Chapitre 20
Les chrétiens viennent au mont Sion, à la Jérusalem céleste
1. a) Quand Jésus commença-t-il à bâtir sa congrégation ? b) Quel événement en fournit la preuve ?
LE JOUR de la Pentecôte de l’an 33 de notre ère, Jésus-Christ ressuscité et glorifié commença à bâtir son église (ou congrégation). C’était le jour de la “fête de la moisson, des prémices de ton travail, de ce que tu auras semé dans les champs”, “la fête des semaines”. (Exode 23:16 ; Lévitique 23:15-21 ; Deutéronome 16:9-12.) Ce jour marqué, Jésus, à la droite de Dieu dans les cieux, se mit à répandre l’esprit saint sur le fidèle reste de ses disciples à Jérusalem. Ces derniers se trouvaient réunis, non dans le temple, mais dans la “chambre haute où ils demeuraient”. Sous l’inspiration de ce même esprit, l’apôtre Pierre déclara : “Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, fait dont nous sommes tous témoins. Et parce qu’il a été élevé à la droite de Dieu et a reçu du Père l’esprit saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez.” — Actes 1:13, 14 ; 2:1-33.
2. Quel était cet édifice, et à quoi servait-il ?
2 Ainsi, comme le dit I Pierre 2:5, Jésus commença à édifier sur lui-même une “maison spirituelle, pour une sainte prêtrise, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ”.
3. Comment Pierre fit-il usage de la première des “clés du royaume des cieux”, et quel en fut le résultat ?
3 En ce jour de la Pentecôte, Pierre fut le premier qui parla publiquement par l’esprit. Il fit ainsi usage de la première des “clés du royaume des cieux” que Jésus avait promis de lui donner (Matthieu 16:19). Pierre employa cette première clé en faveur des Juifs, car Juifs naturels et prosélytes circoncis constituaient la foule rassemblée pour témoigner des effets miraculeux de l’effusion de l’esprit saint. Grâce à cette “clé de la connaissance” concernant le Royaume de Dieu et le Messie ou Christ, Pierre ouvrit la porte à “toute la maison d’Israël”, lui donnant l’occasion de croire et d’obtenir une place dans le Royaume céleste avec le Messie ou Christ. Trois mille Juifs (Israélites) et prosélytes circoncis crurent alors, furent baptisés et eurent part aux occasions et privilèges offerts par le Royaume. Plus tard, leur nombre devait passer à cinq mille. — Luc 11:52 ; Actes 2:5-42 ; 4:1-4.
4. Quelle prophétie fut accomplie par l’effusion de l’esprit saint de Dieu le jour de la Pentecôte de l’an 33?
4 Pierre expliqua aux Juifs qui avaient cru qu’en ces derniers jours de la Jérusalem terrestre et de son temple, l’effusion de l’esprit saint réalisait la prophétie de Joël 2:28-32 (AC) qu’il cita alors. Nous lisons à ce propos : “Il arrivera après cela que je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront ; vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu et des colonnes de fumée. Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le jour de Jéhovah, grand et terrible. Et quiconque invoquera le nom de Jéhovah sera sauvé ; car sur la montagne de Sion et de Jérusalem il y aura une réunion de sauvés, comme l’a dit Jéhovah ; et parmi les survivants seront ceux que Jéhovah appelle.” — Voir Actes 2:14-21.
5. a) Où se trouvaient les disciples quand se produisit l’effusion de l’esprit saint ? b) De quelle ville le baptême du saint esprit les fit-il approcher ?
5 Le jour de la Pentecôte, lorsque l’esprit saint fut répandu sur le reste des fidèles disciples du Christ, ils étaient réunis dans une ville terrestre appelée fort à propos Sion ou Jérusalem. Jésus leur avait dit d’y rester jusqu’à l’effusion de l’esprit (Actes 1:6-8, 12-15). Mais en raison de leur baptême du saint esprit, et parce qu’ils étaient devenus fils spirituels de Dieu, en réalité ils étaient venus à une Sion spirituelle, une Jérusalem céleste. Jésus-Christ lui-même ne se trouvait-il pas alors dans les cieux spirituels, en tant que pierre angulaire précieuse et éprouvée, posée en Sion ? De ce fait, la congrégation des disciples du Christ a un fondement céleste et non terrestre ; ce n’est pas un homme quelconque sur terre.
6. Que fait ressortir Hébreux 12:22-24 quant à savoir si les chrétiens regardent Jérusalem, Rome, ou une autre ville terrestre comme le centre de la vie religieuse ?
6 Que la congrégation s’approche d’une Sion céleste, cela ressort d’Hébreux 12:22-24 qui attire notre attention sur ce point. Ces paroles étaient d’abord destinées aux chrétiens hébreux de naissance, comme ceux qui étaient présents à la Pentecôte. Voici cette déclaration : “Mais [à la différence de vos pères terrestres] vous vous êtes approchés d’un mont Sion et d’une ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, en assemblée générale, et de la congrégation des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, de Dieu le Juge de tous, et des vies spirituelles des justes qui ont été rendus parfaits, et de Jésus le médiateur d’une alliance nouvelle, et du sang d’aspersion, qui parle mieux que le sang d’Abel.” Puisque les croyants chrétiens, qui sont oints de l’esprit de Dieu, se sont approchés d’un mont Sion céleste, d’une Jérusalem céleste, aucune ville ici-bas n’est pour eux le vrai centre de la vie religieuse, pas même l’antique Jérusalem, Rome, Alexandrie, Athènes, Istanbul, Moscou ou toute autre ville terrestre. Hébreux 13:12-14 établit ce fait une fois pour toutes, en disant :
7. Comment Hébreux 13:12-14 établit-il ce fait une fois pour toutes ?
7 “C’est pourquoi Jésus, lui aussi, pour sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte [de la Jérusalem terrestre]. Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp en portant son opprobre, car nous n’avons pas ici de ville qui demeure, mais nous cherchons ardemment celle qui est à venir.”
8. Selon les explications fournies dans Galates chapitres 4 et 5, pourquoi n’y a-t-il pas besoin d’entreprendre une croisade pour une Jérusalem terrestre ?
8 De son temps, l’apôtre Paul souligna la différence entre la Jérusalem terrestre et celle qui est céleste, disant : “Or cette Agar [esclave appartenant à la maison du patriarche Abraham] signifie le Sinaï, montagne en Arabie [où furent donnés les Dix Commandements], et elle correspond à la Jérusalem de maintenant, car elle est dans l’esclavage avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en haut est libre, et elle est notre mère. C’est pourquoi, frères, nous sommes enfants, non d’une servante, mais de la femme libre. C’est pour une telle liberté que Christ nous a libérés. Aussi tenez ferme, et ne vous laissez pas de nouveau mettre sous un joug d’esclavage.” (Galates 4:25, 26, 31 ; 5:1). Il n’y a donc pas besoin d’entreprendre une croisade pour une Jérusalem terrestre.
9. a) Pourquoi peut-on dire que les chrétiens hébreux ne perdirent pas leur ville ou leur citoyenneté lorsque la Jérusalem terrestre fut détruite ? b) Regardèrent-ils vers quelque autre ville pour qu’on les qualifiât, par exemple, de “chrétiens romains”, sinon vers quoi dirigèrent-ils leurs regards ?
9 Ainsi, lorsque la Jérusalem terrestre fut détruite par les légions romaines en l’an 70, les chrétiens hébreux n’y attachèrent pas d’importance. Ils obéirent aux instructions de Jésus et s’enfuirent à temps de la ville condamnée. Ils continuaient d’être cependant les enfants de leur mère céleste, “la Jérusalem d’en haut”, et s’étaient approchés de la vraie “ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste”. Par la suite, ils ne devinrent pas les enfants de quelque autre ville terrestre, Rome par exemple, aussi ne pouvait-on pas les qualifier de chrétiens romains. La “Jérusalem d’en haut”, voilà la “mère” qu’ils reconnaissaient (Luc 21:20-24). Ils n’étaient plus simplement Israélites selon la chair, ils étaient Israélites spirituels.
