Que signifie être “ministre” ?
1, 2. a) Qu’entend-on par “ministre” dans différents pays ? b) Que remarquons-nous quant à l’emploi actuel du mot “ministre” comparé à son usage dans les premiers siècles ?
QUAND vous entendez quelqu’un prononcer le mot “ministre”, à quoi pensez-vous ? Dans certaines langues, le mot correspondant n’est employé que pour désigner une fonction politique, par exemple celle de “ministre de la Justice” ou de “Premier ministre”. Mais dans les pays dont la langue est issue du latin ou fortement influencée par le latin (d’où vient le mot “ministre”), ce terme peut faire penser à un ecclésiastique, plus particulièrement à un pasteur protestant ou évangélique.
2 En réalité, le mot “ministre”, tel qu’il est utilisé et compris aujourd’hui par la plupart des gens, a un sens très différent de celui qu’il avait dans les premiers siècles de notre ère. Il a donc pris une signification tout à fait différente de celle du mot grec diakonos, qui est utilisé dans les Écritures grecques de la Bible, bien qu’il soit traduit en diverses langues par le mot “ministre”. Quelle est cette différence, et d’où vient-elle ?
3, 4. a) Quel est le sens original du mot latin minister, et comment a-t-il été utilisé dans la traduction de la Bible ? b) Comment l’usage de ce mot a-t-il évolué, et à cause de quelles circonstances ?
3 Aux premiers siècles de notre ère, le mot grec diakonos et le terme latin minister avaient fondamentalement le même sens, celui de serviteur. Quand la Bible commença d’être traduite en latin, le mot diakonos fut donc généralement rendu par minister. Mais avec le temps, le mot latin tel qu’il était employé perdit l’idée de service humble qu’il emportait. Cela était dû pour une large part à l’apostasie qui résulta de l’abandon du christianisme pur.
4 Quand il s’adressa aux aînés ou anciens d’Éphèse, l’apôtre Paul les avertit qu’après son départ “il s’introduira parmi vous des loups tyranniques qui ne traiteront pas le troupeau avec tendresse, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui proféreront des choses tortueuses, afin d’entraîner les disciples à leur suite”. Ces hommes égoïstes n’allaient pas suivre le principe selon lequel “il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir”. (Actes 20:29, 30, 35.) Par leur conduite, ils montreraient qu’ils ne sont pas serviteurs de Dieu, mais de son adversaire. — II Cor. 11:12-15, TOB.
5. Qu’a provoqué l’apostasie annoncée, et quel effet a-t-elle eu sur la façon dont les congrégations étaient surveillées et dirigées ?
5 Cette apostasie annoncée donna finalement naissance à la chrétienté qui compte de nombreuses religions dans lesquelles on fait une distinction entre le clergé et les laïcs. Pourtant, cette distinction n’existait pas dans les congrégations primitives. C’est ce que montre la Cyclopædia (t. VIII, pp. 355, 356) de M’Clintock et Strong sous le mot “anciens”. Nous lisons :
“Comme on ne possède aucun récit sur la façon dont ils furent établis au départ, on peut en déduire que leur désignation a pu se faire naturellement en raison de leur ancienneté (...), un peu comme on acquérait la qualité d’ancien chez les Juifs.”
La Cyclopædia dit ensuite que plus tard “les apôtres ont reconnu, ou peut-être établi” des anciens. Puis elle ajoute :
“Dans chaque collège d’anciens quelqu’un devait nécessairement assumer la présidence ou la primauté pour permettre une surveillance ou une direction générale. L’un d’eux était donc désigné, soit en raison de son ancienneté, soit par un choix solennel, comme primus inter pares [premier parmi des égaux], afin de servir en qualité de surveillant (ἐπίσχοπος) du collège et du troupeau soumis à celui-ci.”
Plus loin, cet ouvrage dit encore à propos de la fonction de surveillant :
“Rien dans sa nature originale n’empêchait qu’elle soit assumée à tour de rôle par plusieurs anciens d’une même église ou d’un même diocèse. Néanmoins, l’exercice efficace de cette fonction allait aboutir à son attribution permanente à un même homme. C’est ainsi qu’elle devint bientôt une charge à vie.”
