La place du nom de Dieu dans le vrai culte
Que faut-il entendre par ‘prendre le nom de Dieu en vain’ ? Comment utiliser ce nom d’une manière convenable ?
LORSQU’ELLE reçut la visite d’un témoin de Jéhovah chez elle, à Tel Aviv, en Israël, une femme juive s’est écriée : “Vous faites certainement partie de la chrétienté, car il est interdit aux Juifs de prononcer le nom de Dieu.” En général, les oreilles juives sont peu accoutumées à entendre le nom propre de Dieu.
Presque tous les Juifs ont accepté le point de vue exprimé dans leur Mishna, qui déclare : “Et ceux-ci n’auront point de part au monde à venir : celui qui dit qu’il n’y a pas de résurrection des morts (...) et que la Loi ne vient pas du ciel (...). Celui aussi qui dit le Nom dans ses propres caractères.” — Sanhédrin 10:1, traduction anglaise par Herbert Danby, Oxford University Press, 1933.
Pourquoi est-il formellement interdit aux Juifs de prononcer le nom de Dieu ? The Texas Catholic Herald du 18 octobre 1968 fait la remarque suivante : “Bien que les Juifs, pour la plupart, aient considéré ‘Yahweh’ comme le nom personnel du Dieu d’Israël, une sorte de superstition les empêchait de le prononcer, et lorsqu’ils lisaient leurs livres sacrés, ils lui substituaient ‘Adonaï’.”
Influence sur la chrétienté
Cette crainte superstitieuse, qui empêchait les Juifs de prononcer le nom de Dieu, a influencé la chrétienté. Au sein de cette dernière, on n’entend jamais, ou rarement, louer le nom de Dieu dans les églises. Nombre de traducteurs ont même éliminé le nom divin de leurs traductions de la Bible et l’ont remplacé par les titres “Seigneur” et “Dieu”.
Toutefois, l’American Standard Version de 1901 constitue sous ce rapport une exception digne de remarque. Nous lisons dans sa préface : “Le changement d’abord proposé dans l’Appendice [de la English Revised Version], celui qui substitue ‘Jéhovah’ à ‘SEIGNEUR’ et ‘DIEU’ (imprimés en lettres majuscules) est l’un de ceux que les lecteurs n’accueilleront pas favorablement, étant donné le grand nombre de fois où apparaissent les termes devenus familiers qui l’ont remplacé. Mais, après un examen sérieux, les réviseurs américains sont unanimement convaincus que la superstition juive, qui considérait le nom de Dieu comme trop sacré pour le prononcer, ne devrait plus prévaloir dans la version anglaise, ou toute autre traduction de l’Ancien Testament (...). Ce nom propre, avec sa richesse d’associations sacrées, est maintenant remis à la place qui lui revient incontestablement dans le texte sacré.”
Ainsi donc, l’American Standard Version a refusé de se laisser influencer par la tradition juive qui considérait le nom divin comme trop sacré pour être prononcé. D’autres traductions en langues modernes utilisent à présent ce nom dans les milliers de passages où il apparaît dans la sainte Bible.
Quel est le nom ?
Dans la partie hébraïque des Écritures, le nom de Dieu est écrit en quatre lettres, qui forment ce qu’on appelle le Tétragramme. En français, ces quatre lettres hébraïques correspondent à YHWH (ou YHVH ou JHVH). Bien que la prononciation exacte du nom de Dieu ait été perdue, la forme consacrée par l’usage depuis des siècles est “Jéhovah”. Ainsi l’Encyclopédie catholique (angl.) (éd. 1910, tome VIII, page 329) dit à ce sujet : “Jéhovah, le nom propre de Dieu dans l’Ancien Testament.”
