INSPIRATION
En II Timothée 3:16, l’apôtre Paul écrivit: “Toute Écriture est inspirée de Dieu.” Ici, l’expression “inspirée de Dieu” traduit le mot grec composé théopnéustos, qui signifie littéralement “soufflé de Dieu” ou “soufflé par Dieu”.
C’est là le seul texte des Écritures où ce terme grec apparaît. Par cette expression, Paul salue sans équivoque en Dieu la Source et l’Auteur des Saintes Écritures, la Bible. On rencontre toutefois une formule analogue dans les Écritures hébraïques, en Psaume 33:6. Nous lisons: “Par la parole de Jéhovah les cieux eux-mêmes ont été faits, et par l’esprit [ou le souffle] de sa bouche toute leur armée.”
LES RÉSULTATS DE L’OPÉRATION DE L’ESPRIT DE DIEU
C’est par l’entremise de l’esprit saint de Dieu, sa force agissante, que “toute Écriture” a été inspirée (voir ESPRIT). Cet esprit saint a agi envers les hommes, a opéré sur eux, afin de les inciter à coucher le message de Dieu par écrit et de les guider dans cette tâche. C’est pourquoi, au sujet des prophéties de la Bible, l’apôtre Pierre déclara: “Car vous savez d’abord ceci: qu’aucune prophétie de l’Écriture ne provient de quelque interprétation privée. En effet, la prophétie n’a jamais été apportée par la volonté de l’homme, mais c’est portés par de l’esprit saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu.” (II Pierre 1:20, 21). On peut évidemment en dire autant de tous les écrits qui font partie de la Bible. L’esprit de Dieu a agi sur l’intelligence et sur le cœur des rédacteurs pour les porter au but que Dieu se proposait d’atteindre. Le roi David reconnut: “C’est l’esprit de Jéhovah qui a parlé par moi, et sa parole a été sur ma langue.” — II Sam. 23:2; voir Matthieu 22:43.
Tout comme l’esprit de Jéhovah a incité des humains à se charger d’autres missions divines ou les a dotés des aptitudes voulues, par exemple pour confectionner les vêtements sacerdotaux et fabriquer le matériel destiné au tabernacle (Ex. 28:3; 35:30-35), s’acquitter de charges administratives (Deut. 34:9) ou commander des forces militaires (Juges 3:9, 10; 6:33, 34), de même cet esprit a donné à certains hommes le pouvoir de rédiger les Écritures. Grâce à cette force agissante, les rédacteurs ont reçu la sagesse, l’intelligence, la connaissance, le conseil et la puissance au delà de ce qui était normal et selon leurs besoins propres (És. 11:2; Michée 3:8; I Cor. 12:7, 8). Pareillement, Jésus assura à ses apôtres que l’esprit de Dieu les aiderait, les instruirait, les guiderait, leur rappellerait ce qu’ils lui avaient entendu dire et leur révélerait les choses à venir (Jean 14:26; 16:13). Cela garantissait la véracité et la précision des Évangiles, qui comprennent de nombreuses et longues citations des discours de Jésus, bien que l’Évangile de Jean, pour ne citer que lui, fût écrit de nombreuses années après la mort du Christ.
La direction de la “main de Jéhovah”
Les rédacteurs de la Bible furent donc placés sous la “main” de Jéhovah, c’est-à-dire sous sa direction et sous sa surveillance (II Rois 3:15, 16; Ézéch. 3:14, 22). Cette “main”, qui pouvait inciter les serviteurs de Dieu à parler ou à se taire selon le moment (Ézéch. 3:4, 26, 27; 33:22), était aussi en mesure de les pousser à écrire ou de les retenir, les amenant à traiter certaines questions ou les empêchant d’en aborder d’autres. Ainsi, dans tous les cas, le résultat était conforme au souhait de Jéhovah.
LES MOYENS QUE DIEU À EMPLOYÉS POUR DIRIGER LA RÉDACTION DE LA BIBLE
Comme le dit l’apôtre Paul, Dieu a parlé “de bien des manières” à ses serviteurs des temps préchrétiens (Héb. 1:1, 2). Au moins une fois, pour les Dix Commandements, qui sont également connus sous le nom de Décalogue, les renseignements ont été communiqués aux humains par écrit. Moïse n’eut donc qu’à les recopier sur des rouleaux ou sur un autre support (Ex. 31:18; Deut. 10:1-5). Dans certains cas, le texte fut dicté oralement, mot à mot. Quand il présenta à Moïse le grand code de lois et d’ordonnances relatives à l’alliance qu’il avait conclue avec Israël, Dieu lui donna l’ordre suivant: “Écris pour toi ces paroles.” (Ex. 34:27). Les prophètes, eux aussi, eurent souvent des messages précis à transmettre, messages qui furent rédigés par la suite pour devenir partie intégrante des Écritures. — I Rois 22:14; Jér. 1:7; 2:1; 11:1-5; Ézéch. 3:4; 11:5.
