GRÈCE, GRECS
Ces mots sont dérivés de Graïkoï, nom d’une tribu du nord-ouest de la Grèce. Les Italiens appliquèrent ce nom (Græci en latin) aux habitants de la Grèce en général. D’ailleurs, Aristote lui-même en vint à faire, dans ses écrits, un emploi analogue de ce terme.
Un autre nom ancien, celui des “Ioniens”, figure dès le VIIIe siècle avant notre ère dans les inscriptions cunéiformes assyriennes, ainsi que dans les récits perses et égyptiens. Ce terme vient de Javan (héb. Yâwân), nom d’un fils de Japhet et petit-fils de Noé. Javan fut l’ancêtre des premiers occupants japhétiques de la Grèce et des îles des alentours. Il fut aussi, sans aucun doute, celui des premiers habitants de Chypre, de certaines parties de l’Italie méridionale, de la Sicile et de l’Espagne. — Gen. 10:1, 2, 5; I Chron. 1:4, 5, 7.
Si du point de vue géographique, on applique maintenant l’adjectif “ionien” à la mer qui sépare le sud de la Grèce de l’Italie, et à l’archipel qui s’étend le long de la côte occidentale grecque, ce mot a cependant eu une acception plus large qui correspond davantage à l’usage que les Écritures hébraïques font du terme “Javan”. Ainsi au VIIIe siècle avant notre ère, le prophète Ésaïe annonça le temps où les rescapés de Juda, après leur retour d’exil, seraient envoyés dans des nations distantes, y compris “Tubal et Javan, les îles lointaines”. — És. 66:19.
Dans les Écritures grecques chrétiennes, le pays est nommé Héllas (“Grèce”, Actes 20:2), tandis que ses habitants sont appelés Héllênes. Les Grecs eux-mêmes ont employé ces noms plusieurs siècles avant le début de notre ère et continuent à le faire. Il se peut que le nom même d’“Hellas” (Héllas) soit apparenté à “Élischah”, le nom d’un des fils de Javan (Gen. 10:4). Après la conquête romaine, qui eut lieu en 146 avant notre ère, on appela également la partie centrale et méridionale de la Grèce du nom d’“Achaïe”.
La Grèce occupait le sud de la péninsule montagneuse des Balkans, ainsi que les îles de la mer ionienne à l’ouest et celles de la mer Égée à l’est. Au sud s’étendait la Méditerranée, tandis que la frontière septentrionale, elle, était assez mal définie, ce qui se comprend mieux quand on sait qu’à l’origine les descendants de Javan qui occupaient la Grèce n’étaient pas rassemblés pour former une nation à part entière. Cependant, on pense que, par la suite, la “Grèce” s’est étendue au point de comprendre l’Illyrie (région qui englobe approximativement l’ouest de la Yougoslavie et l’Albanie modernes) et la Macédoine. D’ailleurs, les Macédoniens étaient peut-être issus essentiellement de la même souche que ceux qui furent plus tard appelés Grecs.
LES STRUCTURES POLITIQUES ET LES EXPÉRIENCES DÉMOCRATIQUES
Nous n’avons pas une vision très claire du mode de gouvernement de la plupart des cités-États grecques, car nous ne connaissons assez bien qu’Athènes et Sparte. Cependant, tout porte à croire que ces États étaient régis selon des méthodes profondément différentes de celles qui avaient cours en Canaan, en Mésopotamie ou en Égypte. En effet, il n’y avait pas de rois, mais des magistrats, des conseils et une assemblée (ekklêsia) de citoyens, tout au moins pendant la période que les historiens profanes qualifient d’historiques. Athènes fit même une expérience de démocratie directe de terme “démocratie” nous vient du grec dêmos, qui signifie “peuple” et de kratos, “pouvoir”). Sous ce régime, tous les citoyens, qui formaient un corps législatif, pouvaient parler et voter dans l’assemblée. Toutefois, ces “citoyens” n’étaient en fait qu’une minorité, puisque les femmes, les résidents nés à l’étranger et les esclaves ne jouissaient pas des mêmes droits. On estime que les esclaves représentaient un tiers de la population de nombreuses cités-États. C’était sans aucun doute au pris de leur dur labeur que les citoyens avaient le loisir de participer à l’assemblée politique. Fait intéressant, dans la première allusion que les Écritures hébraïques font à la Grèce, vers le IXe siècle avant notre ère, il est question de Judéens vendus comme esclaves par Tyr, Sidon et la Philistie aux “fils des Grecs [littéralement “Javanites” ou “Ioniens”]”. — Joël 3:4-6.
