Questions de lecteurs
● Galates 3:17 montre que l’alliance de la loi a été conclue 430 ans après l’alliance avec Abraham. Exode 12:40 dit que le séjour des enfants d’Israël en Égypte fut de 430 ans et qu’à la fin de cette période fut conclue l’alliance de la loi. L’alliance abrahamique fut toutefois conclue avec le patriarche des siècles avant que son petit-fils Jacob ou Israël entrât en Égypte avec ses descendants pour y séjourner. Comment la période qui s’est écoulée entre la conclusion des deux alliances pourrait-elle dès lors être la même que celle pendant laquelle ils séjournaient en Égypte ? — R. D., Maryland.
Si l’on consulte le “ Tableau des principales dates historiques ” paru dans La Tour de Garde du 1er janvier 1952, on trouvera qu’aux termes de citations de l’Écriture, l’alliance avec Abraham a été conclue en l’année 1943 av. J.-C., année dans laquelle Abraham entra en Canaan et commença à y séjourner. Cet événement caractérisait le début de la période des 430 ans. Trente ans plus tard, lorsqu’Ismaël se moqua d’Isaac, commença la période d’oppression de 400 ans (Gen. 15:13 ; 21:8, 9 ; Actes 7:6). En l’an 1728 av. J.-C., Jacob et toute sa famille s’associèrent à son fils Joseph en Égypte, pour vivre comme étrangers dans ce pays, et cela après une durée de 215 ans de séjour au pays de Canaan, qui avait débuté par Abraham. Puis s’écoulèrent 215 nouvelles années, avant qu’Israël fût délivré du séjour et de l’oppression en Égypte, ce qui eut lieu en 1513 av. J.-C. C’est à cette époque que fut faite l’alliance de la loi avec Israël. L’appui biblique de cette chronologie est contenu dans le tableau précité.
On reconnaît dès lors clairement dans le récit biblique que depuis la conclusion de l’alliance avec Abraham jusqu’à la conclusion de l’alliance de la loi, 430 ans se sont écoulés, ce que le récit contenu dans Galates 3:17 confirme. De même, il en résulte clairement qu’il y eut une période de séjour passager d’une durée de 430 ans, une moitié de ce laps de temps en Canaan et l’autre moitié en Égypte. Or, cela semble être en contradiction avec Exode 12:40, où il est dit : “ Le séjour des enfants d’Israël en Égypte fut de quatre cent trente ans. ” Mais on admet cette contradiction trop promptement. Le texte ne dit pas qu’ils ont habité pendant 430 ans en Égypte, mais que leur résidence temporaire avait cette durée. Ils ont habité l’Égypte pendant la deuxième moitié de cette période et non pendant la période entière. La façon dont la Septante reproduit ce texte traduit l’idée exacte : “ Et le séjour des enfants d’Israël, pendant lequel ils séjournèrent dans le pays d’Égypte et dans le pays de Canaan, était de quatre cent trente ans. ”
La Septante est une traduction faite aux deuxième et troisième siècles av. J.-C. et l’Exode a certainement été terminée au cours du troisième siècle et se fondait sur des manuscrits hébraïques qui étaient plus anciens que ceux du texte massorétique hébraïque reconnu. C’est pour cette raison que dans beaucoup de ses leçons elle peut être plus précise que le texte massorétique. Le Pentateuque samaritain, un texte hébraïque transcrit en caractères samaritains et qui abonde en tournures de phrases samaritaines, fut élaboré au cinquième siècle av. J.-C. et il renferme également la remarque sur le séjour en Canaan et en Égypte. C’était donc le séjour en Égypte et en Canaan qui faisait au total 430 ans, et non la période passée en Égypte seulement. Le temps écoulé entre la conclusion des deux alliances (430 ans) n’était donc pas le même que celui de la résidence en Égypte (215 ans) ; il n’existe dès lors aucune contradiction entre Galates 3:17 et Exode 12:40, quand ce dernier texte est correctement compris.
● Le livre What Has Religion Done for Mankind ? (paru en anglais) dit à la page 211 : “ Que personne ne croie que la doctrine du purgatoire n’ait été découverte que par le pape Grégoire le Grand (595-604). ” Puis, à la page 274 : “ Grégoire I (595-604) a été le premier à découvrir le purgatoire. ” Comment peut-on concilier ces déclarations qui semblent se contredire ? — D. F., New York.
