La productivité — Manifestation de l’esprit saint
EN 1951 un événement fit sensation dans les milieux botaniques : deux grains avaient germé dans une serre de la ville de Washington. S’il est vrai que des millions de grains lèvent chaque année, ceux-là représentaient un cas spécial. Il s’agissait de deux grains de lotus provenant d’un marais mandchou et vieux, de l’avis de certains, de 50 000 ans. Quand ils eurent germé on éleva encore ce chiffre, si bien que finalement d’autres graines de même provenance furent soumises à l’épreuve du chronomètre au carbone. Ce chronomètre atomique fixa leur âge à 1 000 ans environ.
Pendant 1 000 ans ces grains étaient donc restés stériles. Si après avoir mûri ils avaient été convenablement mis en terre, le nombre de grains qu’ils auraient produits se chiffrerait aujourd’hui par milliards. Mais à cause de leur improductivité il n’y avait encore en 1951 que les deux grains originaux. C’est bien ce que déclara Jésus : “ En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. ” — Jean 12:24.
Il en est de même des vérités de la Parole de Dieu, vérités que Jésus compara dans une de ses paraboles à la semence répandue par le semeur (Luc 8:11). La Parole de Dieu demeure éternellement (I Pi. 1:25). Cependant, nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps pour semer les vérités qu’elle contient. Nous ne devons pas les laisser stériles pendant 1 000 ans comme les deux grains de lotus. Nous ne sommes pas sûrs de vivre demain, moins encore de vivre dans 1 000 ans (Prov. 27:1). C’est maintenant que nous devons semer, sans tarder, afin de produire les fruits du Royaume. Après avoir répandu la semence de la vérité en témoignant de porte en porte par exemple, nous devons revenir pour arroser et cultiver en faisant des visites complémentaires et en conduisant des études bibliques à domicile ; puis, nous devons nous en remettre à Dieu qui fera croître (I Cor. 3:6). Nous bâtissons sur le fondement que nous avons posé en passant de porte en porte. Jésus n’a pas bâti sur le fondement posé par un autre. Il est notre modèle. Paul non plus n’a pas bâti sur le fondement posé par un autre ; il nous est conseillé de l’imiter (Rom. 15:20 ; I Cor. 11:1 ; I Pi. 2:21). En prenant part à la prédication sous toutes ses formes nous verrons germer les vérités que nous avons semées, nous les verrons lever et prendre racine dans le cœur et l’esprit d’autres personnes qui deviendront à leur tour des semeurs féconds de la vérité.
Dans la parabole de Jésus les personnes à qui nous prêchons sont comparées à différents genres de sol ; tel sol ne reçoit pas la semence parce qu’il est trop dur, ou trop pierreux, ou encore couvert d’épines, tandis qu’un autre reçoit bien la même semence et devient productif (Mat. 13:3-9, 18-23). Lorsque sous forme de publications nous laissons cette semence aux portes, nous ne pouvons pas dire à coup sûr quel genre de sol représentent ceux qui les ont acceptées. Même un cultivateur expérimenté ne peut pas toujours juger de la qualité d’une terre en la voyant. Parfois il est obligé de la soumettre à l’analyse. Il en est de même du ministre qui ne peut juger sur l’apparence de la personne qui l’a reçu pour prévoir quels résultats produiront les publications qu’il lui a laissées. Le proclamateur expérimenté lui-même se trompe souvent sur ce point. C’est pourquoi nous devons revenir pour veiller sur la semence, voir si elle a pris racine et nous demander si de nouveaux soins symbolisés par l’arrosage et la culture ne favoriseraient pas sa croissance. Il ne nous faut pas commettre l’erreur contre laquelle Jésus nous mit en garde lorsqu’il dit : “ Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. ” (Jean 7:24). Nous ne porterons donc pas un jugement hâtif basé sur ce qui a frappé nos regards au moment du placement des publications, mais pour juger selon la justice et dire que la personne ressemble au sol épineux, au sol pierreux, au sol dur du bord du chemin ou à la bonne terre, nous devons suivre l’intérêt suscité en faisant des visites complémentaires.
“ FRUITS DE L’ESPRIT ”
Le nombre croissant des ministres qui se lèvent là où la vérité a été semée est une preuve de l’aide apportée par l’esprit de Jéhovah. Il est écrit en effet : “ Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit l’Éternel des armées. ” (Zach. 4:6). L’accroissement numérique n’est cependant pas suffisant à lui seul ; de nombreuses fausses religions peuvent aussi dire que le nombre de leurs adeptes s’est accru. Pour juger d’un arbre nous devons en examiner les fruits : “ Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. ” — Mat. 7:17-20.
