Travaillons en toute bonne conscience devant Dieu et devant les hommes
En tant que serviteurs de Jéhovah, voués à lui, nous devrions être des gens ‘qui travaillent dur en faisant de leurs mains ce qui est de la bonne besogne, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin’. (Éph. 4:28.) Tout en nous efforçant d’avoir un travail rémunérateur, nous veillerons à ce que notre emploi n’aille pas à l’encontre des principes bibliques. S’il en était ainsi, nous ne pourrions pas nous conformer à cet ordre divin: “Quoi que vous fassiez, travaillez-y de toute votre âme, comme pour Jéhovah.” — Col. 3:23.
Bien que notre premier souci soit de plaire à Jéhovah, nous tiendrons néanmoins compte de l’opinion de nos semblables. Nous éviterons tout ce qui risquerait de les choquer inutilement ou de susciter des critiques défavorables au sujet de la “bonne nouvelle”. — Voir II Cor. 4:2.
Il est évident qu’il nous faut avoir un point de vue réaliste en ce qui concerne le travail profane. Comme pour les autres activités auxquelles nous nous livrons journellement, nous ne pouvons éviter tout contact avec les gens du monde qui sont avides, extorqueurs, idolâtres et fornicateurs. Autrement, comme l’a écrit un apôtre inspiré, “il vous faudrait bel et bien sortir du monde”. — I Cor. 5:9, 10.
Il se peut qu’un chrétien travaille pour un patron qui n’est pas tout à fait honnête. Toutefois, aussi longtemps que ce chrétien ne se livre pas personnellement à des pratiques malhonnêtes et qu’il ne les encourage pas, on ne peut rien lui reprocher. Par exemple, on ne peut raisonnablement pas exiger d’une secrétaire qu’elle censure chaque déclaration de son employeur, lorsque celui-ci lui dicte son courrier. C’est lui qui prend la responsabilité de toute déclaration fausse ou tendancieuse. En revanche, s’il va assez loin dans ses pratiques malhonnêtes de sorte qu’elles portent gravement atteinte à la réputation de son entreprise, la conscience chrétienne de cette secrétaire l’incitera à changer d’employeur.
En fait, tout ce qui se rapporte au présent monde pécheur comporte des aspects indésirables. D’où la nécessité pour le chrétien d’user de discernement afin de déterminer ce qui est vraiment répréhensible dans un travail et ce qui est néanmoins permis du point de vue des Écritures, bien que comportant des aspects quelque peu indésirables.
Exemple donné par Dieu
L’attitude de Jéhovah Dieu à l’égard des hommes sera pour nous un exemple et nous aidera à avoir un point de vue équilibré sur l’emploi. “Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et (...) il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.” (Mat. 5:45). Dieu ne s’est pas contenté de fournir le strict nécessaire aux méchants; il s’est au contraire montré généreux en leur permettant de profiter abondamment des dispositions qu’il a prises. — Actes 14:17.
Si Dieu ne fait aucune différence entre le juste et le méchant, en ce sens que tous deux profitent de ses dispositions bienfaisantes, faut-il en conclure qu’il approuve ou excuse l’idolâtrie, la fornication, le vol et les autres pratiques mauvaises du même genre? Manifestement non, comme il l’a démontré lors du déluge et en d’autres circonstances où il a exercé son jugement. Jéhovah n’encourage pas davantage les méchants à persévérer dans leurs pratiques commises au mépris de la loi. Il n’existe aucun rapport ou lien direct entre le fait qu’ils jouissent du soleil, de la pluie, du vent et d’autres bienfaits, et le fait qu’ils s’adonnent à des pratiques pécheresses. En témoignant sa faveur imméritée aux méchants, Jéhovah Dieu les exhorte avec patience à abandonner leurs mauvaises voies et à se tourner vers lui. — Rom. 2:4-6; Ézéch. 33:11.
Il s’ensuit que les serviteurs de Dieu peuvent en toute bonne conscience rendre de nombreux services aux personnes du monde, quelles qu’elles soient. Après tout, ces personnes ne sont-elles pas la propriété de Dieu et du Christ? En effet, elles ont toutes été achetées avec le sang précieux du Fils de Dieu (Mat. 20:28; I Tim. 2:5, 6). Bien que toutes ne réagissent pas favorablement, Dieu ne souhaite pas leur mort; il désire qu’elles se repentent et obtiennent le salut (II Pierre 3:9). Aussi faisons-nous bien de tenir compte de ce fait dans nos rapports avec nos semblables. Nous nous laisserons également guider par ce principe: “Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous devez, vous aussi, le faire de même pour eux.” (Mat. 7:12). Ne sommes-nous pas heureux lorsqu’on ne fait pas de discrimination à notre égard pour ce qui est de la nourriture, du vêtement, du logement, des moyens de transport, etc.? En retour, nous devrions être prêts à rendre les services d’usage à nos semblables. — Rom. 13:8-10.