À la page 211 il est expliqué que la doctrine bouddhiste enseignait le purgatoire de nombreux siècles avant que le système catholique romain ait été organisé au quatrième siècle après Christ. À la page 274 et aux pages précédentes, on indique comment diverses doctrines païennes furent introduites dans la religion catholique. Pour autant qu’il s’agit de la doctrine catholique, c’est Grégoire le Grand qui découvrit le purgatoire (pour citer ses propres paroles). Il le prétendait en se fondant sur des apparitions et des visions. Il était le premier qui l’introduisait comme doctrine “ chrétienne ” et l’incorporait dans les dogmes de l’église catholique romaine. Ces dogmes constituaient et constituent encore un christianisme apostat. Le contexte restreint dès lors l’étendue de la déclaration faite à la page 274, où il est question des papes et de leurs inventions, tandis qu’à la page 211, la déclaration a un caractère plutôt général, non limitée par son contexte, et conteste l’affirmation du pape Grégoire. Ces déclarations, si elles sont considérées correctement dans leur continuité, ne sont pas en contradiction l’une avec l’autre.
● Du moment que Jean-Baptiste vit l’esprit descendre comme une colombe et s’arrêter sur Jésus-Christ, et que c’était en harmonie avec le signe que Jéhovah lui avait ordonné de chercher des yeux pour reconnaître le Messie (Jean 1:32-34), pourquoi envoya-t-il par la suite ses disciples pour apprendre de Jésus s’il était celui qui devait venir ? — E. P., Bolivie.
Dans Matthieu 11:2-6 il est dit : “ Jean, ayant entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples : Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Jésus leur répondit : Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! ”
Jean envoya chercher ce rapport, non parce qu’il doutait que Jésus fût le Messie, mais parce qu’il désirait une confirmation. Il savait que les prophéties avaient prédit certaines œuvres qu’accomplirait le Messie, et s’il obtenait un rapport sur ces choses qui s’accomplissaient, et cela de première main, ce serait pour lui, qui languissait en prison, d’un grand réconfort. Jésus ne considérait pas la requête de Jean comme la preuve d’un manque de foi, il lui fit encore moins administrer un blâme, mais il envoya un rapport encourageant sur ce qui se passait et qui prouvait que les prophéties telles qu’Ésaïe 35:3-6 s’accomplissaient tant au sens littéral qu’au sens spirituel. C’était donc une véritable demande de confirmation de la nouvelle que Jean avait d’abord annoncée concernant Jésus comme étant le Messie, et d’entendre un rapport aussi merveilleux sur la façon dont Jésus se conformait aux exigences du Messie fut une consolation pour le prisonnier qui devait bientôt être décapité.
● Dans Jean 9:1-3 nous lisons : “ Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. ” Ces versets peuvent-ils servir avec raison à indiquer une existence préhumaine ou une prédestination ? — L. A., Alberta (Canada).
Les mormons utilisent ce texte pour prouver l’existence préhumaine. Ils disent que le simple fait de la question posée par les disciples de Jésus démontre qu’ils pensaient à la possibilité que l’homme ait péché avant sa naissance et qu’il ait été puni pour ses péchés en venant aveugle au monde. Ces disciples ne suivaient pas Jésus depuis très longtemps et n’avaient certainement pas encore été purifiés de toutes les fausses doctrines religieuses par l’eau de la vérité. Dans ce cas, leur question révélait sans aucun doute leur souillure par la doctrine païenne de la métempsychose, d’après laquelle les péchés commis au cours d’une vie antérieure déterminent le genre ou l’état des corps des futures réincarnations d’une âme immortelle qui suit la voie de la métempsychose.
Il est possible que la doctrine païenne du philosophe grec Pythagore ait contaminé ces disciples juifs de Jésus, car une idée analogue était enseignée par les pharisiens juifs. Josèphe dit à ce sujet : “ Ils croient aussi que les âmes sont immortelles et que selon que l’homme ait été vertueux ou vicieux, elles reçoivent leur récompense ou leur punition sous la terre, de sorte que les vicieux sont condamnés à une détention perpétuelle dans une prison, tandis que les vertueux acquièrent le pouvoir de retourner à la vie. Ils disent en outre que l’âme serait complètement immortelle ; mais que seule celle des hommes bons passe dans un autre corps, celle des vicieux étant punie éternellement. ” — Antiquités judaïques, vol. XVIII, chapitre 1, al. 3 ; la Guerre juive, vol. II, chapitre VIII, al. 14.
