Chapitre 30
Le modèle des futures assemblées théocratiques
THOMAS: Jean, lors de votre dernière visite, vous nous avez promis de nous parler, la fois suivante, de quelques-unes des grandes assemblées tenues par les témoins de Jéhovah des temps modernes.
JEAN: En effet. Ce sont les assemblées, tenues par les anciens Israélites, qui nous servent de modèle. Ceux-ci avaient reçu l’ordre de s’assembler trois fois par an pour célébrer des fêtes. Or, les témoins de Jéhovah suivent ce modèle depuis plus d’un demi-siècle déjà. C’est ainsi que nous avons eu des assemblées, nationales et internationales, aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde. Je vais commencer par celle de 1946, qui nous a réunis à Cleveland, dans l’Ohio, aux États-Unis. Il s’agit de la première grande assemblée tenue après la Seconde Guerre mondiale et, chose importante, ce fut pour les témoins de Jéhovah le premier grand congrès vraiment international.
THOMAS: Mais qu’en est-il de la question que je vous ai posée au téléphone l’autre jour? Le pasteur de Loïs a dit dimanche dernier que les témoins de Jéhovah se sont dérobés aux obligations militaires pendant la guerre. Est-ce vrai?
JEAN: Ce qui, entre autres, a fait de l’assemblée de Cleveland en 1946 un événement exceptionnel, c’est précisément parce que cette question y fut traitée. Une résolution y a été adoptée à l’unanimité, demandant au président des États-Unis d’amnistier quelque 4 300 témoins de Jéhovah auxquels les bureaux de recrutement et les tribunaux fédéraux avaient refusé de façon illégale de reconnaître les droits, et cela partout aux États-Unis de 1940 à 1946. Cette pétition a été remise au président Truman par un comité comprenant l’avocat général de la Société, un autre avocat et un témoin de Jéhovah qui avait combattu comme officier d’artillerie aux côtés du président Truman au cours de la Première Guerre mondialea.
LOÏS: C’est plutôt exceptionnel que vous ayez été reçus par le président des États-Unis en personne. Cette pétition a-t-elle eu des résultats?
JEAN: Elle a été acceptée. Après quoi, le président Truman a nommé une commission d’amnistie. Celle-ci a entendu certains cas, revu des milliers de condamnations prononcées par les tribunaux et examiné des fiches établies par les bureaux de recrutement. Ensuite, elle a recommandé de gracier quelques témoins. Tenant compte de cette recommandation, le 23 décembre 1947 le président des États-Unis a amnistié seulement une poignée de témoins de Jéhovah. En effet, moins de 150 témoins ont fait l’objet de cette mesure, alors que 1 523 personnes au total ont bénéficié de l’amnistie. Comparativement aux 4 300 témoins de Jéhovah, ce sont les autres groupements religieux, dont seulement 1 000 hommes en tout se trouvaient en prison, qui se sont vu accorder la part du lion dans cette amnistie. Là aussi, les témoins de Jéhovah ont été traités avec discrimination, tout comme par les bureaux de recrutement et les tribunaux fédéraux auparavant. Voici ce que le professeur Cushman, rédacteur consultatif, a déclaré à ce propos dans une étude sur les libertés civiles, publiée par l’Université Cornell:
Six mille objecteurs de conscience ont été envoyés en prison pendant la Seconde Guerre mondiale (plus des deux tiers étaient des témoins de Jéhovah), étant assimilés ainsi à des criminels (...). Les efforts entrepris en vue d’obtenir pour ce groupe [d’hommes] une amnistie générale du président ont échouéb.
THOMAS: D’après vous, les tribunaux auraient donc également fait preuve de discrimination. J’ai toujours cru que leur rôle était d’appliquer la justice. Y a-t-il vraiment eu des entorses à la justice?
JEAN: Certainement, et non seulement de la part des bureaux de recrutement, mais aussi de la part des tribunaux fédéraux. Ce fait a d’ailleurs été mentionné dans de nombreuses publications juridiquesc.
LOÏS: Donnez-nous plus de détails sur ce sujet.
JEAN: Après la promulgation de la loi de recrutement en 1940, le directeur du service du recrutement avait convoqué un représentant des témoins de Jéhovah, pour que nous exposions notre cas devant l’état-major américain avant que celui-ci n’élabore des directives pour toute la nation. Le conseiller juridique des témoins s’est alors présenté devant un comité comprenant le directeur du service du recrutement et des officiers de l’armée. Il leur a exposé l’affaire en détail et leur a montré que tous les témoins de Jéhovah qui ont coutume d’enseigner et de prêcher régulièrement l’évangile sont des ministres. En effet, ce terme avait été utilisé dans la loi de recrutement pour désigner ceux qui étaient exemptés du service militaired. Puis, le 12 juin 1941, le général Hershey, en sa qualité de directeur du service du recrutement, a adressé à tous les officiers de recrutement du pays un mémoire concernant les témoins de Jéhovah. Ce mémoire (amendé par la suite) déclarait en substance ce qui suit:
FAITS: Les témoins de Jéhovah demandent à être exemptés de l’instruction et du service militaires et à être classés dans la catégorie IV-D comme ministres de la religion dûment ordonnés, mentionnés sous section 5 (d), loi de l’instruction et du service militaires de 1940 (...).
Section 5 (d): “Les ministres de la religion, réguliers ou dûment ordonnés, (...) seront exemptés de l’instruction et du service militaires (mais non de l’inscription) conformément à cette loi.” (...)
Question. — Les témoins de Jéhovah peuvent-ils être classés dans la catégorie IV-D comme ministres de la religion réguliers ou dûment ordonnés, lesquels sont exemptés de l’instruction et du service militaires?
Réponse: 1. La Watchtower Bible and Tract Society, Inc., a été enregistrée selon les lois de l’État de New York pour des buts charitables religieux et scientifiques. Les personnes connues sous le nom de témoins de Jéhovah forment un groupement qui n’a pas la personnalité juridique, mais elles ont en commun certaines doctrines et croyances religieuses et reconnaissent comme leur organisation administrative terrestre la Watchtower Bible and Tract Society, Inc. C’est par leur adhésion à l’organisation de cette institution religieuse légale que les témoins de Jéhovah, tout en formant un groupement qui n’a pas la personnalité juridique, sont considérés et reconnus comme constituant une secte religieusee.
Le 3 avril 1943, le général Hershey a adressé son deuxième rapport au président. Ce rapport disait, en partie, ce qui suit concernant la définition que l’état-major national donnait de la vocation de ministres de la religion:
L’application de ce principe fut étendue à des personnes qui n’étaient des ministres ou des prêtres ni au sens strict du terme ni au sens sacerdotal proprement dit. Elle incluait les Frères chrétiens, qui sont des religieux, lesquels vivent dans des communautés à l’écart du monde et se consacrent exclusivement à l’enseignement religieux; les enseignants laïques luthériens, qui se consacrent aussi à l’enseignement, ainsi qu’à la religion; les témoins de Jéhovah, qui vendent leurs livres religieux et répandent ainsi la Parole. Elle inclut les frères laïques des ordres religieux catholiques, et de nombreux groupements qui consacrent leur vie à la propagation de leur religionf.
THOMAS: Eh bien, j’estime que ce texte aurait dû permettre de tirer les choses au clair. Comment se fait-il que 4 300 témoins de Jéhovah aient été envoyés en prison malgré cela?
JEAN: Votre commentaire renferme la réponse, car les choses n’ont pas été tirées au clair par ces déclarations administratives. En fait, seuls quelques-uns se sont vu accorder l’exemption réservée aux ministres de la religion. C’étaient des membres de la famille du Béthel de Brooklyn, ainsi qu’un nombre restreint de pionniers, ceux qui consacraient tout leur temps au ministère et n’avaient pas d’occupation profane. Malgré l’intervention et la protestation de l’avocat de la Société, le général Hershey n’a pas élargi suffisamment le sens de ses déclarations pour apporter aux témoins de Jéhovah une protection suffisante. Celles-ci renfermaient des normes d’orthodoxie religieuse et imposaient une distinction entre le clergé et les laïques, privant ainsi de toute protection légale un vaste groupe de ministres d’entre les témoins de Jéhovah auxquels la loi et les règlements, appliqués avec impartialité, auraient accordé l’exemption. Mais on a atténué et rendu inutiles les parties des mémoires qui étaient favorables aux témoins de Jéhovah. Par conséquent, très peu (peut-être même aucun) d’entre les ministres chargés de la présidence (serviteurs de congrégation) ont été exemptés, à moins d’être pionniers. La plupart des témoins ayant l’âge de recrutement (fixé finalement de 18 à 45 ans pendant la guerre) se sont vu arbitrairement refuser l’exemption par les bureaux locaux de recrutementg. Les Cours d’appel de district ont très peu remédié à cet état de choses. Quant à la Cour d’appel instituée à Washington par le président, elle a révisé si peu de cas, comparativement parlant, que seule une poignée de ceux-ci a été tranchée en faveur des témoins de Jéhovah. C’est ainsi que des milliers de témoins — qui avaient pourtant coutume de participer régulièrement à la prédication de l’évangile — ont reçu l’ordre d’accomplir le service militaire ou bien un service civil comme objecteurs de conscience, tandis que les membres jeunes du clergé, étudiants en théologie et séminaristes d’autres dénominations, ont été autorisés à rester chez euxh. Mais les témoins ont refusé d’obéir aux ordres des bureaux de recrutement en raison de leur attitude de neutralité absolue fondée sur les Écritures.
LOÏS: Qu’est-ce qui s’est produit alors?
JEAN: Ils ont été déférés à la justice, traduits devant les tribunaux fédéraux et envoyés en prison par tous les tribunaux fédéraux de district, ce qui les a identifiés à des criminels. Beaucoup d’entre eux ont été condamnés à la peine maximum de cinq ans de prison, et à une amende de 10 000 dollars. De tous les objecteurs condamnés pour refus de servir, plus des deux tiers ou près des trois quarts étaient témoins de Jéhovahi. C’est ce qui a fait dire à une certaine organisation:
Ce nombre surprenant de prisonniers se compose d’environ deux tiers de témoins de Jéhovah, et tous pratiquement ont demandé à être reconnus comme ministres de l’évangile, statut que les bureaux de recrutement ont cependant refusé de leur accorderj.
