Les Témoins de Jéhovah et la question du sang
1. Sur quoi les recherches modernes nous éclairent-elles en rapport avec le sang?
1 LE SANG est essentiel à la vie. Ce fait a été compris dès la plus haute antiquité, mais c’est à notre époque seulement que les recherches modernes nous éclairent de façon plus complète sur les fonctions vitales du sang.
2. Quel procédé thérapeutique est désormais classique, mais par qui est-il refusé?
2 Il est superflu de rappeler toute l’importance que la transfusion sanguine a prise dans la thérapeutique moderne. Le monde médical comme le grand public considèrent l’opération qui consiste à faire passer du sang d’un individu dans le corps d’un autre comme un procédé désormais classique1a. Mais il y a des gens qui refusent la transfusion sanguine. Ce sont les Témoins de Jéhovah.
3, 4. Conformément à ce que la Bible enseigne, comment les Témoins de Jéhovah considèrent-ils la vie, et quelles questions cela soulève-t-il?
3 Les Témoins de Jéhovah tiennent à la vie et la respectent. C’est là d’ailleurs une des raisons pour lesquelles ils s’abstiennent de tout ce qui nuit ou attente à la vie (tabac, drogue, avortement). La Bible leur a appris à regarder la vie comme quelque chose de sacré, comme un bien qu’il leur faut défendre et protéger pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
4 D’où vient donc qu’ils font obstacle à la transfusion? Ce refus du sang, maintenu même en face de la mort, s’explique-t-il par des raisons logiques? Leur position est-elle absolument incompatible avec les données et les principes de la science médicale?
5. Quel est l’objet de cette publication, et quels sujets aborde-t-elle?
5 Nous espérons que le sujet que nous abordons ici retiendra votre attention, vous qui êtes médecin, car vous pouvez à tout moment vous trouver confronté à la question des transfusions sanguines. Cette éventualité n’a rien d’improbable, car on dénombre plus de deux millions de Témoins de Jéhovah dans le monde. Il se peut donc fort bien que quelques-uns d’entre eux habitent votre ville ou votre région. Les pages qui suivent visent à mieux vous faire comprendre le comportement des Témoins de Jéhovah en tant que malades et à vous faire réfléchir aux moyens qui vous permettront de les soigner sans passer outre à leurs convictions. Nous examinerons d’abord les raisons religieuses qui déterminent leur attitude puis, à partir de la page 17, nous considérerons les principes qui entrent en jeu ici ainsi que certaines observations et constatations faites récemment par des médecins compétents et qui, par leur côté pratique, peuvent servir à la solution des problèmes concernant l’emploi du sang.
6. Qui tirera profit de l’examen de cette importante question?
6 Même si vous n’êtes pas médecin, ce ne sera pas sans profit que vous prendrez connaissance de cette importante question. Car la position des Témoins de Jéhovah à l’égard du sang met en jeu des droits et des principes auxquels nous tenons tous. D’autre part, si vous savez ce que croient ces hommes et ces femmes et pourquoi ils le croient, vous serez sans doute mieux à même de bien comprendre cette question qui a souvent mis en branle médecins, avocats et exégètes. Quels sont donc les facteurs essentiels qui interviennent ici?
LES MOTIFS RELIGIEUX
7. Quelles conceptions des médecins ont-ils de l’utilisation du sang, et sur quoi la position des Témoins de Jéhovah sur la question du sang est-elle fondée?
7 La grande majorité des médecins considèrent que l’utilisation du sang est avant tout une question relevant du jugement médical et que leurs décisions en ce domaine s’apparentent donc à celles qu’ils sont amenés à prendre quotidiennement concernant l’emploi de telles médications ou de telles techniques chirurgicales. Pour d’autres, la position des Témoins de Jéhovah serait assimilable à une question d’ordre moral ou juridique. Ceux-là pensent au droit à la vie, au droit de disposer souverainement de son corps et aux devoirs de l’État, notamment celui qu’il a de protéger la vie des citoyens. Tout cela n’est pas sans lien avec la question. Mais ce qu’il importe de souligner dès le début, c’est que la position qu’ont prise les Témoins de Jéhovah est avant tout une position religieuse. C’est une position qui se fonde sur ce que dit la Bible.
8. Eu égard à la position adoptée par les Témoins de Jéhovah, quelle question vient tout naturellement à l’esprit?
8 Cette dernière affirmation paraîtra sans doute curieuse à tous ceux qui n’ignorent pas que nombre d’Églises sont loin de condamner l’usage du sang et que certaines confessions vont même jusqu’à organiser des collectes de sang. La question qui vient donc tout naturellement à l’esprit est la suivante:
Qu’est-il dit dans la Bible de ceux qui introduisent du sang dans leur organisme?
9, 10. Qu’est-ce qui montre que la Bible n’est pas muette sur la question du sang, et quel commandement relatif au sang Dieu a-t-il donné très tôt au cours de l’histoire de l’humanité?
9 Ceux qui ne considèrent pas que la Bible est la Parole inspirée de Dieu admettent toutefois volontiers que ses pages sont loin d’être muettes sur la question du sang. En effet, du premier au dernier livre biblique le mot “sang” se rencontre plus de quatre cents fois. Certains versets se rapportent plus particulièrement à la question de savoir s’il est permis d’assurer le maintien de sa vie par le sang. Jetons un coup d’œil sur ces passages.
10 Selon la Bible, c’est aux premiers temps de l’histoire de l’humanité que l’Auteur et Dispensateur de toute vie fit connaître sa volonté sur la question du sang. En effet, aussitôt après le déluge universel, lorsque Dieu concéda pour la première fois à l’homme le droit de manger la chair des animaux, il assortit ce droit d’un ordre. Voici ce qu’il dit à Noé et aux siens: “Tout animal qui se meut et qui est vivant pourra vous servir de nourriture. Comme pour la végétation verte, je vous donne tout cela. Seulement la chair avec son âme — son sang — vous ne devrez pas la manger.” — Genèse 9:3, 4.
11. Qu’est-ce qui montre que l’observation de la loi divine concernant l’abattage des animaux implique davantage que le respect d’une restriction alimentaire?
11 Le Créateur faisait ici une défense alimentaire, à une époque où l’humanité prenait un nouveau départ (voir Genèse 1:29). Mais Dieu montra que l’observation de sa loi dans l’abattage des animaux en vue de s’en nourrir impliquerait davantage que le respect d’une simple restriction alimentaire. C’est que le sang d’une créature représente sa vie ou son âme. Aussi certaines versions, telles que la Traduction Œcuménique de la Bible, rendent-elles Genèse 9:4 comme suit: “Toutefois vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c’est-à-dire son sang.”
12, 13. Qu’est-ce que le Créateur a attaché à la question du sang, et comment savons-nous que cela ne concerne pas uniquement le sang des animaux?
12 Ainsi, cette réserve apportée à la concession divine n’était pas qu’une simple défense alimentaire comme en fait un médecin qui recommande à un malade de s’abstenir de sel ou de graisse. Le Créateur attacha à la question du sang un très important principe moral. En saignant convenablement les bêtes, Noé et ses descendants marqueraient leur respect pour le fait que toute vie vient de Dieu et dépend de lui. Mais examinons plus à fond cette question.
13 Le verset que nous venons de citer concerne le sang des animaux. Et le sang humain? Est-il visé par le même principe? Indéniablement, car voici ce que Dieu dit ensuite à Noé: “Outre cela, votre sang de vos âmes, je le redemanderai. (...) Quiconque verse le sang de l’homme, par l’homme son propre sang sera versé, car à l’image de Dieu il a fait l’homme.” (Genèse 9:5, 6). Si donc le sang des animaux (lequel représente leur vie) avait une signification sacrée pour Dieu, il va sans dire que le sang humain, de bien plus grande valeur, en avait une aussi. Ceux qui se soumettraient à ces lois se garderaient donc et de répandre le sang de l’homme (par le meurtre) et de consommer le sang, animal ou humain.
Mais cette défense qui fut faite à Noé n’était-elle qu’une interdiction provisoire, ou bien visait-elle également les générations postérieures, y compris la nôtre?
14, 15. Quelle est la portée de l’interdiction qui fut stipulée à Noé, et quelles observations pertinentes un rabbin a-t-il faites à ce sujet?
14 L’opinion la plus commune parmi les biblistes est que Dieu institua ici une interdiction qui vaudrait non seulement pour Noé et les siens, mais encore pour toute l’humanité depuis cette époque. (Rappelons que tous les hommes parus depuis le déluge sont issus des fils de Noé; Genèse 10:32.) Le théologien et réformateur Jean Calvin, par exemple, reconnut à propos de l’interdiction du sang que “cette loi avait été donnée au monde entier aussitôt après le déluge2”. Quant à Gerhard von Rad, professeur à l’université de Heidelberg, il parle de Genèse 9:3, 4 comme d’“un précepte pour l’humanité tout entière”, car tout le genre humain descend de Noé3.
15 Comme on l’aura noté, la loi sur le sang est reliée à la déclaration divine qui attache un grand prix à la vie humaine. Aussi ne peut-on que souscrire aux observations que voici du rabbin Benno Jacob:
“Ainsi les deux interdictions constituent un tout. Ce sont les plus élémentaires exigences d’humanité qui soient, au sens propre du terme. (...) La permission de manger de la viande, mais séparée de son sang, ainsi que l’interdiction de verser le sang humain, témoignent de la place de l’homme dans le monde des vivants (...). En résumé: la raison de l’interdiction du sang est d’ordre moral. (...) Par la suite, le judaïsme regardera ce passage comme instituant une morale fondamentale pour tout être humain4.” (C’est nous qui soulignons).
Effectivement, dans les siècles qui suivirent, les Juifs dégagèrent des premiers chapitres de la Genèse “sept lois fondamentales”, dont l’ordre donné à Noé et à ses fils5. S’il est vrai que la plupart des peuples ont méconnu cet ordre, il n’en reste pas moins que c’était une loi qui valait pour l’humanité tout entière. — Actes 14:16; 17:30, 31.
16, 17. Quelle loi dictée à Israël a confirmé que l’ordre donné à Noé était toujours en vigueur, et quel était le seul usage du sang permis aux Israélites?
16 Plus tard, dans la loi qu’il dicta au peuple d’Israël, Jéhovah Dieu interdit le meurtre, confirmant ainsi que l’ordre qu’il avait donné à Noé était toujours en vigueur (Exode 20:13). Et de même qu’à l’époque de Noé, Dieu défendit également la consommation de sang, en ces termes:
“Quant à tout homme de la maison d’Israël ou à tout résident étranger qui réside comme étranger au milieu d’eux, qui mange un sang d’une sorte quelconque, je tournerai assurément ma face contre l’âme qui mange le sang et je la retrancherai vraiment du milieu de son peuple.” — Lévitique 17:10.
17 À Israël Dieu ne concéda l’usage du sang des animaux que pour que son peuple le lui offrît en sacrifice. Les Israélites le reconnaîtraient ainsi pour le Dispensateur de la vie, le Dieu envers qui ils avaient des obligations. Voici ce que Jéhovah leur dit: “L’âme de la chair est dans le sang, et, moi, je l’ai mis pour vous sur l’autel, pour faire propitiation pour vos âmes, car c’est le sang qui fait propitiation par l’âme [ou la vie] qui est en lui.” — Lévitique 17:11.
18, 19. a) Devant quelle obligation les chasseurs israélites se trouvaient-ils lorsqu’ils tuaient des animaux pour se nourrir, et pourquoi? b) En respectant cet ordre, que reconnaissaient-ils?
18 Et le sang des animaux qu’on tuait pour s’en nourrir et non pour les offrir en sacrifice? Que fallait-il en faire? Voici ce que Dieu spécifia à ses adorateurs à propos de tout homme qui prenait à la chasse une bête sauvage ou un oiseau: “Il devra en verser le sang et le couvrir de poussière. Car l’âme de toute sorte de chair est son sang par l’âme qui est en lui. Aussi ai-je dit aux fils d’Israël: ‘Vous ne devrez manger le sang d’aucune sorte de chair, car l’âme de toute sorte de chair est son sang. Quiconque le mangera sera retranché.’” — Lévitique 17:13, 14; Deutéronome 12:23-25.
19 Ainsi obligation fut faite à l’Israélite de verser le sang de la bête. Il ne s’agissait pas là d’un simple rite religieux, mais bel et bien de la loi qui avait été donnée à Noé et que Dieu reprenait ici en la précisant. Quand un homme tue un animal, il doit reconnaître que la vie de la bête vient de Dieu et lui appartient. En s’abstenant de manger le sang, mais en le répandant soit sur l’autel, soit sur le sol, l’Israélite restituait en fait à Dieu un bien qui lui appartient: la vie de la créature.
20. a) Quelles peines montrent qu’il était grave de violer la loi divine sur le sang? b) Quels versets bibliques indiquent que quiconque mangeait la chair non saignée se rendait coupable d’une transgression?
20 En Israël, tout homme qui faisait peu de cas de la vie en tant que représentée par le sang se rendait coupable d’une faute très grave. Quiconque enfreignait de propos délibéré la loi sur le sang devait être “retranché”, c’est-à-dire exécuté (Lévitique 7:26, 27; Nombres 15:30, 31). Un Israélite encourait même une responsabilité s’il lui arrivait, par inadvertance, de manger la chair non saignée d’un animal mort de lui-même ou ayant péri sous la griffe d’un fauve. — Lévitique 17:15, 16; voir Lévitique 5:3; 11:39.
La loi divine sur le sang peut-elle être oubliée quand la situation devient critique?
21. Quel exemple biblique montre qu’on ne doit pas oublier la loi divine sur le sang même dans une situation critique?
21 La Bible répond que non. En Israël, nul n’était dispensé d’observer cette loi, quelle que fût la contrainte exercée par les circonstances. Rappelons à ce propos un événement survenu à l’époque du roi Saül. À l’issue d’une bataille fort longue, des soldats israélites, tenaillés par la faim, abattirent du petit et du gros bétail et ‘se mirent à les manger avec le sang’. Comme on vient de le dire, ces hommes étaient affamés. Ce n’est donc pas de propos délibéré qu’ils mangèrent du sang, mais, pressés par la faim, ils oublièrent de saigner convenablement les bêtes. Leur situation, il est vrai, paraissait fort critique, mais cela excusa-t-il leur conduite? Nullement, ainsi que leur roi, divinement institué, le reconnut lui-même en leur faisant observer qu’‘ils péchaient contre Jéhovah, en mangeant avec le sang’. — I Samuel 14:31-35.
Cette horreur légitime du sang s’étend-elle également au sang humain?
