ESPRIT
1. (héb. rûaḫ; gr. pneuma).
Le mot français “esprit” dérive du latin spirare, qui signifie “souffler” (substantif spiritus, “souffle”, “haleine”), d’où proviennent aussi les termes “respiration”, “expiration” et “inspiration”. De même, le grec pneuma vient de pneô, “respirer” ou “souffler”, et l’on pense que l’hébreu rûaḫ tire son origine d’une racine qui emporte le même sens.
Ainsi, les noms rûaḫ et pneuma signifient fondamentalement “souffle”, mais leur signification s’étend au delà de ce sens premier (comparez avec Habacuc 2:19; Révélation 13:15). Ils peuvent aussi désigner le vent, la force vitale des êtres vivants, l’esprit d’une personne, un être spirituel comme Dieu et ses anges, ainsi que la force active de Dieu ou son esprit saint (comparez avec le Dictionnaire hébreu-français de Sander et Trenel, pages 675, 676; Lexicon in Veteris Testamenti Libros, de Koehler et Baumgartner, pages 877-879; Dictionnaire du Nouveau Testament de Xavier Léon-Dufour, pages 241, 242). Toutes ces définitions ont un point commun: chacune d’elles désigne en effet une chose invisible à l’œil humain, caractérisée par une force agissante qui peut produire des effets visibles.
Un autre terme hébreu, neshâmâh (Gen. 2:7), désigne également le souffle, mais dans un sens plus restreint que rûaḫ, et semble correspondre au grec pnoê (Actes 17:25) par lequel les traducteurs de la Septante l’ont rendu.
LE VENT
Examinons tout d’abord le sens qui est peut-être le plus facile à saisir. Dans de nombreux cas, le contexte montre que rûaḫ désigne le vent, le “vent d’est” (Ex. 10:13) ou les “quatre vents” (Zach. 2:6) par exemple. Cette traduction s’impose lorsque le contexte mentionne les nuages, l’ouragan, la bale qui s’envole ou d’autres choses semblables (Nomb. 11:31; I Rois 18:45; 19:11; Job 21:18, etc.). Puisque les quatre vents désignent les quatre points cardinaux (l’est, l’ouest, le nord et le sud), on peut parfois traduire rûaḫ par “direction” ou par “côté”. — I Chron. 9:24; Jér. 49:36; 52:23; Ézéch. 42:16-20; voir VENT.
LES PERSONNES SPIRITUELLES
Dieu est invisible pour l’homme (Ex. 33:20; Jean 1:18; I Tim. 1:17); il est vivant et il déploie une force sans pareille dans tout l’univers (II Cor. 3:3; És. 40:25-31). Jésus déclara: “Dieu est Esprit [pneuma].” De son côté, l’apôtre écrivit: “Or Jéhovah est l’Esprit.” (Jean 4:24; II Cor. 3:17, 18). Le temple dont Jésus constitue la pierre angulaire de fondement est “un lieu où Dieu habitera par l’esprit”. — Éph. 2:22.
Néanmoins, il ne faudrait pas en déduire que Dieu est une force impersonnelle ou sans corps, comme le vent. Les Écritures attestent clairement qu’il s’agit d’une personne qui possède même une résidence, puisque Jésus expliqua qu’il ‘irait vers le Père’, “afin de paraître maintenant pour nous devant la personne [littéralement “la face”] de Dieu”. (Jean 16:28; Héb. 9:24; comparez avec I Rois 8:43; Psaumes 11:4; 113:5, 6.) Pour d’autres renseignements, voir JÉHOVAH (La personne identifiée par ce nom).
Peut-être Dieu emploie-t-il en Genèse 6:3 l’expression “mon esprit [rûaḫ]” au sens de “moi, l’Esprit”, comme lorsqu’il dit: “mon âme [néphésh]”, au sens de “ma personne” ou de “moi-même”. (És. 1:14; voir ÂME [En quel sens Dieu a-t-il une âme?].) De cette façon, il oppose sa position spirituelle et céleste à la nature charnelle et terrestre de l’homme.
Le Fils de Dieu
La Parole, le “fils unique” de Dieu, fut tout d’abord une personne spirituelle comme son Père; il existait donc “dans la forme de Dieu” (Phil. 2:5-8), mais, plus tard, il “devint chair” et résida parmi les hommes, étant lui-même l’homme Jésus (Jean 1:1, 14). Lorsqu’il eut achevé sa mission terrestre, il fut “mis à mort dans la chair, mais (...) rendu à la vie dans l’esprit”. (I Pierre 3:18.) Son Père le ressuscita et, en réponse à sa requête, il le glorifia auprès de lui de la gloire qu’il avait eue avant de venir sur terre (Jean 17:4, 5), faisant ainsi de lui “un esprit donnant la vie”. (I Cor. 15:45.) Ainsi, de nouveau invisible pour l’homme, le Fils habite “une lumière inaccessible”, étant celui “que personne parmi les hommes n’a vu ni ne peut voir”. — I Tim. 6:14-16.