LA SECONDE CLÉ EST EMPLOYÉE
10. Comment, et dans quelle période particulière, Saul, qui devint Paul, fut-il converti ?
10 Pendant un peu moins de trois ans et demi après la Pentecôte de l’an 33, la congrégation des disciples du Christ fut exclusivement formée d’Israélites selon la chair et de prosélytes juifs circoncis. Au cours de cette période où Dieu accordait particulièrement sa faveur à l’Israël selon la chair, un miracle fit abandonner le judaïsme à l’homme qui devint l’apôtre Paul ; il se convertit et devint disciple de Jésus-Christ. Cet homme, Saul de Tarse, se rendait à Damas, en Syrie, pour y étendre la persécution des chrétiens lorsque Jésus, ressuscité dans sa gloire, lui apparut miraculeusement. Trois jours après ce miracle, Saul recouvra la vue, fut baptisé dans l’eau, et aussitôt “il prêchait Jésus, que Celui-ci est le Fils de Dieu”. — Actes 9:1-20.
11. Quelle tâche spéciale Paul se vit-il confier, et employa-t-il la seconde des “clés du royaume” pour l’accomplir ?
11 Jésus désigna alors Saul comme un de ses apôtres et, à ce titre, il reçut le nom de Paul. En conséquence, dans Romains 1:1 par exemple, il parle de lui-même comme d’un apôtre, disant : “Paul, esclave de Jésus-Christ et appelé à être apôtre, séparé pour la bonne nouvelle de Dieu.” Il fut connu comme “apôtre des nations” ou “apôtre (...) enseignant des nations”, c’est-à-dire des Gentils incirconcis (Romains 11:13 ; I Timothée 2:7). Toutefois, ce ne fut pas l’apôtre Paul qui ouvrit aux Gentils ou aux nations incirconcises la porte donnant accès au Royaume. Ce fut l’apôtre Pierre qui s’acquitta de cette tâche, car il avait reçu la clé pour le faire.
12. Qu’est-ce qui marqua le commencement et la fin de la soixante-dixième semaine d’années de Daniel 9:24-27 ?
12 Puisque Jésus-Christ fut retranché par une mort sacrificielle “au milieu de la semaine”, la soixante-dixième semaine d’années prédite dans Daniel 9:24-27 (Da) se termina trois ans et demi après que le Messie fut mis à mort en l’an 33. Le commencement de cette soixante-dixième semaine fut marqué par le baptême d’eau de Jésus, suivi de son onction de l’esprit saint, de sorte qu’il devint le “Messie, le prince”. Il convenait donc que la fin de la soixante-dixième semaine fût également marquée. Elle le fut ! Comment cela ? Par l’effusion de l’esprit saint.
13. Comment fut marqué le milieu de la soixante-dixième semaine d’années, et que se passa-t-il pendant le reste de cette “semaine” ?
13 Le milieu de cette dernière semaine d’années fut marqué par la mort sacrificielle du “Messie, le prince”, en l’an 33. Peu après, le jour de la Pentecôte, l’esprit saint fut répandu sur le reste des fidèles disciples de Jésus. Au cours de la seconde moitié de cette soixante-dixième semaine, Dieu continua de déverser sa faveur et sa miséricorde sur le peuple du prophète Daniel, “sur ton peuple et sur ta sainte ville”, comme le déclare Daniel 9:24 (Da). Par conséquent, jusqu’au terme de cette soixante-dixième semaine, l’effusion de l’esprit saint de Dieu fut limitée aux Israélites selon la chair et aux prosélytes circoncis, soit jusqu’au septième anniversaire du baptême et de l’onction de Jésus, qui tomberait au début de l’automne de l’an 36. Alors prendrait fin la période de faveur particulière accordée à l’Israël selon la chair.
14. a) Quel changement interviendrait dans les dispositions divines à la fin de la soixante-dixième “semaine” ? b) Les croyants gentils devaient-ils maintenant devenir Juifs ou prosélytes, sinon que deviendraient-ils ?
14 Dès ce moment, l’effusion de l’esprit saint et les dons qui l’accompagnaient ne se limiteraient plus à l’Israël selon la chair mais s’étendraient également aux incirconcis des nations non israélites, les Gentils. Pour recevoir l’onction de l’esprit saint, ces Gentils devraient cependant devenir Israélites spirituels. De quelle manière ? En croyant au “Messie, le prince”, et en le suivant. Ainsi, le commencement de l’onction des croyants gentils indiquerait que la soixante-dixième semaine, la dernière semaine de faveur particulière accordée à l’Israël selon la chair, était terminée. Pareil changement fit sensation.
15. Qui employa la “clé de la connaissance” envers les Gentils, et que signifiait leur onction de l’esprit saint ?
15 L’onction de l’esprit saint signifiait que les croyants oints recevraient une position dans le Royaume céleste, avec Jésus-Christ, le “Messie, le prince”. Puisque Jésus avait dit qu’il donnerait à Pierre les “clés du royaume des cieux”, ce dernier était tout désigné pour offrir aux Gentils cette possibilité d’entrer dans le Royaume céleste. Il emploierait la “clé de la connaissance” et leur apporterait le message du Royaume messianique de Dieu.
16. À qui les chrétiens juifs avaient-ils annoncé la bonne nouvelle jusque-là ?
16 Jusque-là, les Juifs croyants qui allaient çà et là “déclarant la bonne nouvelle de la parole” n’annonçaient le Royaume de Dieu qu’à une certaine catégorie de personnes. Ils ne disaient “la parole à personne sinon aux seuls Juifs”. (Actes 8:1-4 ; 11:19.) Cela se passait comme l’apôtre Pierre l’avait lui-même annoncé : “Vous savez bien qu’il n’est absolument pas permis à un Juif de se lier avec un homme d’une autre race ou de l’approcher.” (Actes 10:28). Il fallut attendre la fin de la soixante-dixième semaine pour que Jéhovah Dieu tourne pour la première fois son attention vers les nations gentiles, pour sortir du milieu d’elles un peuple pour son nom. C’est alors qu’il incita Pierre à faire usage de la seconde clé. — Actes 15:7-14.
17. La nation juive produisit-elle suffisamment de membres pour constituer la classe de l’Épouse du Christ, et comment cette question reçut-elle une solution, d’après l’image exposée dans Romains 11:13-24?
17 À la fin de la soixante-dixième semaine, les Juifs selon la chair n’avaient pas fourni la preuve que leur nation produirait suffisamment de croyants pour constituer la classe complète de l’Épouse pour le Messie, l’Époux. Ils n’avaient pas atteint le nombre total des croyants oints qui seraient réunis avec le Christ dans le Royaume céleste. La congrégation des Juifs, qui étaient des candidats naturels au Royaume céleste, était comparée à un olivier ayant un nombre précis de branches attachées au tronc de l’arbre qui représentait le Messie. Pour avoir manqué de foi en Jésus le Messie, la majeure partie des Juifs selon la chair furent arrachés. Les places disponibles devaient être occupées pour constituer la totalité des membres du Royaume. Dans sa miséricorde, Dieu permit que ces places fussent prises par des croyants gentils qui, par la foi, furent greffés sur cet olivier symbolique, devenant ainsi des Israélites spirituels.
18. Quelle situation se développe en Israël jusqu’à ce que soit rassemblé le nombre complet des membres du Royaume, et combien sont-ils ?
18 L’apôtre Paul, qui employa cette comparaison de l’olivier, conclut son explication en ces termes : “Un émoussement de la sensibilité s’est produit en partie chez Israël jusqu’à ce que le nombre complet des gens des nations [les Gentils] soit entré, et de cette manière tout Israël sera sauvé. Comme il est écrit [dans Ésaïe 59:20] : ‘Le libérateur viendra de Sion [la Sion céleste] et détournera de Jacob les pratiques impies.’” (Romains 11:13-26). Les Écritures révèlent que le nombre précis des Israélites spirituels qui composent cet olivier symbolique est limité à 144 000. — Révélation 7:4-8.
