la captivité babylonienne. Il n’y en eut peut-être pas beaucoup du royaume des dix tribus qui retournèrent, mais il n’y en eut pas beaucoup non plus du royaume des deux tribus, cela comparativement parlant. Ainsi, nous lisons : “ Quand ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer, un reste seulement reviendra. ” (És. 10:22). Il semblerait donc que les quelque 55 000 personnes qui retournèrent en Palestine constituaient seulement une petite partie des Israélites vivant à Babylone au moment où Cyrus publia son décret de libération.

Un grand nombre de faits prouvent que le retour de Babylone représentait le retour de toutes les douze tribus. Par exemple, nous trouvons beaucoup plus de références à Israël qu’à Juda dans les livres d’Esdras et de Néhémie, écrits après l’exil. Nous ne trouverions aucune allusion à Israël si la théorie anglo-israélite était correcte. De plus, nous trouvons à maintes reprises l’expression “ Tout Israël ” appliquée aux exilés retournés, tout comme Néhémie dit que Salomon fut établi roi sur “ tout Israël ”. (Esdras 2:70 ; Néh. 13:26.) Le fait que les exilés de retour se considéraient comme un seul peuple, en tant que représentants des douze tribus, est établi plus loin par leur présentation, lors de l’inauguration du temple, de “ victimes expiatoires pour tout Israël, (de) douze boucs, d’après le nombre des tribus d’Israël ”. — Esdras 6:17.

Cette union des deux royaumes fut prédite dans des prophéties qui eurent un accomplissement en petit en ce temps-​là : “ Voici, je prendrai le bois de Joseph qui est dans la main d’Éphraïm, et les tribus d’Israël qui lui sont associées ; je les joindrai au bois de Juda, et j’en formerai un seul bois, en sorte qu’ils ne soient qu’un dans ma main (...) Je ferai d’eux une seule nation dans le pays, dans les montagnes d’Israël ; ils auront tous un même roi, ils ne formeront plus deux nations, et ne seront plus divisés en deux royaumes. ” Alors se vérifia aussi cette prophétie : “ Éphraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm. ” — Ézéch. 37:19, 22 ; És. 11:13.

Troisièmement, la fausseté de la théorie anglo-israélite est en outre démontrée par les Écritures grecques chrétiennes, dans lesquelles il est fait quelque soixante-quinze fois allusion aux Juifs comme à Israël. Jésus affirma à plusieurs reprises qu’il fut envoyé aux “ brebis perdues de la maison d’Israël ”, non simplement aux brebis perdues de la maison de Juda, mais à toutes les douze tribus. Il y a aussi le cas de la prophétesse Anne, “ de la tribu d’Aser ”, servant dans le temple. Et quand Jésus fut mis sur le poteau de torture, les termes “ roi des Juifs ” et “ roi d’Israël ” furent employés alternativement. — Mat. 10:6 ; Luc 2:36 ; Mat. 27:37, 42.

Considérez ceci : Si seuls les membres des deux tribus étaient retournés en Palestine, pourquoi Pierre aurait-​il dit le jour de la Pentecôte : “ Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu ” a fait Seigneur et Christ ce Jésus ? Et si dix des douze tribus s’étaient rendues dans les îles Britanniques et étaient perdues, pourquoi Jacques, sous inspiration, aurait-​il adressé sa lettre aux douze tribus ? Notez aussi les paroles de Paul : “ (...) l’accomplissement de la promesse (résurrection) (...) à laquelle aspirent nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour. ” Comment Paul pourrait-​il affirmer une telle chose si dix des douze tribus étaient perdues et ne servaient plus Dieu ? — Actes 2:36 ; 26:7 ; Jacq. 1:1.

PROMESSES À L’ISRAËL SPIRITUEL

Un Anglo-Israélite écrit : “ Chaque Anglais participe à un grand héritage, et, par conséquent, à une grande responsabilité. ” Mais la Parole de Dieu montre que les liens de la chair ne sont pas des motifs de se glorifier : “ Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre ” dans l’assemblée chrétienne. Oui, “ dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair ”. — Gal. 3:28 ; II Cor. 5:16.

