Chapitre 10
Les exilés attendent la chute de Babylone
1. Que firent les autres nations lors de la chute d’Israël, mais que prouva Jéhovah à ces nations ?
L’EXIL du peuple élu de Dieu et la dévastation du pays auquel Jéhovah avait rattaché son saint nom semblaient fournir aux nations gentiles une excellente raison de le diffamer. Dieu avait déclaré lui-même au sujet du peuple d’Israël déporté : “Arrivés chez les nations où ils sont allés, ils ont déshonoré mon saint nom, quand on disait d’eux : ‘C’est le peuple de Jéhovah, c’est de son pays qu’ils sont sortis.’” (Ézéchiel 36:20, AC). Néanmoins, même pendant les soixante-dix années de désolation de Jérusalem, le Dieu très-haut donna aux nations gentiles d’abondantes preuves qu’il exerçait toujours la souveraineté dans l’univers, donc aussi bien sur la terre que dans les cieux.
2. Quel effet l’exil à Babylone produisit-il sur les Juifs ?
2 La Babylonie était remplie d’idoles et de temples dédiés aux faux dieux. Les Juifs exilés pouvaient donc observer et se rendre pleinement compte combien le culte des fausses divinités avilit un peuple, fût-ce une nation aussi puissante que Babylone, la Troisième Puissance mondiale. Par comparaison, combien le culte de leur Dieu était pur ! Ils avaient la nostalgie du pays que Dieu leur avait donné et de sa sainte cité où ils se réunissaient pour adorer Jéhovah dans son temple. Ils n’avaient nullement envie de distraire leurs vainqueurs, les Babyloniens. Ils avaient le cœur brisé, et un psalmiste exprime bien leurs sentiments en ces termes :
3. En quels termes leurs sentiments sont-ils exprimés dans le Psaume 137 ?
3 “Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. Aux saules de ses vallées nous avions suspendu nos harpes. Car là nos vainqueurs nous demandaient nos cantiques, nos oppresseurs des chants joyeux : ‘Chantez-nous un cantique de Sion !’ Comment chanterions-nous le cantique de Jéhovah sur une terre étrangère ? Si jamais je t’oublie, Jérusalem, que ma droite oublie de se mouvoir ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, si je ne mets pas Jérusalem au premier rang de mes joies ! (...) Fille de Babylone, vouée à la ruine, heureux celui qui te rendra le mal que tu nous as fait ! Heureux celui qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la pierre !” — Psaume 137:1-9, AC.
4. Avant et pendant la captivité, quels prophètes donnèrent aux Juifs l’espoir d’être délivrés ?
4 Malgré la grande puissance de Babylone, ces exilés mélancoliques étaient autorisés à qualifier cette ville de “vouée à la ruine”, car dès avant leur captivité les prophètes de Jéhovah avaient annoncé non seulement la destruction de Jérusalem, mais encore celle de Babylone. À présent, Jérusalem était dévastée. Ô combien ces exilés désiraient voir Jéhovah châtier Babylone ! Cependant, même au cours de leur pénible exil dans le pays du conquérant, ils reçurent d’autres promesses concernant la chute de Babylone. Cette ville fut prévenue directement de sa ruine imminente. Daniel, lui-même exilé juif, fut le prophète employé plus particulièrement pour prévenir Babylone de sa chute.
5. Quelle formation spéciale Daniel et ses trois compagnons reçurent-ils, et dans quel but ?
5 Daniel se trouvait parmi les jeunes hommes emmenés en exil avec le roi Jojakin en 617. Lui et ses trois bons compagnons hébreux, Hanania, Mischaël et Azaria, furent choisis pour recevoir trois années de formation spéciale dans “les lettres et la langue des Chaldéens”, afin de pouvoir servir auprès du roi Nébucadnetsar en tant que conseillers. Au bout des trois années, soit en 614, la douzième année du règne de Nébucadnetsar, le roi de Babylone convoqua tous les jeunes exilés juifs qui avaient fait l’objet de cet enseignement spécial, afin de les interroger.