L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE
Hormis l’agriculture, qui constituait leur activité principale, les Grecs produisaient et exportaient de nombreux produits manufacturés. Les vases grecs devinrent célèbres dans tout le bassin méditerranéen. Ils fabriquaient aussi de nombreux objets d’argent et d’or, ainsi que des étoffes de laine. La Grèce foisonnait de petites boutiques indépendantes tenues par des artisans, avec le concours de quelques ouvriers, hommes libres ou esclaves. Dans la ville grecque de Corinthe, l’apôtre Paul s’associa à Priscille et à Aquila pour faire des tentes, probablement à partir d’un tissu de poil de chèvre qu’on trouvait facilement en Grèce. — Actes 18:1-4.
LA RELIGION GRECQUE
C’est à travers la poésie d’Homère que nous avons un premier aperçu de la religion grecque. Soit dit en passant, on n’est pas très sûr qu’Homère ait jamais existé. Ses biographies, qui furent rédigées plus tard, semblent fictives. En revanche, l’Iliade et l’Odyssée, les deux épopées qu’on lui attribue, étaient récitées tous les quatre ans à Athènes pendant la période classique. Les plus anciens fragments de papyrus qui portent ses poèmes datent, croit-on, d’un peu avant l’an 150 avant notre ère. À ce propos, George Murray, professeur de grec, dit que ces premiers écrits “diffèrent considérablement de notre leçon reçue”, c’est-à-dire du texte qui est communément accepté depuis plusieurs siècles. Ainsi donc, contrairement à la Bible, l’intégrité des textes d’Homère n’a pas été préservée. Ses écrits ont plutôt subi de nombreuses transformations, comme le professeur Murray le démontre.
Les poèmes d’Homère se rapportaient à des héros guerriers et à des dieux qui ressemblaient aux hommes à s’y méprendre. Certains ont fait un rapprochement entre l’Odyssée et l’épopée babylonienne de Gilgamesh. Quoi qu’il en soit, on a bel et bien des preuves indiquant que la religion grecque a subi l’influence babylonienne. Par exemple, une fable grecque antique est une traduction quasi-littérale d’un texte akkadien.
On suppose généralement qu’Hésiode, un autre poète qui vécut probablement au huitième siècle avant notre ère, aurait systématisé la kyrielle de légendes et de mythes grecs qui existaient à son époque. Les poèmes d’Homère et la Théogonie d’Hésiode constituaient les principaux écrits sacrés des Grecs, leur théologie, en quelque sorte.
À ce propos, il est intéressant de considérer comment la Bible fait la lumière sur l’origine éventuelle, voire probable, des mythes grecs. En effet, selon Genèse 6:1-13, des fils angéliques de Dieu vinrent sur la terre avant le déluge et se matérialisaient vraisemblablement sous forme humaine afin de vivre maritalement avec des femmes séduisantes. Ils engendrèrent une progéniture appelée “Néphilim”, ou “Abatteurs”, c’est-à-dire “ceux qui font tomber autrui”. À cause de cette union contre nature d’êtres spirituels et d’humains, et de l’engeance hybride qui en fut le produit, la terre se remplit d’immoralité et de violence (comparez avec Jude 6; I Pierre 3:19, 20; II Pierre 2:4, 5; voir NÉPHILIM). Comme nombre d’autres hommes des temps postdiluviens, Javan, l’ancêtre des races grecques, apprit probablement le récit relatif à l’époque antédiluvienne et aux conditions qui y régnaient de la bouche de Japhet, l’un des survivants du déluge. Sachant cela, examinons ce que révèlent les écrits attribués à Homère et à Hésiode.
