Les orgueilleux contre les humbles
1. Quel important principe est renfermé dans II Samuel 22:28, et quelle en est l’application ?
QUAND Jéhovah le délivra de tous ses ennemis, y compris Saül, David composa un grand cantique d’actions de grâces, prononçant ces paroles : “Tu sauves le peuple qui s’humilie, et de ton regard, tu abaisses les orgueilleux.” (II Sam. 22:28). Ces paroles expriment un principe qui est mis en évidence tout au long de la Parole de Dieu. Il concerne deux classes ou groupes de personnes mises en opposition. Pour un temps, comme ce fut le cas pour David, les orgueilleux considèrent les humbles comme des proscrits, et ceux-ci sont affamés ; mais vient le moment de la visite ou de l’inspection et du jugement de la part de Jéhovah, et un renversement complet se produit pour ces deux classes. Notez bien toutefois que ce renversement n’a pas lieu parce qu’une classe succède à l’autre.
2. Comment la prophétie de Malachie 3:1, 5, trouva-t-elle un premier accomplissement ?
2 Ce jour d’inspection et de jugement commença lorsque Jésus entreprit son ministère à l’âge de trente ans. Il vint en qualité de représentant de Jéhovah, en tant que “messager de l’alliance” prédit dans la prophétie de Malachie. Cette prophétie annonçait la venue de Jéhovah dans son temple pour juger, selon ce que celui-ci déclara lui-même : “Je m’approcherai de vous pour le jugement, et je me hâterai de témoigner” contre les méchants mentionnés. Le ministère de Jésus en qualité de “messager de l’alliance” de Jéhovah produisit-il un changement de condition pour les deux classes en question, les humbles et les orgueilleux ? Certainement. Même avant cela, un avant-goût de ce changement avait été donné. En effet, non seulement Jéhovah parla d’un “messager de l’alliance”, mais encore d’un autre messager étroitement lié au précédent ; il dit : “Voici, j’enverrai mon messager ; il préparera le chemin devant moi.” Jésus déclara nettement que ce messager, qui préparait la voie et venait en avant de lui, n’était autre que Jean-Baptiste. — Mal. 3:1, 5 ; Mat. 11:7, 10 ; Luc 1:76 ; 7:24, 27.
3. Comment les deux classes se manifestèrent-elles par suite du ministère de Jean-Baptiste ?
3 Jean-Baptiste commença son ministère environ six mois avant Jésus, et pendant ce temps deux classes de personnes firent leur apparition. D’une part il y avait les disciples de Jean, que ce dernier introduisit auprès de Jésus et qui, avec d’autres, formèrent le noyau de l’une des classes. C’étaient des hommes humbles, craignant vraiment Dieu, des hommes comme Nathanaël, “un Israélite pour sûr, en qui il n’y a pas de tromperie”, selon les paroles mêmes de Jésus. D’autre part, quand Jean aperçut “beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens qui venaient au baptême, il leur dit : ‘Descendance de vipères, qui vous a montré comment fuir le courroux à venir ?’” — Jean 1:47 ; Mat. 3:7.
4. Quelles premières lueurs étaient apparues, annonçant un changement pour ces deux classes ?
4 Cependant, trente ans auparavant étaient apparues les premières lueurs annonçant un changement pour ces deux classes. Après avoir rendu visite à Élisabeth, celle qui devait devenir la mère de Jean-Baptiste, et avoir conçu elle-même par l’opération du saint esprit, la vierge Marie loua Dieu en ces termes : “Mon âme magnifie Jéhovah, (...). Il a dispersé au loin ceux qui sont hautains dans l’intention de leur cœur. (...) Il a pleinement rassasié les affamés de bonnes choses et il a renvoyé les mains vides ceux qui étaient riches.” Un cas similaire se produisit plus d’un millier d’années auparavant ; il s’agit d’une autre femme nommée Anne qui, bien qu’ayant perdu tout espoir, devint la mère d’un garçon, Samuel. Elle dit alors : “Mon cœur tressaille de joie en Jéhovah. (...) Ceux qui étaient rassasiés se louent pour du pain, et ceux qui étaient affamés n’ont plus faim.” — Luc 1:46-53 ; I Sam. 2:1, 5, AC.
