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‘Je n’ai consulté ni la chair ni le sang’La Tour de Garde 1974 | 1er janvier
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quarante-cinq ans, elle a appris à monter à bicyclette pour accomplir son service de pionnier. La bicyclette est restée notre moyen de transport jusqu’en 1958. Nous avons pu aider un grand nombre de personnes dans cette région, et aujourd’hui il y a une congrégation prospère dans cette ville et une autre un peu plus loin.
Plus tard, j’ai été chargé par la Société de visiter les congrégations en qualité de surveillant de circonscription. Outre trois provinces belges, je devais visiter le Grand-Duché de Luxembourg, où l’opposition était particulièrement violente. Les autorités nous rendaient la vie dure par de fréquentes arrestations. Chaque fois, elles confisquaient nos bicyclettes et nos serviettes avec nos livres. Nos frères dans la foi s’arrangeaient pour nous fournir un nouvel équipement, et nous repartions de plus belle. Finalement, l’affaire a été portée devant la cour suprême du Luxembourg, qui a rendu un jugement en notre faveur. Tous nos biens confisqués nous ont été rendus.
Plus tard, invités à choisir une autre région où le besoin en prédicateurs était plus grand, nous avons décidé d’aller à Marche-en-Famenne, également dans les Ardennes. Nous sommes partis, persuadés que nous trouverions un logement pour la nuit. Nous nous étions trompés. Nous retournions à la gare quand, soudain, une femme s’est avancée vers nous et nous a demandé si c’était nous qui étions en quête d’un logement ; elle avait justement ce qu’il nous fallait. Ce fut pour nous un nouveau départ.
À mesure que les années passaient, nous avons pu commencer des études bibliques ; mais que de persévérance il nous a fallu : huit années de dur travail avant que notre cuisine devienne trop petite pour nos réunions ! Cependant, le fondement avait été posé, et la congrégation s’est développée. Aussi, en 1967, avons-nous été envoyés dans un autre territoire, — Aywaille et ses environs, non loin de Liège.
Une fois encore, nous avons eu le privilège de contribuer à la formation d’une congrégation en partant de rien. Finalement, la congrégation est devenue assez prospère pour s’établir dans un local convenable en 1972.
Au début de 1971, la santé de ma femme a décliné subitement. Elle était atteinte d’un cancer, sans espoir de guérison. Elle avait été ma fidèle compagne pendant vingt-cinq ans, partageant avec moi les afflictions et les sacrifices, afin que la lumière de la vérité pût briller au Luxembourg.
À l’exemple de l’apôtre Paul, qui a connu de nombreuses difficultés, mais avait le sentiment d’être approuvé par Jéhovah, je suis heureux d’avoir été durant tant d’années dans le ministère à plein temps. Je n’ai aucun regret de n’avoir pas consulté la chair et le sang avant de prendre la décision de servir Jéhovah de toutes mes forces. Si c’était à refaire, prenant ma bicyclette, je partirais prêcher la Parole de Dieu, comme en 1936. Avec générosité, Jéhovah a pourvu à tous mes besoins. Mon désir est de rester fidèlement attaché à la tâche qu’il m’a confiée.
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Questions de lecteursLa Tour de Garde 1974 | 1er janvier
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Questions de lecteurs
● Que signifie le mot “inconduite” que l’on trouve dans Galates 5:19 (NW) ?
Certains pourraient prétendre que ce terme (qui vient du grec asélgéïa) désigne une conduite immorale, mais pas très grave. Cependant, à en juger par les Écritures et les anciens écrits grecs profanes dans lesquels on trouve ce mot, ce n’est pas le cas. L’emploi de ce terme ne se limite pas à des actes d’impureté sexuelle. Plutôt que de désigner une mauvaise conduite mineure, il concerne en fait des actes reflétant une attitude effrontée qui dédaigne, voire méprise, les principes, les lois et l’autorité. L’inconduite ne résulte donc pas essentiellement d’une faiblesse, mais d’un manque de respect, d’une attitude insolente ou impudique.
Cette pensée est soutenue par les lexiques grecs, qui définissent asélgéïa (et d’autres formes de ce mot) comme désignant des “actes scandaleux”, “la licence, la violence éhontée”, “l’insolence”, “les injures vulgaires”, la brutalité (Lidell et Scott) ; “Les excès, l’intempérance en toutes choses, par exemple, en paroles et en conduite, l’insolence” (Robinson) ; “la luxure débridée, (...) le scandale, l’impudicité” (Thayer) ; “le mépris de la loi insolent et éhonté” (Trench). Un lexique (A New Testament Wordbook) de Barclay déclare : “[Asélgéïa] est utilisé par Platon dans le sens d’‘impudence’. (...) On la définit comme la ‘violence associée à l’injure et à l’effronterie’. (...) Elle est décrite comme, ‘l’esprit qui ne connaît aucune restriction et qui ose faire ce que suggère le caprice ou l’insolence la plus grande’.”
