Qui est ou qu’est-ce que le saint esprit ?
Selon la conception généralement répandue dans la chrétienté, le saint esprit est une personne, “ la troisième personne de la trinité ”, elle est coégale et coéternelle à Dieu. La Bible montre-t-elle que le saint esprit est une personne ? Sinon, qu’est-il ?
LA PLUPART des gens de la chrétienté ont une idée vague du saint esprit. Ils se rappellent que le saint esprit apparut, au moment où Jésus fut baptisé, comme une colombe, et à la Pentecôte sous la forme de langues de feu — mais c’est tout. Bien qu’ils puissent croire que le saint esprit est une personne, le fait demeure qu’“ il y eut quelque obscurité dans les enseignements d’un Justin, le martyr, et d’autres pères de l’église au sujet de l’esprit ” comme étant une personne.
Pour comprendre un sujet biblique on fait bien de consulter la langue primitive. Dans la Traduction du Monde Nouveau des Écritures grecques chrétiennes (anglais), le terme “ esprit ” est, à part deux exceptions, la traduction du vocable grec pneuma, d’où découlent les mots pneumatique et pneumonie. Dans la version du Roi Jacques (angl.) pneuma est traduit 288 fois par “ esprit ” (en anglais : spirit), 91 fois par “ esprit ” (en anglais : ghost), une fois par “ vent ”, une fois par “ vie ”, une fois par “ spirituellement ” et une fois par “ don spirituel ”.
Le vocable grec pneuma signifie littéralement “ vent ”. Nous comprendrons mieux notre sujet si nous tenons compte du fait qu’il est toujours utilisé dans le sens de vent, étant invisible et puissant, se manifestant par ses effets visibles. Il est employé aussi dans ce sens par rapport à des personnes invisibles : “ Dieu est esprit. ” Jésus-Christ, “ le dernier Adam, est devenu un esprit vivifiant ” lors de sa résurrection. Les anges sont “ tous des esprits pour un service public. ” — Jean 4:24 ; I Cor. 15:45, Sg ; Héb. 1:14, NW.
Le terme “ esprit ” désigne parfois la force vitale invisible, impersonnelle de l’homme et de la bête. “ Ils entrèrent dans l’arche... deux à deux, de toute chair ayant souffle de vie (ayant en elle esprit de vie, Da). ” À la mort cette force vitale ou “ esprit retourne à Dieu qui l’a donné ”. Le vocable “ esprit ” est aussi utilisé pour désigner notre disposition spirituelle : “ Celui qui domine son esprit vaut mieux que le guerrier qui prend les villes. ” — Gen. 7:15 ; Eccl. 12:9 12:7, NW ; Prov. 16:32, Cr.
Cependant les cas revêtant pour nous un intérêt spécial sont ceux où le mot “ esprit ” est employé en relation avec Dieu et le Christ ou dans l’expression “ saint esprit ”. Dans ces cas, s’agit-il d’une personne en particulier ou ce terme se rapporte-t-il à quelque chose d’impersonnel comme dans “ esprit de vie ” et “ esprit de l’homme ” ?
CARACTÉRISTIQUES DE L’IMPERSONNALITÉ
Si ces textes étaient appliqués à une personne en particulier, nombre de versets scripturaux n’auraient aucun sens. Par exemple : Jésus devait baptiser de saint esprit et de feu comme Jean avait baptisé d’eau. Les gens peuvent être baptisés d’eau et de feu, mais peuvent-ils être baptisés avec une personne ? Pouvons-nous nous représenter une personne se partageant et se posant sur les cent vingt disciples rassemblés à la Pentecôte et les remplissant tous ? Pouvons-nous nous imaginer Jésus recevant de son Père ce saint esprit sous la forme d’une “ personne ” et la déversant ensuite sur ces disciples comme un feu liquide ? Cette conception est-elle raisonnable ? — Mat. 3:11 ; Actes 2:1-4, 17 ; 11:16.