Dieu livra également les connaissances nécessaires aux rédacteurs de la Bible par des rêves ou des visions. Les rêves ou ‘visions nocturnes’, comme on les appelait parfois, projetaient vraisemblablement une représentation du message ou du dessein divin dans l’esprit de la personne endormie (Dan. 2:19; 7:1). Plus fréquemment encore, les rédacteurs ont contemplé des visions qui leur transmettaient les pensées de Dieu alors qu’ils étaient en état de veille. La révélation était alors imprimée à l’aide d’images dans leur pensée (Ézéch. 1:1; Dan. 8:1; Rév. 9:17). Par ailleurs, il arrivait que le prophète tombe en extase pour recevoir une vision. Dans cet état, bien que conscient, il était, semble-t-il, tellement absorbé par la révélation qu’il en oubliait tout ce qui se passait autour de lui. — Actes 10:9-17; 11:5-10; 22:17-21; voir VISION.
Des anges ont été très souvent porteurs des messages divins (Héb. 2:2). En fait, le rôle de ces messagers fut quelquefois plus important qu’il n’y paraît. Ainsi, selon le récit biblique, la Loi donnée à Moïse fut énoncée par Dieu. Toutefois, Étienne et Paul révélèrent qu’en réalité Jéhovah avait fait transmettre ce code de lois par ses anges (Actes 7:53; Gal. 3:19). Puisque les anges parlaient au nom de Dieu, le message qu’ils présentaient pouvait à juste titre être appelé “la parole de Jéhovah”. — Gen. 22:11, 12, 15-18; Zach. 1:7, 9.
Par conséquent, quels que soient les moyens que Dieu a choisis pour divulguer les renseignements qui s’y trouvent, les diverses parties des Écritures ont la même qualité; toutes sont inspirées ou “soufflées de Dieu”.
LE RÔLE DE L’ÉCRIVAIN DANS LA RÉDACTION DES ÉCRITURES
Cependant, tout porte à croire que les hommes employés par Dieu pour rédiger les Écritures n’ont pas agi comme des automates, qu’ils ne se sont pas bornés à écrire un texte dicté. Par exemple, nous lisons que la Révélation “soufflée de Dieu” fut présentée à l’apôtre Jean “en signes” par l’intermédiaire d’un ange, et qu’ensuite Jean “a attesté la parole que Dieu a donnée et le témoignage de Jésus Christ, oui, toutes les choses qu’il a vues”. (Rév. 1:1, 2.) C’est “par inspiration [littéralement “dans l’esprit”]” que Jean ‘s’est trouvé au jour du Seigneur’ et qu’il s’entendit dire: “Ce que tu vois, écris-le dans un rouleau.” (Rév. 1:10, 11). Dès lors, il semble que Jéhovah jugea bon de laisser les rédacteurs de la Bible exercer leurs facultés mentales dans le choix des termes et des expressions qu’ils allaient utiliser pour décrire leurs visions (Hab. 2:2), tout en les guidant et en les contrôlant suffisamment afin que le texte soit non seulement exact et véridique, mais encore conforme à son dessein (Prov. 30:5, 6). La déclaration consignée en Ecclésiaste 12:9, 10 montre que l’écrivain devait fournir un effort personnel, peser les idées, faire des recherches et mettre en ordre les pensées, afin de “trouver les paroles qui plaisent et la manière d’écrire d’exactes paroles de vérité”. — Voir Luc 1:1-4.
Cela explique sans doute les différents styles qui marquent les livres de la Bible, ainsi que les expressions qui reflètent vraisemblablement le passé de chaque rédacteur. Les aptitudes naturelles des écrivains constituaient peut-être l’un des facteurs qui ont amené Dieu à les choisir pour leur confier cette mission spéciale. Par ailleurs, Dieu a également pu les former à l’avance pour qu’ils servent son dessein de cette façon.
