Questions de lecteurs
● Selon l’article “ Haïs à cause de son nom ”, paru dans La Tour de Garde du 1er juillet 1952, des centaines de milliers de chrétiens périrent dans les “ dix persécutions ” qui commencèrent sous Néron ; en Égypte seule, 144 000 personnes succombèrent dans l’une de ces tourmentes. Comment peut-on accorder ces faits à la déclaration des Écritures selon laquelle le nombre des membres du corps du Christ se limite à 144 000, et quelle était la seule position accessible aux chrétiens au cours de ces siècles ? — J. A., République Dominicaine.
L’article n’a pas classé une fois pour toutes ceux qui périrent pendant ces persécutions, mais a parlé des conséquences sur le plan général. Notez que l’on s’est servi d’un qualificatif-clef dans le cas mentionné dans la question. L’article disait en effet : “ Dans la seule province d’Égypte, 144 000 de ces chrétiens déclarés tombèrent victimes de la violence et 700 000 ne survécurent pas aux mauvais traitements subis en exil ou pendant qu’on leur faisait exécuter de durs travaux publics. ” On identifie les victimes comme étant des “ chrétiens déclarés ” et non des chrétiens véritables. Bon nombre de ces personnes ont pu être emportées par la tempête de la persécution alors qu’elles n’ont peut-être jamais prêché réellement la vérité ni marché sur les traces de Jésus, étant seulement des chrétiens déclarés. Instruites de la corruption qui régnait dans le monde, elles écoutaient le message des chrétiens, étant prêtes à mourir pour celui-ci, même si elles n’entraient pas en ligne de compte pour le haut appel en Jésus-Christ. Aujourd’hui, de nombreux chrétiens déclarés peuvent être prêts à mourir pour leur foi et malgré cela ne pas être des disciples de Jésus ni remplir les conditions que l’on requiert de ces derniers.
● Les tribunaux du pays ont-ils le droit d’infliger la peine capitale aux meurtriers ? — M. W., Washington.
Personne n’a, de son chef, le droit d’exécuter un homme parce qu’il a commis un meurtre. Cependant, nous pensons que la communauté a le droit d’infliger la peine capitale, en ayant recours à ses tribunaux légalement constitués. Si l’inculpé a subi un jugement équitable et que les preuves l’accusant de meurtre aient été irréfutables il semble que la communauté doit prendre certaines mesures pour la protection de ses membres. Nous avons toujours déclaré que les prisons ne sont pas les procédés de châtiment préconisés par Jéhovah. Nous ne serions donc pas conséquents avec nous-mêmes en affirmant que l’emprisonnement à vie d’un meurtrier s’accorde davantage avec la loi de Jéhovah que la peine de mort. Dans un tel cas, la loi divine ordonnait la peine de mort pour le meurtrier et non pas l’emprisonnement. Si quelqu’un avoue avoir commis un meurtre ou bien si des preuves irréfutables le désignent comme étant le meurtrier, la communauté doit prendre certaines mesures contre lui plutôt que de le laisser en liberté, libre de commettre d’autres forfaits.
Dans I Pierre 4:15 l’apôtre déclare : “ Que nul de vous, en effet, ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui. ” Pierre explique ensuite que si nous souffrons comme chrétiens, nous ne devrions pas en avoir honte. Ces paroles semblent indiquer qu’il est juste qu’un meurtrier souffre pour son crime, et dans ce cas nous savons quel était le châtiment, selon Dieu. C’était la mort et non l’emprisonnement. Pierre ne dit pas qu’un meurtrier ne devrait pas souffrir parce qu’aucun exécuteur humain désigné par Jéhovah n’est présent. Du temps de Pierre, c’étaient les autorités constitutées de la communauté qui appliquaient la souffrance ou peine à un meurtrier, et l’apôtre ne trouve rien à redire contre cette pratique.
L’apôtre Paul, semble-t-il, adopta la même attitude, qu’il définit encore plus clairement. Voici ce que déclarent les Actes (25:10, 11) : “ Paul dit : C’est devant le tribunal de César que je comparais, c’est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais fort bien. Si j’ai commis quelque injustice, ou quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir ; mais, si les choses dont ils m’accusent sont fausses, personne n’a le droit de me livrer à eux. J’en appelle à César. ” Veuillez noter que devant le tribunal de César, l’autorité constituée de la communauté et non devant un exécuteur nommé par Jéhovah, Paul déclara que s’il était coupable de quelque crime digne de mort il ne refuserait pas de mourir. Ces paroles semblent indiquer que Paul considérait les autorités civiles régulièrement constituées comme ayant le pouvoir d’infliger la peine de mort. Au lieu de nier que ce tribunal humain avait un tel pouvoir, il laissa sous-entendre le contraire, déclarant qu’il n’élèverait aucune objection si ce pouvoir s’exerçait contre lui au cas où il aurait commis un acte qui méritait la mort ; or un meurtre est à coup sûr un crime qui rend son auteur digne de mort, d’après la loi de Jéhovah et d’après celle des hommes.