Les dieux et déesses innombrables qu’ils décrirent possédaient une forme humaine et étaient dotés d’une grande beauté, bien qu’ils fussent souvent des géants suprahumains. Ils mangeaient, buvaient, dormaient, et ils avaient des rapports sexuels entre eux, voire avec des humains. Ils menaient une vie de famille, ils se disputaient, combattaient, séduisaient et violaient à l’occasion. Bien qu’étant tenus pour saints et immortels, ils étaient susceptibles d’user de toutes sortes de tromperie et de commettre n’importe quel crime. Ils pouvaient circuler visiblement ou invisiblement parmi les hommes. Par la suite, des écrivains et des philosophes grecs s’efforcèrent de purger les récits d’Homère et d’Hésiode de certains des actes les plus ignobles censément perpétrés par les dieux.
On peut voir dans ces mythes un reflet, bien que grandement amplifié, embelli et dénaturé, du récit historique des conditions qui prévalaient avant le déluge, récit que l’on trouve dans la Genèse. On peut encore établir cet autre parallèle étonnant: Outre les dieux principaux, les légendes grecques parlent de demi-dieux ou de héros issus à la fois des dieux et des hommes. Ces demi-dieux étaient doués d’une force suprahumaine, mais ils étaient mortels (parmi eux, seul Hercule aurait eu le privilège d’accéder à l’immortalité). Ces demi-dieux présentaient donc une ressemblance frappante avec les Néphilim de la Genèse.
Les principaux dieux grecs résidaient, croyait-on, sur les sommets de l’Olympe (une montagne de plus de 2 900 mètres d’altitude), au sud de Bérée. (Paul était près des pentes de l’Olympe lorsqu’il accomplit son ministère chez les Béréens, au cours de son second voyage missionnaire; Actes 17:10.) Parmi les dieux olympiens, citons Zeus (que les Romains appelèrent Jupiter; Actes 28:11), dieu du ciel, Héra (la Junon romaine), femme de Zeus, Gê ou Gaia, la divinité de la terre qu’on appelait également la Grande Mère, Apollon, un dieu du soleil et de la mort subite, qui décochait de loin ses flèches meurtrières, Artémis (la Diane romaine), déesse de la chasse, qui était tant vénérée à Éphèse comme déesse de la fertilité (Actes 19:23-28, 34, 35), Arès (le Mars des Romains), dieu de la guerre, Hermès (Mercure chez les Romains), dieu des voyageurs, du commerce et de l’éloquence, messager des dieux (les habitants de Lystres, en Asie Mineure, appelèrent Barnabas “Zeus, mais Paul, Hermès, puisque c’était lui qui portait la parole” [Actes 14:12]), Aphrodite (la Vénus de Rome), déesse de la fécondité et de l’amour, considérée comme la “sœur de l’Ishtar assyro-babylonienne et de l’Astarté syro-phénicienne” (Greek Mythology, Paul Hamlyn, p. 63; Alpha Encyclopédie, t. I, p. 341), ainsi qu’une foison d’autres dieux et déesses.En outre, chaque cité-État avait apparemment ses dieux secondaires qui lui étaient propres et qui étaient adorés selon la coutume locale.
Les oracles, par lesquels les dieux étaient supposés révéler les choses cachées, faisaient de nombreux adeptes. Les plus célèbres occupaient des temples à Délos, à Delphes et à Dodone. Là, les gens payaient pour recevoir par l’oracle, les réponses aux questions qu’ils posaient. En règle générale, ces oracles étaient ambigus, et les prêtres devaient les interpréter.
L’immortalité, enseignement des philosophes
Puisque les philosophes grecs s’intéressaient aux questions fondamentales de la vie, leurs opinions déterminèrent les croyances du peuple. Socrate, qui vivait au Ve siècle avant notre ère, enseignait l’immortalité de l’âme humaine. Dans Phédon, Platon cite les paroles suivantes de Socrate: “Peut-on dès lors soutenir que l’âme, (...) invisible, (...) pourvue de telles qualités et d’une telle nature, se dissipe à tous les vents et périsse en sortant du corps, comme le disent la plupart des hommes? Il s’en faut de beaucoup (...); voici plutôt ce qui arrive. Si, en quittant le corps, elle est pure (...). Si donc elle est en état, l’âme s’en va vers ce qui est semblable à elle, vers ce qui est invisible, divin, immortel et sage, et quand elle y est arrivée, elle est heureuse, délivrée de l’erreur, de la folie, des craintes, des amours sauvages et de tous les autres maux de l’humanité, et (...) elle passe véritablement avec les dieux le reste de son existence.” Comparez sa déclaration avec Ézéchiel 18:4 et Ecclésiaste 9:5, 10.
