Chapitre 16
Tombe, souveraine du monde !
1. Pourquoi le moment est-il opportun d’examiner la prophétie d’Ésaïe 14 ?
LA MERVEILLEUSE prophétie exposée dans les chapitres cinquante et cinquante et un du livre de Jérémie est axée sur le même événement historique que l’“oracle sur Babylone, révélé à Ésaïe, fils d’Amots”. Cet oracle est relaté dans Ésaïe chapitre treizième. Puisque nous avons achevé notre examen de la prophétie de Jérémie, le moment nous semble très opportun de poursuivre notre étude de celle d’Ésaïe, en commençant par les vingt-sept premiers versets du chapitre quatorze És 14:1-27. Celui-ci nous aidera à mieux comprendre la raison principale pour laquelle le Dieu tout-puissant renversa la ville inique qu’il avait laissé s’emparer de la domination mondiale. Il le fit principalement pour délivrer son peuple élu, qui avait été emmené en captivité.
2. Dans quel dessein Jéhovah renversa-t-il la Puissance mondiale babylonienne ?
2 Songez un peu ! Jéhovah fit tomber la nation la plus puissante que le monde ait jamais vue jusque-là, afin de libérer son peuple qu’il avait châtié mais non rejeté ! En tant que Dieu unique de son peuple élu, il pouvait surmonter n’importe quel obstacle pour justifier sa position de Souverain de l’univers, sanctifier son saint nom et lui ôter tout opprobre.
3. Quels captifs devaient être délivrés de Babylone par Jéhovah, et que signifiait pour eux le “jour de Jéhovah” ?
3 Ce peuple captif était composé de tribus issues du patriarche Jacob par ses douze fils. Dieu ayant changé le nom de Jacob en celui d’Israël, les descendants de Jacob étaient appelés les douze tribus d’Israël ou les fils d’Israël. Que signifiait pour eux “le jour de Jéhovah” ? Selon Isaïe 13:9 (AC), ce serait pour l’oppresseur d’Israël un “jour cruel, de fureur et d’ardente colère”, un jour de jugement. En revanche, pour les fils d’Israël ou descendants de Jacob, opprimés et tenus en captivité loin de leur pays, ce jour devait leur apporter une manifestation de la grande pitié ou miséricorde de leur Dieu.
4. Quelle promesse prophétique fut donnée à la maison de Jacob et à celle d’Israël dans Isaïe 14:1, 2 ?
4 Voilà pourquoi le chapitre faisant immédiatement suite à la prophétie d’Ésaïe sur le renversement de Babylone commence en ces termes : “Car Jéhovah aura pitié de Jacob, et il choisira encore Israël ; il les rétablira dans leur pays ; les étrangers s’adjoindront à eux et s’attacheront à la maison de Jacob. Les peuples les prendront et les ramèneront chez eux, et la maison d’Israël se les appropriera, comme serviteurs et comme servantes, dans la terre de Jéhovah, et ils feront captifs ceux qui les avaient faits captifs, et ils domineront sur leurs oppresseurs.” — Isaïe 14:1, 2, AC.
5. À quel rang le prophète Daniel fut-il élevé pendant la dernière nuit du roi Belschatsar ?
5 Dans la nuit dramatique où le roi Belschatsar donna son festin impie, après que Daniel eut fourni l’interprétation exacte de l’écriture apparue sur le mur de la salle de banquet, ce prophète israélite fut établi “troisième gouverneur dans le royaume”. — Daniel 5:7, 29, Da.
6. a) De quoi cette élévation de Daniel marqua-t-elle le commencement, et quelle position occupait-il sous le règne de Darius le Mède ? b) Environ soixante ans plus tard, quels Israélites furent élevés à un rang supérieur par le roi de Perse?
6 Ce fut là le point de départ des événements qui allaient permettre aux Juifs, alors des serviteurs eux-mêmes, de s’approprier ceux qui les dominaient et de devenir leurs maîtres. Lorsque Darius le Mède devint roi, succédant à Belschatsar qui avait été tué, le vieux prophète Daniel fut l’un des trois chefs ou hauts fonctionnaires auxquels les cent vingt satrapes de l’Empire médo-perse devaient rendre compte. “Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse.” (Daniel 6:1-3, 28). Environ soixante ans plus tard, l’Israélite Esther devint reine en épousant le roi Assuérus le Perse, et son cousin Mardochée, plus âgé qu’elle, fut élevé à la dignité de premier ministre de l’Empire, la Quatrième Puissance mondiale. — Esther 2:5-18 ; 8:1-15 ; 10:2, 3.
7. Assujettis désormais aux Mèdes et aux Perses, qu’est-ce que les Babyloniens ne pouvaient plus faire ?
7 Ainsi les Babyloniens, soumis désormais aux Mèdes et aux Perses, ne pouvaient plus s’approprier et tenir captifs dans leur territoire les Israélites ou Juifs. Ceux-ci, qu’ils avaient opprimés et fait travailler comme des esclaves, allaient dominer sur eux.
8. a) Quand, comment et dans quel but Jéhovah accorda-t-il la liberté aux Israélites exilés ? b) Selon les dispositions prises par Cyrus, qui ramena les Israélites chez eux ?
8 Au cours de la dernière des soixante-dix années de désolation du pays de Juda et de Jérusalem, qui correspond à la première année du règne de Cyrus le Perse, Jéhovah commença à agir selon ce qu’il avait déclaré par le prophète Ésaïe. Il rétablit les Israélites ou Juifs dans leur pays en faisant promulguer par Cyrus un édit les autorisant à retourner au pays de Juda pour y vivre et y bâtir un nouveau temple dédié à leur Dieu dans leur capitale, Jérusalem. C’était là une preuve qu’ils étaient toujours le peuple élu de Jéhovah et l’objet de sa pitié ou miséricorde. Selon les dispositions prises par Cyrus en faveur des Juifs, ce furent effectivement des non-Israélites qui les prirent et les ramenèrent chez eux, pour qu’ils rebâtissent le temple et restaurent les lieux dévastés. Au bout d’un certain temps, le désert de Juda commença à fleurir comme le narcisse et à être repeuplé d’Israélites rapatriés avec leur bétail, conformément à cette prophétie : “Les rachetés (...) reviendront.” — Isaïe 35:1, 2, 10, AC.
9. Qui s’adjoignit aux Israélites, et pourquoi quittèrent-ils Babylone avec eux ?
9 Des milliers d’Israélites s’enfuirent de Babylone et rentrèrent chez eux, dans le pays de leurs ancêtres. En outre, des milliers de non-Israélites imitèrent leur exemple, étant devenus des prosélytes de la foi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il s’agit, d’une part, des esclaves des Israélites qui avaient été emmenés en exil avec eux, tels que les Néthiniens et les chantres (Esdras 2:43-67), d’autre part, des gens qui furent tellement impressionnés par la délivrance que Jéhovah avait apportée à Israël qu’ils décidèrent de quitter les pays païens et de s’attacher à la “maison de Jacob”. Ceux-ci devinrent des “étrangers” dans le pays réoccupé de Juda.
10. En quels termes Ézéchiel (36:35, 36) parle-t-il de cet effet produit sur les nations ?
10 À ce sujet, Jéhovah lui-même avait déclaré prophétiquement, selon Ézéchiel 36:35, 36 (AC) : “On dira : Cette terre, qui était dévastée, est devenue comme un jardin d’Éden, et les villes ruinées, désolées et renversées sont habitées comme des places fortes. Et les nations qui seront restées autour de vous sauront que moi, Jéhovah, j’ai rebâti ce qui était renversé, planté ce qui était ravagé. Moi, Jéhovah, je dis et je fais.” Des étrangers s’adjoignirent aux Israélites rétablis, afin d’adorer le Dieu qui avait manifesté envers ces derniers une si grande miséricorde.
11-13. a) Quel cantique les rachetés d’Israël devaient-ils entonner, et comment devaient-ils le chanter ? b) Selon ce chant, qu’est-ce qui avait cessé, et quel effet cela produisit-il sur la terre et les arbres ?
11 Le jour de leur délivrance, les rachetés d’Israël devaient chanter un cantique nouveau. Leur Rédempteur céleste leur avait donné à la fois les paroles de ce chant et l’ordre de l’entonner pour faire honte à leur oppresseur. Autrefois, ce cantique était une simple prophétie, mais à présent ils devaient le chanter comme témoignage de ce qu’ils avaient vu se réaliser.
12 “Et au jour où Jéhovah te fera reposer de ton labeur, de tes anxiétés et de la dure servitude qu’on t’avait imposée, tu entonneras ce chant sur le roi de Babylone, et tu diras :
13 “Comment a fini le tyran, a cessé l’oppression ? Jéhovah a brisé le bâton des méchants, le sceptre des dominateurs, qui frappaient avec fureur les peuples de coups sans relâche, qui, dans leur colère, tenaient les nations sous le joug par une persécution sans répit. Toute la terre est en repos, elle est tranquille, elle éclate en cris d’allégresse. Les cyprès mêmes et les cèdres du Liban se réjouissent de ta chute : ‘Depuis que tu es couché là, personne ne monte plus pour nous abattre !”’ — Isaïe 14:3-8, AC.
14. Contre qui ce chant fut-il entonné, et pourquoi ?
14 Ce chant entonné contre le roi de Babylone n’était pas dirigé contre un seul roi, comme Nabonide ou son fils Belschatsar, mais contre la dynastie royale fondée par Nébucadnetsar, le roi qui avait détruit Jérusalem et déporté le peuple de Jéhovah. Cette dynastie avait causé bien des anxiétés aux Israélites, des souffrances aussi bien morales que physiques, en raison du manque d’égards dont elle avait fait preuve envers leur Dieu et les objets utilisés pour son culte. Tout au long de leur exil à Babylone, les Juifs avaient été soumis à une dure servitude, sans aucune promesse de libération de la part de cette dynastie cruelle. Mais avec quelle soudaineté leur Dieu avait fait cesser l’oppression de ce tyran impérial ! En une seule nuit, alors que la capitale de ce dernier se trouvait dans l’impossibilité de combattre, le dominateur perdit le pouvoir et son bâton fut brisé.
15. a) Qui avait fait cesser l’oppression de cette puissance mondiale sémite, et qui en avait été délivré ? b) Quel changement d’hégémonie se produisit, et quelle fut la réaction des habitants de la terre ?
15 C’était Jéhovah, le Dieu tout-puissant, qui avait fait cesser si subitement l’oppression. Il avait rompu le sceptre symbolisant l’autorité exercée par les dominateurs babyloniens. Jusque-là, la dynastie de Babylone avait frappé avec fureur les peuples de coups sans relâche. Dans sa colère, elle avait tenu les nations sous le joug, parce qu’elles avaient refusé de se soumettre à son hégémonie. Dans le but d’étendre son empire, elle avait persécuté sans répit ces nations, non seulement le royaume israélite de Juda, mais aussi les nations non juives. À présent que cette puissance sémite inique était tombée, la terre tout entière pouvait se sentir en repos. Elle était tranquille, n’étant plus menacée par la Troisième Puissance mondiale. La Puissance mondiale babylonienne ayant “cessé”, une nouvelle hégémonie universelle allait commencer, celle de l’Empire médo-perse. Cette Quatrième Puissance mondiale, — aryenne celle-ci, — ferait preuve de plus de considération envers les peuples conquis. La terre entière, et pas seulement les Israélites, pouvait éclater en cris d’allégresse. La chute de Babylone ne devait susciter aucune compassion.
16. À qui le “roi de Babylone” est-il comparé dans la prophétie d’Ésaïe, et que lui arriva-t-il à son tour ?