Les bons fruits sont ceux de l’esprit, les mauvais ceux de la chair. “ Or, les œuvres de la chair sont manifestes, ce sont l’impudicité, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. Je vous dis d’avance, comme je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu. Mais le fruit de l’esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance. ” — Gal. 5:19-23.
Les grandes organisations religieuses de la chrétienté à même de se glorifier du nombre imposant de leurs adeptes sont-elles en mesure de manifester ces fruits de l’esprit ? Actuellement, le monde en général subit les douleurs provoquées par la dépravation des mœurs et s’abandonne aux œuvres de la chair plus que jamais. Mais est-ce que ces grandes religions peuvent se dire différentes de ce monde matérialiste ? N’en font-elles pas au contraire partie, plongées comme elles sont dans les œuvres de la chair ? Jamais on entend dire qu’elles sont nettement différentes des groupements humains en général — et il devrait pourtant en être ainsi si elles portaient les fruits de l’esprit qui sont si rares dans ce monde inique.
Les témoins de Jéhovah cependant peuvent dire qu’ils sont différents. Ils ne sont pas seulement différents parce qu’ils prêchent de porte en porte, font des visites complémentaires, conduisent des études bibliques, instruisent de nouveaux ministres et augmentent en nombre pendant que beaucoup de cultes déplorent le manque d’intérêt manifesté par leurs congrégations qui dépérissent ; ils sont encore différents parce qu’ils produisent les fruits de l’esprit. Pour illustrer cela considérons le cas de ceux qui viennent à nos grandes assemblées et y voient ce qu’eux-mêmes sont incapables de réaliser, ce que les Nations unies ne peuvent faire, ce qu’aucune autre organisation humaine n’a été capable de réaliser. Ils voient des personnes de nombreuses races, nationalités et langues, des personnes ayant appartenu autrefois à des cultes différents, et qui toutes se sont maintenant rassemblées dans la paix et l’unité, ayant surmonté les barrières qui divisent ce monde. Tous les visages sont rayonnants de joie, et l’amour, la coopération et la considération sont manifestes parmi ces grandes multitudes qui dépassent parfois 100 000 personnes. Les gens du monde qui viennent nous rendre visite s’étonnent de voir la bonne organisation de nos multiples activités et admettent volontiers qu’aucune autre organisation n’est jamais arrivée à de pareils résultats. Et cependant, tout en hochant la tête en signe d’étonnement, ils reconnaissent que nous semblons être comme tout le monde, des gens moyens, ce qui est naturellement vrai.
Lorsqu’ils demandent la raison de cette unité malgré l’existence des différences qui causent de profondes divisions dans le monde, nous leur disons que l’esprit de Dieu est cette force qui unit et que ce qu’ils voient n’est que le résultat ou la manifestation de l’esprit saint. Nous sommes heureux de ce qu’ils remarquent ces choses car c’est une preuve que nous produisons les fruits de l’esprit, qui montrent que nous sommes différents et séparés de ceux qui s’adonnent aux œuvres de la chair. Mais par ce fait même ces gens du monde qui nous observent se trouvent dans une position délicate, une position qui comporte une grande responsabilité, et une mauvaise décision de leur part pourrait les condamner sans recours à l’anéantissement éternel. Pour quelle raison ? Parce qu’ils peuvent se rendre coupables du péché irrémissible contre l’esprit.
PÉCHER CONTRE L’ESPRIT SAINT
Pour comprendre ce point, lisez dans votre Bible le passage de Matthieu 12:22-33. Jésus venait de guérir un homme possédé du démon, ce qui n’est pas dans le pouvoir d’un simple mortel. Les multitudes qui avaient assisté à cette guérison le savaient et, à cause de ce miracle, elles étaient prêtes à reconnaître en Jésus le fils de David. Mais les pharisiens ne voulurent pas admettre que ce miracle était une manifestation de l’esprit de Dieu et soutinrent qu’il avait été accompli par le pouvoir de Satan ; de ce fait ils se rendirent coupables d’avoir blasphémé et péché contre l’esprit saint. Ils savaient fort bien que s’ils acceptaient ce miracle comme venant de l’esprit de Dieu ils seraient dans l’obligation de reconnaître Jésus comme le Messie. Ils devraient par conséquent reconnaître qu’ils étaient de faux docteurs, abandonner leur façon de vivre et devenir des disciples de Jésus. Pour cela il leur aurait fallu renoncer à leur position élevée et à ses nombreux bénéfices. Mais ils ne voulaient pas faire un tel sacrifice et c’est pourquoi ils refusèrent délibérément d’accepter la manifestation de l’esprit de Jéhovah qui avait accompli ce miracle.
