Chapitre 13
La chute de Babylone
1. En 539 avant notre ère, le seizième jour du septième mois lunaire (tisri), à quoi ont dû penser Daniel et les autres Juifs âgés, exilés à Babylone ?
LA LUNE commençait à décliner au-dessus de Babylone, car c’était la nuit du seizième jour du mois lunaire de tisri, le septième mois de l’année religieuse des Juifs, en l’an 539 avant notre ère. Vraisemblablement le prophète Daniel et les autres Juifs, maintenant âgés, qui avaient été déportés à Babylone se souvenaient du temps où, à cette époque de l’année, ils célébraient la fête des Huttes ou des Tabernacles (la fête de la Récolte) dans le temple de Jérusalem, avant la destruction de la ville sainte. Pour ces Juifs, cette fête était la plus joyeuse de toute l’année. Cette année de 539 allait-elle être marquée à la même époque d’un événement qui, lui aussi, serait une grande source de joie pour les exilés juifsa ?
2. Pourquoi et dans quelles circonstances le roi Belschatsar donne-t-il un festin ?
2 Cette nuit-là, le roi Belschatsar organise dans son palais un festin qui marque, non pas le souvenir d’une fête religieuse d’un peuple captif, mais un événement important pour les Babyloniens. Que lui importe que les armées de Cyrus soient devant les murailles de la ville ! Les Babyloniens se sentent en parfaite sécurité, car ils sont persuadés que, grâce à son système de hautes murailles, Babylone pourrait résister à un siège pendant plus de vingt ans. Et les quais de l’Euphrate, lequel partage la ville en deux, ne sont-ils pas flanqués de murs percés de portes en cuivre ? Les Babyloniens se croient tellement à l’abri que le roi Belschatsar a jugé bon de donner un grand festin, bien que son père Nabonide ne soit pas présent dans la ville.
3. Qui attend cette nuit-là pour attaquer Babylone ?
3 Ah ! mais l’agresseur perse Cyrus, qui a déployé devant la ville une partie importante de son armée et l’a placée sous les ordres de son commandant en chef, attend justement la venue de cette nuit-là ! Dans la ville, un vieil homme est soudain convoqué devant le roi. Plus tard, il racontera comme suit ce qu’il a vu se passer pendant cette nuit mémorable :
4. Au cours de ce grand banquet, quel usage abusif le roi Belschatsar fait-il des vases enlevés de la maison de Dieu à Jérusalem ?
4 “Le roi Belshatsar fit un grand festin à mille de ses grands, et but du vin devant les mille. Belshatsar, comme il buvait le vin, commanda d’apporter les vases d’or et d’argent que son [grand-] père Nébucadnetsar avait tirés du temple qui était à Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y bussent. Alors on apporta les vases d’or qu’on avait tirés du temple de la maison de Dieu, qui était à Jérusalem ; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y burent. Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois, et de pierre.” — Daniel 5:1-4, Da.
5. En accomplissant ce geste destiné à jeter le discrédit sur Dieu, pourquoi le roi Belschatsar est-il sans crainte ?
5 Il s’agit là d’un geste accompli de propos délibéré pour couvrir d’opprobre le Dieu dont le nom est Jéhovah, le Dieu des déportés juifs. Pour Belschatsar, roi mystique, les dieux de Babylone se sont révélés plus puissants que cette divinité juive. Voilà soixante-huit ans, son grand-père Nébucadnetsar n’a-t-il pas détruit la ville sainte de Jérusalem et son temple, en emportant les vases sacrés de cette maison de Jéhovah pour les mettre dans la maison du dieu principal de Babylone (Esdras 1:5-8 ; Daniel 1:1, 2) ? Probablement le roi Belschatsar se souvient qu’avant même que Nébucadnetsar ait anéanti Jérusalem et son temple, les prophètes de Jéhovah avaient annoncé la chute soudaine de Babylone. Mais Belschatsar ne craint pas l’accomplissement de ces prophéties, car il a confiance dans les dieux de la Babylonie, ces dieux qui, selon toute apparence, ont prouvé qu’ils sont plus forts que Jéhovah, l’inspirateur de ces prédictions pessimistes.
6. Qui les convives babyloniens mettent-ils au défi, et qui louent-ils ?
6 Que l’on mette donc au défi ce Dieu Jéhovah ! Que la fête continue ! Que tous les convives louent les dieux de la Babylonie représentés par des images d’or, d’argent, de cuivre, de fer, de bois et de pierre ! Ha, ha ! Que ce Dieu des Juifs tire vengeance de la destruction de son temple à Jérusalem, s’il en est capable ! Quant à nous, Babyloniens, buvons à longs traits dans les vases de son temple !