16 Le “roi de Babylone” avait été comme un bûcheron, et les nations avaient ressemblé à des arbres, tels que les cyprès ou les précieux cèdres du Liban. Il avait convoité les nations tout comme il était allé chercher ces arbres estimés sur les flancs des montagnes du Liban. Maintenant qu’il était lui-même “couché là”, renversé dans la défaite, aucun bûcheron babylonien ne montait contre les nations pour les abattre et les exploiter. Tel un arbre élevé et imposant, le “roi de Babylone” avait soudain été abattu à son tour.
17, 18. Pour qui la disparition soudaine de la dynastie babylonienne fut-elle une surprise, et que déclare à ce sujet Ésaïe 14:9-11 ?
17 La disparition si inattendue de cette dynastie babylonienne provoqua une vive surprise même dans l’empire des morts, le lieu souterrain que les Israélites appelaient Schéol. La surprise ressentie par le Schéol est exprimée dans la suite du chant entonné contre le “roi de Babylone”, en ces termes :
18 “Le shéol d’en bas s’émeut pour toi, te rencontrant à ta venue, réveillant pour toi les trépassés, tous les boucs [Li : chefs] de la terre, faisant lever de leurs trônes tous les rois des nations. Tous, ils prendront la parole et te diront : Toi aussi, tu as été rendu faible, comme nous ; tu es devenu semblable à nous. Ton orgueil est descendu dans le shéol, le son de tes luths. Les vers sont étendus sous toi, et les larves sont ta couverture.” — Ésaïe 14:9-11, Da.
19, 20. Quel lieu “d’en bas” s’est ému ? Comment ce terme a-t-il été rendu dans la Version autorisée, et où se trouve le “Schéol” ?
19 On aura remarqué là l’emploi du terme hébreu shéol ou Schéol. La célèbre traduction anglaise dite Version autorisée ou Bible du roi Jacques emploie ici le mot hell (enfer) et rend ainsi le début du passage précité : “D’en bas, l’enfer s’est ému pour toi pour venir à ta rencontre : il réveille pour toi les morts, même tous les chefs de la terre ; il a fait lever de leurs trônes tous les rois des nations.” Les éditions de cette Bible anglaise qui comportent des notes signalent, comme variante du mot enfer : “ou, la tombe”. C’est une façon d’admettre que l’“enfer” de la Bible n’est autre que “la tombe”, c’est-à-dire la tombe commune aux morts ensevelis dans la terre.
20 La Version autorisée a traduit trente et une fois par “enfer” le terme hébreu Schéol. Aussi sa note sur Ésaïe 14:9 prouve-t-elle que le mot Schéol désigne la tombe. Voilà qui explique pourquoi Ésaïe 14:9 parle du Schéol “d’en bas”, au-dessous de la surface du sol, et des trépassés, qui ont besoin d’être réveillés. Puisqu’ils sont morts, ceux qui sont dans le Schéol sont à juste titre qualifiés de “faibles”. Quiconque est enseveli dans le Schéol est étendu sur des vers ; il est bientôt couvert de larves qui se nourrissent de sa chair en décomposition. Il n’y a dans le Schéol ou en enfer aucun feu qui consume les cadavres ou les vers et les larves qui sont étendus sous eux et forment leur couverture, car le Schéol est la tombe.
21. Qui se trouve dans le Schéol, et comment le sens de ce mot est-il encore confirmé ?
21 C’est “en bas” dans le Schéol que se trouvent ensevelis les “boucs [chefs] de la terre” et les “rois des nations”, qui ont été inhumés en grande cérémonie, assis sur leurs trônes. Confirmant encore que l’enfer ou Schéol de la Bible n’est autre que la tombe, la Version autorisée rend le terme Schéol dans Ésaïe 14:11, non par “enfer”, comme elle le fait au És 14 verset 9, mais par “la tombe”, comme suit : “Ton faste est descendu dans la tombe.” Ici, cependant, elle n’ajoute aucune note expliquant qu’il s’agit du mot rendu ailleurs par “enfer”. De même, au És 14 verset 15, cette Version autorisée utilise de nouveau le terme “enfer”, sans aucune note explicative. Selon Ézéchiel 32:21-31, là en enfer ou dans le Schéol sont étendus les soldats de l’Égypte tués par l’épée, ainsi que les combattants de l’Assyrie, d’Élam, de Méschec, de Tubal, d’Édom et de Sidon, les chefs et leurs armées.
22. Qu’est-ce qui fit sensation dans le Schéol, et pourquoi ?
22 La chute soudaine de la dynastie babylonienne du roi Nébucadnetsar fait sensation au Schéol, l’enfer ou la tombea. Le Schéol s’émeut à la pensée qu’il va recevoir le “roi de Babylone”. Figurément parlant, il réveille les trépassés, les rois et les chefs politiques décédés, pour qu’ils soient les témoins de cet événement extraordinaire et qu’ils puissent exprimer leur étonnement. Songez un peu, le “roi de Babylone” est devenu faible comme eux, semblable à eux, des rois bien moins puissants que lui ! L’orgueil royal de Babylone est mort et doit être enterré ; il en est de même du son de ses luths et autres instruments à cordes qui divertissaient le roi. Un tel événement réveille même les morts et ne manque pas de les étonner !
23. Pourquoi cet événement fut-il un abaissement pour le “roi de Babylone” ?
23 Quel abaissement pour le “roi de Babylone”, quand on considère combien il s’était élevé et de quel éclat il avait brillé dans le monde d’alors ! Le chant prophétique entonné contre lui déclare ensuite : “Comment es-tu tombé des cieux, astre brillant, fils de l’aurore ? Tu es abattu jusqu’à terre, toi qui subjuguais les nations ! Et toi, tu as dit dans ton cœur : Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation [du rassemblement, n.m.], au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut.” — Ésaïe 14:12-14, Da.
24. a) Dans les prophéties de la Bible, qui était comparé à des étoiles ? b) À quoi le nom de Sion en vint-il à être appliqué, et qu’était la “montagne du rassemblement” ?
24 Quelle chute pour le “roi de Babylone”, qui avait tenté de s’élever au-dessus des “étoiles de Dieu” ! Dans les prophéties de la Bible, les rois de la dynastie davidique étaient comparés à des étoiles ; comme ces rois siégeaient à Jérusalem sur le “trône de Jéhovah”, ils possédaient un éclat ou une gloire royale (Nombres 24:17, Da). Le trône du roi David était situé sur le mont Sion, à Jérusalem, mais son fils Salomon transféra l’emplacement du trône sur la montagne voisine, au nord du mont Sion, près du temple de Jéhovah qui venait d’être bâti. C’est pourquoi le nom de Sion finit par s’appliquer à l’ensemble de la ville de Jérusalem ainsi agrandie. Comme Sion était la ville du temple de Jéhovah, où tous les hommes israélites d’âge mûr devaient se présenter devant Dieu trois fois par an, elle devint la “montagne du rassemblement”. Le Psaume 48:2, 3 (AC) 48:1, 2, NW la situe vers le nord, en disant : “Jéhovah est grand, il est l’objet de toute louange, dans la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte. Elle s’élève gracieuse, joie de toute la terre, la montagne de Sion, vers le septentrion, la cité du grand Roi [Jéhovah].”
25. Comment le “roi de Babylone” révéla-t-il ses ambitions, et quelles étaient-elles ?
25 Ainsi, par son désir de faire des rois israélites de simples vassaux et de s’asseoir au-dessus de ces royales “étoiles de Dieu” en les détrônant, le “roi de Babylone” disait dans son cœur ambitieux qu’il monterait aux cieux de Jéhovah, élèverait son trône païen au-dessus des symboliques “étoiles de Dieu” et s’assiérait sur la montagne septentrionale où les Israélites se rassemblaient devant leur Dieu.
26. Comment le “roi de Babylone” voulait-il être “semblable au Très-Haut” ?
26 En agissant de la sorte, le “roi de Babylone” semblait se placer au-dessus du Dieu d’Israël, le défiant et le provoquant. Il paraissait monter “sur les hauteurs des nues”, où le Dieu d’Israël était censé demeurer. Au moins pour le monde païen de l’époque, le “roi de Babylone” était “semblable au Très-Haut”, le Dieu d’Israël. Il pensait pouvoir faire descendre Jéhovah à son propre niveau, ou plus bas encore, et ainsi supplanter le Très-Haut, le Dieu d’Israël !
27. Par ses actions contre Jérusalem en 607, qu’est-ce que le “roi de Babylone” paraissait faire ?
27 En 607 avant notre ère, Nébucadnetsar détrôna les “étoiles de Dieu” à Jérusalem, renversa le “trône de Jéhovah”, détruisit le temple de Jéhovah et en emporta les ustensiles sacrés, les déposant dans le temple de son dieu à Babylone. Par toutes ces actions, le “roi de Babylone” paraissait, à ses yeux et à ceux du monde païen, monter jusqu’aux cieux. Il avait subjugué aussi bien la nation juive que les nations païennes. Apparemment il s’était révélé plus puissant et plus élevé que le Dieu très-haut des Juifs. Si les astrologues babyloniens regardaient bien, ils pouvaient peut-être voir dans le ciel une nouvelle étoile dont l’éclat surpassait celui des autres. C’était le “roi de Babylone” qui, par ce qu’il avait fait à Sion ou Jérusalem, était devenu l’“astre brillant, fils de l’aurore”, semblable à l’étoile du matin. Il éclipsait les “étoiles de Dieu”.
28. a) Quel nom la Version autorisée attribue-t-elle au “roi de Babylone” ? b) Que signifie ce nom, et dans quel autre passage de la Vulgate figure-t-il ? c) À qui ce nom s’applique-t-il dans ces passages ?
28 Pour exprimer la stupeur provoquée par la chute vertigineuse du “roi de Babylone”, la Version autorisée en anglais utilise le nom de Lucifer, en ces termes : “Comment es-tu tombé du ciel, ô Lucifer, fils du matin !” En français, la traduction catholique de l’abbé Glaire emploie également le nom Lucifer dans ce passage. Ces deux traductions de la Bible suivent ici la Vulgate latine, qui emploie Lucifer, nom qui signifie “porte-lumière”. Notez cependant que Lucifer n’est pas le nom du “roi de Babylone”. Ce sont des écrivains religieux non inspirés qui, dans les premiers siècles de notre ère, appliquèrent ce nom à Satan le Diable. Toutefois, la Vulgate emploie à nouveau le terme lucifer dans II Pierre 1:19, l’appliquant cette fois, non à Satan le Diable, mais à l’“étoile du matin” qui devait se lever dans le cœur des chrétiens. Bien entendu, Satan le Diable était le vrai dieu de Babylone et en cette qualité il était aussi le roi invisible de la capitale des Chaldéens. — Job 1:9-17.
29. À qui le nom de Lucifer s’applique-t-il dans Ésaïe chapitre 14, et que signifie le terme hébreu hélél ?
29 Pourtant, le fait que la Vulgate latine et d’autres traductions de la Bible emploient le nom de Lucifer pour désigner le “roi de Babylone” ne prouve pas que cette prophétie s’applique à Satan le Diable. Le terme hébreu original utilisé dans ce passage est hélél, qui signifie “éclat” ou “le brillant”. D’après certains lexiques hébreux, l’expression complète “astre brillant, fils de l’aurore” signifie “étoile du matin”, l’étoile la plus brillante du ciel. Il s’ensuit que la prophétie d’Ésaïe 14:3-20 ne s’applique à Satan le Diable que dans la mesure où le roi terrestre de Babylone symbolise cet esprit inique ou en est le reflet.
30. À qui s’applique en premier lieu la prophétie d’Ésaïe 14:12-14, et pourquoi ?