De plus, les Écritures montrent que Jésus fut une pierre d’achoppement et “ un rocher de scandale pour les deux maisons d’Israël ”. Les paroles de Jésus : “ Votre maison vous sera laissée déserte ” s’appliquent au temple des deux maisons d’Israël ; toutes les douze tribus furent rejetées, non pas seulement les deux tribus de Juda et de Benjamin. — És. 8:14 ; Mat. 23: 38.

La loi n’avait que l’“ ombre des biens à venir ”, elle était simplement “ un pédagogue pour nous conduire à Christ ”. (Héb. 10:1 ; Gal. 3:24.) De même qu’elle fut remplacée par un “ nouvel ordre de choses ”, de même l’Israël naturel fut remplacé par l’Israël spirituel. La postérité promise d’Abraham n’est pas plus les dix tribus “ perdues ” que les deux tribus. L’apôtre inspiré Paul identifie la Postérité comme le Christ, et dit aux chrétiens : “ Si vous êtes à Christ, vous êtes donc la Postérité d’Abraham. ” (Gal. 3:16, 29). Dans l’Apocalypse, chapitres 7 et 14, nous voyons que cette postérité d’Abraham se compose de l’Agneau de Dieu et d’un Israël spirituel de 144 000 membres. Ceux-ci “ seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans ”. — Apoc. 20:6.

Les Anglo-Israélites peuvent appliquer Ésaïe 54 aux nations de langue anglaise, mais l’apôtre Paul, sous inspiration, l’applique à la femme ou organisation céleste de Dieu qui donne naissance à tant d’enfants spirituels, au temps voulu par Dieu, qu’elle doit étendre ses tentes (Gal. 4:26, 27). Les Anglo-Israélites peuvent appliquer les prophéties concernant le “ Roc ” et la “ Pierre ” à l’Angleterre et aux États-Unis, mais l’apôtre inspiré Pierre applique de telles prophéties uniquement à Jésus-Christ (Actes 4:11, 12 ; I Pi. 2:7, 8). Les Anglo-Israélites peuvent s’attribuer Ésaïe 43:10, mais les faits montrent qu’aucune nation de ce monde, à part les témoins chrétiens de Jéhovah, ne sert Dieu en tant que témoins de Jéhovah.

Aujourd’hui, les nations de langue anglaise perdent l’initiative au profit des nations communistes et la fin de leur domination des affaires du monde peut être envisagée. Mais, même si tel n’est pas le cas, le fait demeure que la corruption politique, l’instabilité économique, la délinquance adulte et juvénile, la confusion et l’hypocrisie religieuses des nations anglo-saxonnes sont une preuve éclatante que, par aucun effort de l’imagination, on ne peut leur appliquer les merveilleuses prophéties parlant de paix sans fin, de prospérité, de bonheur et du triomphe de la justice par l’intermédiaire du Messie et de l’Israël spirituel.

Non. Les dix tribus d’Israël ne furent pas perdues pour réapparaître sous la forme des nations de langue anglaise. Beaucoup de leurs membres furent trouvés avec le royaume des deux tribus, avant, pendant et après l’exil babylonien jusqu’au moment de la désolation de Jérusalem en 70 apr. J.-C., date depuis laquelle aucun descendant de Jacob ne peut prouver à quelle tribu il appartient. Les prophéties de Dieu concernant la restauration et la prospérité d’Israël s’appliquent à son Israël spirituel, organisation céleste dont la tête est Jésus-Christ.

Écho de l’Inquisition

Au début de ce siècle, un prêtre nommé Harney, de l’Église catholique romaine St Pierre, à New Brunswick, New Jersey, fit un exposé qui semblait l’écho de l’Inquisition : “ Je ne mets pas en doute le fait que les catholiques, s’ils étaient assez puissants, arrêteraient même par la mort — si celle-ci se révélait nécessaire — l’extension des erreurs hérétiques parmi le peuple, et je parle ainsi avec raison. ” — New York Herald, 7 mai 1901, p. 5.