7. Quelle écriture miraculeuse apparaît sur le mur, et quel effet produit-elle sur le roi ?
7 “En ce même moment, les doigts d’une main d’homme sortirent, et écrivirent, vis-à-vis du chandelier, sur le plâtre de la muraille du palais du roi ; et le roi vit l’extrémité de la main qui écrivait. Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent ; et les liens de ses reins se délièrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre.” — Daniel 5:5, 6, Da.
8. Quel effet l’écriture tracée sur la muraille a-t-elle sur le banquet ?
8 Belschatsar n’arrive plus à tenir sa coupe de vin, un vase d’or enlevé du temple de Jéhovah avant la destruction de cet édifice. Tout à coup il cesse de louer les divinités babyloniennes, les dieux de métal, de bois et de pierre. Il regarde fixement ce que cette main, sortie de l’invisible, a inscrit sur le plâtre bien éclairé de la muraille. Le silence absolu qui règne à présent dans la salle de banquet est rompu soudain par le roi, qui a retrouvé sa voix.
9. À qui le roi fait-il appel pour lire et interpréter l’écriture, et quelle récompense offre-t-il ?
9 “Le roi cria avec force d’amener les enchanteurs, les Chaldéens et les augures.” On les amène vite devant Belschatsar. Il leur montre l’écriture qui est apparue sur le mur. “Le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en indiquera l’interprétation sera revêtu de pourpre, et aura une chaîne d’or autour de son cou, et sera le troisième gouverneur dans le royaume.” — Daniel 5:7, Da.
10. a) Qui est le premier souverain de Babylone, mais pourquoi est-il absent de la ville ? b) Quel poste élevé Belschatsar confiera-t-il à celui qui réussira à interpréter l’inscription ?
10 Nabonide, le père de Belschatsar, n’est pas au banquet, puisqu’il est absent de Babylone. En effet, dans une bataille visible des hautes murailles de la ville, Nabonide a combattu les troupes de Cyrus le Perse. Vaincu, il s’est réfugié à Borsippa, cité importante située au sud-ouest de Babylone. Certes, Nabonide est toujours le souverain ou premier gouverneur de l’Empire, mais depuis des années, son fils Belschatsar règne avec lui en qualité de vice-roib. Si un sage, en interprétant l’étrange inscription sur la muraille, prouvait maintenant que le ciel était avec Belschatsar, celui-ci récompenserait cet homme en l’établissant troisième gouverneur du royaume de Babylone, soit en l’élevant au rang venant immédiatement après le sien. Ce faisant, Belschatsar déposséderait son fils aîné du droit de lui succéder. Peu importe ! Il lui faut absolument apprendre la signification de l’écriture !
11. Les sages de Babylone remettent-ils Belschatsar de sa frayeur ?
11 “Alors arrivèrent tous les sages du roi, mais ils ne purent lire l’écriture ni faire connaître au roi l’interprétation. Alors le roi Belshatsar fut extrêmement troublé, et il changea de couleur ; et ses grands furent bouleversés.” — Daniel 5:8, 9, Da.
12. Quel problème les dieux de Belschatsar lui laissent-ils le soin de résoudre ?
12 Cette fois-ci les dieux de Babylone ont trahi le roi Belschatsar. Vers qui peut-il se tourner pour connaître le sens de l’écriture miraculeuse apparue sur la muraille ? Ses grands sont tout aussi bouleversés que lui. Ils n’ont aucune suggestion à faire au roi pâle et effrayé.
13. Quel conseil la reine mère donne-t-elle à Belschatsar ?
13 Malgré la belle récompense offerte à celui qui déchiffrera l’énigme, même les sages de Babylone demeurent perplexes devant elle. La nouvelle en parvient finalement à la reine mèrec. Son fils Belschatsar a-t-il consulté Daniel, l’exilé juif qui réussit à interpréter deux songes de Nébucadnetsar ? Non ? Qu’il l’appelle donc !
14. En quels termes la reine mère recommande-t-elle Daniel à Belschatsar ?
14 “La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la maison du festin. La reine prit la parole et dit : Ô roi, vis à jamais ! Que tes pensées ne te troublent pas, et ne change pas de couleur : il y a un homme dans ton royaume, en qui est l’esprit des dieux saints ; et, aux jours de ton père [son grand-père, Nébucadnetsar], de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse comme la sagesse des dieux, ont été trouvées en lui ; et le roi Nébucadnetsar, ton père, — ton père, ô roi, l’a établi chef des devins, des enchanteurs, des Chaldéens, des augures, parce qu’un esprit extraordinaire, et la connaissance et l’intelligence pour interpréter les songes et pour expliquer les énigmes et pour résoudre les problèmes difficiles, ont été trouvés en lui, en Daniel, à qui le roi a donné le nom de Belteshatsar. Que Daniel soit donc appelé, et il indiquera l’interprétation.” — Daniel 5:10-12, Da.
