REPENTANCE
Dans de nombreux passages des Écritures, le mot hébreu nâḥam sous-entend un changement d’attitude quant à sa conduite ou à ses actions passées à la suite de regrets ou d’un certain mécontentement. Se repentir, c’est aussi éprouver des regrets ou des remords pour ce qu’on a fait ou omis de faire. Ce terme peut signifier “avoir du regret”, “mener deuil”, “se repentir”. (Ex. 13:17; Gen. 38:12; Job 42:6.) Cependant, il a tout aussi souvent le sens de “se consoler” (Gen. 5:29; 37:35; 50:21), ou encore de “se débarrasser” ou de “se soulager” (de ses ennemis par exemple) (És. 1:24). Qu’il s’applique au regret ou à la consolation, il dénote donc un changement d’avis et quelquefois de sentiments.
En grec, deux verbes ont trait au repentir: métanoéô et métamélomaï. Le premier se compose du préfixe méta, “après”, et du verbe noéô (de nous, “esprit” au sens de pensée ou de faculté mentale, de disposition ou de conscience morale), lequel signifie “se mettre dans l’esprit, voir, s’apercevoir, saisir, reconnaître ou comprendre”. Par conséquent, métanoéô veut littéralement dire “penser” ou “connaître après” (par opposition à “prévoir” ou “savoir d’avance”), et il évoque un changement d’opinion, d’attitude ou d’objectif. Quant à métamélomaï, il dérive du verbe mélô, “prendre soin, s’occuper de”. Le préfixe méta (“après”) lui donne le sens de ‘regretter’ (Mat. 21:30; II Cor. 7:8) ou de ‘se repentir’.
Ainsi, métanoéô met l’accent sur le changement d’opinion ou d’attitude, le rejet d’un acte ou d’un comportement passés et jugés mauvais (Rév. 2:5; 3:3), tandis que métamélomaï se rapporte davantage au sentiment, au regret éprouvé (Mat. 21:30). À ce sujet, un dictionnaire biblique (Theological Dictionary of the New Testament, t. IV, p. 629) faisait ce commentaire: “En distinguant la signification de ces deux mots, le N[ouveau] T[estament] souligne le caractère spécifique de chacun d’eux. En revanche, l’usage hellénistique efface souvent la frontière qui sépare les deux termes.” À propos des substantifs correspondants le même ouvrage déclare (p. 628): “Outre μετάνοια [métanoïa], changement d’intention, on rencontre μετάμελος [métamélos; aussi métaméléia], remords, qui décrit un sentiment douloureux d’auto-accusation.”
LA REPENTANCE DE L’HOMME
C’est le péché, l’incapacité de satisfaire aux justes exigences de Dieu, qui rend le repentir nécessaire (I Jean 5:17). Puisque Adam a vendu l’ensemble du genre humain en esclavage au péché, tous ses descendants ont eu besoin de se repentir (Ps. 51:5; Rom. 3:23; 5:12). Comme nous l’avons montré à l’article RÉCONCILIATION, le repentir (suivi de la conversion) est une condition préalable à la réconciliation de l’homme avec Dieu.
On peut se repentir de toute sa vie, quand on s’aperçoit qu’on l’a menée à l’encontre du dessein et de la volonté de Dieu et en accord avec le monde qui gît au pouvoir de l’adversaire de Dieu (I Pierre 4:3; I Jean 2:15-17; 5:19). On peut aussi se repentir d’un aspect particulier de son existence, qu’il s’agisse d’une pratique mauvaise qui ternit une conduite globalement bonne, d’une transgression particulière, ou encore d’une tendance, d’une inclination ou d’une attitude mauvaises (Ps. 141:3, 4; Prov. 6:16-19; Jacq. 2:9; 4:13-17; I Jean 2:1). La repentance peut donc porter sur un large éventail de défauts comme sur un point précis.