LOÏS: La Société n’a-t-elle rien pu faire contre cette carence? L’avocat de la Société n’est-il pas intervenu en justice?
JEAN: En principe, la Société avait chargé son propre avocat de plaider la cause des ministres qui étaient pionniers ou serviteurs de congrégation, et, dans des centaines de cas entre 1941 à 1946, elle a confié cette défense à beaucoup d’autres avocats dans tous les États-Unis.
THOMAS: Quel a été le résultat obtenu dans la plupart de ces cas ainsi traités et pris en main?
JEAN: Quand les témoins se présentaient devant les tribunaux fédéraux et que leurs avocats les défendaient, on dressait devant eux un mur d’opposition que rien ne pouvait renverser. Les procureurs du gouvernement se retranchaient derrière l’argument selon lequel les témoins de Jéhovah n’avaient aucun droit légal de venir présenter une défense. Les bureaux de recrutement leur avaient donné l’ordre, en bonne et due forme, de se présenter et d’accomplir leur service dans l’armée ou dans des camps de travail prévus pour les objecteurs de conscience, mais ils avaient refusé d’y obéir. Les procureurs soutenaient que les témoins de Jéhovah devaient aller à l’armée, revêtir d’abord l’uniforme et qu’ils pourraient ensuite demander aux tribunaux fédéraux de leur venir en aide. Alors, et seulement alors, déclaraient les procureurs du gouvernement devant les cours de justice dans ces milliers de cas, les juges fédéraux pourraient examiner cette question. Vous comprenez à présent qu’on mettait les témoins dans une situation vraiment difficile, et que c’était un cercle vicieux: ou bien ils reniaient leur foi en Jéhovah et acceptaient de faire des compromis dans l’espoir que les tribunaux les écoutent sans partialité, mais ils perdraient ainsi leur vie, ou bien ils maintenaient une neutralité absolue, ce qui les menait en prison. Voilà pourquoi un juriste a pu dire au sujet de cette règle qu’elle était
(...) très dure, d’autant plus qu’elle empêchait un objecteur de conscience d’obtenir une révision judiciaire de son cas, à moins de se laisser incorporer dans l’armée, où il s’exposait à l’ignominie et au mépris des militaires et où il aurait à comparaître devant la cour martiale, ce qui pouvait mener à un emprisonnement illimité ou même à la peine de mortk.
LOÏS: Quelle argumentation extraordinaire pour des procureurs! Est-ce que les juges admettaient qu’on vous refuse, d’une façon si déraisonnable, le droit de vous défendre devant la justice?
JEAN: Oui, hélas! Chose étonnante, les juges fédéraux partageaient tout à fait cet avis. Quant à l’avocat de la Société, il affirmait que les témoins avaient le droit de se défendre devant la justice tout en gardant leur neutralité. Il insistait sur le fait que c’étaient les bureaux de recrutement qui enfreignaient la loi (en classant les témoins de Jéhovah d’une manière illégale) et non pas les témoins de Jéhovah (en refusant d’obéir aux ordres illégaux donnés par les bureaux de recrutement). Dans les nombreux cas dont il s’est occupé entre 1941 et 1946, notre avocat a pris pour argument que la Constitution des États-Unis garantit à chacun le droit de se défendre s’il est accusé de quoi que ce soit. Il a souligné maintes et maintes fois que le gouvernement, qui dressait des actes d’accusation contre les témoins de Jéhovah, ne pouvait pas invoquer la loi pour justifier leur validité si les ordres donnés par les bureaux de recrutement se trouvant à l’origine de ces actes étaient nuls par suite de classifications illégales. L’avocat de la Société faisait valoir qu’on appliquait aux témoins de Jéhovah (en leur refusant le droit de se défendre devant la justice) un procédé analogue à ceux pratiqués autrefois, c’est-à-dire l’ordalie, la mort civile ou encore la chambre étoiléel. Du moins cela équivalait à un refus d’appliquer dans les tribunaux américains les principes fondamentaux d’impartialité et, toujours d’après lui, cela ne constituait donc rien de moins qu’un refus de respecter la procédure légale pourtant garantie par la constitution du paysa.
LOÏS: Ce raisonnement me paraît valable. Mais que se passait-il quand les juges fédéraux rejetaient cette argumentation? Que faisaient les Cours d’appel? Et surtout, qu’a fait la Cour suprême?
JEAN: Dix d’entre les Cours d’appel fédérales ont suivi cette même voie, tracée par les tribunaux de district. Elles ont refusé d’écouter la défense en prétextant que les témoins devaient d’abord obéir aux ordres, les obligeant ainsi à violer leur intégrité, pour obtenir que la cour tienne audienceb. Dans l’affaire Falbo, toute cette querelle juridique a atteint son point culminant lorsque (le 3 janvier 1944) la Cour suprême a jeté tout son poids dans la balance en refusant son aide aux témoins de Jéhovahc. Seul le juge Murphy a émis un avis contraire, favorable aux arguments de l’avocat qui défendait les témoins de Jéhovah.
THOMAS: Et qu’a déclaré le juge Murphy?
JEAN: Je vais vous lire un extrait de son avis qui était contraire à celui des autres juges de la Cour suprême:
Le bon sens et la justice réclament que tout citoyen accusé d’un crime quelconque soit entendu de la façon la plus complète possible, outre qu’il doit avoir l’occasion de présenter toute défense raisonnable. Seule une jurisprudence non éclairée condamne une personne sans lui accorder ces droits-là. Pareil refus est spécialement accablant là où l’audience complète de l’affaire pourrait révéler que la mesure administrative se trouvant à l’origine des poursuites judiciaires est le produit d’émotions excessives dues à la guerre. L’expérience prouve que, en temps de guerre, les libertés individuelles ne sont pas toujours à l’abri de la discrétion incontrôlée de l’administration (...).
Enfin, la poursuite efficace de la guerre n’exige en aucune façon qu’on refuse au requérant de l’entendre complètement dans la présente affaire. (...)
Qu’une personne languisse en prison pendant cinq ans sans se voir accorder l’occasion de prouver que les poursuites judiciaires intentées contre elle étaient fondées sur une mesure administrative arbitraire et illégale, voilà qui ne s’accorde pas avec le niveau élevé de notre système judiciaire. (...) La loi ne connaît pas de moments plus nobles que lorsqu’elle tranche dans des concepts formels et des émotions transitoires, pour protéger des citoyens impopulaires contre la discrimination et la persécution. Quant à moi, je ne conçois pas que la loi puisse suivre une autre voie dans la présente affaired.
Or, les huit autres juges ont refusé de partager l’avis du juge Murphy et ont décidé que les témoins de Jéhovah n’avaient pas le droit de présenter une défense dans des cas semblables à celui de Falbo, et c’est ainsi que le défilé des condamnations s’est poursuivi. Dans de nombreuses cours fédérales, il y a eu des spectacles impressionnants. Écoutez ce que racontent les auteurs d’un livre déjà cité, en parlant des procès collectifs faits aux témoins de Jéhovah:
(...) En effet, à mesure que la guerre devenait plus acharnée et totale et que le nombre des cas provenant du service du recrutement augmentait, bien des juges estimaient qu’il valait mieux laisser s’accumuler les nombreuses audiences impliquant les objecteurs de conscience, notamment les témoins de Jéhovah. Quand leur nombre était suffisamment grand, le juge tenait une audience collective et liquidait les cas par fournée de trente ou de quarante à la foise.
THOMAS: Est-ce que les témoins de Jéhovah et la Société ont abandonné la lutte après ce coup de grâce porté contre le droit à une audience impartiale devant les tribunaux?
JEAN: Non, ils n’ont pas abandonné la partie pour autant. Dans de nombreux autres cas, l’avocat de la Société a tout fait pour renverser les obstacles. Ainsi, dans deux cas, les témoins de Jéhovah avaient donné suite aux conditions d’appel jusqu’au bout, et ils s’étaient même présentés devant l’officier du centre d’incorporation. Mais arrivés à ce point, les témoins Smith et Estep, l’un domicilié dans la Caroline du Sud et l’autre en Pennsylvanie, ont refusé de se laisser incorporer dans l’armée. Ils ont donc été déférés à la justice, et leurs condamnations ont été confirmées séparément par deux Cours d’appel distinctes qui ont déclaré toute défense inadmissible. Ensuite, les deux cas ont été portés en même temps devant la Cour suprême. Cependant, la guerre a pris fin entre-temps. Le 4 février 1946, la Cour suprême s’est prononcée en faveur des témoins de Jéhovah, arrivant à la conclusion que tous les tribunaux fédéraux inférieurs des États-Unis avaient eu tort de refuser aux témoins de Jéhovah le droit à une audience impartiale, et d’affirmer que ceux-ci devaient faire des compromis au détriment de leur neutralité et entrer dans l’armée avant de pouvoir se défendre devant la justice. De plus, cette même Cour a conclu que les témoins pouvaient démontrer que les ordres des bureaux de recrutement étaient entachés d’invalidité, parce que ces bureaux avaient enfreint la loi et les règlements de recrutement en refusant de les classer parmi les ministres, à l’encontre des faitsf.
Plus tard, dans la même année (le 23 décembre 1946), la Cour suprême a élargi le sens de la loi, de manière à permettre la défense devant les tribunaux à des témoins de Jéhovah accusés de ne s’être pas présentés dans un camp pour objecteurs de conscience ou de n’être pas restés dans un tel camp après l’appel. Il en a été ainsi dans les affaires Gibson et Dodezg.
LOÏS: Après que la Cour suprême eut éclairé le sens de la loi dans de tels cas et redressé la situation créée par les tribunaux fédéraux inférieurs qui avaient refusé toute défense devant la justice, n’a-t-on rien fait pour réparer les torts causés aux 4 300 témoins qui furent incarcérés et frappés d’amendes pendant la guerre?
JEAN: Eh bien, comme je l’ai dit il y a un petit moment, le seul remède possible était d’en appeler au président des États-Unis, chose qui a été faite par le comité représentant les témoins de Jéhovah à la suite de la résolution adoptée par le grand congrès de Cleveland, en 1946. Or, le président et sa commission d’amnistie ont tout simplement glissé sur cette affaire en graciant un minimum de témoins de Jéhovah, environ 136, et en traitant avec discrimination tous les autres, comme je vous l’ai expliqué tout à l’heureh.