30 Le passage d’Ésaïe 14:12-14 s’applique donc en premier lieu au roi humain de Babylone, ce qui explique l’emploi dans ces versets de certains termes, Schéol par exemple. Satan le Diable n’a jamais été dans le Schéol, l’enfer ou la tombe, et il n’y sera jamais, car c’est un esprit demeurant dans les lieux invisibles, tandis que le Schéol, l’enfer ou la tombe, se trouve dans la terre. C’est le lieu matériel et visible où l’on dépose les cadavres humains. Au dire d’un témoin chrétien, l’apôtre Pierre, Jésus-Christ lui-même, après sa mort en tant qu’homme, alla dans le Schéol, l’enfer ou la tombe, pendant trois jours, les premier et dernier en partie (Actes 2:27-32 ; Psaume 16:10, Da). De tout ce qui précède il ressort que la prophétie d’Ésaïe chapitre quatorze s’applique directement au “roi de Babylone”, qui est lui-même un type prophétique de quelque chose de plus grand.
31. À quel “roi de Babylone” la prophétie d’Ésaïe 14:15-20 s’adresse-t-elle, et que déclare-t-elle à propos de son abaissement ?
31 En conséquence, la suite de la prophétie s’adresse à l’homme qui s’était élevé, au “roi [humain] de Babylone”. “Toutefois, on t’a fait descendre dans le shéol [en enfer, Vers. aut. ; Glaire], au fond de la fosse. Ceux qui te voient fixent leurs regards sur toi, ils te considèrent, disant : Est-ce ici l’homme qui a fait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes, qui a fait du monde un désert, et qui ruinait ses villes ? Ses prisonniers, il ne les renvoyait pas chez eux. Tous les rois des nations, eux tous, reposent dans leur gloire, chacun dans sa maison ; mais toi, tu as été jeté hors de ton sépulcre comme une branche qui fait horreur, recouvert de tués, percés par l’épée, descendus jusqu’aux pierres d’une fosse, comme un cadavre foulé aux pieds. Tu ne seras pas réuni avec eux dans le sépulcre ; car tu as ruiné ton pays, tu as tué ton peuple. De la race des méchants il ne sera jamais fait mention.” — Ésaïe 14:15-20, Da.
32. À propos du “roi de Babylone”, qu’indique l’emploi du mot Schéol, le “fond de la fosse” ?
32 L’emploi du mot Schéol, le “fond de la fosse”, indique que du haut de sa glorieuse et puissante position comparable aux cieux, le “roi de Babylone” est tombé bien bas. Figurément parlant, c’est la condition la plus basse dans laquelle un humain puisse tomber. Cependant, bien que le “roi de Babylone” soit tombé à une telle profondeur, il n’est pas enseveli dans le Schéol, la tombe commune aux morts.
33. À la différence du roi Belschatsar quand il mourut, qu’advint-il de la dynastie impériale des rois de Babylone ?
33 Certes, Belschatsar, roi de Babylone, fut tué la nuit où les Mèdes et les Perses envahirent la ville, mais rien n’indique qu’il reçut une sépulture décente. Par égard pour la position royale qu’il avait occupée, on l’a peut-être enseveli dans une tombe, et il se peut que son père Nabonide, qui lui survécut, fût enterré décemment dans le Schéol (ou tombe commune à tous). Mais quant au symbolique “roi de Babylone”, la dynastie impériale des souverains issue du roi Nébucadnetsar, qui détruisit le temple de Jéhovah, il fut déshonoré. Il n’eut même pas une place auprès des autres “rois des nations”, dans le Schéol. Il fut jeté dehors, sans aucun sépulcre respectable. Tout comme “une branche qui fait horreur”, il fut émondé et jeté au loin. Il était comme un cadavre recouvert de soldats tués, percés par l’épée, comme un cadavre foulé aux pieds. Abandonné sur le sol, il fut dévoré par les bêtes. Il ne fut pas réuni aux rois des autres peuples dans un sépulcre, aux souverains des autres nations qui reposaient dans leur gloire, chacun dans sa maison (ou mausolée). Il n’est pourtant pas étonnant que la dynastie impériale des souverains babyloniens ne reçût pas une sépulture glorieuse. Considérez ses crimes !
34. Quels crimes le “roi de Babylone” a-t-il commis, et la mémoire de la dynastie babylonienne sera-t-elle honorée ?
34 Les Israélites exilés et d’autres hommes qui sont témoins de la chute extraordinaire de cet “astre brillant, fils de l’aurore” expriment leur étonnement sur la façon remarquable dont Jéhovah a provoqué son anéantissement. En même temps, ils attirent l’attention sur les crimes perpétrés par le “roi de Babylone”. Quels crimes ? Entre autres, il a fait trembler la terre (les peuples) ; il a ébranlé les royaumes par ses agressions impérialistes ; il a transformé le monde en un désert, témoin ce qu’il a fait au pays de Juda ; il a ruiné des villes, comme Jérusalem ou Sion ; il a déporté les populations loin de leur pays et les a tenues captives en Babylonie, sans jamais ouvrir la porte de la prison et renvoyer chez eux les prisonniers, comme les Israélites. De tels crimes impérialistes ont occasionné des souffrances pour les Babyloniens eux-mêmes, car le “roi de Babylone” a ruiné son propre pays et a tué son peuple, le sacrifiant sur l’autel de ses ambitions. La dynastie impériale de Babylone s’est révélée être “de la race des méchants”, et de ce fait sa mémoire ne sera pas honorée. Aucune tombe commémorative ne lui sera élevée. Son nom doit disparaître et il ne sera jamais fait mention de lui.
35. Que fallait-il faire pour empêcher Babylone de reconquérir la domination du monde, et à cet effet, quels ordres Jéhovah donna-t-il ?
35 À cet effet, il ne devait subsister aucun héritier ou descendant de cette dynastie (“le roi de Babylone”) qui pût se rebeller, renverser la nouvelle puissance mondiale et permettre à Babylone de reconquérir l’hégémonie. Les ordres de Jéhovah adressés aux Mèdes et aux Perses vainqueurs sont formels à ce sujet : “Préparez à ses fils un massacre pour le crime de leurs pères, de peur qu’ils ne se relèvent, qu’ils ne conquièrent la terre, et ne couvrent de villes la face du monde.” (Isaïe 14:21, AC). Ce sont là les paroles qui clôturent le chant que les Israélites délivrés devaient entonner en ce jour-là contre le “roi de Babylone”.
36. Quels efforts les Babyloniens firent-ils pour s’affranchir de la domination perse, et avec quel succès ?
36 La dynastie sémite des empereurs babyloniens devait tomber définitivement, et aucun successeur ne devait rétablir la Troisième Puissance mondiale. Il est vrai que sous un Chaldéen appelé Nidintabel, qui prit le nom de Nébucadnetsar III, les Babyloniens secouèrent le joug perse, mais leur indépendance ne dura pas même une année. En effet, le roi Darius Ier le Perse battit l’armée de Nébucadnetsar III sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, et peu de temps après, soit vers la fin de l’an 522 avant notre ère, il le fit prisonnier et l’exécuta à Babylone. L’année suivante, au mois d’août, un homme qui se donna le nom de Nébucadnetsar IV se mit à la tête d’une révolte et fut reconnu roi de Babylone jusqu’à fin novembre. Darius Ier envoya une armée contre lui, et Nébucadnetsar IV fut vaincu et fait prisonnier le 27 novembre 521b. À cause du “crime de leurs pères”, aucun “fils” ou successeur du “roi de Babylone” ne devait revenir au pouvoir. La prophétie de Jéhovah se révéla véridique.
37, 38. Quel sort était réservé à tout rejeton du “roi de Babylone”, et qu’allait devenir Babylone elle-même ?
37 “Je me lèverai contre eux, dit Jéhovah des armées.” Les Babyloniens ne pouvaient l’emporter sur lui !
38 “Et j’anéantirai de Babylone le nom et le reste, la race et le rejeton, dit Jéhovah.” (Isaïe 14:22, AC). La dynastie impériale des Babyloniens, symbolisée par le “roi de Babylone”, devait être anéantie, arrachée par ses racines. Babylone elle-même n’aurait pas de survivants ; “le reste, la race et le rejeton” de cette ville ne subsisteraient pas. Les Chaldéens et les Babyloniens n’existent plus de nos jours. De quelque façon providentielle, ils ont été exterminés, conformément à la volonté divine. C’est ainsi que le Dieu d’Israël exprima la répulsion qu’il éprouvait pour Babylone.
39, 40. Comment Babylone deviendrait-elle inhabitable ?
39 “Et j’en ferai un nid de hérissons et un étang d’eaux, et je la balaierai avec le balai de la destruction, dit Jéhovah des armées.” — Isaïe 14:23, AC.
40 Jéhovah avait décidé d’effacer de la terre toute trace de Babylone et de faire de son emplacement un lieu inhabitable. Il a fallu plusieurs siècles pour que l’antique ville de Babylone fût complètement balayée de la terre, mais l’état actuel de son emplacement atteste que Jéhovah, le Roi d’Éternité, a accompli sa parole infaillible.
41, 42. a) Que préfigurait l’antique Babylone, et que doit encore faire Jéhovah ? b) Par quel exemple Jéhovah a-t-il montré qu’il est en mesure d’accomplir ce qu’il a juré de faire ?
41 Puisque la Babylone antique préfigurait Babylone la Grande des temps modernes, il s’ensuit que Jéhovah doit encore achever son action et accomplir sa parole dans un sens spirituel en anéantissant le pendant moderne de Babylone. Cela arrivera inéluctablement, et dans un avenir proche, conformément aux prophéties consignées dans la Révélation, le dernier livre de la Bible. Jéhovah a fourni la preuve qu’il est en mesure d’accomplir ce qu’il a annoncé par sa façon d’agir envers l’Assyrie, qui a précédé Babylone. Aux jours du prophète Ésaïe, la Puissance mondiale assyrienne exerçait encore l’hégémonie et maltraitait le peuple de Jéhovah. Le châtiment qu’il infligea à l’Assyrie pour avoir opprimé son peuple constitue une preuve historique que son dessein annoncé sous serment se réalisera infailliblement.
42 “Jéhovah des armées a juré en disant : ‘Oui, le dessein qui est arrêté s’accomplira, et ce que j’ai décidé se réalisera. Je briserai Assur [l’Assyrien, Da] dans ma terre, et je le foulerai sur mes montagnes. Alors son joug sera ôté de dessus mon peuple, et son fardeau sera enlevé de leurs épaules.’” — Isaïe 14:24, 25, AC.
43. Quand et comment Jéhovah brisa-t-il la domination de l’Assyrie sur son peuple ?
43 En son temps, l’Assyrie avait été une puissance militaire redoutable, mais elle ne pouvait pas se mesurer avec Jéhovah des armées. À l’époque d’Ézéchias, roi de Jérusalem, Jéhovah brisa miraculeusement la domination de l’Assyrie sur son peuple dans le pays de Juda et le délivra du joug assyrien. Il a suffi que le roi Sennachérib perdît 185 000 hommes en une seule nuit pour qu’il décidât de quitter le pays de Jéhovah et de renoncer à son projet d’assaillir Jérusalem. — Isaïe 36:1 à 37:38, AC.
44. Conformément à son serment, comment Jéhovah agit-il à l’égard de la Puissance mondiale babylonienne ?
44 Jéhovah agit exactement selon le dessein qu’il avait arrêté ; il ne revint pas sur ce qu’il avait juré. Il agit de même envers la Puissance mondiale babylonienne, qui avait renversé l’Empire assyrien et pris sa place. Ce que Jéhovah avait juré d’accomplir, selon son dessein et sa décision, devait arriver. Sa parole devait s’accomplir. L’Histoire profane atteste qu’il en fut bien ainsi.