Il est encore dit aux chrétiens de ne pas éteindre l’esprit. De ne pas éteindre une personne ? Des serviteurs de Dieu de l’Antiquité, il est dit qu’ils étaient enveloppés ou revêtus de son esprit. Étaient-ils enveloppés d’une personne ? On pourrait citer maints autres exemples, mais ceux-ci suffisent sans doute pour démontrer que dans de tels cas on ne saurait attribuer une personnalité à l’“ esprit ”. Mais qu’est donc ce saint esprit ? C’est la force agissante de Dieu, non seulement sa puissance inhérente, mais cette puissance en action. — Juges 6:34 ; I Thess. 5:19.
Cette vérité a été assombrie par des traducteurs de la Bible qui se laissèrent influencer par leurs préjugés religieux et écrivirent le mot “ saint ” avec majuscule dans l’expression “ Saint Esprit ”. Pour faire paraître le saint esprit en tant que personne ils ont utilisé 105 fois l’article défini “ le ” (en anglais et aussi dans de nombreux cas en français) devant les termes “ esprit ” ou “ saint esprit ”, alors qu’il n’existe pas dans l’original. Les écrivains des Écritures grecques chrétiennes étaient ou fort négligents ou irrespectueux à l’égard du “ Saint Esprit ” en omettant l’article défini, ou ceux qui attribuent une personnalité au saint esprit sont dans l’erreur.
Les paroles de Jésus éclairent ce sujet : “ Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le saint esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir (ni dans cet ordre de choses ni dans celui à venir, NW). ” Il est difficile d’expliquer ces paroles si on considère le saint esprit comme étant la troisième personne d’une trinité formée d’êtres égaux, mais elles ont un sens si on considère l’esprit comme étant la force agissante de Dieu. Grâce à cette force Jésus chassa des démons, et ses adversaires blasphémèrent le saint esprit en attribuant au Diable cette manifestation du saint esprit ou force agissante de Dieu. Tous péchés contre Dieu et le Christ peuvent être pardonnés car ils peuvent être commis par ignorance, mais les péchés contre une manifestation du saint esprit de Dieu sont faits volontairement, à dessein et avec malignité, et de ce fait ils ne seront point pardonnés. — Mat. 12:31, 32 ; Héb. 10:26.
CONSIDÉRONS LES OBJECTIONS
Quelqu’un objectera : Jésus n’utilisa-t-il aucun pronom personnel (masculin) lorsqu’il se référa au saint esprit ? Si, mais seulement en personnifiant le saint esprit dans son rôle de paraclet, consolateur ou aide ; en grec ces substantifs sont masculins. En cette qualité le saint esprit fut déversé à la Pentecôte sur les apôtres et les disciples de Jésus et ils furent consolés, reçurent aide, force et compréhension pour ce qui concerne l’œuvre qu’ils devaient accomplir. Dans les Écritures des choses impersonnelles sont souvent personnifiées ; ainsi Jésus employa à ce propos les pronoms personnels masculins, car il personnifia le saint esprit en tant qu’aide ou consolateur. — Jean 14:26 ; 15:26.
Il utilisa aussi des pronoms impersonnels neutres en se référant à l’“ esprit de vérité ”, ce qu’il n’aurait pas fait si c’eût été une personne. “ L’esprit de vérité, que (en grec figure ici un pronom neutre) le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le (grec neutre) voit point et ne le (grec neutre) connaît point ; mais vous, vous le (grec neutre) connaissez, car il (grec neutre) demeure avec vous, et il sera en vous. ” Tandis que certains traducteurs emploient dans ce texte des pronoms personnels masculins, le fait que les versions anglaises de Rotherham et de Goodspeed, deux éminents hellénistes, utilisent aussi des pronoms impersonnels, indique qu’en anglais l’emploi des pronoms personnels (masculins) en connexion avec l’esprit repose sur une prévention religieuse. — Jean 14:17.