5. Quand et comment Jésus vint-il pour la première fois en contact avec les orgueilleux ?
5 Les deux classes mises en opposition ainsi que les changements qu’elles devaient subir par la suite au jour du jugement étaient nettement décrits dans les Écritures hébraïques ; d’ailleurs, Jésus le savait très bien, et lorsqu’il commença son ministère, les deux classes étaient déjà présentes. Il se peut même qu’à l’âge de douze ans et après trois jours de contacts étroits avec les enseignants religieux au temple, Jésus, doté d’un esprit parfait et d’une compréhension vive, ait décelé les caractéristiques de ces hommes composant cette classe (Luc 2:42-47). Le premier combat qu’il livra contre ces conducteurs religieux orgueilleux, riches et rassasiés, eut probablement lieu lors de la première Pâque qui suivit le début de son ministère, quand il chassa hors du temple les marchands et les changeurs. Nous pouvons imaginer les tourments de ceux qui avaient permis qu’on fasse du commerce dans la maison de prières de Jéhovah, et qui en tiraient profit. — Jean 2:13-17.
6. Grâce au ministère de Jean, quels changements nécessaires furent effectués ?
6 Non seulement les deux classes étaient mises en évidence, mais encore les changements nécessaires furent effectués aussitôt, sans perdre un instant. Dès le début, Jean possédait des disciples qui l’aidaient ouvertement dans son ministère. Au lieu d’être méconnus, méprisés, et à la merci des chefs religieux, ils avaient désormais un service à assumer ; celui-ci leur procurait beaucoup de joie et de satisfaction, une joie semblable à celle de l’âme affamée qui reçoit de la nourriture. Par un contraste frappant, lorsque Jean aperçut les Pharisiens et les Sadducéens, il leur donna un puissant avertissement, comme cela a déjà été dit (Mat. 3:7-12). Pour quelle raison ? Tout d’abord parce qu’il était rempli de l’esprit de Dieu, et ensuite parce que l’attitude hautaine de ces faux dévots à l’égard du commun peuple, leur orgueil et leur suffisance étaient notoires.
7. Comment ces changements furent-ils intensifiés par suite du ministère de Jésus ?
7 Il en fut de même pour Jésus. Dès le commencement de son ministère, il se mit à enseigner et à former ses disciples. N’étant plus désavantagés, ceux-ci pensaient que la vie avait réellement un but. Grâce à leur nouvelle position avantageuse, ils avaient la preuve directe que Dieu les aimait et leur accordait sa faveur et sa protection. Quel heureux contraste cela ne constituait-il pas pour eux ! Mais quelle amère déception pour ces chefs, dont la position et le prestige n’avaient jusqu’alors jamais été contestés ! Combien de fois ont-ils dû se lamenter en écoutant les dénonciations publiques et hardies prononcées par Jésus ! Puisqu’il représentait son Père, Jésus ne cessa tout au long de son ministère d’approuver les humbles et de dénoncer les orgueilleux. Parfois, il se référait aux deux classes en parlant sans détours, comme dans le Sermon sur la montagne, mais dans son enseignement public, il employait plus souvent des images. Ainsi, bien que ne comprenant pas tous les détails, les chefs religieux se rendaient très bien compte quand Jésus parlait d’eux. C’est ce qui ressort de ces paroles de Matthieu : “Quand les principaux prêtres et les Pharisiens eurent entendu ses comparaisons, ils s’aperçurent qu’il parlait d’eux.” — Mat. 21:45.
LE TEMPS OÙ LES RÔLES SONT RENVERSÉS
8. Quelles circonstances conduisirent Jésus à dénoncer les Pharisiens dans Luc 16:15 ?
8 Voyons maintenant les circonstances qui conduisirent Jésus à donner une image que nous examinerons en détail. Avant que Jésus ne se rendit à Jérusalem vers la fin de son ministère terrestre, Luc rapporte que les Pharisiens et les scribes ne cessaient de murmurer parce que les percepteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. En conséquence, Jésus établit des comparaisons, mettant les deux classes en opposition, comme la joie que procurent le pécheur repentant et le fils prodigue dont le retour est fêté, comparée à ceux qui pensent ne pas avoir à se repentir. Jésus donna ensuite l’image de l’intendant infidèle, aidant ses disciples à apprécier les vraies richesses spirituelles et les véritables amis, comparativement aux richesses injustes et passagères de Mammon (Luc 15:1-16:13). Luc fait alors cet intéressant commentaire : “Or les Pharisiens, qui aimaient l’argent, écoutaient toutes ces choses, et ils se raillaient de lui. Et il [Jésus] leur dit : ‘Vous êtes ceux qui se déclarent justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé parmi les hommes est une chose répugnante au regard de Dieu.’” — Luc 16:14, 15.
