Chapitre 9
La dévastation de Sion
1. Malgré la prophétie de Jérémie annonçant la chute de Babylone, quelle attitude Sédécias aurait-il dû adopter à l’égard de Nébucadnetsar ?.
LA PROPHÉTIE de Jérémie annonçant la chute de Babylone ne fournissait pas au roi Sédécias une raison de se rebeller contre le roi Nébucadnetsar. Pourquoi ? N’oublions pas que tout en donnant cette prophétie, Jérémie annonçait en même temps aux Juifs déjà emmenés en captivité à Babylone qu’ils ne seraient pas ramenés dans leur pays avant l’expiration d’une période de soixante-dix ans. Il conseillait aussi à Sédécias de garder son cou sous le joug de Babylone, dans son propre intérêt et dans celui du peuple. — Jérémie 29:1-10 ; 27:12-15.
2. Quel autre prophète Jéhovah suscita-t-il, et qu’annonça-t-il ?
2 À la même époque, Jéhovah suscita un autre prophète et le chargea d’annoncer la destruction de Jérusalem par le roi de Babylone et aussi l’œuvre de jugement que ce conquérant exécuterait sur d’autres nations, dont l’Égypte, sur qui comptait Sédécias. Ce prophète fut choisi parmi les Juifs captifs en Babylonie. On lit à ce sujet : “Le cinquième jour du mois [le quatrième mois], — c’était la cinquième année de la captivité du roi Joachin, — la parole de Jéhovah fut adressée à Ézéchiel, fils de Buzi, prêtre, dans le pays des Chaldéens, près du fleuve Chobar [Sg : Kébar], et là, la main de Jéhovah fut sur lui.” — Ézéchiel 1:1-3, AC.
3. Où et pendant combien de temps Ézéchiel prophétisa-t-il ?
3 En 613 av. notre ère, Ézéchiel devint, à l’âge de trente ans, non un prêtre rattaché au temple de Jéhovah, mais l’un des grands prophètes de Jéhovah. Il se trouvait à Tel-Abib, sur les rives du Kébar, grand canal que Nébucadnetsar avait creusé pour relier l’Euphrate au Tigre, dans l’intérêt du développement commercial et économique de la Babylonie. Ézéchiel prophétisa en Babylonie pendant vingt-deux ans, c’est-à-dire jusqu’en 591 av. notre ère. — Ézéchiel 3:15 ; 29:17, 18, AC.
4. Citez deux cas d’idolâtrie qu’Ézéchiel vit dans le temple de Jérusalem, et expliquez comment cela lui fut révélé.
4 Ézéchiel, prêtre exilé, ne pouvait voir de ses yeux ce qui se passait dans le temple de Jéhovah à Jérusalem, mais ces choses lui furent révélées par une vision divinement inspirée. Il la reçut pendant la deuxième année de son ministère comme prophète, soit dans la sixième année du règne de Sédécias (Ézéchiel 8:1-4). Dans cette vision, il fut transporté à l’entrée de la porte intérieure du temple, du côté du nord. Là il vit une idole abominable, l’“idole [NW : le symbole] de jalousie” dressée contrairement au deuxième des Dix Commandements prescrivant de vouer à Jéhovah Dieu un attachement exclusif (Exode 20:4-6, NW). Toujours dans sa vision, Ézéchiel perça un trou dans la muraille du temple et vit gravées sur les murs “toutes sortes de figures de reptiles et d’animaux immondes, et toutes les idoles de la maison d’Israël” sur tout le pourtour du mur. Pis encore, soixante-dix anciens de la maison d’Israël offraient de l’encens à ces représentations idolâtriques. Ils se figuraient que Jéhovah ne les voyait pas. — Ézéchiel 8:3-12, CT.
5. Quelle fut la troisième abomination qu’Ézéchiel vit dans le temple ?
5 Jéhovah allait cependant montrer à Ézéchiel d’autres abominations qui se commettaient dans le temple auquel il avait rattaché son nom. “Et il me conduisit, écrit Ézéchiel, à l’entrée de la porte de la maison de Jéhovah qui regarde le septentrion, et les femmes étaient assises, pleurant le dieu Thammuz [Tammouz].” (Ézéchiel 8:13, 14, AC). La version catholique de l’abbé Glaire traduit le nom de ce dieu “Adonis”, car c’est ainsi que le rend la Vulgate latine, version officielle de l’Église catholique. Qu’était ce dieu ?
6, 7. Sous quel nom Tammouz apparaît-il, et à quels mythes et rites son culte est-il associé ?
6 Adonis, nom sous lequel cette divinité était connue chez les Grecs, n’est autre que l’Adôn אדון des Phéniciens, qui s’écrit de la même façon en hébreu. (...)
7 1) Le nom d’une divinité phénicienne, l’Adonis des Grecs. Tammouz était à l’origine un dieu-soleil sumérien ou babylonien appelé Doumouzi, amant d’Ishtar, laquelle correspond à l’Aphrodite [Vénus] des Grecs. Le culte de ces divinités fut introduit en Syrie dès les premiers temps, sous les noms de Tammouz et d’Astarté, et il apparaît chez les Grecs dans le mythe d’Adonis et d’Aphrodite, qu’on identifie à l’Osiris et à l’Isis du panthéon égyptien, preuve de la grande extension de ce culte. Le mythe babylonien représente Doumouzi ou Tammouz comme un beau berger qui est tué par un sanglier, symbole de l’hiver. Ishtar le pleura longtemps et descendit dans l’empire souterrain pour le délivrer de l’étreinte de la mort. (...) En Babylonie, les femmes célébraient le deuil de Tammouz le deuxième jour du quatrième mois, que l’on finit par appeler mois de tammouz. (...) Les femmes de Guébal [Syrie] se rendaient au temple vers le milieu de l’été pour célébrer la mort d’Adonis ou Tammouz ; à l’occasion de cette fête, des rites licencieux prirent naissance et ce culte devint si infâme qu’il fut interdit par Constantin le Grand. — ISBE, tome V, page 2908a.
8-10. a) D’après l’Encyclopédie américaine, quelle est la signification du nom Doumouzi ? b) Quels renseignements sur Tammouz trouvons-nous dans Les deux Babylones ?
8 D’après l’Encyclopédie américaine (éd. de 1929, tome XXVI, page 238), le nom sumérien Doumouzi signifie “le soleil de la vie”. Cependant, dans son livre Les deux Babylones, Hislop déclare à la page 372 :
9 Le nom de Tammuz, donné à Osiris ou Nemrod, était équivalent à Alorus, dieu du feu, et paraît lui avoir été donné comme à celui qui purifie par le feu. Tammuz vient de tam, rendre parfait, et muz, feu : il signifie : le feu qui rend parfait. C’est à ce sens aussi bien qu’au caractère de Nemrod, père des dieux, que fait allusion ce passage de Zoroastre : “Toutes choses sont le produit d’un seul feu. Le père a tout accompli, et a tout livré au second esprit que toutes les nations appellent le premier.” (...) De là, sans doute, la nécessité du feu du Purgatoire pour rendre les hommes parfaits et pour les débarrasser de tous les péchés qu’ils ont emportés avec eux dans le monde invisible.
10 Toujours à propos de Tammouz, Hislop écrit à la page 32 du même ouvrage :
Dans l’Écriture il est désigné sous le nom de Tammuz (Ézéch. VIII, 14) mais les écrivains classiques l’appellent d’ordinaire du nom de Bacchus. C’est-à-dire “le Regretté”. Le nom de Bacchus ne rappelle au lecteur ordinaire qu’une idée de débauches et d’ivrognerie, mais on sait aujourd’hui que dans toutes les abominations qui accompagnaient ses orgies, on poursuivait ouvertement ce grand but : la purification des âmes, c’est-à-dire leur délivrance du péché et de ses souillures. Le dieu Regretté qu’on exposait et qu’on adorait sous la forme d’un petit enfant dans les bras de sa mère (...).
11. Pourquoi Tammouz aurait-il dû être une abomination pour les Juifs ?
11 Les Juifs avaient en abomination les porcs, y compris les sangliers ; en revanche, ce furent là “les animaux du dieu Tammouz”. Les Babyloniens ne mangeaient pas de porc le trentième jour du cinquième mois, car ce jour-là était voué à cet animal. — Voir The Monuments and the Old Testament de Price-Sellers-Carlson, page 200.
12, 13. Expliquez l’origine babylonienne du culte de la croix et comment celui-ci se répandit ailleurs.