Les temples et les idoles
On érigea des temples magnifiques en l’honneur des dieux, et des statues de marbre et de bronze furent artistiquement sculptées pour les représenter. On trouve les ruines de quelques-uns des temples les plus célèbres sur l’Acropole d’Athènes. Il s’agit, entre autres, du Parthénon, des Propylées et de l’Érechtéion. À Athènes, Paul parla de la crainte notoire des divinités qui prévalait dans cette ville et déclara sans ambages à ses auditeurs que le Créateur du ciel et de la terre “n’habite pas dans des temples faits à la main”, et qu’étant la lignée de Dieu, ceux-ci ne devaient pas s’imaginer que le créateur “soit semblable à de l’or ou à de l’argent ou à de la pierre, semblable à quelque chose de sculpté par l’art et l’ingéniosité de l’homme”. — Actes 17:22-29.
L’ÉPOQUE DES GUERRES MÉDIQUES
L’essor de l’empire médo-perse, sous le règne de Cyrus (qui conquit Babylone en 539 avant notre ère), représentait une menace pour la Grèce. En effet, Cyrus avait déjà conquis l’Asie Mineure, y compris les colonies grecques qui s’y trouvaient. Dans la troisième année de Cyrus, un messager angélique de Jéhovah fit savoir à Daniel que le quatrième roi de Perse ‘soulèverait tout contre le royaume de Grèce’. (Dan. 10:1; 11:1, 2.) Le troisième roi de Perse (Darius Hystaspe) réprima une révolte des colonies grecques en 499 et se prépara à envahir la Grèce. Toutefois, en 492, la flotte des envahisseurs perses fit naufrage à cause d’une tempête. Puis, en 490, de puissantes forces perses entreprirent une invasion massive de la Grèce, mais la petite armée d’Athènes leur infligea une défaite dans les plaines de Marathon, au nord-est de la ville. Lorsque Xerxès, fils de Darius, accéda au trône, il était résolu à prendre sa revanche. Conformément à la prophétie, ce ‘quatrième roi’ souleva tout l’empire pour former une armée considérable, avec laquelle il franchit l’Hellespont en 480.
Malgré l’unité exceptionnelle qui souda certaines des principales cités grecques dans leur lutte pour endiguer l’invasion, les troupes perses progressèrent par le nord et le centre de la Grèce, arrivèrent à Athènes et brûlèrent l’Acropole, la citadelle qui dominait la ville. Sur la mer, en revanche, les Athéniens et les autres Grecs qui s’étaient alliés à eux l’emportèrent en tactique sur les Perses et coulèrent sur leur flotte (ainsi que celle de leurs alliés, phéniciens entre autres) à Salamine. Ils parachevèrent leur victoire en battant l’armée perse à Platées, sur terre cette fois, puis en lui infligeant un autre défaite à Mycale, sur la côte occidentale de l’Asie Mineure, sur quoi les forces perses renoncèrent à leur visées sur la Grèce.
DE LA SUPRÉMATIE D’ATHÈNES À LA DOMINATION MACÉDONIENNE
Grâce à la puissance de sa marine, Athènes se hissa à la tête du pays. La période qui suivit, jusqu’en 431 environ, fut donc l’“Âge d’or” de cette ville. C’est de cette époque que nous viennent les œuvres d’art et d’architecture les plus illustres. Athènes prit la tête de la ligue de Délos, qui réunissait plusieurs îles et cités grecques. Mais la ligue du Péloponnèse, dirigée par Sparte, ne voyait pas d’un bon œil la prééminence d’Athènes. Cela déclencha donc la guerre du Péloponnèse, qui dura de 431 à 404, et à l’issue de laquelle les Athéniens furent complètement battus par les Spartiates. Le régime de fer imposé par Sparte subsista jusqu’en 371 environ, après quoi c’est Thèbes qui gagna le devant de la scène. La Grèce commençait à subir un déclin politique, bien qu’Athènes restât le centre culturel et philosophique du bassin méditerranéen. Finalement, en 338, sous le règne de Philippe II, la puissance macédonienne montante conquit la Grèce et le pays fut unifié sous l’hégémonie macédonienne.
