PÉCHÉ
Le terme hébreu traduit par péché est ḥattaʼth, et le terme grec hamartia. Dans les deux langues, les formes verbales (héb. ḥattaʼ; gr. hamartano) signifient “manquer”, dans le sens de manquer ou de ne pas atteindre le but, la voie, la cible ou l’objectif fixés. En Juges 20:16, le verbe ḥattaʼ est utilisé (à la forme négative) pour parler des Benjaminites qui ‘lançaient des pierres avec la fronde à un cheveu près et ne manquaient pas’. Les écrivains grecs utilisaient souvent hamartano quand ils parlaient d’un homme qui jetait la lance et manquait sa cible.
Ces deux mots n’étaient pas utilisés seulement dans le sens de manquer ou de ne pas atteindre des objectifs matériels (Job 5:24), mais aussi en rapport avec des buts moraux ou intellectuels. Proverbes 8:35, 36 dit que celui qui trouve la sagesse divine trouve la vie, mais que ‘celui qui manque [héb. ḥattaʼ] la sagesse fait violence à son âme’ et se dirige vers la mort. Dans les Écritures, en hébreu comme en grec, ces termes font essentiellement référence au fait de pécher, de manquer le but que Dieu a fixé à ses créatures intelligentes.
Le “péché” (ḥattaʼth; hamartia) dans les Écritures désigne fondamentalement tout ce qui n’est pas en harmonie avec, ou qui est contraire à, la personnalité de Dieu, ses critères, ses voies et sa volonté, tout ce qui peut compromettre les relations d’un individu avec Dieu. Il peut s’agir de paroles (Job 2:10; Ps. 39:1), d’actions (de faire ce qui est mal [Lév. 20:20; II Cor. 12:21] ou de ne pas faire ce qui devrait être fait [Nomb. 9:13; Jacq. 4:17]), d’un état d’esprit ou d’une attitude de cœur (Prov. 21:4; voir aussi Romains 3:9-18; II Pierre 2:12-15). Le péché empêche donc l’homme de refléter parfaitement l’image et la gloire de Dieu; il l’empêche d’être saint et le rend donc impur, terni aux sens moral et spirituel (voir Ésaïe 6:5-7; Psaume 51:1, 2; Ézéchiel 37:23; voir SAINTETÉ). Le manque de foi en Dieu est un péché grave, car il révèle de la méfiance envers lui ou un manque de confiance en son pouvoir (Héb. 3:12, 13, 18, 19). Pour illustrer cela, il suffit de considérer l’utilisation des termes originaux et des exemples qui y sont liés.
L’APPARITION DU PÉCHÉ
Avant de faire son apparition sur terre, le péché est d’abord apparu dans le domaine spirituel. Depuis des temps indéterminés, l’harmonie totale avec Dieu régnait dans l’univers. Cette harmonie fut rompue par une créature spirituelle appelée simplement Opposant, Adversaire (héb. Satan; gr. Satanas; Job 1:6; Rom. 16:20), le principal faux Accusateur ou Calomniateur (gr. diabolos) de Dieu (Héb. 2:14; Rév. 12:9). C’est pourquoi l’apôtre Jean déclare: “Celui qui pratique le péché est issu du Diable, parce que le Diable pèche depuis le commencement.” — I Jean 3:8.
Quand il parle de “commencement”, Jean veut bien sûr parler du commencement de la carrière d’opposant de Satan (de même qu’en I Jean 2:7; 3:11 le mot “commencement” désigne le début de l’activité des chrétiens en tant que disciples). Les paroles de Jean montrent que, après avoir introduit le péché dans l’univers, Satan a persisté dans sa voie de pécheur. Ainsi, toute personne qui “fait du péché une pratique ou une habitude” (The Expositor’s Greek Testament, vol. V, p. 185) se révèle être un ‘enfant’ de l’Adversaire, un membre de sa postérité spirituelle qui reflète les traits de caractère de son “père”. — Jean 8:44; I Jean 3:10-12.
Puisque le fait de cultiver un mauvais désir au point qu’il devienne fécond ‘donne naissance au péché’ (Jacq. 1:14, 15), la créature spirituelle qui est devenue un opposant avait déjà commencé à dévier de la voie de la justice; elle s’était déjà détachée de Dieu avant de manifester réellement son péché.
Rébellion en Éden
La volonté de Dieu telle qu’il la fit connaître à Adam et à sa femme était essentiellement positive; elle indiquait les choses qu’ils devaient faire (Gen. 1:26-29; 2:15). Un seul commandement négatif fut donné à Adam, celui qui leur interdisait de manger (ou de toucher) le fruit de l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais (Gen. 2:16, 17; 3:2, 3). L’épreuve que Dieu imposa à Adam pour juger de son obéissance et de son attachement est remarquable en ce qu’elle respectait la dignité de l’homme. Par cette épreuve, Dieu n’attribua rien de mauvais à Adam; elle ne consistait pas à lui interdire la bestialité, par exemple, ni le meurtre, ni quelque action vile de ce genre, comme s’il pensait que l’homme pourrait avoir des penchants méprisables. Manger était une chose normale, convenable, et Dieu avait dit à Adam de “manger à satiété” ce qu’il lui donnait (Gen. 2:16). Mais si Dieu interdit à Adam de manger du fruit d’un arbre en particulier, c’est qu’il voulait que ce fruit symbolise pour celui qui en mangerait l’acquisition d’une connaissance qui lui permettrait de décider lui-même de ce qui est “bon” ou “mauvais” pour l’homme. Ainsi, Dieu n’imposa pas à Adam un lourd fardeau et ne lui attribua non plus rien qui puisse bafouer sa dignité de fils humain de Dieu.
