Un problème aussi grave que celui de la drogue
QU’EST-CE qui rend esclaves des millions de personnes, beaucoup plus même que la drogue ?
Pour quelle raison de nombreuses personnes risquent-elles sept fois plus que les autres de mourir accidentellement ?
Qu’est-ce qui est après les maladies cardiaques et le cancer le problème de santé le plus important aux États-Unis et dans de nombreux pays d’Europe ?
L’alcoolisme.
L’usage de boissons alcooliques remonte aux temps les plus reculés de l’histoire de l’homme. L’abus d’alcool est pratiquement aussi ancien. Aujourd’hui, des millions de gens boivent du vin, de la bière et d’autres boissons alcooliques sans nuire à leur santé, à leurs capacités mentales ni à leur sécurité personnelle. Cependant, aux États-Unis, sur dix personnes qui font usage d’alcool, une est déjà un alcoolique ou un buveur qui s’attire des ennuis ou en cause à ceux qui l’entourent.
En France, où il y a un café ou un bar pour 250 habitants, un sondage a révélé qu’un homme sur quatre et une femme sur douze ont des problèmes à cause de l’abus d’alcool. Dans ce pays, on estime que chaque année 30 000 personnes meurent d’une maladie causée par l’alcoolisme. En 1973, Michel Poniatowski, alors ministre français de la Santé, déclara que ‘l’alcoolisme est un fléau national’. Un des aspects les plus dramatiques de l’extension de l’alcoolisme est que ce fléau touche maintenant la jeunesse. Un rapport du Times de Londres révélait que l’ivrognerie devenait de plus en plus fréquente parmi les adolescents britanniques, notamment parmi les jeunes filles. Une enquête a révélé que des enfants prenaient des boissons alcooliques dans le buffet familial avant de se rendre à l’école et que des adolescents manquaient le repas à la cantine de l’école pour sortir et aller boire dans un café voisin.
Aux États-Unis, le Dr Maurice Chafetz, directeur de l’Institut national de lutte contre l’alcoolisme, déclara : “Il n’est pas rare que des enfants de 9 à 12 ans révèlent un sérieux ‘problème d’alcool’. Le problème est beaucoup plus sérieux que nous ne nous l’imaginions.” Les Alcooliques anonymes ont organisé des réunions spécialement réservées aux adolescents de 10 à 20 ans. Rien qu’à New York, on estime que 66 000 adolescents de 12 à 18 ans ont de sérieux “problèmes d’alcool”.
De graves conséquences
La Bible dit que “le vin réjouit la vie”. (Eccl. 10:19 ; voir Psaume 104:15 ; Ecclésiaste 9:7.) Mais elle nous avertit aussi que “le vin est moqueur, la boisson enivrante est turbulente, et quiconque se laisse égarer par cela n’est pas sage”. (Prov. 20:1.) Voyons de quelles façons le vin, consommé à l’excès, peut se moquer de la vie humaine.
Il est surprenant de voir la quantité d’alcool que certaines personnes peuvent absorber sans donner pour autant l’apparence d’être “ivres”. D’après une enquête, le journal français Le Monde a révélé que la plupart des alcooliques en France boivent quatre à cinq litres de vin par jour, sans manifester le moindre signe d’ivresse. Toutefois, comme le dit Proverbes 23:32, si l’on consomme trop de vin, “à sa fin il mord comme un serpent, et il sécrète du venin comme une vipère”. Un signe de cet empoisonnement peut être ce qu’on appelle “avoir mal aux cheveux” et il s’accompagne de nausées, de maux de tête, d’agitation, de tremblements, de sueurs, de troubles d’estomac et d’une terrible soif (à cause du passage de l’eau des cellules à l’extérieur de celles-ci).
Les conséquences à long terme sont encore plus graves. Les boissons alcooliques sont riches en calories, mais il s’agit de calories “vides”, c’est-à-dire dépourvues de vitamines, de minéraux et d’acides aminés. Les gros buveurs négligent souvent de manger normalement, ce qui fait que leur nutrition devient déficiente. C’est une cause importante des maladies qui accompagnent l’alcoolisme. Le foie est l’organe qui souffre particulièrement, car il doit déjà beaucoup travailler pour transformer par métabolisme (où “brûler”) l’alcool ingurgité. Avec le temps apparaît la cirrhose du foie, qui est la principale cause de mortalité parmi les alcooliques de longue date.