L’hypothèse sur laquelle se fonde la question de savoir si l’homme a pu pécher avant sa naissance est non conforme à l’Écriture sainte. Selon la Bible, toute possibilité de pécher avant la naissance est exclue, car on peut y lire, par exemple à propos d’Ésaü et de Jacob : “ ... quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu’ils n’eussent fait ni bien ni mal,... ” (Rom. 9:11). Jésus confirme cette opinion dans sa réponse, en disant que cet homme n’avait point péché avant sa naissance. D’ailleurs, Jésus démontre aussi que les parents n’avaient pas péché, en ce sens qu’ils n’avaient rien fait de mal qui pût avoir pour conséquence que leur enfant soit né aveugle. Toutes les imperfections physiques, et la cécité de naissance en est certainement une, doivent être attribuées à la réprobation héritée par suite du péché d’Adam. Les créatures imparfaites ne pouvaient que susciter des descendants imparfaits (Ps. 51:7 51:5, NW ; Mat. 7:16-20 ; Rom. 5:12 ; I Cor. 15:22). Un malheur ne s’abat pas toujours sur une personne parce qu’elle a commis quelque péché (Eccl. 9:11 ; Luc 13:1-5). Mais c’est souvent ainsi que pensaient les Juifs du temps de Jésus. Job servit particulièrement de cible à Satan, pourtant ses critiques prétendaient que ses difficultés n’étaient pas une conséquence de sa droiture, mais une conséquence de ses péchés : “ Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ? Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits. ” — Job 1:8-12 ; 2:3-9 ; 4:7, 8.
Les personnes qui croient à la prédestination utilisent ce texte pour étayer l’argument selon lequel la cécité de cet homme avait été ordonnée par Dieu, afin que celui-ci vienne ainsi en contact avec Jésus, qu’il soit instruit par lui, qu’il le suive et qu’il bénéficie de la sorte du salut qui lui était prédestiné avant la fondation du monde. C’est ainsi qu’elles raisonnent en invoquant la réponse de Jésus : “ Afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. ” Or, par ces paroles, Jésus n’entendait aucunement écarter ou annuler les textes de l’Écriture cités à l’alinéa précédent, qui démontrent que la cause de ces imperfections est le péché hérité d’Adam. Ce cas de cécité par suite d’imperfection constituait une occasion de manifester les œuvres de Dieu, c’est-à-dire de les manifester à ceux qui virent la guérison miraculeuse et aussi l’homme guéri. Cela engagea l’intéressé à devenir un disciple de Jésus (Jean 9:38). Mais en ce qui concerne la manifestation des œuvres de Dieu, ce cas n’était pas différent des autres cas, où des aveugles virent, des paralytiques marchèrent, des lépreux furent purifiés, des sourds entendirent et des morts ressuscitèrent. Tous ces cas manifestaient les œuvres de Dieu, accomplissaient la prophétie et étaient des signes qui confirmaient Jésus comme étant le Christ ou le Messie (És. 53:4 ; Mat. 8:16, 17 ; 11:2-6). Quel honneur cela eût-il fait à Dieu de rendre un homme aveugle, afin de pouvoir le guérir plus tard ? Au lieu d’être digne d’éloge, ce n’eût été que la réparation d’une injustice, réparation différée pendant longtemps. Ce serait tout aussi hypocrite que si quelqu’un qui, après avoir érigé un homme de paille, l’abat uniquement pour offrir un spectacle. Non, Jéhovah Dieu, dont les œuvres sont parfaites, n’intervient pas pour créer n’importe quoi d’aussi imparfait qu’un enfant né aveugle. — Deut. 32:4.
Même s’il le faisait, ce ne serait néanmoins pas un cas de prédestination, selon la définition que donnent de cette doctrine ses défenseurs les plus éminents, les presbytériens. La question de savoir si cet homme pouvait voir ou non n’est pas essentielle en ce qui concerne la prédestination. La prédestination se rapporte strictement à la destinée finale, et non à des événements ou conditions quelconques survenant au cours de la vie terrestre. Il ne serait pas non plus suffisant de prétendre que la cécité a été prédéterminée pour mettre cet homme en rapport avec Jésus, aux fins d’être guéri par lui, puis d’obtenir du Christ quelques enseignements, de le suivre et finalement d’être sauvé. On ne peut dire que la cécité ait été le moyen de mettre en mouvement une série d’événements qui conduiraient cet homme à son salut prédestiné. Cela laisserait entendre que Jéhovah connaissait d’avance les événements qui se succéderaient et qu’il en avait créé les conditions en ordonnant la naissance de l’intéressé à l’état aveugle, tout cela afin que la prédestination divine se réalisât. Or, une telle interprétation n’est pas compatible avec la définition de la doctrine, car ses soutiens prétendent catégoriquement que la prédestination est complètement indépendante de n’importe quelles œuvres, circonstances, conditions ou causes connues ou provoquées d’avance. Ainsi, la cécité ne pouvait être ni une condition, ni une cause poussant cet homme vers sa destinée, car ils disent que cela “ est indépendant d’une prescience due à la foi, ou de bonnes œuvres, ou d’une persévérance dans celles-ci ou bien encore de toute autre circonstance inhérente à la créature, telles que conditions ou causes qui la poussent à certaines choses ”. — “ Professions de foi ”, chapitre III, article 5, page 16 de The Constitution of the Presbyterian Church in the United States of America.
Par conséquent, Jean 9:1-3 ne saurait être invoqué avec succès pour prouver, soit l’existence préhumaine, soit la prédestination.