D’autres créatures spirituelles
Dans de nombreux textes bibliques, les termes rûaḫ et pneuma s’appliquent aux anges (I Rois 22:21, 22; Ézéch. 3:12, 14; 8:3; 11:1, 24; 43:5; Actes 23:8, 9; I Pierre 3:19, 20). Dans les Écritures grecques chrétiennes, le mot esprit désigne le plus souvent les démons, des créatures spirituelles méchantes. — Mat. 8:16; 10:1; 12:43-45; Marc 1:23-27; 3:11, 12, 30, etc.
En Psaume 104:4, nous lisons que Dieu fait “de ses anges des esprits, de ses ministres un feu dévorant”. Avec quelques variantes, certaines traductions rendent ce passage comme suit: “Des vents tu fais tes messagers, du feu dévorant, tes ministres.” (Os; voir AC; Jé; Sg; TOB). Bien qu’on ne puisse exclure cette traduction (comparez avec Psaume 148:8), Paul cite ce verset (Héb. 1:7) selon l’option de la Septante et la première version que nous avons citée. (En Hébreux 1:7, le texte grec emploie l’article défini [tous], non devant “esprits [pneumata]”, mais devant “anges”, qui devient ainsi le sujet de la proposition.) Voici ce que dit à ce propos un commentaire biblique (Barnes’ Notes) sur la lettre aux Hébreux: “On peut présumer que [Paul], qui avait été instruit dans la connaissance de l’hébreu, était mieux placé que nous pour en connaître la construction exacte [de Psaume 104:4]; il est aussi moralement certain qu’il employa ce passage dans son argumentation tel que le comprenaient couramment ceux à qui il écrivait, c’est-à-dire ceux qui connaissaient bien la langue et les écrits hébreux.” — Comparez avec Hébreux 1:14.
Bien que les anges de Dieu soient capables d’apparaître en se matérialisant sous une forme humaine, leur nature n’est ni matérielle ni charnelle, mais invisible. Ils sont doués d’une vie active et peuvent déployer une force impressionnante, de sorte que les termes rûaḫ et pneuma leur conviennent tout à fait.
En Éphésiens 6:12, Paul parle de la lutte chrétienne, qui “n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les gouvernements, contre les autorités, contre les chefs mondiaux de ces ténèbres, contre les forces spirituelles méchantes qui sont dans les lieux célestes”. En grec littéral, la fin de ce verset se lit ainsi: “Envers les (choses) spirituelle [pneumatika] de la méchanceté dans les (lieux) célestes”. La plupart des versions modernes reconnaissent que ce texte ne désigne pas des “malices spirituelles” abstraites (David Martin), mais plutôt la méchanceté manifestée par des personnes spirituelles. Elles le traduisent en conséquence comme suit: “Les Esprit pervers qui sont dans les régions céleste” (Os), “les esprits du mal qui sont dans les cieux” (TOB), “les esprits méchants dans les lieux célestes” (Sg) ou “les puissances spirituelles mauvaises du monde céleste”. (BN.)
L’ESPRIT SAINT, LA FORCE AGISSANTE DE DIEU
Dans la grande majorité des cas, les termes rûaḫ et pneuma désignent l’esprit de Dieu, son esprit saint.
L’esprit saint n’est pas une personne
Au quatrième siècle de notre ère seulement, l’Église adopta le dogme officiel qui donnait à l’esprit saint le rang de personne divine. Toutefois, les “pères de l’Église” qui vécurent auparavant ne partageaient pas cette croyance. Ainsi, au deuxième siècle, Justin le Martyr décrivait l’esprit saint comme ‘une influence ou un mode d’opération de la Divinité’. De même, Hippolyte n’attribuait aucune personnalité à l’esprit saint. Les Écritures elles-même s’accordent à dire que l’esprit saint n’est pas une personne, mais la force agissante par laquelle Dieu accomplit sa volonté et ses desseins.
Il faut tout d’abord remarquer que les mots “dans le ciel: le Père, le Verbe et l’Esprit; et ces trois sont un” (AC), que l’on trouve dans certaines vieilles versions en I Jean 5:7, constituent en fait une addition apocryphe au texte original. La Bible de Jérusalem, version catholique, précise dans une note en bas de page que ces mots sont absents “des mss [manuscrits] grecs anciens, des vieilles versions et des meilleurs mss de la Vulg[ate]”. L’ensemble des traductions modernes, catholiques et protestantes, les ont exclus du texte en raison de leur nature apocryphe.
La personnification n’en fait pas une personne
Il est vrai que Jésus parla de l’esprit saint comme d’un “assistant” qui ‘enseignerait’, ‘rendrait témoignage’, ‘donnerait des preuves’, ‘guiderait’, ‘parlerait’, ‘entendrait’ et ‘recevrait’. Dans ce cas, selon le texte grec original, Jésus employa parfois le pronom personnel masculin “il” à propos de cet “assistant” (ou paraclet) (comparez avec Jean 14:16, 17, 26; 15:26; 16:7-15). Toutefois, il n’est pas rare que les Écritures personnifient ainsi une chose impersonnelle. Par exemple, le livre des Proverbes (1:20-33; 8:1-36) personnifie la sagesse et la désigne par des pronoms féminins, tant dans le texte hébreu que dans de nombreuses traductions françaises (Da; Jé; Os; TOB). La sagesse est également personnifiée en Matthieu 11:19 et en Luc 7:35, où on lui attribue des “œuvres” et des “enfants”. L’apôtre Paul décrivit le péché, la mort et la faveur imméritée comme autant de rois qui ‘règnent’. (Rom. 5:14, 17, 21; 6:12.) Il dit aussi que le péché ‘voit s’offrir une occasion’, ‘produit la convoitise’, ‘séduit’ et ‘tue’. (Rom. 7:8-11.) Pourtant, Paul ne voulait manifestement pas dire que le péché était une personne réelle.