Toutefois, avant la fin du siècle dernier, les biblistes lui ont préféré la forme “Yahweh” en s’accordant généralement pour dire que cette dernière s’approchait davantage de la prononciation originelle dans l’hébreu. Cependant, à notre époque la majorité des gens ne parlent pas l’hébreu, mais d’autres langues. Par conséquent, quand nous nous exprimons en français, il convient d’utiliser la forme francisée du nom de Dieu, qui est “Jéhovah”. Cette forme conserve fidèlement le son des quatre lettres du Tétragramme. Dans d’autres langues, la prononciation est différente, bien que sensiblement la même le plus souvent.
Sa place dans le culte de l’ancien Israël
En Israël, l’ancien peuple de Dieu, le nom divin occupait une place très honorée. Les Israélites le prononçaient dans la pratique de leur culte et quand ils lisaient les Écritures, dans les conversations quotidiennes ainsi que dans leurs rapports avec les autres nations. Aussi étaient-ils connus partout comme étant le peuple qui adorait Jéhovah.
Cela était agréable au vrai Dieu. Pour exprimer son approbation, il appelait les Israélites “mon peuple sur qui est invoqué mon nom”. (II Chron. 7:14.) En parlant de cette nation, on ne disait pas qu’elle adorait ‘le Seigneur’, mais on lui associait toujours le nom de Jéhovah. En fait, les Écritures font ressortir le contraste qui existait entre Israël et “les royaumes qui n’invoquent pas ton nom”. — Ps. 79:6 ; Jér. 10:25.
Jéhovah voulait que “l’on publie son nom par toute la terre”. (Ex. 9:16.) C’est à cette fin qu’il accomplit des actes puissants en faveur de son peuple. Par exemple, quand il écrasa les orgueilleux Égyptiens et leur armée, la nouvelle se répandit sur toute la terre. Des années plus tard, Rahab, une habitante de l’antique Jéricho, déclara : “Nous avons appris comment Jéhovah, lorsque vous sortiez d’Égypte, a mis à sec devant vous les eaux de la mer Rouge (...). C’est Jéhovah, votre Dieu, qui est Dieu en haut dans le ciel, et en bas sur la terre.” Veuillez noter que Rahab n’a pas utilisé un simple titre tel que “Dieu”, mais le nom distinctif de Dieu. — Josué 2:10, 11, AC.
La nation d’Israël devait prendre une part extrêmement importante à la proclamation du nom de Dieu. Jéhovah avait déclaré aux Israélites : “Vous êtes mes témoins (...) ; c’est moi qui suis Dieu.” (Is. 43:12, AC). En effet, ceux-ci avaient l’obligation de servir en qualité de témoins de Jéhovah. En outre, Dieu voulait que son nom Jéhovah occupe toujours une place prééminente dans le vrai culte ; il dit : “C’est là mon nom pour des temps indéfinis et c’est là mon mémorial de génération en génération.” — Ex. 3:15, NW.
Ils évitent l’emploi du nom de Dieu
S’il en est ainsi, pour quelle raison la nation juive cessa-t-elle, plus tard, de prononcer ce grand nom Jéhovah, lui substituant plusieurs termes et titres vagues ? Quand cette coutume prit-elle naissance ?
Ce fut au temps de l’exil des Israélites à Babylone en 607 avant notre ère. D’autre part, à une date plus récente, au troisième et au second siècle avant notre ère, l’influence de l’hellénisme d’inspiration babylonienne favorisa l’établissement de cette pratique parmi les Juifs. La coutume voulant que l’on s’abstienne d’utiliser des noms propres pour désigner les divinités est évidemment tout à fait contraire aux Écritures, qui exhortent les adorateurs de Jéhovah à ‘invoquer son nom’, à ‘aimer son nom’ et à ‘penser à son nom’. — És. 12:4 ; Ps. 69:37 69:36, NW ; Mal. 3:16, Da.
La secte religieuse des Sadducéens se laissa tout particulièrement influencer par la ‘pensée internationale’ et les ‘manières de voir progressistes’ ; elle insistait pour que les Juifs emploient des titres vagues, acceptés par tous. C’est ainsi que la nation d’Israël cessa d’utiliser le nom merveilleux de son Dieu, Jéhovah.