19. Pierre eut-il l’idée de greffer sur l’olivier les croyants gentils, sinon où cette idée prit-elle naissance ?
19 Ce ne fut pas l’apôtre Pierre qui eut l’idée d’inviter et de greffer sur l’olivier les premiers croyants gentils. Ce ne fut pas lui qui “lia” ou limita, jusqu’à la fin de la soixante-dixième semaine, l’occasion qui fut donnée uniquement aux Israélites selon la chair de faire partie de l’olivier. Ce ne fut pas lui qui “délia” les Gentils en levant les restrictions qui les empêchaient de participer à la course pour le Royaume céleste. Ce ne fut pas lui qui fut à l’origine de cette disposition. Tout fut prévu au ciel d’abord, par Dieu, et non sur la terre, par Pierre. Ce fut Dieu qui, par son ange, dit au Gentil italien Corneille d’envoyer chercher Simon Pierre.
20. Comment Pierre fut-il dirigé pour porter le message du Royaume à Corneille, et ainsi, qui détermina le moment où il fallait employer la seconde des “clés du royaume” ?
20 Par une vision et par son esprit, Dieu enjoignit à Pierre, indécis, d’accepter l’invitation du non-Juif Corneille et de se rendre dans sa maison à Césarée. Quand Pierre pénétra dans cette maison gentile et vit des gens des nations rassemblés dans ce lieu pour entendre le message du Royaume, il déclara : “Vraiment je m’aperçois que Dieu n’est pas partial [en faveur des Juifs], mais qu’en toute nation l’homme qui le craint et pratique la justice lui est agréable.” Ainsi, au temps fixé par le ciel, Pierre devait être chargé d’employer la seconde des “clés du royaume des cieux”, et cela pour les Gentils. — Matthieu 16:19.
21. Quel message Pierre prêcha-t-il à ces Gentils ?
21 Pierre se mit alors à prêcher à ces Gentils, leur parlant de l’Oint, du “Messie, le prince”, et de la façon dont il mourut. “Dieu a ressuscité Celui-ci le troisième jour et lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple mais aux témoins établis d’avance par Dieu [Jéhovah], à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il se fut levé d’entre les morts. Et il [Jéhovah Dieu] nous a ordonné de prêcher au peuple et de rendre un témoignage complet que c’est Lui [Jésus] dont Dieu a décrété qu’il soit juge des vivants et des morts. C’est de lui que tous les prophètes rendent témoignage, que quiconque [Gentil ou Juif] a foi en lui reçoit le pardon des péchés par son nom.”
22. Que firent alors ces Gentils, et ensuite qu’indiqua Dieu à leur sujet ?
22 À présent, grâce à l’usage qu’avait fait Pierre de la “clé de la connaissance”, ces auditeurs gentils voyaient s’ouvrir devant eux la porte du Royaume et, exerçant la foi, ils saisirent l’occasion d’y entrer. Dieu indiqua aussitôt qu’il les avait tirés des nations gentiles pour constituer, avec les Juifs croyants, un “peuple pour son nom”.
23. Comment savons-nous que c’est ici que Dieu commença à tirer des Gentils une partie du peuple pour son nom ?
23 Comment le savons-nous ? Parce que, “comme Pierre parlait encore de ces choses, l’esprit saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Et les fidèles qui étaient venus avec Pierre, lesquels étaient des circoncis, furent stupéfaits, parce que le don gratuit de l’esprit saint était aussi répandu sur les gens des nations. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu [comme le jour de la Pentecôte]”. Pierre agit conformément à cette indication divine en informant ces Gentils de ce qu’ils devaient faire, disant : “Peut-on [en tant que Juifs] leur interdire l’eau pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’esprit saint tout comme nous [Juifs selon la chair] ?” Aucun Juif circoncis alors présent ne manifestant de l’opposition, Pierre “ordonna qu’ils fussent baptisés au nom de Jésus-Christ”. — Actes 10:1-48 ; 15:7-9.
24. a) Pourquoi n’y avait-il que deux “clés du royaume des cieux” ? b) Fit-on un usage ultérieur de ces clés, et Pierre pouvait-il fermer la porte d’accès au Royaume ?
24 Jusqu’à cette époque, Jéhovah Dieu avait divisé l’humanité en deux classes, les Israélites selon la chair ou Juifs, et les Gentils ou nations non juives. Il ne fallait donc que deux “clés du royaume des cieux” pour suffire aux besoins de cette division en classes. Lorsque Pierre eut employé les deux clés pour leurs fins précises, il n’y eut plus besoin de ces “clés”. Rien dans la Bible n’indique que Pierre en fit usage ultérieurement ni qu’il les transmit à un prétendu successeur apostolique quel qu’il soit. Naturellement, Pierre n’avait pas reçu l’autorisation d’utiliser la clé pour fermer la porte d’accès au Royaume. Il semble pourtant qu’il essaya de le faire en une certaine occasion. Quand cela ? Ce fut lorsque Pierre (ou Céphas, tel qu’on l’appelait en araméen) se rendit à Antioche après la fin de la soixante-dixième semaine et la conversion du premier croyant gentil, Corneille. L’apôtre Paul s’y trouvait à ce moment-là. À Antioche de Syrie, il y avait de nombreux Gentils convertis au Christ, et c’est dans cette ville que, pour la première fois, “les disciples furent, par providence divine, appelés chrétiens”. — Actes 11:20-26.
25. a) La présence des Gentils incirconcis dérangea-t-elle Pierre lorsqu’il visita la congrégation d’Antioche ? b) Quelle question de foi et de morale fut soulevée pendant sa visite ?
25 La présence dans la congrégation d’Antioche de ces Gentils incirconcis, convertis, ne dérangeait pas Pierre ou Céphas ; il allait dans leurs foyers et prenait ses repas avec eux, tout comme il l’avait fait quelques années plus tôt dans la maison de l’Italien Corneille. Dieu avait appris à Pierre de ‘cesser d’appeler souillées les choses que Dieu a purifiées’. Aussi Pierre n’insista pas pour qu’ils soient circoncis comme les Juifs avant de manger avec eux, mais il agit d’une manière absolument identique à celle de Paul et de son collaborateur Barnabas. Peu après, certains Juifs chrétiens descendirent à Antioche, venant de Jérusalem où le disciple Jacques, demi-frère de Jésus, exerçait la fonction de surveillant. Ces membres circoncis de la congrégation de Jérusalem laissaient entendre que Jacques attachait de l’importance à ce que les croyants juifs circoncis ne fréquentent pas les croyants gentils qui n’étaient pas circoncis. Cela soulevait une question de foi et de morale. Quelle serait la décision de Pierre, lui qui avait employé les clés ? Paul déclare ceci :
26. Comment Paul remédia-t-il à la situation ?
26 “Quand Céphas [nom araméen pour Pierre] vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il se trouvait condamné. Car avant l’arrivée de certains hommes de la part de Jacques, il mangeait avec des gens des nations ; mais quand ils furent arrivés, il se retirait et se séparait, par crainte de ceux de la classe des circoncis. Les autres Juifs aussi usèrent de dissimulation avec lui, si bien que même Barnabas fut entraîné avec eux dans la dissimulation. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de la bonne nouvelle, je dis à Céphas devant eux tous : ‘Si toi, qui es Juif, tu vis comme les nations et non comme les Juifs, comment peux-tu contraindre les gens des nations à vivre selon la pratique juive ?’” — Galates 2:11-14.
27. a) Quelle était la faute de Pierre ? b) Pourquoi Pierre ne pouvait-il pas fermer la porte devant les croyants gentils ?