La femme fut le premier humain à pécher. L’adversaire de Dieu, qui utilisa un serpent comme intermédiaire, ne la tenta pas en jouant ouvertement sur un désir immoral et sensuel. Il fit plutôt appel au désir d’une prétendue liberté ou élévation intellectuelle. Après avoir fait d’abord répéter à Ève la loi de Dieu, qu’elle avait bien sûr reçue de son mari, le tentateur contesta la véracité et la bonté de Dieu. Il affirma que celui qui mangerait du fruit de l’arbre en question ne mourrait pas, mais serait éclairé et aurait, comme Dieu, la capacité de déterminer lui-même si une chose était bonne ou mauvaise. Cette déclaration révèle que le tentateur était alors, dans son cœur, très éloigné de son Créateur, car ses paroles constituaient une opposition ouverte contre Dieu et une calomnie sous-entendue. Il n’accusa pas Dieu d’avoir inconsciemment commis une erreur, mais d’avoir délibérément présenté les choses sous un faux jour puisqu’il dit: “Car Dieu sait...” On comprend bien la gravité du péché et la nature détestable d’un tel abandon quand on voit à quels moyens ce fils spirituel était prêt à recourir pour parvenir à ses fins. Il n’a pas hésité à user de tromperie et à mentir, à devenir un criminel poussé par l’ambition, sachant très bien quelles conséquences mortelles résulteraient de ses suggestions. — Jean 8:44.
Comme le rapporte le récit, un mauvais désir commença à agir chez Ève. Au lieu d’exprimer un complet dégoût et une juste indignation en entendant le serpent mettre en doute la justice de la loi de Dieu, elle en vint à regarder l’arbre comme quelque chose de désirable. Elle se mit à convoiter ce qui appartenait de droit à Jéhovah Dieu, le Souverain, à savoir la capacité et la prérogative de déterminer ce qui est bon ou mauvais pour ses créatures. Elle commençait donc à se conformer aux voies, aux critères et à la volonté de l’adversaire, ce qui revenait à s’opposer à son Créateur et à son chef nommé par Dieu, son mari (I Cor. 11:3). Elle mit sa confiance dans les paroles du tentateur et se laissa séduire; elle mangea alors du fruit, dévoilant ainsi le péché qui avait pris naissance dans son cœur et dans son esprit. — Gen. 3:6; II Cor. 11:3; voir Jacques 1:14, 15; Matthieu 5:27, 28.
Plus tard, Adam prit du fruit que sa femme lui présenta. L’apôtre Paul montre que le péché de l’homme était différent de celui de sa femme, car Adam n’a pas été trompé par la propagande du tentateur et n’a donc pas cru qu’il pouvait manger du fruit en toute impunité (I Tim. 2:14). Le péché d’Adam a par conséquent dû être motivé par son désir envers sa femme, et il a ‘écouté sa voix’ plutôt que celle de son Dieu (Gen. 3:6, 17). Il s’est conformé aux voies et à la volonté de sa femme et, par là même, à celles de l’adversaire de Dieu. Il a donc “manqué le but”; il n’a pas agi à l’image et à la ressemblance de Dieu; il n’a pas reflété la gloire de Dieu et, en fait, il a fait injure à son Père céleste.
LES CONSÉQUENCES DU PÉCHÉ
Le péché a rompu l’harmonie qui existait entre l’homme et son Créateur. Il a nui non seulement aux relations de l’homme avec Dieu, mais aussi à ses relations avec le reste de la création de Dieu, et même à l’homme lui-même, à son esprit, à son cœur et à son corps. Le péché a entraîné des conséquences désastreuses pour la race humaine.
La conduite du premier couple humain a immédiatement révélé cette discordance. Le fait qu’Adam et Ève ont couvert certaines parties du corps que leur avait donné Jéhovah et qu’ils ont essayé de se cacher montrait bien que leur esprit et leur cœur étaient désormais éloignés de Dieu (Gen. 3:7, 8). Le péché a engendré chez eux un sentiment de culpabilité, l’anxiété, l’insécurité et la honte. Cela illustre bien ce qu’a dit l’apôtre en Romains 2:15, savoir que la loi de Dieu était ‘écrite dans le cœur de l’homme’; la violation de la loi a donc produit un bouleversement interne chez l’homme, car sa conscience l’a accusé d’avoir mal agi. L’homme était en quelque sorte doté d’un “détecteur de mensonge” qui l’empêchait de cacher son état de pécheur à son Créateur. Devant l’excuse que l’homme fournit pour expliquer son changement d’attitude envers son Père céleste, Dieu demanda aussitôt: “As-tu mangé de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger?” — Gen. 3:9-11.
Pour être fidèle à lui-même, et pour le bien du reste de sa famille universelle, Jéhovah Dieu ne pouvait pas approuver une telle conduite de la part de ses créatures humaines pas plus que de son fils spirituel qui était devenu rebelle. Pour préserver sa sainteté, et en toute justice, il leur imposa à tous la peine de mort. Puis le couple humain fut chassé du jardin de Dieu, en Éden, afin que l’accès à l’autre arbre, que Dieu avait appelé “l’arbre de vie”, lui soit impossible. — Gen. 3:14-24.
Les conséquences sur l’humanité en général
Romains 5:12 déclare que “par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes parce que tous avaient péché”. (Voir I Jean 1:8-10.) L’apôtre Paul poursuit en disant que “la mort a régné d’Adam à Moïse même sur ceux qui n’avaient pas péché selon la ressemblance de la transgression d’Adam”. (Rom. 5:14.) C’est à juste titre que le péché d’Adam est appelé “transgression”, car Adam a “passé outre” à une loi bien définie, à un commandement formel de Dieu. De plus, étant parfait, Adam a péché de son plein gré, en pleine possession de ses moyens, état que ses descendants n’ont évidemment jamais connu. Tout cela va à l’encontre du point de vue selon lequel ‘quand Adam a péché, tous ses descendants, bien qu’ils ne fussent pas encore nés, ont péché avec lui’. Pour que tous ses descendants puissent être tenus coupables d’avoir participé au péché d’Adam, il aurait fallu qu’ils aient exprimé d’une façon ou d’une autre leur volonté d’avoir Adam pour chef de famille. Or, aucun d’entre eux n’a en réalité choisi de naître d’Adam, leur naissance dans sa lignée n’étant que le résultat de la volonté charnelle de leurs parents (Jean 1:13). Il est donc clair que le péché d’Adam a été transmis de génération en génération par la loi de l’hérédité aujourd’hui démontrée. — Ps. 51:5.
Paul aboutit également à cette conclusion quand il dit: “De même (...) que par suite de la désobéissance d’un seul homme [Adam] beaucoup ont été constitués pécheurs, pareillement aussi par suite de l’obéissance d’un seul [Christ Jésus] beaucoup seront constitués justes.” (Rom. 5:19). Le nombre complet de ceux qui sont “constitués justes” grâce à l’obéissance du Christ n’ont pas été constitués tels immédiatement après que ce dernier eut présenté son sacrifice rédempteur à Dieu, mais c’est progressivement qu’ils en viennent à bénéficier des bienfaits de son sacrifice à mesure qu’ils exercent la foi dans cette disposition et se réconcilient avec Dieu (Jean 3:36; Actes 3:19). De même, les membres des générations successives issues d’Adam ont été constitués pécheurs au fur et à mesure qu’ils ont été conçus par des parents qui étaient nés eux-mêmes pécheurs dans la descendance d’Adam.