9. Quel facteur essentiel relatif au temps Jésus énonça-t-il, l’amenant à relater quelle parabole ?
9 Ces paroles prononcées avec franchise montraient la façon dont Jésus considérait ces hommes. Il se référa ensuite au facteur temps, qui est essentiel, en disant : “La Loi et les Prophètes furent jusqu’à Jean. Depuis lors le royaume de Dieu est déclaré comme bonne nouvelle, et toute sorte de personne avance vers lui en poussant.” (Luc 16:16). Oui, le temps était venu de renverser les rôles, d’abaisser cette classe d’hommes orgueilleux, pleins de suffisance et amis de l’argent, et de favoriser l’autre classe qui, jusqu’à présent, n’avait eu que des difficultés. Gardant ce thème présent à l’esprit, Jésus relata alors la parabole qui nous intéresse, à savoir celle de l’homme riche (Dives) et de Lazare. Il employa la méthode courante du contraste, suivie d’un renversement total de la situation. Aussi, afin d’avoir une idée exacte des choses, nous ferons d’abord un résumé de ce que Jésus dit.
10. Faites un résumé de la parabole de Luc 16:19-21.
10 Un certain homme riche vivait chaque jour dans l’abondance. Lazare, un mendiant pitoyable, était habituellement déposé à la porte de l’homme riche, se nourrissant des choses qui tombaient de sa table. Le mendiant mourut, et les anges l’emportèrent à la place près du sein d’Abraham. L’homme riche aussi mourut et fut enseveli. Tourmenté dans le Hadès par un feu ardent, il supplia Abraham d’envoyer Lazare tremper son doigt dans l’eau, afin de lui rafraîchir la langue. Mais Abraham expliqua que la situation des deux hommes était complètement changée, et qu’en conséquence, un grand gouffre avait été fixé entre eux, gouffre qu’ils ne pouvaient franchir. L’homme riche demanda alors que Lazare fût envoyé avertir ses cinq frères à propos de ce lieu de tourments. Mais Abraham répondit : “Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils écoutent ceux-ci.” L’homme riche répliqua : “Non, (...) si quelqu’un de chez les morts va vers eux ils se repentiront.” Mais Abraham conclut par ces paroles : “S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés si quelqu’un se lève d’entre les morts.” — Luc 16:19-31.
IDENTIFICATION DES PERSONNAGES
11. À l’époque de Jésus, qui est représenté par l’homme riche, et quelles expressions similaires rencontrons-nous ?
11 Voyons d’abord l’application de la comparaison à l’époque de Jésus. Compte tenu des versets déjà discutés et des détails fournis, il n’est pas difficile d’identifier les deux principaux personnages. À propos du premier Jésus dit : “Mais un homme était riche, et il se revêtait de pourpre et de lin, et faisait de jour en jour bonne chère avec magnificence.” (Luc 16:19). Qui était cet homme riche qui se glorifiait de ses richesses ? Qui représentait-il ? Jésus venait de s’adresser à lui, c’est-à-dire aux Pharisiens, amis de l’argent. Notez ces expressions similaires de Jésus : “Vous êtes ceux qui se déclarent justes devant les hommes.” De même, l’homme riche “se revêtait de pourpre et de lin”. (Luc 16:15, 19.) Les Pharisiens n’attendaient pas que quelqu’un d’autre les déclare justes. Pareillement, l’homme riche n’attendait pas que quelqu’un d’autre le revête des robes et des insignes de la royauté, d’une justice et d’une vertu remarquables, symbolisées par le pourpre et le lin. Pas plus Dieu que son serviteur Jésus-Christ et les prophètes comme Ésaïe ne déclarèrent jamais que les chefs religieux d’Israël formaient une classe juste. Bien au contraire ! Les hommes composant cette classe s’empressaient de faire étalage de leur propre justice. Comme l’homme riche, ils le faisaient par leur façon de s’habiller et de se comporter, selon ce que dit Jésus : “Ils font larges les boîtes renfermant des versets bibliques qu’ils portent comme sauvegardes, et allongent les franges de leurs vêtements. Ils aiment la place la plus en vue aux repas du soir et les premiers sièges dans les synagogues (...). À l’extérieur, [ils] paraissent beaux (...) [et] justes aux hommes.” — Mat. 23:5, 6, 27, 28 ; 6:1, 2.