Dans le même ordre d’idées, il est possible de dévier de la justice dans une plus ou moins grande mesure et, logiquement, l’intensité du regret sera proportionnelle à l’importance de la déviation. Les Israélites étaient “allés profond dans leur révolte” contre Jéhovah, de sorte qu’ils ‘pourrissaient’ dans leurs transgressions (És. 31:6; 64:5, 6; Ézéch. 33:10). En revanche, l’apôtre Paul évoque le cas de l’“homme [qui] fait un faux pas avant qu’il s’en soit aperçu”, et il exhorte ceux qui ont “les qualités spirituelles requises” à “redresser un tel homme dans un esprit de douceur”. (Gal. 6:1.) Puisque Jéhovah regarde avec miséricorde la faiblesse charnelle de ses serviteurs, ceux-ci ne doivent pas demeurer dans un état de remords perpétuel à cause des fautes qui résultent de leur imperfection héréditaire (Ps. 103:8-14; 130:3). S’ils marchent en toute conscience dans les voies de Dieu, il convient qu’ils soient joyeux. — Phil. 4:4-6; I Jean 3:19-22.
Le repentir peut être le fait de ceux qui jouissaient de bonnes relations avec Dieu, mais qui se sont égarés au point de perdre la faveur et la bénédiction divines (I Pierre 2:25). Israël avait été admis dans des relations d’alliance avec Dieu. Il formait un “peuple saint”, choisi d’entre toutes les nations (Deut. 7:6; Ex. 19:5, 6). Les chrétiens, eux aussi, en sont venus à être considérés comme justes devant Dieu par la nouvelle alliance dont le Christ est le médiateur (I Cor. 11:25; I Pierre 2:9, 10). Le repentir a permis à ceux qui s’étaient égarés d’entretenir à nouveau de bonnes relations avec Dieu et de jouir des bienfaits et des bénédictions qui en découlaient (Jér. 15:19-21; Jacq. 4:8-10). Pour tous ceux qui n’avaient jamais eu de telles relations avec Dieu (par exemple, les peuples païens ou les nations non juives au temps où l’alliance de Dieu avec Israël était en vigueur [Éph. 2:11, 12]) ainsi que pour les personnes de toute race ou nationalité qui ne font pas partie de la congrégation chrétienne, le repentir figure parmi les premiers pas à franchir pour apparaître justes devant Dieu en vue de la vie éternelle. — Actes 11:18; 17:30; 20:21.
Le repentir peut être collectif autant qu’individuel. Ainsi, la prédication de Jonas a amené toute la ville de Ninive, depuis le roi “jusqu’au plus petit”, à se repentir, car aux yeux de Dieu tous étaient responsables du mal commis (Jonas 3:5-9; voir Jérémie 18:7, 8). Encouragée par Esdras, toute la congrégation des Israélites qui étaient revenus d’exil a reconnu sa culpabilité collective devant Dieu, et elle a exprimé son repentir par l’entremise des princes qui la représentaient (Esdras 10:7-14; voir II Chroniques 29:1, 10; 30:1-15; 31:1, 2). La congrégation de Corinthe, quant à elle, s’est repentie d’avoir toléré en son sein un homme qui pratiquait un péché grave (voir II Corinthiens 7:8-11; I Corinthiens 5:1-5). Les prophètes Jérémie et Daniel eux-mêmes ne se sont pas déclarés exempts de toute culpabilité quand ils ont confessé les transgressions qui ont mené Juda à sa chute. — Lament. 3:40-42; Dan. 9:4, 5.
Ce qu’exige le vrai repentir
L’esprit et le cœur jouent tous deux un rôle dans le repentir. Il convient de reconnaître en quoi l’attitude ou l’acte en question est mauvais. Pour ce faire, il faut avant tout admettre que les normes et la volonté de Dieu sont justes. L’ignorance (ou la négligence) de la volonté et des normes divines fait obstacle au repentir (II Rois 22:10, 11, 18, 19; Jonas 1:1, 2; 4:11; Rom. 10:2, 3). Voilà pourquoi Jéhovah, dans sa miséricorde, a envoyé des prophètes et des prédicateurs qui appellent les hommes au repentir (Jér. 7:13; 25:4-6; Marc 1:14, 15; 6:12; Luc 24:27). Grâce à la bonne nouvelle qui est prêchée par la congrégation chrétienne, surtout depuis la conversion de Corneille, Dieu “annonce (...) aux humains qu’ils aient, tous et partout, à se repentir”. (Actes 17:22, 23, 29-31; 13:38, 39.) Par la voie écrite ou orale, c’est la Parole de Dieu qui peut les ‘persuader’, les ‘convaincre’ que la voie de Dieu est juste et que la leur ne l’est pas (voir Luc 16:30, 31; I Corinthiens 14:24, 25; Hébreux 4:12, 13). Effectivement, la loi de Dieu “est parfaite, ramenant l’âme”. — Ps. 19:7.