LA GRÈCE SOUS ALEXANDRE
Dès le sixième siècle avant notre ère, Daniel avait reçu une vision prophétique annonçant que l’empire médo-perse serait définitivement vaincu par la Grèce. Alexandre, un fils de Philippe qui avait été instruit par Aristote, devin après l’assassinat de son père le champion des peuples d’expression grecque. En 334, Alexandre partit pour venger les villes grecques de la côte occidentale de l’Asie Mineure qui avaient été la cible des attaques perses. Dans une conquête éclair, il envahit non seulement l’Asie Mineure, mais encore la Syrie, la Palestine, l’Égypte et tout l’Empire-médo-perse, jusqu’en Inde, réalisant ainsi le tableau prophétique consigné en Daniel 8:5-7, 20, 21 (comparez avec Daniel 7:6). En s’emparant de la Judée en 332, la Grèce devenait, dans l’ordre chronologique, la Cinquième Puissance mondiale du point de vue de la nation d’Israël, les quatre première ayant été l’Égypte, l’Assyrie, Babylone et l’Empire médo-perse. En 328, Alexandre avait achevé ses conquêtes, et le reste de la vision de David allait connaître son accomplissement. En effet, relativement jeune, Alexandre mourut à Babylone en 323. Conformément à ce qui avait été prédit, son empire fut alors partagé en quatre royaumes, mais aucun n’atteignit la force du premier. — Dan. 8:8, 21, 22; 11:3, 4.
Cependant, avant sa mort, Alexandre avait introduit la culture et la langue grecques dans tout son immense territoire. Des colonies grecques s’installèrent dans de nombreux pays conquis. Par exemple, on construisit en Égypte la ville d’Alexandrie, qui devint un centre intellectuel rivalisant avec Athènes. C’est ainsi que commença l’hellénisation des régions méditerranéennes eu du Moyen-Orient. Le grec koïné (ou commun) devint la lingua franca parlée par des gens de nombreuses nationalités. C’est dans cette langue que des érudits juifs d’Alexandrie traduisirent les Écritures hébraïques, donnant ainsi naissance à la Version des Septante. Par la suite, les Écritures grecques chrétiennes furent à leur tour rédigées en koïnê. Enfin, puisque cette langue internationale était si répandue, elle facilita la propagation rapide de la bonne nouvelle portée par les chrétiens dans tout le bassin méditerranéen. — Voir GREC.
LES ÉTATS GRECS SOUS LE JOUG ROMAIN
En 917 avant notre ère, la Macédoine et la Grèce (qui composaient l’un des quatre territoires nés du partage de l’empire d’Alexandre) tombèrent aux mains des Romains. L’année suivante, le générale romain proclama la “liberté” pour toutes les cités grecques. Cela signifiait que Rome ne réclamerait pas le tribut, mais qu’elle attendait de ces villes, une coopération totale. Cependant, l’hostilité contre Rome s’intensifiait sans cesse. La Macédoine fit la guerre aux Romains, mais essuya de nouveau une défaite en 167. Une vingtaine d’années plus tard, elle devenait province romaine. En 146, la ligue Achéenne, menée par Corinthe, se révolta contre Rome, mais les armées romaines pénétrèrent dans le sud de la Grèce et détruisirent Corinthe. C’est ainsi que fut formée la provinces d’“Achaïe”, qui en l’an 27 avant notre ère, vint à englober toute la Grèce centrale et méridionale. — Actes 19:21; Rom. 15:26; voir ACHAÏE.
La domination romaine marqua le déclin politico-économique de la Grèce. Seule la culture grecque restait forte, au point même d’être largement adoptée par les conquérants. En effet, les Romains se passionnèrent pour les statues et la littérature grecques, qu’ils importèrent à Rome. Il n’est pas jusqu’à des temples entiers qui ne fussent démontés et transportés par bateau en Italie. Nombre de jeunes Romains furent instruits à Athènes et dans d’autres centre intellectuels de la Grèce. De son côté, la Grèce rentrait en elle-même, s’appesantissait sur son histoire et devenait passéiste.