De même, il faut considérer dans leur contexte les propos de Jésus relatifs à l’esprit saint et rapportés par Jean. Jésus personnifia l’esprit quand il en parla comme d’un “assistant”. (En grec paraklêtos, nom masculin.) Il convenait donc que Jean employât le pronom personnel masculin quand il décrivit l’esprit dans ce rôle d’“assistant”. En revanche, dans le même contexte, il emploie le pronom neutre lorsqu’il désigne l’esprit saint par le terme pneuma, du genre neutre. Par conséquent, Jean n’employa le pronom masculin en rapport avec paraklêtos que pour se conformer aux règles grammaticales, et non pour exprimer quelque doctrine. — Jean 14:16, 17; 16:7, 8.
L’esprit saint n’est pas identifié comme le serait une personne
Dieu et tous ses anges fidèles sont des esprits et son saints. Dès lors, si l’esprit saint était une personne spirituelle, on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que les Écritures nous donnent le moyen de l’identifier et de le distinguer de tous ces autres “esprits saints”. On s’attendrait, pour le moins, à ce qu’elles emploient l’article défini dans la plupart des cas, ce qui nous permettrait au mois de le distinguer comme “LE Saint-Esprit”. Mais au contraire, dans de nombreux textes grecs, l’expression “esprit saint” est dépourvue d’article, ce qui souligne encore son caractère impersonnel. — Comparez avec Actes 6:3, 5; 7:55; 8:15, 17, 19; 9:17; 11:24; 13:9, 52; 19:2; Romains 9:1; 14:17; 15:13, 16, 19; I Corinthiens 12:3; Hébreux 2:4; 6:4; II Pierre 1:21; Jude 20 dans la Traduction interlinéaire du Royaume ou dans toute autre traduction interlinéaire.
Le baptême en son “nom”
Matthieu 28:19 parle du “nom du Père et du Fils et de l’esprit saint”. Cependant, le mot “nom” ne désigne pas toujours un nom personnel. Lorsque nous utilisons en français des expression comme “au nom de la loi” ou “au nom du bon sens”, nous ne désignons pas une personne pour autant, mais nous voulons plutôt dire: “En vertu de ce que représente la loi ou des pouvoirs qu’elle confère”, à moins que nous n’invoquions “ce que signifie le bon sens et ce qu’il requiert”. En grec, le mot “nom” (onoma) peut emporter le même sens. Ainsi, certaines versions traduisent littéralement le texte grec en Matthieu 10:41 et disent que celui qui “reçoit un prophète au nom d’un prophète recevra une récompense de prophète; et celui qui reçoit un juste au nom d’un juste recevra une récompense de juste”. (AV; AS.) Par contre, des traductions plus récentes parlent de celui qui “reçoit un prophète parce que c’est un prophète” et de celui qui “reçoit un juste parce que c’est un juste”, ou emploient d’autres expressions semblables (MN; AC; BN; CT; Ku; TOB). C’est pourquoi A. Robertson (Word Pictures in the New Testament, t. I, p. 245) fait ce commentaire à propos de Matthieu 28:19: “Cet emploi du nom (onoma), courant dans la Septante et dans les papyrus, désigne la force ou l’autorité.” Par conséquent, celui qui se fait baptiser ‘au nom de l’esprit saint’ reconnaît que cet esprit provint de Dieu et qu’il joue son rôle selon sa volonté.
D’autres preuves de son caractère impersonnel
Attestant encore que l’esprit saint n’est pas une personne, la Bible l’associe à d’autres choses impersonnelles, telles que l’eau et le feu (Mat. 3:11; Marc 1:8), et parle de chrétiens ‘baptisés dans de l’esprit saint”. (Actes 1:5; 11:16.) Certains sont exhortés à ‘se remplir d’esprit’ plutôt que de vin (Éph. 5:18). On mentionne également des hommes “pleins d’esprit” et d’autres qualités, telles la sagesse, la foi (Actes 6:3, 5; 11:24) ou la joie (Actes 13:52), et l’esprit figure, intercalé, dans l’énumération de nombreuses qualités semblables, en II Corinthiens 6:6. La Bible n’emploierait certainement pas de telles expressions pour désigner une personne divine. Si l’on dit que l’esprit saint ‘rend témoignage’ (Actes 5:32; 20:23), on peut également remarquer en I Jean 5:6-8 la même expression au sujet de ‘l’eau et du sang’. Si selon plusieurs textes, l’esprit ‘atteste’, ‘parle’ ou ‘dit’ certaines choses, d’autres passages expliquent qu’il ne l’a fait que par l’entremise de différentes personnes, puisqu’il ne dispose pas d’une voix personnelle (comparez avec Hébreux 3:7; 10:15-17; Psaume 95:7; Jérémie 31:33, 34; Actes 19:2-6; 21:4; 28:25). On peut donc le comparer aux ondes radioélectriques qui reçoivent une message de celui qui parle dans le microphone, puis le transmettent au loin, afin de le ‘dire’ ou d’en ‘parler’ à d’autres personnes au moyen d’un haut-parleur. De même, par son esprit, Dieu communique ses messages et sa volonté à l’esprit et au cœur de ses serviteurs terrestres qui, à leur tour, peuvent en faire part à leurs semblables.
