Le point de vue biblique
Pourquoi s’abstenir de drogue?
L’HISTOIRE de la drogue et des hallucinogènes remonte loin dans le temps et présente des aspects variés. On y a même eu recours dans certains rites religieux, comme en témoigne le rapport publié l’an dernier (dans Popular Mechanics) par L. Stager, maître de conférences en archéologie syro-palestinienne à l’Institut oriental de l’université de Chicago:
“Nous avons trouvé à Carthage des graines de pavot qui attestent que l’usage de l’opium était répandu. Cela nous a incités à pousser plus avant nos recherches. Nous n’avons pas mis longtemps à découvrir que la drogue faisait partie du rituel de nombreux temples. Par exemple, on a retrouvé dans un sanctuaire du Liban une pleine jarre de marijuana. En Crète, ce fut une déesse de terre cuite avec trois gros bulbes d’opium qui lui sortaient de la tête et qui révèlent combien l’usage de l’opium était répandu.”
Peut-être serez-vous surpris d’apprendre qu’on se servait d’hallucinogènes dans les religions de l’Antiquité, mais, en tout cas, vous êtes sûrement conscient de l’emprise mondiale de la toxicomanie aujourd’hui. À vrai dire, l’usage d’hallucinogènes est devenu si courant que certains en arriveraient presque à se demander pourquoi il faut s’abstenir de drogue.
Est-ce pareil que d’absorber de l’alcool?
D’aucuns prétendent qu’il n’y a rien de mai à utiliser des drogues dites “douces”, telles que la marijuana. Ils raisonnent par exemple en disant que la Bible autorise l’alcool, bien que ce dernier fasse partie des toxiques. Lisez d’ailleurs cette déclaration de D. Phelps, de l’Institut américain contre l’alcoolisme: “De plus en plus [de jeunes de 18 à 21 ans] se tournent à la fois vers la drogue et l’alcool (...) et se livrent à des abus non pas d’un, mais de deux toxiques différents.” (C’est nous qui soulignons.) Il y a donc des auteurs pour classer l’alcool dans les “toxiques”, avec les hallucinogènes. Mais classer les stupéfiants avec les boissons alcooliques en justifie-t-il l’emploi?
N’étant pas un aliment, un hallucinogène n’a aucune valeur nutritive. Par contre, les boissons alcooliques, telles que le vin, présentent des propriétés diététiques. Vu sous cet angle, il n’est donc pas justifié d’assimiler la drogue aux boissons alcooliques.
D’autre part, les stupéfiants font du tort à la santé et peuvent provoquer la mort, alors qu’une boisson alcoolique telle que le vin possède des vertus médicinales. Lisons par exemple ce conseil de l’apôtre chrétien Paul à son collaborateur Timothée: “Ne bois plus d’eau, mais use d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquents ennuis de santé.” (I Tim. 5:23). Dans le même ordre d’idées, après avoir donné quelques conseils de modération sur la boisson, voici ce qu’écrit le docteur C. Smith dans Un médecin examine la Bible (angl.): “[L’alcool] est un stomachique que l’on peut prescrire contre la dyspepsie, l’anorexie (manque d’appétit), la fatigue, les vomissements, la sénilité, etc.”
Si la Bible n’interdit pas l’usage modéré du vin ou d’autres boissons alcooliques, elle condamne formellement l’ivrognerie. En voici une preuve: “Ne te trouve pas parmi les buveurs de vin, parmi ceux qui se gorgent de chair. Car l’ivrogne et le glouton tomberont dans la pauvreté, et la somnolence vous revêtira de haillons.” (Prov. 23:20, 21). Par ailleurs, l’apôtre Paul condamna les “beuveries” comme des “œuvres de la chair” incompatibles avec le christianisme. Il expliqua on ne peut plus clairement que ‘les ivrognes n’hériteront pas le royaume de Dieu’. — Gal. 5:19-21; I Cor. 6:9, 10.