22. Pourquoi est-il logique de penser que la loi divine relative au sang animal s’applique aussi au sang humain?
22 Oui, et cela se conçoit parfaitement, car la loi divine interdisait la consommation de n’importe quel sang (Lévitique 17:10, 14). Un incident provoqué par certains des Juifs qui suivaient Jésus vous donnera un aperçu des sentiments du peuple juif sur ce point. Un jour, s’exprimant figurément et sachant que, l’heure venue, il lui faudrait répandre son sang en sacrifice et qu’il en résulterait la vie pour tous ceux qui auraient foi en la valeur de son sacrifice, Jésus laissa entendre qu’il fallait ‘boire son sang’. (Jean 6:53-58.) Ne comprenant sans doute pas que Jésus usait d’un langage symbolique, un certain nombre de ses disciples furent scandalisés par cette parole et cessèrent de le suivre (Jean 6:60-66). Oui, à la seule pensée de devoir absorber son sang, ces Juifs adorateurs de Dieu furent soulevés d’horreur.
ET LES CHRÉTIENS?
23. Quel effet la mort sacrificielle du Messie a-t-elle eu sur les interdictions alimentaires de la Loi mosaïque?
23 La Loi mosaïque annonçait la venue et la mort sacrificielle du Messie. Aussi, lorsque Jésus fut mort, cette Loi se trouvant accomplie, les vrais adorateurs de Dieu ne furent plus tenus de l’observer (Romains 10:4; 6:14; Colossiens 2:13, 14). Ses interdictions alimentaires, comme celles qui frappaient la graisse et la chair de certains animaux, cessèrent d’être en vigueur. — Lévitique 7:25; 11:2-8.
Que dire alors de l’interdiction du sang? Vaut-elle pour les chrétiens?
24. Lorsque la question de la circoncision des chrétiens non juifs a été examinée, quelle décision a été prise à propos du sang?
24 Ce point fut soulevé en l’an 49 de notre ère, à l’occasion d’une conférence qui réunit à Jérusalem les apôtres et d’autres anciens qui formaient le collège central des chrétiens de l’époque. La conférence eut lieu à la suite d’une question concernant la circoncision. Quelle fut la décision de ce concile apostolique? Il décréta que les non-Juifs qui venaient au christianisme n’avaient pas à se faire circoncire. Au cours des débats, Jacques, demi-frère de Jésus, attira l’attention sur plusieurs autres points essentiels qui, à son avis, devaient figurer dans la décision du concile, à savoir l’obligation “de s’abstenir des choses contaminées par les idoles, et de la fornication, et de ce qui est étouffé, et du sang”. (Actes 15:19-21.) Le disciple Jacques se référa ensuite aux écrits de Moïse, lesquels attestent que, des siècles avant la promulgation de la Loi, Dieu condamnait déjà l’immoralité sexuelle, l’idolâtrie ainsi que la consommation de sang et, partant, également celle des chairs étouffées, c’est-à-dire non séparées de leur sang. — Genèse 9:3, 4; 19:1-25; 34:31; 35:2-4.
25. De quoi cette décision du concile apostolique est-elle devenue partie intégrante?
25 La décision du concile fut envoyée aux congrégations chrétiennes de l’époque. Elle est devenue partie intégrante des Écritures inspirées, lesquelles sont utiles “pour enseigner (...), pour remettre les choses en ordre”. (II Timothée 3:16, 17.) En voici les termes:
26, 27. Que déclarait explicitement cette décision, et comment savons-nous qu’il ne s’agissait pas simplement de l’avis personnel des apôtres?
26 “L’esprit saint et nous-mêmes (...) avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires: s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez.” — Actes 15:28, 29.
27 Comme on le voit, même si les chrétiens n’étaient pas sous la Loi mosaïque, il n’en était pas moins ‘nécessaire’ qu’ils s’abstiennent du sang. S’agissait-il ici de l’avis personnel des apôtres? Nullement. De l’aveu même de ces hommes, la décision fut prise en accord avec l’esprit saint.
28. Selon le professeur Walther Zimmerli, quelle distinction est faite dans ce décret?
28 À propos de ce décret chrétien, voici ce qu’on lit sous la plume du professeur Walther Zimmerli, de l’université de Göttingen:
“La première congrégation judéo-chrétienne, à en juger par la décision dont il est question en Actes 15, fit une distinction entre la Loi qui fut donnée à Israël par l’intermédiaire de Moïse et l’ordre qui fut donné au monde entier [par l’entremise de] Noé6.” — Zürcher Bibelkommentare.
29. Qu’est-ce qui indique que l’ordre de s’abstenir de sang était une exigence morale et non une simple interdiction alimentaire?
29 L’ordre de s’abstenir du sang n’était pas une simple interdiction alimentaire, mais une importante exigence morale mise sur le même rang que l’obligation qui est faite au chrétien de ‘s’abstenir de l’idolâtrie et de la fornication’.
LES PREMIERS CHRÉTIENS ET LA QUESTION DU SANG
30, 31. Qu’est-ce qui montre que l’ordre de s’abstenir de sang devait être respecté et qu’il n’était pas une simple prescription provisoire?
30 Le concile de Jérusalem envoya cette décision non équivoque aux congrégations chrétiennes de l’époque, et les résultats ne se firent pas attendre. Voici ce qu’il est dit au chapitre 16 du livre des Actes à propos de Paul et de ses compagnons: “Comme ils passaient par les villes, ils remettaient à ceux qui se trouvaient là, pour qu’ils les observent, les décrets arrêtés par les apôtres et les aînés qui étaient à Jérusalem. Ainsi les congrégations s’affermissaient dans la foi et croissaient en nombre de jour en jour.” — Actes 16:4, 5.
La décision consignée en Actes 15:28, 29 ne représentait-elle qu’une prescription provisoire et non une obligation permanente?
31 Une croyance assez répandue est que le décret apostolique n’avait rien de permanent. Le livre des Actes est d’un avis contraire. Il nous apprend, en effet, qu’une dizaine d’années après le décret du concile de Jérusalem les chrétiens observaient toujours la décision apostolique, savoir “qu’ils aient à se garder de ce qui est sacrifié aux idoles, ainsi que du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication”. (Actes 21:25.) Qu’en conclure, sinon que les chrétiens savaient que l’ordre de s’abstenir du sang ne visait pas que les convertis non juifs d’une seule et même région et que cet ordre n’avait rien de provisoire?
32, 33. Quel fait rapporté par Eusèbe indique que certains respectaient l’ordre de s’abstenir de sang à son époque?
32 Mais que se passa-t-il par la suite, lorsque le christianisme se fut propagé au loin? Voyons les témoignages qui nous viennent des siècles qui suivirent la promulgation du décret consigné en Actes 15:28, 29.
33 Eusèbe, écrivain du IIIe siècle, qui passe pour être le “père de l’historiographie ecclésiastique”, rapporte un fait survenu à Lyon en l’an 177. Des chrétiens se virent accusés par leurs ennemis de manger de petits enfants. Alors qu’on suppliciait et exécutait un certain nombre d’entre eux, une jeune fille nommée Biblias répondit à cette calomnie en disant: “Comment pourrions-nous manger de petits enfants, nous à qui il est défendu de manger le sang des bêtes7?”
34-36. Quelles déclarations de Tertullien et de Minucius Félix attestent que les chrétiens s’abstenaient de sang à leur époque?
34 Ce sont de fausses accusations de ce genre qui amenèrent Tertullien, théologien latin (env. 160-230), à faire observer que s’il était courant chez les Romains de boire du sang, pareil usage ne s’était nullement établi parmi les chrétiens. Voici ce qu’il écrit:
“Rougissez de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui ne regardons pas même le sang des animaux comme un des mets qu’il est permis de manger. (...) Aussi, pour mettre les chrétiens à l’épreuve, vous leur présentez des boudins gonflés de sang, bien convaincus que ce mets est défendu chez eux et que c’est un moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire que ces hommes qui ont horreur du sang animal (vous en êtes persuadés) sont avides de sang humain8?”
35 En outre, à propos du décret d’Actes 15:28, 29, Tertullien dit ceci: “L’interdit concernant le sang est, selon nous, [un interdit] qui vise bien plus le sang humain9.”
36 Minucius Félix, avocat romain qui vécut jusqu’aux environs de l’an 250, lui fait écho en ces termes: “Si grande est notre répugnance pour le sang humain que nous nous abstenons même d’employer dans notre alimentation du sang des animaux qui peuvent se manger10b.
37, 38. Quelles déclarations relatives au sang un évêque et un exégète catholique ont-ils faites?
37 Si nombreux et si clairs sont les témoignages de l’Histoire, que l’évêque John Kaye (1783-1853) fut catégorique. Il déclara: “Les premiers chrétiens observèrent scrupuleusement le décret rendu à Jérusalem par les apôtres, en s’abstenant des chairs étouffées et du sang11.”
Les premiers chrétiens et les Témoins de Jéhovah de notre temps sont-ils les seuls qui aient ainsi interprété le décret apostolique?
38 Non, ils ne sont pas les seuls. Dans ses commentaires sur Actes 15:29, l’exégète catholique Giuseppe Ricciotti (1890-1964), faisant mention du drame de Lyon (évoqué plus haut), y voit une preuve que les premiers “chrétiens ne pouvaient pas manger de sang”. Et il ajoute: “(...) mais même dans les siècles qui suivirent et qui nous mènent jusqu’au Moyen Âge, nous rencontrons des échos inattendus de cette antique ‘abomination’ [du sang], qui a sans nul doute son origine dans le décret12.”
39. Qu’a déclaré le concile quinisexte, et qu’a expliqué Otto de Bamberg à des nouveaux convertis à propos du sang?
39 Quant au concile quinisexte, qui se tint à Constantinople en 692, il déclara ceci: “L’Écriture nous ordonne de nous abstenir du sang, des chairs étouffées et de la fornication (...). Quiconque donc s’avisera de manger du sang d’un animal, peu importe comment: si c’est un ecclésiastique, on le destituera; si c’est un laïque, on le retranchera13.” On rencontre le même écho chez Otto de Bamberg (env. 1060-1139), prélat et évangéliste de renom, qui expliqua à des convertis de Poméranie “qu’ils ne devaient manger rien d’impur, rien de ce qui est mort de soi-même, ou qui a été étouffé, ou sacrifié aux idoles, ni le sang des animaux14”.
40. Qu’a écrit Martin Luther concernant Actes 15:28, 29?
40 À une époque plus rapprochée de la nôtre, Martin Luther reconnut, lui aussi, toute la portée du décret de l’an 49. Dans ses protestations contre les pratiques et les croyances catholiques, il ne lui déplaisait pas de rattacher le concile apostolique aux conciles ecclésiastiques qui se tinrent par la suite, mais dont les décrets ne font pas partie intégrante du texte biblique. Voici, toutefois, ce qu’il écrivit concernant Actes 15:28, 29:
“Si donc nous voulons une Église qui soit soumise à ce concile (ainsi qu’il sied: n’est-ce pas là le tout premier concile et ne fut-il pas tenu par les apôtres en personne?) il nous faut enseigner et exiger que désormais ni prince, ni seigneur, ni bourgeois, ni paysan ne mangent de l’oie, du daim, du cerf ou du porc cuit dans le sang (...). Bourgeois et paysans doivent surtout s’abstenir de saucisse noire et de boudin15.”
41. Quel commentaire un théologien baptiste a-t-il fait sur Genèse 9:3, 4?
41 Au XIXe siècle, Andrew Fuller, considéré comme étant “sans doute le plus éminent et le plus influent des théologiens baptistes”, écrivit ces lignes à propos de l’interdiction du sang décrétée en Genèse 9:3, 4:
“Il semble que, [le sang] ayant été interdit à Noé, il le fût également à l’humanité tout entière. On se gardera aussi de considérer cette interdiction comme une défense relative aux cérémonies de la Loi juive. Elle fut non seulement dictée avant l’avènement de cette Loi, mais encore imposée aux Gentils devenus chrétiens par les décrets des apôtres, en Actes XV. 20. (...) Le sang c’est la vie, et il semble que Dieu le tienne pour sacré et se le réserve comme tel16.”
42. Qu’a répondu l’ecclésiastique William Jones à ceux qui faisaient fi de l’interdiction biblique du sang?
42 Un chrétien pourrait-il soutenir que, pouvant se prévaloir de ce que certains appellent “la liberté chrétienne”, il n’est pas nécessairement tenu d’observer l’interdiction du sang? Dans son livre paru sous le titre L’histoire de l’Église chrétienne (angl.), l’ecclésiastique William Jones (1762-1846) répond en ces termes:
“On ne saurait concevoir interdiction plus formelle, Actes XV. 28, 29. Ceux qui allèguent leur ‘liberté chrétienne’ sur ce point peuvent-ils nous désigner dans la Parole divine un passage quelconque qui atteste l’abolition postérieure de cette interdiction? Qu’il nous soit permis, sinon, de poser cette question: ‘Par quelle autorité, si ce n’est par la sienne propre, peut-on annuler l’une quelconque des lois divines?’” — P. 106.
43. Se fondant sur des faits et sur les Écritures, à quoi les Témoins de Jéhovah sont-ils déterminés à propos du sang?
43 La conclusion est claire: Sous la direction de l’esprit saint, le concile apostolique a décrété que les chrétiens qui tiennent à la faveur divine doivent ‘s’abstenir du sang’, telle étant la volonté divine depuis le temps de Noé (Actes 15:28, 29; Genèse 9:3, 4). Les premiers chrétiens ont observé l’interdiction du sang, parfois même au prix de leur vie. Et tout au long des siècles il a été reconnu que l’obligation imposée par cette prescription biblique est une des exigences qui sont “nécessaires” pour les chrétiens. Ainsi, la détermination des Témoins de Jéhovah de s’abstenir du sang est une détermination qui se fonde sur la Parole divine, c’est-à-dire la Bible, et qui a l’appui des nombreux précédents que l’on relève dans l’histoire du christianisme.
L’UTILISATION THÉRAPEUTIQUE DU SANG
44. Quels sont les trois points que nous avons établis, et sur quels versets bibliques s’appuie chacun d’eux?
44 Jusqu’ici nous avons établi que la Bible renferme les prescriptions suivantes: Il est interdit à l’homme d’assurer le maintien de sa vie par le sang d’une autre créature (Genèse 9:3, 4). Quiconque tue un animal doit en verser le sang, qui représente la vie de la bête, et doit donc être restitué à l’Auteur et Dispensateur de toute vie (Lévitique 17:13, 14). Et, ainsi que l’a décrété le concile apostolique, les chrétiens doivent ‘s’abstenir du sang’, ce qui vaut aussi bien pour le sang humain que pour le sang des animaux. — Actes 15:28, 29.
Mais ces prescriptions bibliques concernent-elles la transfusion sanguine en tant que procédé médical employé pour sauver des vies?
45, 46. Quelle question se pose maintenant, et quelles techniques médicales modernes la Bible a-t-elle visées quant au principe?
45 Il en est qui, tout en reconnaissant que la Bible interdit la consommation de sang, soutiennent qu’il y a une différence fondamentale entre le fait de manger du sang et celui d’accepter une transfusion sanguine, pratique qui était inconnue aux temps bibliques. Que penser de cette opinion?