Même quand le rédacteur dit qu’il a reçu la “parole de Jéhovah” ou une “déclaration solennelle”, il est possible que celle-ci ne lui ait pas été communiquée textuellement. Dieu, en effet, a pu lui donner une image mentale de son dessein en lui laissant le soin de l’exprimer par des mots. C’est peut-être ce qu’il faut comprendre lorsque le rédacteur déclare avoir ‘vu’ (et non pas ‘entendu’) la “déclaration solennelle” ou “la parole de Jéhovah”. — És. 13:1; Michée 1:1; Hab. 1:1; 2:1, 2.
Ceux qui furent employés pour rédiger les Écritures ont donc coopéré avec l’esprit saint de Jéhovah. Ces hommes de bonne volonté étaient soumis à la direction de Dieu (És. 50:4, 5), ardemment désireux de connaître sa volonté et ses directives (És. 26:9). Bien souvent, ils visaient certains objectifs (Luc 1:1-4) ou s’efforçaient de répondre à un besoin impérieux (I Cor. 1:10, 11; 5:1; 7:1), et Dieu les a dirigés de façon que leurs écrits coïncident avec son dessein et le réalisent. — Prov. 16:9.
Ainsi donc, l’esprit saint s’est manifesté par une “diversité d’opérations” envers ou sur les rédacteurs de la Bible (I Cor. 12:6). Une bonne partie des renseignements nécessaires leur étaient humainement accessibles, certains ayant déjà été couchés par écrit. Tel était le cas des généalogies et de quelques récits historiques (Luc 1:3; 3:23-38; Nomb. 21:14, 15; I Rois 14:19, 29; II Rois 15:31; 24:5). L’esprit de Dieu est alors intervenu pour empêcher les inexactitudes ou les erreurs de se glisser dans le livre divin et pour présider au choix des matériaux qui pourraient être inclus. En revanche, les connaissances relatives à l’histoire de la terre avant l’apparition de l’homme (Gen. 1:1-26) ainsi qu’aux événements et aux activités célestes (Job 1:6-12, etc.), les prophéties, les révélations des desseins de Dieu et des doctrines n’étaient pas à la portée de l’homme. Dès lors, Dieu a dû communiquer ces données-là par voie surnaturelle, au moyen de son esprit. Enfin, pour ce qui est des paroles et des conseils de sagesse, il est vrai que le rédacteur avait pu acquérir une grande expérience personnelle et apprendre davantage encore en étudiant et en mettant en pratique les parties des Écritures déjà rédigées. Néanmoins, l’opération de l’esprit de Dieu était toujours nécessaire, afin que les idées présentées remplissent bien les conditions requises pour faire partie intégrante de la Parole de Dieu, Parole qui “est vivante et fait sentir son action, (...) [et qui] peut discerner les pensées et les intentions du cœur”. — Héb. 4:12.
C’est ce que l’on peut déduire des expressions que l’apôtre Paul emploie dans sa première lettre aux Corinthiens, lorsqu’il donne des conseils sur le mariage et le célibat. Sur une première question, il déclare: “Quant aux autres, je dis, oui moi, non le Seigneur (...).” Plus loin, il écrit: “Or, pour ce qui est des vierges, je n’ai pas d’ordre du Seigneur, mais je donne mon avis.” Enfin, à propos de la veuve, il s’exprime ainsi: “Elle est pourtant plus heureuse, à mon avis, si elle demeure comme elle est. Or je pense avoir moi aussi l’esprit de Dieu.” (I Cor. 7:12, 25, 40). Manifestement, Paul voulait dire par là qu’il ne pouvait citer aucun enseignement explicite du Seigneur Jésus sur certains sujets. C’est pourquoi il donnait son avis personnel, en sa qualité d’apôtre rempli de l’esprit. Néanmoins, ses conseils étaient “soufflés de Dieu” et, à ce titre, ils furent inclus dans les Écritures saintes et sont revêtus de la même autorité que le reste de la Bible.