27 C’était un blâme public que Paul infligeait à l’apôtre Pierre, car Pierre ne marchait pas selon la foi et la moralité chrétiennes. La crainte de l’homme influençait encore Pierre, comme elle l’avait saisi quand il avait renié Jésus, à trois reprises, la nuit où il fut trahi par Judas Iscariot (Matthieu 26:31-35, 69-75 ; Marc 14:27-31, 66-72 ; Proverbes 29:25). C’était comme si Pierre avait pris la seconde des “clés du royaume des cieux” et qu’il ait refermé la porte à clé devant les Gentils incirconcis. Mais l’apôtre Pierre n’avait pas le pouvoir de fermer ainsi cette porte, car Jésus-Christ ressuscité déclara plus tard : “Ce sont ici les choses que dit celui qui est saint, qui est véritable, qui a la clé de David, qui ouvre de sorte que nul ne fermera, et qui ferme de sorte que nul n’ouvre : ‘Je connais tes actions — voici, j’ai placé devant toi une porte ouverte, que nul ne peut fermer.’” (Révélation 3:7, 8). Le ciel n’admettait pas la conduite hypocrite de Pierre à Antioche. Il faut donc comprendre que Pierre changea promptement sa conduite dans cette ville, en harmonie avec la doctrine sans équivoque de l’apôtre Paul.
28. En écrivant aux Galates, quelle doctrine sans équivoque Paul exprima-t-il sur la question de la circoncision ?
28 Paul poursuivit le rapport de la correction publique qu’il infligea à Pierre ou Céphas. S’adressant aux chrétiens juifs, il écrivit : “Nous qui, de nature, sommes Juifs et non pécheurs d’entre les nations, sachant comme nous le savons qu’un homme est déclaré juste, non par suite des œuvres de la loi, mais seulement par la foi envers Jésus-Christ, nous avons, nous aussi, mis notre foi en Christ Jésus, pour que nous soyons déclarés justes par suite de la foi envers Christ, et non par suite des œuvres de la loi, car par suite des œuvres de la loi nulle chair ne sera déclarée juste.” (Galates 2:15, 16). À Jérusalem, lorsqu’il avait pris la parole au cours du débat sur la circoncision, Pierre lui-même avait admis cette doctrine du salut par la foi en Christ et par la bonté imméritée de Dieu, grâce au Christ, et non par la circoncision sous la Loi mosaïque (Actes 15:6-11). Plus tard, Pierre reconnut le bien-fondé des propos et des écrits de Paul. Dans sa seconde lettre aux croyants chrétiens, Pierre écrivit ce qui suit :
29. Plus tard, comment Pierre montra-t-il qu’il reconnaissait le bien-fondé de la correction de Paul sur cette question de foi et de morale ?
29 “Considérez la patience de notre Seigneur comme salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée, parlant de ces choses comme il le fait aussi dans toutes ses lettres [y compris la lettre aux Galates]. Il s’y trouve, cependant, des choses difficiles à comprendre, dont les gens sans instruction et inconstants tordent le sens, comme ils le font d’ailleurs avec les autres Écritures, pour leur propre destruction.” — II Pierre 3:15, 16.
PIERRE VA À BABYLONE
30. Quelle division du territoire se produisit chez les apôtres, en harmonie avec les paroles de Jésus contenues dans Matthieu 28:18, 19?
30 Pierre fut désigné pour employer la “clé de la connaissance” et ouvrir la porte aux Gentils incirconcis. Cependant, il fut établi apôtre, surtout pour prêcher la bonne nouvelle du Royaume parmi les Juifs circoncis auxquels il avait ouvert la porte en utilisant la première “clé”, le jour de la Pentecôte de l’an 33. Inversement, et bien qu’il ait régulièrement prêché dans les synagogues juives jusqu’à ce qu’il en fût expulsé, Paul était surtout apôtre des Gentils. Le concernant, Jésus-Christ ressuscité avait d’ailleurs déclaré : “Cet homme m’est un vase choisi pour porter mon nom aux nations ainsi qu’aux rois et aux fils d’Israël.” (Actes 9:15 ; 22:17-21). Cette disposition amena une répartition du territoire dans lequel les apôtres prêchaient la bonne nouvelle du Royaume et formaient de nouvelles congrégations. Ce partage du monde des hommes à qui les apôtres devaient prêcher et parmi lesquels ils devaient faire des disciples était en harmonie avec ces paroles que Jésus avait prononcées après sa résurrection et son ascension au ciel : “Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc et faites des disciples de gens de toutes les nations, les baptisant.” (Matthieu 28:18, 19). Les apôtres tombèrent d’accord sur cette question d’attribution de territoire, et voici ce que nous rapporte Paul à ce propos :
31. Comment Galates 2:1-9 fait-il nettement ressortir cette division du territoire ?
31 “Ensuite, au bout de quatorze ans [après une visite antérieure], je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabas, prenant aussi Tite avec moi. Mais j’y montai à la suite d’une révélation. Et je leur exposai la bonne nouvelle que je prêche parmi les nations (...). Mais au contraire, voyant que la bonne nouvelle pour ceux qui sont incirconcis m’avait été confiée, comme elle l’avait été à Pierre pour ceux qui sont circoncis — car Celui qui donna à Pierre les pouvoirs nécessaires à un apostolat pour ceux qui sont circoncis, me donna aussi des pouvoirs pour ceux qui sont des nations ; oui, quand ils purent reconnaître la bonté imméritée qui m’avait été donnée, Jacques et Céphas [Pierre] et Jean, ceux qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent, à moi et à Barnabas, la main droite de la participation, pour que nous allions vers les nations, mais eux [Jacques, Pierre et Jean] vers ceux qui sont circoncis.” — Galates 2:1-9.
32. Décrivez la destination que prirent Pierre et Paul en s’acquittant de leurs attributions de service particulières.
32 Pour Pierre, cette disposition signifierait concentrer ses efforts vers l’est (y compris Babylone), où se trouvait au premier siècle la plupart des Juifs selon la chair. Quant à Paul, il irait vers l’ouest. En fait, il fut appelé vers l’ouest lorsqu’il était à Troas, ville située à la pointe occidentale de l’Asie Mineure. Là, “pendant la nuit une vision apparut à Paul : un Macédonien se tenait là et le suppliait, disant : ‘Passe en Macédoine et aide-nous.’ Or dès qu’il eut vu la vision, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, tirant la conclusion que Dieu nous avait appelés pour leur déclarer la bonne nouvelle”. Premièrement, il fonda dans la ville macédonienne de Philippes une congrégation chrétienne comptant des Gentils incirconcis (Actes 16:8-40). Puis ce fut au tour d’autres villes d’Europe, y compris Athènes et Corinthe, où des congrégations chrétiennes furent formées.
33. Quelles doctrine et pratique, sources de divisions, apparurent dans la congrégation de Corinthe ?
33 Quelques années plus tard, Paul dut écrire aux Corinthiens pour qu’ils cessent de former parmi eux des sectes religieuses. Certains disaient : Je suis de Paul. D’autres : Je suis d’Apollos. D’autres : Je suis de Pierre (Céphas). D’autres : Je suis de Christ. S’élevant contre ces sectes, comme celles qui divisent la chrétienté actuelle, Paul écrivit à la congrégation de Corinthe en ces termes :
34, 35. Comment la lettre de Paul corrigea-t-elle les Corinthiens sur cette question de sectarisme ?
34 “Il m’a été exposé à votre sujet, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, que des dissensions existent parmi vous. Ce que je veux dire est ceci, que chacun de vous dit : ‘J’appartiens à Paul’, ‘Mais moi à Apollos’, ‘Mais moi à Céphas’, ‘Mais moi à Christ’. Le Christ existe-t-il divisé ? Paul n’a pas été mis au poteau pour vous, n’est-ce pas ? Ou bien avez-vous été baptisés au nom de Paul ? (...) vous êtes encore charnels. Dès lors, en effet, qu’il y a des jalousies et des disputes parmi vous, n’êtes-vous pas charnels et ne marchez-vous pas comme font les hommes ? Car lorsque l’un dit : ‘J’appartiens à Paul’, mais l’autre : ‘Moi à Apollos’, n’êtes-vous pas simplement des hommes ? Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Oui, qu’est-ce que Paul ? Des ministres par lesquels vous êtes devenus croyants, oui, comme le Seigneur a donné à chacun. J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu l’a fait croître sans cesse ; si bien que ce n’est ni celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui le fait croître. Car nous sommes les collaborateurs de Dieu. Vous êtes le champ de Dieu en culture, l’édifice de Dieu.