12. De quoi le pourpre est-il le symbole, et comment cela s’applique-t-il aux chefs religieux du temps de Jésus ?
12 Dès les temps anciens, le pourpre était le symbole du pouvoir impérial ou royal. Lorsque Jésus fut arrêté par Pilate qui lui posa cette question : “Es-tu le roi des Juifs ?”, nous nous souvenons que pour se moquer de lui, “les soldats tressèrent une couronne d’épines et la lui mirent sur la tête et ils le revêtirent d’un vêtement de dessus, qui était de pourpre ; et ils (...) disaient : ‘Bonjour, roi des Juifs !’” (Jean 18:33 ; 19:2, 3). En réalité, les chefs religieux n’aspiraient pas à la royauté sur un trône, mais ils revendiquaient et exerçaient réellement une domination. N’étaient-ils pas les conducteurs de la nation à qui Dieu avait fait cette promesse : “Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte.” Ne le rappelèrent-ils pas à Jésus en une certaine occasion en disant : “Nous sommes la descendance d’Abraham et nous n’avons jamais été esclaves de personne.” — Ex. 19:6 ; Jean 8:33.
13. Que symbolise le lin, et par conséquent, quel contraste s’établit entre les Pharisiens et la femme de l’Agneau ?
13 Quant au lin, il est employé comme symbole de la justice. Analysez la description de la congrégation chrétienne, en tant qu’Épouse de l’Agneau Jésus-Christ, à l’époque de son mariage avec lui dans les cieux. Elle est parée “de fin lin, éclatant, pur, car le fin lin représente les actes justes des saints”. Notez bien qu’il n’est pas dit qu’elle se revêt d’elle-même de pourpre et de lin, bien qu’elle s’unisse au “Roi des rois”. Elle ne se déclare pas elle-même juste, comme les Pharisiens, mais il est dit avec juste raison qu’“il lui a été donné de se parer de fin lin”. (Rév. 19:7, 8, 16.) L’apôtre Paul, ancien Pharisien zélé, en vint à apprécier le contraste existant entre la vraie et la fausse justice, car il écrivit : “Pour que je puisse gagner Christ et être trouvé en union avec lui, ayant, non pas ma propre justice, qui provient de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu sur la base de la foi.” — Phil. 3:8, 9 ; voir également Romains 10:2-4.
14. Quels autres aspects nous aident à identifier la classe de “l’homme riche” du temps de Jésus ?
14 Aux yeux des hommes en général et aussi à leurs propres yeux, ces chefs religieux possédaient toutes choses, à l’exemple de l’homme riche qui “faisait de jour en jour bonne chère avec magnificence”. (Luc 16:19.) Comme nous venons de le voir, la connaissance, et particulièrement la connaissance des choses spirituelles est imagée par le manger et le boire (És. 55:1, 2 ; Jean 17:3). Les Juifs et leurs chefs en particulier avaient de telles provisions en abondance, aussi pouvaient-ils festoyer continuellement. Un jour, Paul souleva cette question à laquelle il répondit : “Quelle est donc la supériorité du Juif ? (...) Très grands à tous égards. Tout d’abord, c’est parce que les déclarations sacrées de Dieu leur ont été confiées.” Il écrivit également qu’aux Israélites appartenaient “l’adoption comme fils et la gloire et les alliances et le don de la Loi et le service sacré et les promesses”. À propos des conducteurs, Jésus dit qu’ils étaient “versés dans la Loi” et qu’ils possédaient “la clé de la connaissance”. Ainsi, un examen des premières paroles de la parabole de Jésus révèle sans doute possible que l’homme riche représentait les conducteurs et chefs religieux en tant que classe. — Rom. 3:1, 2 ; 9:4 ; Luc 11:52.