12 Chez les Babyloniens, la croix verticale était un symbole sacré. Comme dans l’alphabet hébreu, leur lettre T (où Taw) avait à l’origine cette forme, et c’était la première lettre du nom de leur dieu Tammouz ou Bacchus. La croix était adorée des siècles avant le début de l’ère dite chrétienne. Que ce culte se répandît à partir de Babylone, c’est ce qui ressort des faits énoncés dans l’ouvrage de l’archéologue V. Gordon Childe (New Light on the Most Ancient East, éd. de 1953, ch IX “Civilisation indienne au IIIe millénaire av. J.-C.”, pages 184, 185). On y lit.
13 Un ‘sceau’ de Mohenjo-Daro représente une divinité cornue à trois visages, assise les jambes croisées, dans l’attitude de la méditation rituelle, au milieu de divers animaux sauvages ; il s’agit sans aucun doute du prototype de Çiva, dieu ‘à trois visages’, ‘seigneur des bêtes’, ‘prince des yogi’ (...). Plusieurs tablettes d’argile représentent une divinité mâle. L’une d’elles montre un fleuve jaillissant du sein d’une déesse. Sur d’autres, des esprits-arbres sont clairement indiqués. Faisant contraste avec ces thèmes courants dans l’iconographie hindoue, on trouve des motifs qui évoquent la Babylonie : un groupe antithétique composé d’‘un héros domptant des tigres’ et d’un monstre mi-humain, ressemblant à l’Enkidou des Sumériens, qui lutte avec un taureau ou un tigre. Le svastika et la croix, qui apparaissent souvent sur les sceaux et les plaques, étaient des symboles religieux ou magiques comme en Babylonie et en Élam dans les premiers temps de la préhistoire, mais ils conservent encore ce caractère dans l’Inde moderne comme ailleurs.
14, 15. a) Quels faits relatés dans Les deux Babylones prouvent que la chrétienté a emprunté la croix à Babylone ? b) (note en bas de page) Quelle autre citation indique que l’emploi de la croix dans la pratique du culte est d’origine païenne ?
14 Au sujet de la croix, Hislop déclare dans Les deux Babylones (pages 301, 302, 309) :
15 Elle était adorée au Mexique longtemps avant que les catholiques romains n’y eussent pénétré ; on y élevait de grandes croix de pierre, sans doute au dieu de la pluie. La croix ainsi adorée par beaucoup de nations ou regardée comme un emblème sacré était le symbole indubitable de Bacchus, le Messie babylonien, car il était représenté ayant sur la tête un bandeau couvert de croix. Ce symbole du dieu babylonien est aujourd’hui en honneur dans toutes les immenses landes de la Tartarie [pays d’Asie et d’Europe occupés jadis par les Tatars], où domine le bouddhisme, et la manière dont on l’y représente fournit un commentaire frappant du langage dont Rome se sert pour désigner la croix. Bien que la croix, dit le colonel Wilford, dans les Recherches asiatiques, ne soit pas un objet de culte chez les bouddhas ou bouddhistes, c’est leur devise et leur emblème favoris. (...) [Dans la chrétienté] le Tau, signe de la croix, le signe incontestable de Tammuz, le faux Messie, lui fut partout substitué [c’est-à-dire à la lettre grecque Khi ou Χ, comme dans Khristos]a.
16, 17. Comment adorait-on directement et indirectement le soleil dans le temple de Jéhovah, profanant ainsi ce dernier ?
16 Sans doute la croix était-elle un symbole sacré pour les femmes juives apostates qui, dans la vision d’Ézéchiel, étaient assises dans le temple et profanaient celui-ci en pleurant le Bacchus babylonienb, le dieu Tammouz. En fait, ces femmes pleuraient la mort du puissant chasseur Nimrod, fondateur de Babylone, qui mourut vraisemblablement de mort violente à cause de ses actes de violence à l’égard des hommes et des animaux (Genèse 10:8-10 ; 9:6). Mais tandis que ces Juives adoraient indirectement le dieu-soleil, à la manière des femmes babyloniennes, le prophète Ézéchiel vit des hommes qui adoraient directement le soleil dans le temple de Salomon à Jérusalem. Ézéchiel explique ce qu’il vit en ces termes :
17 “Il me conduisit alors dans le parvis intérieur de la maison de Jéhovah, et à l’entrée de la maison de Jéhovah, entre le portique et l’autel, il y avait vingt-cinq hommes, le dos tourné au temple de Jéhovah, et le visage vers l’orient, et ils se prosternaient à l’orient devant le soleil.” — Ézéchiel 8:16, AC.
18. Quels ordres Ézéchiel entendit-il, et quelles étaient les raisons de ces exécutions ?
18 Non contents de pratiquer ce faux culte abominable dans le temple de Jéhovah, les Juifs apostats avaient rempli de violence le pays de Juda. Il n’est donc pas surprenant qu’Ézéchiel ait entendu résonner l’appel de Jéhovah ordonnant aux exécuteurs de ses jugements de se présenter, chacun ayant en main son instrument pour frapper, et de se réunir près de l’autel dans la cour intérieure du temple. Puis Jéhovah leur donna l’ordre de passer par le milieu de la Jérusalem infidèle et de tuer quiconque ne portait pas la marque d’un adorateur de Jéhovah. “Tuez, détruisez les vieillards, les jeunes hommes, les vierges, les enfants et les femmes ; mais n’approchez pas de quiconque aura sur lui la marque ; et commencez par mon sanctuaire.”
19. Quelle œuvre d’exécution Ézéchiel vit-il alors dans sa vision, et de quoi était-elle une représentation anticipée ?
19 Dans la vision d’Ézéchiel, les exécuteurs du jugement de Jéhovah commencèrent par tuer les vingt-cinq adorateurs du soleil qui se tenaient près du portique du temple. La cour du temple fut souillée par le sang de ces hommes, ainsi que par celui des soixante-dix anciens qui rendaient un culte aux gravures idolâtriques ornant les murs, et par le sang des femmes qui étaient assises, pleurant le dieu Tammouz avec ses croix (Ézéchiel 8:17 à 9:8). Cette vision d’Ézéchiel n’était qu’une représentation anticipée des malheurs qui allaient s’abattre sur Jérusalem quand Jéhovah lui ferait boire la coupe du vin de sa colère servie par sa main, au moyen de son serviteur et exécuteur de son jugement, le roi Nébucadnetsar et ses armées. — Jérémie 25:9, 15-18.
LA DESTRUCTION DE JÉRUSALEM APPROCHE
20. Quelle dernière occasion de retourner à la loi de Jéhovah s’offrit à Sédécias en l’an 609, et la saisit-il ?
20 Trois ans après qu’Ézéchiel eut reçu cette vision prophétique, soit en 609 av. notre ère, la neuvième année du règne de Sédécias, les événements prirent une tournure qui devait conduire Jérusalem directement à sa destruction. Cette neuvième année était une année sabbatique. Le pays de Juda devait rester inculte et jouir ainsi de son sabbat de repos, conformément à la loi de Jéhovah consignée dans Lévitique 25:1-7c. Étant donné que ce sabbat de la terre commençait le même jour que l’année jubilaire, c’est-à-dire le jour des Propitiations, qui tombait le dixième jour du septième mois lunaire, l’année sabbatique en question devait durer jusqu’au 9 tisri de la neuvième année du règne de Sédécias (Lévitique 25:8-10). Or la Bible ne déclare nulle part que le roi Sédécias et les prêtres aient ordonné l’observation de cette année sabbatique (ou repos des champs). Ce sabbat offrait à Sédécias sa dernière occasion d’accorder son droit au pays que Dieu avait donné à son peuple. La terre commençait déjà à crier vers Jéhovah Dieu pour réclamer le repos auquel la législation divine lui donnait droit. Jéhovah entendit ce cri et ne tarda pas à répondre à cet appel, comme jadis il l’avait promis. — Lévitique 26:2, 31-35.
21. Quelle erreur catastrophique Sédécias commit-il cette année-là ?
21 En cette neuvième année de son règne, qui comprenait une partie d’une année sabbatique, Sédécias viola le serment qu’il avait fait au roi de Babylone au nom de Jéhovah.d Il agit contrairement au nom que le roi Nébucadnetsar lui avait donné, puisque Sédécias signifie “justice de Jéhovah”. Il se rebella. “Cela arriva à cause de la colère de Jéhovah contre Jérusalem et Juda, jusqu’à ce qu’il les eût rejetés de devant sa face, et Sédécias se révolta contre le roi de Babylone.” (Jérémie 52:3, AC). Jéhovah Dieu informa de cet état de choses son prophète Ézéchiel, exilé loin de là, en Babylonie. Il déclara : “Mais il [Sédécias] s’est révolté contre lui, envoyant ses messagers en Égypte pour qu’on lui donnât des chevaux et beaucoup d’hommes. Réussira-t-il ? Celui qui fait de telles choses échappera-t-il ?” Dieu répondit lui-même à ces questions, en ces termes :
22, 23. D’après Ézéchiel 17:15-21, quels derniers malheurs allaient maintenant s’abattre sur Sédécias et son peuple ?