Un seul ancien ou surveillant en vint donc à détenir la prééminence sur les autres, leur enlevant ainsi la possibilité d’avoir les mêmes privilèges que lui. C’est de cette façon que la direction des congrégations par un collège d’anciens fut peu à peu éliminéea.
6. a) En quoi consistait la direction “monarchique” des congrégations, et qu’est-ce qui favorisa ce système ? b) Les Écritures indiquent-elles que la concentration de l’autorité sur une seule personne est la façon chrétienne de sauvegarder l’unité de foi et de croyance, sinon quel moyen préconisent-elles ?
6 Un système “monarchique” se développa alors. D’après ce système, l’autorité et le privilège de diriger la congrégation furent délégués à un seul homme (voir I Corinthiens 4:8). Jérôme (qui vécut au quatrième siècle) aurait dit que c’était ‘la coutume plutôt qu’un ordre réel du Seigneur’ qui avait donné la suprématie à un seul surveillant (épiskopos) et que cela était un moyen d’empêcher les divisions. On croyait que l’unité serait mieux sauvegardée si on accordait une grande autorité à un seul homme, afin qu’il puisse, grâce à son pouvoir accru, redresser les contradicteurs (voir I Samuel 8:4-7, 19, 20). Au contraire, l’apôtre Pierre encouragea les anciens ou aînés à faire paître le troupeau qui leur était confié à eux tous, non pas en commandant “en maîtres à ceux qui sont l’héritage de Dieu, mais en devenant des exemples pour le troupeau”, en se soumettant humblement les uns aux autres (I Pierre 5:1-6). L’apôtre Paul montra aussi que c’était en restant “fermement attaché à la parole fidèle pour ce qui est de son art d’enseigner” qu’un surveillant serait “capable d’exhorter par l’enseignement qui est salutaire et de reprendre les contradicteurs”. Les surveillants devaient démontrer qu’ils avaient foi dans le pouvoir de la vérité et de l’esprit saint de Dieu. — Tite 1:7, 9-11, 13 ; voir II Timothée 2:24-26.
7. À la suite de l’apostasie, qu’est-il arrivé aux termes bibliques qui étaient utilisés pour désigner ceux qui assumaient des responsabilités dans les congrégations ? Que s’est-il passé pour le mot grec traduit par “surveillant” ?
7 À la suite de l’apostasie, les termes bibliques utilisés pour désigner les chrétiens qui servaient leurs frères en assumant certaines responsabilités au sein des congrégations, finirent par prendre un sens différent. Le mot grec épiskopos, qui signifie “surveillant”, désignait à l’origine tous les anciens ou aînés, qui avaient pour tâche de veiller aux intérêts de la congrégation ou de surveiller les membres de celle-ci, en se souciant, tels des bergers, de leur état spirituel (Actes 20:28). Cependant, le mot français “évêque” (qui vient du grec épiskopos par l’intermédiaire du latin episcopus) en vint à désigner un ecclésiastique qui dominait avec autorité sur de nombreuses congrégations dans une vaste région. L’évolution de ce terme a atteint son point culminant avec l’établissement de la papauté, quand un seul surveillant, l’évêque de Rome, revendiqua la primauté sur tous les autres surveillants et le droit unique de présider ou de diriger toutes les congrégations.
8. Comment le terme “ministre” a-t-il évolué lui aussi ?
8 Il en alla de même du mot français “ministre”. Le mot latin correspondant fut utilisé pour traduire le grec diakonos. À l’origine, il signifiait donc “serviteur” et désignait, au sens religieux, un des “serviteurs” qui, dans une congrégation, aidaient le collège des anciens. Mais depuis, le mot “ministre” a fini par désigner un ecclésiastique qui détient généralement à lui seul l’autorité administrative absolue sur une congrégation ou église (bien que dans de grandes congrégations il puisse avoir des ‘aides’). Il est donc considéré comme un serviteur (ou ministre) spécial de Dieu. Dans de nombreux pays, on utilise presque exclusivement le mot “ministre” pour désigner des ecclésiastiques protestants, afin de les distinguer des prêtres catholiques (le terme “prêtre” vient lui-même du mot grec présbutéros [aîné] par l’intermédiaire du latin presbyter). Par exemple, en Amérique du Sud, si quelqu’un se présente en tant que “ministre”, on le prend généralement pour un prédicateur protestant, quelqu’un qui enseigne une congrégation du haut d’une chaire dans un temple.