15. Pendant qu’il attend Daniel, quelle confiance Belschatsar place-t-il dans les murailles de la ville ?
15 C’est la dernière ressource pour le roi Belschatsar. En désespoir de cause, il suit la suggestion de la reine mère. Lui et ses grands attendent pendant qu’on va chercher Daniel et qu’on l’amène dans la salle du banquet pour élucider le mystère de l’effrayante inscription. Le roi ne reçoit aucun rapport sur ce qui se passe en dehors des murs de Babylone. Bah ! pourquoi s’inquiéter ? Les puissantes murailles fortifiées tiennent ferme et disent en fait à Cyrus le Perse : “Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas au-delà ; ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots.” — Job 38:11.
16. a) Si elles restaient vigilantes, que pourraient remarquer les sentinelles à propos des eaux de l’Euphrate ? b) À quel stratagème Cyrus va-t-il recourir pour prendre Babylone ?
16 Oui ! Belschatsar, tout va bien du côté des murailles, mais en est-il de même du fleuve ? Vous, sentinelles de Babylone, êtes-vous trop occupées à la grande fête de la ville pour remarquer ce qui se passe ? Regardez donc ! Les eaux de l’Euphrate coulant au milieu de votre ville sont en train de baisser et s’éloignent de plus en plus des quais bordant ses rives. Qu’arrive-t-il ? L’Euphrate est-il frappé d’une plaie ? Pas précisément. C’est que Cyrus, après avoir examiné les immenses murailles de Babylone et en avoir conclu qu’on ne peut prendre la ville par un assaut direct, a décidé de recourir à un stratagème. Au nord de la ville, hors de portée des projectiles des défenseurs, Cyrus a fait creuser un canal. Il entend détourner les eaux de l’Euphrate au moment critique et les amener à l’immense bassin du lac artificiel d’Ardericca que Nébucadnetsar lui-même fit creuser pour les besoins de sa capitale mais qui en est resté au stade d’un marécage. Cette nuit de fête célébrée le seize du mois lunaire de tisri apportera à Cyrus l’occasion tant attendue.
17. Au signal, que font les hommes de Cyrus, et qu’espèrent-ils quant aux portes donnant sur les quais ?
17 Cyrus donne le signal. Ses hommes ouvrent les écluses. C’est incroyable ! La plus grande partie des eaux du fleuve se précipitent par le canal vers la dépression marécageuse. Alors que les eaux de l’Euphrate commencent à baisser dans le lit du fleuve, les troupes de Cyrus attendent le long des rives, au nord comme au sud de la ville. Patience ! Attendez que l’Euphrate ait baissé suffisamment. Allez-y maintenant ! Dans le lit du fleuve se répandent à flots les hommes de l’armée des Mèdes, des Perses et d’autres nations, avançant des deux côtés vers le centre de Babylone. Qui sait ? peut-être les portes de la ville qui donnent sur les quais auront été laissées ouvertes en cette nuit de fête, leur permettant d’entrer sans coup férir ! Ces troupes ignorent tout de l’écriture miraculeuse apparue sur un mur dans le palais de Belschatsar. L’explication de cette énigme leur sera-t-elle favorable ? Qui pourra le dire ? Daniel !
18, 19. Que doit avouer Belschatsar à Daniel concernant les sages de Babylone, et quelle promesse lui fait-il ?
18 “Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel :
19 “Es-tu ce Daniel, l’un des fils de la captivité de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda ? Et j’ai entendu dire de toi que l’esprit des dieux est en toi, et que de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse extraordinaire se trouvent en toi. Et maintenant, les sages, les enchanteurs, ont été amenés devant moi, afin qu’ils lussent cette écriture et m’en fissent connaître l’interprétation, et ils n’ont pu indiquer l’interprétation de la chose. Et j’ai entendu dire de toi que tu peux donner des interprétations et résoudre les problèmes difficiles. Maintenant, si tu peux lire l’écriture et m’en faire connaître l’interprétation, tu seras vêtu de pourpre, et tu auras une chaîne d’or autour de ton cou, et tu seras le troisième gouverneur dans le royaume.” — Daniel 5:13-16, Da.
