Chapitre 8
Sion entre en conflit avec Babylone
1, 2. a) De quel événement Sion devait-elle être témoin, lui prouvant une fois de plus que Jéhovah est le Souverain de l’univers ? b) Quelle prophétie Nahum prononça-t-il sur l’Assyrie et Juda ?
PAR ses prophètes, Jéhovah Dieu avait prédit qu’il exécuterait son jugement sur l’Assyrie, la Deuxième Puissance mondiale. Il permit à Sion d’assister à l’exécution de ce jugement. Jéhovah, le Dieu des prophéties, fournit ainsi à Sion ou Jérusalem une preuve de plus qu’il est véridique et le Souverain de l’univers. Son prophète Nahum prophétisa vraisemblablement vers la fin des cinquante-cinq années de règne de Manassé, fils et successeur du roi Ézéchias, et il annonça particulièrement la destruction de Ninive, la capitale de l’Empire assyrien.
2 La prophétie de Nahum commence par le titre “Sentence de Ninive”, et déclare, entre autres : “Malheur à la ville de sang (...) ! À toi maintenant ! dit Jéhovah des armées (...). Quiconque te verra, fuira loin de toi et dira : ‘Ninive est détruite !’” C’est pourquoi Nahum pouvait dire à Sion, la capitale du royaume de Juda : “Voici sur les montagnes les pieds d’un messager de bonnes nouvelles, qui annonce la paix. Célèbre tes fêtes, ô Juda, accomplis tes vœux ! Car le méchant [l’Assyrien] ne passera plus chez toi, il est entièrement détruit.” — Nahum 1:1 ; 3:1, 5, 7 ; 1:15, AC.
3. Ninive avait-elle déjà reçu la visite d’un prophète de Jéhovah ? Si oui, qu’en résulta-t-il ?
3 Longtemps auparavant, le prophète Jonas avait été dégorgé du ventre d’un grand poisson pour aller prêcher à Ninive. Les Ninivites se repentirent à la prédication de Jonas, mais cela ne fit que remettre à plus tard la destruction finale de Ninive, la ville de sang. — Jonas 1:1 à 4:11.
4, 5. a) Vers quelles pratiques religieuses le roi Manassé se tourna-t-il, mais en agissant ainsi, que rendait-il inévitable ? b) Sous quelle condition Jéhovah promettait-il à Israël de le laisser dans son pays ?
4 Avant la destruction de Ninive, le roi Manassé, fils d’Ézéchias, sentit peser sur lui la rude main de l’Assyrie, mais ce fut là un châtiment de la part de Jéhovah Dieu (II Samuel 7:14, 15). En effet, Manassé ne suivit pas le pieux exemple de son père, mais se tourna vers la religion babylonienne, c’est-à-dire vers l’astrologie, la magie, les présages, la sorcellerie, la divination et les devins professionnels. Il ajouta ces pratiques au culte abominable du dieu cananéen Baal, allant jusqu’à offrir des sacrifices humains, même ses propres fils, membres de la famille royale. Bien plus, il dressa des autels pour le culte du soleil, de la lune et des étoiles dans les deux cours du temple de Jéhovah à Jérusalem, et il éleva également dans ce saint temple une idole interdite, “l’image taillée de l’idole qu’il avait faite”. Manassé ne se rendait pas compte que par sa façon d’agir il rendait inévitable la déportation des Juifs du pays que Dieu leur avait donné. Pourquoi ? Dieu n’avait-il pas dit au roi David et à son fils Salomon, qui avait bâti le temple :
5 “C’est dans cette maison, et c’est dans Jérusalem que j’ai choisie parmi toutes les tribus d’Israël, que je veux à toujours placer mon nom. Je ne ferai plus sortir Israël du pays que j’ai destiné à vos pères, pourvu [oui, pourvu] seulement qu’ils aient soin de mettre en pratique tout ce que je leur ai commandé, selon toute la loi, les préceptes et les ordonnances prescrits par Moïse.” — II Chroniques 33:1-8.
6. Les Juifs agirent-ils mal, et quel jugement Jéhovah prononça-t-il sur Jérusalem ?
6 Le roi Manassé continua obstinément de ne tenir aucun compte des paroles des prophètes de Jéhovah. À cause de lui, ses sujets finirent par agir plus mal que les habitants païens du pays. Dans un langage figuré, Dieu exprima sa détermination de vider le pays de ces Juifs apostats. “Voici ce que dit Jéhovah, Dieu d’Israël : Je vais faire venir sur Jérusalem et sur Juda des malheurs tels, que les oreilles tinteront à qui en entendra parler. J’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d’Achab, et je nettoierai Jérusalem comme le plat qu’on nettoie et qu’on retourne sur sa face après l’avoir nettoyé. J’abandonnerai les restes de mon héritage, et je les livrerai entre les mains de leurs ennemis, et ils deviendront la proie et le butin de tous leurs ennemis : parce qu’ils ont fait ce qui est mal à mes yeux, et qu’ils m’ont irrité depuis le jour où leurs pères sont sortis d’Égypte jusqu’à présent.” — II Rois 21:10-15, AC.
7, 8. a) Selon II Rois 21:16, quel péché grave Manassé commit-il ? b) En quels termes prophétiques Ésaïe décrivit-il le jugement de Jéhovah contre le pays et ses habitants ?
7 D’après les écrits des rabbins juifs, le prophète Ésaïe fut scié en deux sur l’ordre du roi Manassé. Quoi qu’il en soit, “Manassé répandit aussi beaucoup de sang innocent, jusqu’à en remplir Jérusalem d’un bout à l’autre, outre ses péchés par lesquels il fit pécher Juda, en faisant ce qui est mal aux yeux de Jéhovah”. (II Rois 21:16, AC.) Toujours est-il qu’avant de mourir, Ésaïe annonça un message qui ressemblait à la prophétie de Jéhovah citée ci-dessus, selon laquelle le pays de Juda serait renversé et vidé de ses habitants iniques, comme on retourne un plat sur sa face. Cette prophétie d’Ésaïe déclare :
8 “Voici que Jéhovah va dévaster la terre entière et la dépeupler ; il en bouleversera la face et en dispersera les habitants. Et il en sera du prêtre comme du peuple, du maître comme du serviteur, de la maîtresse comme de la servante, du vendeur comme de l’acheteur, du prêteur comme de l’emprunteur, du débiteur comme du créancier. La terre sera dévastée et livrée au pillage, car Jéhovah a prononcé cette parole. La terre est en deuil, épuisée ; le monde est languissant et abattu ; l’élite des habitants de la terre est sans force. La terre a été profanée sous ses habitants ; car ils ont transgressé les lois, violé le commandement, rompu l’alliance éternelle [NW : “l’alliance d’indéfinie durée” ; il s’agit de l’alliance basée sur les Dix Commandements]. C’est pourquoi la malédiction a dévoré la terre, et ses habitants portent la peine de leurs crimes (...). La terre chancelle comme un homme ivre ; elle vacille comme un lit suspendu ; son iniquité pèse sur elle ; elle s’écroule pour ne plus se relever.” — Isaïe 24:1-20, AC.
9, 10. a) Quel jugement contre Jérusalem et Juda était désormais certain d’être exécuté ? b) Comment Manassé eut-il un avant-goût de ces souffrances, et quel effet produisirent-elles sur lui ?