45, 46. a) Selon Ésaïe 14:26, 27, en quels termes Jéhovah défie-t-il quiconque de prouver qu’il est incapable d’accomplir ses desseins ? b) Quelle est la réponse aux questions posées, et qu’est-ce qui fournit cette réponse ? c) Qu’est-ce que la Septième Puissance mondiale ne peut empêcher Jéhovah de faire ?
45 Jéhovah défiait qui que ce fût sur la terre de prouver qu’il était incapable de réaliser ses desseins, de démontrer qu’il était menteur. C’est pourquoi, après avoir annoncé ce qu’il avait décidé de faire, il déclara : “C’est là le dessein qui est arrêté contre la terre, et c’est là la main qui est étendue contre les nations. Car Jéhovah des armées a décidé, et qui l’empêcherait ? Sa main est étendue et qui la détournerait ?” (Isaïe 14:26, 27, AC). Personne ! Telle est la réponse fournie par au moins vingt siècles d’histoire humaine, car les paroles d’Ésaïe chapitres treize et quatorze se trouvent aux pages 11 et 12 de l’un des manuscrits de la mer Morte ou de Qumrân découverts au printemps de 1947, et plus précisément du rouleau d’Isaïe (1QIsa), qui date, selon l’estimation d’éminents biblistes, du deuxième ou du premier siècle avant notre ère.
46 Jéhovah accomplira tout aussi sûrement les autres desseins qu’il a arrêtés. Même la Septième Puissance mondiale, armée de bombes à hydrogène et munie des instruments scientifiques les plus récents, ne pourra détourner sa main étendue ou l’empêcher de réaliser tous ses desseins.
LA SOUVERAINE DES ROYAUMES EST ABAISSÉE
47. À l’époque de quelle puissance mondiale Ésaïe vécut-il, et que prophétisa-t-il sur Babylone ?
47 Après avoir révélé son dessein irrévocable sur le “roi de Babylone” et les faux dieux de cette ville, Jéhovah inspira le prophète Ésaïe et le fit s’adresser directement à Babylone. Ésaïe vécut à l’époque de la Deuxième Puissance mondiale, l’Assyrie ; cependant il prophétisa que Babylone deviendrait la Troisième Puissance mondiale de l’histoire du peuple de Jéhovah. Il annonça aussi que Babylone serait humiliée et que la domination mondiale lui serait enlevée au temps fixé par Dieu. Par la bouche du prophète Ésaïe, Jéhovah s’adresse à Babylone, la capitale des Chaldéens, comme à une femme. Avec ironie, il lui dit :
48. Comment Jéhovah appelle-t-il la capitale des Chaldéens, et que lui dit-il avec ironie ?
48 “Descends, assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone ; assieds-toi par terre, sans trône, fille des Chaldéens ; car on ne t’appellera plus la délicate, la voluptueuse. Prends la meule, et mouds de la farine ; ôte ton voile ; relève les pans de ta robe, mets à nu tes jambes pour passer les fleuves. Que ta nudité soit découverte, qu’on voie ta honte ! Je veux me venger, je n’épargnerai personne.” — Isaïe 47:1-3, AC.
49, 50. a) Pourquoi appelait-on Babylone “fille des Chaldéens” et “fille de Babylone” ? b) Dans quel sens était-elle “vierge” ? c) Comment les gens l’appelaient-ils, et pourquoi ?
49 Babylone était la “fille des Chaldéens” en ce sens qu’elle était la capitale du pays des Chaldéens. Cette fille symbolique se nommait Babylone ; c’est pourquoi elle était aussi la “fille de Babylone” ou la Ville de Babylone. Mais pourquoi Jéhovah l’appela-t-il une “vierge” ? Il ne voulait pas dire que cette ville païenne était chaste, pure et exempte de toute immoralité. D’après l’historien grec Hérodote, elle obligeait toutes ses filles vierges à adorer dans son temple Ishtar (ou Vénus), la déesse de l’amour charnel, et de ce fait toutes les femmes de Babylone perdirent leur virginité avant le mariage.
50 Comment était-elle donc une “vierge” ? Elle l’était en ce sens que depuis le temps du roi Nébucadnetsar II, soit en particulier depuis 625 avant notre ère, date à laquelle il devint roi de l’Empire néo-babylonien, la Troisième Puissance mondiale n’avait pas été prise ou violée par des conquérants étrangers. Depuis la chute de l’Empire assyrien et à partir du moment où elle devint la Troisième Puissance mondiale, Babylone pouvait se vanter de sa virginité politique aussi longtemps qu’elle gardait sa domination sur le monde et qu’elle repoussait les agresseurs étrangers. Pendant cette période-là, elle siégeait sur le trône le plus glorieux de la terre, surtout après que le roi Nébucadnetsar eut renversé le “trône de Jéhovah” à Jérusalem en 607. Tant que Babylone était assise sur son trône impérial, les gens l’appelaient “la délicate, la voluptueuse”. On la traitait et la servait avec la plus grande considération, comme une dame très cultivée et friande des plaisirs raffinés, trop délicate pour accomplir des tâches serviles.
51. Quel ordre Jéhovah donna-t-il à Babylone, en quelle année, et à cause de quel acte hostile à l’égard de Sion ?
51 En 607, Babylone avait détrôné Sion et l’avait fait asseoir dans la poussière ; aussi, en 539, Jéhovah ordonna-t-il à Babylone de descendre de son trône impérial et de s’asseoir à son tour dans la poussière, par terre, sans trône. — Lamentations 2:10.
52. a) Qu’est-ce que Jéhovah avait déjà contraint Nébucadnetsar à faire ? b) Aussi, que doit faire Babylone à présent, et qu’arrivera-t-il à quiconque lui viendra en aide ?
52 Jéhovah avait déjà fait descendre le puissant roi Nébucadnetsar de son trône, pendant sept ans. Il pouvait tout aussi facilement faire descendre Babylone de son trône, non pour “sept temps”, mais pour toujours. C’est ce qu’il fit (Daniel 4:1-37 ; 5:20). C’est pourquoi cette reine choyée, “la délicate, la voluptueuse”, qui se faisait servir, doit à présent devenir une esclave. Ôte ton voile ! Relève les pans de ta robe royale ! Mets à nu tes jambes jusqu’aux hanches et replie ta robe entre tes jambes pour passer pieds nus les fleuves où tes conquérants t’entraîneront. L’heure est venue où ta nudité doit être découverte. Qu’on voie ta honte ! Pour toi, c’est fini de jouer les grandes dames, les reines ! Descends à la meule comme une servante et mets-toi au travail, à moudre de la farine pour tes maîtres. Goûte maintenant la vengeance du Dieu de Sion dont tu as pillé et détruit le temple. Jéhovah n’épargnera aucun homme qui viendra à ton secours, mais il l’exécutera. — Exode 11:5.
53. a) En exerçant ainsi sa vengeance, quelle autre action Jéhovah accomplit-il ? b) Qui composait les armées de Jéhovah, et que donna-t-il à un roi ultérieur pour racheter son peuple ? c) Comme quoi Jéhovah se fit-il connaître ?
53 En exerçant ainsi sa vengeance sur cette ville tyrannique, Jéhovah rachète son peuple captif et exilé, les Israélites, et lui rend la liberté. Par reconnaissance, les Israélites interrompent les commandements humiliants que Dieu adresse à Babylone, et s’écrient : “Notre Rédempteur se nomme Jéhovah des armées, le Saint d’Israël !” (Isaïe 47:4, AC). En l’occurrence, les armées de Jéhovah qui firent descendre Babylone de son trône impérial furent principalement les Mèdes et les Perses. Pour payer le rachat de son peuple et obtenir sa libération par Cyrus le Perse, Jéhovah donna le pays d’Égypte au roi Cambyse II, fils de Cyrus le Grand. Dès avant l’époque du prophète Samuel, Dieu était connu sous le nom de Jéhovah des armées. On le connaissait donc sous ce nom depuis des siècles (I Samuel 1:3, AC). Jéhovah n’avait pas honte de se faire connaître comme le Dieu de la nation d’Israël. En sa qualité de Saint d’Israël, il présentait un contraste frappant avec les faux dieux de Babylone. À la différence de Babylone, prise et réduite en un vil esclavage à cause de la vengeance de Jéhovah, le peuple d’Israël était racheté.
54. Qu’est-ce que Babylone est brusquement contrainte à faire, contrairement à quelle attente de sa part ?
54 Contrairement à ce qu’elle espérait, Babylone est brusquement contrainte à s’asseoir, non sur un trône, mais par terre, dans la poussière. Jéhovah lui en donne l’ordre, et son commandement a force de loi. “Assieds-toi en silence, entre dans les ténèbres, fille des Chaldéens ; car on ne t’appellera plus la souveraine des royaumes. J’étais irrité contre mon peuple ; j’ai profané mon héritage et je les ai livrés entre tes mains. Tu ne leur fis point de miséricorde ; tu as fait peser lourdement ton joug sur le vieillard, et tu as dit : ‘Je suis souveraine à jamais !’ De sorte que tu n’as pas pris garde à ces choses, tu n’as pas songé à la fin de tout cela.” — Isaïe 47:5-7, AC.
55. Quelle serait désormais la position de Babylone, et quel nom ne lui serait plus appliqué ?
55 Babylone avait été une ville bien éclairée la nuit, car ses habitants avaient appris à extraire le pétrole du sol de la Mésopotamie. Mais Jéhovah avait fixé le moment où elle devait s’asseoir par terre dans l’humiliation, l’affliction et le deuil, dans les ténèbres de la défaite et de la ruine, sinon dans l’obscurité prise au sens littéral. Plus jamais elle n’occuperait la position qui lui avait valu d’être appelée la souveraine des royaumes. La domination du monde ne lui appartiendrait plus désormais ; elle serait sifflée, blâmée et méprisée comme une vile esclave. Bien loin d’agir en souveraine et de dicter leurs actions aux autres royaumes, elle serait assujettie elle-même aux ordres de l’Empire médo-perse.
56. Quelle était l’unique raison qui avait permis à Babylone d’envahir et de dépeupler le pays de Juda ?
56 L’unique raison du succès de Babylone lorsqu’elle envahit le pays de Juda, fit captif son peuple et le déporta en Babylonie, était l’indignation de Jéhovah à cause de la désobéissance incessante des Israélites. Parmi tous les peuples de la terre, ils constituaient son héritage, réservé à son saint service. Mais dans son irritation, Jéhovah laissa profaner son saint héritage, en livrant son peuple entre les mains puissantes de Babylone. — Ésaïe 19:25 ; Deutéronome 32:9 ; Psaume 106:40-42.
57. Comment Babylone avait-elle agi envers le peuple de Dieu quand elle le dominait, et pourquoi ?
57 Lorsque Babylone exerça son hégémonie sur les Israélites, elle ne leur témoigna aucune miséricorde par respect envers leur Dieu. Elle ne comprenait pas que son pouvoir sur eux ne lui avait été accordé que pour un temps, afin de les châtier. Sans se douter qu’un jour elle aurait des comptes à rendre sur sa façon de traiter l’héritage de Jéhovah, elle fit peser lourdement son joug sur les Israélites exilés, sans même épargner les vieillards. Ce joug était déjà lourd pour les vieillards affaiblis, mais combien plus lourd n’a-t-il pas dû être pour les jeunes hommes pleins de force ! Babylone comptait les garder toujours comme ses esclaves, loin de leur Sion bien-aimée.