9. Comparez la signification que l’on donne généralement au mot “ministre” à celle qu’il avait dans les premiers siècles de notre ère.
9 Ainsi, un mot qui emportait à l’origine l’idée d’humilité a fini par désigner un personnage qui occupe une position relativement élevée au sein d’une communauté. Dans l’Antiquité, une personne parlant le latin qui se présentait comme minister laissait entendre le plus souvent qu’elle était domestique chez un personnage de haut rang, par exemple maître d’hôtel ou cuisinière. Mais aujourd’hui, le titre de “ministre” sous-entend généralement une distinction ou un prestige considérable selon ce monde et place celui qui le porte au même rang qu’un médecin, un avocat ou un homme qui exerce une profession du même niveau. Voilà qui est très différent du sens que l’on donnait au mot diakonos lorsqu’on citait les paroles de Jésus. Les deux articles précédents nous ont montré que lorsqu’il parlait d’un diakonos (serviteur ou ministre) Jésus entendait un homme du même rang qu’un “esclave” par opposition à celui que l’on jugeait “grand” ou “premier”. (Mat. 20:26-28.) Tout comme pour le mot “évêque” (épiskopos, surveillant), l’usage religieux a obscurci le sens original du mot latin minister dans l’esprit de la majorité des gens.
10. a) Que doivent donc faire les étudiants de la Bible ? b) Quand une traduction de la Bible utilise le mot “ministre” pour le terme grec diakonos, quelle image devons-nous nous faire de celui qui est appelé “ministre” ?
10 Que devons-nous en conclure si nous sommes des étudiants sincères de la Parole de Dieu ? Que chaque fois que nous lirons le mot “ministre” dans une traduction de la Bible, nous devrons adapter notre manière de penser à celle de l’époque de sa rédaction et nous souvenir de la signification originale de ce terme, sans quoi nous ne comprendrons pas les conseils de Jésus ni les déclarations inspirées de ses apôtres et de ses disciples. Plutôt que d’imaginer un homme qui porterait de beaux habits officiels, qui parlerait un langage très recherché ou qui serait exceptionnellement doué pour diriger, nous nous ferons une image beaucoup plus exacte d’un diakonos ou ministre (au sens original du terme latin) en pensant à un serviteur de Dieu très modeste qui marcherait sur un chemin poussiéreux écrasé de soleil ou qui servirait, revêtu d’un tablier, d’autres personnes étendues autour d’une table. — Voir II Corinthiens 10:10 ; I Corinthiens 2:1-5 ; Luc 17:8.
11, 12. a) Dans quelle mesure le mot “ministre” est-il employé dans les différentes langues ? b) Comment l’édition allemande du livre Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins montre-t-elle bien les problèmes que peut susciter la traduction de ce terme ?
11 Signalons aussi que beaucoup de langues, voire la plupart, n’ont pas de mot qui corresponde à notre terme “ministre” dans son sens religieux. Des langues latines comme l’italien, le français, l’espagnol et le portugais en ont un. Mais l’allemand, le néerlandais, les langues scandinaves (norvégien, suédois et danois), les langues slaves (polonais, russe, etc.) et d’autres langues d’Asie ou d’ailleurs n’ont pas de mot pour traduire “ministre”. Par exemple, en Allemagne, un ecclésiastique ordonné est appelé “serviteur religieux”.
12 Pour illustrer notre propos, voyons le livre Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins. À la page 223, il est dit que “tous les témoins de Jéhovah qui ont coutume d’enseigner et de prêcher régulièrement l’évangile sont des ministres”. Dans l’édition allemande, on lit que les témoins sont “des prédicateurs, c’est-à-dire des ecclésiastiques”, et le mot anglais “ministers” est ajouté entre crochets (Prediger bzw. Geistliche [ministers]). À la même page, ce livre cite un mémoire du service de recrutement des États-Unis dans lequel on trouve les mots “ministres de la religion”. L’édition allemande utilise là encore le terme correspondant à “prédicateurs” suivi du mot allemand pour “ecclésiastiques” entre crochets (“Prediger [Geistliche]”).
13, 14. a) Quand la Traduction de monde nouveau a été traduite dans des langues non influencées par le latin, comment les mots anglais pour “ministre” et “ministère” ont-ils été traduits ? b) Quelles expressions a-t-il fallu utiliser dans certaines langues pour traduire “serviteurs ministériels” ?