22 “Il a rompu l’alliance, et il échapperait ! Je suis vivant, dit le Seigneur, Jéhovah : C’est dans la ville du roi qui l’a fait régner, envers qui il a violé le serment et dont il a rompu l’alliance, c’est chez lui, dans Babylone, qu’il mourra. Et le pharaon [d’Égypte] n’agira pas pour lui, dans la guerre, avec une grande armée et un peuple nombreux, quand on élèvera des terrasses et qu’on construira des tours pour faire périr beaucoup d’hommes ! Il a méprisé le serment en rompant l’alliance, et pourtant il avait donné sa main ; il a fait tout cela, il n’échappera pas.
23 “C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, Jéhovah : Je suis vivant : c’est mon serment qu’il a méprisé, et mon alliance qu’il a rompue ; je ferai retomber cela sur sa tête. J’étendrai sur lui mon rets, et il sera pris dans mon filet ; je le ferai venir à Babylone, et là je le mettrai en cause pour sa perfidie envers moi. Tous les fuyards de toutes ses troupes tomberont par l’épée, et ceux qui resteront seront dispersés à tout vent ; et vous saurez que moi, Jéhovah, j’ai parlé.” — Ézéchiel 17:15-21, AC.
24. a) À quelles pratiques de la divination babylonienne Nébucadnetsar eut-il recours pendant sa marche vers Jérusalem, et pourquoi ? b) Pourquoi Jéhovah ne permit-il pas à cette divination de contrarier sa volonté suprême ?
24 La neuvième année du règne de Sédécias, le roi Nébucadnetsar fit marcher ses armées en direction du sud, vers le pays rebelle. Il arriva à une bifurcation ; un chemin conduisait à la ville ammonite de Rabbath et l’autre menait à la cité rebelle de Jérusalem. Superstitieux, Nébucadnetsar s’arrêta pour déterminer quelle route il devait prendre. Irait-il directement vers Jérusalem, ou se détournerait-il pour aller contre Rabbath ? Désirant se laisser guider par des forces suprahumaines, il eut recours à la divination babylonienne. “Il secoue les flèches, il interroge les théraphim, il examine le foie [d’une victime animale]. Le sort, qui est dans sa droite, désigne Jérusalem.” Le sort divinatoire indiqua qu’il fallait tourner à droite, aussi Nébucadnetsar délaissa la route de gauche ou de l’est et s’engagea dans la voie de droite, menant à Jérusalem. Jéhovah, le Dieu tout-puissant, ne permit pas à la divination babylonienne de contrarier sa volonté suprême. L’épée judiciaire de la guerre devait être dirigée contre la ville souillée et infidèle, et contre son roi parjure. Jérusalem devait être la première à boire la coupe du vin de la colère divine servie par la main du Dieu qu’elle avait rejeté. — Ézéchiel 21:19-29 21:14-24, NW.
25. Par la bouche d’Ézéchiel, quel jugement Jéhovah prononça-t-il alors contre Sédécias ?
25 Jéhovah en informa par inspiration son prophète Ézéchiel en Babylonie et lui fit écrire ces paroles à l’adresse de Sédécias : “Et toi, profane, méchant, prince d’Israël, dont le jour est venu au moment où l’iniquité est à son terme, ainsi parle le Seigneur Yahweh : Ôte la tiare, enlève la couronne. Les choses vont changer. Ce qui est bas sera élevé et ce qui est élevé sera abaissé. J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine. Malheur à elle ! Elle restera ainsi jusqu’à ce que vienne celui à qui en appartient le droit et à qui je l’accorderai.” — Ézéchiel 21:30-32, Li 21:25-27, NW.
26. Que signifiait pour Sédécias et le royaume de Juda l’exécution de ce jugement ? Ce faisant, Jéhovah écartait-il le sceptre de Juda et annulait-il son alliance avec David ?
26 Par ces paroles de jugement, Jéhovah annonçait que Sédécias ne pourrait plus s’asseoir sur le “trône de Jéhovah” à Jérusalem. L’exercice des pouvoirs royaux par la maison de David cesserait dans cette ville. Jusque-là, le royaume de Juda avait été élevé, en ce sens qu’il était une petite représentation de la royauté de Dieu sur la terre. Il avait été comme une barrière sur la route des souverains gentils dans leur marche vers la domination mondiale. À présent, le royaume de Juda allait être abaissé. Les puissances gentiles, qui avaient été traitées comme “ce qui est bas” et au-dessous du royaume typique de Dieu, allaient être élevées. Les hommes allaient connaître les temps des Gentils, où ceux-ci exerceraient leur domination sur toute la terre, sans aucune intervention d’un petit royaume de Jéhovah Dieu. Cela ne voulait pas dire cependant que le sceptre s’écartait de la tribu de Juda, ou que Jéhovah annulait l’alliance qu’il avait conclue avec le roi David pour un royaume éternel.
27. Malgré la ruine de la royauté davidique à Jérusalem, comment Jéhovah préserverait-il son alliance avec David pour un royaume éternel ?
27 Pour nous en donner l’assurance, Jéhovah déclara que son alliance avec David resterait en vigueur, quand bien même la royauté davidique exercée à Jérusalem deviendrait une ruine. Pendant un certain temps, le droit à cette royauté ne serait pas exercé ; néanmoins, ce droit demeurerait dans la tribu de Juda, dans la famille royale de David, en attendant la venue de celui à qui en appartiendrait le droit parce qu’il se serait montré digne de l’exercer. À celui-là Jéhovah l’accorderait sans faute. Il s’agirait du Schilo promis, dont le nom signifie “Celui à qui il est”, et à lui appartiendrait l’obéissance du peuple qui craint Dieu. Dès que Celui-là recevrait le droit au Royaume et l’exercerait, les temps des Gentils, c’est-à-dire les temps où ils domineraient le monde, seraient arrivés à leur terme. — Genèse 49:10, Da.
28. Comment Ézéchiel fut-il informé immédiatement de la tournure que prenaient les événements à Jérusalem ?
28 Par des moyens supérieurs à la transmission internationale d’une émission de radio ou de télévision, le prophète Ézéchiel en Babylonie fut informé des mouvements du roi Nébucadnetsar, l’exécuteur des jugements de Jéhovah. Le jour même où Nébucadnetsar arriva devant la ville de Jérusalem et y commença ses opérations militaires, Ézéchiel en fut averti. “La parole de Jéhovah me fut adressée la neuvième année, au dixième mois, le dix du mois, en ces termes : Fils de l’homme, mets par écrit la date de ce jour, de ce propre jour-ci ; le roi de Babylone s’est jeté sur Jérusalem en ce jour même. Propose une parabole à la maison rebelle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur, Jéhovah : (...) Malheur à la ville de sang !” — Ézéchiel 24:1-6, AC.
29. Comment le siège de Jérusalem incita-t-il Sédécias et ses princes à rechercher la faveur de Jéhovah ?
29 Vers la fin de la neuvième année de son règne, année qui avait été partiellement sabbatique, Sédécias et ses princes se trouvaient donc assiégés à Jérusalem, ce qui les poussa à la réflexion. Du coup, ils jugèrent bon de se concilier la faveur de Jéhovah en accomplissant un geste conformément à la loi divine. Bien que ce ne fût pas le Jubilé (ou année de libération), ils contractèrent avec le peuple une alliance scellée par une victime sacrificielle ; ils proclamèrent la liberté et renvoyèrent libres leurs serviteurs hébreux. Ils firent cela en s’inspirant de la loi selon laquelle les serviteurs hébreux qui avaient servi six années devaient être affranchis la septième année (Deutéronome 15:12-18). Mais cette générosité de la part de Sédécias ne devait pas durer longtemps.
30. Quels événements prouvent qu’ils n’étaient pas revenus à Jéhovah avec sincérité et pour toujours ?
30 La nouvelle parvint à Jérusalem qu’une armée égyptienne montait contre les Babyloniens, afin de secourir la ville assiégée. Devant cette menace, Nébucadnetsar leva momentanément le siège et mit ses troupes en marche à la rencontre des Égyptiens. Quel soulagement pour Jérusalem et pour ses chefs ! Pensant que les Babyloniens seraient vaincus et mis hors d’état d’assiéger à nouveau Jérusalem, les chefs de cette ville reprirent confiance. Cédant à leur avarice, ils changèrent d’attitude à l’égard de Dieu et des serviteurs hébreux qu’ils avaient émancipés. Rompant l’alliance d’affranchissement, ils réduisirent de nouveau ces gens à la servitudee. Cela souleva l’indignation de Jéhovah Dieu. Par la bouche de Jérémie, il déclara :
31, 32. a) À cause de leur manque de sincérité, quel message d’indignation et de jugement Jéhovah prononça-t-il par la bouche de Jérémie ? b) Comment Jéhovah allait-il faire exécuter ce jugement ?