L’esprit de Dieu diffère de sa “puissance”
Par conséquent, lorsqu’ils se rapporte à l’esprit saint Dieu, les termes rûaḫ et pneuma désignent la force agissante invisible par laquelle Dieu accomplit sa volonté et son dessein. Cet esprit est “saint” parce qu’il provient de Lui et non d’une source terrestre, parce que c’est un “esprit de sainteté” exempt de toute corruption (Rom. 1:4). Il ne s’agit pas de la puissance de Jéhovah, qui, elle, est décrite par d’autres mots des langues originales de la Bible (héb. kôaḫ; gr. dunamis), lesquels sont étroitement liés, voire employés parallèlement à rûaḫ et pneuma. Il existe donc un rapport naturel, mais aussi une différence certaine entre ces mots (Michée 3:8, Da; Zach. 4:6, Da; Luc 1:17, 35; Actes 10:38). Fondamentalement, la puissance est la capacité d’agir et de faire, capacité qui peut résider à l’état latent ou passif en quelqu’un ou en quelque chose. Par contre, le terme “force” décrit plus précisément une énergie agissante et appliquée; on peut la définir comme “une cause qui tend à provoquer un mouvement ou à le modifier”. La “puissance” peut être comparée à l’énergie accumulée dans une pile, alors que la “force” correspondrait au courant qui émane effectivement de la pile. Par conséquent, le terme “force” traduit mieux le sens des termes hébreu et grec qui désignent l’esprit de Dieu, tel qu’il ressort de l’examen des Écritures.
SON RÔLE DANS LA CRÉATION
Jéhovah Dieu a créé l’univers matériel au moyen de son esprit ou force agissante. À propos des premières phases de la formation de notre planète, nous lisons que “la force active [ou “l’esprit”, rûaḫ] de Dieu se mouvait au-dessus de la surface des eaux”. (Gen. 1:2.) Il est encore écrit en Psaume 33:6: “Par la parole de Jéhovah les cieux eux-mêmes ont été faits, et par l’esprit de sa bouche toute leur armée.” Dieu peut envoyer son esprit, tel un souffle puissant, pour agir sur sa création sans toutefois être en contact physique avec elle (comparez avec Exode 15:8, 10). Puisque Dieu utilise son esprit comme un artisan se sert de la force de ses mains et de ses doigts pour produire quelque chose, on le décrit aussi comme sa “main” ou comme ses “doigts”. — Comparez avec Psaume 8:3; 19:1; comparez aussi Matthieu 12:28 avec Luc 11:20.
JÉHOVAH EMPLOIE SON ESPRIT EN FAVEUR DE SES SERVITEURS
L’esprit de Dieu est en mesure d’informer, d’éclairer et de révéler, ce qui constitue d’ailleurs une de ses fonctions principales. C’est pourquoi David pouvait prier en ces termes: “Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu. Ton esprit est bon; qu’il me guide dans le pays de la droiture!” — Ps. 143:10; voir INSPIRATION; PROPHÈTE; PROPHÉTIE.
Une diversité d’opération
Une force comme l’électricité, peut être employée pour réaliser quantité de choses. De même, Dieu utilise son esprit pour confier à ses créatures des missions très diverses et pour leur donner le pouvoir de s’en acquitter (És. 48:16; 61:1-3). À propos des dons miraculeux qui résultaient de l’esprit à son époque, Paul écrivit: “Or il y a diversité de dons, mais c’est le même esprit; et il y a diversité de ministère, mais c’est le même Dieu qui produit toutes les opérations en tous. Or la manifestation de l’esprit est donnée à chacun pour des fins utiles.” — I Cor. 12:4-7.
L’esprit peut qualifier, donner aux hommes les capacités voulues pour effectuer une œuvre ou pour accomplir une fonction. Bien que Bézalel et Oholiab aient pu posséder une connaissance artisanale avant que Dieu les désignât pour la fabrication du matériel destiné au tabernacle et des vêtement sacerdotaux, l’esprit de Dieu les ‘remplit de sagesse, d’intelligence et de connaissance’ pour que les ouvrages soient exécutés de la manière prévue. L’esprit accrût toutes les capacités naturelles et la connaissance qu’ils avaient déjà pu acquérir, et il leur permit aussi d’enseigner d’autres personnes (Ex. 31:1-11; 35:30-35). David reçut plus tard les plans architecturaux du temple par l’inspiration, c’est-à-dire par l’opération de l’esprit de Dieu. — I Chron. 28:12.
