Le point de vue biblique
L’attitude du chrétien face à la conscience d’autrui
LES conseils que renferme la Sainte Bible restent inégalés pour ce qui est d’établir de bonnes relations entre les humains. L’une de ses principales directives fut consignée par l’apôtre Paul sous la forme suivante:
“Comblez ma joie par ceci: soyez bien d’accord et ayez un même amour, étant assemblés par l’âme, pensant à une seule et même chose; ne faites rien par esprit de rivalité, rien par vanité, mais, avec humilité d’esprit, considérez les autres comme supérieurs à vous, veillant non seulement par intérêt personnel à vos affaires à vous, mais encore, par intérêt personnel, à celles des autres.” — Phil. 2:2-4.
Aujourd’hui, alors que notre décennie exalte le culte du moi, la mise en application d’un tel conseil constitue une véritable gageure, tant l’accent est mis sur l’égoïsme et l’autosatisfaction.
Comment démontrer, si l’on désire plaire à Dieu, que l’on considère l’intérêt personnel d’autrui comme “supérieur” au sien? Tout dépend dans quelle mesure on se soucie des répercussions de sa conduite sur la conscience d’autrui.
Notez bien ce conseil biblique à l’adresse d’un chrétien invité à prendre un repas dans le foyer d’un non-croyant:
“Si parmi les non-croyants quelqu’un vous invite et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce que l’on met devant vous, sans poser aucune question à cause de votre conscience. Mais si quelqu’un vous dit: ‘Ceci est une chose qui a été offerte en sacrifice [aux idoles]’, n’en mangez pas, à cause de celui qui l’a fait savoir et à cause de la conscience. ‘La conscience’, dis-je, non la tienne, mais celle de l’autre.” — I Cor. 10:27-29.
L’attitude d’un chrétien envers ses coreligionnaires relève d’un principe biblique identique: “Cesse de démolir l’œuvre de Dieu à cause d’un aliment. Certes, toutes choses sont pures, mais il y a mal pour l’homme qui mange avec sujet d’achoppement. C’est bien de ne pas manger de chair, ou de ne pas boire de vin, ou de ne rien faire sur quoi ton frère trébuche.” (Rom. 14:20, 21). Si la conscience d’un tiers doit pâtir d’une action quelconque, même aussi anodine que manger de tel ou tel aliment, le mieux est visiblement de s’en abstenir.
Peut-être vos goûts alimentaires ou dans le domaine des boissons ne posent-ils aucun problème aux gens de votre entourage; mais les principes bibliques énoncés ci-dessus s’appliquent à d’autres domaines de la vie, tels que la tenue et la coiffure. Bien que la Parole de Dieu ne définisse pas la longueur de cheveux convenable pour un homme, le chrétien n’est pas libre pour autant de les laisser pousser à sa guise, car la Bible soulève cette question: “Est-ce que la nature elle-même ne vous enseigne pas que, si un homme porte les cheveux longs, c’est un déshonneur pour lui?” — I Cor. 11:14.
Si l’on demande à plusieurs personnes ce qu’elles entendent par “cheveux longs”, on obtiendra sans aucun doute des réponses différentes. Aussi, plutôt que de chercher à établir une règle dans ce domaine, le mieux est-il d’appliquer le principe sous-jacent à la déclaration biblique dont il a déjà été fait mention: “‘La conscience’, dis-je, non la tienne, mais celle de l’autre.”
Le même conseil s’applique au port de la barbe ou bien de certains vêtements. Il y a des régions dans lesquelles la barbe reste, pour le public, l’apanage des éléments rebelles de la société, tandis qu’en d’autres endroits, la population n’acceptera pas de voir affublé de tel ou tel vêtement quelqu’un qui se dit représentant de Dieu. À ce sujet, il sera utile d’examiner quelques autres conseils donnés par l’apôtre Paul, là encore à propos d’aliments, dont les principes s’appliquent à tous les domaines de la vie dans lesquels on pourrait offusquer la conscience d’autrui:
“Ce n’est pas un aliment qui nous recommande à Dieu; si nous ne mangeons pas, nous ne sommes pas lésés, et si nous mangeons, il ne nous revient nul mérite. Continuez à veiller toutefois, pour que votre droit [de manger ce qui vous plaît] ne devienne pas de façon ou d’autre une pierre d’achoppement pour les faibles. (...) De fait, par ta connaissance [qu’un chrétien n’est pas assujetti à des interdits alimentaires], celui qui est faible va vers sa ruine, ton frère pour qui Christ est mort. Or en péchant ainsi contre vos frères et en blessant leur conscience qui est faible, c’est contre Christ que vous péchez. C’est pourquoi, si un aliment fait trébucher mon frère, je ne mangerai plus jamais de chair pour ne pas faire trébucher mon frère.” — I Cor. 8:8-13.
Un chrétien qui veut faire connaître dans son quartier les vérités tirées de la Bible fera bien de s’interroger sur son aspect extérieur et sur sa tenue et de se demander quels types de coiffure et de tenue les gens de la région jugent convenables pour quelqu’un qui va enseigner la Parole de Dieu. Si la réponse ne lui apparaît pas clairement, pourquoi ne s’informerait-il pas auprès d’un ancien ou de quelque autre membre respecté de la congrégation chrétienne à laquelle il est rattaché? Puisque l’optique des gens de la région leur est familière, ces chrétiens pourront lui offrir des suggestions utiles, qui prendront également en considération son goût personnel.
Il faut d’ailleurs noter que la Bible renferme aussi des conseils pour ceux qui tombent dans l’autre extrême en se montrant excessivement scrupuleux. Il est en effet écrit:
“Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange, car Dieu l’a accueilli. Qui es-tu pour juger le domestique d’autrui? C’est devant son propre maître qu’il se tient debout ou qu’il tombe. Oui, il sera tenu debout, car Jéhovah peut le faire tenir debout. Celui-ci juge tel jour supérieur à tel autre; celui-là juge tel jour pareil à tous les autres; que chacun soit pleinement convaincu dans son propre esprit. (...) Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? Ou bien toi, pourquoi méprises-tu ton frère? Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu.” — Rom. 14:3-5, 10.
Quiconque désire régler sa vie en accord avec les principes bibliques devra éviter de céder à la mesquinerie en se montrant chatouilleux à l’excès sur le choix de la nourriture, de la coiffure ou de la tenue, domaines dans lesquels aucun chrétien n’a le droit d’imposer à autrui son point de vue personnel, que celui-ci soit outrancier ou non. Il est écrit: “Ne nous jugeons donc plus les uns les autres, mais prenez plutôt la décision que voici: de ne rien mettre devant un frère qui soit une pierre d’achoppement ou une cause de faux pas.” — Rom. 14:13.
Conformément au principe biblique énoncé au début de cet article, quiconque désire plaire à Dieu ne fera “rien par esprit de rivalité, rien par vanité”, mais, loin de se montrer égoïste, il remplacera son égocentrisme par “l’humilité d’esprit” et considérera les intérêts d’autrui comme plus importants que les siens. — Phil. 2:2-4.
Dans toute décision qu’il doit adopter quant à son aspect extérieur ou toute autre question du même ordre, le chrétien tiendra toujours compte de la conscience d’autrui. S’il a des doutes au sujet de tel ou tel style de coiffure ou de vêtement, il y renoncera, quand bien même cela irait à l’encontre de ses goûts. Il évitera également de se montrer tatillon ou d’essayer de régenter autrui par ses critères personnels, conformément à ce conseil rédigé sous inspiration: “Poursuivons les choses qui favorisent la paix et celles qui sont pour l’édification mutuelle.” — Rom. 14:19.