Le roi David dit son intention d’‘enseigner les voies de Dieu aux transgresseurs, pour qu’ils reviennent tout de suite à lui’. (Ps. 51:13.) Les pécheurs en question étaient sans aucun doute d’autres Israélites. Timothée, pour sa part, ne devait pas se quereller avec les chrétiens des congrégations qu’il servait. Il lui fallait plutôt ‘instruire avec douceur ceux qui n’étaient pas animés de bonnes dispositions’, car Dieu pouvait leur donner “la repentance qui mène à une connaissance exacte de la vérité, [afin] qu’ils reviennent à la raison en se dégageant du piège du Diable”. (II Tim. 2:23-26.) Par suite, l’appel à la repentance peut être donné tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la congrégation des serviteurs de Dieu.
La personne concernée doit comprendre qu’elle a péché contre Dieu (Ps. 51:3, 4; Jér. 3:25). Cela est tout à fait évident quand elle s’est rendue coupable de blasphème, d’un mauvais emploi du nom de Dieu ou d’une adoration idolâtrique des faux dieux (Ex. 20:2-7). Toutefois, même dans les questions qu’on pourrait qualifier de personnelles, ou dans les relations humaines, il convient de reconnaître que toute faute est un péché contre Dieu, un manque de respect envers Jéhovah (voir II Samuel 12:7-14; Psaume 51:4; Luc 15:21). Même les fautes commises par ignorance ou par erreur rendent leur auteur coupable devant Jéhovah Dieu, le Souverain suprême. — Voir Lévitique 5:17-19; Psaumes 51:5, 6; 119:67; I Timothée 1:13-16.
Saisir le sens avec le cœur
Si la foi et l’amour de Dieu sont présents dans le cœur d’une personne, celle-ci regrettera sincèrement sa mauvaise conduite. Lorsque des transgresseurs prennent conscience de la bonté et de la grandeur de Dieu, ils éprouvent un profond remords d’avoir jeté l’opprobre sur son nom (voir Job 42:1-6). L’amour du prochain les incitera aussi à s’attrister sincèrement du tort qu’ils ont causé aux autres, du mauvais exemple qu’ils ont donné, voire de la façon dont ils ont terni la réputation des serviteurs de Dieu aux yeux des gens du dehors. Ils rechercheront le pardon parce qu’ils désirent honorer le nom de Dieu et travailler au bien de leur prochain (I Rois 8:33, 34; Ps. 25:7-11; 51:11-15; Dan. 9:18, 19). Dans leur repentir ils auront “le cœur brisé”, ils se montreront ‘écrasés et humbles d’esprit’ (Ps. 34:18; 51:17; És. 57:15), ils auront “l’esprit contrit” et ils ‘trembleront à la parole’ de Dieu (És. 66:2) qui les appelle à la repentance. En d’autres termes, ils “viendront en frémissant vers Jéhovah et vers sa bonté”. (Osée 3:5.) Quand David a agi sottement en rapport avec un recensement, son cœur “commença à lui battre”. — II Sam. 24:10.
Il convient donc de rejeter nettement la mauvaise voie, de la haïr de tout son cœur, d’éprouver du dégoût pour elle (Ps. 97:10; 101:3; 119:104; Rom. 12:9; voir Hébreux 1:9; Jude 23). Car “la crainte de Jéhovah signifie la haine du mal”, lequel inclut la fatuité, l’orgueil, la voie mauvaise et la bouche perverse (Prov. 8:13; 4:24). Cette attitude doit s’accompagner d’un profond amour de la justice et d’une ferme résolution à suivre désormais la bonne voie. Sans la haine du mal et l’amour de la justice, le repentir n’aura pas de force véritable, il ne se traduira pas par une authentique conversion. Ainsi, le roi Roboam s’était humilié sous l’expression de la colère de Jéhovah, mais par la suite “il fit ce qui est mauvais, car il n’avait pas solidement établi son cœur pour rechercher Jéhovah”. — II Chron. 12:12-14; voir Osée 6:4-6.