Le pouvoir et le salaire du péché
“Le salaire que paie le péché, c’est la mort” (Rom. 6:23); étant tous nés dans la descendance d’Adam, tous les hommes sont nés sous “la loi du péché et de la mort”. (Rom. 8:2; I Cor. 15:21, 22.) Le péché et la mort ont “régné” sur les humains, les réduisant à l’esclavage auquel Adam les avait voués (Rom. 5:17, 21; 6:6, 17; 7:14; Jean 8:34). Ces déclarations montrent que le péché ne consiste pas seulement à commettre (ou à ne pas accomplir) certaines actions, mais qu’il s’agit aussi d’une loi, d’un principe ou d’une force qui agit dans l’homme, c’est-à-dire l’inclination innée à faire ce qui est mauvais, inclination héritée d’Adam. L’héritage d’Adam a donc produit chez les humains ‘la faiblesse de la chair’, l’imperfection (Rom. 6:19). La “loi” du péché agit continuellement dans leurs membres charnels et essaie en quelque sorte de diriger leur conduite, de les soumettre à ses objectifs, lesquels ne rejoignent jamais le bon objectif: l’harmonie avec Dieu. — Rom. 7:15, 17, 18, 20-23; Éph. 2:1-3.
La maladie, la douleur et la vieillesse
Puisque chez les humains la mort est souvent liée à la maladie ou au vieillissement, il s’ensuit que ces phénomènes sont concomitants du péché. Sous l’alliance de la loi mosaïque conclue avec Israël, les sacrifices pour les péchés comprenaient des sacrifices de propitiation pour ceux qui avaient été atteints de lèpre (Lév. 14:2, 19). Ceux qui touchaient un cadavre humain ou pénétraient dans une tente où quelqu’un était mort devenaient impurs et devaient se soumettre à un rite de purification (Nomb. 19:11-19; voir Nombres 31:19, 20). Jésus a, lui aussi, associé la maladie au péché (Mat. 9:2-7; Jean 5:5-15); toutefois, il a également montré que si quelqu’un était affligé par une maladie ou une infirmité, ce n’était pas forcément à cause d’un péché en particulier (Jean 9:2, 3). D’autres textes soulignent les effets bénéfiques d’une conduite juste (opposée au péché) sur la santé d’une personne (Prov. 3:7, 8; 4:20-22; 14:30). Sous la domination du Royaume de Christ, l’élimination de la mort, qui règne avec le péché (Rom. 5:21), s’accompagne de la fin de la douleur. — I Cor. 15:25, 26; Rév. 21:4.
LE PÉCHÉ ET LA LOI
L’apôtre Jean écrit que “quiconque pratique le péché pratique aussi le mépris de la loi, et le péché est donc le mépris de la loi” (I Jean 3:4); il ajoute que “toute injustice est péché”. (I Jean 5:17.) Par contre, l’apôtre Paul parle de “ceux qui ont péché sans loi”. Il dit encore: “Jusqu’à la Loi [donnée par Moïse] le péché était dans le monde, mais le péché n’est porté au compte de personne quand il n’y a pas de loi. Cependant la mort a régné d’Adam à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché selon la ressemblance de la transgression d’Adam.” (Rom. 2:12; 5:13, 14). Les paroles de Paul doivent être prises dans leur contexte; dans les chapitres précédents de sa lettre aux Romains, on voit qu’il compare ceux qui étaient sous l’alliance de la Loi avec ceux qui étaient en dehors de cette alliance (et qui n’étaient donc pas soumis à son code de lois), démontrant que les individus appartenant aux deux classes étaient pécheurs. — Rom. 3:9.
Au cours des plus de 2 500 ans qui se sont écoulés entre la faute d’Adam et la ratification de l’alliance de la Loi (en 1513 av. n. è.), Dieu n’a pas donné à l’humanité un code complet ni des lois systématiques qui définissaient exactement le péché sous toutes ses formes et ramifications. Il avait bien promulgué certains décrets, comme ceux qu’il a transmis à Noé après le déluge universel (Gen. 9:1-7), et l’alliance de la circoncision qu’il a conclue avec Abraham et sa maisonnée (y compris ses esclaves étrangers) (Gen. 17:9-14). Mais à propos d’Israël, le psalmiste pouvait déclarer que Dieu “révèle sa parole à Jacob, ses prescriptions et ses décisions judiciaires à Israël. Il n’a fait ainsi pour aucune autre nation; et pour ce qui est de ces décisions judiciaires, elles ne les ont pas connues”. (Ps. 147:19, 20; voir Exode 19:5, 6; Deutéronome 4:8; 7:6, 11.) On pouvait dire de l’alliance de la Loi donnée à Israël que “l’homme qui a pratiqué la justice de la Loi vivra par elle”, car l’attachement et l’obéissance parfaits à la Loi n’étaient possibles qu’à un homme exempt de péché, comme ce fut le cas de Jésus Christ (Rom. 10:5; Mat. 5:17; Jean 8:46; Héb. 4:15; 7:26; I Pierre 2:22). Cela n’a été vrai pour aucune autre loi donnée durant la période allant d’Adam à l’alliance de la Loi.
‘Ils pratiquent naturellement les choses de la loi’
Cela ne veut pas dire que les hommes qui ont vécu entre Adam et Moïse étaient exempts de péché, simplement parce qu’il n’y avait pas de code de lois détaillé pour jauger leur conduite. En Romains 2:14, 15, Paul déclare: “En effet, quand les gens des nations qui n’ont pas de loi pratiquent naturellement les choses de la loi, ces gens, bien que n’ayant pas de loi, sont pour eux-mêmes une loi. Ce sont eux précisément qui montrent que la substance de la loi est écrite dans leur cœur, tandis que leur conscience rend en même temps témoignage et qu’ils sont, entre leurs propres pensées, accusés ou aussi excusés.” Ayant été créé à l’origine à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme a une nature morale d’où vient sa conscience. Même imparfaits, les humains pécheurs gardent, dans une certaine mesure, cette nature morale, comme l’indiquent les paroles de Paul (voir CONSCIENCE). Puisqu’une loi est fondamentalement une “règle de conduite”, cette nature morale agit dans leur cœur comme une loi. Cependant, ils ont hérité d’une autre loi, qui s’oppose à la loi de leur nature morale; il s’agit de la “loi du péché”, qui lutte contre leurs bonnes tendances et qui rend esclaves ceux qui ne résistent pas à son emprise. — Rom. 6:12; 7:22, 23.