Mais n’est-il pas écrit que le saint esprit parle, conduit, guide, et ces expressions n’indiquent-elles pas l’existence d’une personnalité ? Pas nécessairement. La force agissante, invisible, de Dieu est capable d’accomplir ces choses tout en n’étant pas une personne. Voici une illustration : Grâce à la radio des fonctionnaires municipaux sont en contact avec les voitures de police qui patrouillent, leur donnent des instructions, des conseils, et les guident, mais cela ne signifie pas que la radio est une personne, n’est-ce pas ? Ou bien un chef d’État fait un discours et un reporter le cite à la radio. Il serait également exact de se référer au discours comme émanant de la radio, du reporter ou du chef d’État, suivant le point de vue adopté.
Il en est de même des saintes Écritures. Au sujet des prophéties il est dit : Dieu a parlé, l’esprit du Christ l’a attesté et le saint esprit a fait prononcer les prophéties. Tout cela est juste car toutes choses viennent du Père, par le Fils et moyennant le saint esprit. — Zach. 4:6 ; I Cor. 8:6 ; Héb. 1:1 ; I Pi. 1:11 ; II Pi. 1:21.
Comme toutes choses viennent du Père par le Fils moyennant le saint esprit, nous les trouvons souvent liés les uns aux autres, comme dans Matthieu 28:19 et II Corinthiens 13:13. Cette liaison ne prouve toutefois pas que tous trois sont des personnes ou qu’ils devraient être égaux. Comment pourraient-ils être égaux quand il est écrit que le Père a envoyé le Fils et que le Fils a envoyé le saint esprit ? Quiconque envoie quelqu’un est supérieur à celui qu’il envoie.
Le saint esprit établit des serviteurs dans l’assemblée chrétienne, est-il écrit dans Actes 13:2 et 20:28. Ce fait prouve-t-il que l’esprit est une personne, comme certains le prétendent ? Pas du tout. En ce que les hommes qui procédèrent à de telles nominations — comme Paul instruisit Tite de le faire — étaient remplis du saint esprit et poussés par lui à agir, nous pouvons dire que ces nominations furent faites par le saint esprit. — Tite 1:5.
Cette déclaration : “ L’esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu ” prouve certainement qu’il est une personne, affirment d’autres. Pas nécessairement. On peut dire que ce que nous accomplissons à l’aide de la force agissante de Dieu, c’est elle qui l’exécute. Nous pouvons dire qu’elle sonde, c’est-à-dire que le saint esprit nous aide à étudier la Parole de Dieu. Une pensée semblable est contenue dans ce texte : “ L’esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. ” Cela signifie qu’en nous aidant à comprendre sa Parole l’esprit de Dieu ou force agissante rend témoignage à la disposition mentale de ceux qui forment le corps du Christ, qu’ils sont réellement des fils de Dieu. — I Cor. 2:10 ; Rom. 8:16.
Nous ne déprécions pas, ne méprisons pas ni ne discréditons le saint esprit en ne le considérant pas comme une personne, mais lui donnons la place qui lui revient, car où que nous regardions dans la Bible, il n’est jamais traité en tant que personne. Les serviteurs de Jéhovah, tels que Daniel, Étienne et l’apôtre Jean, eurent des visions du ciel. Ils virent chaque fois des représentations de Jéhovah Dieu et de son Fils, le Fils de l’homme, l’agneau de Dieu, mais virent-ils jamais une représentation du saint esprit en tant que personne ? Le fait qu’il apparut sous la forme d’une colombe et de nombreuses langues de feu indique qu’il n’est pas une personne.
La Bible montre clairement que le saint esprit n’est pas une personne ou, autrement exprimé, que sa nature est telle qu’elle peut être harmonisée avec l’impersonnalité. C’est la force agissante de Dieu, force invisible et puissante, envoyée pour accomplir son dessein.