LOÏS: Quel a été le sort de ces 4 300 hommes tandis qu’ils étaient en prison?
JEAN: Ils ne présentaient pas un gros problème pour leurs gardiens, car leur conduite était exemplaire. Comme ils étaient très nombreux à être envoyés en prison, il a fallu agrandir les prisons fédérales et même, dans un certain nombre de cas, construire des établissements entièrement nouveaux. Pendant leur détention, les témoins n’ont toutefois pas gaspillé les heures où ils n’étaient pas occupés par les travaux de la prison. On leur a permis d’avoir des études portant sur la Bible et d’autres écrits publiés par la Société, et ils n’ont pas manqué non plus de bien profiter de leurs heures de loisir pour améliorer leur culture générale. À intervalles réguliers, ils étaient autorisés à recevoir la visite de ministres spéciaux venant du siège de la Société pour les aider sur le plan spirituel. D’ailleurs, l’intégrité de ces hommes a fait l’objet de rapports officiels, et le courage qu’ils ont manifesté en défendant les principes de neutralité absolue a servi à fortifier un grand nombre de leurs frères qui n’ont pas eu de démêlés avec la loi de recrutementi.
Est-ce que ces détails répondent suffisamment à votre question, Thomas, à propos de ce que le pasteur de Loïs a dit contre les témoins de Jéhovah?
THOMAS: Oui, en partie, Jean. Mais il y a encore autre chose qui préoccupe mon esprit. Les témoins de Jéhovah ont-ils dû renoncer définitivement à se faire reconnaître comme ministres?
JEAN: Pas du tout! L’avenir allait montrer que la longue lutte menée par les témoins de Jéhovah pour obtenir, eux aussi, le statut de ministres de la religion ne faisait que commencer. Bien entendu, il fallait d’abord gagner la bataille qu’ils avaient livrée pendant plusieurs années pour avoir le droit de se défendre devant la justice. Mais il était alors trop tard pour que soient classés parmi les ministres les 4 300 hommes envoyés en prison de 1941 à 1946. Les bureaux de recrutement en avaient terminé avec eux, et les tribunaux aussi, mais la loi de recrutement n’a pas été abrogée avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme on pourrait le croire. Au contraire, en 1948, le Congrès a remis en vigueur la loi de recrutement en votant la loi du service militaire de 1948. Plus tard, en 1951, celle-ci a reçu le nom qu’elle porte actuellement: loi universelle d’instruction et de service militaires. De 1948 à ce jour, la lutte juridique s’est poursuivie à l’échelle nationale devant les tribunaux fédéraux, entre les témoins de Jéhovah d’une part et les bureaux de recrutement, le service du recrutement et le ministère de la Justice de l’autre, pour savoir s’il y a des témoins de Jéhovah qui ont le droit d’être classés parmi les ministres de la religion et, si oui, lesquels d’entre eux remplissent ces conditions.
LOÏS: Je suis curieuse de savoir ce que vous avez à nous dire à ce sujet.
JEAN: Finalement, les témoins de Jéhovah ont réussi dans un grand nombre de cas à faire reconnaître par les tribunaux qu’ils sont des ministres qui ont droit à l’exemption du service militaire. Mais ce résultat n’a pas été obtenu facilement, ni immédiatement.
THOMAS: Voulez-vous dire par là que les témoins ont eu à se battre de nouveau pour cette question devant les tribunaux de tout le pays, comme pour le droit de se défendre devant la justice?
JEAN: Oui, effectivement. L’avocat des témoins de Jéhovah suivait les directives de la Société en assumant lui-même ou en orientant la défense des pionniers, ou ministres à plein temps, et des serviteurs de congrégation faisant l’objet de poursuites judiciaires, et cela dans tout le pays, en invoquant le statut de ministres et en attaquant leur classification par les bureaux de recrutement comme une entorse aux faits. Un précédent venait appuyer cet argument. En effet, il s’agissait d’un cas porté devant la Cour d’appel de Chicago, qui avait déclaré:
(...) Peu importe ce qu’un bureau de recrutement ou un tribunal, ou encore une personne compétente en cette matière, peuvent penser d’eux. Le fait est que le service du recrutement les a reconnus comme étant une organisation religieuse et qu’ils ont droit au même traitement que celui dont jouissent les membres de toute autre organisation religieuse. (...)
(...) Nous doutons fort qu’il y ait eu une raison quelconque justifiant le refus du Bureau de classer l’intéressé dès l’origine dans la catégorie 4-D. Quoi que l’on pense, toutefois, de la mesure originale prise par le Bureau sous ce rapport, aucun doute n’est permis quant à la preuve subséquente qui démontre d’une façon concluante que l’intéressé avait droit à une telle classificationj.
THOMAS: Voilà qui me semble logique. Pourquoi les autres tribunaux n’ont-ils pas suivi cet exemple?
JEAN: C’est que les procureurs du gouvernement ont argué partout aux États-Unis, malgré le jugement rendu dans l’affaire Hull, que même si les pionniers étaient des ministres à plein temps, ils n’avaient pas droit à l’exemption parce qu’ils ne possédaient pas de congrégations fixes. Et quand il s’agissait des serviteurs de congrégation, ces mêmes procureurs soutenaient que ceux-ci n’avaient pas droit à l’exemption parce que leurs congrégations ne se composaient pas de laïques mais de témoins de Jéhovah. Leurs arguments n’ont pas pu être battus en brèche ni ruinés avant l’affaire Dickinson que la Cour suprême a tranchée le 30 novembre 1953. Or, Dickinson était serviteur de congrégation et pionnier. Il consacrait cinq heures par semaine à un travail profane pour subvenir à ses besoins, tout en accomplissant son ministère. La Cour suprême est arrivée à la conclusion que le ministère était la vocation de Dickinson et qu’il n’avait pas besoin d’une congrégation fixe de laïques. Il avait droit à l’exemption, d’après elle, quoiqu’il consacrât la plus grande partie de son temps à la prédication de porte en porte et au ministère du champ au domicile des gens, plutôt que de prêcher du haut d’une chaire. L’exemption en qualité de ministre ne lui a pas non plus été refusée quoiqu’il présidât une congrégation de ministres. Voici l’un des passages les plus intéressants de l’avis émis par la majorité des juges composant la Cour suprême:
Nous estimons que M. Dickinson est un cas qui remplit les critères du statut. Il a été ordonné selon les rites de sa secte et, compte tenu des preuves apportées ici, il remplit la condition essentielle qui consiste à enseigner et à prêcher, comme vocation, les principes de sa secte, et à conduire le culte public selon la tradition de sa religion. Que l’ordination, les doctrines ou la façon de prêcher de sa secte divergent de ce qui est reconnu orthodoxe et traditionnel, cela ne nous concerne pas; il va sans dire que ledit statut ne prétend pas imposer une preuve d’orthodoxiek.
LOÏS: Ainsi donc, après tant d’années, la Cour suprême a quand même fini par déclarer qu’un des témoins de Jéhovah était ministre! Ce fut une grande victoire, mais qui est arrivée un peu tard, n’est-ce pas?
JEAN: Vous avez raison. Ce fut le cas qui a vraiment balayé une bonne partie des préjugés que les bureaux de recrutement, le ministère de la Justice et les tribunaux manifestaient à l’égard des témoins de Jéhovah. Les tribunaux fédéraux inférieurs se sont mis, après cela, à suivre cet exemple. Ils ont reconnu le bien-fondé de cet arrêt et en ont appliqué les principes.
Dans l’affaire Olvera, le juge Hutcheson, président de la Cour d’appel de la Nouvelle-Orléans (États-Unis), étant d’accord avec les arguments présentés par l’avocat qui défendait les témoins de Jéhovah, a fait la déclaration suivante que je vais vous lire en partie:
Lorsque tout a été dit et fait, il n’en demeure pas moins vrai que ce qui est mis en question dans ces cas et dans d’autres analogues, c’est la conciliation de la loi avec la liberté, chose qui différencie un gouvernement régi par des lois d’un autre dirigé par des hommes. C’est pourquoi, dans l’interprétation et l’application de la loi de l’instruction et du service militaires dans les cas où il s’agit d’objecteurs de conscience, il faut garder présentes à l’esprit les choses suivantes: 1) le statut en voie d’élaboration est un statut de liberté religieuse; 2) le sang des martyrs est la semence de l’Église; et 3) la liberté et la loi doivent marcher la main dans la main; aucune des deux ne doit aller plus vite que l’autrel.
THOMAS: Ce qui m’étonne, c’est qu’on dise que la loi de recrutement renferme une déclaration des droits de l’objecteur de conscience.
JEAN: Mais oui. D’ailleurs, une quantité d’autres décisions, rendues dans diverses parties du pays, le prouvent effectivement. Maintes fois les tribunaux ont déclaré que les témoins de Jéhovah ont droit au même traitement que celui dont jouit le clergé des grandes organisations religieuses. J’ai ici tout un tas de copies imprimées qui reproduisent de telles décisions. Et voici une liste où j’ai réuni plus d’une trentaine d’avis exprimés par les tribunaux de première instance et des Cours d’appel, tous favorables aux témoins de Jéhovah et qui font tous savoir qu’on ne peut pas priver de l’exemption un pionnier ou ministre à plein temps parce qu’il subvient à ses propres besoins par un travail profane à temps partiel.
Voici en quels termes l’une des Cours d’appel a répondu à la fausse accusation d’après laquelle les témoins de Jéhovah n’ont pas une instruction conventionnelle suffisante pour bénéficier de l’exemption:
(...) Ladite loi n’impose pas aux ministres de fournir la preuve de leur érudition. Quelques-uns d’entre les plus grands ministres de la religion, dont les apôtres de Jésus-Christ, étaient des hommes sans instructiona.
D’après la Cour d’appel des États-Unis pour la cinquième circonscription, la véritable difficulté à laquelle se heurtaient quelques bureaux de recrutement, c’est qu’ils
(...) cherchaient à modeler un pionnier, ministre ordonné des témoins de Jéhovah, pour le faire entrer dans la camisole de force orthodoxe des ministres d’une Église dite orthodoxe, en dépit du fait qu’il est impossible de faire entrer dans les vêtements de l’orthodoxie un pionnier qui est ministre des témoins de Jéhovah (...)b.