Questions principales
Il y a une différence très nette entre un travail accompli en faveur de notre prochain et un emploi qui favorise ou soutient directement de mauvaises pratiques. La principale question qui se pose est la suivante: “Est-ce que ce travail constitue en lui-même une action condamnée par la Parole de Dieu? Sinon, est-il néanmoins directement lié à des pratiques condamnées, au point que ceux qui l’accomplissent se font en réalité complices ou instigateurs d’une mauvaise action?” En pareil cas, la conscience du chrétien lui suggérera certainement de renoncer à un tel emploi.
Voici un exemple: Nous ne voulons certainement pas que l’on nous fasse subir des violences, qu’on nous empoisonne, qu’on nous incite à commettre l’immoralité sexuelle ou à pratiquer un culte idolâtrique. Alors, nous ne pouvons pas participer à la fabrication et à la vente d’articles, — stupéfiants, matériel pornographique, idoles, etc., — spécialement destinés à de telles fins. Il va de soi que nous ne pouvons pas davantage faire de la publicité pour ces articles. Comment pourrions-nous à la fois enseigner aux gens que l’utilisation de ces choses est contraire aux Écritures et participer à leur fabrication ou encourager leur utilisation? Un tel travail est fondamentalement mauvais.
Tout en n’ayant rien de répréhensible en lui-même, un travail peut être mauvais parce qu’il fait intégralement partie d’une opération ou d’une activité mauvaise. Le métier de caissier n’est pas mauvais en soi. Mais que dire de celui qui est caissier dans un établissement de jeu? La pratique du jeu est contraire à la Parole de Dieu, qui condamne l’avidité et ordonne de faire un travail honnête et productif (I Cor. 6:9, 10; Éph. 4:28; I Thess. 4:11, 12). Même si ce caissier (ou caissière) ne participe pas au jeu comme le donneur de cartes, par exemple, son travail consistant à vendre des jetons ne constitue-t-il pas une partie essentielle de l’opération? N’en serait-il pas de même de l’ouvrier qui répare ou entretient le matériel de jeu, tels les appareils à sous, la roulette, etc.? Il y a là un rapport direct entre le travail et le jeu, qui est une activité mauvaise.
Recherchons le point de vue équilibré sur l’emploi
Supposons que le travail ne soit pas en lui-même contraire aux Écritures, ni directement lié à de mauvaises pratiques, il existe néanmoins certains facteurs que le chrétien voudra prendre en considération avant de se décider en toute conscience.
Par exemple, la profession de cuisinier dans un restaurant est une profession honnête; d’ailleurs ne devons-nous pas tous cuisiner et manger? Mais qu’en est-il maintenant de celui qui travaille pour une chaîne de restaurants, dont l’un d’eux est situé dans l’enceinte d’un champ de courses? Il n’y a rien de répréhensible à être instituteur. Mais qu’en est-il si l’école est la propriété d’une organisation religieuse qui n’est pas vraiment chrétienne? Le travail de femme de ménage est tout à fait convenable. Mais qu’en est-il si cette femme de ménage doit entretenir une maison située en un lieu réservé à des fins contraires aux principes bibliques énoncés dans Ésaïe 2:4?
Le jeu qui se pratique sur un champ de courses n’a pas de rapport direct avec la cuisine. L’organisation religieuse qui est propriétaire de l’école n’exige peut-être pas que l’instituteur fasse un cours sur la fausse religion; il se peut que les études soient basées sur des manuels fournis par l’État et il se peut même que cette école soit placée sous le contrôle de l’État. Les occupations de la femme de ménage se limitent peut-être au nettoyage, à la lessive et à la cuisine. Un chrétien qui accomplirait de telles tâches serait-il passible d’exclusion de la congrégation? Examinons quelques exemples bibliques.