La tristesse conforme à la volonté de Dieu et la tristesse de ce monde
Dans sa seconde lettre aux chrétiens de Corinthe, l’apôtre Paul parle de la “tristesse conforme à la volonté de Dieu”. Ces chrétiens avaient ressenti cette tristesse à la suite de la réprimande qu’il leur avait adressée dans sa première lettre (II Cor. 7:8-13). Paul avait d’abord “regretté” (métamélomaï) de les attrister par un message aussi sévère, mais il a cessé de le regretter quand il a constaté que la tristesse provoquée par sa réprimande était conforme à la volonté de Dieu, et qu’elle les avait amenés à se “repentir” sincèrement (métanoïa) de leur mauvaise attitude. Il savait que cette douleur leur était utile et qu’elle ne leur causerait aucun “dommage”. Eux-mêmes n’avaient d’ailleurs pas à regretter de s’être attristés au point de se repentir, car cela leur avait permis de demeurer sur le chemin du salut, en vue de la vie éternelle, en les empêchant de retomber dans le péché ou de sombrer dans l’apostasie. Paul oppose cette tristesse à la “tristesse du monde”, qui “produit la mort”. Cette tristesse-là ne vient pas de la foi ni de l’amour de Dieu et de la justice. Elle naît plutôt d’un sentiment d’échec, d’une déception, d’une perte, d’un châtiment mérité ou de la honte (voir Proverbes 5:3-14, 22, 23; 25:8-10). Elle engendre souvent l’amertume, le ressentiment et l’envie, et elle ne débouche sur aucune amélioration, aucun profit durable et aucune espérance digne de ce nom (voir Proverbes 1:24-32; I Thessaloniciens 4:13, 14). La tristesse du monde déplore les conséquences pénibles du péché, non le péché lui-même ni l’opprobre qu’il jette sur Dieu. — És. 65:13-15; Jér. 6:13-15, 22-26; Rév. 18:9-11, 15, 17-19; voir Ézéchiel 9:4.
Ésaü a manifesté la tristesse du monde quand il a appris que son frère Jacob avait reçu la bénédiction réservée au premier-né, alors qu’il lui avait lui-même vendu dédaigneusement son droit de premier-né (Gen. 25:29-34). “Ésaü se mit à crier d’une manière extrêmement forte et amère” avec larmes, dans l’espoir d’obtenir une “repentance” (métanoïa). En l’occurrence, il ne désirait pas se repentir lui-même, mais il souhaitait un “changement d’avis” de la part de son père (Gen. 27:34; Héb. 12:17, Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures). C’était la perte de son droit de premier-né qu’il regrettait, et non l’inclination matérialiste qui l’avait amené à ‘mépriser le droit d’aînesse’. — Gen. 25:34.
Après avoir trahi Jésus, Judas “fut pris de remords” (métamélomaï). Il tenta de rendre l’argent de sa transaction, puis il alla se pendre (Mat. 27:3-5). Selon toute vraisemblance, il avait dû prendre conscience de l’énormité de sa faute et de la certitude terrible du jugement divin (voir Hébreux 10:26, 27, 31; Jacques 2:19). Il a éprouvé le remords (métamélos ou métaméléia) consécutif au sentiment de culpabilité et au désespoir, mais rien n’indique qu’il ait ressenti la tristesse conforme à la volonté de Dieu, celle qui conduit au repentir (métanoïa). Au lieu de se tourner vers Dieu, il est allé confesser sa faute aux chefs des Juifs, en leur rendant l’argent, sans doute en pensant à tort que ce geste pourrait dans une certaine mesure effacer son forfait (voir Jacques 5:3, 4; Ézéchiel 7:19). Non content d’avoir livré son Maître et contribué ainsi à la mort d’un innocent, il s’est rendu coupable de suicide. Son attitude s’opposait tout à fait à celle de Pierre qui, après avoir renié le Seigneur, a eu le cœur brisé au point de pleurer amèrement, ce qui lui a permis de se rétablir. — Mat. 26:75; voir Luc 22:31, 32.
