière la tradition juive pour faire disparaître le nom propre de Dieu. Ainsi, la Traduction Œcuménique de la Bible (1977) avance l’explication suivante dans une note en bas de page: “Les Juifs prirent l’habitude de ne plus prononcer ce nom (pour ne pas risquer de le prononcer à tort, voir [Exode] 20:7) mais de dire Le Seigneur (le plus souvent) ou de le remplacer par d’autres expressions (...). Lorsque le texte hébreu donne le nom personnel Yahweh ou l’un des noms de remplacement, ceux-ci sont traduits par Le SEIGNEUR (...).” De son côté, la version Segond révisée (1978) fait apparaître dans son glossaire, à l’entrée ÉTERNEL (L’), la remarque que voici: “Ce titre rend le mot hébreu qui est traduit, selon les versions par: Le Seigneur, Yahvé, ou même par Jéhovah. À partir d’une certaine époque (...), ce nom n’a plus été prononcé...”
Sans l’ombre d’un doute, la tradition juive a contribué à l’ignorance qui, dans le monde entier, enveloppe le nom le plus important de l’univers. Et beaucoup de traducteurs de la chrétienté s’y sont volontiers conformés. Mais pourquoi? Pour quelle raison ne veulent-ils pas que vous trouviez le nom de Jéhovah ou Yahvé dans votre Bible?
Quels sont leurs motifs?
David Clines, maître de conférences de la section des études bibliques à l’université anglaise de Sheffield, nous met sans le savoir sur la piste de leurs motifs secrets. Dans la revue Theology, il écrit: “L’absence du terme Yahvé dans la conscience chrétienne a eu pour première conséquence la propension à tout rapporter à la personne du Christ, à en faire la manifestation exclusive de la divinité.” Puis, après avoir notamment cité à l’appui de ses dires certains chants liturgiques qui illustrent cette tendance, le professeur Clines ajoute: “Nous retrouvons en pratique ce dont on se défendrait opiniâtrement en théorie, savoir un unitarisme portant sur la deuxième personne de la trinité.” Il conclut: “Dans la pratique, la théologie trinitaire tend à accorder une place centrale à la personne et à l’œuvre du Christ. Dès lors, en théologie comme en liturgie, le rôle du Père [Jéhovah] et celui de l’Esprit sont habituellement subordonnés à celui du Fils.”
À quoi tout cela a-t-il abouti? Aux yeux des Juifs, le Souverain Seigneur Jéhovah est devenu à tort une abstraction sans nom, l’“Être ineffable”. Dans l’esprit de bien des protestants, il s’est fondu dans le Christ pour être relégué à une position secondaire dans leur divinité trine. Dans la liturgie catholique enfin, Jéhovah a été supplanté non seulement par Jésus Christ, mais aussi par Marie, la mère de Jésus. Comment cela? C’est qu’en vertu du concept trinitaire Marie est aussi considérée comme la “Mère de Dieu”. Cela a aussi contribué à évincer Jéhovah du cœur du catholique moyen.
Mais pour vous, qui est Jéhovah? Ferez-vous le nécessaire pour le connaître intimement? La décision que vous prendrez personnellement sur cette question met votre avenir en jeu, car Jéhovah a déclaré: “‘À coup sûr, je sanctifierai mon grand nom, qui était profané parmi les nations (...); et assurément les nations sauront que je suis Jéhovah’, telle est la déclaration du Souverain Seigneur Jéhovah, ‘quand je serai sanctifié parmi vous, devant leurs yeux.’” — Ézéchiel 36:23.
Heureusement pour les hommes, Jéhovah a suscité en notre XXe siècle ses Témoins qui proclament hardiment son nom et ses desseins. Si vous souhaitez connaître le vrai Dieu, prenez contact avec les Témoins de Jéhovah de votre localité ou avec les éditeurs de ce périodique. Gratuitement et sans le moindre engagement, ils se feront une joie de vous aider à connaître notre Père céleste Jéhovah. — Ésaïe 43:10; Matthieu 6:9.
[Entrefilet, page 5]
Le nom exclusif de Dieu revient près de 7 000 fois dans le texte hébreu des Écritures. L’avez-vous rencontré dans votre Bible?