Reprenons le cas d’un homme qui travaille dans un établissement dont le propriétaire est une organisation au sein de laquelle on s’adonne à des pratiques contraires aux Écritures. Est-ce là une raison pour condamner le travail en lui-même? On peut rappeler cette exhortation: “‘Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous’, dit Jéhovah, ‘et ne touchez plus à la chose impure’.” (II Cor. 6:17). Allons-nous en déduire que le sol même et le bâtiment qui appartiennent à l’organisation en question sont des éléments corrupteurs? Ou bien ne sont-ce pas plutôt les pratiques elles-mêmes qui sont ‘impures’ aux yeux de Dieu?
Donc, les apparences extérieures ne seront pas toujours les facteurs déterminants. Par exemple, Naaman, le Syrien, décida de ‘ne plus faire d’holocauste ni de sacrifice à d’autres dieux qu’à Jéhovah’. Pourtant, l’un des devoirs de sa charge en tant que serviteur du roi de Syrie consistait à accompagner son maître au temple du faux dieu Rimmon, afin de l’aider (le roi devait probablement souffrir d’une certaine infirmité) à se prosterner devant l’idole en question. Il semble que Naaman ait accompli ce service avec une certaine régularité. Il confia ses scrupules de conscience à Élisée, prophète de Dieu, qui lui répondit: “Va en paix.” (II Rois 5:15-19). Certes, en le voyant, un simple observateur aurait pu en déduire que Naaman était un adorateur du faux dieu Rimmon; toutefois, si cet observateur s’était entretenu avec lui, il aurait découvert qu’il en était tout autrement.
Examinons maintenant l’exemple de Jésus Christ. Dans le cadre de son activité de prédication et d’enseignement, il a aidé des pécheurs notoires. Ne voulait-il rencontrer de telles personnes que dans les lieux publics, et refusait-il d’aller chez elles et de manger avec elles, de crainte que l’on se méprenne en s’imaginant qu’il excusait leur vie de pécheurs? Non; toutefois, certains, comme les Pharisiens qui étaient excessivement scrupuleux sous ce rapport et manquaient de miséricorde et de compassion, interprétèrent en mal les relations de Jésus avec ces personnes, laissant entendre qu’il excusait leurs mauvaises actions (Luc 15:1, 2; 19:7). Mais, par son enseignement et par son mode de vie, Jésus démontra la fausseté de telles suppositions. Gardant présent à l’esprit l’exemple de Jésus, nous veillerons à ne pas juger les autres sur de simples apparences, présumant que le fait de travailler dans certains endroits revient nécessairement à excuser le mal. — Rom. 14:4.
Les effets produits sur autrui méritent d’être pris en considération
Faut-il en conclure que le chrétien n’a pas à tenir compte de certains facteurs, tels que l’endroit où il effectue son travail, le genre d’organisation qui l’emploie et l’effet que son travail peut produire sur ses semblables? Non, une telle insouciance est à éviter.
Le conseil que l’apôtre Paul, divinement inspiré, donna aux chrétiens de Corinthe, nous aidera à acquérir un point de vue équilibré à ce sujet. Bien que la question de l’emploi ne fût pas l’objet de la discussion, les principes énoncés par Paul s’appliquent fort bien dans ce domaine. Sur les marchés de Corinthe, on vendait de la viande provenant d’animaux qui avaient été offerts en sacrifice aux idoles. En achetant cette viande, le chrétien manquerait-il à son devoir de ‘fuir l’idolâtrie’? Et en la payant, se rendrait-il coupable de favoriser une telle idolâtrie? Le fait de manger cette viande le rendrait-il impur? Paul montra que tel ne serait pas le cas, car “à Jéhovah appartient la terre et ce qui la remplit”. Le chrétien qui considérait cette viande comme un don de Dieu pour lequel il lui rendait grâces, ce chrétien-là montrait que pour lui l’idole n’était pas un vrai dieu et qu’il ne l’adorait pas. Il pouvait donc en manger en toute bonne conscience. Par ailleurs, Paul conseille aux Corinthiens de ne pas faire usage de leur liberté de manière à blesser la conscience d’autrui. — I Cor. 10:14, 18-33.
Auparavant, l’apôtre avait souligné dans sa lettre que tous n’auraient pas la même intelligence de ces choses (I Cor. 8:4-8). Aussi, à ceux dont la conscience leur permettait de manger une telle viande, Paul dit: “Continuez à veiller toutefois, pour que votre droit ne devienne pas de façon ou d’autre une pierre d’achoppement pour les faibles. Car si quelqu’un te voit, toi qui as de la connaissance, étendu à table dans un temple d’idoles, sa conscience à lui qui est faible ne sera-t-elle pas édifiée au point de manger des aliments offerts aux idoles?” — I Cor. 8:9, 10.