Il faut, bien entendu, distinguer les écrits inspirés qui composent la Bible d’autres écrits qui, s’ils reflètent dans une certaine mesure la direction de l’esprit, ne peuvent être à bon droit rangés parmi les Saintes Écritures. Comme nous l’avons montré, outre les livres canoniques des Écritures hébraïques, il existait d’autres écrits, tels que les annales officielles des rois de Juda et d’Israël. Beaucoup de ces textes furent peut-être rédigés par des hommes dévoués à Dieu. Du reste, les écrivains qui, sous l’inspiration divine, ont couché par écrit une portion des Saintes Écritures ont fait des recherches dans ces ouvrages. Il en était de même aux temps apostoliques. En effet, hormis les lettres qui ont été incluses dans le canon de la Bible, les apôtres et les anciens écrivirent sans doute au fil des années de nombreuses autres lettres aux congrégations qui se multipliaient. Si leurs auteurs étaient guidés par l’esprit, Dieu n’a pas pour autant apposé sa garantie à ces autres écrits pour en faire une partie de sa Parole infaillible. Les écrits hébreux non canoniques renfermaient peut-être certaines erreurs. Il se peut que les écrits non canoniques des apôtres aient reflété dans une certaine mesure l’intelligence incomplète qui prévalait dans la congrégation chrétienne au cours de ses premières années (voir Actes 15:1-32; Galates 2:11-14; Éphésiens 4:11-16). Cependant, tout comme Dieu avait accordé à quelques chrétiens “le discernement des déclarations inspirées” par son esprit ou force agissante, de même il pouvait aider le collège central de la congrégation chrétienne à identifier les écrits inspirés qui devaient être inclus dans le canon des Saintes Écritures. — I Cor. 12:10.
COMMENT L’INSPIRATION DES ÉCRITURES À ÉTÉ RECONNUE
Manifestement, les serviteurs de Dieu, y compris Jésus et ses apôtres, ont toujours reconnu l’inspiration de tous les écrits qui sont venus s’ajouter peu à peu au canon de la Bible. Par “inspiration”, nous n’entendons pas une simple élévation de l’esprit et des sentiments à un degré supérieur de créativité ou de sensibilité (cette inspiration qu’on suppose souvent aux artistes ou aux poètes), mais la condition qui rend possible la rédaction d’écrits infaillibles, revêtus de la même autorité que s’ils avaient été rédigés par Dieu en personne. D’ailleurs, les prophètes qui ont participé à la rédaction des Écritures hébraïques ne cessaient d’attribuer à Dieu la paternité de leurs messages; la preuve en est qu’ils ont déclaré plus de trois cents fois: “Voici ce qu’a dit Jéhovah.” (És. 37:33; Jér. 2:2; Nahum 1:12). En toute confiance, Jésus et ses apôtres se référaient aux Écritures hébraïques, les présentant comme la Parole de Dieu, transmise par les rédacteurs qu’il avait désignés. Ils étaient persuadés de leur réalisation et voyaient en elles l’autorité suprême qui mettait fin à toute controverse (Mat. 4:4-10; 19:3-6; Luc 24:44-48; Jean 13:18; Actes 13:33-35; I Cor. 15:3, 4; I Pierre 1:16; 2:6-9). Ces Écritures renfermaient “les déclarations sacrées de Dieu”. (Rom. 3:1, 2; Héb. 5:12.) Après avoir expliqué, en Hébreux 1:1, que Dieu avait parlé à Israël par le moyen des prophètes, Paul cite des déclarations issues de plusieurs livres des Écritures hébraïques comme si elles avaient été prononcées par Jéhovah en personne (Héb. 1:5-13). On trouvera des expressions semblables, à propos de l’esprit saint cette fois, en Actes 1:16; 28:25; Hébreux 3:7; 10:15-17.
Jésus montra sa foi absolue dans l’inerrance des Saintes Écritures quand il expliqua que ‘l’Écriture ne peut être annulée’ (Jean 10:34, 35) et que “le ciel et la terre passeraient plutôt que ne vienne à passer de la Loi une seule toute petite lettre ou une seule parcelle de lettre sans que toutes les choses aient eu lieu”. (Mat. 5:18.) Il accusa les Sadducéens d’être dans l’erreur à propos de la résurrection, “parce que, leur dit-il, vous ne connaissez ni les Écritures ni la puissance de Dieu”. (Mat. 22:29-32; Marc 12:24.) Il était disposé à se faire arrêter et même à mourir, car il savait que cela réalisait la Parole écrite de Dieu, les Saintes Écritures. — Mat. 26:54; Marc 14:27, 49.