6. Qu’apprit Nébucadnetsar en les interrogeant ?
6 “Il ne s’en trouva aucun comme Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Ils furent donc admis au service du roi. Sur tous les objets qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et astrologues qui étaient dans tout son royaume. Ainsi fut Daniel jusqu’à la première année du roi Cyrus [le Perse].” — Daniel 1:1-21.
7, 8. a) Comment faut-il comprendre les mots “la seconde année du règne de Nébucadnetsar” dans Daniel 2:1? b) Quel fait relatif à la domination mondiale est confirmé dans Daniel 2:37, 38 ?
7 Cet examen qui révéla les qualités exceptionnelles de Daniel n’a pas pu avoir lieu avant la douzième année du règne de Nébucadnetsar. Dans ce cas, comment faut-il comprendre Daniel 2:1, où on lit : “La seconde année du règne de Nébucadnetsar, Nébucadnetsar eut des songes. Il avait l’esprit agité, et ne pouvait dormir.” Tenant compte du fait que le roi oublia le songe et que finalement Daniel se proposa pour le lui rappeler et l’interpréter, certains hébraïsants sont d’avis que le texte hébreu de Daniel 2:1 devrait se lire “douzième année” au lieu de “seconde année”a. Mais l’explication la plus logique et appropriée est qu’il s’agit de la “seconde année” à compter d’un événement important, en l’occurrence la destruction de Jérusalem par Nébucadnetsar en 607. En cette année-là, le roi de Babylone devint le premier souverain à exercer la domination mondiale avec la permission divine.
8 C’est pourquoi, dans son interprétation du songe où Nébucadnetsar vit une statue immense ayant une tête d’or, Daniel pouvait dire à ce roi : “Ô roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t’a donné l’empire, la puissance, la force et la gloire ; il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu’ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t’a fait dominer sur eux tous : c’est toi qui es la tête d’or.” — Daniel 2:37, 38.
9. Que représentaient les différentes parties de la statue, et qu’auraient dû apprendre à Nébucadnetsar les mots “après toi” dans Daniel 2:39 ?
9 La dynastie de rois de race sémite que Nébucadnetsar établit sur Babylone était donc la tête d’or. Mais Nébucadnetsar aurait dû saisir un fait important : sa dynastie allait devoir céder la place à une autre puissance mondiale de type monarchique. En effet, Daniel déclara à Nébucadnetsar : “Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien.” (Daniel 2:39). Babylone devait donc tomber et être remplacée par la Quatrième Puissance mondiale de l’Histoire. Nébucadnetsar a peut-être deviné quel serait le royaume suivant, inférieur au sien. Il se souvenait sans doute qu’il avait prêté son concours aux Scythes et aux Mèdes pour détruire Ninive, capitale de l’Assyrie. Il se peut même qu’il ait prévu la lutte pour l’hégémonie mondiale que se livreraient l’Empire mède et Babylone. Enfin, Nébucadnetsar pouvait se consoler à la pensée que si Babylone elle-même ne devait pas durer, il en serait de même de toutes les autres puissances mondiales gentiles représentées par la statue symbolique dont la tête était d’or et les pieds de fer et d’argile. L’or, l’argent, l’airain (ou cuivre) et le fer de la statue vue dans le songe représentent la marche des puissances mondiales gentiles pendant la longue période des “temps des Gentils” ou “temps fixés des nations”. — Daniel 2:31-43 ; Luc 21:24, AC ; MN.
10, 11. a) Quelle puissance mondiale se révélerait être la seule durable, et sous quelle figure est-elle représentée dans Daniel 2:44, 45 ? b) Qu’avait appris Nébucadnetsar à propos de Babylone, mais qu’ignorait-il concernant une Babylone future ?
10 La seule puissance mondiale durable serait celle que le Dieu des cieux établirait. Dans sa magnifique conclusion de l’interprétation du songe de Nébucadnetsar, Daniel prophétisa : “Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. C’est ce qu’indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d’aucune main, et qui a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine.” — Daniel 2:44, 45.