On voit même cette nature morale et la conscience qui lui est associée dans le cas de Caïn; en effet, bien que Dieu n’ait donné aucune loi contre l’homicide, après avoir tué Abel, Caïn a montré par ses réponses évasives aux questions posées par Dieu que sa conscience le condamnait (Gen. 4:8, 9). Joseph, l’Hébreu, a prouvé que ‘la loi de Dieu était dans son cœur’ quand il a répondu à la femme de Potiphar qui essayait de le séduire: “Comment donc pourrais-je commettre ce grand mal et pécher bel et bien contre Dieu?” Quoique Dieu n’ait pas expressément condamné l’adultère, Joseph savait que c’était une chose mauvaise qui allait à l’encontre de la volonté de Dieu envers les humains, telle qu’il l’avait exprimée en Éden. — Gen. 39:7-9; voir Genèse 2:24.
Ainsi, pendant toute la période des patriarches depuis Abraham jusqu’aux douze fils de Jacob, les Écritures montrent que des hommes de nombreuses races et nations parlaient de “péché” (ḥattaʼth). Il pouvait s’agir de péchés contre un employeur (Gen. 31:36), contre un chef ou monarque (Gen. 40:1; 41:9), contre un parent (Gen. 42:22; 43:9; 50:17) ou simplement contre toute autre personne (Gen. 20:9). Dans tous les cas, celui qui utilisait ce terme reconnaissait qu’il entretenait certaines relations avec la personne contre laquelle le péché avait été (ou pouvait être) commis et qu’il avait, par conséquent, la responsabilité de respecter et de ne pas contrarier les intérêts de cette personne (ou encore sa volonté et son autorité, dans le cas d’un souverain par exemple). Ces hommes montraient donc qu’ils avaient une nature morale. Toutefois, plus le temps a passé, plus forte s’est faite l’emprise du péché sur ceux qui ne servaient pas Dieu, de sorte que Paul a pu dire des gens des nations qu’ils étaient “mentalement dans les ténèbres et éloignés de la vie qui appartient à Dieu (...) ayant perdu tout sens moral”. — Éph. 4:17-19.
En quel sens la Loi a-t-elle fait “abonder” le péché?
Si, grâce à sa conscience, l’homme pouvait avoir un certain sens naturel du bon et du mauvais, Dieu a clairement identifié le péché et ses multiples formes en concluant avec Israël l’alliance de la Loi. La bouche de l’un quelconque des descendants des amis de Dieu que furent Abraham, Isaac et Jacob qui prétendrait revendiquer son innocence était de ce fait ‘fermée et, devant Dieu, le monde [devenait] passible de jugement’. Il en était ainsi parce que la chair imparfaite que les Israélites avaient héritée d’Adam les empêchait d’être déclarés justes devant Dieu par les œuvres de la Loi, “car la connaissance exacte du péché vient par la loi”. (Rom. 3:19, 20; Gal. 2:16.) La Loi définissait clairement tous les types de péché, et la faute “abondait” effectivement puisqu’un très grand nombre d’actions et même d’attitudes étaient désormais identifiées comme étant des péchés (Rom. 5:20; 7:7, 8; Gal. 3:19; voir Psaume 40:12). Les sacrifices servaient à rappeler continuellement à ceux qui étaient sous la Loi leur état de pécheur (Héb. 10:1-4, 11). C’est ainsi que la Loi jouait le rôle d’un tuteur pour les mener à Christ, afin qu’ils soient “déclarés justes en raison de la foi”. — Gal. 3:22-25.
FAUTES, TRANSGRESSIONS ET FAUX PAS
Les Écritures établissent souvent un lien entre la “faute” (héb. ʽawon [“iniquité”, Da]), la “transgression” (héb. pèshaʽ; gr. parabasis), le “faux pas” (gr. paraptoma) ou d’autres termes semblables, et le “péché” (héb. ḥattaʼth; gr. hamartia). Tous ces termes apparentés présentent des aspects différents du péché et des diverses formes qu’il peut prendre.
Fautes, erreurs et sottise
Ainsi, le terme ʽawon désigne fondamentalement une faute, un acte pervers ou mauvais. Il désigne une “iniquité”, ‘un acte inégal (inique) et déséquilibré’, donc opposé à ce qui est juste et convenable. Ce terme hébreu a trait à une faute morale, à une injustice, à une déformation de ce qui est bon (Job 10:6, 14, 15). Ceux qui ne se soumettent pas à la volonté de Dieu ne sont évidemment pas guidés par sa sagesse et par sa justice parfaites, et il est donc inévitable qu’ils commettent des fautes (voir Ésaïe 59:1-3; Jérémie 14:10; Philippiens 2:15). À cause du péché, l’homme est ‘déséquilibré’, ‘désaxé’ et fait dévier ce qui est droit (Job 33:27; Hab. 1:4), et c’est sans doute pour cela que ʽawon est le terme hébreu le plus souvent associé ou mis en parallèle avec ḥattaʼth (“pécher”, “manquer le but”) (Ex. 34:9; Deut. 19:15; Néh. 4:5; Ps. 32:5; 85:2; És. 27:9). Un tel déséquilibre engendre la confusion et le désordre chez l’homme et des difficultés dans ses relations avec Dieu et avec le reste de la création divine.