20. Pourquoi Daniel se soucie-t-il peu de la récompense, mais dans quel but accepte-t-il de lire et d’interpréter l’écriture ?
20 Daniel se soucie peu de devenir le troisième gouverneur de l’Empire babylonien, la Troisième Puissance mondiale ! Il connaît les prophéties d’Ésaïe et de Jérémie annonçant la chute de Babylone. Il sait que la ville de Babylone est condamnée et que la dynastie de Nébucadnetsar disparaîtra avec Belschatsar, qui sera le dernier roi sémite de Babylone. Daniel sait que soixante-huit ans se sont écoulés depuis la destruction de Jérusalem et de son temple par les armées de Nébucadnetsar, et que Babylone ne sera plus pour longtemps la Maîtresse des Royaumes. Aussi, non pour obtenir la récompense considérable offerte par Belschatsar, mais afin de rendre témoignage à la souveraineté du Dieu très-haut Jéhovah ainsi qu’à sa prescience et à l’accomplissement certain de ses desseins, Daniel accepte de lire et d’interpréter l’écriture apparue sur la muraille. Il n’a pas à craindre que l’offre extravagante du roi ne lui soit retirée s’il dit toute la vérité. Il n’a que faire de cette récompense politique. C’est pourquoi il n’hésite pas à annoncer la vengeance de Jéhovah.
21, 22. Dans son entrée en matière, quel événement historique bien connu de Belschatsar Daniel rappelle-t-il ?
21 “Alors Daniel répondit et dit devant le roi :
22 “Que tes présents te demeurent, et donne tes récompenses à un autre. Toutefois je lirai l’écriture au roi, et je lui en ferai connaître l’interprétation. Ô roi, le Dieu très-haut donna à Nébucadnetsar, ton père, le royaume, et la grandeur, et l’honneur, et la majesté ; et, à cause de la grandeur qu’il lui donna, tous les peuples, les peuplades et les langues, tremblaient devant lui, et le craignaient ; il tuait qui il voulait, et il conservait en vie qui il voulait ; il exaltait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. Mais quand son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’orgueil, il fut précipité du trône de son royaume, et sa dignité lui fut ôtée ; et il fut chassé du milieu des fils des hommes, et son cœur fut rendu semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le nourrit d’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce qu’il connût que le Dieu très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il y établit qui il veut.
23. Comment Belschatsar a-t-il montré que cet événement ne lui a pas servi de leçon, et en conséquence, qu’est-ce qui lui a été envoyé ?
23 “Et toi, son fils Belshatsar, tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela. Mais tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux ; et on a apporté devant toi les vases de sa maison, et toi et tes grands, tes femmes et tes concubines, vous y avez bu du vin ; et tu as loué les dieux d’argent et d’or, d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, et n’entendent, et ne comprennent point ; et le Dieu en la main duquel est ton souffle, et à qui appartiennent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié. Alors a été envoyée de sa part l’extrémité de la main, et cette écriture a été tracée. Et voici l’écriture qui a été tracée :
24-27. Que déclare l’écriture apparue sur le mur, et quel sens Daniel rattache-t-il à chaque mot ?
24 “MENÉ, MENÉ, THEKEL, UPHARSIN !
25 “Voici l’interprétation des paroles. MENÉ : Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin.
26 “THEKEL : Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids.
27 “PÉRÈS : Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.” — Daniel 5:17-28, Da.
28. D’après l’explication de Daniel, qu’est-ce que Belschatsar peut désormais comprendre ?
28 D’après ce que Daniel, ce courageux Juif exilé, lui a dit, le roi Belschatsar sait en quoi le Dieu de Daniel l’a trouvé léger, manquant de poids. Puisque le Dieu de Daniel a été capable de détrôner Nébucadnetsar, qui était plus puissant que Belschatsar, il pourra certainement réduire le nombre des jours du règne du malheureux père de ce dernier, Nabonide, et amener à son terme la dynastie des rois sémites des Chaldéens. Le Dieu de Daniel sera également capable de donner la royauté à qui il veut, car il domine sur le royaume des hommes. Il pourra la partager entre les Mèdes et les Perses, soit en les laissant régner ensemble, soit en la donnant d’abord aux Mèdes, puis aux Perses.
29, 30. Que devrait comprendre Belschatsar à propos de Cyrus, mais quelle est sa réaction lorsque Daniel lui dit la vérité ?
29 Apparemment Cyrus réussira dans son entreprise. Voilà une chose que le roi Belschatsar devrait maintenant comprendre ! Pourtant, comment Cyrus pourra-t-il réussir, alors que les murailles de Babylone sont si puissantes et qu’elles font partie d’un système de défense dont l’élément clé est l’Euphrate lui-même, fleuve large et profond ?