LES HELLÈNES ET LES HELLÉNISANTS AU PREMIER SIÈCLE DE NOTRE ÈRE
À l’époque du ministère de Jésus Christ et de ses apôtres, ceux qui étaient de race grecque ou originaires de Grèce étaient toujours appelés Hellènes (Héllênes; Héllên au singulier). Les Grecs qualifiaient les gens d’une autre race de “Barbares”, nom qui désignait simplement les étrangers ou ceux qui parlaient une autre langue. En Romains 1:14, Paul établit un contraste analogue entre “Grecs” et “Barbares”. — Voir BARBARES.
Dans certains cas, Paul utilise toutefois le terme Héllênes dans un sens plus large. En effet, il cite parfois les Hellènes ou les Grecs en tant qu’ils étaient représentatifs de tous les peuples non juifs, surtout quand il oppose ce terme aux Juifs (Rom. 1:16; 2:6, 9, 10; 3:9; 10:12; I Cor. 10:32; 12:13). Ainsi, dans le chapitre premier de sa première lettre aux Corinthiens 1, Paul met en parallèle, selon toute vraisemblance, les “Grecs” (v. 1:22) et les “nations” (v. 1:23), sans doute à cause du rôle prééminent que la langue et la culture grecques jouaient dans tout l’Empire romain. Dans un sens, les Grecs venaient “en tête de liste” parmi tous les peuples non juifs. Il ne faut toutefois pas en déduire que Paul et les autres rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes utilisaient le terme Héllênes dans un sens si large qu’il devenait purement et simplement synonyme de “Gentil”, comme certains commentateurs l’ont laissé entendre. En effet, en Colossiens 3:11, Paul distingue le “Grec” de l’“étranger [barbaros]” et du “Scythe”, ce qui montre que le terme Héllênes désignait bien un peuple particulier.
Pour être qualifiée de “grecque”, la femme de nationalité syro-phénicienne dont Jésus guérit la fille (Marc 7:26-30) devait probablement être issue d’une famille grecque. Les “Grecs parmi ceux qui étaient montés pour adorer” lors de la Pâque et qui demandèrent audience à Jésus étaient, selon toute vraisemblance, des prosélytes grecs (Jean 12:20; remarquez la déclaration prophétique de Jésus rapportée au verset 32 12:32: “J’attirerai à moi des hommes de toutes sortes.”). Le père de Timothée et Tite sont l’un et l’autre appelés Héllên (Actes 16:1, 3; Gal. 2:3), ce qui signifiait peut-être qu’ils étaient tous deux de race grecque. Cependant, puisque, au dire de certains, quelques auteurs grecs appelaient Héllênes des non-Grecs de langue et de culture grecques, et compte tenu de la signification typique dans laquelle, comme nous l’avons dite précédemment, Paul employait ce terme, il n’est pas impossible que tous ces personnages aient été grecs dans ce sens large. Néanmoins, le fait que la femme grecque précitée vivait en Syro-Phénicie, que le père de Timothée habitait Lystres, en Asie-Mineure, que Tite résidait, semble-t-il à Antioche de Syrie, ne saurait prouver qu’ils n’étaient ni Grecs de race ni descendants de Grecs. En effet, des colons et des immigrés grecs étaient présents dans toutes ces régions du monde.
Lorsque, s’adressant à un groupe d’auditeurs, Jésus leur dit qu’il ‘s’en irait vers celui qui l’avait envoyé’ et qu‘ils ne pouvaient venir là où il allait’, les Juifs se dirent l’un à l’autre: “Où cet homme a-t-il l’intention d’aller, que nous ne le trouverons pas? Est-ce qu’il a l’intention d’aller vers les Juifs qui sont dispersés chez les Grecs et d’enseigner les Grecs?” (Jean 7:32-36). Par l’expression “les Juifs qui sont dispersés chez les Grecs”, ils n’entendaient pas, selon toute vraisemblance, ceux qui s’étaient installés à Babylone, mais tout simplement ceux qui étaient disséminés au loin, dans les cités grecques et dans les régions occidentales lointaines. Les récits des voyages missionnaires de Paul nous donnent une idée du nombre considérable d’immigrés juifs qui se trouvaient dans ces régions grecques.