11 Grâce à ce songe et à son interprétation divinement inspirée, le roi Nébucadnetsar savait que Babylone, qu’il avait amenée à l’apogée de sa gloire, ne serait pas renversée et brisée par le Royaume de Dieu. Il ignorait cependant qu’une Babylone future, plus grande que l’Empire babylonien de son époque, serait brisée par le Royaume de Dieu. Mais quand serait établi le Royaume qui devait se détacher de la montagne représentant la souveraineté du Dieu des cieux, sans le secours d’aucune main humaine ? Des renseignements que Dieu envoya au roi Nébucadnetsar nous permettent de fixer l’époque où cet événement devait se produire.
DURÉE DES “TEMPS FIXÉS DES NATIONS”
12. Eu égard au culte idolâtrique, quelle réprimande Nébucadnetsar reçut-il, mais devint-il pour autant un adorateur de Jéhovah ?
12 Le roi Nébucadnetsar favorisa le culte des idoles dans son royaume, mais à cet égard il reçut une réprimande sévère. Ce fut à l’occasion de l’épreuve des trois Hébreux, compagnons de Daniel, que le roi de Babylone avait appelés Schadrac, Méschac et Abed-Négo. Ils furent délivrés de la fournaise ardente où le roi les avait fait jeter parce qu’ils refusaient d’adorer l’idole d’or dressée dans la plaine de Dura. À la suite de cette délivrance, Nébucadnetsar donna cet ordre : “Tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu’il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac et d’Abed-Négo, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce qu’il n’y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui.” (Daniel 3:29). Notons cependant que Nébucadnetsar ne fit jamais bâtir un temple dédié à Jéhovah. Pourtant, il fit construire à Babylone cinquante-quatre temples dédiés à toutes sortes de faux dieux qui symbolisaient les divers attributs de Bel et de son fils Mardouk ou Mérodac.
13. Quels travaux de construction firent la renommée de Nébucadnetsar ?
13 Le roi Nébucadnetsar entreprit de grands travaux publics. Ses inscriptions relatent, non ses exploits militaires, mais ses programmes de construction qui comprenaient des temples, des palais, des voies publiques, des quais et des murailles. Il fit de Babylone la Ville aux Merveilles de son époque. Dans toute la Babylonie, rien n’égalait les célèbres Jardins suspendus que le roi Nébucadnetsar fit aménager à l’intention de la reine, d’origine mède, qui avait la nostalgie de son pays. Ces jardins étaient considérés comme l’une des Sept Merveilles du monde antique.
14. Quel autre songe symbolique Nébucadnetsar eut-il ?
14 Une nuit, Nébucadnetsar eut un nouveau songe symbolique. Ce songe, qui était à vrai dire une prophétie, lui fut envoyé plus de huit ans avant sa mort. Ici encore, il fit appel à Daniel, prophète de Jéhovah, pour en connaître l’interprétation. Dans ce songe, le roi vit un arbre immense puis un ange du ciel qui donna l’ordre d’abattre l’arbre. Sa souche fut scellée avec des liens de fer et de cuivre, et elle devait rester ainsi dans l’herbe des champs pendant “sept temps”. “Que son cœur d’homme soit changé ; qu’un cœur d’animal lui soit donné, et que sept temps passent sur lui.” Dans quel but ? “Afin que tous les vivants reconnaissent que le Très-Haut domine sur la royauté des hommes ; qu’il la donne à qui il veut et qu’il y élève le plus humble des hommes.” — Daniel 4:1-18, Sy.
15. a) Que symbolisa l’arbre ? b) Dans l’accomplissement du songe, que devait-il arriver à Nébucadnetsar ?
15 Que symbolisa l’arbre ? Il figura Nébucadnetsar lui-même ! C’est Daniel qui le dit : “C’est toi-même, ô roi, toi qui es devenu grand et puissant, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.” Ce roi devait être chassé de son trône et demeurer dans les champs pour y manger de l’herbe comme un taureau. Mais tout comme la souche de l’arbre était laissée en terre, son royaume lui serait tenu en réserve jusqu’au terme des “sept temps” qu’il devait passer dans l’herbe des champs comme un taureau. Puis la raison lui reviendrait et il serait obligé de confesser que le Dieu très-haut détient la suprématie et qu’il donne la royauté sur les hommes à qui il veut. Et effectivement, c’est ce qui arriva à Nébucadnetsar.