Veuillez noter jusqu’à quel point ce nom cessa d’être employé. En dehors des Écritures elles-mêmes, les lettres de l’alphabet hébreu représentent parfois des nombres. Par exemple, la cinquième lettre (Hé) a pour valeur numérique 5, la dixième (Yod) représente 10, etc. Le nombre 15 devrait donc s’écrire Yod-Hé. L’écrit-on ainsi en hébreu ? Non, même pas en numérotant les chapitres et les versets de la sainte Bible ; cela aurait obligé le scripteur à écrire les deux premières lettres du nom divin. C’est pourquoi le nombre 15 s’écrit toujours Téth-Vav, soit 9 plus 6. Voyez jusqu’où va l’imagination des Juifs quand il s’agit d’éviter l’emploi du nom propre de Dieu.
Ils emploient le nom de Dieu en vain
Pour chercher à justifier le soin qu’on prenait à éviter l’emploi du nom divin, on a prétendu qu’il était trop sacré pour être prononcé et qu’on avait ainsi l’assurance qu’il ne serait pas pris “en vain”, c’est-à-dire d’une manière indigne”. (Ex. 20:7, Sg, NW.) Est-ce là une raison valable pour ne pas se servir du nom de Dieu ? Que faut-il entendre par prendre le nom de Dieu en vain ?
Le puissant pharaon égyptien nous fournit l’exemple éclatant d’une personne qui a pris le nom de Dieu d’une manière indigne. Sur un ton moqueur, il répliqua à Moïse et à Aaron qui se présentaient devant lui au nom de Jéhovah : “Qui est Jéhovah pour que j’obéisse à sa voix (...) ? Je ne connais pas Jéhovah.” Par ses paroles et par ses actes, il proclama son manque total de respect pour Jéhovah Dieu et son glorieux nom. — Ex. 5:2, AC.
Un autre exemple nous est fourni par Rabschaké, porte-parole de Sennachérib, roi d’Assyrie. Il prit le nom divin d’une manière indigne en rabaissant Jéhovah en présence des Juifs, afin de les décourager. Il dit : “N’écoutez donc pas Ézéchias [roi des Juifs], car il vous abuse, en disant : Jéhovah nous délivrera. Quels sont, parmi tous les dieux de ces pays, ceux qui ont délivré leur pays de ma main, pour que Jéhovah puisse en délivrer Jérusalem ?” — II Rois 18:32, 35, AC.
Ainsi donc, tout emploi du nom de Dieu d’une manière méprisante ou profane, toute parole de blasphème, de malédiction ou de dénigrement impliquant ce nom sont autant de façons de le prendre en vain. C’est l’utilisation du nom divin d’une manière blasphématoire qui constituait un péché digne de châtiment sous la Loi israélite. La Bible dit : “Le fils de la femme israélite blasphéma le Nom sacré et le maudit (...). Celui qui blasphémera le nom de Jéhovah sera puni de mort.” (Lév. 24:11-16, AC). Ce n’est pas en prononçant le nom de Dieu, mais en le blasphémant, qu’on ‘prend ce nom en vain’.
Néanmoins, il est possible de prendre le nom de Dieu en vain autrement qu’en le blasphémant des lèvres. Comment ?
Toute personne, appartenant au peuple portant le nom de Jéhovah, qui participe à des actes déshonorant le Dieu qu’elle représente, prend son nom en vain. La nation d’Israël s’engagea dans cette mauvaise voie. C’est pourquoi Jéhovah lui dit : “J’ai eu pitié de mon saint nom, que ceux de la maison d’Israël ont déshonoré parmi les nations chez lesquelles ils sont allés.” (Ézéch. 36:21, AC). Ainsi donc, celui qui porte le grand nom de Jéhovah a la lourde responsabilité de se conduire de manière à ne pas jeter sur ce nom le déshonneur ou l’opprobre.