46 Il va sans dire qu’aux temps bibliques la loi divine concernait essentiellement la consommation de sang en tant que nourriture. L’administration de sang par voie intraveineuse ne se pratiquait pas. Mais s’il est vrai que la Bible ne mentionne pas explicitement les techniques médicales modernes qui mettent en œuvre le sang, il n’en reste pas moins qu’elle les a prévues et visées quant au principe.
47, 48. Quelle distinction n’est pas faite en Actes 15:29, et pour quelles raisons?
47 Considérons, par exemple, l’ordre qui fut donné aux chrétiens, celui de “s’abstenir (...) du sang”. (Actes 15:29.) Il n’y a rien dans cette prescription qui autorise à faire une distinction entre l’ingestion du sang par la bouche et son injection dans les veines. Et peut-on vraiment dire que, pour ce qui est du principe, il y ait là une différence fondamentale?
48 Comme tous les médecins le savent, il est possible d’alimenter un organisme par voie buccale ou par voie intraveineuse. Pareillement, il est possible d’administrer certains médicaments par des voies différentes. Ainsi, il y a des antibiotiques qu’on peut introduire dans le corps soit par la bouche, sous forme de comprimés, soit en injections sous-cutanées, intramusculaires ou intraveineuses. Supposons que vous ayez pris un certain antibiotique sous forme de comprimés et que vous ayez eu à pâtir d’une dangereuse réaction allergique. Votre médecin vous a alors demandé de vous abstenir de ce produit. Serait-il raisonnable de penser que votre médecin vous déconseille simplement de prendre cet antibiotique sous forme de comprimés, mais que vous pouvez sans danger vous le faire injecter dans les veines? Non, bien sûr. Ce qui importe ici, ce n’est pas de savoir par quelle voie doit se prendre ce médicament, mais que vous vous en absteniez complètement. De même, lorsque le texte biblique prescrit aux chrétiens de ‘s’abstenir du sang’, il est clair que cet ordre vise l’introduction du sang dans l’organisme par quelque voie que ce soit, orale ou intraveineuse.
Quelle importance cette question revêt-elle pour les Témoins de Jéhovah?
49. À quoi les Témoins de Jéhovah sont-ils fermement résolus, et de quoi sont-ils convaincus?
49 N’est-il pas naturel que tous ceux qui reconnaissent leur dépendance vis-à-vis de l’Auteur et Dispensateur de toute vie soient déterminés à obéir à ses commandements? C’est ce à quoi les Témoins de Jéhovah sont fermement résolus. Ceux-ci sont pleinement convaincus qu’il est juste de se plier à la loi divine concernant le sang. Leur attitude n’est pas le résultat d’un caprice ou d’une conception fanatique. C’est par obéissance au Créateur, le Maître Souverain de l’univers, qu’ils refusent d’introduire du sang dans leur organisme, soit par ingestion orale, soit par transfusion.
50, 51. Que met en jeu la question du sang, et à quelles paroles du psalmiste souscrivons-nous de tout cœur?
50 Pour les Témoins de Jéhovah, donc, la question du sang fait intervenir les principes les plus fondamentaux, ceux-là mêmes qui dictent la conduite de leur vie. Il y va ici de leurs relations avec leur Dieu et Créateur. D’autre part, ils croient à ces paroles du psalmiste: “Les décisions judiciaires de Jéhovah sont vérité; elles se sont révélées intégralement justes. (...) Il y a une grande récompense à les garder.” — Psaume 19:9, 11.
51 Ceux qui n’envisagent jamais que les conséquences immédiates d’une décision douteront probablement qu’il y ait une “récompense” à observer la loi divine concernant le sang. Mais les Témoins de Jéhovah, eux, sont persuadés que leur obéissance aux prescriptions de leur Créateur leur procurera un bonheur durable.
52, 53. Quelle position les premiers chrétiens ont-ils prise, et que pouvait-il leur en coûter?
52 Tel était également le sentiment des premiers chrétiens. Il est de fait historique que leur obéissance à Dieu fut parfois soumise à de terribles épreuves. L’Empire romain voulait les contraindre à se livrer à l’idolâtrie ou à l’immoralité. Leur refus de céder pouvait être gros de conséquences: il pouvait signifier la mort dans l’arène sous la griffe des fauves. Mais ces hommes ne renoncèrent pas à leur foi; ils obéirent à Dieu.
53 Songez à tout ce qui était en jeu. Pour ceux d’entre eux qui étaient chargés de famille, un refus d’enfreindre les lois divines pouvait même avoir pour conséquence la mort de leur progéniture. Or, d’après le témoignage de l’Histoire, nous savons que ces hommes courageux et remplis de foi ne renièrent ni leur Dieu ni les principes qui dictaient la conduite de leur vie. Ils croyaient à cette parole du Christ: “Je suis la résurrection et la vie. Celui qui exerce la foi en moi, même s’il meurt, viendra à la vie.” (Jean 11:25). C’est pourquoi, malgré ce qu’il pouvait leur en coûter aussitôt, ils obéirent au décret apostolique leur enjoignant de s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, de la fornication et du sang. Voilà tout ce que représentait pour eux la fidélité à Dieu.
54. Quelle responsabilité les Témoins de Jéhovah assument-ils?
54 Voilà ce que représente également la fidélité à Dieu pour les Témoins de Jéhovah de notre temps. Ceux-ci croient avec raison qu’en matière de culte c’est à eux qu’il appartient moralement de prendre des décisions, tant à leur égard qu’à l’égard de leurs enfants. C’est pourquoi, ils ne demandent à personne, ni au médecin, ni au magistrat, ni à la direction hospitalière de prendre ces décisions à leur place. Ils ne désirent pas que quelqu’un d’autre essaie d’assumer leur responsabilité envers Dieu. Personne d’autre, d’ailleurs, ne saurait le faire. Car il s’agit ici de la responsabilité individuelle du chrétien à l’égard de son Dieu et Créateur.
LE REFUS DU SANG EST-IL UNE FORME DE SUICIDE?
55, 56. a) À quoi beaucoup assimilent-ils un refus de transfusion? b) Comme le montrent les citations, pourquoi ne peut-on accuser les Témoins de tenter de se suicider?
55 Dans les cas de pertes de sang massives par suite de blessures, de maladies ou de complications opératoires, on considère généralement qu’il n’y a qu’un seul geste qui s’impose pour sauver la vie: la transfusion sanguine. Rien d’étonnant que lorsqu’un certain public est informé d’un refus de transfusion, sa tendance soit d’assimiler ce refus à une forme de suicide. Ce rapprochement est-il valable?
Tente-t-on de se suicider ou use-t-on de son “droit de mourir” quand on refuse une transfusion?
56 Tenter de se suicider, est-il besoin de le dire, c’est vouloir se donner la mort. Qui connaît tant soit peu les croyances et le comportement des Témoins de Jéhovah sait fort bien que ce sont des gens qui n’attenteront jamais à leurs jours. S’ils refusent la transfusion sanguine, ils ne s’opposent nullement aux thérapeutiques de remplacement. Voici ce qu’a fait observer un article d’une publication médicale (The American Surgeon):
“En général, un refus de traitement médical n’équivaut pas à un ‘suicide’. Les Témoins de Jéhovah recourent aux soins médicaux; ils ne refusent qu’une seule forme de la thérapeutique. Le refus d’un traitement médical, dans sa totalité ou en partie, n’est pas un ‘crime’ qu’on commet sur sa personne en tentant manifestement de se supprimer; ce qu’est le suicide17.” (C’est nous qui soulignons).
Le professeur Byrn a écrit dans la Fordham Law Review que “le refus d’une thérapeutique de salut et la tentative de suicide sont, en droit, choses aussi différentes qu’une pomme et une orange18”. Quant au docteur David Pent (de l’Arizona), voici ce qu’il a déclaré à l’occasion d’une conférence médicale:
“Les Témoins de Jéhovah croient que, s’ils viennent à mourir par suite de leur refus de consentir à la transfusion sanguine, ils meurent pour leurs croyances, un peu comme mouraient, il y a des siècles, les premiers martyrs religieux. Si c’est là un suicide médical passif, je me permettrai de vous faire observer qu’il y a parmi l’assistance des médecins qui fument et que, probablement, c’est là un suicide non moins passif19.”
57. Pourquoi n’use-t-on pas du “droit de mourir” en refusant les transfusions?
57 Et que dire de l’opinion qui veut que les Témoins de Jéhovah, en refusant les transfusions, usent du “droit de mourir”? Comme on l’a déjà dit, les Témoins de Jéhovah tiennent à rester en vie, sinon ils ne recourraient pas aux soins médicaux. Par contre, ils ne peuvent ni ne veulent renier leurs convictions religieuses, qui sont fondées sur la Parole divine.
58. Quels droits les tribunaux ont-ils reconnus à tout individu, et pourquoi est-ce normal?
58 Les tribunaux ont souvent défendu le principe selon lequel tout homme a droit à son intégrité corporelle; ce qui veut dire qu’en dernière analyse c’est à l’individu que revient le soin de décider ce qu’on peut tenter sur son organisme. D’ailleurs, si vous étiez malade ou hospitalisé, ne vous plairait-il pas qu’il en soit ainsi? Puisqu’il s’agit de votre vie, de votre santé et de votre corps, n’est-il pas normal que ce soit vous qui ayez le dernier mot?
59, 60. a) Qu’appartient-il au malade de décider en dernier lieu? b) Quel droit de l’homme limite le droit et le devoir d’un médecin?
59 Cette manière intelligente et morale d’envisager la question a conduit à des conclusions logiques. Voici, en effet, ce qu’il est dit dans un opuscule édité par l’Association des médecins américains: “C’est au malade que revient, en dernier lieu, le soin de décider s’il courra ou non les chances du traitement ou de l’opération que lui recommande son médecin, ou s’il prendra le risque de s’en passer. Tel est le droit naturel de l’individu, droit reconnu par la loi.” “Un malade a le droit de refuser son consentement à l’emploi d’une thérapeutique de salut. Il en résulte qu’il peut assortir son consentement de telles conditions, modalités et interdictions qui lui semblent souhaitables20.”
60 Cela vaut également pour la transfusion sanguine ainsi que pour toutes les autres “thérapeutiques de salut”. Voici ce qu’a déclaré le docteur Narr de Tübingen (Allemagne): “Le droit et le devoir de guérir qui sont ceux du médecin se trouvent limités par un droit fondamental de l’homme, celui de disposer souverainement de son corps (...). Il en est de même pour les autres interventions médicales et de même donc pour le refus de la transfusion sanguine21.”
61. Comment certaines personnes considèrent-elles la préservation de la vie, mais quelle question cela soulève-t-il?
61 Il y a des esprits — et cela se conçoit — qui sont scandalisés à la pensée qu’on puisse refuser une transfusion, surtout si les conséquences risquent d’être graves, sinon mortelles. C’est que, pour quantité de gens, il n’est rien de plus important que la vie, qui doit être protégée à tout prix. S’il est vrai que la préservation de la vie humaine représente l’une des obligations majeures de la société, faut-il en conclure que la “protection de la vie” prévaut sur tous les principes, quels qu’ils soient?
62. Selon le professeur Cantor, qu’est-ce qui montre que le caractère sacré de la vie n’est pas la valeur suprême, et comment peut-on illustrer ce point?
62 À ce propos, voici ce qu’on lit sous la plume de M. Cantor, professeur adjoint dans une faculté de droit (Rutgers Law School):
“C’est grandir la dignité humaine que de laisser à l’individu le soin de décider lui-même pour quelles croyances il vaut la peine de mourir. Tout au long des siècles, l’homme a estimé dignes du sacrifice de sa vie une foule de causes nobles, tant religieuses que profanes. Quant à la plupart des gouvernements et des sociétés, y compris les nôtres, il est indubitable qu’ils ne tiennent pas le caractère sacré de la vie pour la valeur suprême22.”
À titre d’exemple, le professeur Cantor rappela que pendant les guerres entreprises pour la défense de la “liberté” et de la “démocratie”, nombre d’hommes attachés à ces idéaux ont volontairement affronté les souffrances et la mort. Quel a été le sentiment de leurs compatriotes? Ont-ils estimé qu’en se sacrifiant ainsi ces combattants avaient tort? Leur pays a-t-il déprécié leur conduite, parce que certains de ceux qui tombèrent sur le champ de bataille laissaient derrière eux des veuves et des orphelins sans ressources? Croyez-vous que médecins et avocats auraient dû intervenir auprès des tribunaux pour que ceux-ci prononcent des arrêts qui empêchent ces hommes de mourir pour leur idéal? Ainsi, il n’y a pas que chez les Témoins de Jéhovah (sans parler des premiers chrétiens) qu’on voit des gens prêts à courir des risques plutôt qu’à renoncer à leurs principes. On sait aussi que nombreux sont ceux qui tiennent en haute estime l’attachement aux principes.
63. Quelle position des Témoins de Jéhovah devrait retenir quiconque de leur imposer un traitement qui fait violence à leurs principes?
63 D’autre part, il n’est pas superflu de le répéter: si les Témoins de Jéhovah refusent la transfusion sanguine, ils ne s’opposent pas aux thérapeutiques de remplacement qui peuvent les aider à rester en vie. Pourquoi, dès lors, vouloir appliquer, au besoin même par la force, un traitement qui fait violence aux principes et aux croyances du patient?
64. Que peut-on lire dans une publication médicale à propos des médecins qui tentent d’administrer de force un traitement qui viole la conscience du patient?
64 Or, cela s’est produit. Il y a des médecins et des hôpitaux qui n’ont pas hésité à demander aux tribunaux de leur donner légalement le droit de procéder de force à des transfusions. À propos de ce comportement, voici ce qu’écrit le docteur Goldstein dans une publication médicale (The Wisconsin Medical Journal):
“Les médecins qui prennent cette position désavouent le sacrifice de tous les martyrs qui ont glorifié l’histoire par leur attachement extrême aux principes, au prix même de leur vie. Car les malades qui préfèrent mourir plutôt que de faire taire leurs scrupules religieux, ceux-là sont de la même étoffe que ceux qui payèrent de leur vie leur foi en Dieu ou qui montèrent sur le bûcher plutôt que de se laisser baptiser [de force]. (...) Si nous avons le devoir de sauver des vies, nous devons, cependant, nous demander si nous n’avons pas non plus le devoir de sauvegarder l’intégrité et de préserver chez l’individu les quelques gestes de courage authentique qui se voient encore dans une société de plus en plus embrigadée. (...) Un médecin ne doit pas rechercher l’assistance de la loi pour pouvoir sauver un corps tout en détruisant une âme. La vie du patient lui appartient23.”
LE RÔLE DU MÉDECIN
65, 66. Pourquoi un médecin risque-t-il d’être surpris ou consterné lorsqu’il est appelé à traiter un Témoin qui refuse une transfusion?