31 “Vous ne m’avez point obéi en publiant la liberté chacun pour son frère, chacun pour son prochain ; voici que je publie pour vous la liberté d’aller à l’épée, à la peste et à la famine, et je vous livrerai pour être maltraités parmi tous les royaumes de la terre. Et les hommes qui ont transgressé mon alliance, qui n’ont point exécuté les termes de l’accord qu’ils ont fait en ma présence, je les rendrai tels que le jeune taureau qu’ils ont coupé en deux pour passer entre les deux moitiés, les chefs de Juda et les chefs de Jérusalem, officiers de la cour et prêtres, et tous les gens du pays qui ont passé entre les moitiés du jeune taureau. Je les livrerai entre les mains de leurs ennemis et entre les mains de ceux qui en veulent à leur vie, et leurs cadavres seront la pâture des oiseaux du ciel et des bêtes de la terre. Et Sédécias, roi de Juda, et les principaux de sa cour, je les livrerai aux mains de leurs ennemis, aux mains de ceux qui en veulent à leur vie, aux mains de l’armée de Babylone qui s’est éloignée de vous.” Comment cette parole s’accomplirait-elle ? Jéhovah ajouta cette précision :
32 “Je vais leur donner mes ordres, dit Jéhovah, et les ramener contre cette ville ; ils combattront contre elle, ils la prendront et la brûleront, et je ferai des villes de Juda un désert sans habitants.” — Jérémie 34:8-22, AC.
JÉRÉMIE EST ARRÊTÉ
33, 34. Pendant le retrait temporaire des armées de Nébucadnetsar, comment les espoirs de Sédécias furent-ils brisés ?
33 Pendant quelque temps le prophète Jérémie était libre d’aller et de venir parmi le peuple. Le roi Sédécias avait même envoyé auprès de lui deux représentants pour lui demander de prier Jéhovah, afin de le faire revenir sur sa décision annoncée. La réponse de Jéhovah fut donnée pendant que les armées babyloniennes étaient occupées à repousser les Égyptiens. Nous lisons à ce sujet : “Or l’armée de Pharaon [Apriès ou Hophra] était sortie d’Égypte, et les Chaldéens qui assiégeaient Jérusalem, en ayant reçu la nouvelle, levèrent le siège de Jérusalem. Alors la parole de Jéhovah fut adressée à Jérémie.” Le nouveau message, inchangé, brisa les espoirs du roi Sédécias.
34 “Vous direz au roi de Juda [Sédécias] qui vous a envoyés pour m’interroger : L’armée de Pharaon qui est sortie pour vous secourir va retourner au pays d’Égypte ; et les Chaldéens reviendront combattre contre cette ville ; ils la prendront et la brûleront. Ainsi parle Jéhovah : Ne vous faites pas illusion en disant : Les Chaldéens s’en iront tout à fait de notre pays ; car ils ne s’en iront pas. Et même quand vous auriez battu toute l’armée des Chaldéens qui combattent contre vous, et qu’il ne resterait d’eux que des blessés, ils se relèveraient chacun de sa tente et brûleraient cette ville.” — Jérémie 37:3-9, AC 37:3-10, NW ; 44:30.
35, 36. Comment la tentative de Jérémie pour quitter Jérusalem fut-elle mal interprétée, et quelle en fut la conséquence pour le prophète ?
35 Profitant de la levée du siège de Jérusalem et du retrait des forces babyloniennes, Jérémie essaya de quitter la capitale, vraisemblablement pour se rendre dans sa ville natale d’Anathoth, située à huit kilomètres au nord-est de Jérusalem, dans le territoire de Benjamin.
36 L’officier chargé de garder la porte septentrionale de la ville, appelée porte de Benjamin, arrêta Jérémie, en lui disant : “Tu passes aux Chaldéens.” Jérémie le nia. “C’est faux ! dit-il, je ne passe pas aux Chaldéens !” Croyant que Jérémie essayait de faire ce qu’il avait lui-même conseillé au peuple de Jérusalem, les princes le battirent, le mirent dans les fers et le jetèrent dans une maison de Jérusalem transformée en prison. “Ainsi Jérémie fut mis dans un souterrain voûté. Et il y resta longtemps.”
37. Après avoir vaincu les Égyptiens, que firent les Babyloniens, et pour quelle raison ?
37 Pendant son incarcération, les Babyloniens rencontrèrent les armées égyptiennes et leur infligèrent un tel coup qu’elles durent rentrer en Égypte. Cependant, ils ne les poursuivirent pas jusqu’en Égypte, car l’heure n’était pas encore arrivée où l’Égypte devait boire la coupe du vin de la colère divine, coupe que Jérémie avait prophétiquement portée aux lèvres du pharaon d’Égypte. Jérusalem devait d’abord la boire, aussi les Babyloniens rebroussèrent-ils chemin, afin de recommencer le siège de Jérusalem. — Ézéchiel 30:20, 21.
38. Malgré son incarcération, comment Jérémie répondit-il à la nouvelle question posée par Sédécias ?
38 Interrogé par le roi Sédécias, Jérémie l’informa que la parole de Jéhovah demeurait inchangée. “Entre les mains du roi de Babylone tu seras livré !” Puis, après avoir demandé quel péché il avait commis pour motiver sa détention, Jérémie demanda au roi : “Où donc sont vos prophètes qui vous annonçaient : ‘Il ne viendra pas contre vous le roi de Babylone, ni contre ce pays’ ?” À la demande de Jérémie, le roi Sédécias fit transférer le prophète dans la cour du corps de garde. “Et on lui remit chaque jour une galette de pain, venant de la rue des boulangers, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de pain dans la ville. Ainsi Jérémie resta dans la cour de garde.” — Jérémie 37:11-21, Jé.
39. Que reprocha-t-on ensuite à Jérémie, et quel nouveau châtiment lui fut infligé ?
39 Il semble que là, bien que sous bonne garde, Jérémie eut la possibilité de parler au peuple, de lui annoncer que Jérusalem allait tomber inéluctablement et de lui conseiller de sortir de la ville pour se rendre aux Chaldéens, afin d’avoir la vie sauve. Les princes portèrent plainte contre Jérémie, l’accusant de saper le moral des assiégés. Pusillanime, le roi Sédécias le livra entre leurs mains. “Alors ils prirent Jérémie, et le jetèrent dans la citerne de Malkija, fils du roi, laquelle se trouvait dans la cour de la prison [CT : la cour du corps de garde] ; ils descendirent Jérémie avec des cordes. Il n’y avait point d’eau dans la citerne, mais il y avait de la boue ; et Jérémie enfonça dans la boue.” Là, pensaient les princes, il lui sera impossible de prêcher !
40. Comment fit-on preuve d’égards envers Jérémie ?
40 Nous ignorons combien d’heures Jérémie resta dans ce trou de la mort ; toujours est-il qu’au bout d’un certain temps il leva les yeux et vit là, au-dessus du mur de la citerne, le visage d’un homme qui le regardait. C’était l’Éthiopien Ébed-Mélec, l’un des eunuques du roi. Ayant appris dans quelle situation désespérée se trouvait Jérémie, il s’était adressé au roi en ces termes : “Ô roi, mon seigneur, ces hommes ont mal agi en traitant de la sorte Jérémie, le prophète, en le jetant dans la citerne ; il mourra de faim là où il est, car il n’y a plus de pain dans la ville.” Sur l’ordre du roi, Ébed-Mélec prit trente hommes et le matériel nécessaire pour sauver Jérémie. Avec des cordes, il descendit dans la citerne des chiffons déchirés et des bouts de tissus usés, en disant à Jérémie : “Mets ces lambeaux usés et ces haillons sous tes aisselles, sous les cordes.” Jérémie fit ainsi, et ils le sortirent de la citerne. “Jérémie resta dans la cour de la prison [CT : la cour du corps de garde].” — Jérémie 38:1-13.
41. Quelles paroles réconfortantes Jéhovah adressa-t-il à Ébed-Mélec, à cause de sa bonté envers Jérémie ?
41 Par la bouche de Jérémie, Jéhovah adressa cette parole de bénédiction au sauveteur Ébed-Mélec : “Je vais exécuter mes paroles sur cette ville, pour le mal, et non pour le bien, et ces choses seront aujourd’hui sous tes yeux. Mais je te délivrerai en ce jour, dit Jéhovah, et tu ne seras pas livré aux mains des hommes que tu crains. Je te ferai sûrement échapper, et tu ne tomberas pas sous l’épée ; tu auras ta vie pour butin, parce que tu t’es confié en moi, dit Jéhovah.” (Jérémie 39:15-18, AC). Quel réconfort pour Ébed-Mélec !