L’apôtre ne dit pas que le fait de manger de la viande dans l’enceinte du temple d’idoles constituait en lui-même un péché méritant l’exclusion. Toutefois, un tel acte pouvait être dangereux. Si un chrétien voyait son frère en train de manger cette viande et s’il considérait que, ce faisant, ce dernier approuvait le faux culte, sa conscience pourrait alors l’inciter à retourner à la pratique de la fausse religion. Ainsi, bien qu’un tel acte en lui-même n’eût rien de répréhensible, le chrétien qui ne tiendrait pas compte de la conscience de ses semblables, au point de les faire trébucher et s’écarter du chemin de la vie, ce chrétien-là pécherait en réalité contre Christ, qui est mort pour les racheter. — I Cor. 8:11-13.
Quand nous appliquons ces principes dans le cadre du travail profane, qu’en ressort-il? Ceci: bien que certains emplois ne soient pas fondamentalement mauvais, ni même à ranger sans aucun doute possible dans la catégorie des emplois qui font de ceux qui les exercent des complices de pratiques mauvaises, le chrétien veillera néanmoins à ne pas devenir une pierre d’achoppement pour autrui. Pour illustrer cela, prenons le cas d’un chrétien qui a jusqu’ici travaillé dans un restaurant situé juste en face de l’entrée d’un champ de courses. La majorité de la clientèle se composait peut-être de turfistes. Supposons que l’occasion est offerte au restaurateur de louer une salle dans l’enceinte même du champ de courses et que cet homme transfère ses installations dans ce nouveau local. Le travail du chrétien serait toujours le même; il continuerait à assumer la tâche honnête de cuisinier. En outre, il se peut fort bien que la clientèle demeure la même. Pourtant, certains risquent peut-être maintenant d’établir un rapport entre l’emploi de ce chrétien et la pratique du jeu. Prenons un autre exemple. Celui d’un patron d’une maison de jeu qui tient aussi un restaurant situé dans le même immeuble. Des repas sont proposés à un prix avantageux de manière à attirer des joueurs. Le chrétien qui est employé dans ce restaurant ferait bien de considérer les liens qui existent entre les deux affaires et d’analyser consciencieusement la situation. Il ne veut certainement pas que son emploi influe sur la conscience de certains, les incitant à s’adonner au jeu; et, s’il s’apercevait qu’il en est ainsi, il ne fait pas de doute que sa conscience lui suggérerait de chercher un autre emploi. Son souci serait alors de ne pas devenir une cause réelle d’achoppement pour ses semblables, et cela dépendra dans une large mesure de l’effet que produiront sur eux les apparences. Par ailleurs, le chrétien tiendra également compte de l’influence que peut exercer sur lui ce milieu malsain, dans lequel il serait tenté d’adopter des pratiques mauvaises.
Mais que dire maintenant si le travail en lui-même n’a aucun rapport avec des pratiques mauvaises, mais que le salaire provienne d’une organisation dont les principales activités sont contraires aux Écritures? Dans ce cas-là aussi, le chrétien (ou la chrétienne) examinera la situation en toute conscience et tiendra compte de la réaction suscitée par le fait qu’il (ou elle) reçoit un salaire d’une telle organisation. Par exemple, il se peut qu’un restaurant attenant à une maison de jeu soit par la suite racheté par le propriétaire de cette maison. Dès lors, ce propriétaire peut décider de payer les employés du restaurant avec les revenus de la maison de jeu, allant même jusqu’à utiliser les chèques qui portent le nom de cette maison. Pourtant, il est probable que le restaurant continue à fonctionner comme par le passé. Là encore, bien que le chrétien employé dans un tel établissement reconnaisse que son travail en lui-même n’est pas une incitation au jeu, il ne manquera pas d’examiner sa situation et de tenir compte des répercussions qu’elle peut avoir sur autrui. Sa décision sera fonction de l’étendue de ces répercussions. Il en serait de même d’un instituteur chargé, par exemple, d’enseigner les mathématiques dans une école qui est la propriété d’une organisation religieuse de la chrétienté. Bien qu’il ne propage pas les enseignements de la fausse religion dans l’exercice de sa fonction, cet instituteur prendra néanmoins en considération l’effet que son emploi risque d’avoir sur les autres, et c’est ce qui le guidera dans sa décision finale.