58. Pourquoi Babylone était-elle sûre d’elle, et quel jugement divin oubliait-elle ?
58 Pourquoi Babylone ne songea-t-elle pas qu’elle pouvait subir un sort semblable à celui des puissances mondiales précédentes, l’Égypte et l’Assyrie, que Jéhovah avait châtiées pour avoir maltraité son peuple ou héritage ? Pourquoi ne prenait-elle pas garde à ces choses et croyait-elle connaître une fin différente du renversement qui l’attendait en 539 ? C’est parce qu’elle était beaucoup trop sûre d’elle, installée dans son imposante place fortifiée. Aussi se disait-elle sans cesse : “Je suis souveraine [des royaumes, y compris des Israélites exilés] à jamais !” Elle ne songea pas à la fin de tout cela. Elle ne pensa pas qu’un jour de jugement pouvait venir sur elle de la part du Dieu d’Israël, ou que, tout comme celui-ci avait châtié son propre peuple à cause de sa mauvaise conduite à son égard, il pouvait de même punir Babylone pour avoir maltraité et profané son héritage.
59. Quelle prophétie prononcée et interprétée dans sa propre ville ne prit-elle pas en considération ?
59 S’il est vrai que cette prophétie d’Ésaïe fut désignée à son attention, Babylone n’y crut pas. Certes Daniel, prophète de Jéhovah, avait rappelé et interprété au roi Nébucadnetsar, dans sa propre capitale, le songe oublié où le roi avait vu une statue de métal détruite par une pierre détachée miraculeusement d’une montagne. Mais Babylone ne prit pas garde à la récompense qu’elle pourrait recevoir lorsque la tête d’or de la statue, représentant la dynastie de Nébucadnetsar, céderait la place au royaume suivant, figuré par les bras et la poitrine d’argent (Daniel 2:1-45). Aussi agit-elle sans miséricorde.
60. Quelles sont les deux choses qui devaient fondre subitement sur Babylone, mais cependant, que dirait-elle en son cœur ?
60 C’est pourquoi le Saint d’Israël déclare à Babylone la “souveraine” : “Et maintenant écoute ceci, voluptueuse, toi qui es assise sur ton trône en sécurité, et qui dis en ton cœur : ‘Moi [NW : Je suis], et rien que moi ! je ne serai jamais veuve, ni privée de mes enfants.’ Ces deux choses fondront sur toi soudain, en un même jour, la perte de tes enfants et le veuvage ; elles viendront sur toi dans toute leur plénitude, malgré la multitude de tes sortilèges, malgré la puissance de tes enchantements. Tu te confiais dans ta malice ; tu disais : ‘Nul ne me voit !’ Ta sagesse et ta science te séduisaient, et tu disais en ton cœur : ‘Moi [NW : Je suis], et rien que moi !’ Et le malheur viendra sur toi sans que tu puisses le conjurer ; la calamité fondra sur toi, sans que tu puisses la détourner ; et la ruine viendra sur toi soudain, sans que tu t’en doutes.” — Isaïe 47:8-11, AC.
61. À quoi Babylone s’adonna-t-elle ?
61 Se sentant assise en sécurité, Babylone devint insouciante. Elle s’adonna aux plaisirs, même pendant la nuit de sa chute désastreuse, alors que le roi Belschatsar festoyait avec mille de ses grands et qu’il profanait les ustensiles du temple de Jéhovah.
62. a) De quoi Babylone s’enorgueillissait-elle, et en qui mettait-elle sa confiance ? b) Quel raisonnement suivait-elle ? c) Que peut-on dire au sujet de sa vantardise “Je suis” ? (voir aussi la note en bas de page)
62 Babylone ne se rendait pas compte que Jéhovah pouvait lire dans son cœur. Elle s’enorgueillissait d’être la puissance suprême, la souveraine des royaumes de la terre. Elle disait : “Je suisc, et il n’y a personne d’autre.” (Isaïe 47:10, NW). Croyant bénéficier de la faveur de ses dieux, elle se disait la plus forte puissance du monde. Dès lors, qui pouvait lui demander des comptes ? Jéhovah ? N’avait-elle pas détruit son temple et déporté son peuple, après l’avoir vaincu ? Qui Jéhovah pouvait-il susciter pour la châtier ? Babylone en déduisait qu’elle ne deviendrait jamais une veuve pleurant son mari, le roi Nabonide, ou Belschatsar, prince héritier et deuxième souverain. Elle ne serait jamais privée de cette dynastie de rois sémites, et elle ne cesserait pas d’être la souveraine du monde, la Troisième Puissance mondiale. Dans son cœur, elle ne croyait pas à la perte de ses enfants, à la défaite de ses puissantes armées et au massacre des Chaldéens habitant dans sa capitale.
63. Comment le “veuvage” de Babylone commença-t-il ?
63 Trop sûre d’elle-même, l’orgueilleuse Babylone fit peu de cas des pensées que Jéhovah avait déjà exprimées par ses prophètes. D’après ses prophéties, les choses mêmes que Babylone mentionnait comme ne devant jamais lui arriver devaient survenir soudainement, “en un même jour” pour ainsi dire. En fait, après la défaite de l’armée du roi Nabonide, hors des murs de Babylone, rien n’aurait pu venir plus subitement que l’invasion et la chute de cette ville la nuit où le prince héritier Belschatsar et les autres Babyloniens festoyaient avec insouciance derrière les puissantes murailles et protégés par leur large fleuve. Mais ce fut alors que commença le “veuvage” de Babylone, avec la mort de son futur souverain impérial, le roi Belschatsar, au cœur de la cité, et avec la perte de son souverain impérial en fonction, Nabonide, quand, peu après, il céda son trône au conquérant Cyrus le Persed.
64. Après sa chute, quel fut l’état de Babylone en tant que mère et veuve ?
64 L’Histoire ne précise pas combien d’enfants Babylone perdit au cours du massacre de cette nuit-là, mais quelques années plus tard, quand Darius Ier le Perse dut reprendre Babylone, il aurait exécuté trois mille des principaux habitants de la ville. Quel grand deuil pour Babylone, que cette perte d’un mari royal et de ses enfants ! Son veuvage devait être permanent et entraîner pour elle la perte de l’hégémonie mondiale. Elle ne devait plus connaître les joies de la maternité. Au cours des années, sa population l’abandonna et la laissa tomber en ruines. Ainsi, la perte de ses enfants et le veuvage vinrent sur elle “dans toute leur plénitudee”.
65. a) À cause de quelles pratiques Babylone subit-elle ces pertes ? b) Décrivez ces pratiques.
65 Pourquoi Babylone devait-elle subir ce sort ? C’est qu’elle était une sorcière ! Elle avait recours à une multitude de sortilèges et de puissants enchantements. Son grand roi Nébucadnetsar fit usage de la divination avant d’attaquer Jérusalem. Il y avait de nombreux magiciens dans son entourage (Ézéchiel 21:25-27 21:20-22, NW ; Daniel 2:1, 2 ; 4:6, 7 ; 5:7). Ces sorciers pratiquaient le démonisme. Ils avaient rassemblé un grand nombre d’incantations qui étaient censées pouvoir exorciser les démons ; ces incantations étaient connues principalement par les prêtres, qui attachaient une grande importance aux mots et aux formules cabalistiques, pour la plupart des termes abracadabrants et inintelligibles. Babylone se servait aussi de charmes qui étaient, semble-t-il, puissants pour envoûter ou fasciner ses victimes.
LA RELIGION BABYLONIENNE N’EST PAS UNE PROTECTION
66. a) À quelle ville Babylone était-elle comparable ? Aussi, quel serait son sort ? b) Que déclarait la loi de Jéhovah à propos des sorciers, et de ce fait, que méritait Babylone ?
66 Malgré toute la prétendue puissance de sa sorcellerie, de ses enchantements et de ses charmes, Babylone ne pouvait éviter de subir les choses que Jéhovah avait prophétisées contre elle, ce qui prouvait la faiblesse de sa religion. Ninive, la capitale de l’Assyrie, était appelée “maîtresse en sortilèges”, et Babylone ne se révéla pas meilleure qu’elle (Nahum 3:4, Dh). La loi de Jéhovah interdisait aux sorciers de demeurer dans le pays d’Israël, et Dieu promettait de retrancher les magiciens et les enchanteurs du milieu de son peuple élu, après avoir rétabli celui-ci dans son pays (Exode 22:18 ; Deutéronome 18:10 ; Michée 5:11 5:12, NW ; Malachie 3:5). Jéhovah avait détruit Ninive, la “maîtresse en sortilèges”. Pourquoi donc laisserait-il Babylone continuer à vivre dans ses sorcelleries et ses envoûtements, donnant ainsi à penser que ces pratiques démonolâtriques pouvaient la sauver ?
67. En qui Babylone se confiait-elle, et sur quoi son attitude fut-elle fondée ?
67 Se confiant en sa religion diabolique, sa puissance militaire et ses fortifications, Babylone s’engagea dans une voie malicieuse et s’y croyait en sécurité. Elle maltraita le peuple de Jéhovah et l’empêcha de l’adorer selon la Loi qu’il avait donnée par Moïse. Elle pensait que ses dieux approuvaient sa malice. Pourquoi se soucierait-elle donc de ce que tout autre dieu pouvait en penser, surtout ce Jéhovah, le Dieu des Israélites ? En fait elle se disait que nul, c’est-à-dire aucun dieu étranger, ne pouvait la voir, observer ses actions, la juger selon la justice, lui demander des comptes et la condamner. Bien entendu, elle adoptait cette attitude en suivant la sagesse et la science du présent monde, et non poussée par la crainte de Jéhovah Dieu, crainte qui est pourtant indispensable à la sagesse et à la science véritables.
68. Sur quelle sagesse Babylone comptait-elle ?
68 Les connaissances accumulées dans les bibliothèques de Babylone, qui contenaient des milliers de tablettes d’argile, ne constituaient pas un guide sûr. Elles égaraient cette ville et l’amenaient à la captivité et à la ruine. Elle fut séduite et trompée par sa sagesse et sa science, à tel point qu’elle disait en son cœur : “Je suis, et il n’y a personne d’autre.” Forte de sa sagesse, de sa science et de sa puissance militaire, elle se croyait unique, c’est-à-dire sans rival ni successeur en tant que puissance mondiale. Elle était bien décidée à garder sa position.
69. Pourquoi n’arriverait-elle pas à détourner la calamité ?
69 Avec justice, Jéhovah avait ordonné à l’avance que le malheur vienne sur Babylone. Elle aurait beau recourir à tous ses sortilèges, elle n’arriverait pas à conjurer ce malheur. Elle ne pourrait envoûter Jéhovah. Ses faux dieux et sa fausse religion ne lui permettraient pas de détourner la calamité que Jéhovah avait décrétée pour elle. Soudain, sans qu’elle s’en doute, une ruine viendrait sur elle, une calamité telle qu’elle n’en avait pas connu au cours de sa longue histoire, et cette ruine serait définitive. Elle serait prise dans sa malice et reconnue entièrement coupable. Ceux qui collaboraient avec elle subiraient le même sort.
70. Qu’est-ce que Jéhovah invite Babylone à faire pour essayer de se sauver ?
70 Jéhovah, le Dieu tout-puissant, met Babylone au défi de faire appel à l’ensemble de son système religieux pour se sauver et prouver, du coup, qu’il est menteur et un faux prophète. Montrant son mépris pour la religion babylonienne, il déclare : “Viens donc avec tes enchantements et avec la multitude de tes sortilèges, auxquels tu t’es adonnée dès ta jeunesse ! Peut-être en pourrais-tu tirer profit, peut-être inspireras-tu la terreur ! Tu t’es fatiguée à force de consultations ; qu’ils se présentent donc et qu’ils te sauvent ceux qui mesurent le ciel, qui observent les astres, qui font connaître à chaque nouvelle lune ce qui doit t’arriver. Voici qu’ils sont devenus comme le chaume : le feu les a consumés ; ils ne sauveront pas leur vie de la puissance de la flamme ; ce n’est point une braise pour se chauffer, ni un feu pour s’asseoir devant. Tels sont pour toi ceux pour lesquels tu t’es fatiguée ; ceux avec qui tu trafiquas dès ta jeunesse ; ils fuient chacun de son côté ; il n’y a personne qui te sauve !” — Isaïe 47:12-15 AC.