15. Quelle description Jésus fit-il du mendiant, et qui représente-t-il ?
15 Qu’en est-il maintenant du mendiant ? Jésus ne nomma pas l’homme riche, tandis qu’il donna au mendiant le nom juif de Lazare, qui signifie “Dieu a aidé”. Il “était habituellement déposé à sa porte [celle de l’homme riche], couvert d’ulcères et désireux de se rassasier des choses qui tombaient de la table de l’homme riche. Oui, les chiens également venaient lécher ses ulcères”. (Luc 16:20, 21.) Comme pour l’homme riche, nous n’avons pas à chercher bien loin pour trouver la classe représentée par Lazare. Jésus venait de parler d’elle. En fait, ce sont les Pharisiens qui obligèrent Jésus à parler de cette autre classe, lorsqu’ils se plaignirent de ce qu’il accueillait les percepteurs d’impôts et les pécheurs (Luc 15:1, 2). Notez en outre que juste avant cela, Jésus avait dit ce qui suit à l’un des chefs des Pharisiens : “Quand tu fais un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles.” Oui, le mendiant représentait tout d’abord les Juifs pauvres et affaiblis spirituellement. Ils étaient très méprisés par la classe dirigeante, dont les membres “étaient sûrs en eux-mêmes qu’ils étaient justes et qui considéraient les autres comme rien”, tels que Lazare, qui était tout juste bon pour les chiens. Pis encore, les principaux prêtres et les Pharisiens, parlant avec colère à propos de ceux qui acceptaient Jésus, disaient : “Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des gens maudits.” Les dirigeants, semblables à l’homme riche, ne prirent aucune mesure pour nourrir spirituellement le pauvre peuple, qui était ‘conscient de ses besoins spirituels’, et qui guettait la moindre miette tombée de la table où festoyait l’homme riche. — Luc 14:13 ; 18:9 ; Jean 7:49 ; Mat. 5:3.
16. En quoi les chefs religieux étaient-ils responsables de la maladie de la classe de Lazare ?
16 En outre, ces dirigeants substituaient les traditions, accumulées au cours des années par les membres de leur classe, aux “déclarations sacrées” de Dieu. Ainsi, selon Jésus, ils rendaient “la parole de Dieu nulle”, et enseignaient “comme doctrines, des commandements d’hommes”. En conséquence, ces miettes contenaient très peu de substance nutritive. De plus, ces dirigeants liaient de pesants fardeaux et les mettaient sur les épaules des hommes, mais ‘eux-mêmes ne voulaient pas les remuer du doigt’. (Mat. 15:6-9 ; 23:4.) Rien d’étonnant à ce que Jésus représentât Lazare comme étant “couvert d’ulcères”. Pour un homme aussi décharné, le fardeau devait certainement être lourd à porter, d’autant qu’il n’avait pas le moindre espoir d’être aidé ou soulagé par l’homme riche.
17. Comment Jésus montra-t-il qu’un changement devait s’opérer concernant ces deux classes ?
17 Une telle situation était mauvaise, entièrement injustifiée, et elle ne pouvait être tolérée indéfiniment. C’est ce que Jésus dit aux Pharisiens qui se plaignaient : “Ce ne sont pas les personnes en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les mal portants. Allez donc apprendre ce que signifie : ‘Je veux la miséricorde et non le sacrifice.’ Car je suis venu appeler, non les justes, mais les pécheurs.” Et il avertit cette même classe en ces termes : “Malheur à vous, qui êtes versés dans la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui entraient, vous les en avez empêchés !” Oui, le temps était venu d’opérer un changement, qui renverserait la situation. Comment Jésus représenta-t-il cela dans sa comparaison ? — Mat. 9:12, 13 ; Luc 11:52.
LE CHANGEMENT ULTIME
18. Dans la parabole, quel changement ultime se produisit, provoquant quel renversement de situation ?
18 De tout ce qui provoque un changement ou un renversement de situation dans la vie de l’homme, la mort est l’expérience ultime, et c’est elle que Jésus choisit dans sa comparaison. Après la première description des deux personnages dont nous venons de discuter, Jésus poursuivit en ces termes : “Or dans la suite le mendiant mourut (...). L’homme riche aussi mourut.” Et voilà, le facteur temps qui est de première importance établit toute la différence. De quelle façon vivante Jésus fait-il ensuite appel à l’imagination de ses auditeurs, conscient que l’imagination, en plus du contraste, constitue une aide puissante pour apprécier les choses ! Ces deux hommes devaient-ils dormir paisiblement dans leurs tombes respectives ? Certainement pas ! Le mendiant fut immédiatement “emporté par les anges à la place près du sein d’Abraham”, tandis que l’homme riche “fut enseveli. Et dans le Hadès il (...) [était] dans les tourments”, dans un feu ardent. — Luc 16:22, 23.
19. a) Luc 16:23 est souvent cité pour appuyer quelle doctrine ? b) Pourquoi une telle conclusion est-elle à la fois déraisonnable et non biblique ?