La même Cour d’appel a tranché l’affaire Wiggins le 26 novembre 1958. Wiggins, qui n’était pas ministre à plein temps mais serviteur à l’étude de livre dans une congrégation, subvenait à ses besoins par un travail profane. Il avait dû comparaître devant la Cour de district des États-Unis pour le district méridional de l’Alabama. Celle-ci l’avait condamné pour refus d’accomplir un service civil, auquel il avait été assujetti après sa classification comme objecteur de conscience au lieu de celle de ministre. À la suite de son pourvoi en appel, la cour a annulé cette condamnation, estimant qu’elle se voyait “dans l’obligation de reconnaître que M. Wiggins constituait un cas qui, de prime abord, paraissait bien fondé, et que le bureau n’avait pas de raison pour lui refuser l’exemption comme ministre”. Sur ce, le sous-secrétaire à la Justice des États-Unis a déposé un recours en cassation auprès de la Cour suprême du pays pour obtenir la révision et l’annulation de cet arrêt prononcé par ladite Cour d’appel. Cependant, la Cour suprême a rejeté ce recours, laissant ainsi inchangé le jugement reconnaissant que Wiggins était effectivement un ministrec.
LOÏS: Jean, vous nous avez fourni la preuve que les témoins de Jéhovah, tout en étant différents de mon pasteur, ont devant la loi les mêmes droits que lui de se faire exempter du service militaire.
JEAN: C’est tout à fait exact, Loïs. Et je pourrais vous en parler encore plus longuement, car les tribunaux fédéraux ont prononcé plus de 150 jugements dans lesquels ils ont dégagé les témoins de toute accusation d’assujettissement à la loi de recrutement. Quand vous m’avez dit l’autre jour que vous voudriez que je réponde au pasteur qui accusait les témoins de Jéhovah de s’être dérobés aux obligations militaires, je me suis mis à rechercher un tas de renseignements. C’est ainsi que j’ai ici une quantité d’autres cas, des journaux, des revues juridiques et d’autres publications pour prouver que son assertion est fausse. Car contrairement à ce qu’il avance, et comme le juge Hutcheson l’a formulé dans le jugement rendu dans l’affaire Olvera que nous avons lu tout à l’heure, les témoins de Jéhovah ont su démontrer qu’ils ont en eux le sang de martyrs et, chose plus importante encore, c’est grâce à l’esprit de Jéhovah qui repose sur eux qu’ils ont pu rester fermes pendant tant d’années et résister au flot de décisions illégales et hostiles qui les privaient du droit à un jugement impartial et qui entraînaient pour nombre d’entre eux de longues peines de prison. Mais finalement ils ont été réhabilités par la puissance de Jéhovah, et le jour est venu où ils se sont vu accorder le droit de se défendre à leur tour devant la justice, si bien qu’il y a maintenant de nombreux ministres aux États-Unis d’Amérique qui ont été déclarés exempts de tout service militaire.
LOÏS: Est-ce que cela met un point final à votre récit des cas se rapportant à la loi de recrutement aux États-Unis?
JEAN: Presque, mais il y a encore trois cas importants que la Cour suprême a tranchés favorablement le 14 mars 1955. Dans l’un d’eux, le ministère de la Justice avait recommandé de ne pas reconnaître un certain témoin de Jéhovah comme objecteur de conscience, parce que celui-ci affirmait, comme tous les témoins, que les guerres mentionnées dans la Bible étaient théocratiques et qu’il croyait à la légitime défense. La Cour suprême a estimé que cette recommandation était contraire à la loi, et qu’il fallait casser la condamnation qui avait été prononcée sur la base de l’ordre donné à la suite de cette recommandationd. Par les cas qu’elle a tranchés ce jour-là, elle a déclaré nuls certains règlements élaborés par le service du recrutement et le ministère de la Justice, car ceux-ci refusaient aux objecteurs de conscience le droit de se défendre devant la justice et d’être jugés avec impartialitée. Cette décision a eu pour effet que des dizaines et des dizaines de cas pendants ont dû être classésf.
Les témoins de Jéhovah ont été outragés avec acharnement pendant de nombreuses années. Le noyau même de leur organisation, c’est-à-dire le siège international qui se trouve pourtant aux États-Unis, a été accusé de subversion, et partout dans ce pays, aussi bien pendant qu’après la Première et la Seconde Guerre mondiale, les témoins de Jéhovah ont été stigmatisés à la suite de la publicité faite autour de ces condamnations qu’ils subissaient à cause de la loi de recrutement. Ainsi, bien des sympathisants se sont laissé détourner du message de la bonne nouvelle en voyant que les témoins étaient de plus en plus exposés aux préjugés et à la discriminationg. Mais les témoins de Jéhovah ont maintenu fermement leur position biblique de stricte neutralité, tout comme l’Église chrétienne primitiveh, se consacrant activement à la prédication de la bonne nouvelle.
Puis Jéhovah a poussé les hautes cours de justice des États-Unis à admettre que ses témoins n’ont jamais cherché à se dérober aux obligations militaires. Ceux-ci sont des ministres de Dieu qui se consacrent activement, sur toute la terre, à la prédication d’un ordre de choses nouveau où régnera la justice et dont la venue est proche. Bien des membres du clergé et de nombreuses personnalités éminentes se sont réjouis en voyant et en apprenant que les témoins avaient tant d’ennuis à cause de la loi de recrutement. En fait, ils ont encore jeté de l’huile sur le feu de la persécution en nous faisant passer pour des gens qui se dérobent aux obligations militaires, en quoi ils ont agi comme leurs homologues des temps anciens décrits par Zacharie (Zach. 1:15). Or, si les tribunaux eux-mêmes ont fini par les laver de cette odieuse accusation, c’est parce que les témoins de Jéhovah n’ont pas renoncé à lutter pour le droit de prêcher malgré l’interdiction du gouvernement et quoique les bureaux de recrutement, composés de leurs soi-disant “prochains”, ainsi que certains hauts fonctionnaires ou même des présidents, sans parler de la presque totalité des juges fédéraux pourtant hautement respectés, les aient publiquement couverts de reproches et de honte.
Certes, l’action tardive de la Cour suprême dans l’affaire Dickinsoni n’a pas manqué de faire date en jurisprudence et de déclencher une réaction en chaîne ayant pour effet un grand nombre de décisions légales favorables qui accordaient aux témoins de Jéhovah l’exemption comme ministres. Et parmi le public en général, cela a effacé dans une large mesure l’opprobre dont l’organisation avait été couverte. La société du monde nouveau des ministres de Jéhovah est sortie de ces démêlés non pas comme une organisation religieuse réprouvée ou mise hors la loi, comme certains cherchent encore faussement à le faire croire, mais elle occupe maintenant la même haute position légale, garantie par la Constitution des États-Unis, que la plupart des religions dites orthodoxes. Quant à ses ministres, ils ont été réhabilités devant la loi de recrutement, et ils bénéficient à présent de la même exemption que celle accordée aux membres du clergé qui passe pour orthodoxe.
À l’extérieur des États-Unis, la situation est encore différente. Beaucoup d’entre nos frères voués d’Europe ou d’autres parties du monde se sont efforcés de prouver leur droit à l’exemption du service militaire comme ministres chrétiens, mais les lois de leur pays ne prévoient pas l’exemption des ministres de la religion. Ils ont donc eu à souffrir à cause de leur refus d’agir à l’encontre des obligations qu’ils doivent assumer envers le Dieu très-haut en tant que ses ministres ordonnés. Prenons l’exemple de la Suède. Jusqu’en 1966, si, dans ce pays, un de nos ministres prenait position pour la neutralité chrétienne à l’égard de ce monde, on l’envoyait en prison, où il devait purger sa peine. À sa sortie de prison, il reprenait son activité ministérielle jusqu’au prochain appel sous les drapeaux. Et parce qu’il refusait tout compromis dans le domaine de la neutralité enseignée par le Christ, on le renvoyait en prison, où il purgeait sa nouvelle peine. Après quoi, ce procédé se répétait pour lui cinq, six ou sept fois, ou même davantage. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était d’affirmer et de réaffirmer sa position devant les autorités du pays, puis d’écouter le verdict lui faisant connaître la peine à laquelle il était condamné.
Vous voyez donc qu’aux États-Unis la loi tient compte des ministres ordonnés, et c’est pourquoi les témoins de Jéhovah de ce pays étaient pleinement dans leur droit de prouver par les Écritures, et dans les limites de la loi, qu’ils sont vraiment des ministres ordonnés dignes d’être dispensés du service militaire.
THOMAS: En tout cas, je ne m’étais jamais rendu compte jusqu’à présent que les témoins vivant ailleurs qu’aux États-Unis ont eu de grandes difficultés et qu’ils ont certainement souffert plus que dans ce pays. Il leur fallait, sans aucun doute, avoir une grande foi en Dieu et un attachement indéfectible à sa cause pour adopter une telle position biblique dans cette question et vouloir garder ainsi leur intégrité chrétienne à l’exemple de leur Chef Jésus.
PROBLÈMES POSÉS PAR LES CONGRÈS
À présent, nous voudrions en savoir davantage sur le congrès de 1946. Si j’avais à donner mon avis, je dirais que les assemblées tenues par les témoins de Jéhovah ont joué un rôle important dans l’accroissement et le développement enregistrés par l’organisation.
JEAN: C’est tout à fait vrai. Elles ont répondu à plusieurs besoins: celui de se trouver en compagnie d’autres frères dans la foi, celui de permettre à l’organisation et à chacun des frères d’acquérir une vue plus large des choses, et celui de leur apporter le stimulant spirituel nécessaire à l’accomplissement d’œuvres de foi plus grandes et à la pratique du vrai culte. Avant 1918, les assemblées annuelles avaient un caractère plutôt local, et aucune d’elles n’a jamais réuni plus de 4 000 personnesj. De 1919 à 1937, une seule assemblée, tenue dans un même endroit, a atteint le chiffre record de 30 000 personnes. C’était aux États-Unis, à Columbus, dans l’Ohio, le dimanche 19 septembre 1937, lors de la conférence publique ayant pour thème “Sécuriték”.