30 Quoi qu’il en soit, le roi Belschatsar est désormais fixé quant à la signification de l’écriture apparue sur le mur. Maintenant, il connaît au moins la vérité et il sait à quoi s’en tenir. Il ne se venge pas sur le vieux Daniel en l’accusant d’être séditieux, d’encourager l’ennemi et de saper le moral des défenseurs de Babylone. Belschatsar tient son engagement.
31. Comment Belschatsar récompense-t-il Daniel, et à la gloire de qui ce dernier accepte-t-il cet honneur ?
31 “Alors Belshatsar donna des ordres, et on vêtit Daniel de pourpre, et on mit une chaîne d’or à son cou, et on proclama qu’il serait le troisième gouverneur dans le royaume.” (Daniel 5:29, Da). Daniel accepte cet honneur, non pour se glorifier personnellement, mais pour honorer Jéhovah Dieu qui l’a aidé, en l’inspirant, à lire et à interpréter l’écriture sur la muraille. Puis Daniel quitte la salle du banquet, abandonnant les condamnés à leur sort.
32. Que se passe-t-il en dehors de la salle du banquet, et qu’est-ce qui prouve que la cité se trouve sans surveillance ?
32 L’heure décisive approche ! L’esprit de gaieté ne règne plus dans la salle. Dehors, en revanche, la fête continue. Tous les habitants de cette grande ville d’à peu près la même importance que Hambourg, en Allemagne, boivent et s’amusent à cœur joie. La cité se trouve sans surveillance. On a négligé de fermer les portes. Les soldats babyloniens ne montent pas la garde sur les murailles bordant les deux rives de l’Euphrate pour prendre au piège d’éventuels assaillants qui emprunteraient le chemin du fleuve et pour les abattre de leurs flèches tirées d’en haut.
33. Comment les troupes de Cyrus profitent-elles du lit du fleuve ?
33 Il n’est pas nécessaire d’attendre que le lit de l’Euphrate soit complètement à sec. La nuit s’avance, et le temps est précieux ! Soudain, les Mèdes et les Perses se répandent dans le lit du fleuve, au nord et au sud de la ville, certains soldats à mi-chemin des deux berges devant patauger dans l’eau jusqu’aux cuissesd. Les deux groupes d’hommes marchent l’un vers l’autre, sans toutefois essuyer une pluie de projectiles envoyés du haut des murailles qui enferment les envahisseurs comme dans une gorge. Pendant qu’ils avancent, ils entendent le bruit des réjouissances venant de l’intérieur des murs.
34. Les Mèdes et les Perses trouvent-ils fermées les portes donnant sur les quais, et pourquoi les Babyloniens ont-ils été si négligents ?
34 Et maintenant, soldats mèdes, perses et vos alliés, montez sur les quais aménagés le long des rives ! Courez vers les portes, ces portes qui se trouvent au bout de chaque rue menant au fleuve ! Autant que possible, surprenez les gardes ! Regardez donc ! Les portes sont ouvertes ! Ce n’est pas étonnant, puisque cette nuit toute la ville se livre à des festivités, et les habitants n’ont pas songé qu’une attaque pourrait venir par la route du fleuve. Ils comptent sur l’eau et non sur les portes pour vous barrer le passage. Allez-y !
35. Vers quel objectif les envahisseurs doivent-ils se diriger, et chemin faisant, quels ordres doivent-ils respecter ?
35 Les gardes en faction aux portes de Babylone sont rapidement maîtrisés, et les envahisseurs s’élancent dans les rues de la ville. Il n’y a pas de Babyloniens sur les toits des maisons pour leur lancer des projectiles. C’est fait ! Babylone est prise de toutes parts ! Et maintenant, soldats, au palais du roi ! Si vous rencontrez des Babyloniens en chemin, utilisez vos armes, mais ne poursuivez pas ceux qui se sauvent à l’intérieur de leurs maisons. Si des Babyloniens ivres vous parlent, répondez-leur comme si vous étiez de la fête. En tout cas, atteignez le palais du roi le plus vite possible !
36. Comment Belschatsar apprend-il que la ville est prise ?
36 Avant qu’ils n’y parviennent, des messagers babyloniens arrivent au palais. Le premier d’entre eux est conduit devant le roi Belschatsar. Il lui dit, tout haletant : “L’ennemi est entré dans la ville du côté d’où je suis venu !” Congédié, il sort et rencontre un autre courrier qui vient d’arriver. Celui-ci déclare à Belschatsar : “La ville est prise dans la direction d’où j’ai été envoyé.” Un troisième messager est amené devant le roi, puis un autre, et encore un autre. La ville est prise de tous côtés ! Que va faire le roi Belschatsar ? Se suicider ? Il attend, indécis, dans son palais.