En Actes 17:12 et 18:4, textes qui décrivent des événements survenus dans les cités grecques de Bérée et de Corinthe, il est certainement question de personnes de race grecque. Ce peut être également vrai des “Grecs” de Thessalonique, en Macédoine (Actes 17:4), d’Éphèse, sur la côte occidentale de l’Asie Mineure, ville colonisée depuis longtemps par les Grecs et qui avait été jadis la capitale de l’Ionie (Actes 19:10, 17; 20:21), voire d’Iconium, au centre de l’Asie Mineure (Actes 14:1). Bien que la formule ‘Juifs et Grecs’, employée dans quelques-uns de ces passages, puisse “Grecs” en tant qu’exemple typique des peuples non juifs en général, il faut reconnaître que, parmi ces villes, Iconium est la seule qui se situe géographiquement hors de ce qui était le domaine grec par excellence.
Les Hellénisants
Dans le livre des Actes, on rencontre également le terme Héllênistaï (Héllênistês au singulier). Ce mot ne se trouve pas dans la littérature grecque ou hellénistique des Juifs. Dès lors, on ne peut se montrer affirmatif sur son sens. Cependant, la plupart des lexicographes estiment qu’il désigne les “Juifs de langue grecque” en Actes 6:1 et 9:29. D’ailleurs, le premier de ces deux textes oppose ces Héllênistaï aux “Juifs de langue grecque” en Actes 6:1 et 9:29. D’ailleurs, le premier de ces deux texte oppose ces Héllênistaï aux Juifs de langue hébraïque” (Ébraïoï [texte grec de Westcott et Hort]).
En revanche, la forme du terme Héllênistaï qui est employée en Actes 11:20 à propos de certains citoyens d’Antioche, en Syrie, peut désigner les “gens de langues grecque” en général plutôt que des Juifs. Cette explication semble corroborée par la précision suivante: Avant l’arrivée de chrétiens de Chypre et de Cyrène, on ne prêchait la parole, à Antioche, “à personne d’autre qu’aux Juifs”. (Actes 11:19.) Par conséquent, les Héllênistaï dont il est question dans ce passage pouvaient être des gens de diverses nationalités qui s’étaient hellénisés et qui parlaient le grec (tout en ayant peut-être également adopté les coutumes grecques).
L’apôtre Paul visita la Macédoine et la Grèce au cours de ses deuxième et troisième voyages missionnaires (Actes 16:11 à 18:11; 20:1-6). Il consacra du temps à son ministère dans les grandes villes macédoniennes de Philippes, de Thessalonique et de Bérée, ainsi que dans les deux plus grandes cités de l’Achaïe, Athènes et Corinthe (Actes 16:11, 12; 17:1-4, 10-12, 15; 18:1, 8). Il accomplit son ministère à Corinthe pendant un an et demi au cours de son second voyage (Actes 18:11). Pendant ce temps, il écrivit ses deux lettres aux Thessaloniciens et, peut-être, son épître aux Galates. Lors de son troisième voyage, c’est encore à Corinthe qu’il rédigea sa lettre aux Romains. Entre 61 et 64, après son premier emprisonnement à Rome, Paul retourna vraisemblablement en Macédoine et c’est probablement de là qu’il écrivit sa première lettre à Timothée, ainsi, peut-être, que sa lettre à Tite.
[Carte, page 619]
(Voir la publication)
LA GRÈCE
GRÈCE
MER MÉDITERRANÉE
CRÈTE
MER IONIENNE
Sparte
Péloponnèse
Argos
Golfe Saronique
ÉGINE
SALAMINE
Cenchrées
Corinthe
Canal de Corinthe
Golfe de Corinthe
ÉLIDE
ÉTOLIE
ÉPIRE
Dodone
THESSALIE
MACÉDOINE
Mt Olympe
Bérée
Thessalonique
Philippes
EUBÉE
BÉOTIE
ATTIQUE
Athènes
Marathon
Platées
Thèbes
Delphes
Thermopyles
DÉLOS
MER ÉGÉE
COS
SAMOS
CHIOS
LESBOS
Mitylène
Assos
Adramytte
Troas
Troie
Hellespont (Dardanelles)
SAMOTHRACE
THRACE
[Illustration, page 614]
Zeus, dieu adoré par les Grecs de l’Antiquité; cette représentation en bronze date, croit-on, du Ve siècle avant notre ère.
[Illustration, page 615]
Les sommets de l’Olympe, montagne que les Grecs de l’Antiquité tenaient pour sacrée.
[Illustration, page 616]
Ruines du temple d’Apollon à Delphes. Là, un oracle était censé révéler les choses cachées.