65 On l’a déjà dit, ce sont leurs fermes convictions religieuses qui interdisent aux Témoins de Jéhovah les aliments qui contiennent du sang ainsi que tout traitement par le sang. Mais quels problèmes leur attitude pose-t-elle aux médecins qui sont appelés à les soigner?
66 Les médecins consacrent temps et efforts à sauver ou à prolonger des vies. C’est leur profession. On comprend donc sans peine la surprise ou la consternation que peut éprouver un médecin acquis, de par sa formation, au principe de la transfusion sanguine, lorsqu’il est appelé à traiter un malade gravement atteint ou affaibli par une hémorragie et qu’il découvre que les convictions de son patient s’opposent à l’emploi du sang. Si la conscience du malade, devenue sensible aux préceptes bibliques, lui interdit de consentir à une transfusion, le médecin a lui aussi une conscience et il obéit à une morale, à des règles déontologiques qui, pour lui, sont extrêmement importantes.
Un médecin doit-il se laisser influencer par sa formation et par ses convictions s’il juge qu’une transfusion, que refuse le malade, est nécessaire pour sauver la vie de son patient?
67, 68. En accord avec quels principes médicaux et juridiques un chirurgien peut-il être amené à ne pas suivre sa conscience si elle est contraire à celle du malade?
67 Il n’y a pas de doute que dans de tels cas il se crée une situation délicate. Mais que chacun de nous se pose cette question: Si je me trouvais dans une telle situation, c’est-à-dire si moi, le malade, je me trouvais en désaccord avec mon médecin, ma conscience à moi s’opposant à ses convictions à lui, quel parti aimerais-je lui voir prendre? À ce propos, voici quelques observations que fit le docteur Williamson à l’occasion du Premier congrès national sur la déontologie médicale et le professionnalisme:
“Assurément, le médecin doit penser d’abord au bien du malade. La vie étant un don du Créateur à l’individu, c’est au malade qu’appartient à juste titre le soin de la décision capitale, puisqu’il est le dépositaire de ce don. (...) Le médecin doit traiter le malade sans passer outre aux scrupules religieux de celui-ci et sans chercher non plus à lui imposer ses propres convictions religieuses24.” (C’est nous qui soulignons).
68 Il y a encore une raison, d’ordre juridique, qui interdit de faire violence à la conscience du malade. Voici ce qu’on lit sous la plume du professeur Byrn dans la Fordham Law Review: “(...) je ne veux pas dire que le médecin soit tenu, de par la décision du malade, d’agir contrairement à sa conscience de médecin. (...) Je veux dire que le malade n’est pas tenu, de par la conscience du médecin, d’agir contrairement à sa décision de malade et, partant, le médecin a le droit et la faculté de décider de ne rien tenter. La loi du consentement éclairé serait vidée de signification si la décision du malade était subordonnée au jugement de la conscience médicale25.” (C’est nous qui soulignons).
69, 70. Plutôt que de ne rien tenter, que devrait faire un médecin lorsqu’un malade refuse une transfusion?
69 Il est donc possible qu’un médecin qui se trouve dans cette situation décide “de ne rien tenter”, c’est-à-dire de se retirer purement et simplement. Mais n’y a-t-il pas d’autre solution? Dans son article paru sous le titre “Interventions chirurgicales d’urgence chez les adultes parmi les Témoins de Jéhovah” (angl.), le docteur O’Malley écrit ceci: “Le corps médical ne doit pas prendre prétexte du refus du malade de consentir à une transfusion pour l’abandonner à son sort26.”
70 Que peut donc décider un médecin? Voici ce qu’a déclaré M. Holcomb dans l’article de fond d’une publication médicale:
“Sans doute, nous, les médecins, sommes-nous désappointés et parfois même irrités quand un malade refuse obstinément ce qui, pour nous, serait le traitement qui s’impose. Mais, en toute sincérité, est-il bien de se dépiter ainsi lorsqu’un malade nous explique que sa répugnance à consentir à une thérapeutique spécifique vient de ses croyances religieuses? Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, force nous sera d’admettre que, dans l’accomplissement de notre tâche quotidienne, il nous arrive, auprès de nombreux malades, d’opter pour autre chose que le traitement idéal. (...) Si nous pouvons agir ainsi sans heurter nos convictions médicales, ne devrions-nous pas également être prêts à faire de notre mieux quand les convictions du malade, notamment celles qui sont d’ordre religieux, nous interdisent d’appliquer la forme thérapeutique que nous jugeons souhaitable? D’ordinaire, les malades que des motifs religieux empêchent de consentir à la transfusion sanguine, etc., n’ignorent pas les risques médicaux que comporte leur décision, mais ils sont prêts à les courir et demandent seulement que nous fassions de notre mieux27.”
71. Que peut-on dire des obligations du patient et du médecin en rapport avec un traitement “extraordinaire”?
71 Il y a autre chose encore dont il faut tenir compte quand on envisage la question sous l’angle moral. Voici, en effet, ce que fait remarquer John Paris, professeur adjoint de déontologie sociale: “Le monde médical comme le monde moral sont pour ainsi dire unanimes à penser qu’un individu n’est pas moralement tenu de se soumettre à un traitement médical ‘extraordinaire’. Et si le malade n’est pas moralement tenu de se soumettre à un traitement ‘extraordinaire’ — quelque courant qu’il soit dans la pratique médicale — le praticien non plus n’est pas moralement tenu de le dispenser; pas plus que le juge n’est tenu de l’ordonner28.” Pour les Témoins de Jéhovah, qui règlent leur vie sur les préceptes bibliques, la transfusion sanguine est assurément un traitement “extraordinaire”. En fait, elle est moralement interdite.
QUAND MALADE ET MÉDECIN PASSENT UN CONTRAT
72. Comment les Témoins considèrent-ils les traitements médicaux en général, mais lequel refusent-ils?
72 Vous pouvez en être assuré, vous qui êtes médecin, les Témoins de Jéhovah ne sont pas des esprits fanatisés qui s’opposent à toute forme de traitement médical. Rappelons que Luc, celui-là précisément qui composa le livre biblique renfermant le décret sur le sang, était lui-même médecin (Colossiens 4:14). Quand ils sont malades ou victimes d’un accident, les Témoins de Jéhovah ne s’adressent pas à des gens qui pratiquent des thérapeutiques fondées sur la prière et l’incantation. Ils font appel à la compétence médicale. Il va sans dire que lorsqu’ils viennent trouver un médecin, ils ne cherchent pas à lui apprendre son métier ni même à lui indiquer comment il doit s’y prendre pour résoudre leur problème. Il n’y a qu’une seule chose qu’ils demandent invariablement aux praticiens, c’est de ne pas utiliser de sang.
73. Quels faits les Témoins reconnaissent-ils en rapport avec leur position sur la question du sang?
73 Les Témoins de Jéhovah tiennent en haute estime le savoir et la compétence du corps médical. Ils sont reconnaissants aux médecins qui font appel à toutes les ressources de leur art pour traiter un malade sans faire violence à ses scrupules religieux. Ils sont conscients qu’il faut du courage pour tenter une opération sans avoir la faculté de recourir au sang. Il faut également du courage pour passer outre aux conceptions médicales de notre temps et consentir à pratiquer la médecine dans des conditions qui risquent de ne pas être considérées comme étant médicalement les meilleures.
74. Que n’ignorent pas les Témoins, et que sont-ils prêts à courir?
74 Naturellement, les Témoins de Jéhovah n’ignorent pas qu’il y a des opérations qui entraînent des pertes de sang si importantes qu’un chirurgien peut être fermement convaincu qu’il ne saurait les tenter dans les conditions qui lui sont proposées. La plupart des opérations, cependant, peuvent s’effectuer sans utilisation de sang. Certes, il y a des médecins qui croient que sans apport sanguin l’intervention devient plus dangereuse, mais les Témoins de Jéhovah sont prêts à courir des risques accrus entre les mains de chirurgiens habiles et courageux.
75. À quelle conclusion un docteur a-t-il abouti après le succès d’une opération délicate sans utilisation de sang?
75 Au cours d’un colloque à l’Université de Pennsylvanie, le docteur Fitz a fait état d’un cas intéressant. Il s’agissait d’un malade de trente-quatre ans qui avait perdu beaucoup de sang à cause d’une tumeur au côlon. Cet homme, qui était Témoin de Jéhovah, déclara aux médecins qu’il “se soumettrait volontiers à une intervention chirurgicale à condition, toutefois, qu’on ne lui administre pas de sang”. Les médecins promirent de l’opérer sans apport sanguin. Pendant et après l’intervention, les pertes de sang furent si importantes que le taux d’hémoglobine du patient — taux qui est normalement de 14 ou 15 grammes — tomba à 2,4 grammes. Mais l’homme survécut. Son état se stabilisa, puis sa numération globulaire commença à remonter. S’adressant aux médecins qui s’étaient engagés à ne pas utiliser de sang, le docteur Francis Wood, président du service de médecine, leur dit ceci: “À mon avis, vous aviez parfaitement le droit de faire cette promesse. L’homme serait mort si vous ne l’aviez pas opéré. Il avait une chance de se rétablir à la suite de cette intervention sans transfusion sanguine. À mon avis, donc, vous aviez tout à fait raison de lui donner sa chance dans les conditions posées par lui29.”
LA RESPONSABILITÉ DES MÉDECINS EST DÉGAGÉE
76. Pourquoi les médecins n’ont-ils pas à craindre que des Témoins les poursuivent en justice pour faute professionnelle à cause de leur refus du sang?
76 Quand ils sont appelés à traiter des cas graves, les médecins sont dans une situation difficile, car s’ils n’utilisent pas tous les moyens thérapeutiques à leur disposition, ils risquent de se voir poursuivis en justice pour faute professionnelle. Les Témoins de Jéhovah, cependant, sont prêts à assumer la pleine responsabilité de leur refus du sang. Ils signeront des “décharges” en règle, de sorte que médecins et hôpitaux n’auront à craindre aucun procès de leur part au cas où il surviendrait des complications susceptibles d’être imputées à l’absence de transfusion de sang.
77. Quelle est la teneur de la déclaration que l’Association des médecins américains propose de faire signer aux malades qui refusent le sang?
77 L’Association des médecins américains propose aux malades qui refusent le sang un texte intitulé “Refus de consentement à la transfusion sanguine”. En voici la teneur: “[Je, Nous] soussigné[s] deman[de, dons] qu’il [ne me soit administré, ne soit administré à ___] ni sang ni dérivés du sang durant [mon, son] hospitalisation, même si le médecin traitant ou ses assistants estiment qu’un tel traitement est nécessaire pour préserver la vie du patient ou pour hâter sa guérison. [Je, Nous] décharge[ons] le praticien, ses assistants, l’hôpital et son personnel de toute espèce de responsabilité pour toutes les conséquences fâcheuses qui pourraient résulter de [mon, notre] refus de consentir à l’emploi du sang ou de ses dérivés30.” Cette déclaration doit être datée et signée par le malade et par les témoins présents. Elle peut être également signée par le conjoint ou encore par le père ou la mère (s’il s’agit d’un enfant).
78. De quelle façon les Témoins montrent-ils qu’ils sont prêts à assumer la responsabilité de leur refus du sang?
78 Une autre preuve que les Témoins de Jéhovah sont prêts à assumer la pleine responsabilité de leur position à l’égard du sang, c’est la carte que la plupart portent sur eux, carte signée de leur main et barrée de ces mots: “Pas de transfusion sanguine!” Sur cette carte figure un texte aux termes duquel le signataire déclare qu’il sait et accepte toutes les conséquences qui peuvent résulter d’un refus du sang. Si donc un jour on devait le transporter inconscient chez un médecin ou à l’hôpital, cette carte, signée de sa main, ne laisserait aucun doute sur la fermeté de sa détermination.
Un médecin ou un hôpital peut-il être tenu pour responsable s’il n’administre pas de sang?
79. Qu’a déclaré un juge à propos de l’éventualité de l’inculpation pénale d’un médecin qui n’aurait pas procédé de force à une transfusion?
79 Un article paru dans une revue juridique (University of San Francisco Law Review) évoque cette éventualité. Cet article nous apprend que le juge Warren Burger, qui est devenu président de la Cour suprême des États-Unis, a déclaré qu’une action intentée pour négligence professionnelle “apparaîtrait comme non recevable” s’il était établi qu’une décharge a été signée. On y relève encore ces lignes:
“L’éventualité d’une inculpation pénale est encore plus improbable. Un commentateur, qui a étudié les textes parus sur la question, a déclaré ceci: ‘Je n’y ai rien trouvé qui justifie l’affirmation selon laquelle le médecin encourrait (...) une responsabilité (...) pénale pour ne pas avoir procédé de force à une transfusion sur la personne d’un malade non consentant.’ Ce risque n’est point tant une éventualité à envisager sérieusement que le produit d’une fertile imagination de juriste31.”
80. Qu’en est-il en Angleterre lorsqu’un patient meurt pour avoir refusé une transfusion?
80 Quant à la situation en Angleterre, voici ce qu’il est dit dans une publication médicale de ce pays (Emergencies in Medical Practice): “Si le médecin n’a pas caché au malade la gravité de son cas et que celui-ci meure sans transfusion, on ne pourra intenter aucune action contre lui, car le patient n’est pas tenu de préserver sa vie en recourant à des moyens spéciaux ou extraordinaires32.”
81, 82. À quoi un médecin est-il et n’est-il pas moralement tenu?
81 Un chirurgien qui se propose d’opérer un malade aura tout naturellement le désir de lui expliquer clairement les risques que peut lui faire courir un refus du sang. S’étant acquitté de ce devoir, il ne doit plus se croire obligé d’insister davantage. Un praticien ne se conduirait certes pas selon les règles de la morale médicale s’il cherchait à triompher de la résistance d’un malade en revenant sans cesse à la charge ou encore en lui faisant peur.
82 Comme c’est de leur plein gré que les Témoins de Jéhovah assument la responsabilité de leur décision, les médecins ne sont tenus ni juridiquement ni moralement d’insister sur la question de la transfusion. Tel est d’ailleurs le sentiment de nombreux praticiens qui pensent, eux aussi, agir en conscience et dans l’obéissance aux règles de leur profession. Voici ce qu’on lit sous la plume du chirurgien Haenisch de Hambourg: “On ne saurait trop vous conseiller de ne pas porter atteinte au droit de l’homme de disposer de lui-même, droit qui est aussi celui du malade.” “Il faut absolument refuser au médecin le droit de procéder à un traitement qu’il juge approprié, mais qui enfreint la volonté du malade33.” — Deutsche Medizinische Wochenschrift.
83. À quoi un médecin s’expose-t-il s’il administre de force une transfusion à un patient Témoin de Jéhovah?