13 De même, quand la Traduction du monde nouveau fut traduite en des langues comme le danois, l’allemand, le néerlandais et le japonais, chaque fois qu’apparaissaient les mots anglais “minister” [ministre] et “ministry” [ministère] ainsi que le verbe correspondant, les traducteurs ont dû les traduire par des mots qui correspondent au français “serviteur”, “service” et “servir”.
14 Par exemple, le mot diakonos a été traduit en japonais par un mot composé ho-shi-ta (“personne qui sert humblement”). L’expression “ministerial servants” [serviteurs ministériels], que l’on trouve dans la Traduction du monde nouveau en anglais, a été rendue en danois par un mot qui signifie “serviteurs de congrégation”, en suédois par l’expression “serviteurs auxiliaires” et en allemand par le terme Dienstamtgehilfe, qui signifie littéralement “auxiliaires préposés à un service”.
15, 16. a) Sans vouloir ergoter sur des mots, à quoi doivent néanmoins veiller les chrétiens quant à l’usage des termes bibliques ? b) Comment y veilleront-ils dans leur prédication de la bonne nouvelle aux gens de toutes les nations ?
15 Les mots ne sont que des véhicules qui servent à transmettre des idées de l’esprit d’une personne à celui d’une autre. Ce qui importe, c’est que l’idée exacte soit transmise. L’unité de pensée est particulièrement vitale parmi les chrétiens. Inspiré par Dieu, l’apôtre Paul écrivit en effet : “Je vous exhorte (...) à parler tous en parfait accord, et à ce qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais que vous soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée.” — I Cor. 1:10.
16 C’est une raison supplémentaire pour ne pas oublier, lorsque nous le lisons ou l’utilisons, que le mot biblique “ministre”, qui traduit le grec diakonos, emporte l’idée d’un serviteur humble plutôt que celle, très courante aujourd’hui, d’un prédicateur religieux. Comme nous faisons partie d’une congrégation universelle, nous ne chercherons pas à formuler nos idées sur le christianisme et ses exigences en nous servant d’un mot quel qu’il soit, surtout si celui-ci est propre à certaines langues et n’existe pas dans d’autres. Nous nous efforcerons toujours d’utiliser des termes compréhensibles qui expriment la pensée exacte. Dans la mesure où cela est possible et où la traduction le permet, ces mots devraient être facilement compris par les gens de toutes sortes, où qu’ils vivent et quelle que soit leur langue. L’apôtre Paul déclara en effet : “De même aussi, si vous n’émettez pas au moyen de la langue des paroles intelligibles, comment saura-t-on ce qui est exprimé ? Oui, vous parlerez en l’air.” — I Cor. 14:9.
QUAND CONVIENT-IL DE PARLER D’“ORDINATION”
17. Comment définit-on le verbe “ordonner” ?
17 Voici une définition du verbe “ordonner” : “Investir de fonctions sacerdotales ou ministérielles ; établir dans les fonctions du ministère chrétien par l’imposition des mains ou d’autre manière : mettre à part par une cérémonie d’ordination.” — Webster’s Third New International Dictionary.
18, 19. a) En quel sens peut-on dire que tous les vrais disciples de Jésus Christ sont des “ministres” ? b) Tous les serviteurs de Dieu qui sont baptisés ont-ils été “établis” à un certain service dans une congrégation ?
18 Tous ceux qui deviennent de véritables disciples de Jésus Christ deviennent des “serviteurs” de Dieu. Ils peuvent être également appelés “ministres” puisque le terme latin, d’où vient ce mot, avait aussi le sens de “serviteurs”. Cependant, comme nous l’avons vu, la Bible indique nettement que certains d’entre eux sont des “serviteurs” au sens de serviteurs établis, car ils sont établis dans la congrégation pour effectuer un service particulier. C’est le cas des aînés et des serviteurs ministériels. — Tite 1:5 ; I Tim. 3:1-13.