9 Vu les événements du règne de Manassé, il était désormais certain que Dieu ne reviendrait pas sur sa décision de vider Jérusalem et le pays de Juda, et de les rendre désolés pendant un certain temps. Mais Dieu allait d’abord donner au roi Manassé un avant-goût des souffrances que la nation tout entière devait connaître. À ce sujet, la Bible nous dit.
10 “Jéhovah parla à Manassé et à son peuple, mais ils n’y firent point attention. Alors Jéhovah fit venir contre eux les chefs de l’armée du roi d’Assyrie [peut-être Asarhaddona, fils de Sennachérib ; ou Assurbanipal, fils d’Asarhaddon] ; et ils prirent Manassé avec des anneaux, et l’ayant lié d’une double chaîne d’airain, ils le menèrent à Babylone [devenue l’une des résidences du roi d’Assyrie]. Lorsqu’il fut dans l’angoisse, il implora Jéhovah, son Dieu, et il s’humilia profondément devant le Dieu de ses pères. Il lui adressa sa prière, et Jéhovah, se laissant fléchir, exauça ses supplications et le ramena à Jérusalem dans son royaume. Et Manassé reconnut que Jéhovah est Dieu.” — II Chroniques 33:10-13, AC.
11, 12. a) Quelles réformes Manassé essaya-t-il d’introduire, mais changèrent-elles le jugement divin prononcé sur Juda ? b) Comment cela fut-il confirmé pendant le règne de son fils Amon ?
11 Repentant et rétabli, Manassé essaya de réparer le mal qu’il avait fait au temple de Jéhovah et à son culte. Montrant lui-même l’exemple, “il ordonna à Juda de servir Jéhovah, le Dieu d’Israël. Le peuple sacrifiait bien encore sur les hauts lieux [en dehors du temple de Jéhovah bâti sur le mont Morija], mais seulement à Jéhovah, son Dieu”. (II Chroniques 33:14-17, AC.) Cependant, Jéhovah ne changea pas pour autant son dessein de dévaster Jérusalem et le pays de Juda et de les vider de leurs habitants et de leurs animaux domestiques.
12 Le nouveau roi de Juda, Amon, ne suivit pas la voie du repentir adoptée par son père. Il retourna au culte des idoles païennes. Il fut assassiné par un groupe de conspirateurs, mais le peuple resta fidèle à la maison de David et établit sur le trône Josias, fils d’Amon, âgé de huit ans. — II Chroniques 33:18-25.
13. a) Comment Josias se souvint-il de son Créateur pendant sa jeunesse ? b) Au cours du règne de Josias, par qui et à quelle date les jugements de Dieu furent-ils exécutés sur l’Assyrie ?
13 À l’âge de quinze ans, le roi Josias “commença à rechercher le Dieu de David, son père”. Il écouta ce sage conseil du roi Salomon : “Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours mauvais [de la vieillesse] et que s’approchent les années dont tu diras : ‘Je n’y ai point de plaisir.’” (Ecclésiaste 12:1, AC). Quand il eut dix-neuf ans, Josias se mit à purifier du faux culte tout le royaume de Juda. Bien des années plus tard, soit en 633 av. notre ère, qui correspond à la vingt-septième année du règne de Josias, l’Assyrie tomba de sa position de Deuxième Puissance mondiale. Cette année-là, les malheurs prédits par Nahum, prophète de Jéhovah, arrivèrent pour Ninive, la capitale de l’Assyrie, et elle fut détruite. Le royaume de Médie, à l’est de l’Assyrie, était devenu puissant, et à l’aide de tribus montagnardes venues du nord et du nord-est de Ninive, il submergea cette ville et la mit à sac. — II Chroniques 34:1-7.
14. a) Comment Babylone participa-t-elle à la chute de l’Assyrie ? b) Pourquoi le nom du commandant des armées babyloniennes nous intéresse-t-il ?
14 Il ne convient pas de passer sous silence un autre témoin de la chute de Ninive. Avant cet événement, à la mort du grand roi assyrien Assurbanipal, un ancien général de ce roi, nommé Nabopolassar, assuma les fonctions de roi de Babylone. Nabopolassar était Chaldéen de naissance ; il était donc Sémite, tout comme les Assyriens. Il établit à Babylone une dynastie ou lignée de rois qui prit fin avec Belschatsar. Dans sa vieillesse, le roi Nabopolassar prêta son concours aux assaillants de Ninive. Lors de la chute de cette ville, son fils Nabuchodonosor ou Nébucadnetsar combattit aux côtés des Mèdes et des Scythes, en tant que jeune commandant en chef de l’armée des Chaldéens ou Babyloniens, qui étaient d’excellents lanciers. Après la chute de Ninive, Nébucadnetsar partagea avec son père la royauté sur Babyloneb. Nous en apprendrons davantage à son sujet dans les pages suivantes.
JÉRÉMIE DEVIENT PROPHÈTE
15. a) Quelle œuvre le roi Josias avait-il achevée avant la chute de Ninive, probablement avec l’encouragement de qui ? b) Sur quelle puissance mondiale en particulier Jérémie allait-il prophétiser ?
15 Ninive n’était pas encore tombée et Babylone n’avait pas encore pris la direction des affaires mondiales quand le roi Josias acheva de purifier des faux cultes le pays de Juda et le temple de Jéhovah à Jérusalem. Il termina cette œuvre à l’âge de vingt-cinq ans, soit dans la dix-huitième année de son règne. Sans doute le prophète Jérémie, l’un des prêtres de la ville d’Anathoth, encouragea-t-il Josias à rétablir le culte pur de Jéhovah. En effet, une année seulement après que Josias eut commencé sa réforme religieuse, soit en 647 av. notre ère ou la treizième année de son règne, Jéhovah suscita comme prophète le prêtre Jérémie. Celui-ci ne cessa de prophétiser jusqu’au dernier des successeurs de Josias. Il eut beaucoup de choses à dire au sujet de Babylone. — Jérémie 25:1-3.
16, 17. a) Quelle découverte exceptionnelle fit-on pendant la restauration du temple ? b) Quels jugements importants Josias apprit-il dans ce livre ?
16 Ce fut après que le roi Josias eut achevé son œuvre de purification et pendant la restauration du temple de Jéhovah que le grand prêtre Hilkija (AC : Helcias) trouva le “livre de la loi de Jéhovah, donnée par Moïse”. Hilkija parla de sa découverte à Schaphan (AC : Saphan), le secrétaire, en lui disant : “J’ai trouvé le livre de la loi dans la maison de Jéhovah.” (II Chroniques 34:8-15, AC). Il est fort probable qu’il s’agissait du livre de la Loi écrit de la main de Moïse ; dès lors, on comprend pourquoi la découverte fit sensation.
17 Il fallait en informer le roi, aussi le grand prêtre Hilkija confia-t-il le livre au secrétaire Schaphan, qui l’apporta à Josias. À la demande du roi, Schaphan lut dans le livre devant lui, y compris les malédictions que Jéhovah Dieu avait menacé de répandre sur les Israélites, avertissement qui se terminait par ces mots : “De même que Jéhovah prenait plaisir à vous faire du bien et à vous multiplier, ainsi Jéhovah prendra plaisir à vous faire périr et à vous exterminer, et vous serez arrachés de la terre où tu vas entrer pour en prendre possession. Jéhovah te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre, et là tu serviras d’autres dieux que n’ont connus ni toi ni tes pères, du bois et de la pierre. Parmi ces nations mêmes, tu ne seras pas tranquille.” (Deutéronome 28:63-65, AC). Rien d’étonnant que le consciencieux roi Josias fût effrayé !