71. a) Qui fut le fondateur de Babylone, et sous quel nom fut-il connu ? b) Dès sa jeunesse, à quelles pratiques Babylone s’adonna-t-elle, mais pouvait-elle se sauver par ce moyen ?
71 À l’époque de Nimrod, son fondateur, Babylone était dans sa jeunesse. Nimrod était son héros populaire connu comme un “puissant chasseur en opposition avec Jéhovah”. (Genèse 10:8-10, NW.) Babylone ne marcha pas avec Dieu, comme le fit Noé, qui était encore en vie quand cette ville était dans sa jeunesse (Genèse 6:9). Au contraire, elle se tourna vers le démonisme, le culte des démons, dont le chef est Satan le Diable, principal dieu de Babylone. Ainsi, dès sa jeunesse, elle s’était adonnée à des enchantements et à une multitude de sortilèges. À présent, après quinze siècles d’existence, elle allait voir de quel profit ces pratiques pouvaient être pour elle, au moment où elle était en danger de tomber en tant que puissance mondiale. Qu’elle essaie d’envoûter les Mèdes et les Perses, que Jéhovah des armées fait monter contre elle, et de leur inspirer la terreur !
72. a) Quel conseil Babylone rejeta-t-elle, et vers quels conseillers se tourna-t-elle ? b) À l’aide de quoi ses conseillers firent-ils leurs prédictions ?
72 Elle n’avait pas consulté Jéhovah Dieu comme Conseiller. Elle s’était fatiguée à force de consultations auprès des sages de ce monde, au lieu d’écouter Jéhovah et ses prophètes, comme Ésaïe, Michée, Daniel et Ézéchiel. Maintenant, que ses innombrables conseillers la sauvent de la situation où elle se trouve pour avoir suivi leurs conseils ! Que la religion de ces sages se révèle être un moyen de préserver la domination mondiale de Babylone, voire même de protéger son existence ! Que leur religion se montre supérieure au culte de Jéhovah ! Mais les conseillers de Babylone ne sont que des idolâtres, qui adorent les cieux et non le Créateur de ces derniers. Du haut de la tour de Babylone appelée Etemenanki, vouée au culte du faux dieu Mardouk (Mérodac ou Bel), les astrologues babyloniens, qui possèdent des connaissances considérables en astronomie, observent les astres et attachent une signification prophétique à leurs mouvements et positions. Que tous les astrologues de Babylonie mesurent donc le ciel du haut de leurs observatoires et qu’ils interrogent les étoiles pour prédire l’avenir !
73. a) Qu’est-ce que les conseillers de Babylone étaient incapables de lui annoncer ? b) Que deviendraient-ils ?
73 Et que dire de ceux qui font connaître à chaque nouvelle lune ce qui doit arriver ? Pourront-ils faire dire aux cieux des choses qui te seront favorables, ô Babylone ? Que ces pronostiqueurs mensuels te guident et te montrent le moyen d’échapper aux malheurs et de t’assurer le succès ! Qu’ils annoncent, s’ils le peuvent, ce que Jéhovah va faire venir sur toi, et qu’ils te conseillent sur la meilleure façon d’y échapper ! Mais ils en sont incapables. Ce sont de faux conseillers, et ils seront eux-mêmes pris à l’improviste. Lors de la calamité qui approche, ils seront comme du chaume desséché dans un champ après la moisson. Ils seront consumés ; ils ne sauveront pas leur vie de la puissance des flammes qui éprouveront Babylone. Ce ne sera pas une braise pour se chauffer, ni un feu doux devant lequel on s’assoit confortablement. Ce sera un embrasement destructeur qui ne laissera pas de braises devant lesquelles on fait la veillée en famille.
74. Dès sa jeunesse, quelle sorte d’organisation Babylone fut-elle ?
74 Il est donc évident que dès sa jeunesse, la ville de Babylone a pratiqué la fausse religion, la religion du Diable. Elle n’a jamais été l’organisation visible de Jéhovah, pas même dans sa jeunesse. Elle n’a pas pu apostasier, puisqu’elle n’a jamais été dans la vérité. Dès son origine, elle a été démoniaque, l’organisation visible du Diable. Elle a constitué le fondement de toutes les fausses religions qui ont vu le jour depuis le déluge du temps de Noé. Ainsi, Babylone la Grande des temps modernes, dont l’existence a été annoncée dans le dernier livre de la Bible, la Révélation, a reçu sa religion de l’antique Babylone et de son dieu Satan le Diable.
75. Que firent les sorciers de Babylone, et purent-ils l’aider ?
75 Lorsque les magiciens de Babylone verront l’inutilité de leurs charmes, de leurs incantations et de leur interprétation des signes mystiques, ils abandonneront leur patronne, Babylone. Ils fuiront chacun de leur côté, cherchant leur salut où ils le pourront. Ils savent qu’ils ne peuvent sauver Babylone. Aucun de ses sages, ni aucun de ses chefs religieux ne pourra persuader Jéhovah des armées de l’épargner. Elle est condamnée. Ses temples, ses idoles, ses ziggourats, son astronomie et ses armées se révéleront impuissants à la sauver. Il lui faudra descendre de son trône comme Troisième Puissance mondiale et s’asseoir dans la poussière en attendant son anéantissement complet. Sa fin catastrophique préfigure la fin imminente de Babylone la Grande de notre époque.
LA RELIGION DE BABYLONE SE RÉPAND EN OCCIDENT
76. Parmi les régions où se réfugièrent les astrologues de Babylone, laquelle nous intéresse tout particulièrement, et quel ouvrage historique est cité à ce sujet ?
76 Parmi les régions où se réfugièrent les sorciers et les astrologues de Babylone, l’Occident, c’est-à-dire l’Europe, nous intéresse tout particulièrement. Un ouvrage historiquef en relate les conséquences dans les termes suivants :
77. a) Comment les Chaldéens développèrent-ils l’“art” de l’“astrologie”, et quel rapport y eut-il entre cette dernière et le culte des dieux ? b) Quelle nation occidentale adopta les termes babyloniens ?
77 Les Chaldéens firent de grands progrès dans l’étude de l’astronomie par suite de leurs efforts pour lire l’avenir dans les astres. Nous appelons cet art l’“astrologie”. Les Babyloniens rassemblèrent de façon systématique beaucoup de renseignements qui ont servi de base à l’astronomie. Les groupements d’étoiles qui portent aujourd’hui le nom de “douze signes du zodiaque” furent représentés pour la première fois, et l’existence des planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne était connue. Comme on croyait que ces planètes exerçaient des pouvoirs particuliers sur la vie des hommes, on leur donna les noms des cinq dieux et déesses les plus importants. Nous désignons ces planètes par leurs noms romains, mais les Romains avaient adopté les termes babyloniens et les rendaient tout simplement par leurs équivalents à Rome. C’est ainsi que la planète d’Ishtar, déesse de l’amour, devint Vénus, et celle du dieu Mardouk, Jupiter.
78. a) Quel pays les astrologues chaldéens finirent-ils par atteindre, mais auparavant, où s’établirent-ils ? b) Que déclare Révélation 2:12 à propos de cette ville, et comment cette dernière devint-elle une possession romaine ?
78 Une étude minutieuse des faits historiques effectuée par des autorités en la matière a permis de déterminer comment les astrologues babyloniens atteignirent finalement la péninsule italique. Dans le livre intitulé “Lares et Pénates de la Cilicie” (angl.) de Barker et Ainsworth, au chapitre 8, page 232, on trouve ce renseignement : “Les Chaldéens vaincus s’enfuirent en Asie Mineure et établirent leur collège central à Pergameg.” Il s’agit de la Pergame mentionnée dans Révélation 2:12 à propos d’une congrégation de chrétiens établie au premier siècle de notre ère. En 133 avant notre ère, le roi Attale III, sur son lit de mort, légua aux Romains Pergame et le territoire dont elle était la capitale, et plus tard ce royaume devint une province romaine connue sous le nom d’Asie. À propos de la fuite en Asie Mineure des Chaldéens vaincus et de l’établissement de leur collège central dans la ville idolâtre de Pergame, Alexander Hislop écrit ce qui suit :
79. Que déclare Hislop au sujet du rapport entre le royaume de Pergame et les Étrusques ?
79 La Phrygie (...) formait une partie du royaume de Pergame. La Mysie en était aussi une autre, et les Mysiens, d’après la Chronique Paschale, descendaient de Nemrod [Nimrod]. Voici ces paroles : “Nebrod [forme grecque de Ninrod], le chasseur et géant, d’où descendaient les Mysiens.” (Chron. Pas. vol. I, p. 50). La Lydie aussi, d’où venaient les Étrusques [d’Italie], d’après [les historiens] Tite-Live et Hérodote, formait une partie de ce même royaume. Pour le fait que la Mysie, la Lydie et la Phrygie formaient des parties constituantes du royaume de Pergame, voir SMITH, Dict. class. p. 542.
80, 81. Quelle dignité religieuse les mages chaldéens conférèrent-ils aux rois de Pergame ?
80 Quelle en fut la conséquence pour les rois déifiés de Pergame ? Hislop répond en ces mots :
81 Les rois de Pergame, dans le pays duquel les mages chaldéens trouvèrent un asile, étaient évidemment placés par eux [les mages] et par la voix unanime du paganisme qui sympathisait avec eux, sur le siège vide que Belthazzar [(Belschatsar] et ses prédécesseurs avaient occupé. Ils étaient salués comme les représentants du dieu babylonien. C’est ce qui résulte évidemment des déclarations de Pausanias. (...) Attale, dans les possessions duquel les mages avaient leurs principaux sièges, avait été établi et reconnu sous le caractère même de Bacchus, le chef des Mages. Ainsi le siège vacant de Belthazzar fut occupé, et la chaîne brisée de la succession chaldéenne se trouva renouée. — Les deux Babylones, notes 1 et 2 au bas de la page 365.
82, 83. a) Que déclarent les poètes et les écrivains de l’Antiquité à propos de l’émigration des Étrusques ? b) Pourquoi certains Lydiens quittèrent-ils leur pays, et où s’établirent-ils finalement ? c) Quel nom se donnèrent-ils, et à quelle époque remonte leur premier établissement définitif dans leur nouveau pays ?
82 Quant à savoir comment la pratique de la religion babylonienne fut établie en Italie par l’arrivée dans ce pays des Étrusques longtemps avant qu’Attale III n’eût légué à Rome le royaume de Pergame, l’Encyclopédie britannique nous fournit les renseignements suivants :
83 Pour ce qui est de la question de l’origine des Étrusques, tous les poètes et tous les écrivains, à l’exception de Denys d’Halicarnasse, tiennent pour véridique l’histoire de leur migration de la Lydie rapportée par Hérodote, qui raconte que pendant le règne d’Atys, fils de Manès, il y eut, pendant 18 ans, une grande disette dans toute la Lydie. “Finalement le roi divisa le peuple en deux groupes et leur fit tirer au sort de façon qu’une partie de la population demeurerait et l’autre quitterait le pays ; lui-même serait le chef de ceux qui resteraient, et son fils, Tyrrhène, se mettrait à la tête de ceux qui partiraient. Alors, ceux qui devaient partir quittèrent le pays, descendirent à Smyrne et construisirent des navires, sur lesquels ils chargèrent tous leurs biens transportables, après quoi ils prirent la mer à la recherche d’un pays où ils pourraient vivre ; enfin, après avoir séjourné dans de nombreuses nations, ils arrivèrent au pays des Ombriens [en Italie], où ils fondèrent des villes et où ils demeurent toujours. Ils ne s’appelaient plus Lydiens mais Tyrrhènes, du nom du fils du roi qui les avait conduits jusque-là.” (...) Ils parlaient une langue qui leur était tout à fait particulière, fait reconnu encore aujourd’hui par les philologues (...). Par conséquent, un raisonnement géographique suggère clairement une invasion, ou plutôt une colonisation par des groupes successifs d’émigrants qui débarquèrent aux endroits les plus avancés de la côte toscane [en Italie]. D’après le caractère de leurs plus anciens vestiges, la date de leur premier établissement définitif peut être située à la fin du IXe siècle [avant donc la fondation de Rome au VIIIe siècle, à la date traditionnelle de 753 avant notre ère].