42. Comment la crainte de l’homme fit-elle tomber Sédécias dans un piège meurtrier ?
42 Le roi Sédécias avait cependant toujours l’occasion de se rendre aux Babyloniens et ainsi de sauver la vie des membres de sa maison et d’éviter que Jérusalem ne fût rasée par le feu. Malgré toutes les assurances que Jérémie lui donna à cet effet lors d’une entrevue secrète qu’il eut avec lui dans la troisième entrée du temple de Jéhovah, le roi Sédécias ne parvint pas à surmonter sa crainte de voir ceux qui n’approuveraient pas sa reddition user de représailles à son endroit. Il préféra ne pas suivre cette voie et supporter les conséquences que Jérémie lui avait exposées. Manifestant encore sa crainte, le roi ordonna à Jérémie de ne pas dévoiler aux princes soupçonneux le sujet véritable de leur entretien secret. Ainsi, la crainte de l’homme fit tomber le roi dans un piège meurtrier ! — Jérémie 38:14-28.
PREMIÈRE DESTRUCTION DE JÉRUSALEM
43. Quels péchés du roi et du peuple rendaient inévitable la chute de Jérusalem ?
43 Loin de là, en Babylonie, le prophète Ézéchiel attendait la nouvelle de la destruction de Jérusalem et de son sanctuaire, le temple (Ézéchiel 24:15-27). Quant au prophète Jérémie, il attendait cette catastrophe à l’intérieur de Jérusalem, dans la cour du corps de garde, où le roi Sédécias l’avait renvoyé. Quelle occasion le roi n’avait-il pas laissé échapper là ! “Il ne s’humilia point devant Jérémie, le prophète, qui lui parlait de la part de Jéhovah. Il se révolta même contre le roi Nabuchodonosor, qui l’avait fait jurer par le nom de Dieu ; il raidit son cou et endurcit son cœur, pour ne pas retourner à Jéhovah, le Dieu d’Israël. Tous les chefs des prêtres et le peuple multiplièrent aussi les transgressions, imitant toutes les abominations des nations, et ils profanèrent la maison de Jéhovah, qu’il avait sanctifiée.” — II Chroniques 36:11-14, AC.
44. Depuis combien de temps le siège durait-il, et quelles conditions régnaient dans la ville ?
44 Le siège de Jérusalem durait déjà depuis plus de 520 jours, soit plus de dix-sept mois lunaires, à compter du dixième jour du dixième mois de la neuvième année du règne de Sédécias, et c’était maintenant le quatrième mois de la onzième année de son règne. Une sévère famine sévissait dans la ville ; le peuple n’avait plus de pain (II Rois 25:1-3). Des mères mangeaient leurs propres enfants (Lamentations 2:19, 20). Mais que devenait le prophète Jérémie dans sa prison ?
45. Quand la résistance de la ville se brisa, quelle tentative d’évasion Sédécias fit-il, et avec quel résultat ?
45 Vint le neuvième jour de ce quatrième mois (tammouz). Enfin, les Babyloniens virent leurs efforts couronnés de succès ! Ils réussirent à ouvrir une brèche dans la puissante muraille de Jérusalem ! “Tous les chefs du roi de Babylone s’avancèrent, et occupèrent la porte du milieu.” Pour le roi Sédécias, il n’était désormais plus question de se rendre ! De nuit, lui et ses guerriers sortirent de Jérusalem par le chemin du jardin du roi, par la porte entre les deux murs, et s’enfuirent en direction du nord-est, vers Jéricho, près du Jourdain. Mais en vain ! “L’armée des Chaldéens les poursuivit, et atteignit Sédécias dans les plaines de Jéricho. Ils le prirent, et le firent monter vers Nébucadnetsar, roi de Babylone, à Ribla, dans le pays de Hamath ; et il prononça contre lui une sentence. Le roi de Babylone fit égorger à Ribla les fils de Sédécias en sa présence ; le roi de Babylone fit aussi égorger tous les grands de Juda. Puis il fit crever les yeux à Sédécias, et le fit lier avec des chaînes d’airain, pour l’emmener à Babylone.” — Jérémie 39:2-7.
46. Comment la prophétie d’Ézéchiel s’accomplit-elle sur Sédécias ?
46 Exactement comme Ézéchiel l’avait prédit, Sédécias fut emmené captif à Babylone, où il mourut, mais il ne vit jamais cette ville de ses yeux. — Ézéchiel 12:12, 13.
47. Quelle fut pour Jérémie la conséquence de la chute de Jérusalem ?
47 En ce qui concerne Jérémie, la chute de Jérusalem apporta sa libération. Sa prédication n’était pas inconnue des Babyloniens. Aussi Nébuzar-Adan, chef des gardes du corps de Nébucadnetsar, et d’autres officiers babyloniens “envoyèrent chercher Jérémie dans la cour de la prison [CT : la cour du corps de garde], et ils le remirent à Guédalia, fils d’Achikam, fils de Schaphan, pour qu’il fût conduit dans sa maison. Et il resta au milieu du peuple”. — Jérémie 39:13, 14.
48, 49. Comment les Babyloniens agirent-ils envers Jérémie, et finalement où s’établit-il ?
48 Précisons cependant qu’ils ne remirent pas Jérémie immédiatement à Guédalia, le gouverneur que les Babyloniens établirent sur les pauvres laissés dans le pays. Jérémie se trouva mêlé aux Juifs qu’on emmenait captifs à Babylone. Il se laissa même lier de chaînes, comme ces exilés. Mais arrivé à Rama, située à neuf kilomètres environ au nord de Jérusalem, le chef des gardes du corps libéra Jérémie, et lui dit : “Jéhovah, ton Dieu, avait annoncé ces malheurs contre ce lieu, et il les a fait venir ; il a exécuté ce qu’il avait dit, parce que vous avez péché contre Jéhovah et que vous n’avez point obéi à sa voix, et ces choses vous sont arrivées. Maintenant voici que je t’ai délié aujourd’hui des chaînes que tu avais aux mains. S’il te convient de venir avec moi à Babylone, viens, et j’aurai mes yeux sur toi ; mais s’il ne te convient pas de venir avec moi à Babylone, laisse cela ; regarde, tout le pays est devant toi ; va où il te convient et où il te plaît d’aller.” — Jérémie 40:1-4, AC.
49 Jérémie semblait vouloir partager le châtiment que son peuple allait subir pour avoir péché contre Jéhovah Dieu. Devant son indécision, le chef des gardes du corps lui dit de retourner vers Guédalia, que le roi de Babylone avait établi sur les villes de Juda, et d’élire domicile là où il voulait. Puis, lui ayant donné des vivres et un présent, l’officier le congédia. Jérémie se rendit donc auprès de Guédalia, à Mitspa, à douze kilomètres au nord de Jérusalem, et il demeura là. — Jérémie 40:5, 6.
50. Que firent les Babyloniens à la ville de Jérusalem ?
50 Mais quel fut le sort de Jérusalem ? “Au cinquième mois [ab], le dixième jour du mois, — c’était la dix-neuvième année du règne de Nabuchodonosor, roi de Babylone, — Nabuzaradan [Nébuzar-Adan], capitaine des gardes, qui était ministre du roi de Babylone, vint à Jérusalem ; il brûla la maison de Jéhovah, la maison du roi et toutes les maisons de Jérusalem ; il livra au feu toutes les maisons des grands. Et toutes les troupes chaldéennes qui accompagnaient le capitaine des gardes démolirent les murailles de Jérusalem tout à l’entour.” Mais auparavant, ils pillèrent ces édifices, y compris le temple. Il y avait l’autel et les immenses colonnes de cuivre dressées dans le portique du temple. Dans la cour de celui-ci se trouvait la cuve d’eau montée sur douze taureaux de cuivre, tellement grande qu’on l’appelait la mer. Tout cela, brisé en morceaux, fournit une si grande quantité de cuivre qu’on ne put évaluer son poids.
51. Que firent-ils des ustensiles du temple? Emmenèrent-ils l’arche de l’alliance ?
51 Parmi les objets d’or et d’argent dont les Babyloniens s’emparèrent, aucune mention n’est faite de l’arche de l’alliance de Jéhovah, recouverte d’or et contenant les deux tables de pierre sur lesquelles étaient gravés les Dix Commandements (Jérémie 52:12-14, 17-23). Tous les ustensiles du temple qu’ils réussirent à trouver et le métal qu’ils purent récupérer furent emportés à Babylone.
