Questions de lecteurs
● La Bible dit que Samson tua des hommes et des animaux. Comment lui était-il permis de toucher des corps morts, alors qu’il était naziréen ?
Selon la Loi mosaïque, un Israélite pouvait faire vœu de naziréat et vivre séparé des autres pendant un certain temps. Pendant toute la durée de son naziréat, il était censé ne pas toucher de cadavres. Nous lisons : “Tout le temps pendant lequel il se sépare en l’honneur de Jéhovah, il ne s’approchera d’aucun corps mort ; il ne se souillera ni pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère ou sa sœur, à leur mort, car il porte sur sa tête la consécration à son Dieu.” (Nomb. 6:6, 7, AC). Si par hasard il touchait un corps mort, il devait se soumettre à une cérémonie de purification et faire certaines offrandes. Les jours précédents étaient nuls, et le temps de son naziréat comptait à partir de ce jour-là (Nomb. 6:8-12). C’est pourquoi celui qui servait Dieu de cette manière pendant un certain temps veillait à ne pas se souiller en touchant un corps mort.
Avant la naissance de Samson, l’ange de Jéhovah avait dit à sa mère : “Le jeune garçon sera nazaréen de Dieu dès le ventre de sa mère.” (Juges 13:5, Da). Samson était destiné à rester naziréen toute sa vie. Par conséquent, s’il lui arrivait de toucher un cadavre, il ne pouvait pas recommencer son temps de naziréat. Il est évident que Samson respectait les exigences de son vœu ; néanmoins le fait d’être consacré à Dieu pour toute sa vie le mettait dans une situation quelque peu différente de celle des Israélites faisant vœu de naziréat pour un temps.
Quoique naziréen, Samson fut choisi par Dieu pour être juge et “délivrer Israël de la main des Philistins”. (Juges 13:5.) On comprend que sa mission l’amènerait à toucher des cadavres. Cela se produisit effectivement. Il tua trente Philistins et prit leurs dépouilles. Plus tard, il continua de battre rudement l’ennemi, “cuisse et hanche”. Avec une mâchoire d’âne fraîche, il tua mille Philistins. Jéhovah trouva-t-il mauvais que Samson, naziréen, abattît de la sorte les ennemis d’Israël ? Non, car juste avant le troisième massacre, “l’esprit de Jéhovah le saisit”, lui donnant une force surhumaine. D’autre part, quand le juge Samson fut épuisé par le combat, “Dieu fendit le rocher creux” ; il en sortit miraculeusement de l’eau ; Samson but et reprit vie. — Juges 14:19 à 15:19, AC.
Une autre fois, pour se défendre contre un jeune lion rugissant, Samson démontra la force qu’il tenait de Dieu en déchirant l’animal sans avoir rien à la main (Juges 14:5-9). Nous ignorons si l’interdiction faite au naziréen de toucher les corps morts s’appliquait aux cadavres d’animaux. Les Israélites en général et les prêtres en particulier, avaient déjà reçu l’ordre de ne pas y toucher, car il en résulterait pour eux une impureté temporaire (Lév. 11:24, 25 ; 22:2-7). Il est possible que les Naziréens n’aient pas reçu d’autres instructions à ce propos. S’il leur avait été absolument interdit de toucher tous les cadavres d’animaux, ils seraient devenus végétariens, or, rien dans les Écritures ne laisse supposer qu’ils l’étaient.
Samson fut juge en Israël sans interruption pendant vingt ans. De toute évidence, Dieu ne tint donc pas compte du fait qu’il toucha les cadavres de ses ennemis quand il le fallait (Juges 15:20). Jéhovah avait déjà fait une exception en faveur des Gabaonites ; il pouvait donc recommencer dans ce cas pour que Samson puisse s’acquitter de sa mission de juge et de libérateur d’Israël (Josué, chapitre 9). Le fait que Samson garda les cheveux longs indique qu’il respectait les exigences du naziréat dans la mesure où il le pouvait (Juges 16:17). Dieu lui accorda sa faveur, et les Écritures le citent comme un exemple de foi pour les chrétiens. — Héb. 11:32 ; 12:1.
● Pourquoi, après sa résurrection, Jésus dit-il à Marie Madeleine de ne pas le toucher, alors que plus tard il dit à Thomas de le faire ?
La difficulté à comprendre convenablement Jean 20:17 dépend dans une large mesure de la traduction de la Bible qu’on utilise. La Bible Segond et la version catholique de Crampon montrent Jésus disant à Marie de ne pas le “toucher”. Nous lisons dans la version Segond : “Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père.” (Jean 20:17). Cependant, d’après cette version, Jésus plus tard dit à Thomas : “Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté.” — Jean 20:27.
Jésus dit à Marie de ne pas toucher son corps matérialisé et il invite plus tard Thomas à le faire. Ce même problème se présente dans des traductions en différentes langues. En allemand, les traductions d’Ellberfeld et de Luther rendent la pensée émise dans Jean 20:17, suivant laquelle il ne fallait pas “toucher” Jésus. C’est aussi le cas de la version de Douay et de la version du roi Jacques, en anglais, de la Riveduta et de la Diodati, en italien, et des traductions Moderna, Valera et Nácar-Colunga, en espagnol.
Toutefois, “toucher” n’est que l’un des sens du mot grec hapto. Ce terme veut encore dire “s’accrocher à, empoigner”. (Dictionnaire interprétatif des mots du Nouveau Testament [angl.], de W. E. Vine, tome IV, p. 145.) En accord avec cela, la Bible de Jérusalem rend les paroles de Jésus consignées dans Jean 20:17, comme suit : “Jésus lui dit : ‘Ne me retiens pas ainsi car je ne suis pas encore monté vers le Père.’” An American Translation et la New English Bible rendent les paroles de Jésus de la même façon. La Ediciones Paulinas, en espagnol, emploie “Suéltame”, qui signifie “laisse-moi aller”.
Dans le cas de Marie Madeleine, il semble que le fait que par sa mort Jésus ait abandonné ses disciples, la tourmentait beaucoup. Quand elle le vit dans son corps matérialisé après sa résurrection, elle s’accrocha à lui comme si elle craignait de le perdre de nouveau et de ne plus jamais le revoir. Les paroles de Jésus redressèrent son raisonnement, lui montrant qu’elle ne devait pas s’accrocher craintivement à lui comme pour l’empêcher de disparaître. Au temps voulu, il monterait au ciel, d’où il enverrait l’esprit saint pour aider et fortifier ses disciples. La Traduction du monde nouveau rend d’une façon très appropriée les paroles que Jésus adressa à Marie : “Cesse de t’accrocher à moi. Car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va-t’en chez mes frères et dis-leur : ‘Je monte vers mon Père et votre Père et vers mon Dieu et votre Dieu.’” — Jean 20:17.
Quelques jours plus tard, avant son ascension au ciel, Jésus invita Thomas à toucher son corps momentanément matérialisé, afin de le convaincre que lui, le Christ, était bien ressuscité d’entre les morts (Jean 20:27). Cela n’est pas en désaccord avec la déclaration précédente de Jésus.