83 Tel étant le droit de l’homme, il n’est pas étonnant que des revues médicales et juridiques de plusieurs pays aient multiplié les mises en garde contre les administrations de sang opérées contre le gré des malades. Cette pratique peut exposer le médecin (ou l’hôpital) à des poursuites judiciaires pour coups et blessures ou pour faute professionnelle.
Que dire des médecins qui font des transfusions à l’insu de leur patient, par exemple lorsque le malade est inconscient?
84, 85. Quel comportement “extrêmement choquant” un médecin pourrait-il adopter, et pour quelles raisons?
84 Nombre de médecins croient sincèrement que dans certains cas (pour le cancer au stade terminal, par exemple), il est préférable, dans l’intérêt même du malade, de lui taire la gravité de son état. Si les avis sont partagés sur ce point, c’est-à-dire sur la question de savoir s’il est bon de dissimuler un pronostic grave, il reste qu’on ne saurait faire un rapprochement entre ce comportement et celui du médecin qui administre du sang en cachette, enfreignant délibérément la volonté de son patient. Dans une publication américaine (New York State Journal of Medicine), le docteur Bernard Garner et ses collaborateurs ont fait mention de ce comportement. Ils ont admis qu’il est quelquefois arrivé qu’un médecin laisse sombrer dans l’inconscience un malade Témoin de Jéhovah afin de lui administrer du sang en cachette. Peut-être le praticien se disait-il que “moins on en sait, mieux cela vaut”. Mais voici quelle fut leur conclusion: “Quand bien même les raisons seraient purement altruistes, il n’en reste pas moins qu’au point de vue moral c’est extrêmement choquant34.”
85 Marcus Plante, professeur de droit (faculté de Droit de l’Université du Michigan), nous en donne la raison. On lit sous sa plume que “le médecin a avec son patient des relations basées sur la confiance et doit donc tenir pour absolue son obligation de ne jamais le tromper, ni par ses propos ni par son silence, sur la nature et le caractère du traitement médical qu’il se propose d’appliquer35”.
86, 87. a) Que peut-on lire dans le journal allemand Tribune médicale à propos de l’administration de sang à un patient inconscient? b) Quelle décision judiciaire souligne ce point, et que devons-nous donc en conclure?
86 Ajoutons que dans certains pays un médecin qui s’engage à ne pas recourir au sang mais qui en administre en cachette est juridiquement dans son tort. Par exemple, dans la Tribune médicale, qui paraît dans la République fédérale d’Allemagne, on peut lire que “rien ne change quand le malade perd conscience”. La raison en est que “le refus de consentir à une transfusion, s’il a été exprimé en termes formels par un malade en possession de toute sa lucidité, demeure valable même quand celui-ci perd conscience36”. Soulignant ce point avec plus de force encore, voici ce qu’a déclaré la Cour suprême du Kansas:
“(...) Tout homme est considéré comme pouvant disposer souverainement de son corps. Il peut donc, s’il est sain d’esprit, interdire formellement toute intervention chirurgicale salvatrice ou tout autre traitement. Un médecin a beau croire que telle opération ou telle forme thérapeutique est souhaitable, la loi ne l’autorise pas à substituer son jugement personnel à celui du malade par quelque artifice ou quelque tromperie que ce soit37.” (C’est nous qui soulignons).
87 Il s’ensuit que tout médecin qui administre en cachette du sang à un malade Témoin de Jéhovah contrevient aux règles de la morale médicale. Pareil comportement peut l’exposer à des poursuites judiciaires.
LA RESPONSABILITÉ PARENTALE
88, 89. a) Dans quel cas la question du sang provoque-t-elle de vives réactions émotives? b) Que reconnaissent les Témoins à ce propos, et pourquoi?
88 C’est lorsque la question du sang se pose à propos d’un enfant que les réactions émotives sont les plus vives. Aucun de nous n’ignore que les enfants réclament soins et protection. Les parents qui craignent Dieu en sont particulièrement conscients. Ces parents aiment leurs enfants, d’autant plus profondément que la Parole divine leur fait obligation de veiller sur eux et de prendre des décisions qui soient pour leur plus grand bien. — Éphésiens 6:1-4.
89 La société, elle aussi, reconnaît la responsabilité parentale. Elle considère que ce sont les parents qui ont avant tout qualité pour s’occuper de leurs enfants et pour décider à leur place. Naturellement, les croyances religieuses exercent ici leur influence. Ils sont assurément heureux, les enfants qui ont des parents dont la religion leur fait un devoir de prendre soin de leur progéniture. Il en va ainsi chez les Témoins de Jéhovah, qui tâchent de se garder de toute négligence en ce domaine. Ces hommes et ces femmes reconnaissent qu’il leur est divinement prescrit d’assurer l’entretien de leurs enfants et de veiller sur leur santé. Mais leur responsabilité ne s’arrête pas là, car ils sont encore tenus d’inculquer à leur petit monde le respect des principes moraux. Comme on l’a déjà dit, les premiers chrétiens ont été exemplaires. Non seulement ils dispensaient à leurs enfants un enseignement moral, mais eux-mêmes conformaient leur conduite à leurs paroles. Ainsi qu’en témoigne l’Histoire, il arrivait parfois que des familles entières étaient jetées dans les arènes romaines parce que les parents refusaient de renier leurs convictions religieuses.
90. a) Faute d’avoir reçu au foyer une éducation morale, quelle attitude nombre de jeunes adoptent-ils? b) Par contre, que font les parents Témoins de Jéhovah?
90 Il est généralement admis que si une fraction de la jeunesse de notre temps semble tout ignorer des valeurs fondamentales c’est faute d’avoir reçu au foyer une éducation morale et d’y avoir vu le bon exemple. Nombre de ces jeunes paraissent n’attacher de prix ni à leur santé ni même à leur vie, tant est devenue effrénée leur recherche des plaisirs. Ne vaut-il donc pas mieux que les jeunes aient des parents attentifs à leur enseigner la probité et le respect des principes moraux? Les parents Témoins de Jéhovah font montre d’affection tant pour les leurs que pour Dieu en se servant de la Parole divine pour inculquer à leurs enfants les préceptes qui feront d’eux des hommes et des femmes honnêtes. Il n’est donc pas surprenant que, lorsque ces enfants sont devenus assez grands pour comprendre ce que la Bible dit concernant le sang, ils soient d’accord avec la décision qu’ont prise leurs parents, celle de “s’abstenir (...) du sang”. — Actes 15:29.
Un médecin doit-il se croire tenu d’administrer du sang à un enfant alors que les parents et parfois même l’enfant refusent la transfusion?
91, 92. Pourquoi un médecin ne doit-il pas se croire tenu d’administrer du sang à un enfant alors que les parents refusent la transfusion?
91 Puisque le droit des parents d’exercer leur responsabilité est un droit reconnu, disons en toute franchise que pour un médecin, donc pour un homme qui a des principes et qui veut être logique avec lui-même, il ne saurait y avoir d’autre attitude que celle qui consiste à reconnaître la responsabilité qu’ont les parents conscients de leurs devoirs de prendre des décisions à la place de leurs enfants mineurs.
92 À ce sujet, on lit sous la plume du docteur Kelly, secrétaire de l’Association des médecins canadiens, que “les parents des mineurs et les proches des malades inconscients sont habilités à interpréter la volonté du patient et que nous devons accéder à leurs vœux. (...) Je n’ai nulle admiration pour les méthodes d’un tribunal de comédie réuni à deux heures du matin pour faire enlever un enfant à la garde de ses parents38”.
93. Pourquoi ceux qui veulent imposer une transfusion à un enfant de Témoins s’enferment-ils dans une contradiction fondamentale?
93 On rencontre des médecins et des juristes qui, tout en reconnaissant qu’un adulte sain d’esprit a le droit de faire obstacle à une transfusion, considèrent que, pour un enfant dont les parents sont opposés à cette thérapeutique, la transfusion doit être effectuée de force, sur injonction de la justice. Il y a dans cette façon de voir une contradiction fondamentale, ainsi que l’a fait remarquer une publication juridique (Forensic Science):
“Nous faut-il présumer que les tribunaux sont prêts à assigner aux enfants une religion autre que celle de leurs parents, alors que, ainsi qu’en font foi les statistiques, les enfants sont, dans leur immense majorité, élevés dans la même confession que celle de leurs parents et en suivent la doctrine? Ne serait-ce pas là non plus une violation des droits religieux de l’enfant par les tribunaux, violation de même nature que celle des droits que la justice, s’appuyant sur le premier amendement [de la Constitution], s’efforce de conserver aux adultes en interdisant les transfusions contre leur gré? Tout bien considéré, les tribunaux n’assignent-ils pas une religion aux enfants lorsqu’ils interdisent la transfusion sur la personne des adultes qui s’y opposent pour des motifs religieux et qu’ils la permettent sur la personne des enfants de ces mêmes adultes39?”
94. Quelle autre contradiction apparaît de façon flagrante dans certains hôpitaux?
94 Une transfusion pratiquée de force sur un enfant, donc contrairement aux vœux des parents qui réclament la mise en œuvre de thérapeutiques de remplacement, fait souvent apparaître une autre contradiction morale, une contradiction flagrante. C’est le cas dans certains hôpitaux, quand il arrive que dans telle salle des médecins procèdent de force à une transfusion sur un petit enfant et que dans telle salle voisine d’autres médecins pratiquent l’avortement légal, mettant un terme à des vies qui ont tout juste quelques mois de moins que la jeune existence qu’on veut sauver par un traitement transfusionnel appliqué de force. Rien d’étonnant, donc, que certains esprits en viennent à se demander si c’est bien le désir de “préserver la vie” qui est à la base des transfusions opérées de force.
95. En Écosse, qu’a écrit un maître de conférence à propos des transfusions pratiquées de force sur adultes et enfants?
95 Quand l’État permet le traitement médical de force, supprimant ainsi le droit des parents d’exercer leur responsabilité, les choses peuvent aller loin. En Écosse, M. Farr, maître de conférence et spécialiste des techniques transfusionnelles, a écrit ceci à propos des transfusions pratiquées de force sur adultes et enfants:
“Quand on passe outre à la croyance religieuse d’une minorité, l’on est conduit à passer outre à tout ce qu’implique le principe qui veut qu’un adulte ait le droit d’accepter ou de refuser telle ou telle forme thérapeutique. (...) L’État se charge insensiblement de la fonction de décider à la place de l’individu. Voilà comment les pays libres cessent d’être libres pour verser dans le totalitarisme. Oui, c’est par l’enrôlement des petits Allemands dans la jeunesse hitlérienne que furent finalement supprimées en Allemagne nazie la liberté et la vie privée. Ce n’est pas là une vaine imagination. La liberté est un bien précieux mais assez rare, qui doit être jalousement gardée dans les pays où elle règne encore. Toute atteinte à la liberté individuelle est invariablement chose grave40.”
96, 97. En quoi le principe du libre choix entre plusieurs traitements s’inscrit-il en faux contre les transfusions opérées de force?
96 Et même si un médecin est fermement convaincu qu’un enfant a besoin d’une transfusion, doit-on en déduire qu’aucun autre traitement ne serait efficace? Ne faut-il pas plutôt en conclure que, pour le praticien, une transfusion offre plus de chances de succès qu’une thérapeutique de remplacement? À ce propos, voici ce qu’a écrit un conseil de magistrats des États-Unis (Directives à l’adresse du magistrat concernant les injonctions médicales visant les enfants):
97 “Que faire quand on a le choix entre plusieurs traitements? Supposons qu’un médecin préconise un traitement qui a 80 pour cent de chances de réussite, mais qui est refusé par les parents, et que les parents, eux, consentent à un traitement qui n’a que 40 pour cent de chances de succès. Que doit faire le praticien? Il doit opter pour le traitement qui, médicalement, comporte le plus de risques, mais qui est agréé par les parents41.”
98. Quel fait relatif à la compétence médicale récuse également le bien-fondé des transfusions de sang administrées de force?
98 Ces mêmes magistrats ont encore déclaré que “la science médicale n’a pas réalisé assez de progrès pour permettre à un médecin de prédire, sans grand risque d’erreur, que son patient vivra, ou mourra, ou restera physiquement diminué”. N’y a-t-il pas là une bonne part de vérité? Les autorités médicales ne répètent-elles pas assez que leur compétence leur permet tout au plus d’annoncer ce qui semble probable? Aussi nombre de médecins et de chirurgiens estimés se sont-ils fait un devoir de respecter la volonté des Témoins de Jéhovah, traitant avec succès jeunes et vieux parmi eux sans passer outre à leurs convictions concernant le sang.
IL FAUT TRAITER “L’HOMME TOTAL”
99. En quoi la nécessité de traiter “l’homme total” récuse-t-elle la légitimité des transfusions pratiquées de force?
99 Nombre de médecins mesurent chaque jour davantage combien il est important de voir dans un malade “l’homme total”. En effet, ce qu’il convient de soigner, ce n’est pas seulement une glande thyroïde ou un foie, par exemple, mais c’est l’individu dans sa totalité, l’être humain tout entier, avec ses sentiments et ses croyances, lesquels sont susceptibles d’influer sur sa réaction au traitement. Voici ce qu’on lit sous la plume de Grant Begley (Texas Medicine): “Lorsque je traite une maladie qui affecte le corps, l’âme et l’esprit de mon patient, ce sont ses croyances à lui qui importent. Ce sont ses convictions à lui et non pas les miennes qui font qu’il a peur, ou qu’il doute, ou encore qu’il se sente coupable. Si mon malade n’est pas partisan des transfusions, ce que moi je puis en penser est sans importance42.”
100, 101. Que peut-on dire d’une guérison physique obtenue aux dépens du moral d’un patient?
100 Un médecin qui traite “l’homme total” est à la fois humain et positif, sachant que s’il agissait différemment les conséquences pourraient être tragiques. Voici ce qu’a écrit le docteur Casberg (The Journal of the American Medical Association): “Le médecin intelligent ne doit pas oublier les aspects distincts, mais cependant en étroite corrélation, du corps, de l’âme et de l’esprit. Il doit savoir qu’une guérison physique obtenue aux dépens du moral ne représente qu’une victoire partielle; et parfois même l’ultime défaite43.”
101 Tout médecin donc qui respecte les convictions religieuses de son patient dans le domaine des transfusions est un praticien avisé qui sait traiter “l’homme total”.
LEUR ATTITUDE EST-ELLE MÉDICALEMENT DÉRAISONNABLE?
102-104. Quels faits attestent que l’attitude des Témoins sur la question du sang n’est pas déraisonnable?
102 On l’a déjà dit, si les Témoins de Jéhovah refusent le sang, c’est essentiellement pour des motifs religieux. Il n’empêche que quantité de gens pensent que, médicalement, leur attitude est déraisonnable. En est-il ainsi? Comme la position des Témoins de Jéhovah à l’égard du sang n’est pas étrangère à des débats médicaux, il n’est pas sans intérêt de savoir à quelles conclusions sont arrivés certains médecins.