18, 19. a) Que demanda Josias à Jéhovah, et quelle réponse reçut-il ? b) De quelle considération Josias fut-il l’objet ?
18 Le roi donna cet ordre à une délégation conduite par le grand prêtre Hilkija : “Allez, consultez Jéhovah pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé ; car grande est la colère de Jéhovah qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont pas observé la parole de Jéhovah, ne mettant pas en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre.” La délégation se rendit auprès de la prophétesse Hulda (AC : Holda), qui habitait alors à Jérusalem, et rapporta à Josias les paroles suivantes : “Ainsi parle Jéhovah : Voici que je vais faire venir des malheurs sur ce lieu et sur ses habitants, toutes les malédictions écrites dans le livre qu’on a lu devant le roi de Juda. Parce qu’ils m’ont abandonné et qu’ils ont offert des parfums à d’autres dieux, de manière à m’irriter par tous les ouvrages de leurs mains, ma colère s’est répandue sur ce lieu, et elle ne s’éteindra point.”
19 Quant au roi Josias lui-même, Jéhovah fit preuve de considération à son égard, en lui disant : “Je te recueillerai auprès de tes pères, tu seras recueilli en paix [non pendant la détresse de Juda] dans ton sépulcre, et tes yeux ne verront pas tous les malheurs que je ferai venir sur ce lieu et sur ses habitants.”
20, 21. a) Que fit encore le roi Josias afin d’affermir Juda dans le vrai culte, et quels en furent les bons résultats pour le peuple ? b) Néanmoins, quelle décision irrévocable avait été prise à propos de Juda ?
20 Par reconnaissance et pour se montrer digne de la miséricorde divine, le roi Josias convoqua au temple de Jéhovah à Jérusalem tout le peuple, “depuis le plus grand jusqu’au plus petit”, et il “lut devant eux toutes les paroles du livre de l’alliance qu’on avait trouvé dans la maison de Jéhovah”. Après avoir rappelé à ses sujets les obligations de l’alliance qui les liait au Dieu de leurs pères, Josias les fit entrer dans une alliance de fidélité à Jéhovah, conformément à sa loi écrite. Le résultat était à prévoir. En effet, la Bible rapporte : “Tant qu’il vécut, ils ne se détournèrent point de Jéhovah, le Dieu de leurs pères.” — II Chroniques 34:21-33, AC.
21 “Toutefois, est-il écrit dans II Rois 23:26, 27 (AC), Jéhovah ne revint pas de l’ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause des abominations par lesquelles Manassé l’avait irrité. Et Jéhovah dit : ‘J’ôterai aussi Juda de devant ma face, comme j’ai ôté Israël ; et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j’avais choisie, et cette maison de laquelle j’avais dit : “Là sera mon nom.”’” Désormais, la désolation totale du pays de Juda était inévitable. Au temps fixé, Sion ou Jérusalem devait boire la coupe de la colère de Jéhovah.
22. À l’époque où Josias mourut, quelle était la situation des nations qui occupaient le rang de Première, Deuxième et Troisième Puissances mondiales ?
22 Après avoir régné pendant trente et un ans à Jérusalem, Josias mourut prématurément en l’an 628. Sa mort survint par suite de son opposition à l’Égypte, naguère la Première Puissance mondiale. Ninive était déjà détruite et l’Assyrie avait été renversée en tant que Deuxième Puissance mondiale. Le sud de l’Assyrie et le droit de conquête sur l’Égypte, la Palestine et la Syrie appartenaient maintenant à la Babylonie, gouvernée à présent par le roi Nabopolassar, père de Nébucadnetsar. En effet, l’Égypte avait été vaincue par Asarhaddon, roi d’Assyrie, et, après une révolte, elle avait été reconquise par son fils, le roi Assurbanipal. Or, vers la fin du règne de Josias, roi de Jérusalem, Néchao ou Néco, pharaon ou roi d’Égypte, s’éleva contre la domination de Babylone, la nouvelle puissance mondiale et successeur de l’Assyrie. Il conduisit ses armées en direction du nord, vers Carkémisch, sur l’Euphrate, à environ quatre-vingts kilomètres à l’ouest de Haran, où jadis mourut Térach, le père d’Abraham.
23-25. a) En quelles circonstances Josias mourut-il ? b) Ses sujets le pleurèrent-ils ?
23 Pour une raison non précisée dans la Bible, le roi Josias fit sortir ses armées, apparemment pour barrer le passage aux troupes de Néchao, roi d’Égypte, qui voulaient passer par la célèbre vallée de Méguiddo, située à environ quatre-vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. Naturellement, l’action de Josias était dans l’intérêt de Babylone.
24 Les deux armées se rencontrèrent à Méguiddo. Le pharaon Néchao envoya des messagers à Josias pour lui dire qu’il n’était pas venu combattre le royaume de Juda. “Ne t’oppose pas à Dieu, dit-il, qui est avec moi, de peur qu’il ne te détruise.” Quelle fut la réaction de Josias ? Le récit biblique répond : “Josias ne se détourna point de lui, et il se déguisa pour l’attaquer, sans écouter les paroles de Néco, qui venaient de la bouche de Dieu. Il s’avança pour combattre dans la vallée de Méguiddo.” Le déguisement de Josias ne le sauva pas, car une flèche égyptienne l’atteignit et il mourut. Son corps fut transporté à Jérusalem, où on l’enterra dans le sépulcre de ses pères.
25 La mort de ce bon roi plongea le peuple dans l’affliction. “Tout Juda et Jérusalem pleurèrent Josias. Jérémie fit une complainte sur Josias ; tous les chanteurs et toutes les chanteuses ont parlé de Josias dans leurs complaintes jusqu’à ce jour, et en ont établi la coutume en Israël. Ces chants sont écrits dans les Complaintes.” — II Chroniques 35:20-25 ; II Rois 23:29, 30.
26. Les deux rois suivants furent-ils fidèles ?
26 Pour une raison qui nous est inconnue, le peuple de Juda prit Joachaz, le fils cadet de Josias, âgé de vingt-trois ans, et l’oignit roi de Juda. À la différence de son père, Joachaz se révéla être un mauvais roi, et son règne ne dura que trois mois, car pour l’empêcher de régner à Jérusalem, le pharaon Néchao le fit prisonnier et imposa au royaume de Juda une lourde contribution. Néchao prit alors Éliakim, le frère aîné de Joachaz, âgé de vingt-cinq ans et qui était né alors que son père, le roi Josias, n’avait que quatorze ans, et l’établit roi de Juda. Le pharaon changea le nom du nouveau roi en celui de Jojakim. Ce dernier régna onze ans à Jérusalem, et il plut au pharaon d’Égypte parce qu’il se montrait opposé à Babylone (II Chroniques 36:1-5 ; II Rois 23:30-37). Tout comme son frère Joachaz, Jojakim fut un mauvais roi.
27. a) Quelle prophétie Jérémie prononça-t-il contre Jérusalem et son temple ? b) Quelles en furent les conséquences pour Jérémie ?