35 “Que nul donc ne se glorifie dans les hommes ; car toutes choses vous appartiennent, soit Paul, ou Apollos, ou Céphas [Pierre], ou le monde, ou la vie, ou la mort, ou les choses ici présentes, ou les choses à venir, toutes choses vous appartiennent ; et de votre côté vous appartenez à Christ ; Christ, de son côté, appartient à Dieu.” — I Corinthiens 1:11-13 ; 3:3-7, 9, 21-23.
36. a) Ainsi, que démontra Paul quant à savoir si Pierre était le “roc” sur lequel la congrégation était édifiée ? b) Quelle comparaison peut-on établir entre le nombre de lettres des Écritures grecques chrétiennes écrites par Paul et par Pierre ?
36 En élevant de telles protestations contre les sectes religieuses parmi les personnes se prétendant chrétiennes, l’apôtre Paul ne soutenait pas que Pierre (Céphas) était le Roc (pétra) sur lequel Jésus-Christ édifiait sa congrégation (Matthieu 16:18). Au contraire, Paul, qui avait dû reprendre Pierre, écrivit dans cet ordre d’idées : “Nul homme ne peut poser d’autre fondement que ce qui est posé, ce qui est Jésus-Christ.” (I Corinthiens 3:11). En raison de la fidélité de Paul, non pas à un homme comme lui mais à Jésus-Christ, il n’est pas surprenant que treize lettres (épîtres) des Écritures grecques chrétiennes portent le nom de Paul, en qualité d’écrivain inspiré. C’est également à Paul qu’on attribue l’épître (ou lettre) aux Hébreux, c’est-à-dire aux chrétiens hébreux, ce qui fait quatorze épîtres à son actif. On ne trouve que deux épîtres de Pierre dans les saintes Écritures.
37. Qu’est-ce qui prouve que Paul s’intéressait à Rome ?
37 Ces lettres de Paul, ainsi que ses paroles et ses déplacements, dont les Actes des Apôtres nous donnent la teneur, sont une preuve de l’ampleur de son œuvre missionnaire et du grand nombre de congrégations chrétiennes qu’il a formées, particulièrement à l’ouest, parmi les nations gentiles. Alors qu’il se trouvait à Éphèse, en Asie Mineure, et qu’il se proposait de faire une dernière visite à Jérusalem, Paul déclara : “Après avoir été là, il faut aussi que je voie Rome.” (Actes 19:21). Poursuivant ce projet, il adressa peu après un puissant message aux Romains. Dans sa lettre, écrite en grec et non en latin, il dit aux chrétiens de Rome : “J’ai été bien des fois empêché de venir vers vous. Mais à présent que je n’ai plus de territoire qui n’a pas été touché dans ces régions, et ayant depuis quelques années un ardent désir de venir vers vous quand je me rendrai en Espagne, j’espère, par-dessus tout, lorsque je serai en cours de route, vous voir et y être escorté par vous une partie du chemin, après que je me serai d’abord, dans une certaine mesure, rassasié de votre compagnie.” — Romains 15:22-24.
38. Comment le Seigneur a-t-il montré qu’il voulait se servir de Paul à Rome ?
38 Paul revint à Jérusalem. Dans le temple, les Juifs fanatiques le molestèrent, et il fut arrêté. Après avoir comparu devant le Sanhédrin juif de Jérusalem, où il faillit être “mis en pièces” par les juges d’opinion contraire, Paul eut une vision, la nuit suivante, au quartier des soldats romains. “Le Seigneur se tint près de lui et dit : ‘Aie bon courage ! Car tout comme tu as rendu à Jérusalem un témoignage complet sur les choses qui me concernent, tu dois aussi rendre témoignage à Rome.”’ — Actes 23:1-11.
39. Dans quelles circonstances Paul se rendit-il à Rome ? Pierre le rencontra-t-il ou lui rendit-il visite alors que Paul y était retenu prisonnier ?
39 Conformément à la promesse du Seigneur, et en dépit d’un naufrage en cours de traversée, Paul atteignit Puteoli, à environ deux cents kilomètres au sud-est de Rome, mais il était prisonnier des Romains. Le livre des Actes (28:14-16) poursuit le récit en ces termes : “Nous y trouvâmes des frères et nous fûmes priés de demeurer avec eux sept jours ; et c’est ainsi que nous vînmes vers Rome. Et de là, les frères, quand ils apprirent la nouvelle à notre sujet, vinrent à notre rencontre jusqu’à la Place du Marché d’Appius et aux Trois-Tavernes et, en les apercevant, Paul rendit grâces à Dieu et prit courage. Quand enfin nous fûmes entrés à Rome, on permit à Paul de demeurer seul avec le soldat qui le gardait.” Nulle part il n’est fait mention que Pierre soit venu de Rome à la rencontre de Paul, et la suite du récit ne dit pas que Pierre a rendu visite à Paul, pendant la captivité de ce dernier, alors qu’il attendait de comparaître devant l’empereur Néron, le pontifex maximus. Il n’est pas plus fait mention de Pierre dans la longue lettre de Paul aux Romains et dans ses nombreuses salutations (Romains 16:3-23). Où était donc Pierre ?
40. Logiquement, où Pierre prêcherait-il ?
40 Nous devrions nous attendre à trouver Pierre dans le territoire où il serait à même de s’acquitter de son “apostolat pour ceux qui sont circoncis”. (Galates 2:8.) Il concentrerait donc ses efforts sur la Diaspora (“Dispersion”) a, qui comprenait la Dispersion orientale des Juifs, et au sujet de laquelle nous lisons ce qui suit :
41. Que dit Josèphe de Babylone en tant que résidence des Juifs de cette époque ?
41 Au temps du Christ, Josèphe pouvait dire que les Juifs étaient d’“innombrables myriades” en Babylonie (Antiquités, XI, v, 2). Il nous parle également des 2 000 familles juives qu’Antiochus transféra de Babylone et de Mésopotamie en Phrygie et en Syrie. (...) Pendant des siècles, Babylone resta le foyer du judaïsme oriental, et à partir des discussions poursuivies par les écoles rabbiniques furent élaborés le Talmud de Jérusalem au Vème siècle de notre ère, et le Talmud de Babylone un siècle plus tard. Les deux principaux centres du judaïsme en Mésopotamie étaient les villes de Néerda, sur l’Euphrate, et de Nisibis, sur le Mygdonius, affluent du Chaboras. Ces deux villes étaient aussi le centre du christianisme syrien. — ISBE, tome II, page 856a.
42, 43. En harmonie avec l’accord qui intervint lors du concile de Jérusalem, à qui s’adressaient la lettre de Jacques et le livre de la Révélation ?
42 Nous nous rappelons l’accord qui intervint entre Paul, apôtre des Gentils, et les “colonnes” de la congrégation, Jacques, Pierre et Jean, accord au sujet duquel Paul écrivit ce qui suit dans Galates 2:9 : “Jacques et Céphas et Jean, ceux qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent, à moi et à Barnabas, la main droite de la participation, pour que nous allions vers les nations, mais eux vers ceux qui sont circoncis.”
43 Conformément à ces paroles, le Jacques mentionné plus haut introduisit sa lettre par ces mots : “Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dispersées : Salutations !” De même, dans le dernier livre de la Bible écrit par le Jean précité, l’apôtre s’adressait aux congrégations d’Orient, en disant : “Jean aux sept congrégations qui sont dans le district d’Asie.” Il rédigea ces paroles pour obéir au commandement que Jésus ressuscité lui avait donné en ces termes : “Ce que tu vois, écris-le dans un rouleau et envoie-le aux sept congrégations, à Éphèse et à Smyrne, à Pergame et à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée.” (Révélation 1:4, 11). Mais que dit Pierre dans sa première lettre ?