84. a) Quelles preuves existent sur l’origine des Étrusques ? b) Qu’est-ce qui prouve que leur culte était d’origine mésopotamienne ?
84 L’origine orientale ou semi-orientale des Étrusques se retrouve dans tout ce qui caractérise leur art le plus ancien et dans maints détails de leur religion et de leur culte. C’est un art qui révèle un contact étroit d’une part avec la Mésopotamie, la Syrie et Chypre, d’autre part avec l’Égypte. Les divinités et personnages mythologiques gravés sur l’orfèvrerie et la bijouterie étrusques du VIIe siècle sont, de toute évidence, les héros et divinités de la mythologie asiatique (...). Dans le domaine du rite et de la religion, se rencontrent une foule de détails qui sont empruntés directement à la Mésopotamie et, dans leur totalité, sentiments et atmosphère sont purement orientaux. C’est dans les pratiques de la divination et de la science augurale que se trouvent les ressemblances les plus frappantes, car la coutume de prédire par l’interprétation du foie des brebis ou du vol des oiseaux est purement chaldéenne (voir DIVINATION). Certains modèles de foies en argile, originaires de Mésopotamie et couverts de caractères cunéiformes ressemblent exactement au foie de bronze découvert à Piacenza [Plaisance, dans la province italienne d’Émilie], et divisé en sections dont chacune est désignée, en étrusque, sous le nom d’un dieu patron.
85. a) D’après les recherches archéologiques, d’où vinrent les Étrusques ? b) Quels rapports existaient entre Rome et les villes étrusques en Italie ? c) Quelle fut, semble-t-il, la principale occupation de la confédération des villes étrusques ?
85 On voit donc que sur les questions capitales à propos de l’origine des Étrusques et de la date et du lieu de leur arrivée en Italie, l’archéologie est à même de donner une réponse claire. Ils vinrent de quelque part en Asie Mineure ; que ce fût de la Lydie, comme l’affirme Hérodote, ou d’ailleurs, est sans importance. Leur patrie d’origine doit être cherchée quelque part entre l’Hellespont et la Syrie. Dans ses grandes lignes, la tradition rapportée par Hérodote est confirmée par les recherches archéologiques. (...) Ainsi l’Histoire renferme peu d’exemples plus pathétiques que l’aveuglement politique et l’apathie des grandes cités étrusques au cours des longs conflits entre Veii [ville d’Étrurie, au nord de Rome] et Rome, faiblesse qui permit aux Romains, malgré leur réelle infériorité, d’engloutir peu à peu toute l’Étrurie. Une confédération de 12 villes existait au VIe siècle, qui tenait ses réunions annuelles à Voltumma, lieu sacré situé au-dessus du lac Volsinii (lac de Bolsena). (...) À en juger par le peu de résultats obtenus, il semble plus vraisemblable que la confédération se bornait à s’occuper des affaires religieuses. [Au cours du VIe siècle susmentionné, se produisit la chute de Babylone en Mésopotamie.] — Encyclopédie britannique, édition de 1946, tome VIII, pages 785, 786, sous le titre Etruscans.
86, 87. Quelle fut l’étendue de l’occupation étrusque en Italie, et quelle ville tomba sous leur domination ?
86 Selon la tradition, Rome fut fondée en 753 de l’ère ancienne. Au premier siècle avant notre ère, elle devint la Sixième Puissance mondiale. Concernant le début de son histoire, le livre “Les temps anciens — l’histoire du monde primitif” (Ancient Times — A History of the Early World) par James Breasted (éd. de 1916, pages 488, 489, 495-499) déclare :
87 (...) une race audacieuse de pirates que nous appelons les Étrusques. Ils (...) vécurent probablement d’abord dans l’ouest de l’Asie Mineure, et les monuments égyptiens nous parlent de leurs raids maritimes sur le delta [du Nil] déjà au XIIIe siècle av. J.-C., peut-être l’époque à laquelle ils quittèrent l’Asie Mineure en quête d’une nouvelle patrie en Italie. En tous cas, les Étrusques étaient déjà établis en Italie en l’an 1000 av. J.-C. Ils repoussèrent les tribus indo-européennes, (...) ils jouèrent pendant longtemps un rôle important dans l’histoire de Rome et de l’Occident (...). Après l’an 800 av. J.-C., les Étrusques s’étendirent loin à travers l’Italie du nord. (...) Ainsi Rome devint une cité-royaume sous la domination d’un roi étrusque, de même que les autres villes étrusques qui s’étendaient depuis Capoue loin au nord, jusqu’au port de Gênes. Elle demeura ainsi pendant deux siècles et demi. Bien que Rome fût gouvernée par une dynastie de rois étrusques, il ne faut pas oublier que la population du Latium sous leur domination continua d’être latine et de parler le latin 1.
[Note 1 : Cette explication nous présente la lignée des premiers souverains de Rome (d’env. 750 à env. 500 av. J.-C.) comme étant exclusivement étrusque. La date traditionnelle de la fondation de Rome se situant peu avant l’an 750, elle correspondrait alors à sa prise et à son affermissement comme royaume puissant par les Étrusques. Nous ne possédons pas de documents écrits sur la Rome de cette période reculée. Nous sommes obligés de fonder nos conclusions en grande partie sur une étude des vestiges archéologiques subsistant à Rome et dans le Latium. Si ces vestiges, ajoutés aux éléments importants de la civilisation étrusque adoptés par les Romains, avaient constitué la seule preuve que nous possédions, personne n’aurait jamais suggéré une autre théorie que celle selon laquelle les souverains de Rome étaient des Étrusques. Mais les Romains de basse époque n’admettaient pas volontiers que leurs premiers rois avaient été des étrangers ; ils chérissaient une tradition affirmant que leurs souverains étaient natifs de Rome. Cette tradition, comprenant de nombreux incidents pittoresques (...), a trouvé place dans la littérature, et est encore largement acceptée. Il est possible qu’elle comporte une petite part de vérité, mais cela n’est guère probable si l’on tient compte des preuves connues.]
88. a) Quelles activités commerciales les Étrusques déployèrent-ils, et qu’apprirent-ils ? b) Quelle structure architecturale les Étrusques introduisirent-ils en Italie ?
88 Les navires étrusques avaient connu les eaux grecques depuis l’époque mycénienne, et les Étrusques entretenaient un trafic permanent dans les ports grecs. C’est là qu’ils apprirent à écrire leur langue avec les caractères grecs. De nombreuses tombes (...) portant de telles inscriptions subsistent encore en Italie. (...) À la différence des Grecs, ils firent un grand usage de la voûte, qu’ils avaient probablement connue en Asie Mineure. Ce furent les Étrusques qui introduisirent la voûte en Italie.
89. Comment la domination étrusque à Rome prit-elle fin ?
89 Les rois étrusques apportèrent de grandes améliorations dans Rome. (...) Mais la cruauté et la tyrannie des souverains étrusques finirent par provoquer une révolte, conduite vraisemblablement par les nobles étrusques eux-mêmes, et les rois de Rome furent chassés. (...) Ainsi, aux environs de l’an 500 av. J.-C., prit fin la période royale de l’histoire de Rome ; mais les deux siècles et demi de domination étrusque laissèrent leur empreinte sur Rome, empreinte visible par la suite dans son architecture, sa religion, son organisation tribale et dans bien d’autres choses encore.
90, 91. Quelles divinités les Romains adoptèrent-ils, et à quoi les assimilèrent-ils ?
90 Le lecteur aura remarqué cette allusion à la religion. À ce propos, citons l’ouvrage intitulé “L’essor d’une civilisation” (On the Road to Civilization) par Heckel et Sigman (éd. de 1937, pages 160, 164, 165) :
91 Le peuple finit par s’irriter contre la tyrannie des rois étrusques ; il se révolta, renversa le monarque et établit une république (509 av. J.-C.). (...) Avec le temps, les Romains adoptèrent les divinités étrusques, entre autres Jupiter, Junon et Minerve, et pour la première fois on donna à chaque dieu une forme humaine et une demeure dans un temple ou un sanctuaire. Les dieux devenaient très nombreux, et le contact avec les peuples étrangers augmenta encore leur nombre. On les assimila aux divinités grecques. Par exemple, Jupiter, le “père du ciel” des Étrusques, devint la version romaine du Zeus-pater des Grecs. Mars, le dieu de la guerre, était la divinité favorite des guerriers romains. (...) Plus tard, les Saturnales furent adoptées par les chrétiens, qui en firent leur fête de Noël en leur donnant une nouvelle signification.
92. Quel culte devint la religion d’État officielle de Rome, et comment cela se fit-il ?
92 (...) Le renouveau religieux entrepris par [César] Auguste fut surtout une mesure politique en vue de la déification de l’empereur. Quelques années après Auguste, le culte de l’empereur devint la religion d’État officielle.
93, 94. a) Quelle influence les Étrusques exercèrent-ils sur la religion des Romains, et pourquoi ? b) Quel collège devint essentiellement étrusque, et qui en exerça la présidence ?
93 Ces citations confirment les renseignements suivants, donnés par Alexander Hislop dans son ouvrage Les deux Babylones (pages 363-365) :
94 Une colonie étrusque étroitement attachée à l’idolâtrie chaldéenne avait émigré, les uns disent d’Asie Mineure [où se trouvait Pergame], les autres de Grèce, et s’était fixée près de Rome. Ces Étrusques furent plus tard incorporés à l’État romain, mais longtemps avant cette union politique ils exerçaient une puissante influence sur la religion romaine. Dès le premier jour, leur adresse dans la divination, les prédictions, et toute leur science réelle ou prétendue, dont les augures et les devins déclaraient avoir le monopole, inspirèrent aux Romains le plus grand respect. Tout le monde s’accorde à reconnaître que les Romains ont emprunté surtout aux Toscans, c’est-à-dire aux habitants de l’Étrurie, leur connaissance des augures, qui occupaient une place si importante dans toutes leurs entreprises publiques, et tout d’abord les indigènes de ce pays avaient seuls le droit d’exercer l’office d’Aruspex, qui concernait tous les rites essentiellement compris dans le sacrifice. Des guerres et des disputes s’élevèrent entre les Romains et les Étrusques ; mais cependant les plus distingués d’entre les jeunes nobles de Rome furent envoyés en Étrurie pour être instruits dans la science sacrée qui y florissait. (...) Le collège de pontifes dont il [Numa] posa les fondements devint avec le temps un collège essentiellement étrusque et le souverain pontife, qui présidait ce collège et contrôlait tous les rites religieux publics ou privés du peuple romain dans tous les points essentiels, devint en esprit et en réalité un pontife étrusque.