16. Un an plus tard, comment l’attitude du roi à l’égard de Babylone déclencha-t-elle la réalisation du songe ?
16 D’après son calendrier, Babylone observait l’année lunaire, et non l’année solaire. Une année lunaire après que le roi Nébucadnetsar eut reçu le songe de l’arbre et son interprétation, il se promenait sur la terrasse du palais royal et admirait la ville qui lui devait une bonne partie de sa splendeur. Alors son cœur s’éleva, et il dit : “N’est-ce pas ici la grande Babylone que j’ai bâtie, grâce à ma puissance souveraine, pour en faire la résidence royale, à la gloire de ma majesté ?”
17. a) Quels furent les effets de la lycanthropie dont souffrait le roi, et pendant combien de temps fut-il malade ? b) Quand Nébucadnetsar recouvra la raison, quelle déclaration fit-il au sujet du Dieu très-haut ?
17 Aussitôt une voix du ciel lui annonça que le songe de l’arbre allait s’accomplir sur lui à l’instant même. Nébucadnetsar fut immédiatement frappé d’une folie qui présentait les symptômes de la lycanthropie. Il ne désirait plus siéger sur son trône glorieux, lui préférant les champs où il pouvait manger l’herbe comme un taureau. Il fut donc chassé dehors dans les champs, où il demeura pendant “sept temps” ou sept années. À la fin de cette période, son intelligence lui revint, et au lieu de se glorifier, il loua comme roi le Dieu très-haut “dont la puissance est une puissance éternelle, dont le règne dure d’âge en âge. Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant ; il agit comme il lui plaît, tant avec l’armée des cieux qu’avec les habitants de la terre ; et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire : Que fais-tu ?”
18. Après avoir été rétabli sur son trône par les dignitaires du royaume, que déclara Nébucadnetsar au sujet de Dieu ?
18 Dès sa guérison, Nébucadnetsar fut rappelé et rétabli sur le trône par les conseillers et les dignitaires du royaume. Ce roi déclara lui-même : “Je fus rétabli dans ma royauté, et ma puissance s’accrut encore.” Il confessa que le Dieu très-haut est “le Roi du ciel, dont toutes les œuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut humilier ceux qui se conduisent avec orgueil”. — Daniel 4:19-37, Sy.
19. a) Pourquoi cet incident est-il relaté dans la Bible ? b) Dans le grand accomplissement de cette prophétie, que représente l’arbre ?
19 Ce songe et son premier accomplissement sur Nébucadnetsar étaient prophétiques. C’est pourquoi l’incident est relaté dans la Bible. Mais dans le grand accomplissement de cette prophétie, que représente l’arbre immense ? À l’époque du songe, le roi Nébucadnetsar exerçait l’hégémonie mondiale, et Jéhovah s’était servi de lui comme d’un instrument (ou “coupe”) pour exécuter ses jugements. Il s’ensuit que l’arbre, personnifié par ce roi de la Troisième Puissance mondiale, figurait la souveraineté ou domination mondiale. À l’appui de cette explication, citons Daniel 4:26 (Sy) : “S’il a été ordonné de laisser la souche avec les racines de l’arbre, c’est que ta royauté te sera rendue.”
20. Jusqu’en 607, comment Jéhovah avait-il exercé sa souveraineté, et ainsi que montrait-il quant à la domination mondiale ?