52. Comment Nébucadnetsar accomplit-il la prophétie d’Ézéchiel 9:6-8?
52 La prêtrise infidèle du temple profané n’échappa pas au terrible jugement de Jéhovah annoncé dans la vision d’Ézéchiel (9:6-8). “Le chef des gardes prit Séraja, le souverain sacrificateur, Sophonie, le second sacrificateur, et les trois gardiens du seuil. Et dans la ville il prit un eunuque qui avait sous son commandement les gens de guerre, sept hommes qui faisaient partie des conseillers du roi et qui furent trouvés dans la ville, le secrétaire du chef de l’armée qui était chargé d’enrôler le peuple du pays, et soixante hommes du peuple du pays qui se trouvèrent dans la ville. Nébuzaradan, chef des gardes, les prit, et les conduisit vers le roi de Babylone à Ribla. Le roi de Babylone les frappa et les fit mourir à Ribla, dans le pays de Hamath. Ainsi Juda fut emmené captif loin de son pays.” Juda n’avait pas connu ce sort dix-neuf ans auparavant, pendant le règne du roi Jojakim. — Jérémie 52:24-28 ; II Rois 24:1.
53. D’après les Lamentations de Jérémie, comment les Babyloniens traitèrent-ils les Juifs et leur roi ?
53 Certains des princes juifs furent pendus par les mains, et les femmes furent violées jusque dans Sion même (Lamentations 4:2 ; 5:11, 12). Quelle chose révoltante ! Bien que le roi fût fait prisonnier et déporté à cause de son péché, à le voir traité ainsi, ceux qui respectaient la lignée royale de David avaient l’impression d’étouffer. “Le souffle de nos narines, l’oint [LXX : khristos] de Jéhovah, a été pris dans leurs fosses, lui dont nous disions : Nous vivrons sous son ombre parmi les nations.” (Lamentations 4:20, AC). Cela était particulièrement vrai, puisque le roi siégeait sur le trône de Jéhovah à Jérusalem.
54. Comment la lignée royale fut-elle préservée pendant toute la durée de la captivité à Babylone ?
54 Tous les fils de Sédécias avaient été égorgés en sa présence, et de ce fait il était laissé sans héritier. Mais providentiellement, Sédécias avait un neveu en captivité, l’ancien roi Jojakin, par qui la lignée royale pouvait se continuer. Ce Jojakin eut même des fils pendant son séjour à Babylone : Schéalthiel, Malkiram, Pédaja, Schénatsar, Jékamia, Hoschama et Nédabia. Parmi ces fils, Schéalthiel était considéré comme le père de Zorobabel, qui devint le gouverneur de Juda sous la domination perse et rebâtit le temple dans la ville de Jérusalem restaurée. — I Chroniques 3:15-19, Sg n.m. ; Esdras 3:2, 8 ; Matthieu 1:12 ; Luc 3:27.
55. Comment la lignée du sacerdoce aaronique fut-elle également préservée ?
55 Il en fut de même du grand prêtre juif Séraja (AC : Saraïas), que Nébucadnetsar avait fait mourir (II Rois 25:18-21). En effet, ce grand prêtre eut un fils nommé Jéhotsadak (AC : Josédec) qui échappa à la mort et “partit pour l’exil quand Jéhovah emmena en captivité Juda et Jérusalem par Nabuchodonosor”. (I Chroniques 6:14, 15, AC.) Naturellement, Jéhotsadak ne pouvait remplir les fonctions de grand prêtre pendant son exil à Babylone, mais il eut un fils du nom de Josué (LXX : Iêsous, Jésus), et celui-ci fut le grand prêtre qui collabora avec le gouverneur Zorobabel à la reconstruction du temple dans la Jérusalem restaurée. Ainsi la lignée aaronique des grands prêtres ne fut pas interrompue, mais elle continua jusqu’aux jours de Jésus-Christ et de ses apôtres. — Esdras 3:2 ; Néhémie 12:26 ; Aggée 1:1 ; Zacharie 3:1 ; Luc 3:1, 2.
DÉVASTATION TOTALE DU PAYS DE JUDA
56. Le pays devint-il un désert sans habitants aussitôt après la chute de Jérusalem ?
56 En 607 av. notre ère, Jérusalem était donc complètement dépeuplée. La ville et son temple profané furent brûlés jusqu’au sol et toutes les murailles furent démolies par les soldats de Nébucadnetsar, sous le commandement de son chef des gardes du corps. Cependant, nous lisons dans II Rois 25:12, 22 : “Le chef des gardes laissa comme vignerons et comme laboureurs quelques-uns des plus pauvres du pays. (...) Et Nébucadnetsar, roi de Babylone, plaça le reste du peuple, qu’il laissa dans le pays de Juda, sous le commandement de Guédalia, fils d’Achikam, fils de Schaphan.” Mais Jéhovah n’avait-il pas déclaré : “Je ferai de Jérusalem un monceau de ruines, un repaire de chacals, et je réduirai les villes de Juda en un désert sans habitants.” (Jérémie 9:11 ; 4:7 ; 6:8 ; 26:9 ; 32:43 ; 33:10, 12 ; Zacharie 7:5, 14). Cette prophétie allait-elle se réaliser ?
57. Pourquoi Jérémie était-il bien placé pour voir la réalisation complète de sa prophétie sur la dévastation de Juda ?
57 Le déroulement des événements dans le pays de Juda ne tardait pas à prouver que Jéhovah est le Dieu véridique. Cette décision touchant les pauvres laissés dans le pays fut prise au cours du cinquième mois lunaire, ab (juillet/août). S’étant rendu auprès du nouveau gouverneur Guédalia à Mitspa, le prophète Jérémie fut pris dans le tourbillon des événements. Il les observa de près pour voir quelle tournure ils allaient prendre. Il était donc bien placé pour en connaître les détails. Voici, cité de II Rois 25:23-26, un bref rapport probablement dû à la plume de Jérémie :
58, 59. Qu’arriva-t-il au gouverneur Guédalia ?
58 “Lorsque tous les chefs des troupes [de l’ancien roi Sédécias] eurent appris, eux et leurs hommes, que le roi de Babylone avait établi Guédalia pour gouverneur, ils se rendirent auprès de Guédalia à Mitspa, savoir Ismaël, fils de Néthania, Jochanan, fils de Karéach, Séraja, fils de Thanhumeth, de [la ville de] Néthopha, et Jaazania, fils du Maacathien, eux et leurs hommes. Guédalia leur jura, à eux et à leurs hommes, et leur dit : Ne craignez rien de la part des serviteurs des Chaldéens ; demeurez dans le pays, servez le roi de Babylone, et vous vous en trouverez bien.
59 “Mais au septième mois [tisri], Ismaël, fils de Néthania, fils d’Élischama, de la race royale, vint, accompagné de dix hommes, et ils frappèrent mortellement Guédalia, ainsi que les Juifs et les Chaldéens qui étaient avec lui à Mitspa. Alors tout le peuple, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et les chefs des troupes, se levèrent et s’en allèrent en Égypte, parce qu’ils avaient peur des Chaldéens.”
60. À la suite de ces événements, les hommes qui restaient écoutèrent-ils le conseil que Jéhovah leur donna par Jérémie ?
60 Avant leur départ, cependant, les assassins du gouverneur Guédalia se virent dans l’obligation d’abandonner le peuple et de s’enfuir au pays d’Ammon, à l’est du Jourdain. Les autres chefs du peuple demandèrent à Jérémie de prier Jéhovah pour savoir ce qu’ils devaient faire. Dix jours après la fuite des assassins, Jéhovah donna à Jérémie sa réponse, conseillant au peuple de rester dans le pays de Juda en tant que serviteurs du roi Nébucadnetsar. Ce conseil déplut aux chefs du peuple, qui le qualifièrent de mensonge. Ils s’obstinèrent à quitter le pays et à descendre en Égypte, qui n’était pas encore sous l’hégémonie de Babylone.
61. Que firent alors ceux qui restaient ?
61 “Jochanan, fils de Karéach, tous les chefs des troupes, et tout le peuple, n’obéirent point à la voix de l’Éternel [Jéhovah], qui leur ordonnait de rester dans le pays de Juda. Et Jochanan, fils de Karéach, et tous les chefs des troupes, prirent tous les restes de Juda, qui, après avoir été dispersés parmi toutes les nations, étaient revenus pour habiter le pays de Juda, les hommes, les femmes, les enfants, les filles du roi [Sédécias], et toutes les personnes que Nébuzaradan, chef des gardes, avait laissées avec Guédalia, fils d’Achikam, fils de Schaphan, et aussi Jérémie, le prophète, et Baruc [son secrétaire], fils de Nérija. Ils allèrent au pays d’Égypte, car ils n’obéirent pas à la voix de l’Éternel [Jéhovah], et ils arrivèrent à Tachpanès [AC : Taphnès].”
62, 63. Jusqu’où le reste du peuple s’enfuit-il ? Mais pouvait-il échapper aux jugements de Jéhovah ?