27 Au commencement du règne de Jojakim, le prophète Jérémie se tint dans la cour du temple de Jéhovah et annonça que Jéhovah traiterait cette maison magnifique comme il avait traité le tabernacle dressé dans la ville de Silo, dépossédé pour toujours de la sainte arche de l’alliance divine. Les prêtres, les prophètes et le peuple prirent ses paroles pour une trahison, et ils se saisirent de Jérémie, en lui disant : “Tu mourras ! Pourquoi prophétises-tu au nom de Jéhovah en disant : ‘Cette maison sera comme Silo, et cette ville sera dévastée et sans habitants ?’” Mais quand Jérémie présenta sa défense devant les princes de Juda, ceux-ci ne trouvèrent aucun motif valable pour le condamner à mort. “La main d’Ahicam, fils de Saphan, soutint Jérémie, en sorte qu’il ne fut pas livré au peuple pour être mis à mort.” Aussi Jérémie fut-il remis provisoirement en liberté. — Jérémie 26:1-24, AC ; 7:1-34.
LA SYMBOLIQUE “COUPE DU VIN DE MA COLÈRE”
28. Quels événements portèrent Babylone à l’apogée de sa puissance, et que prophétisa Jérémie à propos de ce royaume et de son roi ?
28 Dans la quatrième année du règne de Jojakim, roi de Juda, soit en 625 av. notre ère, Nébucadnetsar devint roi de Babylone, le roi le plus illustre de cette Troisième Puissance mondiale. À cette même date, Nébucadnetsar remporta la victoire sur Néchao, pharaon d’Égypte, à la bataille de Carkémisch, sur l’Euphrate (Jérémie 46:1, 2). Puis il repoussa Néchao jusqu’en Égypte, puisque la Bible déclare : “Le roi d’Égypte ne sortit plus de son pays, car le roi de Babylone avait pris tout ce qui était au roi d’Égypte depuis le torrent d’Égypte jusqu’au fleuve de l’Euphrate.” (II Rois 24:7). Cette année-là aussi Jérémie prononça sa prophétie sur l’œuvre d’exécution que Nébucadnetsar allait accomplir en tant que “serviteur” ou instrument de Jéhovah, pour qui l’heure était arrivée d’exécuter ses jugements contre les méchants. — Jérémie 25:8, 9.
29. Quelle prophétie Jérémie prononça-t-il sur Juda, et que deviendrait le pays ?
29 Jérémie annonça une désolation de soixante-dix ans pour Jérusalem et le pays de Juda. Il déclara : “C’est pourquoi ainsi parle Jéhovah des armées : Parce que vous n’avez pas écouté mes paroles, j’enverrai et je prendrai toutes les tribus du septentrion, dit Jéhovah, et je les amènerai à Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur ; je les ferai venir contre ce pays et contre ses habitants, et contre toutes les nations d’alentour, que je frapperai d’anathème, et dont je ferai une solitude, un objet de moquerie, une ruine éternelle [NW : jusqu’à des temps indéfinis]. Je ferai disparaître du milieu d’eux les accents de la joie et la voix de l’allégresse, les chants du fiancé et les chants de la fiancée, le bruit de la meule et la lumière de la lampe. Tout ce pays sera une solitude, un désert, et ces nations seront asservies au roi de Babylone pendant soixante-dix ans.” (Jérémie 25:1-11, AC). Ainsi, pendant les soixante-dix années où le pays de Juda demeurerait inhabité, la nation tout entière servirait les rois de Babylone.
30, 31. a) Qu’est-ce que Jéhovah compara à une coupe et au vin ? Qui devait boire cette coupe, et comment ? b) Comment Jérémie passa-t-il cette coupe aux nations ?
30 Dans cette même prophétie, Jéhovah compara le roi Nébucadnetsar à une coupe, et sa propre colère contre les nations condamnées à un vin qu’il les obligerait à boire au moyen de la coupe symbolique, Nébucadnetsar. Jérémie poursuivit en ces termes : “Ainsi m’a parlé Jéhovah, Dieu d’Israël : Prends de ma main cette coupe du vin de ma colère et fais-la boire à toutes les nations vers lesquelles je t’enverrai. Elles en boiront, elles chancelleront, elles seront prises de folie devant l’épée [de Nébucadnetsar] que j’enverrai au milieu d’elles.”
31 En prophétisant ainsi, Jérémie passa symboliquement la coupe aux nations, leur faisant d’abord boire le message prophétique, avant qu’elles n’en boivent l’accomplissement. Il dit : “Je pris la coupe des mains de Jéhovah et je la fis boire à toutes les nations vers lesquelles Jéhovah m’envoyait : à Jérusalem et aux villes de Juda, à ses rois, à ses princes, pour en faire une solitude, une désolation, un objet de moquerie et de malédiction, comme cela se voit aujourd’hui.” Après avoir cité Jérusalem en premier dans la liste de ceux qui devaient boire la coupe du vin de la colère divine, Jérémie mentionna successivement l’Égypte, le pays d’Uts, la Philistie, Édom, Moab, Ammon, Tyr, Sidon, Dédan, Théma, Buz, l’Arabie, Zambri (Sg : Zimri), Élam et la Médie. Oui, il donna cette coupe “à tous les rois du septentrion, proches ou éloignés, à l’un comme à l’autre, et à tous les royaumes du monde qui sont sur la face de la terre”. — Jérémie 25:15-26, AC.
32. a) Quelles sont les trois raisons avancées pour dire qu’en parlant de Schéschac, Jérémie faisait allusion à Babylone ? b) Que signifiaient donc pour Babylone les paroles de Jérémie 25:26?
32 Enfin, comme point culminant, Jérémie ajouta au sujet de la coupe qu’il avait reçue des mains de Jéhovah : “Et le roi de Sésac [Sg : Schéschac] boira après eux.” (Jérémie 25:26, AC). D’après une tradition juive, le nom de Schéschac est une désignation cryptographique du nom hébreu Babel (ou Babylone), selon le procédé consistant à substituer la dernière lettre de l’alphabet hébreu (taw) à la première (ʼalèph), l’avant-dernière lettre (shin) à la deuxième (béth), la troisième à compter de la fin (résh) substituée à la troisième lettre de l’alphabet (gimèl), et ainsi de suitec. D’autre part, le nom de Schéschac emporte l’idée de l’humiliation, et effectivement, Babylone allait être humiliée. On a également suggéré que Schéschac signifie “aux portes en cuivre”, et c’est là un qualificatif qui s’applique à Babylone. Cette prophétie signifiait donc que le roi de Babylone cesserait d’être la coupe symbolique dans la main de Jéhovah, et qu’à son tour il devrait boire la coupe de vin symbolique, coupe représentant un autre roi. On pourrait alors s’écrier : “Eh quoi ! Schéschac est prise ! Celle dont la gloire remplissait toute la terre est conquise ! Eh quoi ! Babylone est détruite au milieu des nations !” — Jérémie 51:41.
33. En quels termes catégoriques Jérémie montra-t-il que Jéhovah déverserait sa colère sur Babylone également, et quand cet événement devait-il se produire ?
33 Voilà qui explique pourquoi, avant de commencer sa prophétie sur la coupe et de mentionner Schéschac, Jérémie déclara : “Lorsque ces soixante-dix ans seront accomplis [sur Jérusalem et le pays de Juda], je ferai rendre compte de leur péché au roi de Babylone et à cette nation, dit Jéhovah, et au pays des Chaldéens, et j’en ferai des solitudes éternelles [NW : jusqu’à des temps indéfinis]. Je ferai venir sur ce pays toutes les paroles que j’ai prononcées contre lui, tout ce qui est écrit dans ce livre, ce que Jérémie a prophétisé sur toutes les nations. Car des nations nombreuses et de grands rois les asserviront [NW : “les ont exploités”, c’est-à-dire le peuple de Jéhovah], eux aussi, et je leur rendrai selon leurs actions et selon l’œuvre de leurs mains.” — Jérémie 25:12-14, AC.
