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Ils mettent tout en œuvre pour s’amuserRéveillez-vous ! 1979 | 8 décembre
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un “camp primitif” où il n’est permis d’utiliser que des instruments élaborés avant 1820. Les campeurs passent deux semaines habillés en costumes qui évoquent la guerre de Sept Ans.
Mentionnons aussi la “Société d’anachronisme créateur”, dont les membres consacrent leurs loisirs à s’habiller et à vivre comme au Moyen Âge. Ils se répartissent en quatre “royaumes”, eux-mêmes subdivisés en régions plus petites, telles que des baronnies et des provinces. Leurs activités comprennent des tournois dans lesquels les combattants portent une armure et des armes émoussées. Un arbitre est choisi pour déterminer si tel ou tel coup aurait estropié ou occis l’adversaire s’il avait été porté avec une arme véritable.
Autre innovation plaisante: les “courses de baignoires”. Sur le lac Saranac (États-Unis), des particuliers fixent un moteur de hors-bord à une baignoire et sillonnent le lac en vrombissant. L’activité est la même à l’Association de courses américaines en coccinelles d’eau, mais cette fois, ce n’est plus une baignoire qui fend les flots, mais une “coccinelle” Volkswagen achetée au rebut, débarrassée de son toit et rendue étanche après qu’on a fixé une hélice à l’arbre de transmission.
Pourquoi cette vogue des loisirs?
D’où vient la vogue actuelle des loisirs? Cette question a amené quelques réponses inattendues, telle celle de J. Churchill, chercheur en sociologie des loisirs à l’université du Maryland. “La signification du travail s’est modifiée, a-t-il expliqué. À mon avis, l’homme se sent poussé à être productif, à aller au bout de ce qu’il fait et à réaliser quelque chose. Je pense que ce besoin est inné. Or, comme beaucoup de gens ne parviennent pas à se réaliser dans leur emploi, l’unique occasion d’y parvenir qui se présente à eux provient de leurs loisirs.” De l’avis de ce chercheur, la vogue actuelle des loisirs est plus “une évolution dans le sens de la productivité” que dans le sens contraire.
Une autre raison du regain d’intérêt actuel pour les loisirs est que beaucoup cessent d’estimer le succès en termes de revenus ou de position sociale. Le succès s’assimile de plus en plus à la réalisation d’une certaine image de soi dans des activités de loisirs bizarres. Le désir n’est alors plus simplement de s’amuser, mais également d’être considéré pour les exploits réalisés en jouant.
Une autre raison plus profonde de cet intérêt pour les loisirs a trait à la remise à l’ordre du jour de l’égotisme. Est-il mal de s’intéresser à soi? Est-il mal de le montrer en s’amusant? Pas nécessairement. Il n’y a rien de malsain à s’intéresser dans une certaine mesure à sa personne et à se livrer à une distraction saine. Mais, comme va le montrer l’article suivant, cette recherche de l’amusement à tout prix passe souvent les bornes.
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Quand le jeu n’en vaut plus la chandelleRéveillez-vous ! 1979 | 8 décembre
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Quand le jeu n’en vaut plus la chandelle
CONTRAIREMENT à ce que d’aucuns pensent, la Bible ne condamne pas les amusements. Le premier miracle de Jésus contribua à la gaieté qui régnait lors d’un festin de mariage, puisqu’il renouvela les réserves de vin qui s’étaient épuisées (Jean 2:1-11). Jésus était souvent présent lors de telles fêtes, ce qui lui valut de la part de ses adversaires l’accusation fausse d’être un glouton et un ivrogne. — Mat. 11:19.
Les Écritures invitent les serviteurs de Dieu à jouir de la vie. “Et moi, j’ai fait l’éloge de l’allégresse, écrit un sage rédacteur de la Bible, car il n’y a rien de meilleur pour les humains, sous le soleil, que de manger et de boire et de se réjouir, et que cela les accompagne dans leur dur travail durant les jours de leur vie que le vrai Dieu leur a donnés sous le soleil.” — Eccl. 8:15.
Ces considérations restent-elles vraies lorsqu’on en arrive à des excès dans la poursuite des loisirs et des plaisirs? Que doit-on penser lorsque la quête du plaisir devient le principal objet de la vie? Dans un tel cas, le jeu n’en vaut plus la chandelle, dans la mesure où il ne procure pas le repos, la détente et le plaisir attendu, mais que l’on cause plutôt du tort à soi-même et à autrui.