20 En réalité, il s’agit de la souveraineté ou domination mondiale exercée par le Royaume de Dieu. Depuis des années, le royaume typique de Juda était une entrave aux ambitions du roi Nébucadnetsar, l’empêchant d’exercer l’hégémonie mondiale en tant que puissance politique dominante. À partir du temps du roi David, les rois de Juda siégeaient sur le “trône de Jéhovah” à Sion ou Jérusalem, et de ce fait Jéhovah, le Souverain universel, régnait par l’intermédiaire de ce royaume typique sur la terre. Jéhovah montrait ainsi qu’il domine sur la royauté des hommes et qu’il la donne à qui il veut, à celui qui viendrait dans la lignée du roi David. La domination mondiale dépendait donc du Dieu très-haut, Jéhovah, le “Roi du ciel”. Jéhovah détenait toujours la souveraineté sur toute la terre.
21. a) Que symbolisait l’arbre abattu, et qui fut employé pour l’abattre ? b) À qui fut transférée la domination mondiale ?
21 S’adressant à Sédécias, roi de Jérusalem, dans Ézéchiel 21:30-32 (Li) 21:25-27, NW, Jéhovah déclara qu’il ferait de la royauté typique une ruine, et qu’il changerait les choses en abaissant celui qui, assis sur le “trône de Jéhovah” dans Sion, était élevé, et en élevant ce qui était bas, à savoir l’hégémonie mondiale des Gentils. Jéhovah accomplit cette parole en 607 av. notre ère, en laissant le roi de Babylone prendre Sédécias et détruire Jérusalem et son temple. Voilà comment la domination mondiale représentée par le royaume typique de Dieu, le royaume de Juda, fut abattue comme l’arbre immense du songe de Nébucadnetsar. Jéhovah utilisa précisément le roi Nébucadnetsar comme son instrument pour l’abattre. C’est ainsi que la domination mondiale représentée typiquement par le royaume de Juda fut transférée du roi qui siégeait sur le “trône de Jéhovah” dans Sion à une puissance mondiale gentile triomphante. De cette façon, la Babylone gentile, gouvernée par le roi Nébucadnetsar, s’empara de l’hégémonie mondiale qu’elle pouvait exercer désormais sans être entravée par le royaume de Juda. Ce faisant, le roi de Babylone devint le symbole de la domination mondiale exercée suivant les dispositions divines.
22. Pourquoi la souche de l’arbre fut-elle laissée en terre, et pourquoi fut-elle bandée avec des liens ?
22 Dans le songe, la souche de l’arbre fut laissée en terre. Pourquoi ? Pour symboliser que celui qui à l’origine détenait la domination mondiale ne l’avait pas abandonnée pour toujours. Il la reprendrait, mais pas avant le terme d’un laps de temps au cours duquel il se retiendrait. La souche de l’arbre fut bandée avec des liens de fer et de cuivre, les deux métaux les plus résistants connus à l’époque, et cela symbolisait que Dieu se retiendrait d’exercer la domination mondiale au moyen d’un royaume.
23. Comment Jéhovah indiqua-t-il pendant combien de temps la souche resterait bandée ?
23 Pour combien de temps Dieu décréta-t-il qu’il se retiendrait d’exercer sa souveraineté sur la terre par un royaume ? Pendant combien de temps la souche de l’arbre, qui symbolisait la “royauté” (Daniel 4:26, Sy), devait-elle rester bandée ? La durée de cette période fut indiquée par le temps qui s’écoula entre le moment où Nébucadnetsar perdit la raison et fut chassé du trône de Babylone, et celui où il redevint sain d’esprit et siégea de nouveau sur ce trône afin d’exercer la domination mondiale. Or, cette période d’humiliation où Nébucadnetsar mangea l’herbe de la terre dura sept temps, en l’occurrence sept années lunaires. Au bout de ce temps, les bandes symboliques furent enlevées. Alors la souche symbolique put produire un rejeton royal, représenté par Nébucadnetsar qui reprit en main la royauté, avec une puissance accrue. — Cf. Ézéchiel 17:22-24 ; Job 14:7-9.