L’esprit de Dieu agit sur Moïse et par lui, ce qui lui permit de prophétiser et de faire des miracles dans son rôle de conducteur et de juge de la nation, rôle qui préfigurait la mission dont Jésus Christ devait s’acquitter plus tard (És. 63:11-13; Actes 3:20-23). Néanmoins, Moïse, homme imparfait, trouva cette responsabilité pesante, si bien que Jéhovah ‘enleva une partie de l’esprit qui était sur lui pour la mettre sur soixante-dix aînés’, afin qu’ils l’aident à porter cette charge (Nomb. 11:11-17, 24-30). Pareillement, depuis le jour où David fut oint par Samuel, l’esprit de Dieu commença à agir sur lui, en le guidant et en le préparant à la royauté. — I Sam. 16:13.
Josué, successeur de Moïse, fut rempli de “l’esprit de sagesse”. Toutefois, cet esprit ne lui donna pas la possibilité de prophétiser ou de faire des miracles dans la même mesure que Moïse (Deut. 34:9-12). Par contre, il lui permit de conduire Israël dans la conquête militaire du pays de Canaan. De même, l’esprit de Jéhovah “enveloppa” d’autres hommes, tels Othniel, Gédéon, Jephté et Samson, les ‘poussant’ à combattre pour le peuple de Dieu. — Juges 3:9, 10; 6:34; 11:29; 13:24, 25; 14:5, 6, 19; 15:14.
L’esprit et les jugements de Dieu
Par son esprit, Dieu juge les hommes et les nations et fait également suivre ses décisions judiciaires de la punition, voire de la destruction (És. 30:27, 28; 59:18, 19). À ce propos, il convient parfois de traduire rûaḫ par “souffle”, comme par exemple, lorsque Jéhovah dit qu’il ‘fera éclater dans sa fureur un souffle [rûaḫ] de tempêtes de vent’. (Ézéch. 13:11, 13; comparez avec Ésaïe 25:4; 27:8.) L’esprit de Dieu peut tout atteindre, afin d’agir pour ou contre ses créatures. — Ps. 139:7-12.
La Révélation parle des “sept esprits” de Dieu qui sont devant son trône (Rév. 1:4), puis sept messages qui se terminent tous par une invitation à ‘entendre ce que l’esprit dit aux congrégations (Rév. 2:7, 11, 17, 29; 3:6, 13, 22.) Ces messages contiennent des déclarations de jugement qui donnent matière à réflexion, ainsi que des promesses de récompense à l’intention de ceux qui se montrent fidèles. D’après ces messages, c’est le Fils de Dieu qui a “les sept esprits de Dieu” (Rév. 3:1), lesquels sont aussi décrits comme “sept lampes de feu” (Rév. 4:5) et comme les sept yeux de l’agneau égorgé, “yeux qui représentent les sept esprits de Dieu qui ont été envoyés à toute la terre”. (Rév. 5:6.) Puisque, dans d’autres textes prophétiques, le chiffre sept représente la plénitude (voir NOMBRE, NUMÉRAL), il semble que ces sept esprits symbolisent la pleine capacité d’observation, de discernement et d’information que possède l’Agneau de Dieu glorifié, Jésus Christ, capacité qui lui permet d’inspecter toute la terre.
La Parole de Dieu ou “l’épée” de l’esprit (Éph. 6:17) révèle ce qu’est vraiment l’homme, ses traits cachés et les attitudes de son cœur; elle l’amène, soit à adoucir son cœur en se conformant à la volonté divine dont elle est l’expression, soit à l’endurcir dans la rébellion (Héb. 4:11-13; comparez avec Ésaïe 6:9, 10; 66:2, 5). La Parole de Dieu joue donc un grand rôle dans l’annonce d’un jugement de condamnation, et son accomplissement inéluctable produit des effets semblables à ceux d’un feu sur la paille ou d’un marteau à forger qui brise le rocher (Jér. 23:28, 29). Jésus Christ, “La Parole de Dieu” ou son Porte-parole principal, proclame les jugements divins; il est également habilité à en ordonner l’exécution. C’est là sans doute, ce que signifient les textes selon lesquels il supprimera les ennemis de Dieu “par l’esprit [ou force agissante] de sa bouche”. — Comparez avec II Thessaloniciens 2:8; Ésaïe 11:3, 4; Révélation 19:13-16, 21.