La “faute” (ʽawon) peut être volontaire ou involontaire; elle peut être une déviation consciente de ce qui est juste ou un acte non prémédité, une “erreur” (sheghaghah) qui rend néanmoins la personne responsable d’une faute et donc coupable devant Dieu (Lév. 4:13-35; 5:1-6, 14-19; Nomb. 15:22-29; Ps. 19:12, 13). Bien sûr, si elle est volontaire, la faute a des conséquences beaucoup plus graves que s’il s’agit d’une erreur (Nomb. 15:30, 31; voir Lamentations 4:6, 13, 22). La faute s’oppose à la vérité, et ceux qui pèchent de plein gré déforment la vérité, ce qui ne fait qu’entraîner des péchés plus graves (voir Ésaïe 5:18-23). Le rédacteur de la lettre aux Hébreux parle du “pouvoir trompeur du péché” qui endurcit le cœur des humains (Héb. 3:13-15; voir Exode 9:27, 34, 35). Citant Jérémie 31:34 (où le texte hébreu original parle de la “faute” et du “péché” d’Israël), il utilise hamartia (“péché”) et adikia (“injustice”) en Hébreux 8:12, et hamartia et anomia (“mépris de la loi”) en Hébreux 10:17.
Proverbes 24:9 déclare que “l’inconduite de la sottise est péché”. Les termes hébreux qui emportent l’idée de sottise sont souvent utilisés en rapport avec le péché et, parfois, le pécheur repentant reconnaît ‘avoir agi sottement’. (I Sam. 26:21; II Sam. 24:10, 17.) Si Dieu ne le discipline pas, le pécheur s’enfonce dans ses fautes et s’égare sottement. — Prov. 5:22, 23; voir Proverbes 19:3.
La transgression ou le fait de “passer outre”
Le péché peut prendre la forme d’une “transgression”. Le terme grec parabasis (“transgression”) signifie essentiellement “passer outre”, c’est-à-dire aller au delà de certaines limites, surtout en rapport avec une loi. Matthieu utilise la forme verbale (parabaïnô) lorsqu’il raconte que les Pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus pourquoi ses disciples ‘passaient outre à la tradition des hommes d’autrefois’. Ensuite Jésus a demandé à son tour à ses adversaires pourquoi ils ‘passaient outre au commandement de Dieu à cause de leur tradition’, tradition par laquelle ils rendaient inopérante la parole de Dieu (Mat. 15:1-6). Ce terme peut aussi être utilisé pour parler de quelqu’un qui ‘dévie’, comme Judas qui a dévié de son ministère et de son apostolat (Actes 1:25). Dans certains textes grecs le même verbe est employé pour parler de quelqu’un qui ‘ne demeure pas dans l’enseignement du Christ, mais qui va au-delà’. — II Jean 9, La Bible en français courant.
De même, dans les Écritures hébraïques, on dit de personnes qui ont péché qu’elles ont “passé outre” (héb. avar) à l’alliance de Dieu ou à des ordres spécifiques, qu’elles les ont “contournés”, “éludés”. — Nomb. 14:41; Deut. 17:2, 3; Josué 7:11, 15; I Sam. 15:24; És. 24:5; Jér. 34:18.
L’apôtre Paul montre le rapport étroit qui existe entre le terme parabasis et la violation d’une loi établie quand il dit que “là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression”. (Rom. 4:15.) Ainsi, en l’absence de loi le pécheur ne serait pas qualifié de “transgresseur”. Paul et les autres écrivains chrétiens utilisent donc toujours parabasis (et parabatês, “transgresseur”) quand ils parlent de lois (voir Romains 2:23-27; Galates 2:16, 18; 3:19; Jacques 2:9, 11). Ayant reçu un commandement directement de Dieu, Adam était coupable d’avoir “transgressé” une loi établie. (Sa femme, bien qu’elle fût trompée, était également coupable d’avoir transgressé cette loi [I Tim. 2:14].) L’alliance de la Loi qui fut donnée à Moïse par des anges fut ajoutée à l’alliance abrahamique “pour rendre les transgressions manifestes”, pour que ‘tout soit mis dans la même captivité du péché’. Elle déclarait coupables de péché tous les descendants d’Adam, les Israélites y compris, et démontrait à l’évidence qu’ils avaient tous besoin du pardon et du salut par la foi en Christ Jésus (Gal. 3:19-22). Ainsi donc, si Paul s’était remis sous la loi mosaïque, il se serait à nouveau fait “transgresseur” de cette Loi; il aurait été sujet à la condamnation de celle-ci et aurait ‘rejeté la faveur imméritée de Dieu’ qui lui offrait la libération de cette condamnation. — Gal. 2:18-21; voir 3:1-4, 10.
Le mot hébreu pèsha emporte l’idée d’une transgression (Ps. 51:3; És. 43:25-27; Jér. 33:8) ainsi que d’une “révolte”. Or se révolter signifie rejeter la loi ou l’autorité de quelqu’un, ou s’en détourner (I Sam. 24:11; Job 13:23, 24; 34:37; És. 59:12, 13). Une transgression volontaire équivaut donc à une rébellion contre l’autorité et la domination paternelles de Dieu. Elle oppose la volonté de la créature à celle du Créateur; l’individu en question se révolte contre la souveraineté de Dieu.
Les faux pas
Le terme grec paraptôma signifie littéralement “le fait de tomber à côté”, c’est-à-dire un faux pas (Rom. 11:11, 12) ou un impair, une ‘faute’. (Éph. 1:7; Col. 2:13.) Le péché d’Adam, qui consistait à manger du fruit interdit, était une “transgression”, puisque Adam a passé outre à la loi de Dieu; mais c’était aussi un faux pas, car il est tombé au lieu de se tenir debout et de marcher droit en harmonie avec les justes exigences de Dieu et en respectant son autorité. Les nombreuses ordonnances et exigences de l’alliance de la Loi ouvraient en quelque sorte la porte à de nombreux faux pas de ce genre, étant donné l’imperfection de ceux qui y étaient soumis (Rom. 5:20); collectivement, la nation d’Israël a donc fait un faux pas pour ce qui est de l’observance de cette alliance (Rom. 11:11, 12). Puisque toutes les ordonnances de la Loi faisaient partie d’une seule et même Loi, celui qui faisait un “faux pas” sur un seul point devenait par conséquent un “transgresseur” de l’alliance dans son ensemble et partant de toutes ses ordonnances. — Jacq. 2:10, 11.