24. Qu’est-ce qui nous permet de savoir que les sept années de folie de Nébucadnetsar étaient symboliques ?
24 Lorsque Nébucadnetsar retrouva la raison et fut rétabli sur le trône de Babylone, Jéhovah Dieu ne reprit pas immédiatement la domination mondiale en établissant de nouveau un royaume typique sur la terre, avec un roi siégeant sur le “trône de Jéhovah” à Jérusalem. À cette époque-là, il reçut simplement de Nébucadnetsar guéri l’aveu que le Dieu très-haut est le “Roi du ciel”. Ce ne fut que longtemps après que Nébucadnetsar eut reconnu Jéhovah comme le “Roi du ciel”, que celui-ci reprit son pouvoir en établissant un royaume chargé de gouverner la terre. Il est donc évident que les “sept temps” ou années de folie de Nébucadnetsar étaient symboliques. Ils symbolisaient une période de temps plus longue dans le grand accomplissement du songe. La Bible révèle-t-elle la durée de cette période ?
25. Comment fixe-t-on la durée d’une année symbolique ?
25 Les années dont parle la Bible sont des années lunaires. Pour permettre à l’année lunaire de rattraper l’année solaire, de temps à autre il fallait transformer l’année de douze mois ou de 355 jours (comportant 50 ou 51 sabbats) en une année de treize mois donnant un total de 383, 384 ou 385 jours. Mais dans une année symbolique ou prophétique, le nombre de jours est fixé invariablement à 360, et chaque jour compte pour une année entière. “Autant de jours, autant d’années.” — Nombres 14:34, AC ; Ézéchiel 4:6.
26. Quelle est la durée d’un “temps” ?
26 Le livre prophétique de la Révélation fait correspondre mille deux cent soixante jours avec “un temps et des temps et la moitié d’un temps”, soit trois temps et demi (Révélation 12:6, 14). Si nous divisons mille deux cent soixante jours par trois et demi (3,5), nous obtenons trois cent soixante (360) jours pour un “temps”.
27. Expliquez comment on calcule la durée des sept temps prophétiques mentionnés dans Daniel chapitre 4.
27 En conséquence, un “temps” symbolique ou prophétique représente dans la Bible trois cent soixante (360) années. Or, si trois “temps” et demi équivalent à 1 260 jours symboliques ou années, le double, c’est-à-dire sept “temps” symboliques représentent deux fois 1 260 années, soit 2 520 années. Ainsi, les “sept temps” mentionnés dans Daniel 4:16, 23, 25, 32 (4:13, 20, 22, 29 dans AC), en rapport avec le songe de l’arbre, donneraient un total de deux mille cinq cent vingt années. Au cours de cette période, les années lunaires, compensées par les années de treize mois intercalées régulièrement, rattraperaient les années solaires, si bien qu’il s’agirait de 2 520 années solaires.
28. À partir de quel événement faut-il commencer à compter ces “sept temps” ?
28 Mais à partir de quelle date ces “sept temps” ou 2 520 ans devaient-ils commencer à compter ? Dans le songe de l’arbre, les “sept temps” commencèrent lorsque l’arbre fut abattu et que sa souche fut bandée.
29, 30. Comment peut-on déterminer le début et la fin des sept temps symboliques ?
29 Dans le cas de Nébucadnetsar, les “sept temps” commencèrent quand il perdit la raison et fut chassé de son trône. Dans l’accomplissement prophétique, les “sept temps” ou 2 520 années eurent leur départ lorsque Jéhovah Dieu abandonna la domination mondiale représentée sur la terre par son royaume typique. Jéhovah utilisa alors Nébucadnetsar pour détruire Jérusalem et son temple, chasser le roi Sédécias du “trône de Jéhovah” et l’emmener en exil, après quoi la crainte des Chaldéens incita les pauvres qui restaient dans le pays à s’enfuir en Égypte, laissant derrière eux le territoire de Juda dévasté et sans gouverneur. La désolation complète commença au septième mois lunaire de l’an 607 av. notre ère. Alors seulement Jérusalem, représentant le royaume de Dieu, commença à être foulée par les nations, ce qui marqua le début des temps des Gentils ou “temps fixés des nations”. Désormais, les Gentils exerçaient la domination sur la terre, sans être gênés par un royaume de Dieu. En outre, les puissances mondiales gentiles se sont comportées comme des bêtes, à l’exemple de Nébucadnetsar pendant les “sept temps” de sa folie.