44. À qui Pierre écrivit-il sa première lettre ?
44 Il donna à sa lettre l’introduction suivante : “Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux résidents temporaires dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, à ceux qui sont élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, avec sanctification par l’esprit, dans le but d’être obéissants et aspergés du sang de Jésus-Christ.” (I Pierre 1:1, 2). Aucun des lieux mentionnés ici ne se trouve en Europe ; ils sont tous en Asie Mineure. Mais alors, on pourrait objecter que, lorsque Pierre écrivit aux chrétiens “résidents temporaires” en ces lieux, il se trouvait à Rome. À cet argument, nous répondons que Pierre n’a pas mentionné Rome une seule fois.
45. Qu’objectent ceux qui disent que Pierre écrivit de Rome ?
45 Ceux qui prétendent que Pierre a résidé à Rome pendant cette période objectent que l’apôtre parlait de Rome dans un langage symbolique, qu’il la déguisait sous le nom de Babylone. Dans I Pierre 5:13, il déclara : “L’église de Babylone, élue comme vous, vous salue, ainsi que Marc, mon fils.” (Bible du cardinal Liénart). Par exemple, l’en-tête de la première épître de Pierre, tel qu’il est édité en anglais par la Société John Murphy, sous les auspices du cardinal Gibbons, déclare, entre autres, ce qui suit :
46, 47. Quand Pierre écrivit-il sa première lettre, selon la déclaration approuvée par le cardinal Gibbons et l’estimation catholique ?
46 Il l’écrivit à Rome, qu’il appelle figurément Babylone, environ quinze ans après l’ascension de notre Seigneur.
Et la note en bas de page sur Babylone, dans I Pierre 5:13, est ainsi conçue : “Rome, au sens figuré.” La note en bas de page de la Bible du cardinal Liénart déclare : “Babylone, c’est-à-dire Rome : cf. Apoc. 14:8 ; 17:5 ; 18:2 et 10.”
47 Si, d’après la publication catholique citée plus haut, Pierre écrivit sa première lettre environ quinze années après l’ascension de Jésus au ciel, la date la plus reculée pour la rédaction de la lettre de Pierre serait l’an 48. L’Encyclopédie catholique (angl., édition de 1911), tome XI, page 753b, déclare à ce propos :
48. Que déclare l’Encyclopédie catholique quant à l’époque de rédaction de la première lettre de Pierre ?
48 L’opinion la plus probable est celle qui consiste à la placer vers la fin de l’année 63 ou au début de 64 ; et saint Pierre ayant souffert le martyre à Rome en 64 (67?), l’Épître ne saurait être postérieure à cette date. En outre, elle laisse supposer que la persécution de Néron, qui commença vers la fin de 64, n’était pas encore déclenchée. (...) L’Épître ne saurait être antérieure à 63.
49. Vu la déclaration faite plus haut dans l’Encyclopédie catholique, pourquoi Pierre n’aurait-il eu aucune raison de déguiser le nom de Rome en celui de Babylone ?
49 Il est donc entendu que Pierre écrivit son épître avant que Rome n’ait déclenché sa campagne de persécution contre la congrégation chrétienne. Dans ces conditions, si Pierre avait écrit sa lettre avant la persécution romaine, pourquoi aurait-il déguisé le nom de Rome, ou aurait-il employé métaphoriquement le nom de Babylone à sa place ? À ce sujet, l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), tome VIII, page 18, déclare ce qui suit :
50. Quel est l’argument que propose sur ce point l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong ?
50 Mais pourquoi découvrir un sens mystique à un nom qui désigne le lieu de rédaction d’une épître ? Il n’y a pas plus de raison de faire une telle interprétation que de donner une signification analogue aux noms géographiques du [1Pi chapitre] 1, [verset] 1. Comment ses lecteurs pourraient-ils lire Église de Rome dans les termes ἡ συνεκλεκτὴ [hê suneklektê : l’église élue avec] vous à Babylone ? Et s’il est vrai que Babylone représente une puissance spirituelle hostile, comme dans l’Apocalypse (XVIII, 21), il est alors étrange que l’ensemble des critiques catholiques adoptent ici pareille signification et admettent implicitement que ce nom s’applique à leur métropole spirituelle. Le Dr Brown, d’Édimbourg, fait ressortir un cas analogue — “De par sa situation, et parce qu’elle est un centre intellectuel, notre propre ville est quelquefois comparée à Athènes ; mais il ne siérait pas de prétendre qu’une lettre arrive d’Édimbourg parce qu’elle est datée d’Athènes.” (Expository Discourses on 1st Peter, i, 548).
51. Quels faits prouvent incontestablement que Pierre a écrit sa première lettre de Babylone ?
51 (...) L’interprétation normale consiste à prendre Babylone comme la ville bien connue de ce nom. En fait, nous ne possédons aucun écrit relatif à un quelconque voyage missionnaire de Pierre en Chaldée, car le Nouveau Testament ne donne que peu de détails sur la dernière partie de sa vie. Mais nous savons que de nombreux Juifs habitaient Babylone — οὐ γαρ ὀλίγοι μυριάδες [ou gar oligoi muriades : pour de nombreuses myriades], selon Josèphe — et un tel lieu n’était-il pas, dans une grande mesure, une colonie juive susceptible d’attirer l’apôtre de la circoncision ? (...) Reconnaissant que l’Empire parthe [dans lequel se trouvait alors Babylone] avait son propre gouvernement, il écrit aux personnes des autres provinces placées sous la juridiction romaine, leur enjoignant de reconnaître la suprématie de l’empereur et d’obéir aux divers gouvernements qu’il a envoyés pour régir l’administration locale. De plus, comme on l’a observé à maintes reprises, les pays dans lesquels résident les destinataires de l’épître (1Pi i, 1) sont énumérés dans l’ordre qu’adopterait naturellement une personne écrivant de Babylone. Elle commencerait par les pays limitrophes pour faire ensuite le tour des pays les plus éloignés, à l’ouest et au sud. Érasme, Calvin, Bèze, Lightfoot, Wieseler, Mayerhoff, Bengel, De Wette, Bleek et peut-être la majeure partie des critiques modernes tiennent au sens littéral du vocable Babylone.
52, 53. a) Donnez d’autres preuves attestant que Pierre aurait écrit de Babylone. b) D’après la note au bas de la page 432, montrez que Clément s’opposait absolument à l’idée que Pierre ait écrit de Rome.
52 À l’appui de ces dires, citons l’ouvrage intitulé “Commentaire, critique et explication de l’Ancien et du Nouveau Testament” (angl.), par les Docteurs R. Jamieson, A. R. Fausset et D. Brown de Grande-Bretagne, édition de 1873, Partie II, page 514b, sur Babylone :
53 La Babylone chaldéenne sur l’Euphrate. Voir l’Introduction, SUR LE LIEU DE RÉDACTION de cette Épître, pour preuve qu’il ne s’agit pas de Rome comme le prétendent les Papistes ; à comparer au sermon de LIGHTFOOT. N’est-ce pas invraisemblable, dans une salutation amicale, que d’employer le titre énigmatique donné dans la prophétie (Jean, Révélation 17.5) ? Babylone était le centre d’où dériva la Dispersion asiatique aux membres de laquelle Pierre s’adressa. Le Legatio ad Caium, section 36, de PHILON, et les Antiquités, 15, 2.2 ; 23:12 de JOSÈPHE nous informent qu’il y avait un grand nombre de Juifs à Babylone aux temps apostoliques (tandis qu’à Rome, ils étaient peu en comparaison : environ 8 000, JOSÈPHE 17.11) ; il serait donc tout naturel qu’elle soit visitée par l’apôtre de la circoncision. Elle était le siège de ceux à qui il s’était adressé, avec succès, à la Pentecôte, Actes 2:9, les Juifs “Parthes (...) habitants de Mésopotamie” (les Parthes étaient alors les maîtres de la Babylone de Mésopotamie) ; à ceux-là, il témoigna en personne. Il témoigne maintenant par lettre à ses autres auditeurs, les Juifs “habitants de la Cappadoce, du Pont, de l’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie”. DENYS, évêque de Corinthe, qui vécut dans la seconde moitié du deuxième siècle, est la toute première autorité qui se prononce pour le martyre de Pierre à Rome. Le désir de représenter Pierre et Paul, les deux principaux apôtres, comme fondant ensemble l’Église de la métropole, semble être à l’origine de cette tradition. CLÉMENT DE ROME (1 Epistola ad Corinthios, sections 4, 5), SOUVENT CITÉ, S’Y OPPOSE FORMELLEMENT. Il mentionne ensemble Paul et Pierre, mais il fait une distinction à propos de Paul, disant qu’il a prêché et à l’est et à l’ouest, ce qui sous-entend que Pierre n’est jamais allé à l’ouestb.