Employons le divin nom d’une manière digne
“Jéhovah, est-il écrit, ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom en vain”. Il s’ensuit donc qu’il bénira celui qui l’utilisera d’une manière digne (Ex. 20:7, AC). Comment emploierons-nous dignement le nom de Dieu ?
Une façon de le faire consiste à prononcer le nom de Jéhovah avec amour dans la prière. Quand un adorateur de Jéhovah agit de la sorte, il rend plus étroits ses rapports avec son Créateur ! Lisez, par exemple, la prière que Salomon prononça le jour de la dédicace du temple (I Rois 8:23-25, AC). Considérez la requête d’Élie lorsqu’il confondit les adorateurs de Baal sur le mont Carmel (I Rois 18:36, 37, AC). Veuillez noter le choix des mots employés par Ézéchias quand il invoqua Jéhovah au moment de l’attaque assyrienne contre Jérusalem (II Rois 19:15-19, AC). Prêtez attention à la requête formulée à peu près dans les mêmes termes par Josaphat pour implorer l’aide divine (II Chron. 20:6-12, AC). Que de fois ces serviteurs de Jéhovah ont prononcé ce nom dans leurs longues prières, que Dieu agréa et exauça ! De nos jours, il est tout aussi important d’utiliser le nom de Dieu dans nos prières.
En outre, nous pouvons utiliser dignement le nom de Dieu en lisant les saintes Écritures et les matières s’y rattachant dans lesquelles apparaît le nom divin. Lire le nom de Jéhovah à haute voix dans un contexte biblique, ce n’est pas ‘prendre le nom de Dieu en vain’. Au contraire, c’est en omettant de le prononcer qu’on déshonore Dieu.
Comme nous l’avons déjà dit, les traducteurs de la Bible en de nombreuses langues ont éliminé le saint nom de Dieu et l’ont remplacé par les titres “Éternel” et “Seigneur”. Celui qui aime le nom de Dieu préférera une traduction des saintes Écritures qui préserve fidèlement le nom divin dans son texte, soit la forme “Jéhovah” ou “Yahweh”, soit en mettant tout autre mot équivalent utilisé dans son pays pour désigner les quatre lettres originelles de l’alphabet hébreu.
On peut utiliser dignement le nom de Dieu, non seulement en lisant, mais encore en parlant avec ses semblables. L’usage constant du nom de Jéhovah est naturel et approprié parmi les vrais chrétiens, car tous respectent et aiment ce nom et tout ce qu’il représente. En outre, le témoin chrétien de Jéhovah porte ce nom à la face du monde des humains, en expliquant les desseins de Jéhovah tels que la Bible nous les révèle. Exalter le nom et les desseins de Dieu de manière que les autres entendent est, en réalité, une façon de porter ce nom en l’honorant beaucoup.
Par contraste avec le châtiment réservé à ceux qui méprisent le nom de Dieu, de magnifiques promesses sont faites à ceux qui lui accordent la place qui lui revient dans leur culte. Dieu leur accordera sa protection pendant la guerre divine d’Harmaguédon, qui fera disparaître ceux qui blasphèment et profanent son nom. Jéhovah déclare : “Puisqu’il s’est attaché à moi, je le délivrerai ; je le protégerai, puisqu’il connaît mon nom.” — Ps. 91:14, AC.
N’est-ce pas là un puissant encouragement à louer et à servir “Jéhovah, (...) le Très-Haut sur toute la terre” ? Avec l’espérance d’être sous peu introduits dans le système de choses nouveau et juste promis par Dieu, les futurs survivants d’Harmaguédon ont aujourd’hui l’occasion d’affirmer leur détermination : “Je t’exalterai, ô mon Dieu, mon roi ! Et je bénirai ton nom à toujours et à perpétuité.” — Ps. 83:19, AC 83:18, NW ; 145:1, 2.