37-40. En quels termes l’historien grec Xénophon décrit-il la prise du palais et la mort de Belschatsar ?
37 On force le pas et l’on arrive au palais royal. Les troupes rangées sous les ordres de Gobryas [Goubarou, gouverneur de Goutioum] et de Gadatas en trouvent les portes fermées. Ceux qui ont ordre d’attaquer les gardes tombent sur eux, tandis qu’ils boivent à la lueur d’un grand feu, et ils les traitent aussitôt en ennemis.
38 Un grand bruit se fait, des cris s’élèvent ; à l’intérieur on entend ce tumulte, et le roi ordonne d’aller voir ce qui en est. Quelques-uns courent pour ouvrir les portes et sortir.
39 Les gens de Gadatas, voyant les portes ouvertes, s’y précipitent ; ils voient ceux qui voulaient sortir rebrousser chemin et se sauver à l’intérieur ; ils les talonnent et les frappent et arrivent ainsi jusqu’au roi ; ils le trouvent debout, le cimeterre dégainé.
40 Les gens de Gadatas et de Gobryas [Goubarou] le tuent. Ceux qui étaient avec lui périrent, l’un en se retranchant derrière un abri, l’autre en fuyant, l’autre en se défendant avec ce qu’il peut trouvere.
41. Qu’apprenons-nous dans Daniel 5:30, 31 à propos de la mort de Belschatsar, et qui reçut la royauté ?
41 En accord avec ce récit, nous lisons dans Daniel 5:30, 31 (Da) : “En cette nuit-là, Belshatsar, roi des Chaldéens, fut tué. Et Darius, le Mède, reçut le royaume, étant âgé d’environ soixante-deux ans.”
42-46. Que déclare encore Xénophon au sujet de la prise de Babylone ?
42 L’ouvrage précité, la Cyropédie ou Éducation de Cyrus de Xénophon (rédigée vers 370 av. n. è.), poursuit son récit en ces termes :
43 Cyrus envoya par les rues de la ville ses escadrons de cavalerie avec ordre de tuer ceux qu’ils trouveraient dehors et de proclamer, par la bouche de ceux qui savaient l’assyrien, que ceux qui étaient dans leur maison devaient y rester, et que, si l’on prenait quelqu’un dehors, il serait mis à mort. Ces ordres furent exécutés.
44 Cependant Gadatas et Gobryas avaient rejoint Cyrus. Leur premier soin fut de remercier les dieux pour la vengeance qu’ils avaient tirée d’un roi impie ; puis ils baisèrent les mains et les pieds de Cyrus en pleurant de joie et d’allégresse.
45 Quand le jour fut venu, les garnisons des citadelles, instruites de la prise de la ville et de la mort du roi, les livrèrent aussi.
46 Cyrus s’en saisit aussitôt et y envoya des garnisons avec des officiers pour les commander. Il permit aux parents d’ensevelir leurs morts, et fit proclamer par des hérauts un ordre général aux Babyloniens d’apporter leurs armes, les prévenant que, si l’on trouvait des armes dans une maison, tous les habitants seraient mis à mort. En conséquence, ils apportèrent leurs armes. Cyrus les fit déposer dans les citadelles, pour les avoir à sa disposition, si jamais il en avait besoin. — Livre VII, chapitre V.
47. Qu’advint-il du père de Belschatsar après la chute de Babylone ?
47 Quant au père de Belschatsar, le roi Nabonide, il survécut à son fils. Il avait trouvé refuge dans la ville toute proche de Borsippa, et le conquérant Cyrus partit à l’assaut de cette cité. Mais prenant le parti de n’offrir aucune résistance, Nabonide se rendit à Cyrus. Celui-ci le traita avec clémence, le déportant simplement dans la Carmanie et le nommant même gouverneur de cette province. À sa mort, Nabonide laissa derrière lui des inscriptions, dont la célèbre Chronique portant son nom. — Am1, tome XIX, page 677f.
48. a) Quand Cyrus fit-il son entrée à Babylone, et quel accueil les Babyloniens lui réservèrent-ils ? b) Qui établit des gouverneurs à Babylone ?