En ce temps-là, les assemblées revêtaient un caractère international restreint, car peu de frères pouvaient se rendre aux États-Unis pour y assister. Il en a été de même à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, soit de 1938 à 1944, époque à laquelle des congrès se sont tenus simultanément dans plusieurs villes situées dans des pays de langue anglaise, et qui étaient reliées entre elles par fil direct ou par radio. De cette façon, les témoins ont pu se rassembler sur le plan international, du moins pour les principaux discours, mais sans qu’il y ait échange de communications entre les délégués respectifs venus assister à ces rassemblements fort éloignés les uns des autres. Le plus grand de tous ces congrès, compte tenu de l’assistance, a été celui de 1938 qui a réuni cinquante villes, Londres étant la ville clé. À cette occasion, l’assistance totale à la conférence publique a été de 150 000 personnesl.
On a acquis une grande expérience dans la préparation et la mise sur pied des congrès, surtout en 1941 à Saint Louis, dans le Missouri, et en 1942, à Cleveland, dans l’Ohio (États-Unis). En effet, c’est le plein succès de ces assemblées qui a permis d’envisager quelque chose de bien plus vaste encore pour le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aussi a-t-on projeté d’organiser un congrès vraiment international permettant de rassembler dans un même lieu central des délégués venus de toutes les parties du monde. Il a eu lieu à Cleveland, dans l’Ohio, du 4 au 11 août 1946, sous le thème “Assemblée théocratique des nations joyeuses”. À cet effet, la Société a loué le stade municipal de la ville, les terrains autour de celui-ci et la salle communale contiguë. Quant aux délégués, ils sont venus de trente-deux pays autres que les États-Unis, ainsi que de chacun des États de ce pays. La plus forte assistance à ce congrès a été dénombrée le dernier jour, le dimanche, lorsque 80 000 personnes se serraient dans le stade pour écouter le discours “Le Prince de la Paix”, prononcé par le président de la Société.
Réunir en un seul endroit un si grand nombre de personnes pendant huit jours de culte chrétien, cela ne va pas sans poser beaucoup de problèmes. Bien entendu, le plus gros problème a été celui du logement. Avec les années, les frères avaient élaboré une méthode efficace qui a toutefois été mise à rude épreuve à Buffalo, dans l’État de New York, en 1944, parce que toutes les chambres d’hôtel disponibles étaient occupées par un congrès de la Légion américaine qui tenait ses assises en même temps que notre assemblée. Il s’agissait alors de trouver la plupart des logements chez les particuliers et, pour cette raison, il a fallu aller de maison en maison et faire toute la ville jusqu’à six fois, ce qui n’a pas manqué de pousser à la dernière limite l’organisation du service du logement et ses possibilités. Et pourtant, les résultats ont été encourageants, non seulement par le nombre des logements ainsi obtenus, mais aussi par l’intérêt suscité parmi les gens qui ont accepté de loger des témoinsa.
Cette méthode de recherche de logements a encore été perfectionnée en 1946, si bien qu’elle a pu servir de modèle à toutes les assemblées nationales et internationales tenues par la suite. Ainsi, pendant des semaines avant une telle assemblée, des dizaines de pionniers et tous les frères de la congrégation locale faisaient des visites de maison en maison et s’adressaient aux hôtels pour retenir les logements nécessaires.
DES INNOVATIONS DANS LE DOMAINE DU LOGEMENT ET DES REPAS
Une autre forme de logement a été introduite lors de ce congrès. En effet, un terrain a été aménagé pour recevoir des caravanes et des tentes. Déjà aux assemblées antérieures tenues en 1937 à Columbus et en 1941 à Saint Louis, de nombreux témoins américains et canadiens avaient apprécié ce mode de logement et l’avaient trouvé peu coûteux. C’est pourquoi on a loué, pour la durée du congrès de Cleveland, de vastes champs situés aux abords de la ville. Une véritable “cité” y a été aménagée, avec des rues et des parcelles assez grandes pour l’érection de tentes ou le parcage de caravanes. Des installations sanitaires, de l’eau, plus de seize kilomètres de câbles électriques et un certain nombre de constructions, voilà ce qu’il fallait à cette communauté de 20 000 témoins arrivés du jour au lendemain pour la durée de l’assemblée. La surveillance de la circulation et l’administration de cette “cité” étaient entre les mains d’une équipe de 550 témoins, tous volontaires, qui faisaient marcher tout cet ensemble conformément aux prescriptions gouvernementales sur la santé publique en vigueur dans le comté. Ce “camp de caravanes” a même été équipé d’une installation de sonorisation, de sorte que tout le programme du congrès pouvait être retransmis depuis le stade à l’intention de ceux qui ne pouvaient pas quitter le camp.
Une autre tâche de grande envergure pour les organisateurs de ce congrès consistait à servir des repas, trois fois par jour, aux milliers de congressistes. Les expériences faites aux assemblées antérieures avaient démontré que le style cafétéria était le plus pratique Ainsi, au congrès de Cleveland, on s’est rendu compte que les plateaux en plastique à plusieurs compartiments, semblables à ceux utilisés par les forces armées américaines, facilitaient énormément les choses. Grâce à cinq machines à laver les plateaux, ceux-ci pouvaient être réutilisés aussitôt. Des files comprenant des milliers de congressistes, avançant rapidement, étaient dirigées vers des points de distribution où on remettait à chacun un plateau avec des couverts, et où des volontaires plaçaient des mets tout préparés dans les divers compartiments du plateau. Une fois servis, les congressistes étaient dirigés vers d’autres emplacements couverts où étaient installées des tables suffisamment hautes pour que les repas puissent être pris debout. De cette façon, les plateaux et les couverts revenaient plus vite aux points de distribution des repas. À la cafétéria, et partout ailleurs à ce congrès, tout le travail a été fait par des volontaires qui servaient leurs frères bénévolement, donc sans aucune rémunération. Ainsi, rien que pour ce congrès, il a fallu faire appel à plus de 1 000 volontaires répartis dans tous les services.
DES DISCOURS ENTHOUSIASTES ET DE NOUVELLES PUBLICATIONS
On avait donné un thème à chaque jour de ce congrès. Ainsi, le premier jour, le dimanche 4 août, était la “Journée d’allégresse pour les moissonneurs”. Dans la soirée, après le discours officiel de bienvenue prononcé par le président du congrès, c’est le vice-président de la Société qui a pris la parole pour traiter le sujet “La moisson, la fin du monde”. Il s’agissait d’un exposé détaillé sur la comparaison faite par Jésus à propos du blé et de l’ivraie, rapportée dans Matthieu, au Mt chapitre 13. À l’aide de faits bien connus et que tout le monde avait pu voir, l’orateur a démontré que cette moisson de la classe formant le Royaume céleste de Dieu s’effectue depuis 1918 de notre ère. Toutefois, au cours de ces dernières années, elle a été complétée par le rassemblement des “autres brebis” du Seigneur, lesquelles nourrissent une espérance terrestre. Il a été prouvé avec force que ce “temps de la fin”, au cours duquel doit se faire la moisson, approche de sa fin définitive.
Le lundi 5 août, “Journée de la défense de l’Évangile”, a vu commencer les réunions en langues étrangères, dix-sept au total, tenues dans différentes parties des terrains occupés par le congrès. Que celui-ci ait vraiment revêtu un caractère international, cela a encore été démontré par des écriteaux en vingt langues, accrochés à la corniche de la première galerie, qui annonçaient tous: “Nations, réjouissez-vous avec son peuple! — Romains 15:10.” C’était le texte biblique pour cette année-là. Quant à l’écriteau en anglais, rédigé en gros caractères, on l’avait accroché en travers du fronton circulaire qui se dressait derrière les gradins découverts du stade. Dans l’après-midi, l’avocat de la Société a prononcé un discours fort utile, intitulé “La conduite appropriée à observer devant les tribunaux”.
Le discours clé de ce congrès a été donné par le président de la Société dans l’après-midi du mardi 6 août, “Journée du bon courage”. En voici quelques points saillants retenus dans le compte rendu de ce congrès:
Ce fut un message courageux. (...) L’orateur montra comment l’association d’après-guerre des nations est une conspiration mondiale contre le juste règne du Gouvernement théocratique de Jéhovah par Christ Jésus sur la terre. S’appuyant sur l’avertissement de Jéhovah à ses témoins, il mit en garde contre cette conspiration internationale démoniaque, invitant à ne pas se joindre à la tendance populaire qui plaide pour un supergouvernement mondial, parce que cet organisme et cette conspiration seront brisés et échoueront dans la honte. Ce discours hardi illustra la devise du jour: “Bon courage”, en vue d’aiguillonner la lutte à mener pour la défense du Royaume de Jéhovah sous son Christ — à travers la période d’après-guerre — jusqu’à ce que la conspiration mondiale soit brisée, car “Dieu est avec nous”. Cela signifie le triomphe pour son peupleb.
Dans la soirée, arrivé au point culminant de son discours ayant pour thème “Une réponse à l’appel de s’éveiller”, le président a annoncé la parution en anglais du premier numéro du périodique Réveillez-vous!, daté du 22 août 1946, dont 200 000 exemplaires avaient été apportés de Brooklyn où se trouve l’imprimerie de la Société. Or, ce périodique allait remplacer Consolationc.
UN ÉQUIPEMENT NOUVEAU ET L’EXPANSION FUTURE
La “Journée de l’équipement des proclamateurs”, soit le jeudi 8 août, allait être riche en surprises et en preuves de l’essor évident réservé à l’œuvre d’après-guerre. Dans son discours de l’après-midi, et à la grande satisfaction de toutes les personnes présentes, le président de la Société a fait savoir qu’un nouveau livre de 384 pages, intitulé “Équipé pour toute bonne œuvre”, venait de paraître en anglais. Mais ce n’était pas là tout l’équipement nouveau destiné à être utilisé à l’avenir par les témoins de Jéhovah. C’est ce que dans la soirée le président a bien laissé entendre dans son discours intitulé “Les problèmes de reconstruction et d’expansion”, en déclarant
qu’aucune interruption ne s’était produite dans le témoignage pendant les six années de la guerre mondiale. L’œuvre de reconstruction et d’expansion fut remise en route dans les filiales européennes de la Tour de Garde, dès la fin de la guerre. En général, à partir du 15 octobre, du nouveau serait introduit dans l’œuvre. Le champ serait divisé en circonscriptions comprenant vingt groupes chacune, chaque circonscription devant être visitée par un serviteur des frères (serviteur de circonscription). Tous les six mois, il devra y avoir une assemblée de circonscription. Cette déclaration souleva une grande joie. La plus grande campagne de proclamation du Royaume est maintenant ouverte. Pour satisfaire aux demandes mondiales de publications du Royaume, les ateliers de Brooklyn doivent être agrandis. Un nouveau Béthel doit être construit pour abriter les forces accrues de [l’imprimerie] et du bureau. L’émetteur (station WBBR) de la Tour de Garde doit être perfectionnéd.