“LES PÉCHEURS”
Puisqu’“il n’y a pas d’homme qui ne pèche” (II Chron. 6:36), tous les descendants d’Adam peuvent à juste titre être qualifiés de “pécheurs” par nature. Mais dans les Écritures, le terme “pécheur” a un sens généralement plus spécifique; il s’applique à ceux qui pratiquent le péché ou qui ont la réputation de pécher. Leurs péchés sont donc de notoriété publique (Luc 7:37-39). Les Amalécites, que Jéhovah ordonna à Saül de détruire, sont appelés “pécheurs”. (I Sam. 15:18.) Le psalmiste a prié Dieu de ne pas enlever son âme “avec les pécheurs”, et ses paroles identifient ensuite les pécheurs à des “hommes à dette de sang, dans les mains desquels il y a l’inconduite, et dont la droite est pleine de présents”. (Ps. 26:9, 10; voir Proverbes 1:10-19.) Les chefs religieux condamnèrent Jésus parce qu’il fréquentait “les collecteurs d’impôts et les pécheurs”; or, les percepteurs d’impôts avaient très mauvaise réputation auprès des Juifs (Mat. 9:10, 11). Mais Jésus a dit que ces hommes, tout comme les prostituées, précéderaient les chefs religieux juifs dans le royaume (Mat. 21:31, 32). Zachée, collecteur d’impôts et “pécheur” aux yeux de beaucoup, reconnut qu’il avait illégalement extorqué de l’argent. — Luc 19:7, 8.
GRAVITÉ RELATIVE DES MAUVAISES ACTIONS
Bien que le péché soit toujours le péché et qu’il puisse dans tous les cas faire encourir à quelqu’un le “salaire” du péché, c’est-à-dire la mort, les Écritures montrent qu’aux yeux de Dieu toutes les mauvaises actions n’ont pas la même gravité. Ainsi, les hommes de Sodome étaient “de grands pécheurs contre Jéhovah”, et leur péché était “très lourd”. (Gen. 13:13; 18:20; voir II Timothée 3:6, 7.) Quand les Israélites firent un veau d’or, ce fut aussi “un grand péché”. (Ex. 32:30, 31.) De même, en instituant le culte du veau d’or, Jéroboam a fait pécher le royaume du Nord “d’un grand péché”. (II Rois 17:16, 21.) Le péché de Juda devint “semblable à celui de Sodome”, de sorte que le royaume de Juda en vint à faire horreur à Dieu (És. 1:4, 10; 3:9; Lament. 1:8; 4:6). La prière même de celui qui méprise ainsi la volonté de Dieu peut devenir un péché (Ps. 109:7, 8, 14). Le péché est un affront à la personne de Jéhovah; il n’y reste donc pas indifférent et, à juste titre, plus le péché est grave, plus son indignation et sa colère sont grandes (Rom. 1:18; Deut. 29:22-28; Job 42:7; Ps. 21:8, 9). Toutefois, sa colère n’est pas due au seul fait que sa propre personne est concernée, elle est aussi motivée par le mal et l’injustice infligés aux humains, et en particulier à ses serviteurs fidèles. — És. 10:1-4; Mal. 2:13-16; II Thess. 1:6-10.
La faiblesse et l’ignorance humaines
Jéhovah tient compte de la faiblesse des descendants imparfaits d’Adam, de sorte que ceux qui le cherchent avec sincérité peuvent dire: “Il n’a pas agi avec nous selon nos péchés; et il n’a pas fait venir sur nous ce que nous méritons.” Les Écritures soulignent la miséricorde et la bonté de cœur merveilleuses que Dieu a manifestées avec patience dans ses relations avec les hommes (Ps. 103:2, 3, 10-18). Il sait aussi que l’ignorance peut contribuer au péché (I Tim. 1:13; voir Luc 12:47, 48) et il en tient compte dans la mesure où une telle ignorance est involontaire. Ceux qui rejettent de leur plein gré la connaissance et la sagesse que Dieu offre et qui ‘se complaisent dans l’injustice’ n’ont pas d’excuse (II Thess. 2:9-12; Prov. 1:22-33; Osée 4:6-8). Certains s’égarent temporairement loin de la vérité, mais, s’ils sont aidés, ils se retournent (Jacq. 5:19, 20), tandis que d’autres ‘ferment leurs yeux à la lumière et oublient la purification de leurs péchés d’autrefois’. — II Pierre 1:9.
La connaissance et le péché impardonnable
Ainsi, la connaissance entraîne une responsabilité plus grande. Le péché de Pilate n’était pas aussi grave que celui des chefs religieux juifs qui lui ont livré Jésus, ni que celui de Judas qui a vendu son Seigneur (Jean 19:11; 17:12). Jésus dit aux Pharisiens de son époque que s’ils étaient aveugles ils n’auraient pas de péché, c’est-à-dire que Dieu pourrait pardonner leurs péchés à cause de leur ignorance; mais comme ils niaient être dans l’ignorance, ‘leur péché demeurait’. (Jean 9:39-41.) Ces hommes et d’autres n’avaient “pas d’excuse pour leur péché”, parce qu’ils avaient été témoins des paroles et des œuvres puissantes de Jésus, lesquelles étaient autant de preuves de l’action de l’esprit saint sur lui (Jean 15:22-24; Luc 4:18). Ceux qui (par leurs paroles ou par leurs actions) blasphémaient volontairement et en toute connaissance de cause contre l’esprit de Dieu ainsi manifesté étaient ‘coupables d’un péché éternel’, sans pardon possible (Mat. 12:31, 32; Marc 3:28-30; voir Jean 15:26; 16:7, 8). Cela pouvait être le cas de certains individus qui devenaient chrétiens puis se détournaient délibérément du culte pur. Hébreux 10:26, 27 dit que “si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais seulement une sorte d’attente terrible du jugement et une jalousie de feu qui va consumer ceux qui font de l’opposition”.
En I Jean 5:16, 17, Jean fait manifestement allusion à un péché volontaire et conscient lorsqu’il parle d’un “péché qui fait encourir la mort” et l’oppose au péché qui ne fait pas encourir la mort (voir Nombres 15:30). Quand tout prouve qu’un individu a commis ce genre de péché volontaire et conscient, le chrétien ne devrait pas prier pour lui. Dieu, bien sûr, est le juge ultime et connaît le cœur de l’individu; mais dans un tel cas, le chrétien ne risquera pas de prononcer une prière qui s’avérerait vaine ou qui déplairait à Dieu. — Voir Jérémie 7:16; Matthieu 5:44; Actes 7:60.