“L’assistant” de la congrégation chrétienne
Lorsqu’il monta au ciel, Jésus demanda à son Père son esprit saint ou force active, comme il l’avait promis à ses disciples. Dieu lui donna le pouvoir d’utiliser l’esprit, ce qu’il fit en le ‘répandant’ sur ses disciples le jour de la Pentecôte et en continuant de l’accorder ensuite à tous ceux qui se tournaient vers Dieu par son entremise (Jean 14:16, 17, 26; 15:26; 16:7; Actes 1:4, 5; 2:1-4, 14-18, 32, 33, 38). De même qu’ils avaient tous été baptisés dans l’eau, ils furent tous, cette fois, baptisés “pour être un seul corps” par ce seul esprit, plongés pour ainsi dire en lui, un peu comme une pièce métallique peut être plongée dans un champ magnétique et s’imprégner de sa force (I Cor. 12:12, 13; comparez avec Marc 1:8; Actes 1:5). L’esprit de Dieu avait déjà agi sur les disciples auparavant, puisqu’ils avaient été capables d’expulser les démons (comparez avec Matthieu 12:28; Marc 3:14, 15). Cependant, il exerçait désormais sur eux une influence accrue, plus étendue et nouvelle sous certains rapports. — Comparez avec Jean 7:39.
En tant que Roi messianique, Jésus possède “l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de puissance, l’esprit de connaissance et de crainte de Jéhovah”. (És. 11:1, 2; 42:1-4; Mat. 12:18-21.) Cette force en faveur de la justice est d’autant plus puissante en lui qu’il emploie la force agissante ou l’esprit de son Père pour diriger la congrégation chrétienne sur terre, congrégation dont il est la Tête, le Propriétaire et le Seigneur en vertu de la décision de Dieu (Col. 1:18; Jude 4). En sa qualité d’“assistant”, l’esprit a donné aux membres de la congrégation une meilleure intelligence de la volonté, du dessein et de la Parole prophétique de Dieu (I Cor. 2:10-16; Col. 1:9, 10; Héb. 9:8-10). II leur a fourni l’énergie nécessaire pour être ses témoins par toute la terre (Luc 24:49; Actes 1:8; Éph. 3:5, 6). Il leur a aussi accordé des ‘dons de l’esprit’ miraculeux qui leur permirent de parler en langues, de prophétiser, de guérir et d’accomplir d’autres œuvres qui, toutes, les aidaient à proclamer la bonne nouvelle et attestaient qu’ils avaient reçu leur mission de Dieu et qu’ils jouissaient de son soutien. — Rom. 15:18, 19; I Cor. 12:4-11; 14:1, 2, 12-16; comparez avec Ésaïe 59:21.
Jésus s’est encore servi de l’esprit pour gouverner la congrégation dont il est le Surveillant, ainsi que pour diriger le choix de certains hommes qui se verraient confier des missions spéciales ou qui allaient travailler à la surveillance, à l’enseignement et au “redressement” de la congrégation (Actes 13:2-4; 20:28; Éph. 4:11, 12). L’esprit saint stimulerait ou retiendrait ces hommes, afin de leur montrer où diriger leurs efforts dans le ministère (Actes 16:6-10; 20:22); il ferait d’eux d’efficaces rédacteurs de ‘lettres de Christ, inscrites avec l’esprit de Dieu sur des tablettes de chair, sur des cœurs. (II Cor. 3:2, 3; I Thess. 1:5.) Comme promis, l’esprit leur rappela ce qu’ils avaient appris, stimula leurs facultés mentales et leur donna la hardiesse de présenter leur témoignage même devant des rois. — Comparez avec Matthieu 10:18-20; Jean 14:26; Actes 4:5-8, 13, 31; 6:8-10.
Les chrétiens étaient ainsi assemblés comme des “pierres vivantes” pour former un temple spirituel fondé sur le Christ, temple qui leur permettrait d’offrir des sacrifices spirituels (I Pierre 2:4-6; Rom. 15:15, 16) et d’entonner des chants spirituels (Éph. 5:18, 19). C’est dans ce temple que Dieu résiderait par l’esprit (I Cor. 3:16; 6:19, 20; Éph. 2:20-22; comparez avec Aggée 2:5). Tant qu’ils laissaient l’esprit de Dieu opérer librement parmi eux, cette puissante force unificatrice les rassemblait paisiblement dans les liens de l’amour et du dévouement pour Dieu, pour son Fils et les uns pour les autres (Éph. 4:3-6; I Jean 3:23, 24; 4:12, 13; comparez avec I Chroniques 12:18). Le don de l’esprit ne les qualifia pas pour une activité manuelle, comme cela avait été le cas pour Bézalel et pour ceux qui fabriquèrent avec lui le tabernacle et son matériel. Il leur permit plutôt d’effectuer des tâches spirituelles, d’enseigner, de guider, de faire paître et de conseiller leurs frères. Le temple spirituel qu’ils composaient devait être orné des beaux fruits de l’esprit de Dieu, savoir “l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi” et d’autres qualités semblables qui témoigneraient avec force de l’action de l’esprit sur eux et entre eux (Gal. 5:22, 23; comparez avec Luc 10:21; Romains 14:17). Plus que toute autre chose, cet esprit contribuerait au bon ordre et les guiderait vraiment (Gal. 5:24-26; 6:1; Actes 6:1-7; comparez avec Ézéchiel 36:26, 27). Ils se soumettaient à la “loi de l’esprit”, puissante force en faveur de la justice qui combattait les pratiques de la chair, imparfaite par nature (Rom. 8:2; Gal. 5:16-21; Jude 19-21). Ils comptaient sur la puissance de l’esprit de Dieu qui agissait en eux, et non sur leurs capacités naturelles ou sur leurs acquis selon la chair. — I Cor. 2:1-5; Éph. 3:14-17; Phil. 3:1-8.