19 Ces chrétiens ne sont pas établis par leur baptême. L’apôtre Paul ne faisait pas allusion au baptême quand il écrivit à Timothée de ‘n’imposer hâtivement les mains à personne’. Il pensait plutôt à l’action d’établir un homme pour un service dans la congrégation et de lui confier les responsabilités qui en découlent (I Tim. 5:22 ; voir I Timothée 3:1-15). Paul lui-même et Barnabas ont été ‘mis à part’ par l’esprit saint pour une œuvre particulière. Reconnaissant cela, les membres du collège des aînés d’Antioche “posèrent les mains sur eux”. — Actes 13:1-5 ; voir Actes 6:1-6 où il est question des apôtres qui ‘préposent’ ‘sept hommes ayant un bon témoignage’ à un service particulier.
20, 21. Comment les exemples de Paul, de Timothée et d’Archippe montrent-ils que certains membres de la congrégation sont des “serviteurs” ou “ministres” établis ?
20 Par conséquent, tous les vrais chrétiens (frères ou sœurs) sont des “serviteurs”, mais seulement quelques-uns d’entre eux sont établis pour effectuer un service particulier dans la congrégation. Toutefois, cela ne signifie pas que les frères et les sœurs qui ne sont pas établis pour un tel service constituent une classe de laïcs. Quand l’apôtre Paul déclara : “Je ne fais aucun cas de ma vie, pourvu que j’achève ma course et la charge [diakonia ; le service, TOB ; le ministère, MN] que j’ai reçue du Seigneur Jésus d’attester l’évangile”, il faisait de toute évidence allusion au service spécial que Jésus lui avait confié : ‘porter son nom ‘devant les nations’ ou les Gentils (Actes 20:24 ; 9:15 ; Grosjean & Léturmy ; voir Actes 21:19 ; I Timothée 1:12 ; Colossiens 1:25). Dans Romains 11:13, Paul écrivit : “Étant donné que moi je suis vraiment apôtre des nations, je glorifie mon ministère [diakonia ; mon service, Grosjean & Léturmy].” — Voir Actes 1:15-17, 20-25.
21 Pareillement, quand Paul écrivit à Timothée d’‘accomplir tous les devoirs de son appel [remplis pleinement ton ministère (diakonia), MN]’, il pensait au service spécial que Timothée s’était vu confier à Éphèse. Il avait été laissé dans cette ville pour résoudre certains problèmes dans la congrégation (II Tim. 4:5, NE ; I Tim. 1:3, 4). Dans Colossiens 4:17, Paul fit dire à Archippe : “Continue à veiller au ministère [diakonia ; service, Grosjean & Léturmy] que tu as accepté dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses.” Tous les disciples de Colosses étaient des serviteurs de Dieu. Cependant, Archippe avait de toute évidence reçu un service spécial, le collège des aînés ayant sans doute posé les mains sur lui.
LES SERVITEURS “ORDONNÉS” DES CONGRÉGATIONS
22. Conformément aux précédents bibliques établis par Jésus Christ et ses apôtres, de quels chrétiens peut-on dire qu’ils sont des “ministres ordonnés” ?
22 Que constatons-nous ? Que bien qu’il y ait eu de nombreux disciples, Jésus en sélectionna douze qu’il “choisit” et ‘établit’ comme apôtres (Marc 3:14, 15 ; Luc 6:12, 13 ; Jean 15:16). Que Paul et Barnabas ont été spécialement choisis d’entre les disciples d’Antioche et ‘établis’ pour porter la bonne nouvelle aux nations (Actes 13:47). Que Paul déclara aux aînés d’Éphèse qu’ils avaient été “établis” par l’esprit saint pour servir le reste de la congrégation (Actes 20:17, 28). Tous ces chrétiens ont été établis, non pas au moment de leur baptême, mais quelque temps après. De même, aujourd’hui, dans les congrégations du peuple de Dieu, des hommes (généralement baptisés depuis quelque temps) sont établis pour servir leurs compagnons à une certaine fonction. On peut donc dire que ces chrétiens qui ont été établis pour un service particulier au sein des congrégations ont été “ordonnés” au sens où on l’entend aujourd’huib.
23, 24. a) Dans quel sens les autorités emploient-elles généralement l’expression “ministre ordonné”, et comment devrions-nous répondre si l’on nous questionnait à ce propos ? b) Serait-il raisonnable de parler des gens du territoire où nous donnons le témoignage comme de notre “congrégation” et de leur porte comme de la “chaire” d’où nous prêchons ?