Par conséquent, il semble n’y avoir aucune violation de principes bibliques quand la communauté exécute un meurtrier. Il semble même que ce procédé est plus conforme aux Écritures que la condamnation à vie du coupable qui doit alors être nourri et blanchi aux frais de la société. Le criminel peut alors se rendre coupable de nouveaux forfaits en tuant ses codétenus ou ses gardiens lors d’une tentative d’évasion. Et s’il réussit à s’évader, il est capable de commettre d’autres meurtres. La peine de mort en usage chez les nations ne semble pas contredire la loi divine, et quand la loi du pays ne s’oppose pas à la loi divine, nous n’avons rien à objecter.
● Que signifient les paroles de Jésus dans Matthieu 12:43-45 ? — R. D., Californie.
Nous citons ces paroles : “ Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par les lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée. Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante. ” — Mat. 12:43-45 ; Luc 11:24-26.
Il y a un vide dans l’homme autrefois possédé d’un démon et qui s’en est débarrassé. Ce vide causé par la sortie du démon doit être rempli de l’esprit du Seigneur et d’une foi soutenue par des œuvres en harmonie avec la Parole de Jéhovah. Aussi, quand le démon retournera, il ne trouvera pas la personne, comparée à la maison du démon, “ vide, balayée et ornée ”. Au contraire, il trouvera le lieu qu’il a quitté rempli d’un esprit fort, la force active de Jéhovah, et l’esprit malin sera incapable de réoccuper cette personne. Dans le cas mentionné par Jésus, il y avait apparemment un vide dans la personne délivrée du démon : elle n’était pas entrée dans le service de Jéhovah et n’avait pas réservé une place dans sa vie pour l’esprit de Jéhovah, mais elle s’était simplement nettoyée et ornée pour faire montre de sa piété. Une telle personne ne pourra empêcher le retour de l’esprit malin, et en rechutant sa condition deviendra pire, parce que plus de démons qu’auparavant l’occuperont.
Faisons une application générale de ce principe. Un homme fait partie de ce monde condamné et éloigné de Dieu. Il reçoit une connaissance de la vérité, chasse de sa vie le mauvais esprit de ce monde et de Satan, mais ne persévère pas dans la voie divine. Il ne reçoit pas l’esprit de Dieu et ne lui réserve pas une place dans sa vie, en lui permettant de le diriger dans de bonnes œuvres et de remplir son existence. Il éteint l’esprit de Dieu et laisse vide son existence qui n’est qu’une cosse de piété extérieure purifiée de quelques-unes des souillures du monde. Son manque d’appréciation, l’absence de bonnes œuvres inspirées par l’esprit de Dieu le laissent exposé aux influences impures de Satan qui le réoccupent, et les esprits malins contrôlent sa vie plus complètement, si ce n’est plus subtilement que jamais dans le passé. — Héb. 6:4-8 ; 10:26, 27 ; II Pi. 2:20-22.
Il en fut de même pour la nation d’Israël. Elle avait été purifiée et séparée du monde païen et soustraite à la domination de Satan, mais bientôt elle laissa ce qui était important dans la loi et l’alliance de Jéhovah, et plutôt que de remplir son histoire nationale du service dirigé par l’esprit de Jéhovah, elle s’occupa de petites choses, de traditions humaines, en s’efforçant de se donner l’apparence de la piété et de la pureté. À la venue de Jésus, la génération méchante des Juifs religieux était sous l’influence de Satan au point de rejeter le Messie. La fin de la nation rendue responsable à cause de sa connaissance de Dieu fut pire que son commencement.
À ce propos, le cas du roi Saül montre bien que, si la vie d’un homme n’est pas remplie de l’esprit de Jéhovah, il est probable qu’elle soit contrôlée par un démon. David avait été oint comme roi à la place du méchant roi Saül et l’esprit de Jéhovah reposa sur lui. Notez maintenant ce qui arriva à Saül : “ L’esprit de l’Éternel se retira de Saül, qui fut agité par un mauvais esprit venant de l’Éternel. ” (I Sam. 16:13, 14). Cela ne veut pas dire que Jéhovah envoya effectivement un mauvais esprit pour agiter Saül, non, mais un vide fut laissé par le départ de l’esprit de Jéhovah, vide qui fut alors rempli par un esprit malin. Puisque Jéhovah, en retirant son esprit, a rendu possible cette possession par un démon, il est dit de Jéhovah qu’il fut la source d’où était venu ce mauvais esprit.
On peut comparer cela au texte qui déclare que Jéhovah endurcit le cœur de Pharaon. Jéhovah n’endurcit pas le cœur de Pharaon, mais ce fut Son message qui eut cet effet sur Pharaon. Le message de Jéhovah et les traitements que Dieu fit subir aux Égyptiens eurent une réaction sur Pharaon qui s’entêta et entra en fureur. Puisque le message et les traitements venaient de Dieu, on peut dire qu’il a indirectement endurci le cœur de Pharaon (Ex. 7:3 ; 8:11, 28). Le passage suivant illustre encore ce principe : “ Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, bouche-lui les yeux. ” Ce sont là les paroles que Jéhovah adressa à Ésaïe. Le prophète ne devait pas les accomplir d’une manière littérale, mais ce fut le message qu’il annonçait qui rendait les rebelles aucunement réceptifs, parce que ce message ne leur plaisait pas (És. 6:10). Ainsi, quand l’esprit de Jéhovah fut retiré de Saül, un esprit malin entra dans le roi, car celui-ci était semblable à une maison vide.