34-36. a) Que figure donc la coupe de vin, et quel effet produit-elle ? b) Comment les nations eurent-elles un avant-goût de la coupe symbolique servie par Jérémie ?
34 La coupe du vin de la colère de Jéhovah ne symbolise pas une somme de doctrines religieuses ; elle figure la colère de Jéhovah qui doit être versée par l’exécution de ses jugements et de sa vengeance. Les paroles suivantes adressées à Jérémie décrivent l’effet produit sur ceux qui boivent à cette coupe :
35 “Tu leur diras : Ainsi parle Jéhovah des armées, Dieu d’Israël : Buvez, enivrez-vous, vomissez et tombez pour ne plus vous relever, devant l’épée que j’envoie au milieu de vous. Et s’ils refusent de prendre de ta main la coupe pour boire, tu leur diras : Ainsi parle Jéhovah : Vous boirez ! Car c’est dans la ville sur laquelle mon nom est invoqué que je commence à sévir, et vous [les nations] seriez impunis ? Vous ne serez pas impunis, car j’appelle l’épée sur tous les habitants de la terre, dit Jéhovah.”
36 Rien qu’à entendre Jérémie prononcer ces prophéties, les nations eurent comme un avant-goût de la coupe symbolique de vin qu’elles allaient devoir boire. — Jérémie 25:27-29, AC.
37, 38. Comment Jérémie devait-il faire boire symboliquement la coupe à Jérusalem et à ses dirigeants ? Comment et quand accomplit-il cette tâche ?
37 Jérémie devait donc faire boire symboliquement la coupe à Jérusalem, au pays de Juda et à leurs dirigeants. Il devait annoncer ce message prophétique de la colère divine devant les chefs et le peuple. Il accomplit cette tâche plus particulièrement pendant la cinquième année du règne de Jojakim. À ce propos, la Bible dit : “La quatrième année de Joakim [Sg : Jojakim], fils de Josias, roi de Juda, la parole de Jéhovah fut adressée à Jérémie de la part de Jéhovah, en ces termes : ‘Prends un volume [héb. un rouleau de livre], et tu y écriras toutes les paroles que je t’ai dites contre Israël, contre Juda et contre toutes les nations depuis que je t’ai parlé, depuis les jours de Josias jusqu’aujourd’hui. Peut-être que, quand la maison de Juda entendra tout le mal que j’ai dessein de leur faire, ils se détourneront chacun de sa mauvaise voie, et je pardonnerai leur iniquité et leur péché.’” — Jérémie 36:1-3, AC.
38 Sans perdre de temps, Jérémie appela son secrétaire, Baruc, fils de Nérija, et lui dicta le message qu’il avait reçu de Jéhovah. Étant dans l’impossibilité de se rendre lui-même au temple de Jérusalem, Jérémie ordonna à Baruc d’y aller et de lire à haute voix le message devant tous ceux qui se trouvaient là le jour du jeûne. Ce jeûne fut publié au moins neuf mois après que Jérémie eut commencé à dicter et à produire le rouleau. Ainsi donc, le jour de jeûne en question fut observé en “la cinquième année de Jojakim”, soit en 624, pendant l’hiver et plus précisément au neuvième mois lunaire (kislev, qui correspond à novembre/décembre). C’était la deuxième année du règne de Nébucadnetsar comme roi de Babylone. En ce jour de jeûne, Baruc se rendit courageusement à la cour supérieure du temple, à l’entrée de la porte neuve, et là il lut à haute voix les paroles que Jérémie lui avait dictées. Parmi ceux qui écoutaient la lecture de Baruc se trouvait Michée, fils du prince Guémaria (AC : Gamarias). Michée descendit aussitôt à la maison du roi, où tous les princes étaient réunis dans la chambre du secrétaire. Il leur rapporta tout ce qu’il avait entendu lire par Baruc.
LE LIVRE EST BRÛLÉ
39, 40. a) Comment le roi de Juda réagit-il après avoir bu cette “coupe” symbolique ? b) Comment le roi Jojakim et les princes agirent-ils tout autrement que le roi Josias ?
39 Les princes convoquèrent Baruc et lui firent lire le rouleau de la prophétie. Ils se sentirent obligés d’en informer le roi Jojakim (AC : Joakim). Ils prirent donc le rouleau prophétique, mais ils firent preuve de considération en recommandant à Baruc et à son maître Jérémie de se cacher dans un endroit où l’on ne pourrait les trouver. Entre-temps, ils déposèrent le livre dans une chambre du secrétaire du roi. Quand ils en eurent parlé au roi, celui-ci envoya Jéhudi (AC : Judi) chercher le rouleau prophétique. Puis, alors que les princes se tenaient devant lui, le roi Jojakim ordonna à Jéhudi de lui lire le livre. “Or le roi était assis dans l’appartement d’hiver, au neuvième mois, et le brasier était allumé devant lui. Dès que Judi eut lu trois ou quatre colonnes, le roi coupa le livre avec le canif du secrétaire, et le jeta au feu dans le brasier.” Il écouta encore la lecture de trois ou quatre colonnes, puis il les coupa du rouleau et les jeta au feu.
40 Trois des princes intercédèrent auprès du roi, pour le dissuader de brûler le rouleau de Jérémie, mais il ne les écouta pas, et ainsi tout le rouleau fut consumé. Pis encore, aucun des princes n’agit comme l’avait fait le roi Josias quand on lui lut le livre de la Loi de Moïse, retrouvé pendant la purification du temple. Ils ne déchirèrent pas leurs vêtements. Le cœur endurci, Jojakim ordonna l’arrestation de Baruc et de Jérémie, mais sans succès, car “Jéhovah les cacha”. (Jérémie 36:4-26, AC.) Malgré tout, le roi Jojakim avait reçu un avertissement en bonne et due forme.
41, 42. a) Comment fut-il démontré qu’on ne peut détruire la Parole de Jéhovah ? b) Qu’est-ce qui fut ajouté à cette “coupe” symbolique ?
41 Jéhovah dégagea alors une leçon de cet incident, pour montrer que sa Parole demeure éternellement et ne peut être détruite par des hommes méchants. Jéhovah déclara à Jérémie : “Va prendre un autre volume, et tu y écriras toutes les premières paroles qui étaient dans le premier volume que Joakim, roi de Juda, a brûlé. Et tu diras à Joakim, roi de Juda : Ainsi parle Jéhovah : Toi, tu as brûlé ce volume, en disant : ‘Pourquoi y as-tu écrit que le roi de Babylone viendra certainement, qu’il détruira ce pays et qu’il en fera disparaître hommes et bêtes ?’ C’est pourquoi Jéhovah parle ainsi touchant Joakim, roi de Juda : Il n’aura pas un des siens assis sur le trône de David, et son cadavre sera jeté dehors, à la chaleur pendant le jour, et au froid pendant la nuit. Je punirai sur lui, sur sa race et sur tous ses serviteurs leur iniquité, et je ferai venir sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur les hommes de Juda, tous les malheurs que je leur ai annoncés sans qu’ils aient voulu m’écouter.”
42 Jérémie obéit. Il donna un nouveau rouleau à son secrétaire Baruc et lui dicta “toutes les paroles du livre que Joakim, roi de Juda, avait brûlé, et beaucoup d’autres paroles semblables y furent ajoutées”. — Jérémie 36:27-32 ; 45:1-5, AC.