19 Comme nombre de nos lecteurs le savent, beaucoup de commentateurs et d’autorités de la chrétienté interprètent cet état au sens littéral, afin d’appuyer leur doctrine traditionnelle de tourments éternels subis par des âmes immortelles dans un enfer de feu. Mais les auditeurs de Jésus, que ce soient les Pharisiens ou ses disciples, interprétèrent-ils ses paroles de cette façon ? Pensaient-ils que Jésus soulevait un instant le voile, comme on le prétend souvent, afin de donner un aperçu du sort qui attend les méchants et, en fait, tous ceux qui n’obtiendront pas la félicité céleste ? Sûrement pas ! Tous ceux qui écoutaient Jésus comprenaient qu’il s’agissait d’une parabole, ou image, représentant certaines choses, et que par suite, ce récit ne devait pas être pris au sens littéral. Comme cela a été mis en évidence dans un précédent numéro de La Tour de Garde, prendre cette comparaison au sens littéral rend la situation absurde et impossible, sans compter que ce serait contredire les déclarations bibliques qui prouvent nettement que le Hadès (hébreu : Schéol) est la tombe commune où sont ‘les morts qui ne savent rien, (...) car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts [Schéol, NW], où tu vas’. (Eccl. 9:5, 10.) Est-il raisonnable de penser que ceux qui sont dans le feu de l’enfer se trouvent à une distance leur permettant d’entrer en conversation avec les habitants du ciel ? Sont-ils si près de ces derniers qu’ils peuvent les voir et observer ce qu’ils font ? Leur est-il possible de poursuivre une conversation, voire même d’argumenter, avec ceux qui sont puissants dans les cieux ? Voir La Tour de Garde du 1/6/65, p. 331/2, par. 11-16.
20. Comment Ésaïe employa-t-il une méthode semblable pour représenter un renversement dramatique ?
20 Mais, demanderez-vous alors, existait-il un précédent permettant à Jésus de présenter un mort comme étant vivant et de le faire parler, afin d’illustrer une chose particulièrement dramatique ? Eh bien oui ! En fait nous trouvons ici un autre parallèle intéressant entre les expressions employées par Jésus et celles utilisées par le prophète Ésaïe. En effet, Ésaïe prédit sous inspiration la chute dramatique et la destruction de la dynastie royale babylonienne. Ce fut pour ainsi dire un renversement aussi spectaculaire que celui qu’ont connu des rois d’autres nations qui se trouvaient dans leurs sépultures respectives situées dans la grande fosse du Schéol, et qu’Ésaïe a représentés comme s’éveillant et tendant le cou, étonnés de l’arrivée du “roi de Babylone”, disant : “Toi aussi, tu as été rendu faible, comme nous (...). Ton orgueil est descendu dans le Shéol (...). Les vers sont étendus sous toi, et les larves sont ta couverture.” Qui plus est, ce roi ne fut pas placé comme les autres rois dans son propre caveau, mais ‘il a été jeté hors de son sépulcre, comme un cadavre foulé aux pieds’. (És. 14:4, 10, 11, 19, Da.) Dans la Bible du cardinal Liénart et dans d’autres versions, le “roi de Babylone” est appelé “Lucifer” dans Isaïe 14:12, et il est généralement admis que ce terme désigne Satan le Diable. Cette interprétation implique qu’au lieu de régner sur l’enfer et d’y entretenir le feu, Satan est rejeté et abaissé dans son propre domaine. Rien d’étonnant alors à ce que les commentateurs de la chrétienté ne s’appuient pas trop sur cette prophétie pour soutenir leur doctrine des tourments éternels !
21. Les paraboles de Jésus sont-elles à prendre au sens littéral ? Sinon, quel est leur but ?
21 Que ce soit d’après les Écritures ou la raison, rien ne nous autorise à conclure que Jésus donnait tout à coup un récit réel de ce qui se passe vraiment. Une image ou parabole est un récit allégorique, une représentation imagée de certaines vérités ou de certains événements. Conséquent avec ses autres comparaisons, Jésus employa ici une image vivante, ou histoire, pour représenter ce qui, dans ce cas précis, arrivait déjà à deux classes d’hommes. Afin de nous assurer de la véritable signification de ce qui était ainsi représenté dans cette parabole, tant à l’époque de Jésus qu’à la nôtre, nous examinerons les prochains articles de La Tour de Garde.