Au premier siècle de notre ère, l’historien juif Josèphe utilisa ce mot (asélgéïa) à propos de la reine Jézabel qui dressa un autel pour Baal à Jérusalem. C’était un outrage choquant, un acte qui bafouait impudemment l’opinion publique et la décence.
On trouve dans les Écritures grecques chrétiennes un emploi du mot asélgéïa semblable à celui qui en est fait dans les écrits profanes. Par exemple, l’apôtre Paul parle des gens des nations et dit qu’à cause de “l’insensibilité de leur cœur” ils ont “perdu tout sens moral [et] se sont livrés à l’inconduite [asélgéïa] pour pratiquer avec avidité toute sorte d’impureté”. (Éph. 4:17-19, NW.) L’apôtre Pierre associe aselgéïa aux pratiques des nations telles que “les convoitises, les excès de vin, les orgies, les soûleries et les idolâtries illicites”. (I Pierre 4:3, 4, NW.) Parlant de Lot, qui était affligé par les actes des habitants de Sodome, l’apôtre souligne leur “conduite débauchée”, ‘bravant la loi’. Il compare certains hommes de son époque aux habitants de Sodome disant qu’ils sont “audacieux, obstinés”, qu’ils “méprisent la seigneurie”, ne craignant pas de ‘parler en mal des glorieux’, et qu’ils profèrent des “paroles pompeuses et inutiles”. (II Pierre 2:7-10, 18, NW.) Toutes ces expressions expriment bien le sens du mot asélgéïa qui désigne une conduite honteuse et impudente.
Pareillement, le disciple Jude écrit à propos d’hommes impies qui utilisent la faveur imméritée de Dieu comme un “prétexte d’inconduite” et souligne leur attitude dédaigneuse et méprisante envers l’autorité légitime. Leur “inconduite” consiste non seulement à ‘souiller la chair’ par l’impureté sexuelle ou autre, mais aussi à ‘faire peu de cas de la seigneurie et à parler en mal des glorieux’. C’étaient des “hommes animaux, qui n’ont pas de spiritualité”. — Jude 4-8, 19, NW.
L’attitude dépeinte par le mot asélgéïa est aujourd’hui très courante dans le monde. De nombreux jeunes gens rejettent toute contrainte et n’hésitent pas à outrager la décence publique, à bafouer avec insolence l’autorité et à injurier leurs parents et d’autres personnes. Cependant les jeunes ne sont pas les seuls à agir ainsi. Le théâtre, le cinéma et les revues n’exposent pas seulement la nudité et les actes sexuels ; ils exaltent la violence sadique et le langage obscène. Ce sont là autant d’aspects de “l’inconduite” au sens biblique du terme.
Toutefois, nous pouvons remarquer que le mot “inconduite” (asélgéïa) est quelque fois associé aux termes “fornication” (pornéïa) et “impureté” (akatharsia) (II Cor. 12:21 ; Gal. 5:19 ; voir Romains 13:13 ; NW). Quelle est la différence entre ces termes ?
Des trois, “impureté” est le plus large. Par exemple, contrairement à pornéïa, il n’inclut pas seulement l’immoralité sexuelle, mais l’impureté en tous genres, que ce soit dans le langage, dans la conduite ou dans les relations spirituelles (voir I Thessaloniciens 2:3 ; I Corinthiens 7:14 ; II Corinthiens 6:17). À la différence d’asélgéïa l’application de ce terme ne dépend pas des mobiles ni de l’attitude de celui qui s’est rendu coupable d’impureté. Le degré d’impureté peut être très variable. De même qu’un vêtement peut n’avoir qu’une tache ou être franchement sale, de même un individu peut être plus ou moins “impur”. Ce terme se distingue essentiellement par le fait qu’il souligne la nature moralement répugnante d’une conduite ou d’une condition mauvaise.
En revanche, le mot “fornication” (pornéïa) est plus limité, car il décrit des actes franchement immoraux sur le plan strictement sexuel. Bien que, évidemment, toute pornéïa soit impure, ce mot grec particulier met l’accent sur le caractère illicite et impudique d’actes comme ceux qui sont commis dans une maison de prostitution bien qu’ils puissent être commis ailleurs.
Comme l’“impureté”, “l’inconduite” (asélgéïa) n’est pas limitée à l’immoralité sexuelle. Cependant, ce terme est différent parce qu’il met l’accent sur le caractère impudique et éhonté de la conduite. Nous voyons donc que, bien que ces termes concernent tous trois la mauvaise conduite et qu’ils puissent parfois faire double emploi, chacun exprime une nuance qui lui est propre.
Montrant cela, Barclay (dans A New Testament Wordbook) cite la Bible et l’helléniste Lightfoot, et dit qu’un “homme peut être ‘impur’ (akathartos [forme adjective de akatharsia]) et cacher son péché, mais que celui qui est asélgês (forme adjective de asélgéïa) outrage la décence publique. C’est là la nuance de asélgéïa ; l’homme dont l’âme est habitée par l’asélgéïa (...) ne se soucie pas
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