103 Aux États-Unis, en France et au Japon, oui, dans ces seuls pays-là, il se transfuse chaque année environ 15 millions d’unités de sang (de 500 cm3 chacune). Une question se pose: Est-ce pour sauver des vies qu’on a besoin de ces énormes quantités de sang?
104 À Paris se sont réunis 800 médecins, qui sont arrivés à la conclusion que le sang est considéré trop souvent comme un “fortifiant miracle” qu’on donne au malade sans se soucier qu’il en ait besoin ou non. Ces praticiens condamnèrent plus particulièrement les transfusions d’une seule unité, lesquelles, à leur avis, sont inutiles “99 fois sur 10044”. Il ressort d’une enquête effectuée aux États-Unis que 72 % des transfusions pratiquées en certains endroits sont ou “superflues ou contestables45”.
105, 106. Pourquoi des médecins n’ont-ils pas une conception objective des transfusions de sang, et pourquoi des magistrats ont-ils demandé que l’on applique une thérapeutique de remplacement?
105 Le docteur Rune Eliasson de Stockholm a émis l’opinion selon laquelle “nombre de médecins, sans doute victimes de l’ascendant du verbe sur l’esprit, se sont laissé trop facilement aveugler par l’auréole dont ils ont eux-mêmes entouré la transfusion sanguine, auréole qui empêche de voir sous leur vrai jour les avantages et les inconvénients de cette forme de thérapeutique46”.
106 Que l’on admette ou non les motifs religieux qui déterminent l’attitude des Témoins de Jéhovah à l’égard du sang, “les avantages et les inconvénients de cette forme de thérapeutique” méritent examen. Et cela d’autant plus qu’il y a des magistrats qui, débattant de la question des transfusions, ont demandé que l’on accède aux vœux des patients qui réclament une thérapeutique de remplacement s’il apparaît que le traitement classique comporte un risque évident.
NATURE COMPLEXE ET UNIQUE DU SANG
107, 108. Quelle particularité du sang souligne les dangers de la transfusion?
107 S’il y a des esprits qui ont vite fait d’assimiler le refus du sang à une forme de suicide, il est une chose, cependant, qui ne saurait être niée par quiconque aborde la question sans parti pris: la transfusion sanguine comporte des dangers; ce n’est pas une opération de toute sécurité.
108 Le sang est un tissu d’une extrême complexité. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un coup d’œil sur le seul chapitre des groupes sanguins. Selon les ouvrages de référence, on dénombre entre 15 et 19 systèmes de groupes sanguins. À propos de l’un de ces systèmes, le système Rhésus, il est dit dans un livre récent qu’“à l’heure actuelle non loin de trois cents groupes Rh différents ont été théoriquement déterminés47”.
109-111. Quelles autres caractéristiques du sang ne sont pas sans rapport avec les risques liés aux transfusions?
109 La nature complexe et unique du sang de chacun de nous apparaît encore dans la diversité des anticorps qu’il recèle. Au cours d’une réunion scientifique tenue à Zurich, un groupe de criminologistes anglais ont déclaré que les anticorps présentent une telle diversité qu’on peut dire que le sang de chaque homme est spécifique et unique. Les chercheurs ne désespèrent pas d’être à même un jour de “reconstituer à partir d’une tache sanguine l’image de la personnalité de tout individu qui laisse derrière lui une trace de sang48”.
110 Ainsi le sang est un tissu extrêmement complexe, qui diffère d’un individu à l’autre. Ce fait n’est pas sans avoir un important rapport avec la transfusion sanguine. C’est ce qu’a montré récemment le docteur Herbert Silver, de la Banque de sang et Section d’immunohématologie de l’hôpital de Hartford (Connecticut). On lit sous sa plume que, compte tenu des seuls facteurs pour lesquels il est possible de procéder à des tests, “on a moins d’une chance sur cent mille d’administrer à quelqu’un un sang qui soit exactement le même que le sien49”.
111 Ainsi donc, que l’on ait ou non des convictions religieuses qui s’opposent à la transfusion, on pourrait refuser le sang pour cette simple raison que c’est essentiellement une transplantation d’organe qui, dans la meilleure des hypothèses, ne sera que partiellement compatible avec le sang du receveur.
LES TRANSFUSIONS SANGUINES SONT-ELLES DANGEREUSES?
112-114. Quelles déclarations indiquent que les transfusions de sang comportent des risques?
112 Les médecins n’ignorent pas que toute préparation thérapeutique fait courir un certain risque, même des médicaments d’usage courant comme l’aspirine et la pénicilline. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’une thérapeutique qui fait appel à une substance aussi complexe que le sang humain soit sans danger. Mais à quel point est-elle dangereuse? Et en quoi cela peut-il influer sur l’opinion qu’un médecin a pu se faire concernant la position des Témoins de Jéhovah?
113 Qui interroge les faits sans parti pris doit se rendre à l’évidence: la transfusion sanguine est une opération qui comporte des risques importants et peut parfois causer la mort50.
114 Le docteur Ropartz, directeur du Centre départemental de transfusion sanguine de Rouen, a déclaré qu’“un flacon de sang, c’est une bombe”. Et d’ajouter, sachant que les conséquences dangereuses peuvent n’apparaître qu’au bout d’un certain temps: “Cela peut d’ailleurs être aussi une bombe à retardement pour le malade51.” Dans un article paru dans une publication du gouvernement américain, article consacré aux périls que fait courir le sang, on relève ces lignes:
“(...) donner son sang équivaut à envoyer un pistolet chargé à quelqu’un qui ne se doute de rien ou qui ne s’attend à rien. (...) Tout comme le pistolet chargé, les transfusions ont leur ‘cran de sûreté’. Mais combien de gens sont morts de blessure par balle parce qu’on croyait que le ‘cran de sûreté’ était mis52?”
Les médecins bien informés peuvent-ils faire abstraction de ces périls sous le prétexte qu’on en exagère l’importance?
115-117. Pourquoi les médecins bien informés ne peuvent-ils faire abstraction des dangers liés aux transfusions sous le prétexte qu’on en exagère l’importance?
115 Ce leur serait difficile, car les médecins se trouvent souvent confrontés à la réalité de ces dangers. Dans Medical Economics, on lit, sous la plume de Winfield Miller, que, “dans la pratique médicale, il n’est pas de produit biologique qui soit l’occasion d’autant d’erreurs fatales que le sang. Il est plus d’un médecin qui a appris à son regret que chaque flacon des banques de sang peut se transformer en flacon de nitroglycérine53”.
116 Le malade ou ses proches risquent de ne s’apercevoir de l’existence de ces dangers que lorsqu’il est trop tard. De l’avis d’un éminent spécialiste en hématologie, le docteur Garrott Allen, de l’université de Stanford, les transfusions sanguines tueraient chaque année au moins 3 500 Américains et environ 50 000 autres en subiraient les dommages54. Mais on a tout lieu de croire que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. Ainsi, une publication médicale (Southern Medical Journal) a laissé entendre dernièrement que lorsqu’on estime qu’“il y a entre 3 000 et 30 000 morts par suite de transfusions”, on est probablement en deçà de la vérité55. Et n’oublions pas qu’il s’agit ici de chiffres qui ne concernent qu’un seul pays et non le monde entier.
117 À une réunion du Collège des chirurgiens américains, le docteur Baker a déclaré dans son rapport que “le risque de conséquences néfastes dues au sang est bien plus élevé qu’on ne le croyait naguère: un malade sur vingt fait une réaction”. Combien de gens savent cela? Faisant ressortir pourquoi ce rapport ne saurait laisser indifférent, le docteur Huggins, directeur adjoint d’une importante banque de sang, a ajouté: “Ce rapport a de quoi effrayer, mais il traduit la réalité, car toutes les institutions [de par] le monde sont confrontées aux mêmes problèmes56.”
118. Semble-t-il que l’on aura bientôt raison des dangers de la transfusion de sang? Sinon, pour quelle raison?
118 Mais n’aura-t-on pas bientôt raison de ces périls? L’opinion la plus commune parmi le public, et que partagent peut-être nombre de médecins, c’est que la science médicale gagne irrésistiblement du terrain dans sa lutte contre les dangers de la transfusion sanguine. Mais, ainsi que l’a déclaré un récent numéro d’une revue chirurgicale (Surgery), “il se présente des problèmes nouveaux et majeurs, des problèmes qu’on n’envisageait guère ou nullement il n’y a pas même cinq ans, et qui tendent pourtant à éclipser tous les autres problèmes, tous ceux qui, durant les 40 premières années de stockage du sang à des fins médicales, ont troublé la conscience des directeurs des banques de sang, des cliniciens et des chercheurs57”.
QUELS SONT LES DANGERS?
119, 120. Citez divers dangers liés aux transfusions de sang.
119 Sans chercher à nous prévaloir du fait que la transfusion comporte des dangers, qu’il nous soit permis, cependant, de passer rapidement en revue quelques-uns d’entre eux. Il va sans dire que nous n’apprendrons rien au monde médical, mais nous espérons que les paragraphes qui suivent feront voir au lecteur que, bien que dictée par des motifs religieux, la position des Témoins de Jéhovah n’en est pas pour autant médicalement indéfendable.
120 Le manuel paru sous le titre Hematology contient le tableau que voici58:
Types de réactions transfusionnelles
Fébriles
Anticorps leucocytaires
Anticorps plaquettaires
Pyrogènes
Allergiques
Hémolytiques
(transfusion incompatible)
Transmission de maladies
Hépatite d’inoculation
Paludisme
Syphilis
Infection par le cytomégalovirus
Contamination bactérienne massive
Surcharge cardiaque
Intoxication par le citrate
Intoxication par le potassium
Saignements anormaux
Transfusion incompatible
Transfusion massive
Iso-immunisation
Hémosidérose transfusionnelle
Autres réactions
Thrombophlébite
Embolie gazeuse
Injection de substances étrangères
121, 122. Quelles sont certaines réactions transfusionnelles immédiates qui sont d’une réelle gravité?
121 Ces différentes réactions transfusionnelles sont des accidents d’une réelle gravité, qui peuvent occasionner la mort. Examinons-en quelques-unes.
122 Le tableau énumère d’abord quelques réactions “immédiates”. On parvient d’ordinaire à traiter avec succès la réaction fébrile ou pyrogène. Cependant, ainsi que le déclare M. Linman, professeur de médecine, “il se produit des réactions fébriles intenses, parfois assez violentes pour faire courir un danger mortel à certains malades gravement atteints58”. Un sang incompatible provoque une réaction hémolytique, laquelle entraîne la destruction rapide des globules rouges, destruction qui peut avoir pour conséquence une défaillance rénale, un état de choc et la mort. Les accidents hémolytiques représentent un danger particulièrement grave pour les malades sous anesthésie, car les symptômes risquent de n’être décelés que lorsqu’il est trop tard59.
123-125. Quelle est l’importance du risque de transmission des maladies lors de transfusions sanguines?
123 La “transmission des maladies” figure également parmi les éventuelles réactions transfusionnelles. Quelle est l’importance de ce risque?
124 L’hépatite B (hépatite d’inoculation) est une complication particulièrement dangereuse des transfusions sanguines. Il arrive que le sang d’un donneur recèle le virus de l’hépatite, sans qu’on en soupçonne la présence. Ce virus est capable de causer de graves dommages et parfois même de tuer. Plus on reçoit de transfusions, plus on risque de contracter l’hépatite d’inoculation. Et point n’est besoin d’un important apport de sang: moins d’une goutte suffit. Oui, on peut être contaminé avec un millionième de millilitre de sang infecté60.
125 A-t-on des chances de contracter l’hépatite d’inoculation? Dans une certaine mesure, cela dépend de l’endroit où l’on habite, car l’hépatite post-transfusionnelle est plus commune dans les pays où une partie du sang collecté provient de “donneurs” rémunérés, c’est-à-dire de gens qui vendent leur sang.
126, 127. Que peut-on dire de l’incidence de l’hépatite d’inoculation?
126 Dans les publications médicales on avance généralement le chiffre de 1 % comme taux de morbidité de l’hépatite d’inoculation, c’est-à-dire qu’un transfusé sur cent serait infecté61. Mais on a des raisons de croire que ce pourcentage est bien plus élevé. C’est que l’hépatite B a un temps d’incubation qui peut durer six mois, de sorte que la maladie ne se déclare parfois que longtemps après la transfusion. Voici ce que les médecins John Alsever et Peter Van Schoonhoven ont écrit dans l’Arizona Medicine:
“Dans les centres de transfusion des grandes agglomérations, son incidence s’est située aux environs de 1 % au cours de ces dix à quinze dernières années, d’après les comptes rendus d’études rétrospectives de maladies cliniquement évidentes. Mais lorsqu’on examine ultérieurement, en laboratoire, des malades transfusés, à des intervalles de deux à quatre semaines, on découvre que l’incidence de l’infection est dix fois plus élevée62.”
127 Voyons la question sous un angle différent. On estime généralement à 30 000 par an le nombre de cas d’hépatite post-transfusionnelle aux États-Unis, dont 1 500 à 3 000 cas mortels63. S’il en était ainsi, la situation serait déjà assez grave. Mais la documentation fournie par le Centre national américain de lutte contre la maladie fait état d’un autre chiffre qui est présenté d’emblée comme étant en deçà de la réalité: on enregistrerait chaque année aux États-Unis 200 000 cas d’hépatite B, sinon davantage64. Et qui nous dira le nombre total des hépatites transfusionnelles sur tout le continent américain, en Europe, en Asie et en Afrique?
128. Pourquoi, dans le cas d’un patient Témoin de Jéhovah, le risque d’hépatite lié à la transfusion est-il plus qu’un risque qu’il vaut la peine de courir?
128 Naturellement, il y a des gens qui considèrent le risque d’hépatite lié à la transfusion comme un risque qu’il vaut la peine de courir. Un médecin peut avoir ce raisonnement: “Je préfère que mon malade soit en vie avec une hépatite que j’ai les moyens de traiter plutôt que de le voir mort pour n’avoir pas reçu de transfusion.” Mais ce genre de raisonnement n’autorise personne à considérer le refus du sang pour motif de conscience comme une forme de suicide, comme un geste dont on peut faire bon marché.
Quelles chances a-t-on de survivre à une hépatite post-transfusionnelle?
129, 130. Quels faits indiquent qu’un patient n’est pas assuré de survivre à une hépatite d’inoculation?
129 Ce qui doit donner à réfléchir c’est le fait que les autorités en la matière admettent que, pour l’hépatite d’inoculation, le taux de mortalité varie de 10 à 12 %65. Il est de 20 % lorsqu’on a passé la quarantaine66. La proportion est d’environ 50 % pour les plus de soixante ans67.