Les torts que l’on se cause à soi-même
Quantité de gens boivent à l’excès durant leurs heures de loisir. Dans la Bible, le livre des Proverbes contient une description frappante des malheurs qui en découlent:
“Pour qui les Ah? pour qui les Hélas? Pour qui les querelles? pour qui les plaintes? Pour qui les blessures sans cause? Pour qui les yeux rouges? Pour ceux qui s’attardent auprès du vin, pour ceux qui vont quérir des vins mélangés. Ne regarde pas le vin parce qu’il est d’un beau rouge, qu’il donne son éclat dans la coupe et qu’il coule aisément. Il finit par mordre comme un serpent et par piquer comme un aspic. Tes yeux se porteront sur les courtisanes et ton cœur parlera d’une manière perverse. Tu deviendras comme un homme couché au milieu de la mer, comme un homme couché sur le sommet d’un mât: on m’a frappé,... je n’ai pas eu de mal! On m’a battu,... je n’en ai rien su! Quand me réveillerai-je?... J’en redemande encore!” — Prov. 23:29-35, Segond révisée.
Mais les effets néfastes de l’alcool ne sont qu’un aspect des torts que l’on se cause en s’adonnant à l’excès aux plaisirs. Dans un reportage de J. Nordheimer publié dans le New York Times, on lit: “Le temps disponible pour les loisirs ainsi que la prospérité grandissante de la petite bourgeoisie américaine ont multiplié le nombre des gens qui cherchent un renouvellement psychologique, de l’exercice ou simplement des émotions fortes en courant certains risques sous prétexte de détente.”
Le reporter poursuit: “Les statisticiens de la Compagnie d’assurances-vie Metropolitan ont calculé qu’environ 10 000 Américains meurent chaque année à la suite de quelque risque encouru volontairement pour le plaisir ou par esprit d’aventure. Et ce chiffre ne fait que grimper.”
“Ils craquent pendant leurs vacances”
Les loisirs peuvent également conduire à certains problèmes psychologiques. Un article paru en juin 1978 dans la revue Parade commençait en ces termes: “D’où vient-il que tant de personnes craquent pendant leurs vacances? Qu’y a-t-il durant cette période de vacances qui déclenche de tels troubles psychologiques? Le docteur Heinz Brokop, de la clinique d’Innsbruck (Autriche), incrimine les troubles liés à la solitude dont souffrent beaucoup de vacanciers ainsi que les problèmes dus à l’accoutumance à un nouveau cadre de vie, à l’ennui et à la déception qui suit la période de la préparation des vacances. ‘Nous recevons chaque année plus de deux millions et demi de vacanciers venus du monde entier pour visiter l’Autriche, a expliqué ce praticien, et ils sont censés se reposer et se détendre. Pourtant, je n’arrête pas de travailler pour des gens qui font tout sauf ça.’”
Il est clair qu’il ne suffit pas de disposer simplement de temps libre pour acquérir le bonheur, d’autant plus que nombre d’occupations auxquelles se livrent les gens durant leurs jours de loisirs engendrent des troubles physiques et mentaux. Ce qu’il y a de plus triste, c’est que les effets néfastes des activités de loisirs ne se limitent pas seulement à ces gens qui se font du tort à eux-mêmes.
Les conséquences subies par les autres
La façon dont chacun utilise ses loisirs a des répercussions sur tous. Prenons l’exemple du tourisme et des conséquences que cette industrie entraîne en maints endroits. Comme les touristes ont besoin d’hôtels, de piscines, de terrains de camping et de voies d’accès par la route, l’écologie et l’économie des régions visitées en souffrent d’autant. C’est ce qu’explique Guy Mountfort:
“Tel terrain marécageux jugé précieux au point de vue biologique est drainé, les ruisseaux sont détournés, les configurations irrégulières rigoureusement aplanies et la végétation naturelle détruite ou remplacée par des essences d’importation, plus décoratives. Bientôt, le site ressemble exactement à toutes les stations aménagées par l’homme: moderne, fonctionnel, faussement gai, sans charme et sans âme. Même si le tourisme crée localement quelques emplois, il fait le plus souvent appel à des spécialistes venus temporairement d’ailleurs. La majeure partie des bénéfices va soit à des investisseurs étrangers, soit à d’autres régions du pays.”
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