Questions de lecteurs
● Quel âge avait Abel, le deuxième fils d’Adam, lorsqu’il fut tué par son frère Caïn ?
Le récit biblique ne nous fait pas connaître l’âge exact d’Abel au moment où il fut tué par son frère, mais on peut le déduire d’une manière approximative. Puisque la Bible est muette sur la période qui s’écoula depuis l’expulsion d’Adam et Ève du jardin d’Éden jusqu’à la naissance de leurs deux premiers fils, Caïn et Abel, il est raisonnable de conclure que les garçons sont nés peu d’années après la chute de leurs parents dans le péché. Mais quant aux événements rapportés par la suite et qui conduisirent à la mort d’Abel, il est écrit qu’ils n’eurent lieu qu’“au bout de quelque temps”. (Gen. 4:3.) Combien de temps après ?
Le troisième fils d’Adam et Ève, dont parle la Bible, naquit peu de temps après la mort d’Abel, alors qu’Adam avait 130 ans (Gen. 5:3). À la naissance de Seth, Ève dit : “Dieu m’a donné un autre fils à la place d’Abel, que Caïn a tué.” (Gen. 4:25). Il est peu probable qu’elle eût fait pareille remarque si de longues années s’étaient écoulées depuis la mort d’Abel. Elle désirait évidemment un fils pour remplacer celui qui avait été assassiné, et la naissance de Seth a donc dû avoir lieu peu de temps après la mort d’Abel. Dans ce cas, Abel pouvait bien déjà avoir une centaine d’années lors de son martyre.
● Dans Proverbes 25:11, ainsi que dans d’autres passages des Écritures hébraïques, il est fait mention de “pommes”. Pourtant, de nombreuses autorités prétendent qu’il s’agissait d’un autre fruit. Les pommes étaient-elles cultivées en Palestine au temps de la rédaction des Écritures hébraïques ?
On a fait bien des conjectures sur la nature de l’arbre et du fruit désignés par le mot hébreu tappouaḥ, que l’on rencontre dans Proverbes 25:11, où il est dit qu’une parole dite à propos est semblable à des “pommes d’or sur des ciselures d’argent”. Il est surtout fait allusion au pommier dans le Cantique des cantiques de Salomon, où la Sulamithe compare les expressions d’amour employées par le berger, son compagnon, à l’ombre agréable du pommier et à la douceur de son fruit (Cant. 2:3, 5). À son tour, le jeune berger compare le souffle de la jeune fille au parfum des pommes (Cant. 7:9). Le mot hébreu traduit par “pommes” dans la Traduction du monde nouveau indique que ce fruit se distingue par sa bonne odeur ou son parfum.
On a proposé plusieurs fruits à la place de la pomme, y compris l’orange, le citron, le coing et l’abricot. On a fait valoir comme principale objection en ce qui concerne la pomme que le climat chaud et humide de la majeure partie de la Palestine est peu favorable à la culture de ce fruit. Toutefois, le mot arabe touffakh, proche du mot hébreu, signifie ordinairement “pomme”, et il est à noter que les noms hébreux désignant des lieux géographiques, tels que Tappouah et En-Tappouah (probablement ainsi appelés parce que ce fruit était très répandu dans ces régions), ont été préservés dans leurs équivalents arabes. — Josué 12:17 ; 15:34 ; 16:8 ; 17:8.
Ces lieux n’étaient pas situés dans les basses plaines, mais dans la région des collines où le climat est généralement assez tempéré. En outre, la possibilité de certains changements climatiques dans le passé ne peut être entièrement exclue, comme l’indique Dennis Baly dans son ouvrage La géographie de la Bible (angl.), aux pages 72 et 74. Le pommier pousse aujourd’hui en Palestine, et cet arbre semble donc correspondre d’une façon satisfaisante à celui décrit dans la Bible. Le Dr Thompson, qui passa quarante-cinq ans en Syrie et en Palestine au cours du siècle dernier, a parlé de vergers plantés de pommiers qu’il aurait rencontrés dans la région d’Askalon, dans la plaine de Philistie.
● D’après Luc 22:37, Jésus devait être “compté parmi les sans loi”, afin que s’accomplît la prophétie d’Ésaïe 53:12, NW. Les disciples du Christ doivent-ils être regardés comme des “sans loi” parce que certains d’entre eux portaient une épée ?