Des quantités excessives d’alcool irritent les tissus de la bouche, de la gorge et de l’estomac. Certains médecins français estiment que dans leur pays 90 pour cent des cancers de la bouche, de la gorge et du larynx sont dus à l’alcoolisme. Avec le temps, le buveur peut avoir des crises de delirium tremens — qui s’accompagnent de tremblements violents, d’hallucinations effrayantes et de formes de paralysie — qui, bien qu’elles ne durent que de trois à dix jours, provoquent souvent la mort.
L’abus d’alcool a encore des effets plus graves et plus immédiats sur la conduite de l’individu. Cela est dû au fait qu’une fois absorbé par le sang, l’alcool affecte en premier lieu les fonctions les plus importantes du cerveau : les facultés de penser et d’apprendre, la mémoire et la capacité vitale de décider et de juger. Pour la plupart des gens, une faible quantité d’alcool n’a que peu d’effet sur eux. Par contre, quand quelqu’un boit à plusieurs reprises dans un espace de temps relativement court, sa capacité de se souvenir, de se concentrer et de résoudre les problèmes diminue rapidement. Son cerveau a du mal à assimiler plus d’une sorte de renseignements à la fois (Ps. 107:27). Sa vue est affectée ; il voit les choses de travers et a l’impression de regarder avec des lunettes qui ne sont pas pour lui. L’alcool ayant un effet un peu hypnotique, celui qui en abuse peut croire qu’il est encore parfaitement maître de ses sens. — És. 28:7.
Étant donné que l’absorption de fortes doses d’alcool affaiblit la promptitude des réactions et des réflexes commandés par le cerveau, il est extrêmement dangereux de conduire dans cet état. L’alcool est la cause d’au moins la moitié des 55 000 morts et des blessures graves d’un million de personnes que provoquent chaque année aux États-Unis les accidents de voiture. Dans les États d’Amérique où les jeunes gens ont été autorisés à consommer des boissons alcooliques à partir de dix-huit ans, on a enregistré une augmentation effrayante du nombre d’accidents mortels provoqués par de jeunes conducteurs ivres.
Les conséquences les plus tragiques de l’alcoolisme sont celles qui affectent la vie familiale. Pour le conjoint ou les enfants d’un alcoolique la vie peut devenir un cauchemar. Aux États-Unis, la proportion des séparations et des divorces est sept fois plus élevée dans les familles où il y a des alcooliques que dans les autres. En France, l’alcoolisme est la cause d’un quart des suicides et de la moitié des homicides (voir Proverbes 4:17). Des enquêtes ont montré que des mères alcooliques peuvent donner naissance à des enfants tarés, qui naissent avec une tête anormalement petite ou de travers, qui ne grandissent pas normalement ou qui sont mentalement arriérés.
L’alcoolique n’est pas un bon employé ; il est incapable de faire ce que ses capacités normales lui permettraient d’accomplir. Il s’absente de son travail beaucoup plus souvent que les autres, prend deux fois plus de congés de maladie que ses collègues et est victime de plus d’accidents du travail. Non seulement l’alcool affecte ses capacités personnelles, mais il nuit généralement à l’efficacité de ceux dont le travail dépend du sien (voir Proverbes 21:17 ; 23:20, 21). On a estimé qu’aux États-Unis l’alcoolisme coûtait chaque année au commerce et à l’industrie quelque 12 000 000 000 de dollars (environ 60 000 000 000 de francs français). L’abus d’alcool est aussi une cause de la décadence des mœurs et de l’accroissement de la criminalité. Les enquêtes indiquent que c’est souvent un pas qui mène ensuite à la toxicomanie.
Les nations recherchent aujourd’hui des remèdes à ce problème très important. Autrement dit, il faut savoir pourquoi et comment on devient alcoolique, afin de connaître les mesures de protection qui peuvent être prises ou les remèdes qui peuvent être proposés à celui qui est déjà victime de l’alcoolisme. Quels sont les résultats de ces recherches et où se trouve la véritable solution ?
[Illustration, page 676]
Beaucoup de personnes peuvent éliminer 1 cl d’alcool pur par heure.
BIÈRE 25 cl.
WHISKY 2 cl.
VIN 8 cl.
Quand quelqu’un boit de l’alcool, celui-ci est rapidement absorbé par le sang et atteint bientôt le système nerveux central, ce qui ralentit alors les activités du cerveau.
Il faut peut-être plusieurs verres avant que les centres moteurs du cerveau soient affectés et que l’on commence à vaciller. Mais attention, on perd la maîtrise de soi avant cela. Dans Osée 4:11, on lit : “Le vin doux, voilà ce qui ôte les bons mobiles.”
Une très faible quantité d’alcool peut vous faire du mal, alors que d’autres peuvent boire davantage sans effets apparents. Ne pensez donc pas que vous pouvez boire beaucoup parce que d’autres le font.