Prenons maintenant le cas d’un chrétien qui verse de l’argent à une personne ou à une organisation du monde pour l’achat de marchandises ou en échange d’un service rendu, ou encore celui d’un chrétien qui reçoit de l’argent d’une telle personne ou organisation pour les mêmes raisons. Selon les Écritures, le fait de donner ou de recevoir cet argent n’implique pas automatiquement que le chrétien soutient ou excuse le mal que pourrait faire la personne ou l’organisation en question. Comme nous l’avons vu précédemment, les chrétiens du premier siècle pouvaient acheter de la viande qui provenait de temples païens. Certes, ces temples tiraient là un gain, mais ce gain provenait non de contributions directes, mais de la vente de la viande.
Bien que ce ne soit pas la provenance du salaire versé à un chrétien pour un travail honnête qui détermine si son emploi est bon ou mauvais, quiconque doit faire face à ce problème agira avec sagesse et prudence tout comme le chrétien qui se trouvait dans les situations décrites précédemment en rapport avec le lieu de son travail. Le désir du chrétien sera toujours de servir la cause de la vérité, de répandre la bonne nouvelle et de ne rien faire qui puisse entraver la progression de celle-ci. Le chrétien tiendra aussi compte de l’influence que peut exercer sur lui le milieu dans lequel il travaille. Ce milieu lui sera-t-il nuisible spirituellement? Y subira-t-il des pressions qui l’inciteront à faire le mal? Il lui faudra encore veiller à ce que sa haine du mal ne faiblisse pas, sinon il serait amené à faire des compromis et finalement à succomber au mal. — Héb. 1:9.
‘S’il a des doutes’
Dans le domaine de l’emploi comme dans les autres choses de la vie, nous devons nous laisser guider par notre conscience, qui est éduquée par la Parole de Dieu. Il se peut qu’un autre membre de la congrégation chrétienne n’ait aucun trouble de conscience à propos d’un certain type de travail. En revanche, il se peut que notre propre conscience soit dans le doute. Allons-nous étouffer ces scrupules et nous laisser guider par la conscience d’une autre personne? L’apôtre Paul, divinement inspiré, nous fournit une réponse; voici ce qu’il déclara en rapport avec la consommation de la viande: “S’il a des doutes, il est déjà condamné s’il mange, parce qu’il ne mange pas par foi. En effet, tout ce qui n’est pas fait par foi est péché.” (Rom. 14:23). Par conséquent, si un chrétien n’a pas la conscience en repos et qu’il ait des doutes au sujet d’un certain travail, il fera preuve de sagesse en changeant d’emploi. Il évitera ainsi de pécher en agissant à l’encontre de sa conscience, ce qui reviendrait à la blesser. D’autre part, celui qui a des doutes ou qui se pose des questions quant à savoir si tel ou tel travail sied ou non à un chrétien, celui-là ne devrait pas se mettre à critiquer les autres, à soulever inutilement des problèmes et à condamner ses frères comme transgresseurs de la loi de Dieu, aussi longtemps qu’un principe biblique n’a pas été manifestement transgressé. — Rom. 14:1-5.
N’oublions pas que les problèmes relatifs à l’emploi ne sont pas nouveaux. Tout comme au temps des apôtres et dans l’Antiquité, le système mondial actuel et les gens en général méprisent les mêmes principes de justice. Mais la Bible ne renferme pas une longue liste de règles relatives à ce qui convient ou non dans le domaine de l’emploi. Elle énonce essentiellement trois facteurs à prendre en considération: 1) Le travail est-il vraiment répréhensible en soi-même, en ce sens qu’il constitue un péché parce qu’il va à l’encontre des lois morales de Dieu ou incite directement à transgresser ces lois? 2) Se peut-il qu’en voyant un chrétien occuper un certain emploi d’autres personnes aient l’impression qu’il approuve le mal? Est-ce que cela les fait trébucher, les incitant elles-mêmes à pratiquer le mal? 3) Le chrétien a-t-il lui-même des doutes concernant son emploi?