THOMAS: Y a-t-il un rapport entre ces assemblées de circonscription et l’innovation que vous nous avez mentionnée la semaine dernière à propos des huit pages de modifications ajoutées aux Instructions sur l’organisation?
JEAN: Oui. Cela a été annoncé à ce congrès de 1946. C’est également avec un grand enthousiasme que les frères et sœurs ont réagi en apprenant que la Société allait construire une nouvelle imprimerie et agrandir le Béthel, car, après avoir parlé des besoins de la Société, le président a expliqué que les ressources de l’imprimerie étaient exploitées à fond et qu’il n’était pas possible d’augmenter la production pour satisfaire aux demandes. En effet, si l’imprimerie, construite en 1927, utilisait à l’époque 829 tonnes de papier par an, les besoins se sont accrus au point d’atteindre 2 700 tonnes par an. Voilà pourquoi le compte rendu de ce congrès poursuit en ces termes:
Vu le fait qu’il sera nécessaire dans un avenir immédiat de produire des écrits bibliques pour les exporter à l’étranger tout en satisfaisant les besoins des États-Unis, le conseil d’administration est arrivé à la conclusion que la seule voie ouverte à la Société consistait à agrandir considérablement les locaux de l’imprimerie actuelle. À cette fin, la Société a déjà procédé à l’achat de la propriété qui entoure son imprimerie actuelle, située au 117 Adams Street. Les architectes ont déjà été chargés de tracer les plans pour la construction d’un bâtiment de neuf étages contigu à l’imprimerie actuelle, laquelle pourra ainsi faire face aux demandes pendant plusieurs années.
Or, une imprimerie considérablement agrandie demandera des effectifs supplémentaires de travailleurs volontaires qu’il faudra loger et nourrir au Béthel. Ainsi, le Béthel actuel, situé au 124 Columbia Heights, aura également besoin d’être agrandi. En outre, la ville de New York, prévoyant la construction d’une autoroute de dégagement passant à l’arrière du bâtiment de l’actuel Béthel, a frappé d’alignement une partie de celui-ci sur une largeur de 15 mètres, ce qui restreindra encore les possibilités de logements existant actuellement. Pour faire face à cette situation, le conseil d’administration a décidé d’acheter cinq propriétés contiguës au bâtiment actuel, situé au 124 Columbia Heightse.
Le lendemain, le caractère international de ce congrès a été mis en relief une fois de plus.
C’est le vendredi 9 août que l’Assemblée des nations joyeuses devint tout particulièrement un congrès de toutes les nations, en raison même du thème choisi pour la journée et du programme tracé en harmonie avec ce thème, à savoir “Journée de toutes les nations”. D’abord, il y eut un discours sur le baptême d’eau, suivi de l’immersion de plus de 2 600 témoins de Jéhovah nouvellement voués. Beaucoup d’entre eux étaient venus de nombreuses nations. Les sessions de la matinée, de l’après-midi et de la soirée rappelaient sans cesse aux congressistes le thème “Toutes les nations”, car celles-ci se succédaient sans interruption. Commençant le matin par l’Alaska et s’achevant le soir par les États-Unis d’Amérique, ce programme permit à des délégués venus de 31 nations de réjouir les congressistes en leur exposant des rapports sur ces divers pays. Mais la “Journée de toutes les nations” s’inscrivait parfaitement dans le cadre des “Nations joyeuses”, nom donné à ce congrès, car tous ces comptes rendus faisaient état de l’allégresse des nations qui, en la personne de leurs délégués, se réjouissaient avec le peuple de Jéhovah. En fait, on peut bien citer tout le congrès comme une illustration de peuples de “toute nation, de toute tribu et de toute langue” se réjouissant avec le peuple de Dieu et travaillant dans l’unité. Les nations font des efforts futiles pour abolir les barrières nationales et unir l’humanité en un seul monde afin d’échapper à l’autodestruction en cette ère de l’atome, mais tous leurs efforts aboutiront à un échec lamentable. Toutefois, grâce à l’esprit de Jéhovah qui opère en eux, ceux qui forment son organisation visible sont unifiés et les barrières nationales et raciales disparaissent entre eux, quoiqu’ils proviennent de nombreuses nations différentesf.
Un autre événement marquant de la même journée a été l’annonce de la parution en espagnol d’une nouvelle concordance de la Bible de 288 pages. C’est avec enthousiasme que tous les témoins de langue espagnole qui étaient présents l’ont accueillie.
Puis le samedi 10 août fut la “Journée de la véracité de Dieu”. Dans son discours de l’après-midi prononcé devant un auditoire de 67 009 personnes, le président de la Société a exposé la position doctrinale des témoins de Jéhovah en traitant le sujet “Qu’on reconnaisse que Dieu est véridique!” À la fin de cet exposé, les 67 009 congressistes enthousiastes ont adopté par un oui retentissant une résolution affirmant que les témoins de Jéhovah sont déterminés à obéir au commandement de Dieu consigné dans Ésaïe 8:9, 10, à savoir:
Que nous (...) refuserons de nous unir aux peuples de la “chrétienté” dans une conspiration mondiale pour calmer la crainte et la terreur des hommes et recommandant qu’un gouvernement humain soit ainsi établi pour diriger le monde et être un ersatz au Gouvernement de Dieu par Christ intronisé depuis 1914; (...)
et nos frères ont en outre pris la résolution
que nous continuerons à conduire les gens vers la loi, le témoignage et toute la Parole de Dieu au moyen de l’œuvre d’éducation biblique, “publiquement et de maison en maison”. — És. 8:20; Actes 20:20g.
Ensuite, en apprenant la parution du nouveau livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”, toute cette multitude était au comble de l’enthousiasme et de la joie.
Mais c’est le dimanche 11 août, “Journée de la paix universelle”, que ce congrès devait atteindre son point culminant. En effet, dans l’après-midi, le président de la Société s’est adressé aux 80 000 personnes assemblées sur les terrains du congrès et au camp de caravanes. Son sujet, “Le Prince de la Paix”, avait été annoncé partout. Un résumé en a été donné dans le compte rendu que La Tour de Garde a publié de ce congrèsh.
Quant au texte intégral de cette conférence, il a été reproduit dans The Messenger, dont 200 000 exemplaires ont été enlevés en un rien de temps par les congressistes. Dans ses paroles finales, le président leur a appris, ce soir-là, que des assemblées nationales auraient lieu en 1947 en Australie et en Orient, auxquelles il espérait assister lui-même, et qu’une grande assemblée se tiendrait la même année sur la côte du Pacifique, en Californie.
Après ce congrès, de nombreux serviteurs de filiale et d’autres frères affectés dans des filiales à l’étranger sont allés à Galaad, l’École biblique de la Watchtower, où ils devaient avoir avec le président un entretien de trois jours sur les intérêts du Royaume dans les divers pays. Ils y ont discuté de bien des aspects de l’œuvre, ainsi que de l’activité des serviteurs de circonscription auprès des frères et sœurs, du travail incombant au serviteur de district, de l’organisation des bureaux, de l’activité des pionniers, des maisons de missionnaires et de l’expansion en général. Cinquante-quatre frères ont assisté à ces séances de travail. Plusieurs d’entre eux sont restés sur place pour se joindre à la huitième classe de Galaad, convoquée peu après le congrèsi.
LA TOURNÉE MONDIALE DU PRÉSIDENT SERT D’ENCOURAGEMENT
L’expansion à l’échelle mondiale était à présent à l’ordre du jour. C’est donc en 1947 que le président de la Société, accompagné de son secrétaire, a entrepris une tournée mondiale longue de 76 472 kilomètres. Ce voyage de service autour du globe a permis à ces deux représentants de la Société de mettre le siège de l’organisation en contact direct avec la vaste activité déployée par les témoins de Jéhovah. Grâce à des observations personnelles sur place, les besoins du champ ont pu être décelés aussitôt, et il a été possible de prendre des mesures immédiates en vue d’affermir et d’unifier l’organisation mondiale dans son activité théocratique. C’était en effet la première occasion qui s’offrait, depuis le rétablissement complet de la structure théocratique, de mettre sur pied un tel programme unificateur, et grâce aux missionnaires formés à Galaad pour aider les frères directement dans le ministère du champ, l’étroite coopération de tous les rouages de l’organisation devenait à présent une réalité. Les restrictions de toutes sortes ayant été levées peu auparavant dans beaucoup de parties du monde, les frères étaient enchantés de pouvoir accueillir le président et son compagnon, et ils étaient disposés à faire tout leur possible pour tracer un nouveau programme intensif pour le ministère du Royaumej.
En Afrique aussi l’œuvre a pris un grand essor après la guerre. La prédication y avait commencé au début de ce siècle, car c’est alors que les premières personnes d’Afrique du Sud sont entrées en contact avec la Société Watch Tower, qui a ensuite ouvert une filiale dans ce pays. Puis, dans les années 1920, l’œuvre d’instruction biblique s’est mise à progresser vers le nord, à l’intérieur du pays. C’est aussi dans les années 1920 qu’une activité a été enregistrée dans le Sud-Ouest africain. La Société n’a pas tardé à y ouvrir une filiale, d’où l’œuvre a pu avancer vers l’intérieur.