48 Babylone fut occupée par les troupes de Cyrus le 16 tisri (5/6 octobre) 539 avant notre ère, mais Cyrus lui-même ne fit son entrée dans la ville que dix-sept jours après sa chute, soit le 3 marchesvân (22/23 octobre). Les Babyloniens vaincus lui réservèrent un bon accueil. En retour, Cyrus proclama la paix dans toute la ville. Huit jours plus tard, son général en chef, Goubarou (Gobryas), mourut, décès qui marqua le début d’une période de deuil. Le roi Cyrus était accompagné d’un gouverneur nommé également Goubarou, et lorsque Cyrus fit son entrée à Babylone, ce fut ce Goubarou qui établit des gouverneurs dans la villeg.
49. Qui était Darius le Mède, et pourquoi ne comptons-nous pas sur des documents historiques pour prouver que ce roi a existé ?
49 Selon Daniel 5:31, Darius le Mède “reçut le royaume” à l’âge de soixante-deux ans. Qui était ce Darius ? Il est encore difficile de répondre à cette question à l’aide des inscriptions cunéiformes d’origine païenne, donc non inspirées, et d’autres documents historiques. Mais il y a de solides raisons de penser que lui et le gouverneur Goubarou qui accompagnait Cyrus étaient le même personnageh. De nouveaux documents qui pourront encore être découverts par les archéologues confirmeront ou infirmeront cette explication. En attendant, ceux qui croient en Jéhovah, le Dieu de Daniel, savent que l’exactitude historique de la sainte Bible à propos de Darius le Mède ne repose pas sur des documents imparfaits et non inspirés. Ils sont persuadés que Daniel écrivit conformément aux faits et sous l’inspiration infaillible de l’esprit saint de Jéhovah. — Matthieu 24:15.
50. Que nous dit la Bible sur les positions respectives de Darius et de Cyrus, et d’où régnèrent-ils ?
50 Au sujet de la grande cité de Babylone, le livre de Daniel (chapitre 6) parle de Darius le Mède, non comme du gouverneur de Babylone, mais comme d’un roi qui “trouva bon d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, qui devaient être dans tout le royaume”. Du fond de la fosse aux lions, le prophète Daniel répondit à Darius le Mède en l’appelant “Roi”. Soulignant encore la royauté de ce Darius, Daniel 6:28 déclare : “Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse.” De même, dans Daniel 9:1, il est écrit : “La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, lequel était devenu roi du royaume des Chaldéens.” Le règne de Darius Ier fut court. Cyrus le Perse prit le titre de “roi de Babylone, roi du pays”. Pendant quelque temps, il régna à Babylone même, car il n’avait pas détruit cette ville. Gardons-nous cependant d’en conclure que Babylone n’était pas tombée, conformément aux prophéties que Jéhovah avait prononcées par ses témoins. Bien qu’elle ne fût pas anéantie immédiatement, elle était bel et bien tombée !
51, 52. Puisque Babylone ne fut pas détruite par Cyrus, pourquoi les historiens admettent-ils que “la chute de Babylone” eut lieu en 539 avant notre ère ?
51 Les conquêtes militaires influèrent sur la fortune de Babylone à plusieurs périodes critiques de son histoire. Il est donc tout à fait remarquable que la capitulation devant Cyrus en 539 av. J.-C. soit appelée “la chute de Babylone”, comme si aucun autre événement analogue ne s’était produit dans l’histoire de cette cité. Même l’assujettissement de Babylone par Alexandre [le Grand] en 331 perd de son éclat par comparaison avec le désastre qui amena à sa fin l’Empire néo-babylonien.
52 Une explication raisonnable de ce phénomène ne peut manquer de se présenter à l’esprit du chercheur. La prise de Babylone par Cyrus entraîna des conséquences d’une portée considérable. L’assujettissement de Babylone par Sennachérib et Assurbanipal n’avait pas rompu l’équilibre des puissances maintenu par l’hégémonie sémite, mais le triomphe de la Perse en 539 introduisit dans les affaires de l’Ancien Orient une nouvelle influence prédominante. Cette date marque le tournant en faveur de l’hégémonie aryenne, une force directrice qui s’est maintenue à l’avant-garde de la civilisation jusqu’à nos jours. — Nabonidus and Belshazzar de Dougherty, page 167.
53. Que déclare l’Encyclopédie américaine au sujet de la chute de Babylone ?
53 Dans le même ordre d’idées, l’Encyclopédie américaine (tome II, page 441b) déclare : “La chute de Babylone devant la marche de Cyrus signifiait la chute de la domination des Sémites en Babylonie et l’avènement de la puissance des Aryens.” — Édition de 1929i.
54. Considérée du point de vue de Dieu, que signifiait la chute de Babylone, et pourquoi la Bible souligne-t-elle l’importance de cet événement ?