La responsabilité de la congrégation
Quand un chrétien accepte un emploi qui est nettement en conflit avec la loi de Dieu, son comportement n’est pas sans influer sur la congrégation et les anciens. Celui dont le travail ou le produit de ce travail est condamné par les Écritures, et celui qui, par ses activités, se fait le complice ou l’instigateur de pratiques mauvaises, ceux-là ont besoin de l’aide des anciens qui doivent leur montrer que de tels emplois ne conviennent pas au chrétien. S’il est absolument évident que l’emploi d’un frère est contraire aux Écritures, les anciens lui expliqueront le point de vue biblique et lui montreront comment il s’applique dans son cas. Il se peut qu’il faille plusieurs entretiens échelonnés sur quelques semaines pour aider ce frère à comprendre et à considérer dans la prière les points sur lesquels son attention a été attirée. S’il est vraiment établi que son emploi va à l’encontre des principes chrétiens et que, néanmoins, il persiste à l’assumer, on pourra alors l’exclure de la congrégation.
Que faire lorsque le travail n’est pas répréhensible en soi-même mais que, soit à cause du lieu où il est effectué, soit à cause de la provenance du salaire ou de quelque autre facteur de ce genre, ce travail risque de produire une impression défavorable? En pareil cas, les anciens veilleront à ne pas imposer leur conscience aux autres frères, comme s’ils ‘avaient autorité sur leur foi’. (II Cor. 1:24.) C’est le maître de la maison qui peut dire quel genre de travail sied ou non au chrétien. Les anciens savent que seuls Dieu et Christ ont autorité sur la congrégation chrétienne et que c’est leur parole qui fait loi. Aussi, lorsque les Écritures ne renferment aucun précédent bien établi, les anciens permettront au chrétien de laisser s’exprimer sa foi et d’agir selon sa conscience.
Dans le cas où le travail d’un membre de la congrégation soulèverait certaines objections, bien que n’étant pas en soi-même contraire aux Écritures, les anciens pourront en discuter avec l’intéressé. Sans le condamner, il leur est néanmoins possible d’attirer son attention sur les dangers réels d’un tel emploi et de lui montrer qu’en l’exerçant il risque de choquer d’autres chrétiens. Ils pourront aussi lui faire comprendre qu’il est avantageux de se tenir à une bonne distance des limites permises. Maintenant, si la situation évolue de telle sorte que la congrégation en est fortement troublée ou que les gens du dehors en viennent à faire des critiques défavorables, les anciens peuvent décider qu’un tel élément ne doit pas être utilisé à des tâches réservées normalement à ceux dont la vie est exemplaire. Car, ce qui est “permis” n’est pas forcément “avantageux”, comme le dit l’apôtre, qui ajoute cette exhortation: “Que chacun continue à chercher, non pas son avantage personnel, mais celui d’autrui.” — I Cor. 10:23, 24.
Les anciens ont particulièrement besoin d’étudier sérieusement la Parole de Dieu et de rechercher le discernement et l’intelligence qui procurent un bon jugement. Ils reconnaîtront que “la sagesse d’en haut est d’abord chaste”; ainsi, ils resteront fermement attachés au culte pur et soutiendront courageusement les lois de Dieu. Mais ils reconnaîtront aussi que la sagesse d’en haut est “raisonnable”; par conséquent, ils éviteront d’être extrémistes dans l’application des principes bibliques et veilleront à ne pas aller au-delà de ce que Dieu nous enseigne par son exemple et par son esprit. — Jacq. 3:17.
Ne craignons donc pas qu’en nous abstenant de fixer des règles précises relatives au travail profane, nous causerons un préjudice spirituel à la congrégation de Dieu. Lorsque Dieu a supprimé le Code mosaïque, la nouvelle congrégation de l’Israël spirituel ne s’est pas trouvée désemparée, cherchant ce qu’il convenait de faire pour plaire à Dieu. Bien mieux que la Loi, la puissance de l’esprit de Dieu opérant sur les esprits et les cœurs de ceux dont la conscience avait été éduquée et modelée grâce à l’étude de la Parole de Dieu, les ferait se tourner vers la justice. Il en est de même aujourd’hui.
Incontestablement, l’amour, qui est un fruit de l’esprit de Dieu, incitera le véritable chrétien à rejeter tout emploi nettement condamné par la Parole de Dieu. Dans les cas où c’est la conscience de chacun qui serait juge, l’amour incitera le chrétien à ne pas porter un coup mortel à ses semblables en les faisant trébucher. La sagesse pratique l’aidera aussi à voir s’il doit ou non changer d’emploi; cela dans son propre intérêt spirituel et pour éviter de tomber dans un piège quelconque (Rom. 13:10; Prov. 3:21-23). Ainsi, le chrétien démontrera qu’il ‘ne fait pas partie du monde’ et gardera une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes. — Jean 17:16; 1 Tim. 1:5, 19.