130 Notons, d’autre part, qu’on ne dispose pas de moyens efficaces pour supprimer le risque élevé d’hépatite post-transfusionnelle. Ainsi que l’admet une publication médicale (The Journal of Legal Medicine), “parmi les méthodes connues de conservation du sang, il n’en est aucune qui possède des propriétés antivirales. Toute modalité qui détruira ou ne fera qu’atténuer le virus de l’hépatite détruira également le sang ou la fraction de sang68”.
131, 132. Dans quelle mesure les techniques modernes réduisent-elles les risques d’hépatite post-transfusionnelle?
131 Que dire du perfectionnement des techniques de détection employées pour déceler et éliminer le sang infecté? Le docteur Shapiro, du Service sud-africain de transfusion sanguine, a fait observer dernièrement que “même avec les méthodes de détection les plus sensibles il n’y a peut-être guère qu’un cas d’hépatite post-transfusionnelle sur huit, si ce n’est moins, qui soit évitable par les seuls examen et interrogatoire en laboratoire des donneurs de sang69”.
132 Par conséquent, même si l’hépatite d’inoculation était le seul risque de contamination post-transfusionnelle, on aurait déjà d’excellentes raisons médicales pour se montrer réticent devant une transfusion sanguine. Or l’hépatite ne représente qu’un des dangers inhérents à la transfusion. En voici d’autres.
133. Quel dilemme se pose en raison du risque de contamination du sang par la syphilis?
133 “On doit considérer le sang comme un remède dangereux qu’il convient d’utiliser avec la même prudence que la morphine, par exemple70.” C’est par ces mots que le professeur Busch, directeur d’un centre de transfusion, a conclu son rapport devant un congrès de chirurgiens de l’Allemagne du Nord. Auparavant il avait fait mention d’un dilemme concernant la transfusion. Il avait déclaré que le sang collecté doit être transfusé dans les vingt-quatre heures: sa valeur biologique est alors optimum. Passé ce délai, les risques métaboliques s’accroissent en raison des modifications qui s’opèrent dans le sang conservé. Mais, d’autre part, le sang doit être conservé pendant soixante-douze heures au moins, sinon il risque de transmettre la syphilis. Quant aux procédés de détection du sang syphilitique, ils n’offrent aucune garantie, car ils ne permettent pas de dépister la maladie à ses débuts. Il est inutile de décrire ici les dommages que subira le receveur d’un sang syphilitique, sans parler de sa famille.
134, 135. Quelles autres maladies sont transmissibles par la transfusion sanguine?
134 Dans son rapport, le professeur allemand a encore mis en évidence le danger des transfusions sanguines qui propagent le paludisme ainsi que l’infection par le cytomégalovirus. Le cytomégalovirus représente un péril particulièrement grave pour les enfants. C’est avec raison donc que les médecins allemands furent mis en garde contre les “conséquences très graves, voire mortelles”, qui peuvent résulter des transfusions. Quant à l’Association des médecins américains, elle a fait savoir qu’“avec la multiplication des voyages internationaux et le retour des militaires rapatriés de pays impaludés, l’incidence du paludisme s’est accrue chez les receveurs71”.
135 Dans les pays tropicaux sévissent plusieurs autres maladies qui sont transmissibles par la transfusion sanguine, telles que la maladie de Chagas (taux de mortalité: 10 %), la trypanosomiase (maladie du sommeil), le pian et la filariose72.
136. Quel autre danger est lié aux transfusions, et quelle est sa gravité?
136 Un autre danger qu’on ne saurait ignorer, c’est celui de la contamination bactérienne massive du sang conservé. Il y a des bactéries qui se multiplient même dans le sang refroidi. Un sang ainsi infecté expose les futurs receveurs à une redoutable menace. Si la fréquence de cette complication est moins élevée que celle de l’hépatite d’inoculation, par exemple, les conséquences, en revanche, en sont particulièrement graves. Le taux de mortalité varie de 50 à 75 %73.
137. En raison des dangers liés à la transfusion sanguine, que demandent nombre d’hôpitaux aux malades?
137 Finira-t-on un jour par avoir raison des dangers liés à la transfusion sanguine? Selon le docteur Collins, de la faculté de Médecine de l’Université de Washington, “la liste des maladies transmissibles va sans doute se modifier et s’allonger. Il se peut même que le malaise devienne considérable au fur et à mesure qu’on détectera dans le sang humain d’autres virus liés aux tumeurs74”. C’est pourquoi nombre d’hôpitaux demandent à présent au malade de signer une décharge, c’est-à-dire une déclaration par laquelle celui-ci décharge le médecin ou l’hôpital de toute espèce de responsabilité pour les conséquences qui pourraient résulter d’une transfusion sanguine75.
138. Pour quelle raison principale les Témoins font-ils obstacle aux transfusions?
138 Nous venons de passer rapidement en revue quelques-uns seulement des dangers inhérents aux transfusions sanguines. Faut-il en conclure que, si les Témoins de Jéhovah refusent le sang, c’est avant tout pour des raisons médicales? Non. S’ils font obstacle aux transfusions, c’est surtout à cause de ce qu’il est dit dans la Bible. Leurs motifs sont essentiellement d’ordre religieux et non d’ordre médical. Il n’en reste pas moins vrai que les transfusions sanguines font courir des risques importants. Quant à l’attitude des Témoins de Jéhovah, ainsi qu’on le constate, elle n’a rien de déraisonnable, même du point de vue médical.
LES THÉRAPEUTIQUES DE REMPLACEMENT
139-141. Dans le cadre d’opérations de routine, quels moyens thérapeutiques de remplacement peut-on utiliser?
139 Si le refus du sang de la part des Témoins de Jéhovah était inspiré par le fanatisme et n’avait jamais d’autre résultat que des conséquences fâcheuses pour leur personne, il y aurait lieu de s’inquiéter. D’où notre question:
La position prise par les Témoins de Jéhovah sur la question du sang est-elle à ce point incompatible avec les règles de la société et les données de la science médicale qu’un praticien ne saurait décemment respecter leur volonté en ce domaine?
140 La vérité, c’est que, dans la majorité des cas, grâce à des moyens thérapeutiques dits de remplacement, il est possible de traiter des malades Témoins de Jéhovah sans passer outre à leurs convictions.
141 Comme on le sait, lorsqu’il s’agit d’opérations de routine, les médecins peuvent “fortifier le sang du malade” avant et après l’intervention avec des substances telles que les acides aminés et le fer administré soit par voie orale, soit en injections sous-cutanées76c. Cela peut atténuer le besoin de transfusion. L’hypothermie (abaissement de la température du corps) a l’avantage de réduire au minimum les pertes sanguines pendant l’opération, même chez les nourrissons78. Pareillement, l’hypotension provoquée (abaissement de la tension vasculaire) diminue le saignement des petits vaisseaux. Et ce qui est sans doute le plus efficace, ce sont les soins que le chirurgien apporte à obturer méticuleusement toutes les veines, même les plus fines. Voici ce qu’a écrit un chirurgien qui a opéré de nombreux Témoins de Jéhovah (American Journal of Obstetrics and Gynecology):
“Il ne fait pas de doute que lorsqu’on opère sans pouvoir recourir au sang, cela incite à perfectionner sa technique chirurgicale. On obture chaque vaisseau qui saigne avec des gestes un peu moins agressifs79.”
Si les pertes sanguines sont importantes au cours d’une opération ou dans un accident, faut-il invariablement en conclure qu’il n’existe pas d’autre recours que le sang?
142, 143. En cas de pertes sanguines importantes, que faut-il faire?
142 Voici quelques faits mentionnés par le professeur Linman (Hematology) et qui nous permettront de déterminer la réponse:
“Le sang n’est ni un fortifiant ni un stimulant. Il ne hâte pas la cicatrisation, pas plus qu’il ne supprime l’infection. Quant à son pouvoir oxyphorique, il est rarement, sinon jamais, un facteur limitatif en chirurgie. Une transfusion sert seulement à reconstituer le volume sanguin total, à corriger le pouvoir oxyphorique du sang et comme source de constituants naturels du plasma80.” (C’est nous qui soulignons).
143 Voyons d’abord ‘la reconstitution du volume sanguin total’. Généralement, en cas d’hémorragie grave, l’important est de compenser les pertes de sang, d’obtenir la restauration du volume sanguin. On prévient ainsi l’état de choc et la mort. À un congrès de l’Association des médecins sud-africains, un spécialiste des transfusions sanguines a déclaré que l’on peut perdre jusqu’à 1,5 litre de sang et conserver néanmoins plus de 60 % de ses globules rouges81, ce qui est suffisant pour l’oxygénation des tissus. Mais le sujet a alors besoin d’une plus grande quantité de liquide dans ses vaisseaux pour que soit assurée la circulation des hématies.
144. Quel est le type de liquide idéal en cas d’hémorragie grave?
144 C’est là que les solutés non sanguins interviennent de façon plus efficace que les transfusions, ainsi que l’a fait remarquer la publication anglaise Anaesthesia. En effet, ces produits ne diminuent pas l’activité cardiaque, ce qui arrive assez souvent pendant une transfusion. Toujours selon cet article, il est arrivé, dans des cas de traumatisme, lorsque le sang complet (pourtant administré en quantités apparemment suffisantes) ne donnait pas les résultats escomptés, qu’on obtenait une amélioration remarquable avec les solutés non sanguins. D’où cette observation du même article:
“Même si l’on dispose de sang complet en quantités suffisantes, il est douteux que, pour la transfusion rapide des malades en état d’hypovolémie aiguë [ceux qui ont perdu beaucoup de sang], ce soit là le liquide idéal pour le traitement initial82.”
145, 146. Quelle perte sanguine est-il normalement possible de supporter, et pourquoi les produits de remplacement ne sont-ils pas des substituts du sang?
145 N’est-il donc pas raisonnable de penser que, normalement, on peut perdre la valeur d’une unité de sang (500 cm3), voire davantage, sans que les conséquences en soient mortelles? Combien de gens ont donné une unité de leur sang et puis sont retournés à leurs occupations? Selon des études cliniques contrôlées, quiconque est doté d’‘un important volume sanguin peut perdre jusqu’à deux litres de sang complet [2 000 cm3]’ sans qu’il ait besoin de rien, que d’une compensation de ses pertes sanguines par des solutés artificiels83.
146 Mais que dire de ‘la correction du pouvoir oxyphorique du sang’? Les médecins n’ignorent pas que les produits de remplacement ne sont pas de véritables “substituts du sang”, car ils ne contiennent pas d’hémoglobine. Or, ainsi qu’on le sait, c’est l’hémoglobine, présente sur l’hématie, qui distribue l’oxygène dans tout le corps.
Quand un patient a perdu beaucoup de sang, faut-il lui administrer du sang complet ou des concentrés globulaires afin d’assurer l’oxygénation des tissus?
147, 148. Qu’indiquent certaines observations en rapport avec l’hématocrite ou le taux d’hémoglobine acceptable en chirurgie?
147 Telle est la conception la plus courante, mais est-elle confirmée par les faits?
148 Chez l’homme normal, le taux d’hémoglobine est d’environ 14 ou 15 g pour 100 cm3 de sang. Les médecins considèrent généralement que ‘dans des conditions techniques un taux d’hémoglobine de 10,3 à 10,5 g représente une valeur seuil, c’est-à-dire le chiffre jusqu’où peut s’abaisser un taux sans rendre dangereuses les opérations courantes84’. Mais rappelons que chez l’homme une bonne partie de l’hémoglobine est en réserve et n’entre en jeu que durant les efforts intenses. Aussi voit-on souvent des malades alités supporter sans inconvénient des taux d’hémoglobine très faibles, de 5 ou 6 g85. Voici ce qu’a fait observer récemment Keith Sykes, professeur d’anesthésie clinique à l’université de Londres: “Si la plupart des centres optent pour une valeur de 9 ou 10 grammes pour 100 comme seuil au-dessus ou au-dessous duquel on doit soit accepter soit refuser de tenter des opérations de routine, il faut cependant faire remarquer qu’on ne dispose d’aucune observation qui prouve de façon irrécusable que les valeurs supérieures à ce taux sont ‘non dangereuses’ ou que les valeurs inférieures représentent un risque supplémentaire en chirurgie. Il ne semble pas raisonnable, dès lors, de choisir arbitrairement tel ou tel chiffre comme taux d’hémoglobine acceptable86.” Lui faisant écho, le docteur Raines, de l’hôpital général du Massachusetts, a déclaré que “l’on peut laisser baisser l’hématocrite bien plus fortement qu’on ne le pensait. On croyait naguère qu’un malade devait avoir un taux d’hémoglobine de 10, mais on sait à présent que ce n’est nullement le cas87”. Le docteur Ricardo Vela, qui fait partie d’un service d’anesthésie de Madrid, a eu l’occasion de faire quelques observations à ce sujet auprès de malades Témoins de Jéhovah. Il a écrit que des taux d’hémoglobine très faibles, qui naguère auraient été considérés comme interdits, “étaient étonnamment bien tolérés par les patients88”.
149, 150. Qu’a-t-on appris quant à l’effet immédiat d’une transfusion sur le pouvoir oxyphorique du sang?
149 Il y a encore une chose qu’on ignore généralement, parfois même dans les milieux médicaux.
Une transfusion a-t-elle pour effet immédiat de corriger le pouvoir oxyphorique du sang?
150 C’est l’opinion la plus répandue, mais voici ce qu’on peut lire dans un récent article paru dans Anaesthesia: “Il est bon de se rappeler encore que l’hémoglobine des hématies conservées et citratées ne remplit pleinement sa fonction, qui est d’assurer le transport de l’oxygène vers les tissus, que 24 heures environ après la transfusion (...); il faut donc regarder une transfusion rapide comme étant essentiellement, dans un premier temps, un simple restaurateur de volume89.” Des chercheurs de l’Université de l’Ohio ont découvert que la raison en était les modifications chimiques survenues dans le sang conservé. Leurs recherches ont démontré que le sang conservé pendant plus de dix jours “n’accélère pas et parfois même ralentit la distribution d’oxygène aussitôt après une transfusion”. Ils ont aussi constaté que la distribution d’oxygène était encore au-dessous de la normale 24 heures plus tard90.
Quels sont quelques-uns des produits non sanguins employés à la place des transfusions? Donnent-ils des résultats? Quels en sont les avantages?
151. Quels sont quelques-uns des produits non sanguins employés à la place des transfusions?
151 Le produit le plus répandu et le plus souvent utilisé pour une substitution d’urgence du plasma, c’est sans doute la simple solution saline (0,9 %). C’est une substance facile à préparer, peu coûteuse, qui est stable et chimiquement compatible avec le sang humain91. Signalons aussi la solution de Ringer Lactate (Hartmann), qui est une solution d’électrolytes ou de cristalloïdes. Ce produit est employé avec succès dans le traitement des brûlures graves et pendant des interventions chirurgicales très hémorragiques, le patient perdant parfois jusqu’à 66 % de sa masse sanguine92.