Dans les premières années 1930, l’œuvre a pris pied en Égypte, d’où elle s’est lentement étendue à travers le haut de l’Afrique. À partir de ces trois têtes de pont, elle a pu s’étendre à onze pays d’Afrique, si bien qu’on y trouvait en 1942 quelque 10 070 témoins. En 1947, la Société a commencé à envoyer en Afrique des missionnaires sortis de Galaad. Cette année-là, ils étaient au nombre de vingt. Pour compléter sa tournée mondiale, le président de la Société a encore visité, en décembre 1947 et en janvier 1948, presque toutes les filiales d’Afrique, profitant de son passage pour s’entretenir avec les témoins et pour étudier avec eux les problèmes qu’ils rencontraient dans la prédicationk.
Avant l’ouverture de l’école de Galaad, le vaste continent asiatique n’avait pratiquement pas été touché par les témoins de Jéhovah. Au cours de l’année 1942, 406 ministres étaient actifs dans six pays, le plus grand nombre se trouvant en Inde ou dans des pays voisins. Au Japon, l’œuvre était interdite pendant les années de guerre. Puis, au cours de sa tournée mondiale, le président de la Société et son secrétaire ont fait des étapes importantes en Extrême-Orient, au Moyen-Orient et au Proche-Orient, rendant ainsi visite aux témoins d’Asie et prenant des dispositions pour l’ouverture de centres missionnaires dans tous les pays visitésl. C’est à la suite de ce voyage que dix-sept missionnaires ont été envoyés, en 1947, dans cette partie du monde.
Les îles du Pacifique et l’Australie ont également eu leur part d’attention à cette époque. Vous vous rappelez certainement que la Société a ouvert une filiale en Australie en 1903. Or, avec le temps, l’œuvre s’était étendue de là jusqu’en Nouvelle-Zélande et dans d’autres îles voisines. En pleine guerre du Pacifique, en 1942, trois pays ont néanmoins rapporté un chiffre de 4 275 ministres. Après la tournée présidentielle de 1947, treize missionnaires de Galaad sont parvenus dans quelques-unes de ces îles pour y commencer leur œuvre d’instruction bibliquea.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les frères s’étaient mis dans une fâcheuse situation en Australie. Nombre d’entre eux, et même certains des responsables de l’œuvre de la Société, au lieu de garder leur position de neutralité, avaient cru bien faire en prêtant leur concours à des entreprises qui soutenaient l’effort de guerre du pays et qui devaient apporter des gains matériels à l’organisation et à quelques hautes personnalités australiennes. En découvrant cette situation, le président de la Société a immédiatement exposé aux frères le point de vue biblique sur ce sujet. Se rendant compte de leur erreur, les frères se sont repentis et se sont mis aussitôt à purifier l’organisationb.
1947, UNE ANNÉE D’ASSEMBLÉES NATIONALES
LOÏS: L’assemblée de 1947, qui devait se tenir sur la côte du Pacifique, comme vous nous l’avez dit tout à l’heure, était-elle de nouveau un congrès international?
JEAN: Non, car en 1947, un changement est intervenu dans la façon d’organiser les congrès, pour que les frères du monde entier puissent bénéficier au maximum de la visite du président de la Société. Voici à ce propos quelques précisions empruntées à un compte rendu:
Au lieu d’un seul grand congrès international, il y eut en 1947 des assemblées nationales dans le monde entier, dans la plupart desquelles les frères eurent le plaisir d’écouter le président de la Société. La première d’entre elles se tint en février dans les îles Hawaii; elle fut suivie d’une autre en Nouvelle-Zélande. Ensuite, six assemblées eurent lieu en Australie, avec une assistance totale de 4 626 personnes.
Peu après, les frères des Philippines eurent leur assemblée à Manille, où on dénombra une assistance de 4 200 personnes et 151 baptêmes.
Puis, entre autres, il y eut de telles assemblées à Bangkok, Bombay, Milan, Zurich, en Allemagne (dans la banlieue de Stuttgart), à Brno (Tchécoslovaquie), Vienne, Hambourg, Copenhague, Helsinki, Stockholm, Oslo, en France (quatre) et en Belgique (deux).
La plus grande assemblée du continent européen se tint à Amsterdam, la capitale des Pays-Bas, où 7 650 personnes vinrent écouter la conférence publique et où 324 furent baptisées par immersion. Finalement, toujours en Europe, nos frères et sœurs anglais tinrent du 3 au 6 juillet une grande assemblée à Londres, dans un édifice énorme appelé Earl’s Court. Là, 17 782 personnes vinrent écouter la conférence publique et 420 se firent baptiser.
Cette année-là, deux assemblées eurent lieu aux États-Unis. La première se tint à Wrigley Field, Los Angeles, en Californie, sous le thème “Assemblée pour l’expansion dans toutes les nations”, à laquelle assistèrent un maximum de 45 729 personnes et dont le programme comportait des rapports présentés par le président de la Société et par d’autres frères ayant participé à la tournée mondiale; la seconde, intitulée “Assemblée du cantique de louange”, se tint à Philadelphie, en Pennsylvanie, où fut révélée la vérité suivant laquelle les serviteurs de Jéhovah n’ont ni drapeaux ni bannières, car le Christ Jésus est leur seul et unique Signal. Plus de 28 000 personnes vinrent écouter la conférence publique prononcée par le présidentc.
En 1948, une autre disposition a encore été prise pour permettre aux témoins de Jéhovah de s’assembler. Mais auparavant, il me faut mentionner qu’un nouveau bâtiment important a été achevé en 1947 sur les terrains de l’École biblique de Galaad, propriété de la Société Watchtower. Voici à ce propos le commentaire paru dans La Tour de Garde et qui est tiré de l’Annuaire (angl.):
Un rapport sur Galaad, l’École biblique de la Watchtower, ne serait pas complet s’il n’y était pas fait mention du nouveau bâtiment contenant sa bibliothèque. Les étudiants de la 7e, 8e et 9e classe aidèrent les frères appelés à bâtir cet édifice. Il s’agit d’un immeuble à un étage sur rez-de-chaussée construit en béton armé et à l’aspect vraiment esthétique. Le rez-de-chaussée est uniquement occupé par un grand hall aux murs à panneaux de sapin; le plafond a fait l’objet d’une attention particulière afin de contribuer à développer l’acoustique du lieu; le parquet est à carreaux de caoutchouc rouge. Cette construction représente, dans son ensemble, un bâtiment agréable équipé de façon riche et moderne. La bibliothèque de l’école, qui est dotée de cinq mille volumes, témoigne d’un ordre impeccable et se trouve à l’une des extrémités du hall. Les livres de la bibliothèque traitent essentiellement de sujets bibliques. Du côté opposé à ce magnifique hall se trouve une salle de classe moderne. Le nom donné au bâtiment de la bibliothèque est Shiloah (en français: Siloé) qui signifie envoyé. Le Seigneur a sûrement béni Galaad en envoyant ainsi un “monceau de témoignage” (signification de “Galaad”) jusqu’aux extrémités de la terred.
Je vais encore me permettre une petite digression pour dire que la Cour Suprême des États-Unis a rendu en 1948 une autre décision importante pour les témoins de Jéhovah. En effet, elle a annulé un arrêté qui était en vigueur à Lockport, dans l’État de New York, et d’après lequel il fallait demander une autorisation avant de pouvoir utiliser une installation de sonorisation dans la ville. Ayant estimé qu’il s’agissait là d’une atteinte à la liberté de parole et de réunion, la Cour suprême a tranché la question comme suit:
Les haut-parleurs sont de nos jours des instruments indispensables pour parler efficacement en public. La voiture équipée de haut-parleurs est devenue un moyen courant dans les campagnes politiques. C’est une façon d’atteindre les gens. (...) Or, l’ennui causé par des idées peut être mis sur le compte de l’ennui causé par le son. Le pouvoir de censure inhérent à ce genre d’arrêté révèle son point faiblee.
LES ASSEMBLÉES DE DISTRICT DE 1948 ET DE 1949
Puis, conformément à ce que le président avait annoncé à l’assemblée tenue en août de l’année précédente à Los Angeles, en Californie, il n’y a eu en 1948 ni assemblées nationales ni congrès international. À leur place, il devait y avoir des assemblées de district dans tous les pays où les témoins de Jéhovah étaient organisés pour le service. La première de celles tenues aux États-Unis a eu lieu à Atlanta, en Géorgie, du 12 au 14 mars, tandis que la sixième et dernière s’est déroulée du 17 au 19 septembre à Providence, dans l’État de Rhode Island. Au total, 66 000 personnes ont assisté à ces six assembléesf.
Quatre assemblées de district se sont tenues au Canada, avec une assistance totale de 17 917 personnes. Il y en a eu quatre aussi en Grande-Bretagne, avec un maximum de 18 200 personnes. Six ont eu lieu en Australie, trois en Suisse et en Norvège, deux en Pologne et en Allemagne. Dans ce dernier pays, l’assistance a atteint un maximum de 39 150 personnes. Des assemblées de district ont également eu lieu au Mexique, en Suède, en Autriche, au Chili, dans les Antilles britanniques et dans d’autres pays encoreg.
En 1949, on a continué à tenir des assemblées de district, mais en plus grand nombre. Comme toutes les autres assemblées antérieures, celles-ci se sont distinguées par de nombreuses instructions précieuses, l’activité dans le service, l’occasion de recevoir le baptême et une conférence publique ayant pour titre “Les temps sont plus avancés que vous ne le pensez!” Aux cinq assemblées tenues au Canada, plus de 23 000 personnes sont venues écouter ce discours publich, et aux États-Unis, il y en a eu 85 441 aux quatorze assemblées qui ont commencé à Portland, dans l’Oregon, et se sont terminées à Jacksonville, en Floridei.
Les communistes de l’Allemagne de l’Est ont fait tout ce qu’ils ont pu pour empêcher les témoins d’assister à l’assemblée de district tenue à Berlin Ouest, mais malgré leurs efforts 17 232 témoins ont eu la joie d’y assister, et 33 657 personnes sont venues écouter la conférence publique. C’est à cette assemblée qu’a été adoptée une résolution qui attirait l’attention sur les persécutions infligées aux témoins de Jéhovah dans la zone orientale, et qui faisait savoir aux communistes que les témoins de Jéhovah ne les craignent pas plus qu’ils n’ont craint les nazis. En tout il y a eu quatre assemblées en Allemagne, avec une assistance totale de quelque 40 000 témoins, tandis que 63 401 personnes ont assisté aux conférences publiques et que 2 486 se sont fait baptiserj.