Lorsque certains problèmes furent soulevés, l’esprit saint, en sa qualité d’assistant, aidait les chrétiens à prendre la bonne décision. C’est ainsi que la question de la circoncision fut réglée par le collège ou concile des apôtres et des anciens de Jérusalem. Pierre expliqua que l’esprit avait été accordé aux incirconcis. De leur côté, Paul et Barnabas rapportèrent les œuvres que l’esprit saint avait accomplies alors qu’ils effectuaient leur ministère parmi les gens des nations. Enfin, Jacques, dont la mémoire des Écritures avait sans doute été aidée par l’esprit saint, attira l’attention du collège sur la prophétie divinement inspirée d’Amos, laquelle annonçait que des gens des nations seraient appelés du nom même de Dieu. Ainsi, l’ensemble des opérations de l’esprit saint les poussait ou les dirigeait dans le même sens; c’est ce que le collège reconnut quand il rédigea la lettre qui faisait connaître sa décision, en ces termes: “L’esprit saint et nous-mêmes, en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires.” — Actes 15:1-29.
L’esprit oint, engendre et donne la ‘vie spirituelle’
Comme il l’avait fait pour Jésus au moment de son baptême (Marc 1:10; Luc 3:22; 4:18; Actes 10:38), Dieu oignit d’esprit saint les disciples du Christ (II Cor. 1:21). Cette onction de l’esprit constituait un “gage” de l’héritage céleste auquel ils étaient dès lors appelés (II Cor. 1:21, 22; 5:1, 5; Éph. 1:13, 14) et attestait que Dieu les avait ‘engendrés’ comme ses fils en vue de la vie spirituelle dans les cieux (Jean 3:5-8; Rom. 8:14-17, 23; Tite 3:5; Héb. 6:4, 5). Ils avaient été purifiés, sanctifiés et déclarés justes “au nom de notre Seigneur Jésus Christ et avec l’esprit de notre Dieu”, esprit qui avait permis à Jésus d’offrir son sacrifice propitiatoire et de devenir le Grand Prêtre de Dieu. — I Cor. 6:11; II Thess. 2:13; Héb. 9:14; I Pierre 1:1, 2.
En raison de cet appel et de leur héritage célestes, les disciples de Jésus qui avaient reçu l’onction de l’esprit possédaient une vie spirituelle, tout en étant des créatures de chair imparfaites. Selon toute apparence, c’est à cette vie que pensait Paul lorsqu’il opposa les pères terrestres à Jéhovah Dieu, le “Père de notre vie spirituelle [littéralement ‘le Père des esprits’]”. (Héb. 12:9; comparez avec le verset 23 9:23.) Les cohéritiers du Christ, qui doivent ressusciter avec un corps spirituel portant son image céleste, doivent vivre sur terre comme “un seul esprit” uni au Seigneur Jésus, leur Chef, sans se laisser dominer par les désirs ou par les tendances immorales de leur chair, lesquels risqueraient même de les amener à devenir “une seule chair” avec une prostituée. — I Cor. 6:15-18; 15:44-49; Rom. 8:5-17.
Comment acquérir et garder l’esprit de Dieu?
L’esprit saint est “le don gratuit” de Dieu, un don qu’il accorde avec joie à qui le recherche et le demande sincèrement (Actes 2:38; Luc 11:9-13). Si, pour l’obtenir, la condition essentielle est un cœur droit (Actes 15:8), la connaissance et l’obéissance à la volonté divine n’en sont pas moins indispensables (comparez avec Actes 5:32; 19:2-6). Le chrétien qui a reçu l’esprit de Dieu doit veiller à ne pas le ‘peiner’, par exemple en en faisant peu de cas (Éph. 4:30; comparez avec Ésaïe 63:10), en suivant une voie contraire à sa direction, en se fixant des objectifs autres que ceux qu’il nous indique et vers lesquels il nous pousse, en rejetant la Parole inspirée de Dieu et en ne suivant pas ses conseils (Actes 7:51-53; I Thess. 4:8; comparez avec Ésaïe 30:1, 2). Celui qui ‘mettrait à l’épreuve’ la puissance de l’esprit saint par lequel Jésus dirige la congrégation, en usant hypocritement de “tromperie” envers cet esprit, s’engagerait dans une voie désastreuse (Actes 5:1-11; comparez avec Romains 9:1). Celui qui s’oppose délibérément à la manifestation évidente de l’esprit de Dieu et qui se rebelle contre elle peut même commettre un péché impardonnable, le blasphème contre l’esprit. — Mat. 12:31, 32; Marc 3:29, 30; comparez avec Hébreux 10:26-31.