Le regret, le remords et les larmes ne prouvent pas à eux seuls la sincérité du repentir. Le facteur déterminant réside dans les motivations du cœur. Selon Osée, Jéhovah a condamné les Israélites, car dans leur détresse, ceux-ci “n’ont pas appelé à l’aide vers [lui] avec leur cœur, bien qu’ils aient continué à hurler sur leurs lits. Ils flânaient à cause de leur grain et de leur vin doux (...). Et ils se mirent à revenir, non pas vers quelque chose de plus élevé”. S’ils gémissaient pour obtenir un soulagement en temps de malheur, ils ne le faisaient pas pour de bons motifs. Du reste, quand ils avaient un répit, ils n’en profitaient pas pour améliorer leurs relations avec Dieu en s’attachant plus étroitement à ses principes élevés (voir Ésaïe 55:8-11). Ils ressemblaient à un “arc débandé” qui n’atteint jamais la cible (Osée 7:14-16; voir Psaume 78:57; Jacques 4:3). En fait, le jeûne, les pleurs et les lamentations n’avaient de valeur que pour des personnes sincèrement repentantes, qui ‘déchiraient leurs cœurs’ et pas seulement leurs vêtements. — Joël 2:12, 13.
La confession
La personne repentante est donc celle qui s’humilie et qui recherche la face de Dieu (II Chron. 7:13, 14; 33:10-13; Jacq. 4:6-10), en implorant son pardon (Mat. 6:12). Elle ne ressemble pas au Pharisien imbu de sa justice dont Jésus a parlé dans une de ses illustrations, mais au collecteur d’impôts qui “se frappait la poitrine, en disant: ‘O Dieu, sois miséricordieux pour moi, un pécheur!’” (Luc 18:9-14). L’apôtre Jean a écrit: “Si nous déclarons: ‘Nous n’avons pas de péché’, nous nous égarons, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice.” (I Jean 1:8, 9). “Celui qui couvre ses transgressions ne réussira pas, mais à celui qui les confesse et les quitte il sera fait miséricorde.” — Prov. 28:13; voir Psaume 32:3-5; Josué 7:19-26; I Timothée 5:24.
‘Confessez vos péchés les uns aux autres’
Jacques a formulé le conseil suivant: “Confessez donc ouvertement vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris.” (Jacq. 5:16). Il ne faudrait pas en déduire qu’un homme puisse jouer un rôle de “médiateur”, d’“assistant” ou d’“avocat” (BFC) auprès de Dieu pour ses semblables, car le Christ est le seul à remplir cette fonction en vertu de son sacrifice propitiatoire (I Tim. 2:5, 6; I Jean 2:1, 2). Par eux-mêmes, les hommes sont incapables de réparer devant Dieu les torts dont eux-mêmes ou d’autres sont la cause, car ils ne sont pas en mesure d’offrir la propitiation nécessaire (Ps. 49:7, 8). Toutefois, les chrétiens peuvent s’aider mutuellement. En effet, si les prières qu’ils prononcent en faveur de leurs frères n’influent pas sur la façon dont Dieu exerce sa justice (étant donné que seule la rançon payée par le Christ procure la rémission des péchés), Dieu peut toutefois les exaucer en accordant l’aide et la force nécessaires à celui qui a péché et qui recherche de l’aide. — Voir PRIÈRE (La réponse aux prières).
LA CONVERSION: SE RETOURNER
La repentance est donc l’acte par lequel quelqu’un s’arrête dans une mauvaise voie, y renonce et prend la résolution de faire le bien. Si elle est sincère, elle sera nécessairement suivie d’une “conversion”. (Actes 15:3.) En hébreu comme en grec, les verbes qui décrivent la conversion (héb. shouv; gr. stréphô; épistréphô) signifient simplement “faire volte-face, se tourner ou se retourner”. (Gen. 18:10; Prov. 15:1; Jér. 18:4; Jean 21:20; Actes 15:36.) Dans un sens spirituel, ils peuvent s’appliquer à celui qui se détourne de Dieu (et qui retourne de ce fait au péché [Nomb. 14:43; Deut. 30:17]), comme à celui qui abandonne la mauvaise voie qu’il suivait pour se tourner vers Dieu. — I Rois 8:33.