54. a) Comment la déclaration de II Pierre 1:14 vient-elle appuyer l’argument selon lequel Pierre n’a jamais visité Rome ? b) Qui était Denys, et qu’a dit Épiphane concernant l’évêque des chrétiens de Rome ? (voir aussi la note en bas de page)
54 Dans II Pierre 1:14, il déclare : “L’abandon de mon tabernacle est proche”, montrant par là que son martyre était proche, et ne faisant aucune allusion à Rome ni à quelque intention de s’y rendrec.
55. a) Pourquoi préférons-nous la parole de Pierre à celle des écrivains religieux qui le contredisent ? b) Pourquoi Pierre aurait-il été dans l’erreur en voulant dire que Babylone désignait symboliquement Rome ?
55 En ce qui concerne ces rédacteurs religieux des œuvres littéraires des premiers siècles ne faisant pas partie de la Bible, même s’ils affirment que Babylone signifie Rome, que Babylone est un nom apocryphe pour Rome, que faut-il en conclure ? Leurs déclarations ne sont pas inspirées et, partant, ne sont pas vérité infaillible. Il faut nous souvenir que, comme les écrivains bibliques des temps préchrétiens, l’apôtre Pierre a écrit ses deux lettres sous l’inspiration de l’esprit saint de Dieu (II Pierre 1:20, 21). Il a donc écrit I Pierre 5:13 sous inspiration, raison pour laquelle ce passage doit être la vérité. Toutefois, si Pierre avait été poussé à écrire et à dire que Babylone signifiait Rome, non seulement Pierre aurait été dans l’erreur, mais l’esprit de Dieu qui l’inspirait également ; ce dernier aurait commis une faute. Pourquoi ? Parce que Babylone la Grande, dans Révélation 17:5, n’était pas et n’est pas Rome, comme nous le verrons plus tard. Mais jamais l’esprit saint de Dieu n’aurait inspiré Pierre pour qu’il écrive une contre-vérité. Plus pour cette dernière raison que pour toutes les autres, aussi bonnes soient-elles, Babylone ne signifie pas Rome dans I Pierre 5:13, mais plutôt la Babylone de l’Antiquité, prise au sens littéral.
56. Si “celle qui est à Babylone” désignait une congrégation en ce lieu, était-elle capable d’épargner la destruction à cette ville ? Pourquoi ?
56 Si nous consultons l’Atlas biblique historique Westminster (angl.) de Wright et Filson, édition révisée de 1956, et si nous examinons, à la page 89, la carte intitulée “Le monde romain à la naissance de Jésus”, nous noterons l’indication selon laquelle la ville de Babylone existait alors, sur l’Euphrate. Or, dans I Pierre 5:13, si l’expression “Celle qui est à Babylone” désigne une congrégation en ce lieu, la congrégation en question n’a pas empêché que Babylone ne devienne une ruine complète, pour accomplir la prophétie.
LA SION SPIRITUELLE DEMEURE
57. Qu’arriva-t-il à Jérusalem avant que Babylone ne fût détruite, et comment les chrétiens obéirent-ils à l’avertissement prophétique de Jésus concernant cet événement ?
57 Avant que l’antique Babylone ne fût devenue la ruine inhabitée qu’elle est restée jusqu’à ce jour, Jérusalem subit sa deuxième destruction. Le “courroux à venir” et le baptême de feu de la destruction qui devait brûler la “balle” juive vinrent sur la ville sainte d’autrefois (Matthieu 3:7-12). Après que les Juifs se furent révoltés contre la domination de Rome et que les troupes romaines eurent attaqué Jérusalem, pour se retirer temporairement en l’an 66, les chrétiens franchirent le Jourdain et s’enfuirent principalement vers la région montagneuse de Galaad, s’installant notamment à Pella. Ils prirent la fuite pour obéir à la prophétie suivante de Jésus : “Quand vous verrez Jérusalem entourée d’armées qui campent, sachez alors que sa désolation s’est approchée. Alors que ceux qui sont en Judée fuient vers les montagnes, et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem se retirent, et que ceux qui sont dans les endroits à la campagne n’y entrent pas (...) ! Car il y aura une grande misère sur le pays et du courroux contre ce peuple ; et ils tomberont sous le tranchant de l’épée et seront emmenés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem demeurera foulée par les nations jusqu’à ce que les temps fixés des nations soient accomplis.” — Luc 21:20-24.
58. Expliquez si la destruction de Jérusalem par les légions romaines commença ou termina les “temps fixés des nations”.
58 Commandées par le général Titus, les légions romaines revinrent à Jérusalem et, en l’an 70, elles rasèrent la ville. Alors, Jérusalem fut atrocement foulée aux pieds par la “nation” romaine. Cependant, sa chute ne voulait pas dire que les sept temps des Gentils, “les temps fixés des nations”, commencèrent cette année-là. Ils avaient déjà commencé en l’an 607 avant notre ère, lorsque Babylone fit subir à Jérusalem sa première destruction. Ces temps des Gentils devaient durer 2 520 ans, soit jusqu’au début de l’automne 1914. En l’an 70, par conséquent, l’assujettissement de Jérusalem par les nations gentiles n’était pas terminé, pas plus qu’il ne venait de commencer. Les paroles de Jésus indiquaient que Jérusalem serait foulée aux pieds par les nations gentiles jusqu’à la fin des “temps fixés”, c’est-à-dire jusqu’en 1914.
59. Quelles conditions régnèrent à Jérusalem de 130 à 312, et quel changement fut apporté par la suite ?
59 En l’an 130 de notre ère, l’empereur romain Adrien, pontifex maximus, visita les ruines de Jérusalem et donna l’ordre de reconstruire la ville. Craignant l’instauration d’un culte païen dans leur capitale, les Juifs se révoltèrent avec Bar-Kokheba à leur tête. En 134, la révolte fut écrasée, avec de grandes pertes aussi bien chez les Romains que chez les Juifs. Après cela, les Juifs furent massacrés en grand nombre. La colonie romaine fondée sur les lieux mêmes de Jérusalem reçut le nom de Aelia Capitolina. Un sanctuaire dédié au dieu païen Jupiter fut édifié sur l’emplacement du temple, et les statues de Jupiter et de l’empereur Adrien furent érigées sur l’aire du temple. L’accès de la ville était interdit aux Juifs, sous peine de mort. Cette mesure prévalut jusqu’en 312. Lorsque Constantin devint empereur et pontifex maximus, et qu’il fit profession de foi chrétienne, la ville prit un nouvel aspect. On la vénéra en tant que site de l’histoire chrétienne sacrée, et Constantin le Grand y fit édifier l’église du Saint-Sépulcre.