43. En quelle année et avant quel événement Jérémie prononça-t-il sa prophétie, ce qui soulève quelle question ?
43 Il convient de noter que cette prophétie fut donnée vers la fin de la cinquième année du règne de Jojakim, soit en 624 av. notre ère, et que Nébucadnetsar, roi de Babylone, n’avait pas encore attaqué Jérusalem. En effet, le roi Jojakim éleva une objection contre la prophétie de Jérémie consignée dans le rouleau, selon laquelle le roi de Babylone viendrait certainement et détruirait le pays (Jérémie 36:9, 29). À cette époque, Daniel, qui allait devenir le grand prophète de Jéhovah à Babylone, n’était qu’un jeune garçon âgé vraisemblablement de moins de treize ans, et il n’avait pas encore été déporté à Babylone. En quelle année donc le nouveau roi de Babylone monta-t-il contre Jérusalem pour faire du roi Jojakim un roi tributaire, un vassal ?
44, 45. Pendant combien de temps Jojakim fut-il assujetti à Nébucadnetsar, et quels événements amenèrent sa mort ?
44 En cherchant la réponse à cette question, gardons présents à l’esprit les faits précités, et tenons-en compte en lisant le récit historique suivant :
45 “De son temps, Nabuchodonosor, roi de Babylone, se mit en campagne. Joakim lui fut assujetti pendant trois ans, mais il se révolta de nouveau contre lui. Alors Jéhovah envoya contre Joakim des bandes de Chaldéens, des bandes de Syriens, des bandes de Moabites et des bandes d’Ammonites ; il les envoya contre Juda pour le détruire, selon la parole que Jéhovah avait prononcée par ses serviteurs les prophètes. Cela arriva contre Juda uniquement sur l’ordre de Jéhovah, pour l’ôter de devant sa face, à cause de tous les péchés commis par Manassé, et à cause du sang innocent qu’avait répandu Manassé, et dont il avait rempli Jérusalem. C’est pourquoi Jéhovah ne voulut point pardonner. Le reste des actions de Joakim, et tout ce qu’il a fait, cela est écrit dans le livre des Chroniques des rois de Juda. Joakim se coucha avec ses pères, et Joachin [Sg : Jojakin], son fils, régna à sa place.” — II Rois 24:1-6, AC.
46. a) Quant à la date à laquelle Nébucadnetsar monta contre le roi Jojakim, quel sens faut-il éviter de donner à II Rois chapitre 24 ? b) Compte tenu de Jérémie 36:9, 29, à quel moment faut-il situer les trois années où Jojakim fut assujetti à Nébucadnetsar, et pourquoi ?
46 Il ne faut pas mal interpréter ces paroles de II Rois 24:1-6. Elles ne déclarent pas que Nabuchodonosor ou Nébucadnetsar monta contre Jérusalem dans la première année du règne de Jojakim (628 av. n. è.) et l’assujettit en cette année-là. Elles ne disent pas non plus que Jojakim fut tributaire de Babylone pendant les trois premières années de son règne, que la quatrième année il se rebella contre le roi de Babylone, et qu’il persista dans sa révolte huit années durant, c’est-à-dire jusqu’à la onzième et dernière année de son règne. Il ne pouvait en être ainsi, car, selon Jérémie 36:9, 29, le neuvième mois de la cinquième année du règne de Jojakim, le roi de Babylone n’était pas encore venu au pays de Juda pour le détruire. Il s’ensuit que si le roi Jojakim “fut assujetti pendant trois ans” au roi de Babylone puis se révolta, cela a dû être durant les trois dernières années de son règne de onze ans.
47. Quelles conclusions convient-il de tirer pour fixer l’époque où Nébucadnetsar monta contre Jérusalem pour la première puis la deuxième fois ?
47 Par suite, Nébucadnetsar a dû venir à Jérusalem pour la première fois et faire du roi Jojakim son vassal vers la fin de la huitième année du règne de Jojakim à Jérusalem. En conséquence, la neuvième année du règne de Jojakim à Jérusalem, soit l’an 620, fut la première année de sa sujétion à Babylone. Au cours de la troisième année de son règne en tant que vassal, Jojakim se révolta et cessa de payer le tribut à Babylone. Voilà pourquoi Nébucadnetsar monta une deuxième fois contre Jérusalem, pour punir le roi rebelle. Ce fut en 618 av. notre ère. — Voir Harper’s Bible Dictionary de M. S. et J. L. Miller, édition de 1952, page 306, sous “Jehoiakim”.
48, 49. a) Selon la prophétie, comment Jojakim mourut-il dans la disgrâce ? b) Qu’est-ce que Nébucadnetsar avait eu l’intention de faire de Jojakim ?
48 Cependant, Nébucadnetsar ne réussit pas à prendre vivant le roi Jojakim. Celui-ci ne fit pas la paix avec Nébucadnetsar ni ne se rendit à lui, mais il mourut dans la ville de Jérusalem. La Bible ne précise pas dans quelles circonstances. Toujours est-il qu’il n’eut pas de funérailles honorables, conformément à cette prédiction de Jéhovah : “Il aura la sépulture d’un âne, il sera traîné et jeté hors des portes de Jérusalem.” Abandonné dehors, son cadavre fut exposé à la chaleur du soleil pendant le jour et au froid pendant la nuit. — Jérémie 22:18, 19 ; 36:30.
49 Nébucadnetsar avait eu l’intention d’emmener le roi Jojakim captif à Babylone, lié avec des chaînes. À cet effet, nous lisons dans II Chroniques 36:5-8 (AC) : “Il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui est mal aux yeux de Jéhovah, son Dieu. Nabuchodonosor, roi de Babylone, monta contre lui, et le lia [NW : pour le lier ; cf. AC éd. de 1898, n.m.] avec des chaînes d’airain pour le conduire à Babylone. Nabuchodonosor emporta à Babylone des ustensiles de la maison de Jéhovah et il les mit dans son temple à Babylone. Le reste des actions de Joakim, les abominations qu’il commit, et ce qui se trouvait en lui, cela est écrit dans le livre des rois de Juda et d’Israël. Joachin [Sg : Jojakin], son fils, régna à sa place.”
50. Comment peut-on concilier l’accession de Jojakin au trône avec ce qui est écrit dans Jérémie 36:30?
50 Puisqu’il est dit que Jojakin monta sur le trône de son père Jojakim, comment peut-on concilier ce fait avec l’affirmation de Jéhovah selon laquelle Jojakim n’aurait pas un des siens assis sur le trône de David à Jérusalem (Jérémie 36:30) ? Il n’y a là aucune contradiction car, en fait, Jojakin ne régna que trois mois et dix jours, période tellement courte qu’elle n’entre pour ainsi dire pas en ligne de compte (II Chroniques 36:9, 10). En harmonie avec les conseils que le prophète Jérémie avait donnés au peuple, Jojakin capitula rapidement devant Nébucadnetsar. Pour cette raison, il ne fut pas traité trop durement. La Bible déclare à son sujet :
51. Comment Jojakin finit-il par être déporté à Babylone, et en quelle année cet événement se produisit-il ?
51 “Joachin avait dix-huit ans lorsqu’il devint roi, et il régna trois mois à Jérusalem. Sa mère s’appelait Nohesta [Sg : Néhuschtha], fille d’Elnathan, de Jérusalem. Il fit ce qui est mal aux yeux de Jéhovah, selon tout ce qu’avait fait son père. En ce temps-là, les serviteurs de Nabuchodonosor, roi de Babylone, montèrent contre Jérusalem, et la ville fut assiégée. Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint devant la ville pendant que ses serviteurs l’assiégeaient. Alors Joachin, roi de Juda, sortit auprès du roi de Babylone, avec sa mère, ses serviteurs, ses chefs et ses eunuques, et le roi de Babylone le fit prisonnier la huitième année de son règne.” La huitième année du règne de Nébucadnetsar commença le 1er nisan 618, et prit fin le 29 adar ou 19 mars de l’an 617.