30 Calculés donc à partir du milieu du septième mois lunaire (tisri) de l’an 607 av. notre ère, ces temps des Gentils ou “temps fixés des nations” prendraient fin 2 520 années plus tard, soit vers le milieu du mois de tisri (aux environs du 1er octobre) 1914. Ce fut en cette année inoubliable qu’éclata la Première Guerre mondiale, et depuis 1914 le système de choses des Gentils n’a plus jamais été le même.
31. Par conséquent, que devait faire Dieu en 1914 ?
31 En automne 1914, le temps était venu pour Jéhovah d’enlever les liens de l’arbre symbolique figurant la domination mondiale exercée par un royaume de Dieu. L’heure était arrivée où la souche de l’arbre symbolique devait produire un rejeton, où Jéhovah devait reprendre la domination universelle et établir un royaume théocratique. — Révélation 11:15-18 ; Luc 21:24.
32. De quelle sorte de royaume s’agit-il ?
32 Le gouvernement établi en cette année-là n’était pas un royaume typique formé parmi les Juifs selon la chair. Il s’agit du Royaume véritable, confié au Schilo, à qui il appartenait. Ce Schilo est le descendant royal qui possède le droit à la royauté aux termes de l’alliance que Jéhovah conclut avec le roi David pour un royaume éternel. Jéhovah invita Schilo, devenu le Seigneur de David, à s’asseoir à sa droite dans le ciel jusqu’à ce qu’il fasse de ses ennemis l’escabeau de ses pieds. Tout comme Nébucadnetsar, ce Schilo reconnut que Jéhovah Dieu est le “Roi du ciel”. En revanche, les puissances gentiles sur la terre ont continué à se conduire d’une façon bestiale et plus destructrice que jamais. — Genèse 49:10, Da ; Ézéchiel 21:32, Li 21:27, NW ; Psaume 110:1, AC.
33, 34. Pour ce qui est de la royauté divine, que représentait Jérusalem foulée, et comment cela est-il confirmé par la prière des Lévites à l’époque de Néhémie ?
33 On voit donc que les sept “temps fixés des nations” se prolongèrent bien au-delà des soixante-dix années de désolation de Jérusalem et du pays de Juda. Par conséquent, si Jérusalem devait être foulée pendant ces sept temps des Gentils, cela ne voulait pas dire qu’elle serait littéralement détruite et dévastée durant la totalité des 2 520 ans. Non, mais la ville de Jérusalem, la “cité du grand Roi”, était un symbole de la royauté divine exercée par la famille royale de David. Jérusalem foulée signifiait donc que le royaume de Dieu (fonctionnant par la maison de David) serait abaissé, inopérant, foulé sous les pieds des puissances mondiales des Gentils. Les Lévites juifs reconnurent ce fait en 455 av. notre ère, 152 ans après que les Babyloniens eurent détruit Jérusalem, alors que la ville et ses murailles étaient reconstruites. Dans une prière publique qu’ils adressèrent à Jéhovah Dieu devant le peuple réuni dans le temple rebâti, ils dirent :
34 “Alors tu les livras entre les mains des peuples étrangers. Mais, dans ta grande miséricorde, tu ne les anéantis pas, et tu ne les abandonnas pas, car tu es un Dieu compatissant et miséricordieux. (...) Et aujourd’hui, nous voici esclaves ! Nous voici esclaves sur la terre que tu as donnée à nos pères, pour qu’ils jouissent de ses fruits et de ses biens ! Elle multiplie ses produits pour les rois auxquels tu nous as assujettis, à cause de nos péchés ; ils dominent à leur gré sur nos corps et sur notre bétail, et nous sommes dans une grande angoisse !” — Néhémie 9:4, 5, 30-37.
[Note]
a Voir la Biblia hebraïca de Rudolf Kittel, neuvième édition, 1954, Daniel 2:1, note en bas de page. Cf. aussi la note se rapportant à ce passage dans la Bible de Crampon (1894-1904), tome V.