Un péché isolé et la pratique du péché
Si l’on compare I Jean 2:1 avec I Jean 3:4-8 dans la Traduction du monde nouveau, on se rend compte que l’apôtre Jean fait aussi une distinction entre un péché isolé et la pratique du péché. Robertson (dans son livre Word Pictures in the New Testament, vol. VI, p. 221) explique qu’il convient de rendre I Jean 3:4 par “quiconque pratique le péché [poïôn tên hamartian]”. Il dit: “Le participe présent actif (poïôn) signifie l’habitude de commettre des péchés.” Pour ce qui est du verset 6 3:6, où l’expression oukh hamartanéï est utilisée dans le texte grec, ce même bibliste explique (p. 222): “Présent linéaire (...) indicatif actif de hamartanô: ‘ne continue pas de pécher’.” Ainsi, un chrétien fidèle peut, à un moment donné, avoir une défaillance et tomber dans le péché à cause d’une faiblesse, ou parce qu’il s’est laissé égarer; mais il ne “pratique pas le péché”, il ne continue pas de marcher dans la voie du péché. — I Jean 3:9, 10; voir I Corinthiens 15:33, 34; I Timothée 5:20.
Participation aux péchés d’autrui
On peut devenir coupable de péché devant Dieu si l’on fréquente volontairement des injustes et (ou) si l’on approuve leurs mauvaises actions (voir Psaume 50:18, 21). Ceux qui restent dans la ville symbolique de “Babylone la Grande” reçoivent donc aussi “une part de ses plaies”. (Rév. 18:2, 4-8.) Un chrétien qui fréquente quelqu’un qui a abandonné l’enseignement du Christ, ou qui lui dit même simplement un “salut”, “s’associe à ses œuvres méchantes”. — II Jean 9-11; voir Tite 3:10, 11.
Paul avertit Timothée de ne pas ‘participer aux péchés d’autrui’. (I Tim. 5:22.) Juste avant cela, il parlait de ‘n’imposer hâtivement les mains à personne’; il devait faire allusion à l’autorité qu’avait reçue Timothée pour nommer des “aînés” ou des “surveillants” dans les congrégations. Ce dernier ne devait pas nommer un nouveau converti, car un tel homme pouvait se gonfler d’orgueil; si Timothée ne respectait pas ce conseil, il porterait logiquement une part de responsabilité dans les mauvaises actions que pourrait commettre un tel homme. — I Tim. 3:6.
Eu égard aux principes énoncés ci-dessus, une nation tout entière pouvait se rendre coupable de péché devant Dieu. — Prov. 14:34.
LES PÉCHÉS CONTRE LES HOMMES, CONTRE DIEU ET CONTRE CHRIST
Dieu seul étant le modèle de la justice et de la bonté, on ne peut considérer que quelqu’un pèche contre un autre humain parce qu’il ne se conforme pas à l’image et à la ressemblance de cette personne. Pécher contre les humains signifie plutôt ne pas respecter ou ne pas tenir compte de leurs intérêts légitimes et justes, et donc les offenser en leur causant injustement du tort (Juges 11:12, 13, 27; I Sam. 19:4, 5; 20:1; 26:21; Jér. 37:18; II Cor. 11:7). Jésus a énoncé les principes à suivre lorsque l’on voit quelqu’un d’autre pécher (Mat. 18:15-17). Même si un chrétien péchait contre son frère soixante-dix-sept fois ou sept fois en un seul jour, ce dernier devrait lui pardonner si, après avoir été repris, il se repentait (Mat. 18:21, 22; Luc 17:3, 4; voir I Pierre 4:8). Pierre parle de domestiques qui étaient frappés pour des péchés commis contre leurs propriétaires (I Pierre 2:18-20). On peut pécher contre des autorités établies en ne leur montrant pas le respect qui leur est dû. Paul s’est déclaré innocent de tout péché ‘contre les Juifs, ou contre le temple, ou contre César’. — Actes 25:8.
Néanmoins, les péchés contre les humains constituent aussi des péchés contre le Créateur, à qui les hommes doivent rendre des comptes (Rom. 14:10, 12; Éph. 6:5-9; Héb. 13:17). Dieu, qui retint Abimélech d’avoir des relations avec Sara, dit au roi philistin: “Je t’ai aussi retenu de pécher contre moi.” (Gen. 20:1-7). De même, Joseph reconnaissait que l’adultère était un péché contre le Créateur de l’homme et de la femme, l’auteur de l’union conjugale (Gen. 39:7-9). David également reconnut ce fait (II Sam. 12:13; Ps. 51:4). Des péchés tels que le vol, la fraude ou le détournement des biens d’autrui sont considérés, dans la Loi, comme un ‘comportement infidèle envers Jéhovah’. (Lév. 6:2-4; Nomb. 5:6-8.) Ceux qui endurcissaient leur cœur et avaient la main fermée à l’égard de leurs frères pauvres, et ceux qui ne donnaient pas à l’ouvrier son salaire, encouraient la désapprobation divine (Deut. 15:7-10; 24:14, 15; voir Proverbes 14:31; Amos 5:12). Samuel dit qu’il était ‘impensable, quant à lui, qu’il pèche contre Jéhovah, en cessant de prier’ en faveur de ses frères israélites, d’autant que ceux-ci le lui demandaient. — I Sam. 12:19-23.
Ainsi, bien que tous les péchés soient en réalité des péchés contre Dieu, Jéhovah considère que certains péchés, comme l’idolâtrie (Ex. 20:2-5; II Rois 22:17), le manque de foi (Rom. 14:22, 23; Héb. 10:37, 38; 12:1), le non-respect des choses sacrées (Nomb. 18:22, 23), et toutes les formes de faux culte (Osée 8:11-14), sont des péchés qui portent atteinte plus directement à sa personne même. C’est sans doute pour cette raison que le prêtre Éli dit à ses fils qui manquaient de respect envers le tabernacle et le service de Dieu que “si un homme pèche contre un homme, Dieu arbitrera pour lui [voir I Rois 8:31, 32]; mais si c’est contre Jéhovah qu’un homme pèche, qui priera pour lui”? — I Sam. 2:22-25; voir les versets 12 à 17 2:12-17.