La Bible condamnant l’ivrognerie, on voit mal comment Dieu approuverait quelqu’un qui se laisse aller à l’ivresse de la drogue. Les Écritures n’autorisent pas non plus le chrétien à “noyer son chagrin dans l’alcool”. Si cela est vrai de l’alcool qui possède des vertus médicinales et des propriétés diététiques, à combien plus forte raison ce principe s’applique-t-il à l’état d’euphorie engendré par les stupéfiants!
Une comparaison qui fait réfléchir
On peut établir un parallèle entre la toxicomanie et l’ivrognerie. On a honte de celui qui boit au point de s’enivrer. D’ailleurs, voyez en quels termes la Bible décrit la perte d’équilibre de l’ivrogne et les dangers qu’il court et qu’il fait courir aux autres en n’étant plus maître de ses actes: “Pour qui les blessures sans raison? Pour qui les yeux ternes? Pour ceux qui restent longtemps auprès du vin (...). Ne regarde pas le vin quand il offre une couleur rouge, quand il pétille dans la coupe, quand il coule suavement [tout paraît rouge au buveur et le vin descend tout seul dans son gosier]. À sa fin il mord comme un serpent, et il sécrète du venin comme une vipère [l’abus d’alcool est responsable de plusieurs maladies et de différentes aliénations mentales; il peut même tuer]. Tes yeux verront d’étranges choses [il peut avoir des hallucinations], et ton cœur exprimera des choses perverses [en laissant les mauvais mobiles reprendre le dessus].” — Prov. 23:29-33.
Ce déséquilibre s’observe également chez le drogué, dont le vice ravage l’organisme autant que les facultés mentales. Il ne fait aucun doute que la toxicomanie est une souillure et que la Bible la condamne comme telle (II Cor. 7:1). Ajoutons que le drogué risque de perdre le contrôle de ses actes, d’avoir des hallucinations et de céder à ses mauvais instincts. Un tel individu inspire la honte. En somme, il en va de la toxicomanie comme de l’ivrognerie: Dieu n’approuve ni l’une ni l’autre.
La question des facultés mentales
L’usage continuel de stupéfiants peut nuire aux facultés mentales, ne serait-ce que lorsque le toxicomane est sous l’empire de la drogue, auquel cas ses facultés cérébrales sont touchées, souvent à un point tel, qu’il n’est plus capable de raisonner sainement. Notons à ce propos qu’avant de clouer Jésus Christ au poteau, les Romains “lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel [vraisemblablement aussi avec de la myrrhe]; mais, l’ayant goûté, il refusa de boire”. (Mat. 27:34; Marc 15:23.) Pourquoi Jésus refusa-t-il cette liqueur? Parce que le breuvage était drogué.
Notons ce commentaire intéressant de Vine dans son Dictionnaire interprétatif des mots du Nouveau Testament (angl.): “Le Christ refusa ce genre d’adoucissement, car il voulait conserver toutes ses facultés mentales pour accomplir jusqu’au bout la volonté du Père.” Par contre, le vin qu’il accepta juste avant de mourir n’était pas drogué (Jean 19:28-30). Si Jésus refusa le vin drogué, c’est bien qu’il désirait être en pleine possession de tous ses moyens à l’heure de l’épreuve suprême de sa foi.
À l’instar de Jésus, le chrétien s’efforcera de rester maître de ses facultés intellectuelles, afin de ne pas se laisser entraîner dans la débauche ou dans d’autres actes qui réduiraient à néant ses bonnes relations avec Jéhovah Dieu. Le chrétien doit également aimer Dieu de tout son esprit, ce qui exclut l’usage d’hallucinogènes ou d’autres stupéfiants qui provoquent des aberrations mentales que l’on rechercherait pour le seul plaisir de connaître une certaine euphorie.
De tout ce qui précède, rien n’interdit de suivre un traitement médical avec des produits pharmaceutiques. Par contre, le serviteur de Dieu fuira la toxicomanie. Voilà quelques facteurs à considérer avant de répondre à la question de savoir s’il faut ou non s’abstenir de drogue.