Bien entendu, ces déclarations se rapportent aux Écritures hébraïques préchrétiennes. Mais, de toute évidence, l’inspiration des Écritures grecques chrétiennes était également affirmée et reconnue (I Cor. 14:37; Gal. 1:8, 11, 12; I Thess. 2:13); d’ailleurs, dans l’une de ses épîtres, l’apôtre Pierre associa les lettres de Paul au reste des Écritures. — II Pierre 3:15, 16.
Ainsi donc, l’ensemble du canon des Écritures constitue la Parole écrite de Dieu, unie et harmonieuse (Éph. 6:17). Toutes ses parties ont la même autorité, en ce qu’elles sont au même titre inspirées et infaillibles. Comme nous l’avons vu, l’opération de l’esprit de Dieu, bien que différente selon les cas, n’a pas donné lieu à divers “degrés” d’inspiration. Dès lors, on peut parler d’inspiration “plénière”, c’est-à-dire “entière” ou “totale”, pour toutes les Écritures, et non pas seulement pour certaines parties de la Bible, comme le font quelques biblistes.
L’AUTORITÉ DES COPIES ET DES VERSIONS MANUSCRITES
On doit donc attribuer une inerrance absolue à la Parole écrite de Dieu. Cela est vrai des écrits originaux, dont aucun, à notre connaissance, n’a subsisté jusqu’à ce jour. Les copies de ces documents et les traductions qui en ont été faites dans une foule de langues ne peuvent prétendre, elles, à l’exactitude absolue. Toutefois, comme des preuves solides l’attestent, nous avons de bonnes raisons de croire que les manuscrits des Écritures saintes dont nous disposons nous fournissent un texte biblique presque totalement exact. Les points qui restent douteux ont en effet peu d’incidence sur le sens du message. De plus, l’objectif que Dieu s’était fixé quand il a préparé les Saintes Écritures, et la déclaration inspirée selon laquelle “la parole de Jéhovah demeure pour toujours”, nous donnent l’assurance que Jéhovah Dieu a préservé l’intégrité interne des Écritures au fil des siècles. — I Pierre 1:25.
Dans bon nombre de passages, les rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes ont vraisemblablement cité les Écritures hébraïques selon la version grecque des Septante. Or, il arrive que cette version, telle qu’ils l’ont reprise, diffère quelque peu de la leçon des Écritures hébraïques que nous connaissons aujourd’hui (la plupart des traductions modernes prennent pour base le texte hébreu massorétique, qui remonte au Xe siècle de notre ère environ). Par exemple, quand Paul cite Psaume 40:6, il emploie l’expression “mais tu m’as préparé un corps”, expression que l’on retrouve dans la Septante (Héb. 10:5, 6). Pourtant, en Psaume 40:6, les manuscrits hébreux dont nous disposons aujourd’hui portent, à la place de cette déclaration, les mots suivants: “Tu m’as ouvert les oreilles.” On ne peut savoir avec certitude si le texte hébreu original contenait la proposition qui se trouve dans la Septante. Quoi qu’il en fût, l’esprit de Dieu a guidé Paul dans sa citation. Par conséquent, ces mots sont revêtus de l’autorité divine. Cela ne signifie pas que la version des Septante est intégralement inspirée. En revanche, les passages de cette traduction qui ont été cités par les rédacteurs chrétiens divinement inspirés sont effectivement devenus partie intégrante de la Parole de Dieu.
Dans certains cas, les citations faites par Paul et par d’autres chrétiens s’écartent à la fois du texte hébreu et du texte grec tels qu’on les trouve dans les manuscrits dont nous disposons aujourd’hui. Cependant, les divergences sont vraiment mineures. Quand on étudie ces textes de plus près, on s’aperçoit que les rédacteurs ont paraphrasé ou abrégé le texte qu’ils citaient, qu’ils ont employé des synonymes ou ajouté des propositions ou des termes explicatifs. Ainsi, en Genèse 2:7 nous lisons: “L’homme devint une âme vivante”, tandis que Paul, citant ce texte, déclare: “C’est ainsi qu’il est même écrit: ‘Le premier homme Adam devint une âme vivante.’” (I Cor. 15:45). En insérant les mots “premier” et “Adam”, Paul mettait en valeur l’opposition qu’il établissait entre Adam et le Christ. Cette addition était parfaitement conforme aux faits énoncés dans les Écritures, et elle ne tordait en rien le sens ou le contenu du texte cité. Par ailleurs, ceux à qui Paul écrivait possédaient des copies (ou des versions) des Écritures hébraïques plus anciennes que celles dont nous disposons aujourd’hui. Ils pouvaient donc vérifier ses citations, tout comme les gens de Bérée le firent (Actes 17:10, 11). Puisque la congrégation du premier siècle a inclus de tels écrits chrétiens dans le canon des Saintes Écritures, cela montre que, pour elle, ces citations avaient bien leur place dans la Parole inspirée de Dieu. — Comparer également Zacharie 13:7 et Matthieu 26:31.