Des assemblées de district ont également eu lieu dans tous les autres pays où les témoins de Jéhovah sont organisés pour le service, soit dans d’autres pays d’Europe, en Australie, en Afrique, en Asie et dans l’hémisphère occidental. Mais le temps nous manque pour citer tous ces détails pourtant fort intéressants.
Les assemblées et les congrès sont des événements qui comptent dans la carrière ministérielle des témoins de Jéhovah, et ce sont autant de pas en avant. Leur conviction de posséder la vérité se trouve renforcée à ces occasions-là, car l’espoir qu’ils placent dans le Royaume devient plus ferme à mesure qu’ils écoutent les exposés logiques fondés sur les Écritures, et ils s’imprègnent pendant quelques jours de l’ambiance du nouvel ordre de choses, loin du bruit de bataille, étant réunis auprès des sources de l’eau de la vie pour se remémorer les actes de justice de Jéhovah et pour coopérer les uns avec les autres.
Maintenant que les assemblées de 1949 n’étaient plus qu’un souvenir, tout le monde attendait avec impatience l’année 1950. En 1948 déjà, la Société avait fait savoir qu’un autre congrès international se tiendrait cette année-là. C’est pourquoi les frères du monde entier faisaient de sérieux projets pour assister à ce congrès qui allait être un événement mémorable.
[Notes]
a a Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXVII, 8 oct. 1946, pp. 3-8; en français, voir celui du 8 janvier 1947, pp. 6, 7; Conscription of Conscience, par Sibley & Jacob (Ithaca, N. Y., 1952: Cornell University Press), p. 392.
b b Civil Liberties in the United States, par Cushman (Ithaca, N. Y., 1956: Cornell University Press), pp. 96, 97; Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXIX, 8 mars 1948, pp. 9-12.
c c Voir, par exemple, Yale Law Journal, Vol. LVI (janv. 1947), pp. 273-275, 408.
d d Voir United States Code, titre 50, appendice, section 305 (loi de 1940); comparez avec United States Code, titre 50, appendice, sections 456, 466 (loi actuelle).
e e Vol. III Opinion No 14 (amendé), état-major national, service du recrutement, 2 nov. 1942; Consolation (angl.), Vol. XXIV, 17 fév. 1943, pp. 13-15.
f f Selective Service in Wartime (Deuxième rapport du directeur du service du recrutement) (Washington, 1943: Imprimerie du gouvernement), p. 241.
g g Voir aussi l’avis contraire du Juge Murphy dans Falbo contre États-Unis, 320 U.S. 549, 556, 557, 64 S. Ct. 346, 350, 88 L. Ed. 305 (1944); voir aussi Conscription of Conscience, supra, pp. 70, 71, 335.
h h Selective Service as the Tide of War Turns (Troisième rapport du directeur du service du recrutement) (Washington, 1945: Imprimerie du gouvernement), p. 464; Selective Service and Victory (Quatrième rapport du directeur du service du recrutement) (Washington, 1948: Imprimerie du gouvernement), p. 502.
i i Selective Service and Victory, supra, p. 186.
j j Conscience and the War (New York, 1943: Union américaine pour les libertés civiles), p. 33.
k k Conscience and the State, par Cornell (New York, 1944: John Day Co.), pp. 66, 67; voir aussi Ver Mehren contre Sirmyer, 36 F. 2e 876 à p. 881 (8e cir. 1929), où il est déclaré, entre autres, à l’appui de la position prise par M. Cornell: “L’appel d’un civil sous les drapeaux est chose sérieuse, lourde de conséquences (...) il s’agit d’assumer de nouvelles responsabilités; l’omission de remplir strictement ces responsabilités entraîne une peine sévère.”
l l Pour l’explication de ces expressions, voir Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXVII, 22 oct. 1946, pp. 25, 26; 8 nov. 1946, pp. 23, 24.
a m Les arguments fournis par l’avocat de la Société dans de telles affaires se trouvent résumés dans les conclusions écrites présentées par le requérant, Hayden C. Covington, à la Cour suprême des États-Unis avant l’audience de l’affaire Falbo contre États-Unis, No 73, session d’octobre 1943, pp. 23-102.
b n Réveillez-vous! (angl.) Vol. XXVII, 22 oct. 1946, pp. 20-28; voir aussi Civil Liberties in the United States, supra, pp. 97, 98; Yale Law Journal, Vol. LVI (janv. 1947), pp. 273-275, 408.
c o 320 U.S. 549, 64 S. Ct. 346, 88 L. Ed. 305 (1944).
d p Falbo contre États-Unis, 320 U.S., pp. 556, 557, 559, 560, 561, 64 S. Ct., pp. 350, 351, 352.
e q Conscription of Conscience, supra, p. 345.
f r 327 U.S. 114, 66 S. Ct. 423, 90 L. Ed. 567 (1946); voir aussi Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXVII, 8 nov. 1946, pp. 21-28.
g s 329 U.S. 338, 67 S. Ct. 301, 91 L. Ed 331 (1946).
h t Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXIX, 8 mars 1948, pp. 9-12; voir aussi Conscription of Conscience, supra (note a en bas de page), pp. 392, 396, 397, 500-508; Federal Register, Vol. XII, p. 8731.
i u Faith on the March, par Macmillan (Englewood Cliffs, N. J., 1957: Prentice-Hall, Inc.), pp. 187-191.
j v États-Unis ex rel. Hull contre Stalter, 151 F. 2e 633, 637, 638, 639 (7e cir. 1945).
k w 346 U.S. 389, 395, 74 S. Ct. 152, 157, 98 L. Ed. 132 (1953); voir aussi Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXXV, 22 mars 1954, pp. 5-15.
l x Olvera contre États-Unis, 223 F. 2e 880, 883 (5e cir. 1955).
a y États-Unis contre Hurt, 244 F. 2e 46, 52 (3e cir. 1957).
b z Pate contre États-Unis, 243 F. 2e 99, 103 (5e cir. 1957).
c aa 261 F. 2e 113, 119 (5e cir.); refus de la Cour suprême de rendre une ordonnance pour évoquer cette affaire, 79 S. Ct. 723 (23 mars 1959).
d bb Sicurella contre États-Unis, 348 U.S. 385, 75 S. Ct. 403, 99 L. Ed. 436 (1955).
e cc Simmons contre États-Unis, 348 U.S. 397, 75 S. Ct. 397, 99 L. Ed. 453 (1955); Gonzales contre États-Unis, 348 U.S. 407, 75 S. Ct. 409, 99 L. Ed. 467 (1955).
f dd Voir Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXXVI, 22 juin 1955, p. 8.
g ee Voir Falbo contre États-Unis, supra (notes o et p en bas de page), 320 U.S. en p. 557, 64 S. Ct. en p. 350; Prince contre Massachusetts, 321 U.S. 158, 175, 176, 64 S. Ct. 438, 447, 448, 88 L. Ed. 645 (1944) (avis contraire émis par le juge Murphy); Conscription of Conscience, supra (note a en bas de page), pp. 70, 71, 335, 385, 386, 461; Réveillez-vous! (angl.), Vol. XXVII, 8 oct. 1946, p. 5 (remarques du président Truman); Vol. XXIX, 8 mars 1948, pp. 9-12 (d’où il ressort que des hauts fonctionnaires ainsi que des juges persistaient, plus de deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à faire preuve de préjugés et de discrimination).
h ff Voir “The Rejection of Military Service by the Early Christians”, par Edouard A. Ryan, S. J. (Woodstock College). Theological Studies, Vol. XIII, mars 1952, pp. 9 et suiv., 28. Le professeur Bainton (“The Early Church and War”, Harvard Theological Review, Vol. XXXIX, 1946, p. 190 et suiv.) dit: “Depuis la fin de l’époque du Nouveau Testament jusqu’à la décennie allant de 170-181, il n’existe pas la moindre preuve de ce que les chrétiens servaient dans l’armée.” À l’appui de ses arguments, il cite (pp. 208 et suiv.) des déclarations laissées par Tertullien, Minucius Félix, Cyprien, Arnobe l’Ancien, Lactance, Victrice, Athênagoras, Origène, Basile et Marcion.
i gg Voir note w en bas de page, supra.
j hh w 1911, p. 371.
k ii Annuaire 1938, pp. 39-47.
l jj Consolation (angl.), Vol. XX, 5 oct. 1938, p. 18.
a kk Consolation (angl.), Vol. XXVI, 25 oct. 1944, pp. 7, 8.
b ll wF 1947, p. 59.
c mm The Messenger, 12 août 1946, p. 21 [voir aussi wF 1947, p. 60].
d nn wF 1947, p. 61.
e oo The Messenger, 12 août 1946, p. 28.
f pp The Messenger, 12 août 1946, p. 27 [voir aussi wF 1947, pp. 61, 62].
g qq wF 1947, p. 62.
h rr Ibid., p. 78.
i ss Ibid.
j tt wF 1947, pp. 219-223, 236-240, 251-256, 267-272, 284-288, 301-304, 315-320, 333-336, 349-352, 363-368; wF 1947, pp. 316-318, 334, 347-350, 380, 381; wF 1948, pp. 12-14, 26-30.
k uu w 1948, pp. 61-64, 77-80.
l vv w 1947, pp. 236-240, 251-256.
a ww wF 1947, pp. 316-318, 334, 347-349.
b xx Annuaire (angl.) 1948, p. 62; wF 1948, p. 270.
c yy Report of the Theocracy’s Increase Assembly, 8 août 1950, pp. 14, 32.
d zz Annuaire (angl.) 1948, pp. 44, 45; wF 1948, p. 94.
e aaa Saia contre le peuple de l’État de New York, 334 U.S. 558, 561, 562, 68 S. Ct. 1148, 1150, 1151, 92 L. Ed. 1574 (1948).
f bbb w 1948, pp. 18, 146, 352.
g ccc w 1948, pp. 351, 365-367.
h ddd w 1949, pp. 365-367 [voir aussi wF 1950, p. 93].
i eee w 1950, pp. 28-31 [voir aussi wF 1950, p. 140].
j fff w 1949, pp. 379-382 [voir aussi wF 1950, p. 125].