La conversion suppose davantage qu’une attitude ou des paroles. Elle se traduit par des “œuvres qui conviennent à la repentance”. (Actes 26:20; Mat. 3:8.) Elle consiste à ‘rechercher’, à ‘demander’ et à ‘appeler’ Jéhovah de tout son cœur et de toute son âme (Deut. 4:29; I Rois 8:48; Jér. 29:12-14). Il faut pour cela chercher la faveur de Dieu en ‘écoutant sa voix’ telle qu’elle s’exprime dans sa Parole (Deut. 4:30; 30:2, 8), ‘en faisant preuve de perspicacité en ce qui concerne sa vérité’, en recherchant une meilleure intelligence de ses voies et de sa volonté (Dan. 9:13), en observant et en ‘pratiquant’ ses commandements (Néh. 1:9; Deut. 30:10; II Rois 23:24, 25), en “gardant bonté de cœur et justice” et en ‘espérant en Dieu constamment’ (Osée 12:6), en renonçant à l’idolâtrie et au culte de la créature afin de ‘diriger fermement son cœur vers Jéhovah et de le servir, lui seul’ (I Sam. 7:3; Actes 14:11-15; I Thess. 1:9, 10), en marchant dans ses voies et non dans la voie des nations (Lév. 20:23) ou dans ses propres voies (És. 55:6-8). Les prières, les sacrifices, les jeûnes et l’observance des fêtes sacrées n’ont aucune valeur devant Dieu s’ils ne s’accompagnent pas d’œuvres bonnes, de justice, de miséricorde ainsi que de l’élimination de l’oppression et de la violence. — És. 1:10-19; 58:3-7; Jér. 18:11.
Il faut pour cela ‘se faire un cœur nouveau et un esprit nouveau’ (Ézéch. 18:31), c’est-à-dire une disposition d’esprit, une attitude et une force morale nouvelles qui résultent de motivations et d’objectifs différents. Pour celui qui change ainsi son mode de vie, il en résultera “la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies” (Éph. 4:17-24), exempte de toute immoralité, de toute convoitise, de toute violence verbale ou physique (Col. 3:5-10; voir Osée 5:4-6). Dieu fait “jaillir” l’esprit de sagesse pour ceux qui agissent ainsi, et il leur fait connaître ses paroles. — Prov. 1:23; voir II Timothée 2:25.
La repentance véritable a un pouvoir réel. Il en résulte une force qui incite la personne à se ‘retourner’. Voilà pourquoi Jésus pouvait dire à la congrégation de Laodicée: “Aie donc du zèle et repens-toi.” (Rév. 3:19; voir 2:5; 3:2, 3). Cela se manifeste par ‘de l’empressement, un souci de se disculper, de la crainte pieuse, un ardent désir et la réparation du tort’. (II Cor. 7:10, 11.) En effet, celui qui ne se soucie pas de réparer les torts qu’il a causés montre qu’il ne s’est pas vraiment repenti. — Voir Ézéchiel 33:14, 15; Luc 19:8.
L’expression “nouveau converti” ou “homme récemment converti” (BFC) traduit un terme grec (néophutos) qui signifie littéralement “nouvellement planté” ou “nouvellement poussé”. (I Tim. 3:6.) Cet homme ne devait pas être chargé d’une tâche ministérielle dans la congrégation, “de peur qu’il ne se gonfle d’orgueil et ne tombe dans le jugement prononcé sur le Diable”.
“LA REPENTANCE POUR LES ŒUVRES MORTES”
En Hébreux 6:1, 2 nous lisons que la doctrine élémentaire qui sert de fondement à la maturité chrétienne commence avec “la repentance pour les œuvres mortes et la foi envers Dieu”. Suivent l’enseignement sur les baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts et le jugement éternel. Selon toute vraisemblance, par “œuvres mortes” (expression qu’on retrouve uniquement en Hébreux 9:14) il faut entendre non seulement les péchés, les œuvres de la chair déchue qui mènent à la mort (Rom. 8:6; Gal. 6:8), mais aussi les œuvres qui sont en elles-mêmes spirituellement mortes, vaines ou stériles.