LES “PAROLES INSPIRÉES” — DES VRAIES ET DES FAUSSES
Le terme grec pnéuma (“esprit”) revêt un sens particulier dans certains écrits apostoliques. En II Thessaloniciens 2:2, par exemple, l’apôtre Paul exhorte ses frères de Thessalonique à ne pas se laisser exciter ni ébranler dans leur bon sens “par une parole inspirée [littéralement “esprit”] ou par un message verbal ou par une lettre donnée comme venant de nous, comme quoi le jour de Jéhovah est là”. Ici, Paul employait visiblement le terme pnéuma (“esprit”) en rapport avec un moyen de communication comme le “message verbal” ou la “lettre”. C’est pourquoi, dans le commentaire de Schaff-Lange (Critical Doctrinal and Homiletical Commentary), voici ce qu’on lit au sujet de ce texte: “Par ce terme, l’apôtre entend une insinuation d’ordre spirituel, une prétendue prédiction ou déclaration d’un prophète...” Dans son ouvrage (Word Studies in the New Testament, t. IV, p. 63), Vincent déclare: “Par l’esprit — par des déclarations prophétiques émanant de certains membres des assemblées chrétiennes, déclarations qui prétendaient avoir l’autorité de révélations divines.” Dès lors, bien que certaines traductions se bornent à rendre pnéuma par “esprit” dans ce texte et dans des passages analogues, d’autres versions portent des formules comme “prétendues révélations de l’Esprit” (Ku), “paroles prophétiques” (Jé), “inspiration” (Ostervald; Sg) ou “parole inspirée”. — MN.
Les propos de Paul établissent clairement qu’il y a de véritables “paroles inspirées”, mais qu’il en est aussi de fausses. Il parle de ces deux sortes d’expressions en I Timothée 4:1. Nous lisons: “La déclaration inspirée [par l’esprit saint de Jéhovah] dit expressément que dans les périodes de temps postérieures, certains abandonneront la foi pour prêter attention à des déclarations inspirées trompeuses et à des enseignements de démons.” Ainsi, Paul identifie la source des “déclarations inspirées” fallacieuses aux démons. Cette conclusion est étayée par la vision donnée à l’apôtre Jean. Celui-ci contempla en effet “trois paroles inspirées impures” qui ressemblaient à des grenouilles et qui sortaient de la bouche du dragon, de la bête sauvage et du faux prophète. Or, Jean spécifie que ces paroles-là sont “inspirées par des démons” et que leur objectif consiste à rassembler les rois de la terre pour la guerre d’Har-Maguédon. — Rév. 16:13-16.
Avec juste raison donc, l’apôtre exhorta les chrétiens à ‘éprouver les paroles inspirées pour voir si elles proviennent de Dieu’. (I Jean 4:1-3; voir Révélation 22:6.) Sur quoi il montra que les véritables paroles inspirées de Dieu venaient par l’entremise de la vraie congrégation chrétienne, et non par des sources appartenant au monde non chrétien. Il va sans dire que la déclaration de Jean, elle, était inspirée par Jéhovah Dieu, mais même si on laisse de côté cet aspect de la question, l’apôtre avait déjà posé dans sa lettre un fondement assez solide pour déclarer franchement: “Celui qui parvient à la connaissance de Dieu nous écoute; celui qui n’est pas issu de Dieu ne nous écoute pas. Voilà comment nous prenons garde à la parole inspirée de la vérité et à la parole inspirée de l’erreur.” (I Jean 4:6). Ce n’était pas là une simple affirmation dogmatique. Jean avait en effet démontré que les chrétiens authentiques, comme lui-même, manifestaient les fruits de l’esprit de Dieu, surtout l’amour, et prouvaient par leur bonne conduite et leur véracité qu’ils marchaient effectivement “dans la lumière”, en union avec Dieu. — I Jean 1:5-7; 2:3-6, 9-11, 15-17, 29; 3:1, 2, 6, 9-18, 23, 24; voyez par opposition Tite 1:16.