52. Combien de Juifs furent emmenés en exil à cette époque-là, mais comment la royauté continua-t-elle d’être exercée à Jérusalem ?
52 À cette occasion, Nébucadnetsar emporta de nombreux trésors du temple de Jéhovah et de la maison du roi. Il emmena aussi avec lui en exil à Babylone tous les notables de Jérusalem, ainsi que les artisans, les guerriers et les maçons. “Il ne resta que le peuple pauvre du pays. Il transporta Joachin à Babylone, et il emmena captifs de Jérusalem à Babylone la mère du roi, ses femmes et ses eunuques, les grands du pays (...). Puis il établit roi, à la place de Joachin, Mathanias [Sg : Matthania], son oncle, dont il changea le nom en celui de Sédécias.” — II Rois 24:8-17, AC.
53, 54. a) D’après Daniel, quand Jérusalem fut-elle assiégée ? b) Comment faut-il comprendre le terme “troisième année”, et de quelle année du règne s’agit-il en réalité ? c) (note en bas de page) Comment cette explication de la date de cet exil partiel des Juifs est-elle confirmée par Josèphe ?
53 Ce fut à cette époque-là que le jeune Daniel et ses trois compagnons particuliers furent emmenés en exil à Babylone. À ce propos, Daniel écrit (Da 1:1) : “La troisième année du règne de Jojakim, roi de Juda, Nébucadnetsar, roi de Babylone, marcha contre Jérusalem, et l’assiégea.” Cela se produisit après que le roi Jojakim se fut rebellé contre le roi de Babylone, au bout de trois années environ de soumission comme vassal.
54 Par conséquent, le terme “troisième année du règne de Jojakim, roi de Juda” désigne sa troisième année en tant que roi vassal qui payait le tribut à Babylone. Étant donné que sa sujétion commença après qu’il eut régné huit ans à Jérusalem, cette troisième année de son règne en tant que vassal de Babylone correspond à la onzième année de son règne complet à Jérusalem, année qui devait s’achever le 29 adar 617, d’après le calendrier lunaire des Juifs, ou le 19 mars 617, selon notre calendrier. La mort inexpliquée de Jojakim survint, semble-t-il, avant cette date, l’empêchant d’achever la onzième année de son règned.
55. Par conséquent, quand et pendant le règne de quel roi de Juda Daniel et ses trois compagnons furent-ils emmenés en captivité ?
55 Il est donc évident que Daniel et ses trois compagnons ne furent pas emmenés en exil à Babylone pendant la troisième année du règne de Jojakim à Jérusalem en tant que roi indépendant de Babylone, troisième année de domination libre qui dura du 1er nisan 626 au 29 adar 625 (17 mars 625 av. n. è.). Daniel fut exilé à Babylone après que le roi Jojakim mourut en disgrâce au cours de la onzième année de son règne complet, mort qui survint à une date non précisée, mais avant le 19 mars 617. Sans doute Daniel quitta-t-il Jérusalem en même temps que Jojakin, fils de Jojakim, qui fut emmené en exil en 617, après avoir régné à Jérusalem pendant trois mois et dix jours.
56. a) Quels événements importants n’eurent pas lieu en 625 ? b) Peut-on dire que les soixante-dix années de désolation prédites par Jérémie (25:11) commencèrent en 617 ? Pourquoi ? c) (note en bas de page) Dans quel sens l’événement qui, selon Jérémie 52:28, se produisit “la septième année” du règne de Nébucadnetsar, a-t-il pu avoir lieu aussi dans “la huitième année de son règne”, d’après II Rois 24:12 ? d) (note en bas de page) Comment cette explication nous aide-t-elle à concilier “la dix-huitième année” de Jérémie 52:29 avec “la dix-neuvième année” de II Rois 25:8?
56 L’exil et la captivité à Babylone même d’un petit nombre de Juifs ne commencèrent donc pas en 625 av. notre ère, à la fin de la troisième année du gouvernement indépendant du roi Jojakim à Jérusalem. De même, la période de soixante-dix ans prédite par le prophète Jérémie n’eut pas son point de départ en cette année de 625. Ce n’est certainement pas en cette année-là que le pays de Juda fut retourné comme un plat et vidé de tous ses habitants. Même huit ans plus tard, en 617, quand le jeune roi Jojakin fut emmené en exil à Babylone, seul un faible pourcentage des habitants fut déporté avec lui. L’immense majorité du peuple resta sur place, de sorte que Jérusalem et les autres villes de Juda étaient toujours habitées, et le pays était loin d’être désolé et privé d’habitants. Tous les habitants de Juda ne servaient pas alors le roi de Babylone dans sa capitalee.
57. a) Comment ces arguments nous empêchent-ils de commettre la même erreur que les chronologistes de la chrétienté ? b) Qu’est-ce qui a contribué à les induire en erreur ?
57 Les chronologistes de la chrétienté, ayant commis l’erreur de faire commencer les soixante-dix années de désolation de Jérusalem et du pays de Juda après la troisième année du règne de Jojakim à Jérusalem, décalent d’au moins dix-neuf ans la chronologie de l’histoire et ce faisant ils raccourcissent le cours du temps de ce même nombre d’années. Ils essaient, en effet, de faire concorder le récit biblique avec le canon astronomique de Claude Ptolémée, astronome du deuxième siècle de notre ère, qui vécut à Alexandrie en Égypte, mais dont le système astronomique a depuis longtemps été abandonné. Nous ne suivons pas ces chronologistes dans cette voie.
58, 59. Quelle disposition touchant la royauté en Juda prouve que les soixante-dix années de désolation ne commencèrent pas en 617, et quand devaient-elles commencer ?
58 Après que le roi Jojakin, ses princes, le jeune Daniel et un prêtre nommé Ézéchiel, fils de Buzi, furent déportés à Babylone, onze années devaient s’écouler avant que ne commençât la période de soixante-dix ans, celle de la désolation de Juda (Ézéchiel 1:1-3). Cette période commença après que le dernier roi, Sédécias, oncle de Jojakin, eut été détrôné et que le pays de Juda fut devenu une désolation. En 617 av. notre ère, lorsque Nébucadnetsar mit Sédécias sur le trône de Jérusalem comme roi vassal, il “l’avait fait jurer par le nom de Dieu”. Sédécias avait donc juré de se soumettre fidèlement à Nébucadnetsar, et Jéhovah Dieu considérait ce serment comme étant fait à lui-même (II Chroniques 36:13). À ce sujet, il est dit dans Ézéchiel 17:12-14 (AC) :
59 “Voici que le roi de Babylone est allé à Jérusalem, qu’il a pris son roi [Jojakin] et ses chefs et les a fait venir auprès de lui à Babylone. Puis il a pris un homme de la race royale [Matthania ou Sédécias], a fait alliance avec lui et lui a fait prêter serment ; il avait pris les hommes puissants du pays, pour que le royaume fût tenu dans l’abaissement, sans pouvoir s’élever, observant son alliance pour subsister.”