Cela comprend tous les efforts que les hommes peuvent faire pour établir leur propre justice en dehors de Jésus Christ et de son sacrifice rédempteur. Ainsi, les chefs religieux juifs et tous ceux qui s’en tenaient à une observance formelle de la Loi accomplissaient en fait des “œuvres mortes”, car il leur manquait l’élément essentiel: la foi (Rom. 9:30-33; 10:2-4). C’est pour cela qu’au lieu de se repentir ils ont trébuché sur Jésus Christ, le “principal Instrument” choisi par Dieu “pour donner la repentance à Israël et le pardon des péchés”. (Actes 5:31-33; 10:43; 20:21.) Une fois que Jésus Christ avait accompli la Loi, ceux qui l’observaient encore comme si elle était toujours en vigueur se livraient aussi à des “œuvres mortes”. (Gal. 2:16.) Pareillement, toutes les œuvres qui pourraient avoir une certaine valeur deviennent des “œuvres mortes” quand elles ne sont pas motivées par l’amour de Dieu et du prochain (I Cor. 13:1-3). L’amour lui-même doit être pratiqué “en acte et en vérité”, conformément à la volonté et aux voies de Dieu, telles qu’elles nous sont révélées dans sa Parole (I Jean 3:18; 5:2, 3; Mat. 7:21-23; 15:6-9; Héb. 4:12). Celui qui se tourne avec foi vers Dieu par l’entremise de Jésus Christ doit se repentir de toutes les œuvres qui méritent d’être qualifiées d’“œuvres mortes”, et les rejeter ensuite pour que sa conscience en soit purifiée. — Héb. 9:14.
À part le cas de Jésus, le baptême (l’immersion dans l’eau) constitue un symbole d’origine divine lié à la repentance, tant pour les Juifs (qui n’ont pas gardé l’alliance de Dieu alors qu’elle était encore en vigueur) que pour les gens des nations qui se ‘retournent’ pour servir Dieu par un service sacré. — Mat. 3:11; Actes 2:38; 10:45-48; 13:23, 24; 19:4; voir BAPTÊME.
CEUX QUI NE SE REPENTENT PAS OU QUI NE PEUVENT PLUS SE REPENTIR
Faute de repentir sincère, Israël et Juda ont été emmenés en exil, Jérusalem a été détruite par deux fois et, en définitive, la nation a été complètement rejetée par Dieu. Quand les Israélites ont été repris, ils ne sont pas vraiment revenus à Dieu. Ils sont plutôt ‘retournés à la voie que suit le plus grand nombre, comme un cheval qui s’élance dans la bataille’. (Jér. 8:4-6; II Rois 17:12-23; II Chron. 36:11-21; Luc 19:41-44; Mat. 21:33-43; 23:37, 38.) Étant donné que dans leur cœur ils ne voulaient pas se repentir et se ‘retourner’, ce qu’ils ont entendu et vu ne leur a apporté ni intelligence ni connaissance. Un “voile” demeurait sur leurs cœurs (És. 6:9, 10; II Cor. 3:12-18; 4:3, 4). Les chefs religieux, les prophètes et les prophétesses infidèles ont contribué à cet état de choses en encourageant le peuple dans sa mauvaise voie (Jér. 23:14; Ézéch. 13:17, 22, 23; Mat. 23:13, 15). Les prophéties chrétiennes ont annoncé que beaucoup rejetteraient le moyen par lequel Dieu reprendrait les hommes et les amènerait à la repentance, leurs souffrances ne contribuant qu’à les endurcir et à les aigrir au point de blasphémer Dieu, bien que leurs problèmes et leurs fléaux viennent de leur propre abandon des justes voies de Dieu (Rév. 9:20, 21; 16:9, 11). Ceux-là ‘amassent pour eux du courroux, au jour de la révélation du juste jugement de Dieu’. — Rom. 2:5.