62 Ces fugitifs en Égypte établirent également leur demeure à Migdol, à Noph (Memphis) et au pays de Pathros (Jérémie 41:1 à 44:1). Mais Jérémie les avertit que même là ils n’étaient pas hors de l’atteinte du roi Nébucadnetsar. Finalement, le prophète leur déclara :
63 “Voici, je livrerai Pharaon Hophra, roi d’Égypte, entre les mains de ses ennemis, entre les mains de ceux qui en veulent à sa vie, comme j’ai livré Sédécias, roi de Juda, entre les mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, son ennemi, qui en voulait à sa vie.” — Jérémie 44:2-30 ; cf. Ézéchiel 29:17-20 ; 30:22-26.
64. Quand fut accomplie la dévastation totale de Juda ?
64 Les Juifs désobéissants et dépourvus de foi s’étant enfuis en Égypte, le pays de Juda fut laissé désolé, sans hommes ni animaux domestiques, conformément à la prophétie que Jéhovah avait donnée par la bouche de Jérémie. Cela se produisit vers le milieu du septième mois, tisri ou éthanim (septembre/octobre), soit aux environs du 1er octobre 607 av. notre ère.
65, 66. Comment la loi de Jéhovah sur les sabbats de la terre eut-elle maintenant son accomplissement ?
65 Il est intéressant de remarquer que le dixième jour de ce septième mois était le jour des Propitiations, et que l’année du Jubilé on devait sonner de la trompette ce jour-là et publier la liberté dans le pays pour tous ses habitants”. Tout comme la quarante-neuvième année du cycle sabbatique, le Jubilé devait être un sabbat de repos pour le pays que Dieu avait donné, et ce sabbat jubilaire de la terre devait commencer le septième mois, tisri (Lévitique 25:8-22). Ce mois-là, pendant que les Juifs apeurés fuyaient inutilement vers l’Égypte, laissant le pays de Juda complètement dévasté et sans habitant, — lieu désert dont les passants se détourneraient, — les terres ont dû pousser en quelque sorte un soupir de soulagement. À présent, elles allaient jouir d’une succession ininterrompue d’années sabbatiques, pour compenser toutes celles que les Israélites désobéissants n’avaient pas observées. Pendant combien d’années le pays allait-il pouvoir se reposer ? Pendant un nombre d’années symboliquement parfait : soixante-dix. À ce sujet, nous lisons :
66 “Alors Jéhovah fit monter contre eux le roi des Chaldéens (...). Ils brûlèrent la maison de Dieu, ils démolirent les murailles de Jérusalem, ils livrèrent au feu tous ses palais et détruisirent tous les objets précieux. Nabuchodonosor emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée, et ils furent ses esclaves, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse, — afin que s’accomplît la parole que Jéhovah avait dite par la bouche de Jérémie, — jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats ; car il se reposa tout le temps que dura sa solitude, jusqu’à l’accomplissement de soixante-dix années. La première année de Cyrus, roi de Perse, pour l’accomplissement de la parole que Jéhovah avait dite par la bouche de Jérémie, Jéhovah excita l’esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume : ‘Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Jéhovah, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d’entre vous est de son peuple ? Que Jéhovah, son Dieu, soit avec lui, et qu’il monte !’” — II Chroniques 36:17-23, AC ; cf. aussi Daniel 9:1, 2.
67-69. Comment l’historien juif Josèphe confirme-t-il les soixante-dix années de la dévastation de toute la Judée ?
67 Flavius Josèphe, historien juif du premier siècle de notre ère, corrobore la sainte Bible en écrivant ce qui suit sur la durée de la dévastation de Jérusalem :
68 Il [l’historien chaldéen Bérose, du troisième siècle av. n. è.] parle ensuite des descendants de Noé, suppute les temps jusqu’à Nabulazar, roi de Babylone et de Chaldée, raconte ses actions, et dit comme il envoya Nabuchodonosor, son fils, contre l’Égypte et la Judée, qu’il assujettit à sa puissance, brûla le temple de Jérusalem, emmena captif à Babylone tout notre peuple, et rendit ainsi Jérusalem déserte, pendant soixante et dix ans, jusqu’au règne de Cyrus, roi de Perse. — Réponse de Fl. Josèphe à Appion en justification de son Histoire ancienne des Juifs, livre Ier, chapitre VI, paragraphe 1.
69 Voilà le misérable état où toute la nation des Hébreux se trouva réduite, et par quels divers événements elle fut deux fois transportée au-delà de l’Euphrate : la première, lorsque sous le règne d’Osée, roi d’Israël, Salmanasar, roi des Assyriens, après avoir pris Samarie, emmena captives les dix tribus, et depuis lorsque Nabuchodonosor, roi des Chaldéens et des Babyloniens, après avoir pris Jérusalem, emmena les deux tribus qui restaient. Mais au lieu que Salmanasar fit venir à Samarie, du fond de la Perse et de la Médie, des Chutéens pour l’habiter, Nabuchodonosor n’envoya point de colonies dans ces deux tribus qu’il avait conquises ; tellement, que la Judée, Jérusalem et le Temple demeurèrent déserts durant soixante-dix ans. — Histoire ancienne des Juifs (Antiquités judaïques), traduction d’Arnauld d’Andilly, livre X, chapitre XI, paragraphe 9.
70. Pourquoi les soixante-dix années ne commencent-elles pas en 626?
70 Il s’ensuit que la dévastation de Jérusalem et du pays de Juda remplit entièrement les soixante-dix années annoncées par Jérémie. Cette période n’englobait pas la captivité d’une partie de la nation juive en Babylonie. Même cette captivité partielle ne commença pas en 626 av. notre ère, dans la troisième année du règne du roi Jojakim. Ce dernier régna onze ans, jusqu’à la huitième année du règne de Nébucadnetsar, roi de Babylone, année qui débuta le 1er nisan 618 et finit le 29 adar 617. Peu avant la fin de cette huitième année du règne de Nébucadnetsar, donc avant le 29 adar 617, Jojakin, fils et successeur de Jojakim, sortit de Jérusalem afin de se rendre à Nébucadnetsar, qui assiégeait la ville.
71. Peut-on faire commencer les soixante-dix années en 617 ? Expliquez.
71 Apparemment, Jojakin ne fut pas enlevé immédiatement du pays de Juda et emmené en captivité, car avant que lui et d’autres Juifs ne fussent exilés, la huitième année du règne de Nébucadnetsar arriva à son terme et la neuvième année commença le 1er nisan 617 (II Chroniques 36:9, 10). Ce fut à cette date-là, le 1er nisan 617, qu’on commença à compter la première année du règne de Sédécias, oncle de Jojakin, que Nébucadnetsar avait établi roi de Jérusalem à la place de son neveu (II Rois 24:12-18). Par conséquent, l’an 617 av. notre ère marqua le début de la captivité babylonienne pour quelques milliers de Juifs seulement et non pour la nation juive tout entièref.
72, 73. Pourquoi ne devons-nous pas commencer à compter les soixante-dix années prédites avant le septième mois lunaire de l’an 607?
72 Une chose est certaine : Quand le roi Jojakim se rebella ouvertement contre Nébucadnetsar, de qui il était tributaire, et lui tint tête pendant les trois dernières années de son règne à Jérusalem, la nation juive n’était pas tenue captive par Babylone. Il est tout aussi évident que lorsque Sédécias, le dernier roi, viola son serment, se révolta contre Nébucadnetsar et lui résista trois années, les première et dernière en partie, cette nation n’était pas en captivité. Par suite, on ne peut affirmer qu’à partir du règne de Jojakim jusqu’à la libération des captifs juifs par Cyrus le Perse en 537, il y eut pour les Juifs une période de soixante-dix années successives de captivité en Babylonie. Lorsque Jérusalem fut détruite et le pays de Juda totalement dévasté, alors seulement les Juifs, en tant que nation, furent exilés en Babylonie sans aucun roi à Jérusalem. Cet exil-là se prolongea sans interruption pendant une période de soixante-dix ans. — Daniel 9:1, 2.
73 Certes le roi Nébucadnetsar établit Guédalia gouverneur sur les pauvres qu’il avait laissés dans le pays de Juda, mais le septième mois (tisri), Guédalia fut assassiné, et les Juifs qui restaient s’enfuirent en Égypte parce qu’ils craignaient Babylone. Cependant, même dans ce pays, la main du roi de Babylone devait les atteindre plus tard. Voilà comment, au septième mois, le pays fut laissé dévasté, privé d’hommes et de bêtes, ainsi que l’avait annoncé Jérémie.
74. Si Juda était dévasté, comment faut-il comprendre Jérémie 52:30, qui parle de la déportation d’autres Juifs plus tard ?