23 Eu égard à tout ce qui précède, que fera un tel chrétien si un jour un fonctionnaire l’interroge sur sa profession ou son activité ? Pour cet homme, un “ministre ordonné” est quelqu’un qui est chargé de s’occuper des choses spirituelles d’une congrégation ou église, qui sert comme “pasteur”, “prêtre” ou berger dans cette congrégation. Les dictionnaires définissent souvent un “ministre” au sens religieux comme “celui qui a la charge du culte divin”. Quand un employé du gouvernement utilise le mot “ministre”, il n’a pas présent à l’esprit le service qu’effectuent tous les chrétiens, hommes et femmes, pour faire connaître la bonne nouvelle à leurs semblables. Si quelqu’un nous interroge à ce sujet, nous répondrons donc raisonnablement en considérant ce que cette personne désire savoir, plutôt que de chercher à imposer notre propre définition de l’expression “ministre ordonné”.
24 Ainsi, une telle personne ne s’attend pas à ce qu’un prédicateur qui va de maison en maison lui dise que la “congrégation” qu’il sert est constituée par les familles du territoire dans lequel il donne le témoignage, étant donné que les habitants de ce quartier ne le reconnaissent pas comme leur “ministre” et appartiennent à d’autres religions. De même, un fonctionnaire qui nous interrogerait à ce sujet nous comprendrait-il si dans notre réponse nous lui laissions entendre que la porte des maisons où prêchent les proclamateurs de la bonne nouvelle est en quelque sorte leur “chaire”, même s’ils y donnent ce qu’ils appellent des “sermons” de trois ou cinq minutes ? Par “chaire”, on entend généralement une tribune dans un édifice où l’on invite des gens à venir écouter un prédicateur.
25. Si un chrétien a été établi à un service dans la congrégation, quelle date peut-il donner comme celle de son “ordination” ?
25 Évidemment, si un chrétien a été effectivement établi pour un service particulier par des hommes dûment autorisés à le faire, il peut répondre qu’il est “ministre ordonné” et donner comme date de son “ordination”, non pas celle de son baptême, mais celle où le collège chrétien qui l’a établi a effectivement ‘posé les mains sur lui’ en le nommant à ce service.
26. Tous les premiers chrétiens avaient-ils été établis (ou “ordonnés”) à un service particulier, et cela a-t-il nui à leur unité ?
26 Dans la congrégation chrétienne primitive, tous les croyants baptisés étaient “oints” de l’esprit saint, car ils avaient reçu l’appel céleste. Toutefois, tous n’étaient pas apôtres, prophètes, enseignants, aînés ou serviteurs ministériels. Tous n’avaient donc pas été établis pour un service particulier après leur baptême. Néanmoins, ils servaient tous ensemble, comme un corps dont les nombreux membres coopèrent et ont “une sollicitude égale les uns pour les autres”, ce qu’explique l’apôtre Paul dans I Corinthiens 12:12-30.
27. Quelle bonne attitude devons-nous donc tous adopter à propos de notre service pour Dieu et pour notre prochain ?
27 Par conséquent, que nous ayons été établis ou non pour un service particulier, avec les responsabilités qui en découlent, selon que nous avons ou non les qualités requises pour cela, nous voudrons tous servir dans l’unité, afin d’accomplir la volonté de Dieu pour notre époque. Nous avons tous le privilège de faire connaître la vérité à notre prochain. Montrons donc que nous en apprécions la grande valeur en prêchant avec zèle la bonne nouvelle qui a éclairé notre vie et qui nous a donné l’espérance.
[Notes]
a Le New Bible Dictionary de Douglas (p. 158) laisse entendre que “le gouvernement monarchique par les évêques [ou surveillants] est apparu dans les congrégations quand certains individus doués se sont vu attribuer à titre permanent la présidence du collège des épiscopes-presbytres [surveillants-aînés]”.
Dans une note sur Tite 1:5, la Bible de Jérusalem en anglais dit aussi que “dans les premiers jours chaque communauté chrétienne était gouvernée par un collège d’aînés” et elle parle de “la transformation d’une assemblée locale gouvernée par un collège (...) en une assemblée gouvernée par un seul évêque [surveillant]”.
b Dans Actes 14:23, où il est question de l’activité de Paul et de Barnabas dans des villes d’Asie Mineure nous lisons qu’ils “établirent des aînés dans [chaque] congrégation”. Dans l’Authorized Version, le terme “établirent” est remplacé par “ordonnèrent”.