Non, il ne semble pas que les disciples de Jésus, bien que portant deux épées à ce moment-là, aient été les “sans loi” dont il est question dans le passage d’Ésaïe 53:12, NW. Ce texte biblique a plutôt eu son accomplissement lorsque Jésus fut mis au poteau de torture entre deux criminels. L’examen du contexte des paroles de Jésus nous aidera à mieux comprendre ce que voulait dire le Maître. Dans Luc 22:35-38, nous lisons ceci :
“Il leur dit aussi : ‘Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac à nourriture, ni sandales, vous n’avez manqué de rien, n’est-ce pas ?’ Ils dirent : ‘Non !’ Alors il leur dit : ‘Mais maintenant que celui qui a une bourse la prenne, de même aussi un sac à nourriture ; et que celui qui n’a pas d’épée vende son vêtement de dessus pour en acheter une. Car je vous dis que ce qui est écrit doit s’accomplir en moi, à savoir : “Et il a été compté parmi les sans loi.” Car ce qui me concerne a un accomplissement.’ Alors ils dirent : ‘Seigneur, voici, il y a ici deux épées.’ Il leur dit : ‘C’est assez.’”
C’était la dernière nuit que le Seigneur passait avec ses disciples avant sa mort. Il se rendait compte que la situation allait changer pour eux aussitôt après son arrestation et son exécution. Auparavant, quand il les avait envoyés, le peuple les avait reçus et avait pourvu à leurs besoins, mais en règle générale, les choses allaient devenir plus difficiles (Marc 6:7-11). La plupart des gens ne leur feraient plus bon accueil, ils les rejetteraient et les mépriseraient. En conséquence, les disciples auraient à subvenir à leurs propres besoins.
Après leur avoir décrit la situation à venir, Jésus expliqua à ses disciples la raison de ce changement : il allait être mis à mort, ôté comme un transgresseur et exécuté avec les sans loi, afin que s’accomplît Ésaïe 53:12. Les “sans loi” étaient non pas les disciples à qui il parlait, mais les malfaiteurs entre lesquels il allait être mis au poteau (Mat. 27:38). Dans certains manuscrits, un verset inséré dans Marc, chapitre 15, applique à ces malfaiteurs la prophétie d’Ésaïe 53:12 (NW), mais des manuscrits plus anciens et plus dignes de foi omettent Marc 15:28.
Après que Jésus leur eut exposé les raisons pour lesquelles ils devaient s’attendre à des difficultés, les disciples lui dirent : “Seigneur, voici, il y a ici deux épées.” Non pas qu’ils aient eu pour coutume de porter des épées, mais ce jour-là ils en avaient. En leur parlant d’épée, Jésus ne leur conseillait pas de s’armer pour l’attaque. C’est tout le contraire ! Les paroles qu’il dit après cela indiquent qu’il pensait à autre chose : les épées allaient lui servir à enseigner une importante leçon.
Peu de temps après, Jésus allait être arrêté par une troupe de gens armés, comprenant des soldats romains. De cette situation aurait pu naître une résistance par les armes (Mat. 26:47 ; Jean 18:12). Toutefois, afin que s’accomplît la prophétie, Jésus ne voulait pas se défendre par les armes ; il se laissa arrêter de son plein gré. Le petit groupe n’aurait pas eu assez de deux épées pour se défendre victorieusement contre la foule, mais elles suffisaient pour la leçon que Jésus voulait enseigner, c’est-à-dire pour mettre en relief sa soumission volontaire, sans contrainte, son refus de résister, par la violence, bien que ses compagnons fussent armés pour le défendre (Jean 18:11, 36). Jésus reprit Pierre lorsque celui-ci sortit avec impétuosité son épée et trancha l’oreille de l’esclave Malchus. Il déclara que “tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée”. De plus, s’il l’avait voulu, il aurait pu faire appel aux anges pour lui venir en aide (Mat. 26:52, 53). Mais ce n’était pas cela qu’il voulait. Comme l’indique son refus de recourir aux deux épées pour assurer sa défense, Jésus se donnait volontairement pour mourir sur le poteau entre deux “sans loi”. Quant à ses fidèles disciples, ils avaient bien compris la leçon et Justin le Martyr, dans son Dialogue avec Tryphon, Juif (155-160 de notre ère), écrivit : “Nous qui étions remplis de guerre, de meurtre, de tout mal, nous avons sur terre transformé les instruments de guerre, les glaives en socs de charrue, les lances en outils des champs.”