152. Quels autres restaurateurs du volume plasmatique ont donné de bons résultats?
152 On peut encore remplacer le sang perdu par des colloïdes tels que le dextran. C’est une solution sucrée qui a fait ses preuves en chirurgie et dans le traitement des brûlures et de l’état de choc93. On l’utilise parfois en association avec une solution salée tamponnée, conjuguant ainsi les propriétés de l’une et de l’autre. L’haemaccel et l’hydroxyethyl amidon ont donné de bons résultats en chirurgie comme restaurateurs du volume plasmatique94d.
153. Que peut-on dire à propos de l’utilisation des divers restaurateurs quand il faut procéder à chaud?
153 Chacun de ces produits a ses qualités et ses avantages propres. Mais, concernant les cas d’urgence, notons ce passage qu’on relève dans Anaesthesia:
“Dans un premier temps, quand il faut procéder à chaud, il est relativement peu important que le produit choisi soit exactement celui qu’il faut, à condition toutefois qu’il ne soit pas franchement nocif. Par la suite, lorsque le volume circulatoire sera reconstitué, il conviendra de réfléchir aux exigences particulières de chaque cas95.”
154, 155. Quelle preuve montre qu’il est faux de dire que seul le sang peut remplacer efficacement le sang perdu?
154 Faut-il en conclure que ces produits de remplacement ne conviennent que pour les cas d’urgence? Non. À propos de “tous les types d’opérations majeures”, voici ce qu’on lit sous la plume de chirurgiens de la faculté de Médecine de l’Université du Kentucky:
“Une centaine de patients ont perdu chacun 1 000 ml de sang sur la table d’opération et on leur a perfusé de la solution de Hartmann dans la proportion de deux ou trois volumes pour un volume de sang perdu. La mortalité et la morbidité postopératoires ne se sont pas trouvées accrues par suite de l’absence de sang dans la thérapeutique de remplacement. (...) Malgré la tradition tenace qui veut que seul le sang puisse remplacer efficacement le sang perdu, la pratique qui consiste à employer des solutions salines pour une substitution partielle ou totale du sang gagne du terrain dans de nombreux centres96.”
155 Si les Témoins de Jéhovah refusent le sang pour des motifs religieux, ils n’ont, en revanche, aucune raison de cet ordre pour s’opposer à l’emploi des restaurateurs non sanguins du volume plasmatique. Du point de vue médical, donc, ces produits ont l’avantage de pouvoir être utilisés chez les Témoins. Mais ce n’est pas là leur seul intérêt.
156, 157. Citez certains avantages des restaurateurs du volume plasmatiques par rapport au sang.
156 Voici ce qu’a écrit le professeur Moffitt du Canada: “Les substituts non biologiques du sang peuvent être fabriqués en grandes quantités et conservés très longtemps. (...) Aux risques de la transfusion sanguine s’opposent les avantages des substituts du plasma: ceux-ci permettent, en effet, d’éviter l’infection bactérienne ou virale, les réactions transfusionnelles et la sensibilisation par le sang Rh97.”
157 L’intérêt thérapeutique des restaurateurs du volume plasmatique est encore évident sur un autre plan. La conservation du sang humain requiert l’addition de substances chimiques qui l’empêcheront de coaguler. Quand ce sang est perfusé ultérieurement à un malade, les produits d’addition qu’il recèle risquent de perturber la coagulabilité naturelle du sang du receveur. Il peut en résulter des pertes de sang continuelles. Un spécialiste en chirurgie cardio-vasculaire, le docteur Platt, a montré que l’emploi d’une “substance neutre” telle que la solution de Ringer Lactate, au lieu de sang conservé, permet d’éviter ce problème98.
INTERVENTIONS CHIRURGICALES MAJEURES SANS UTILISATION DE SANG
158. Quels faits intéressants l’expérience tentée par le docteur Denton Cooley a-t-elle révélés?
158 Les chirurgiens courageux qui ont consenti à opérer des Témoins de Jéhovah sans recourir au sang ont souvent été étonnés par les résultats obtenus. On en a un exemple dans ce qui s’est passé récemment dans le domaine de la chirurgie à cœur ouvert. Naguère, il fallait d’importantes quantités de sang pour réaliser de telles interventions. Or, voici qu’un jour l’équipe chirurgicale du docteur Denton Cooley, de l’Institut de cardiologie du Texas, décida de tenter des opérations de ce genre sur des patients Témoins de Jéhovah. S’étant interdits d’amorcer avec du sang l’indispensable pompe cœur-poumon et d’administrer des produits sanguins pendant ou après l’opération, ces chirurgiens ont eu recours à des restaurateurs artificiels du volume plasmatique. Voici ce qu’a écrit le docteur Cooley: “Les résultats obtenus chez les Témoins de Jéhovah ont été à ce point impressionnants que nous avons commencé à utiliser cette technique chez tous nos cardiaques. Nous avons été surpris par les résultats, si bien que nous avons également employé cette méthode pour nos transplantations [cardiaques].” Et ce médecin a ajouté: “Nous avons un contrat avec les Témoins de Jéhovah, qui nous interdit de procéder à aucune transfusion, quoi qu’il arrive. Ce sont les malades qui prennent alors le risque, car nous ne gardons sous la main aucun flacon de sang pour eux99.”
159. Quels sont les résultats à long terme des opérations à cœur ouvert tentées sur adultes et enfants sans recourir au sang?
159 Quels sont les résultats à long terme des “opérations du cœur sans transfusion sanguine” tentées sur adultes et enfants? Voici ce qu’on lit sous la plume du docteur Kay (Californie): “Nous avons fait actuellement environ 6 000 opérations à cœur ouvert à l’hôpital Saint-Vincent de Los Angeles. Nous étant abstenus d’utiliser du sang dans la majorité des cas, nous avons l’impression que les malades s’en trouvent mieux100.” Une étude effectuée au Canada et dont le texte est riche en détails fort précis, nous révèle que lorsqu’on employait des produits non sanguins, tels que le dextran ou la solution de Ringer, “la mortalité a baissé de 11 à 3,8 %101”. Ce genre d’opération a également été tentée avec succès en Afrique du Sud, en Angleterre, en Australie, en France, au Japon et en Norvège.
160, 161. Qu’est-il advenu des Témoins qui ont eu besoin d’opérations nécessitant ordinairement des apports sanguins?
160 Mais les chirurgiens n’ignorent pas que, sur les quantités de sang utilisées, la plus grande part sert au traitement des malades relevant de la chirurgie “générale” et non à celui des patients qui subissent des interventions spectaculaires, telles que les opérations à cœur ouvert. Qu’est-il advenu des Témoins de Jéhovah qui ont eu besoin d’opérations plus banales mais réputées pour les importants apports sanguins qu’elles nécessitent ordinairement?
161 Sous le titre “Interventions chirurgicales majeures chez les Témoins de Jéhovah”, un groupe de médecins new-yorkais ont fait état de plusieurs cas qui réclamaient des opérations importantes, telles que l’ablation totale d’organes cancéreux, et ont déclaré que, grâce à l’emploi de techniques chirurgicales précises, ces interventions sont réalisables sans transfusion102. Il y a d’autres interventions qu’on a tentées avec succès sans recourir au sang. Citons d’audacieuses opérations de la tête et du cou, d’importantes opérations de l’abdomen et des hémipelvectomies (amputation de la jambe et de la hanche)103. Ayant enlevé à un Témoin un important anévrisme intracrânien, le docteur Posnikoff récusa “l’opinion généralement admise parmi les neurochirurgiens, selon laquelle la transfusion sanguine est absolument nécessaire” pour une opération cérébrale de ce genre. Il invita les chirurgiens “à ne pas refuser systématiquement une opération majeure à ceux qui peuvent en avoir besoin mais qui, moralement, ne peuvent accepter la transfusion sanguine104”.
162. À quelle conclusion le docteur Roen est-il arrivé?
162 Voici la conclusion à laquelle est arrivé le docteur Rœn (Opérations urologiques importantes sans transfusion sanguine):
“Les constatations que nous avons faites auprès des Témoins de Jéhovah qui avaient besoin d’une opération nous ont convaincus que les transfusions sanguines ne sont pas absolument nécessaires, même lorsque les taux d’hémoglobine tombent jusqu’à 5 g pour 100 ml. (...) De par la position des Témoins de Jéhovah, qui refusent la transfusion sanguine pendant des opérations majeures et importantes, l’urologue se trouve confronté à un problème considérable et à un défi. On ne peut et on ne doit pas abandonner de tels malades à cause de leurs croyances religieuses. Nous n’avons pas hésité à effectuer toutes les opérations nécessaires, bien que la substitution sanguine nous fût interdite105.”
QUE DÉCIDEREZ-VOUS?
163, 164. Quels faits établissent qu’il est médicalement possible de soigner les Témoins tout en observant leur décision concernant le sang?
163 Au cours de notre exposé, nous avons souligné plusieurs aspects importants de la position des Témoins de Jéhovah. Ainsi, nous avons insisté sur le fait que leur refus des transfusions est surtout motivé par des raisons religieuses tirées de la Bible. Puis, évoquant les principes moraux qui entrent en jeu, nous avons montré que tout homme a le droit de disposer de son corps et que, partant, il est maître d’accepter ou de refuser un traitement médical, aussi bien pour lui que pour ses enfants. Analysant ensuite le rôle du médecin, nous avons vu que si un praticien traite des malades sans passer outre à leurs croyances, il ne contrevient nullement aux principes fondamentaux de sa profession, bien au contraire. Abordant enfin les aspects médicaux de la transfusion sanguine, nous avons établi qu’il est médicalement possible de soigner les Témoins de Jéhovah tout en observant leur décision concernant le sang. Et les résultats obtenus sont là pour attester que, dans la majorité des cas, des médecins habiles et courageux parviennent à les traiter avec succès sans recourir au sang.
164 Ceci dit, gardons-nous de voir dans la présente brochure une analyse théorique d’une question intéressante. Il se peut que chacun de nous soit amené un jour ou l’autre à en utiliser les données pour prendre une décision personnelle en ce domaine.
Et le médecin?
165, 166. a) À la lumière des renseignements contenus dans cette brochure, qu’est-ce qu’un médecin comprendra à propos des Témoins de Jéhovah? b) Qu’en conclure sur le plan pratique?
165 Nous ne doutons pas qu’à la lumière de ce que vous venez de lire vous comprendrez, vous qui êtes médecin, que les Témoins de Jéhovah ne sont pas des gens dressés contre la médecine et au comportement suicidaire. Tout au contraire, ce sont des gens raisonnables et probes, qui tiennent à rester en vie et en bonne santé. C’est pourquoi ils recourent aux soins médicaux. Vous comprendrez également que ce sont des hommes et des femmes qui ont réfléchi sérieusement à leurs croyances et qui sont absolument convaincus que défense leur est faite, à eux et aux leurs, d’accepter une transfusion. Un médecin informé se gardera donc, lorsqu’il se trouve confronté à un refus du sang, d’y voir le résultat d’un caprice dont on peut faire bon marché. Il s’agit ici d’une importante conviction religieuse qu’il convient de respecter.
Qu’en conclure sur le plan pratique?
166 Qu’en conclure, sinon que tout médecin qui professe le respect des principes séculaires doit s’interdire d’administrer de force du sang aux Témoins de Jéhovah? Il est vrai que l’observation de leur volonté en ce domaine l’obligera parfois à renoncer à certains de ses moyens thérapeutiques habituels. Mais, quand on songe aux conséquences, ne vaut-il pas mieux qu’un médecin se prive de quelques-uns de ses moyens par respect pour des convictions religieuses plutôt que de le voir faire violence à des croyances fondamentales par attachement à des thérapeutiques devenues classiques? La réponse est évidente. En se montrant disposé à soigner des malades Témoins de Jéhovah sans passer outre à leurs convictions, un médecin témoignera de son respect pour les droits de l’homme et pour la conscience religieuse. En même temps, il traitera “l’homme total”, c’est-à-dire qu’il recourra à des médications qui serviront à guérir le malade physiquement sans attenter à sa santé morale ou spirituelle. Cela sera pour le plus grand bien de son patient et fera honneur aux règles fondamentales de son code déontologique.
Que dire de ceux qui, Témoins de Jéhovah ou non, s’attachent à mettre en pratique la Parole divine dans leur existence quotidienne?
167, 168. Quel conseil les Témoins qui se trouvent confrontés à la question du sang suivront-ils?
167 Notre analyse de la question du sang devrait faire mesurer au lecteur combien il est important de ne pas méconnaître les prescriptions divines qui interdisent d’assurer le maintien de sa vie par ce moyen.
168 C’est à bon droit que chaque chrétien prend la détermination de demeurer ferme dans sa foi. Dans ses relations avec le monde médical, un chrétien se montrera raisonnable et y mettra du sien, sans oublier toutefois qu’il ne saurait consentir à aucune thérapeutique qui fait violence à ses principes religieux. S’il doit subir une intervention chirurgicale, il est important qu’il ait avec les médecins un entretien préalable, afin d’obtenir l’assurance qu’il ne lui sera administré de sang sous aucun prétexte, ni avant, ni pendant, ni après l’opération. Si donc un chirurgien estime qu’il ne peut tenter l’intervention sans transfusion, le chrétien, étant averti, pourra s’adresser ailleurs.
169. En observant la loi divine sur le sang, que montrent les Témoins, et quel exemple laissé par les premiers chrétiens suivent-ils?
169 En observant la loi divine sur le sang, les Témoins de Jéhovah montrent qu’ils reconnaissent en Dieu l’Auteur et Dispensateur de toute vie. Selon la Bible, qui est la Parole de Dieu, le bonheur et la vie future du chrétien sont fonction de sa foi et de son obéissance (I Jean 2:3-6). Voilà pourquoi les premiers chrétiens étaient résolus à risquer leur vie plutôt qu’à renier leurs croyances. Cette même détermination se rencontre chez les Témoins de Jéhovah, qui continueront donc de ‘s’abstenir du sang’, ainsi que le leur ordonne la Parole divine. — Actes 15:29.
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[Notes]
a Voir la bibliographie aux pages 61 à 64.
b On trouvera d’autres références (du IIe et du IIIe siècle) qui appuient cette interprétation d’Actes 15:28, 29 dans les ouvrages suivants: Contre Celse d’Origène, VIII, 29, 30, et dans Commentaire sur Matthieu, XI, 12; Le Pédagogue de Clément, II, 7, et dans Les Stromates, IV, 15; Les Homélies clémentines, VII, 4, 8; Les reconnaissances clémentines, IV, 36; le Dialogue de Justin le Martyr, XXXIV; les Traités de Cyprien, XII, 119; L’enseignement des douze apôtres, VI; Constitutions apostoliques, VI, 12; La mort de Peregrinus de Lucien, 16.
c Selon certaines études, un traitement par le fer peut multiplier par deux, voire par quatre, le taux normal de production de globules rouges77.
d Dans certains pays on utilise encore le PVP (polyvinylpyrrolidone).