Finalement, ils réussirent à se débarrasser de Jésus en le mettant à mort mais, conformément à ce qu’il avait dit concernant le grain de blé qui devait mourir pour porter du fruit, sa mort ne fit que contribuer à l’apparition d’un grand nombre d’oints qui possédaient les dons de l’esprit grâce auxquels ils accomplirent de grands prodiges, parlant en langues, prophétisant, ayant le don de la connaissance, guérissant les malades, et ainsi de suite. Tous ces miracles opérés par les apôtres et leurs compagnons étaient une preuve visible de l’activité du saint esprit de Dieu ; ceux qui ne voulaient pas les accepter comme tels résistaient volontairement à l’esprit et ainsi blasphémaient et péchaient contre lui, se vouant eux-mêmes à la mort éternelle. À l’instar du clergé qui s’était plaint que le monde suivait Jésus à cause de ses miracles, ceux-ci se lamentaient maintenant que les disciples avaient bouleversé le monde par des œuvres semblables qui dérangeaient leur ordre de choses religieux. — Jean 12:17-19 ; Actes 17:6 ; I Cor. 12:1-11.
Cependant, ces manifestations miraculeuses de l’esprit devaient cesser. En effet il est écrit : “ L’amour ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, le don des langues cessera, la connaissance sera abolie. Car nous ne connaissons qu’imparfaitement, et nous ne prophétisons qu’imparfaitement ; mais, quand la perfection sera venue, alors ce qui est imparfait sera aboli. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, je me suis défait de ce qui tenait de l’enfant. ” — I Cor. 13:8-11, Sy.
Si ces dons miraculeux furent accordés à l’Église naissante ce fut dans le dessein de lui donner un bon départ et de l’établir solidement, de montrer que Dieu transférait son esprit de l’organisation de la Loi mosaïque juive au nouvel ordre de choses chrétien. Quand celui-ci parvint à l’âge mûr et put progresser sûrement par ses propres moyens, ces dons miraculeux ne furent plus pratiqués. Ils n’étaient plus nécessaires. C’est pour cette raison même que nous ne trouvons plus ces dons dans l’organisation chrétienne d’aujourd’hui. Sans le secours de tels moyens, l’Église, qui a atteint la maturité et qui est fortifiée par la grande connaissance des Écritures et par la réalisation de nombreuses prophéties, peut annoncer un message convaincant et arriver à de bons résultats parmi ceux qui ont des oreilles pour entendre. Cependant, elle bénéficie toujours de l’assistance de l’esprit saint, mais celui-ci se manifeste d’une autre manière, principalement par l’amour et tous les autres fruits de l’esprit mentionnés dans Galates 5:22, 23 et I Corinthiens 13:4-7.
C’est cette manifestation de l’esprit dans la maturité que les gens du monde remarquent dans nos assemblées. Ils reconnaissent que nous sommes des gens comme tout le monde et se rendent compte cependant que l’organisation n’est pas comme les autres organisations humaines, à cause des fruits de l’esprit. Cette opération manifeste de l’esprit saint ne suffit pourtant pas pour qu’ils deviennent une partie de cette organisation unifiée qui cause leur étonnement. Comme dans le cas des pharisiens, l’égoïsme les empêche de renoncer à leur genre de vie, à leur pratique des œuvres de la chair, et à la place qu’ils occupent dans le monde et dans ses organisations. Ils refusent de se laisser conduire dans la bonne direction par la manifestation de l’esprit saint et doutent même que ce soit là une opération de l’esprit de Dieu. À l’exemple des pharisiens, ils essaient de trouver d’autres raisons à cette joie, à cette paix et à cette unité qui font leur étonnement. En agissant ainsi, ne pèchent-ils pas en effet contre l’opération manifeste de l’esprit saint ? Ne se condamnent-ils pas par conséquent à la mort ?
Mais dans tout cela notre rôle consiste à manifester continuellement l’esprit de Dieu que nous possédons. Ce n’est pas grâce à notre propre force que nous pouvons continuer de prêcher dans le monde entier, affrontant la persécution, supportant les violences de la populace, souffrant les emprisonnements, gardant notre intégrité jusqu’à la mort, et continuant malgré tout à augmenter en nombre et à abonder en fruits de l’esprit. Que ce soit dans notre vie privée ou en public, en tant qu’individus ou comme organisation, nous devons toujours marcher selon l’esprit et non selon la chair. Nous devons être des “ signes ” et des “ prodiges ”, être “ un spectacle au monde ” ; cela ne sera possible que si nous manifestons l’esprit de Dieu qui repose sur nous. — És. 8:18, Da ; I Cor. 4:9.
Ne laissez donc pas la semence de la vérité rester stérile pendant 1 000 ans, comme dans le cas des deux grains de lotus. Au contraire, semez et arrosez pour que Dieu puisse faire croître et manifester son esprit sur l’organisation théocratique. Cet esprit aura pour effet de diviser les hommes pendant cette période de jugement que clôturera bientôt la bataille d’Harmaguédon.