60. Pourquoi Jérusalem n’était-elle pas la Sion des vrais chrétiens, bien que Constantin y ait édifié une église ?
60 Il ne faut pas entendre par là que la Jérusalem du temps de Constantin devint la Sion des vrais disciples de Jésus-Christ. Leur Sion n’est pas une ville terrestre. La Sion terrestre qui avait rejeté Jésus-Christ lors de son entrée triomphale en l’an 33 fut détruite par les Romains en l’an 70. Mais la Sion véritable, celle de l’apôtre Jean, alors toujours en vie, et des autres disciples, existait toujours, étant spirituelle et céleste. C’est à l’apôtre Jean et aux autres chrétiens hébreux que s’appliquaient les paroles suivantes rapportées dans Hébreux 12:22, 23 : “Vous vous êtes approchés d’un mont Sion et d’une ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, en assemblée générale, et de la congrégation des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, de Dieu le Juge de tous.”
61. a) En étant foulée aux pieds, que représentait Jérusalem selon la Bible ? b) Comment et quand prendraient fin les temps des Gentils ? c) Comment Jérôme introduisit-il à tort le mot pontifex dans sa version latine des saintes Écritures ? (voir aussi la note en bas de page)
61 C’est dans cette Sion céleste que Jésus-Christ, “grand prêtre selon la manière de Melchisédek” fut intronisé comme roi à la fin des temps des Gentils en 1914 (Psaume 110:4 ; Hébreux 5:10 ; 6:20)d. Alors, Jérusalem ne serait plus foulée aux pieds par les nations gentiles, c’est-à-dire que ne serait plus foulé aux pieds ce que Jérusalem représentait. En quel sens ? En 607 avant notre ère, lorsque les Babyloniens commencèrent à fouler Jérusalem aux pieds, elle représentait le royaume terrestre typique de Dieu. Le trône de Dieu, sur lequel étaient assis les souverains de la lignée royale de David, était placé dans cette ville ; il fut renversé en 607 et ne fut plus réoccupé, bien que la ville proprement dite ait été reconstruite. Le commencement des temps des Gentils signifiait donc que la royauté divine serait ôtée à la lignée de David. La fin des temps des Gentils en 1914 voudrait dire que le Royaume de Dieu serait rétabli dans la lignée de David.
62. Où se trouve la Sion où vient l’Héritier et Seigneur de David, et ainsi, comment “Jérusalem” n’est-elle plus foulée aux pieds par les nations gentiles ?
62 Depuis l’an 33, l’Héritier et Seigneur du roi David se trouve dans le ciel, à la droite de Dieu. La Sion où il vient et qui l’accepte est située dans le ciel ; de ce fait, le lieu où le Royaume de Dieu est établi depuis 1914 est la Sion céleste, et non la Jérusalem du Moyen-Orient, ville habitée par des juifs et des musulmans. Pour cette raison, le Royaume de Dieu, autrefois représenté dans l’ancienne Jérusalem terrestre, n’est plus foulé par les Gentils. Le Royaume de Dieu est maintenant représenté dans la “Jérusalem céleste”, aussi n’est-il plus foulé aux pieds par les nations. Cela est vrai depuis 1914, date à laquelle les temps des Gentils ont pris fin, car c’est alors qu’est né le Royaume messianique de Dieu et que la “Jérusalem céleste” est devenue une organisation royale, gouvernée par un roi régnant.
[Notes]
a “Désigne les Juifs ‘exilés’ de la Terre promise de leur plein gré ou par la force, surtout dans la période où ils ont été expulsés de leur pays, après la destruction de Jérusalem par Titus (70 de n. è.).” — Concise Dictionary of Judaism de Dagobert D. Runes, 1959.
b La première lettre de Clément aux Corinthiens, section 5, déclare ceci : “(...) Mettons devant nos yeux les bons apôtres. Par fausse envie, Pierre subit non pas une, ni deux, mais de nombreuses peines ; et ainsi, ayant rendu témoignage jusqu’à la mort, il alla dans le lieu de gloire qui lui était dû. Par envie, Paul obtint la récompense de la patience. Il fut sept fois dans les liens ; il fut fouetté, il fut lapidé. Il prêcha à la fois à l’est et à l’ouest, laissant derrière lui le glorieux rapport de sa foi. Ainsi, ayant enseigné sa justice au monde entier et atteint les confins de l’Occident, il souffrit le martyre, sur l’ordre des gouverneurs, quitta ce monde, et alla dans le saint lieu, nous laissant un modèle parfait de patience.” — Page 6 de l’ouvrage A Translation of the Epistles of Clement of Rome, Polycarp and Ignatius de Temple Chevallier, B.D., édition de 1833, Londres. Voir aussi le livre The Apostolic Fathers — An American Translation de Edgar J. Goodspeed, édition de 1950, pages 51, 52.
c Concernant le Denys mentionné ci-dessus, la Cyclopædia de M’Clintock et Strong, tome VIII, page 14, déclare : “Eusèbe (iii, 25, dans une citation de Denys, évêque de Corinthe) ajoute qu’ils [Pierre et Paul] souffrirent ensemble le martyre. (...) Cependant, l’histoire complète ne repose que sur le seul témoignage de Denys, qui a dû mourir vers l’an 176 apr. J.-C. (Les passages de Clément de Rome, 1 aux Corinthiens v, et d’Ignace, aux Romains, v, n’établissent rien). (...) Épiphane (xxvii, 7) appelle même Paul l’évêque (ἐπίσκοπος) des chrétiens de Rome.”
d Dans Hébreux 5:10 ; 6:20, apparaît le mot grec arkhiéreus (ἀρχιερεύς) qui signifie “grand prêtre”. Dans la Vulgate latine, le traducteur Jérôme a rendu ce mot grec par pontifex. Dans Hébreux 5:6, on rencontre le mot grec hiéreus (ἱερεύς), qui signifie “prêtre” ; mais là, Jérôme le rend par sacerdos. Normalement, il aurait dû traduire le mot grec arkhiéreus par princeps sacerdotum, tel qu’on le trouve dans Matthieu 2:4 ; 16:21 ; 20:18 ; 21:15, 23, 45 ; Actes 4:6 ; 26:10, 12. Dans le Psaume 110:4 également (Vulgate, 109.4), Jérôme utilise le mot sacerdos pour “prêtre”, de même que dans Genèse 14:18 à propos de Melchisédek. Dans Lévitique 21:10, il emploie sacerdos maximus pour “grand prêtre”, mais il ajoute Pontifex dans le texte, disant : “Pontifex, id est sacerdos maximus inter fratres suos.” (“Le Pontifex, c’est-à-dire le Grand Prêtre parmi ses frères”). Ce faisant, Jérôme introduisit à tort le mot pontifex dans la Version latine des saintes Écritures, évidemment dans l’intention de légitimer l’attitude du pape catholique romain, qui l’avait pris pour secrétaire, à savoir Damase, qui fut le premier pape qui s’emparât du titre de pontifex maximus après que l’empereur Gratien s’en fut dessaisi. — Voir le Latin New Testament de Wordsworth et White, édition de 1911.
[Illustration, page 435]
Bas-relief de l’arc de Titus (à Rome) montrant les soldats romains transportant le butin du temple de Jérusalem en 70 de notre ère.
[Illustration, page 436]
Médaille romaine commémorant la prise de Jérusalem
Explication des mots latins écrits en abrégé sur l’avers : “Imperator Titus Caesar Vespasianus Augustus Pontifex Maximus Tribunus Populi Pater Patriae Consul VIII”, qui signifient : “Empereur Titus César Vespasien Auguste, pontifex maximus, tribun du peuple, père de la patrie, consul pour la huitième fois.” Revers : “Judea Capta”, qui signifie “Judée captive”. À droite du palmier, un captif juif, debout, les mains liées derrière le dos ; à gauche, une Juive, assise sur le sol, en pleurs (cf. Ésaïe 52:1, 2). Plus bas, on notera l’abréviation pour “Senatus Consultu”, qui signifie “Par décret du Sénat”.