74 D’après le récit biblique, cinq ans après la destruction de Jérusalem, le roi de Babylone fit déporter d’autres Juifs en Babylonie. À cet effet, Jérémie 52:30 déclare : “La vingt-troisième année de Nébucadnetsar, Nébuzaradan, chef des gardes, emmena sept cent quarante-cinq Juifs.” Il est à noter toutefois que ces Juifs ne se trouvaient pas dans le pays dévasté de Juda ; Nébucadnetsar les fit prisonniers lorsque, en tant que coupe symbolique de Jéhovah, il fit boire aux nations limitrophes la potion amère d’une conquête brutale. — Jérémie 25:17-29.
75. a) Quelle preuve supplémentaire établit que les soixante-dix années eurent leur départ en 607 ? b) Par quel miracle Jéhovah donna-t-il au pays ses soixante-dix années de repos sabbatique ?
75 En 537 av. notre ère, le roi Cyrus fit relâcher un reste des Juifs, et ceux-ci quittèrent Babylone pour rentrer au pays de Juda. Ce pays commença donc à être repeuplé, ce qui mit fin à sa dévastation et marqua, du coup, le terme des soixante-dix années. Puisque cette période prit fin en cette année-là, elle a dû commencer en 607, date à laquelle Jérusalem fut détruite et le pays de Juda devint complètement dépeuplé. Supposons maintenant qu’après la déportation des Juifs à Babylone, Jéhovah Dieu ait permis au roi Nébucadnetsar de déplacer des populations gentiles pour les établir en Juda. Dans ce cas, ce pays n’aurait pas pu jouir de ses soixante-dix années de repos sabbatique, comme Jéhovah l’avait décrété. Juda serait devenu alors comme le pays de Samarie, que le roi d’Assyrie repeupla d’habitants païens. Par un miracle, le Dieu tout-puissant garda le pays de Juda complètement désert, afin de lui assurer ses soixante-dix années de repos. — II Chroniques 36:21-23.
76. Quelle nouvelle, parvenue à Ézéchiel la onzième année de son exil, apporta un changement dans ses prophéties ?
76 Jérusalem tomba pendant la douzième année de l’exil en Babylonie du prophète Ézéchiel. Quelques mois après cet événement, mais sans doute avant le retour des troupes victorieuses de Nébucadnetsar, Ézéchiel apprit la nouvelle d’un rescapé juif. Ézéchiel dit à ce sujet : “La douzième année [d’après un certain calcul], le cinquième jour du dixième mois de notre captivité, un homme qui s’était échappé de Jérusalem vint à moi et dit : La ville a été prise !” (Ézéchiel 33:21) Dès ce moment, Ézéchiel put prophétiser sur la restauration des Juifs et le repeuplement du pays de Juda qui devait se produire au terme des soixante-dix années de désolation. — Ézéchiel 36:1 à 37:28.
77-79. En quels termes le livre des Lamentations révèle-t-il les sentiments de Jéhovah et de Jérémie au sujet de la chute de Jérusalem ?
77 Le prophète Jérémie fut témoin de la destruction de Jérusalem, autrefois ville sainte. Bien que ce triste événement ait démontré la véracité de ses prophéties, Jérémie ne s’en réjouit pas. Jéhovah non plus n’en ressentit aucune joie. Il inspira Jérémie et lui fit écrire le livre biblique des Lamentations, qui décrit en ces termes la triste condition de Jérusalem :
78 “Comment est-elle assise solitaire, la cité populeuse ! Elle est devenue comme une veuve, celle qui était grande parmi les nations ; la reine des provinces a été rendue tributaire. (...) Juda s’en est allé en exil, misérable et condamné à un rude travail ; il habite chez les nations, sans trouver le repos ; ses persécuteurs l’ont atteint dans d’étroits défilés. Les chemins de Sion sont dans le deuil, parce que nul ne vient plus à ses fêtes ; toutes ses portes sont en ruines ; ses prêtres gémissent, ses vierges se désolent, et elle-même est dans l’amertume. Ses oppresseurs ont le dessus, ses ennemis prospèrent ; car Jéhovah l’a affligée à cause de la multitude de ses offenses ; ses petits enfants s’en sont allés captifs devant l’oppresseur. La fille [la cité] de Sion a perdu toute sa gloire. (...)
79 “Sion a tendu les mains... Personne qui la console ! Jéhovah a commandé aux ennemis de Jacob [Israël] de l’environner de toutes parts ; Jérusalem est devenue au milieu d’eux comme une chose souillée.” “Que puis-je te dire ? Qui trouver de semblable à toi, fille de Jérusalem ? À qui te comparer pour te consoler, vierge, fille de Sion ? Car sa plaie est grande comme la mer : qui te guérirait ?” “La couronne de notre tête est tombée ; oui, malheur à nous, parce que nous avons péché ! Voici pourquoi notre cœur est malade, pourquoi nos yeux sont obscurcis : c’est parce que la montagne de Sion est désolée, et que les chacals s’y promènent en liberté. (...) Fais-nous revenir à toi, Jéhovah, et nous reviendrons ; donne-nous de nouveaux jours comme ceux d’autrefois. Car nous aurais-tu entièrement rejetés ? Serais-tu irrité contre nous sans mesure ?” — Lamentations 1:1-6, 17 ; 2:13 ; 5:16-22, AC.
80. Comment les oppresseurs de Sion eurent-ils “le dessus”, et quelle période commença en 607?
80 En 607 av. notre ère, les oppresseurs de Sion eurent effectivement “le dessus”. Le “trône de Jéhovah” à Sion était renversé. Le royaume typique de Dieu n’existait plus. Il n’y avait plus sur la terre un petit royaume de Dieu pour gêner la marche des nations gentiles ou non juives vers l’hégémonie totale. Avec la permission de Dieu, elles pouvaient désormais exercer la domination dans le monde entier. Le septième mois lunaire de 607, lors de la dévastation complète du territoire de Sion, après l’assassinat du gouverneur juif Guédalia, qui avait été établi par le roi de Babylone, les “temps des Gentils” ou “temps fixés des nations” eurent leur commencement. Combien de temps devaient-ils durer ?
81. Jusqu’à quand “les temps fixés des nations” devaient-ils durer ?
81 Ces “temps” continueraient jusqu’à la venue de Schilo, Celui à qui appartient le droit de recevoir le royaume de Dieu renversé. Alors Dieu lui donnerait la couronne, la tiare et le sceptre, l’autorisant à dominer au milieu des Gentils les nations du monde qui sont ses ennemis. Mais quand l’intronisation du royal Fils de David devait-elle avoir lieu ? Le céleste Roi d’Éternité en avait choisi l’heure. Aussi annonça-t-il le temps de cet événement, faisant consigner cette prophétie dans sa Parole inspirée. — Genèse 49:10, Da ; Luc 21:24, AC ; Ézéchiel 21:30-32, Li 21:25-27, NW ; Psaume 110:1-6.
[Notes]
a Sous “Croix et crucifix” Am1, tome VIII, page 238, dit ce qui suit :
La croix en tant que symbole remonte à une date inconnue de l’Antiquité. De tous les temps, elle a été reconnue dans tous les pays du monde. Avant notre ère, les bouddhistes, les brahmanes et les druides utilisaient cet emblème. Seymour nous donne ce renseignement : “Les druides considéraient que la grande branche de la croix symbolisait le chemin de la vie, et que les petites branches représentaient les trois conditions du monde spirituel : leurs équivalents du ciel, du purgatoire et de l’enfer.” Chez les anciens Égyptiens, la croix était un symbole vénéré. Leur ankh (crux ansata ou croix ansée) représentait la vie, et une traverse perpendiculaire portant plusieurs bras formant des angles droits (croix du Nil) semble faire allusion à la fertilité et aux récoltes. Cinq de leurs symboles pour les planètes (...) étaient représentés par une croix attachée à un cercle ou à un segment de cercle. Prescott dit que les premiers Européens qui arrivèrent au Mexique eurent la surprise d’y trouver “la croix, l’emblème sacré de leur propre foi, dressée comme un objet de culte dans les temples d’Anahuac”.
b En hébreu, le mot traduit par le verbe “pleurer” est bakhah (בכה), comme dans Ézéchiel 8:14. Cf. Psaume 84:7 84:6, NW.
c Voir page 83, § 2, 3, à page 84, § 1
d Voir L’histoire ancienne des Juifs (Antiquités judaïques) de Josèphe, livre X, chapitre X, paragraphe 2.
e Cf. Nabuchodonosor de G. R. Tabouis, pages 202-207.
f Voir la note (*) au bas de la page 134 du présent ouvrage.
[Illustration, page 140]
Trimourti, la triade hindoue
[Illustration, page 141]
Tammouz (Bacchus)
[Illustration, page 142]
Tammouz avec des croix