54 En outre, considérée du point de vue de Dieu tel qu’il est exposé dans la sainte Bible, la chute de Babylone devant Cyrus le Perse signifiait la chute de la Troisième Puissance mondiale de l’histoire sainte et l’avènement de la Quatrième Puissance mondiale, celle des Médo-Perses, avènement qui apporta des bienfaits remarquables au peuple élu de Jéhovah Dieu. D’après la Bible, la chute de l’antique Babylone est un événement mémorable. Pourquoi ? C’est qu’elle préfigure la chute de Babylone la Grande des temps modernes, au cours de notre génération. Cette chute aura un retentissement universel, et elle apportera, elle aussi, de nombreux bienfaits aux vrais adorateurs de Jéhovah Dieu.
[Notes]
a La date donnée dans ce paragraphe est celle avancée par R. P. Dougherty dans son ouvrage Nabonidus and Belshazzar (pages 170, 171), qui présente des données selon la célèbre Chronique de Nabonide sur la chute de Babylone. D’après le livre Darius the Mede de J. C. Whitcomb (page 70, § 4, premières lignes de la page 22, et page 17, § 1-4), la nuit du 16 tisri (ou éthanim) correspond à celle du 11 au 12 octobre du calendrier julien, ou à celle du 5 au 6 octobre du calendrier grégorien, que nous employons de nos jours. Voir aussi Babylonian Chronology 626 B.C. — A.D. 75 de Parker et Dubberstein, édition de 1956, page 14, § 1, sous le titre “Cyrus”.
b Dans ses Antiquités judaïques (livre X, chapitre XI, paragraphe 4, trad. angl. de Whiston), l’historien juif Josèphe déclare : “Balthazar [Belschatsar] régnait lorsque Babylone fut prise ; il régnait depuis dix-sept ans.”
c On pense qu’il s’agit de Nitocris, qui naquit à Nébucadnetsar par sa femme égyptienne du même nom, et qu’il donna en mariage à Nabonide. — Voir Nabuchodonosor de Tabouis, note au bas de la page 24 ; cf. aussi Darius the Mede de Whitcomb, note au bas de la page 73.
d George Grote, The Great Events by Famous Historians (Édition universitaire, copyright 1905, by The National Alumni, tome I, pages 265, 266, dans le chapitre intitulé “Les conquêtes de Cyrus le Grand en 538 av. J.-C.”
Cf. aussi L’Âge d’Or, édition anglaise du 7 juin 1922, page 572.
e Citation de la Cyropédie (ou Éducation de Cyrus) de l’historien et général grec Xénophon (livre VII, chapitre V, traduction française de Pierre Chambry, Éditions Garnier, 1958, pages 265, 266). On pense que le Gobryas mentionné par Xénophon est à identifier avec Goubarou, gouverneur de Goutioum, que la Chronique de Nabonide mentionne comme ayant conquis Babylone pour Cyrus le Perse, mais qui est différent du Goubarou qui désigna des gouverneurs à Babylone pour Cyrus. — Cf. Darius the Mede de Whitcomb, note au bas de la page 75.
Au sujet de Gobryas, identifié à Goubarou (qui s’écrit parfois Ugbaru), voyez encore Nabonidus and Belshazzar de Dougherty, pages 170-173, 175, 180, 184, 185, 187, 188, 192, 195, 196, 198, 199.
f Lisez aussi Bérose, prêtre de Bel à Babylone aux environs de l’an 250 av. notre ère. Il écrivit sur son peuple en grec, à l’aide de sources cunéiformes. Ses œuvres ont disparu, mais l’historien juif Josèphe et Eusèbe de Pamphile ou de Césarée ont cité des fragments de ses écrits. Voir Josèphe, Réponse à Appion, livre Ier, chapitre VI, paragraphe 2. Selon ISBE, tome I, page 368a, Nabonide fut emprisonné.
g Cf. Babylonian Problems de W. H. Lane, édition de 1923, page 201.
h Cf. Darius the Mede de Whitcomb (1959), chapitre 7.
i On the Road to Civilization de Heckel et Sigman (1937) déclare à la page 65 : “Quand la porte d’Ishtar s’ouvrit devant Cyrus, vingt-deux siècles de suprématie sémite prirent fin et l’Empire perse devint une puissance en Orient.”
The Dawn of Civilization d’Engberg (1940) déclare à la page 236 : “En outre, Cyrus fut le premier grand conquérant aryen que nous connaissions, et grâce à ses efforts, les Sémites, depuis longtemps les seigneurs de l’Asie occidentale, perdirent l’hégémonie jusqu’à la venue des Arabes mille ans plus tard.”