95. Où le pontife babylonien siégea-t-il, et où ce siège fut-il transféré après la mort de Belschatsar ?
95 (...) Le véritable pontife babylonien avait son siège hors des limites de l’Empire romain [qui n’envahit jamais la Basse Mésopotamie ou Chaldée]. Ce siège, après la mort de Balthazzar [Belschatsar] et l’expulsion de Babylone du clergé chaldéen par les rois mèdes et perses, était à Pergame, où fut plus tard l’une des sept églises d’Asieh.
96. a) Quelle position semblable à celle d’un dieu babylonien le roi-prêtre romain Numa occupait-il ? b) Lorsque Babylone tomba, quelle religion était déjà florissante en Italie ?
96 Au sujet de Numa, mentionné ci-dessus, Hislop déclare à la page 389 de ses Deux Babylones : “C’était un dieu qu’on appelait Nébo ; en Égypte Nub ou Num, et chez les Romains Numa, car Numa Pompilius, le grand prêtre-roi des Romains, occupait exactement la même place que le Babylonien Nébo.” Selon la tradition, la capitale des Romains fut fondée au huitième siècle avant notre ère ; par conséquent, avant même que Babylone fût tombée devant les Mèdes et les Perses au sixième siècle et que le clergé chaldéen se fût enfui en Asie Mineure et plus particulièrement à Pergame, la religion babylonienne fonctionnait déjà en Italie. À propos des rapports qui se nouèrent entre Pergame et Rome, le livre Les deux Babylones (pages 365, 366, 367, 375, 379, 382, 387 et 388) déclare :
97. a) Quel rapport existait entre le pontife romain et Pergame, au début, et plus tard ? b) Quelles positions Jules César occupa-t-il, et quels pouvoirs revendiqua-t-il ? c) À certaines occasions, comment montra-t-il solennellement qu’il exerçait l’office pontifical ?
97 Tout d’abord le pontife romain n’avait aucun rapport avec Pergame et sa hiérarchie, mais avec le temps, le pontificat de Rome et celui de Pergame furent identifiés. Pergame elle-même devint une partie et une dépendance de l’Empire romain, lorsque Attale [III], le dernier de ses rois, laissa en mourant, dans son testament, toutes ses possessions au peuple romain, 133 avant J.-C. (...) Lorsque Jules César, qui déjà avait été élu pontife suprême [pontifex maximus], devint aussi, comme empereur, le chef civil suprême des Romains, dès lors, comme il était la tête de l’État romain et la tête de la religion romaine, il fut investi de tous les pouvoirs et de toutes les fonctions du véritable et légitime pontife babylonien, et il se trouva dans une position où il pouvait revendiquer tous ces pouvoirs. C’est alors qu’il paraît avoir prétendu à la dignité divine d’Attale et au royaume que ce roi avait légué aux Romains, comme y ayant naturellement droit (...). Alors, à de certaines occasions, dans l’exercice de son grand office pontifical, il se montrait solennellement dans tout l’éclat de son costume babylonien, comme aurait pu le faire Balthazzar [Belschatsar] lui-même avec une robe écarlate, portant la crosse de Nemrod [Nimrod], la mitre de Dagon [le dieu-poisson] et les clefs de Janus [dieu à deux visages] et de Cybèle [la déesse “mère”].
98-100. a) Quelle attitude l’empereur Gratien adopta-t-il à l’égard de l’office et du titre de pontifex ? b) À qui ce titre fut-il conféré ? c) Lorsque le pape Damase reçut ce titre, le paganisme était-il mort à Rome ?
98 (...) jusque sous le règne de Gratien [empereur d’Occident] qui, ainsi que le montre [l’historien] Gibbon, refusa le premier de revêtir un appareil pontifical idolâtre ou d’agir comme pontifex.
99 (...) Peu d’années après l’abolition du titre païen de pontifex, ce titre fut rétabli (...) ; il fut donné de nouveau, avec toutes les idées païennes qui s’y rattachaient, à l’évêque de Rome lui-même. Dès lors ce dernier fut l’agent principal qui répandit dans la chrétienté (...) toutes les autres doctrines qui dérivaient de l’ancienne Babylone.
100 (...) Les circonstances dans lesquelles ce titre païen fut donné au pape Damasus [Damase] étaient de telle nature qu’elles n’auraient pas été une légère épreuve pour la foi et pour l’intégrité d’un homme plus fidèle que lui. Le paganisme était légalement aboli dans l’Empire d’Occident, et cependant il existait encore dans la ville aux sept collines, à ce point que Jérôme [traducteur de la Vulgate latine], écrivant de Rome à cette même époque, l’appelle le cloaque de toutes les superstitions. Aussi, tandis que partout dans l’empire l’édit impérial sur l’abolition du paganisme était respecté, dans Rome même, il était dans une large mesure, comme une lettre morte.
101. Comment Damase devint-il évêque de Rome, et à quel sujet voulait-il se justifier aux yeux des païens ?
101 (...) L’homme [le pape Damase Ier] qui entra à l’évêché de Rome comme un voleur et un larron sur les cadavres de cent de ses adversaires, ne pouvait point hésiter sur le choix qu’il avait à faire. Le résultat montre qu’il avait agi avec énergie ; et qu’en prenant le titre païen de pontife [pontifex], il s’était décidé, même en faisant le sacrifice de la vérité, à justifier ses prétentions à ce titre aux yeux des païens, en se donnant comme le représentant légitime de leur longue série de pontifesi.
102. Quelle position babylonienne le pape occupait-il à la fin du IVe siècle, et que devint-il pour les principaux royaumes d’Europe ?
102 (...) Le pape comme aujourd’hui, était, à la fin du IVe siècle, le seul représentant de Belshazzar ou Nemrod sur la terre, car les païens l’acceptèrent ouvertement comme tel. (...) En 606, (...) au milieu des convulsions et des bouleversements des nations agitées comme une mer orageuse, le pape de Rome fut fait évêque universel et (...) les principaux royaumes d’Europe le reconnurent comme le vicaire de Christ sur la terre, le seul centre de l’unité, la seule source de stabilité pour leurs trônes.
103. a) Quelles étaient les intentions du clergé chaldéen quand il quitta Babylone ? b) La religion babylonienne existe-t-elle toujours, et où pourrons-nous apprendre ce qu’elle deviendra lorsque la Babylone moderne sombrera ?
103 Ce qui précède aura permis au lecteur de constater que lorsque le clergé chaldéen abandonna à son triste sort Babylone vaincue, non en 539, mais à cause des persécutions et d’autres difficultés qui survinrent plus tard, il n’avait pas l’intention de laisser disparaître la religion babylonienne. Et effectivement, la chute soudaine de Babylone n’entraîna pas la fin de sa religion. Un examen attentif du monde religieux de notre vingtième siècle révèle que la religion babylonienne est toujours florissante tout autour de la terre. Mais que deviendra-t-elle quand Babylone la Grande des temps modernes sombrera conformément aux prophéties de la Bible ? Nous apprendrons la réponse à cette question en poursuivant avec le plus grand intérêt notre examen de ces saintes prophéties.
[Notes]
a Voir l’article “Un événement sensationnel en enfer” publié dans La Tour de Garde du 15 mars 1950, pages 87-91.
b Cf. Babylonian Chronology 626 B.C. — A.D. 75 de Parker et Dubberstein, éd. de 1956, pages 15, 16 ; voir aussi ISBE, tome I, page 368a.
c “Je suis” : Ici, de même qu’au És 47 verset 8, cette expression n’est pas la traduction du verbe hébreu ʼÈhyèh, terme employé par Jéhovah Dieu dans Exode 3:14, mais elle traduit simplement le pronom hébreu ʼani, qui signifie je, le verbe suis étant sous-entendu. Cependant, la Septante, version grecque des Écritures hébraïques, rend ce terme par Égô éïmi, la même expression employée dans le texte grec des paroles de Jésus consignées dans Jean 8:58, que bon nombre de trinitaires traduisent en français par “Je suis”.
d D’après Nabonidus and Belshazzar de Dougherty (page 175), on n’a trouvé dans les inscriptions cunéiformes aucune mention de la mort de Nabonide. L’historien Bérose affirme que Cyrus envoya Nabonide en Carmanie, où il passa le restant de ses jours. — Cf. Flavius Josèphe, Réponse à Appion, livre Ier, chapitre VI, paragraphe 3.
e La Septante et la Peshitta portent ici “soudainement” au lieu de “dans toute leur plénitude”.
f The Dawn of Civilization and Life in the Ancient East d’Engberg et Cole, édition de 1940, pages 230, 232.
g Le fait qu’“elle frappait des pièces de monnaie depuis l’an 420 av. J.-C. au plus tard”, indique que l’antique Pergame fut une ville très riche et prestigieuse déjà au Ve siècle avant notre ère. Avant que Xénophon (vers 430-355 av. notre ère) n’en parle dans son Anabase (VII, viii, 8) et dans ses Helléniques (III, i 6), on ne connaissait que peu de choses de cette ville cosmopolite, à l’exception de sa mythologie. — Br2, tome XVII, page 507 ; Encyclopédie catholique (angl.), édition de 1911, tome II, page 666.
Le célèbre et très fréquenté temple d’Esculape se trouvait à Pergame. Esculape était appelé le dieu de Pergame, et la mythologie ayant trait à son culte porte l’empreinte de la religion de Babylone. Il était adoré sous la forme d’un serpent vivant, nourri dans le temple et considéré comme sa divinité.
h Cf. Antiquités romaines (angl.) de Kennett, partie II, livre II, chapitre III, page 67 ; chapitre IV, page 69 ; Antiquités romaines (angl.) d’Adam, page 255, sous “Ministres de la religion” ; De divinatione (Sur la divination) de Cicéron, livre I, chapitre XLI, volume III, pages 34, 35 ; Histoire romaine de Tite-Live, livre IV, chapitre IV, volume I, page 260.
i Sous le titre “Damase Ier, pape”, l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), tome II, page 652b, dit ce qui suit :
“Le pape Damase Ier (...) succéda à Libère comme évêque de Rome, en 366 de notre ère. Il eut pour adversaire Ursinus, qui contesta son élection, et dans leurs luttes ignobles, de nombreuses personnes furent massacrées. (...) L’empereur Gratien lui conféra [à Damase], en 378, le droit de juger ceux des prêtres du parti adverse qui avaient été chassés de Rome, et à la requête d’un synode romain convoqué la même année, il ordonna aux autorités temporelles de lui donner l’appui nécessaire (...).”
Note 1 a) Quelle fut l’origine des premiers rois de Rome, et quelles en sont les preuves ? b) Plus tard, quelle tradition relative à leurs premiers rois était chère aux Romains, mais qu’indiquent les preuves connues ?
[Carte, page 317]
(Voir la publication)
L’ASIE MINEURE ET LA MÉSOPOTAMIE AU DÉBUT DE NOTRE ÈRE
CYRÉNAÏQUE
Cyrène
MER MÉDITERRANÉE
CRÈTE
Sparte
Athènes
Corinthe
ACHAÏE
MACÉDOINE
Thessalonique
Philippes
THRACE
MŒSIE
(MER NOIRE)
Byzance
MYSIE
Pergame
Smyrne
ASIE
LYCIE
PAMPHYLIE
GALATIE
Lystre
BITHYNIE ET PONT
Trapezos
ROYAUME DE POLÉMON
CAPPADOCE
ROYAUME D’ANTIOCHE
CILICIE ET SYRIE
Antioche
Damas
CHYPRE
Alexandrie
ÉGYPTE
Jérusalem
ARABIE
Palmyre
Euphrate
Nisibis
(Lac de Van)
ARMÉNIE
(MER CASPIENNE)
Gaugamèles
Arbèles
Ecbatane
ROYAUME PARTHE
Tigre
Séleucie
Babylone
Suse
(Golfe Persique)