Ils ne peuvent plus se repentir
Ceux qui ‘pratiquent le péché volontairement’ après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité ne peuvent plus se repentir, car ils ont renié la raison d’être de la mort du Fils de Dieu pour se joindre à ceux qui l’ont condamné. “Pour leur compte, ils attachent à nouveau sur le poteau le Fils de Dieu et l’exposent publiquement à l’ignominie.” (Héb. 6:4-8; 10:26-29). Ils se rendent ainsi coupables de “blasphème contre l’esprit”. C’est là un péché impardonnable, puisque c’est uniquement par l’esprit de Dieu qu’on peut parvenir à “la connaissance exacte de la vérité”. (Mat. 12:31, 32; Marc 3:28, 29; Jean 16:13.) “Il aurait mieux valu pour eux ne pas avoir connu avec exactitude le chemin de la justice que, l’ayant connu avec exactitude, de se détourner du saint commandement qui leur avait été transmis.” — II Pierre 2:20-22.
Puisque Adam et Ève étaient parfaits et que Dieu leur avait donné à tous deux un ordre formel qu’ils comprenaient très bien, il est évident qu’ils ont péché de propos délibéré. Ils ne pouvaient s’excuser en invoquant une quelconque faiblesse ou imperfection humaine. Voilà pourquoi il n’y avait aucune invitation au repentir dans le message que Dieu leur a adressé (Gen. 3:16-24). Ainsi en était-il de la créature spirituelle qui les avait incités à la rébellion. Sa fin et celle de tous les anges qui se sont joints à elle n’est autre que la destruction éternelle (Gen. 3:14, 15; Mat. 25:41). Malgré son imperfection, Judas avait été un ami intime du Fils de Dieu, et pourtant il l’a livré. Or Jésus l’a appelé “le fils de la destruction”. (Jean 17:12.) “L’homme qui méprise la loi”, qui apostasie, est aussi qualifié de “fils de la destruction”. (II Thess. 2:3; voir ANTICHRIST; APOSTASIE; HOMME QUI MÉPRISE LA LOI.) Tous ceux qui seront considérés comme des “chèvres” au temps où le roi Jésus exécutera son jugement sur les humains s’en iront également “au retranchement éternel”. On ne les invitera pas à se repentir. — Mat. 25:33, 41-46.
QUAND DIEU ‘À DU REGRET’ ET SE RETOURNE
Lorsque l’hébreu nâḥam signifie ‘avoir du regret’, il s’applique le plus souvent à Jéhovah Dieu. En Genèse 6:6, 7 nous lisons: “Jéhovah eut des regrets d’avoir fait les hommes sur la terre et il fut peiné dans son cœur.” En effet, la méchanceté était telle que Dieu a décidé d’effacer les humains de la surface du sol par un déluge universel. Il ne faudrait pas en déduire que Dieu a regretté d’avoir fait une erreur en créant l’homme, car “parfaite est son action”. (Deut. 32:4, 5.) Dans ce cas, le regret s’oppose simplement à la joie et à la satisfaction agréable. En somme, après avoir créé les humains, Dieu regrettait de se voir dans l’obligation (à juste titre d’ailleurs) de les détruire tous, à l’exception de Noé et de sa famille, à cause de leur mauvaise conduite. En effet, ‘Dieu ne prend pas plaisir à la mort du méchant’. — Ézéch. 33:11.
Les principes justes de Dieu sont permanents, stables, immuables, exempts de toute variation (Mal. 3:6; Jacq. 1:17). Rien ne peut l’amener à se déjuger, à se détourner de ses principes parfaits ou à les abandonner. Toutefois, ses créatures intelligentes peuvent réagir bien ou mal à ces principes parfaits et à la façon dont il les applique. Si elles adoptent une bonne attitude, cela est agréable à Dieu. En revanche, si elles prennent la mauvaise voie, cela suscite en lui du regret. Qui plus est, l’attitude de la créature elle-même peut changer, passer du bon au mauvais ou du mauvais au bon. Puisque Dieu ne transforme pas ses principes au gré de ses créatures, la joie qu’il éprouve à leur sujet (et les bénédictions qui en découlent) peut se changer en regret (et s’accompagner d’une discipline ou d’un châtiment), ou vice versa. Ses jugements et ses décisions sont donc exempts de tout caprice, de toute inconstance, de toute légèreté et de toute erreur. Nul ne saurait à bon droit le juger inconséquent ou fantasque. — Ézéch. 18:21-30; 33:7-20; voir Jérémie 18:3-10; Romains 9:19-21.