60. Quelle visite le roi Sédécias rendit-il à Babylone, et devant qui a-t-il pu se présenter ?
60 La quatrième année du roi Sédécias, soit en 614, le prêtre Jérémie écrivit une prophétie annonçant de façon détaillée la chute de Babylone. Cette prophétie disait tout le contraire de ce que le faux prophète Hanania, fils d’Azzur, avait prédit cette même année sur Babylone, disant que Jéhovah Dieu allait briser le joug babylonien de dessus le cou du royaume de Juda, et ramener bientôt de Babylone les captifs et les ustensiles du temple (Jérémie 28:1-4). Cette même année, le roi Sédécias se rendit à Babylone pour des raisons politiques, sans doute pour rassurer Nébucadnetsar, roi de Babylone, en lui apportant personnellement le tribut. Il semble qu’à cette époque-là, le gouverneur de la ville de Babylone était un certain Nabonide, à qui le roi Nébucadnetsar songeait à donner en mariage sa fille préférée, Nitocris, qui portait le même nom que sa mère, la Nitocris égyptiennef. Par conséquent, le roi Sédécias s’est peut-être présenté devant le gouverneur Nabonide ainsi que devant le roi Nébucadnetsar. Pour cette visite officielle, Sédécias se fit accompagner de son intendant général ou grand chambellan Séraja (AC : Saraïas).
61, 62. Par l’intermédiaire de qui, en quels termes et par quel geste Jérémie offrit-il symboliquement à Babylone la coupe de la colère de Jéhovah ?
61 Le prophète Jérémie profita de cette circonstance pour demander à Séraja, fils de Nérija (AC : Nérias), d’emporter le rouleau contenant la prophétie sur la chute de Babylone et de le lire à haute voix dans cette ville. À ce propos, il est écrit :
62 “Ordre donné par Jérémie, le prophète, à Saraïas, fils de Nérias, fils de Maasias, lorsqu’il se rendit à Babylone avec Sédécias, roi de Juda, la quatrième année de son règne. Saraïas était grand chambellan. Jérémie écrivit dans un livre tous les malheurs qui devaient arriver à Babylone, toutes les paroles ci-dessus adressées à Babylone. Et Jérémie dit à Saraïas : Quand tu seras arrivé à Babylone, tu auras soin de faire lecture de ces paroles, et tu diras : ‘Jéhovah, c’est toi qui as dit que ce lieu serait détruit, de telle sorte qu’il n’y habiterait plus personne, ni homme, ni bête, mais qu’il serait une solitude pour toujours [NW : jusqu’à des temps indéfinis].’ Et quand tu auras achevé la lecture de ce livre, tu y attacheras une pierre et tu le lanceras au milieu de l’Euphrate, et tu diras : ‘Ainsi s’abîmera Babylone, et elle ne se relèvera pas du malheur que j’amènerai sur elle ; et ils tomberont épuisés.”’ — Jérémie 51:59-64, AC.
[Notes]
a Dans la liste qu’Asarhaddon dressa des vingt-deux rois tributaires dans le pays de l’Occident, on trouve “Manassé de Juda”. — Am1, tome II, page 440b.
Manassé figure aussi sur une liste des rois tributaires d’Assurbanipal.
b Voir le livre Nabuchodonosor de G. R. Tabouis, éd. de 1931, pages 13-19 et 363. Toutefois, la date de 612 av. notre ère, avancée par cet auteur pour la chute de Ninive, ne s’accorde pas avec notre date de 633.
c Voir la New World Translation of the Hebrew Scriptures, éd. de 1958, tome IV, page 269, Jérémie 25:26, note en bas de page. Cf. aussi l’ouvrage Lexicon for the Old Testament Books de Koehler et Baumgartner, éd. de 1953, tome II, page 1014a.
d En accord avec cette explication, dans ses Antiquités judaïques, livre X, chapitre VI (traduction de Julien Weill), Flavius Josèphe écrit entre autres : “Dans la quatrième année de son règne [celui de Jojakim], le pouvoir en Babylonie passa à un certain Nabuchodonosor (Nabouchodonosoros), qui, dans le même temps, monta en grand appareil vers la ville de Carchémis (Karchamissa), située sur l’Euphrate, dans l’intention de lutter contre Néchao, roi des Égyptiens, lequel dominait toute la Syrie. (...) Puis, dans la quatrième année du règne de Nabuchodonosor, qui était la huitième de Joakim, roi des Hébreux, le Babylonien marcha avec de grandes forces contre les Juifs, exigeant des tributs de Joakim sous menace de guerre. Celui-ci, effrayé de cette menace, acheta la paix à prix d’argent et lui paya les tributs imposés, durant trois ans.
“La troisième année, ayant appris que les Égyptiens partaient en campagne contre le Babylonien, il lui refusa le tribut, mais il fut trompé dans son espoir, car les Égyptiens n’osèrent pas effectuer leur expédition. (...)
“Peu de temps après, le roi des Babyloniens ayant fait campagne contre lui, Joakim le reçoit (...). Mais le Babylonien, (...) établit le fils de celui-ci, [Jojakin] (...), comme roi du pays et de la ville. Quant aux principaux du peuple, au nombre de trois mille, il les retint prisonniers et les emmena à Babylone : parmi eux se trouvait aussi le prophète Ézéchiel, encore enfant. Telle fut la fin du roi Joakim, qui avait vécu trente-six ans et régné onze ans. Son successeur au trône, [Jojakin] (...), régna trois mois et dix jours.”
e Dans Jérémie 52:28 (AC) nous lisons : “Voici le nombre des hommes que Nabuchodonosor transporta : la septième année, trois mille vingt-trois hommes de Juda.” On peut comprendre que cette “septième année” signifie la septième année après celle de sa victoire sur le pharaon Néchao à Carkémisch, en 625 av. notre ère, car après cette victoire, toute la Palestine fut à la merci de Nébucadnetsar. Sur les événements qui suivirent, nous apprenons dans II Rois 24:7 (AC) : “Le roi d’Égypte ne sortit plus de son pays ; car le roi de Babylone avait pris tout ce qui était au roi d’Égypte depuis le torrent d’Égypte jusqu’au fleuve de l’Euphrate.”
Par suite, on peut considérer que le règne de Nébucadnetsar en tant que roi de Babylone menaçant Jérusalem et Juda commença en 624, soit l’année qui suivit sa victoire sur le pharaon Néchao à Carkémisch. De ce point de vue-là, la “septième année” mentionnée dans Jérémie 52:28 se situerait en 618/617 av. notre ère, qui correspond à la onzième année du règne de Jojakim, roi de Jérusalem. En revanche, en comptant depuis le début véritable de son règne à Babylone, l’année 618/617 serait la “huitième année” du règne de Nébucadnetsar (II Rois 24:12). En réalité, donc, ce fut au cours de la huitième année de son règne à Babylone qu’il emmena en exil les 3 023 Juifs, sans compter évidemment leurs femmes et leurs enfants, dont le nombre s’élevait à plusieurs milliers. — II Rois 24:14-16.
Parallèlement à ce qui précède, la “dix-huitième” année de Nébucadnetsar dont il est question dans Jérémie 52:29 désignerait la “dix-huitième” année de sa domination sur la Palestine, mais la “dix-neuvième année” de son règne complet à Babylone, ainsi que cela est mentionné dans II Rois 25:8.
f Voir l’ouvrage Nabuchodonosor de G. R. Tabouis, au chapitre intitulé “L’ambassade de Sédécias”, particulièrement les pages 139 à 145.