Pécher contre son propre corps
Mettant en garde les chrétiens contre la fornication, Paul déclare que “tout autre péché que l’homme peut commettre est extérieur à son corps, mais celui qui pratique la fornication pèche contre son propre corps”. (I Cor. 6:18.) La fornication, au sens large du terme, comprend l’adultère (voir FORNICATION). Le contexte montre que Paul avait beaucoup insisté sur la nécessité pour les chrétiens d’être unis avec leur Seigneur et Chef, Jésus Christ (vv. 6:13-15). Or le fornicateur devient, en commettant le mal et le péché, une seule chair avec une autre personne (souvent une prostituée) (vv. 6:16-18). Puisque aucun autre péché ne peut ainsi rompre l’union du corps du chrétien avec Christ et l’‘unir’ avec quelqu’un d’autre, c’est vraisemblablement pour cette raison que tous les autres péchés sont considérés comme ‘extérieurs au corps’. La fornication peut aussi entraîner des conséquences irréparables sur le corps même de celui qui la commet.
LES PÉCHÉS COMMIS PAR DES ANGES
Étant donné que les fils spirituels de Dieu doivent aussi refléter la gloire de Dieu et le louer, en faisant sa volonté (Ps. 148:1, 2; 103:20, 21), ils peuvent pécher dans le même sens fondamental que les humains. En II Pierre 2:4, nous voyons que certains fils spirituels de Dieu ont effectivement péché, et qu’ils ont été “livrés à des fosses d’obscurité épaisse, afin d’être réservés pour le jugement”. En I Pierre 3:19, 20, l’apôtre fait manifestement allusion à la même situation lorsqu’il parle des “esprits en prison, qui jadis avaient été désobéissants quand la patience de Dieu attendait, aux jours de Noé”. Et Jude 6 explique que si ces créatures spirituelles ont péché ou “manqué le but”, c’est parce qu’elles “n’ont pas gardé leur position originelle, mais ont abandonné leur propre demeure”, celle-ci étant évidemment les cieux, la présence de Dieu.
Puisque aucune disposition n’a été prise pour que le sacrifice de Jésus couvre les péchés des créatures spirituelles, il n’y a aucune raison de penser que les péchés de ces anges désobéissants étaient pardonnables (Héb. 2:14-17). À l’instar d’Adam, il s’agissait de créatures parfaites, qui n’avaient aucune faiblesse innée qui aurait pu être considérée comme une circonstance atténuante dans le jugement de leur méfait. — Voir PARDON; RANÇON, RÉDEMPTION; RÉCONCILIATION; REPENTANCE.
COMMENT ÉVITER DE PÉCHER
L’amour pour Dieu et pour notre prochain est l’un des principaux moyens d’éviter le péché, qui est le mépris de la loi; or l’amour est une qualité marquante de Dieu qui en a fait le fondement de la Loi donnée à Israël (Mat. 22:37-40; Rom. 13:8-11). Au lieu d’être éloignés de Dieu, les chrétiens peuvent, grâce à l’amour, être joyeusement unis à lui ainsi qu’à son Fils (I Jean 1:3; 3:1-11, 24; 4:16). Ils se laissent guider par son esprit saint et peuvent vivre “quant à l’esprit du point de vue de Dieu”, en délaissant les péchés (I Pierre 4:1-6) et en produisant les justes fruits de l’esprit de Dieu plutôt que des mauvais fruits de la chair pécheresse (Gal. 5:16-26). Ils peuvent ainsi être libérés de la domination du péché. — Rom. 6:12-22.
Celui qui croit que Dieu récompense vraiment ceux qui pratiquent la justice (Héb. 11:1, 6) résistera à la tentation qu’est la jouissance temporaire du péché (Héb. 11:24-26). Sachant qu’on ne peut échapper à la règle selon laquelle “quoi que l’homme sème, c’est aussi ce qu’il moissonnera” et qu’“on ne se moque pas de Dieu”, une telle personne est protégée contre le pouvoir trompeur du péché (Gal. 6:7, 8). Elle comprend que les péchés ne peuvent pas rester à jamais cachés (I Tim. 5:24) et que “même si le pécheur fait le mal cent fois et continue longtemps d’agir à sa guise, (...) cela tournera bien pour ceux qui craignent le vrai Dieu”, mais pas pour le méchant qui ne le craint pas (Eccl. 8:11-13; voir Nombres 32:23; Proverbes 23:17, 18). Quelles que soient les richesses matérielles que le méchant a obtenues, elles ne lui permettent pas d’acheter la protection de Dieu (Soph. 1:17, 18). La richesse du pécheur deviendra même en son temps “quelque chose qui est conservé avec soin pour le juste”. (Prov. 13:21, 22; Eccl. 2:26.) Ceux qui poursuivent la justice par la foi peuvent éviter de porter une “lourde charge”, la perte de la paix de l’esprit et du cœur, la faiblesse due à la maladie spirituelle, que le péché entraîne. — Ps. 38:3-6, 18; 41:4.
C’est la connaissance de la parole de Dieu qui est le fondement d’une telle foi et le moyen de la fortifier (Ps. 119:11; voir 106:7). Celui qui agit hâtivement sans chercher d’abord à connaître le chemin à suivre ‘manquera le but’; il péchera (Prov. 19:2). Sachant qu’“un seul pécheur peut détruire beaucoup de bien”, une personne juste s’efforcera d’agir avec la vraie sagesse (voir Ecclésiaste 9:18; 10:1-4). Celle-ci veut que nous évitions les mauvaises fréquentations, ceux qui pratiquent de faux cultes ou qui ont des tendances immorales, car ces fréquentations nous entraînent dans le péché et gâtent les saines habitudes. — Ex. 23:33; Néh. 13:25, 26; Ps. 26:9-11; Prov. 1:10-19; Eccl. 7:26; I Cor. 15:33, 34.
Bien sûr, il y a beaucoup de choses que l’on peut faire ou ne pas faire, ou que l’on peut faire de plusieurs façons différentes, sans pour autant encourir la condamnation du péché (voir I Corinthiens 7:27, 28). Dieu n’a pas enfermé l’homme dans une multitude de règles qui imposeraient dans le menu détail la façon dont il doit agir. Il est clair que l’homme devait utiliser son intelligence et qu’il avait aussi une grande latitude pour exprimer sa propre personnalité et ses préférences personnelles. L’alliance de la Loi contenait beaucoup d’ordonnances; mais elle ne privait pas non plus les hommes de leur liberté d’expression. Le christianisme, dont le principe directeur abondamment souligné est l’amour pour Dieu et pour le prochain, laisse également la liberté la plus grande possible que puissent souhaiter les personnes au cœur droit. — Voir Matthieu 22:37-40; Romains 8:21.