LE SOUFFLE; LE SOUFFLE DE VIE; LA FORCE VITALE
Selon le récit de la création, Dieu forma l’homme de la poussière du sol “et souffla [nâphaḫ] dans ses narines le souffle [neshâmâh] de vie, et l’homme devint une âme [néphésh] vivante”. (Gen. 2:7.) Comme l’explique l’article l’ÂME, le terme néphésh peut signifier littéralement “un respirant”, c’est-à-dire une créature qui respire, homme ou animal. En fait, le terme neshâmâh signifie habituellement “chose [ou créature] qui respire”, ce qui en fait pratiquement un synonyme de néphésh, l’“âme”. (Comparez avec Deutéronome 20:16; Josué 10:39, 40; 11:11; I Rois 15:29.) Le récit de la Genèse (2:7) emploie neshâmâh pour décrire comment Dieu a donné la vie au corps d’Adam, de sorte qu’il devint une âme vivante”. Cependant, d’autres textes montrent qu’il ne s’agissait pas simplement de la respiration. En Genèse 7:22, en effet, la destruction de la vie des hommes et des animaux qui ne se trouvaient pas dans l’arche au moment du déluge est décrite ainsi: “Tout ce en quoi le souffle [neshâmâh] de la force [ou “esprit”, rûaḫ] de vie était en action dans les narines, c’est-à-dire tout ce qui était sur le sol ferme, mourut.” Ce texte relie donc directement neshâmâh, le “souffle”, à rûaḫ, qui désigne ici l’“esprit” ou la “force vitale” qui est en action dans tous les êtres vivants, dans toutes les âmes humaines ou animales.
Voici ce qu’un dictionnaire biblique (Theological Dictionary of the New Testament, t. VI, p. 336) déclare à ce propos: “Le souffle n’est perceptible que par le mouvement [lorsque la poitrine se gonfle ou quand les narines se dilatent]; c’est aussi un signe, une condition et un principe de la vie, laquelle semble particulièrement liée à la respiration.” Par conséquent, le souffle proprement dit ou neshâmâh est, d’une part, le résultat de la force vitale ou rûaḫ et, de l’autre, le moyen principal d’entretenir cette force vitale chez les êtres vivants. Par exemple, d’après les études scientifiques, la vie loge dans chacune des cellules qui composent le corps, cellules qui continuent de se reproduire alors que des milliards d’entre elles meurent chaque minute. La force vitale qui est en action dans chaque cellule vivante dépend de l’oxygène qui pénètre dans le corps par la respiration, puis qui est distribué à toutes les cellules par le sang. Privées d’oxygène, certaines cellules meurent en quelques minutes, alors que d’autres peuvent subsister plus longtemps. Bien qu’on puisse survivre à une apnée de quelques minutes, les hommes sont totalement incapables de réanimer celui qui n’a plus de force vitale dans ses cellules. De toute évidence, les Écritures hébraïques, inspirées par l’Auteur et le Créateur de l’homme, emploient donc le terme rûaḫ pour décrire cette force vitale qui est le principe même de la vie, alors qu’elles emploient neshâmâh pour désigner le souffle qui l’entretient.
Comme on ne peut dissocier le souffle et la vie, rûaḫ et neshâmâh figurent dans plusieurs parallélismes évidents. Ainsi, Job proclama sa détermination de fuir l’injustice, et ce, dit-il, “tant que le souffle [neshâmâh] sera encore entier au-dedans de moi, et que l’esprit [rûaḫ] de Dieu sera dans ses narines”. (Job 27:3-5.) De son côté, Élihu déclara: “S’il [Dieu] ramène à lui l’esprit [rûaḫ] et le souffle [neshâmâh] de celui-là, toute chair expirera [ou rendra son souffle] ensemble, et l’homme terrestre retournera à la poussière.” (Job 34:14, 15). De même, voici ce que nous lisons en Psaume 104:29 au sujet des créatures terrestres, humaines et animales: “Si tu [Dieu] retires leur esprit, ils expirent, et à leur poussière ils retournent.” Ésaïe 42:5 présente Jéhovah comme “Celui qui a étalé la terre et son produit, Celui qui donne le souffle au peuple qui est sur elle, et l’esprit à ceux qui y marchent”. Le souffle (neshâmâh) entretient la vie, alors que l’esprit (rûaḫ) donne l’énergie; c’est la force vitale qui permet à l’homme d’être une créature animée, de se mouvoir, de marcher, bref, d’être doué d’une vie active (comparez avec Actes 17:28), ce qui le différencie des idoles inertes, produit des mains de l’homme, qui n’ont ni vie ni souffle. — Ps. 135:15, 17; Jér. 10:14; 51:17; Hab. 2:19.
Si neshâmâh (“souffle”) et rûaḫ (“esprit”, force agissante ou force vitale) sont parfois mis en parallèle, ils n’en sont pas pour autant synonymes. Si l’on utilise parfois le mot “esprit” (rûaḫ) pour décrire la respiration (neshâmâh) elle-même, c’est probablement pour la simple raison que le souffle constitue le premier signe visible indiquant que la force vitale opère dans le corps. — Job 9:18; 19:17; 27:3.
Le prophète Ézéchiel (37:1-10) décrit dans une vision symbolique une vallée d’ossements desséchés, où les os se rassemblent, puis se couvrent de tendons, de chair et de peau, mais “pour ce qui est du souffle [rûaḫ], il n’y en avait pas en eux”. Ézéchiel reçut l’ordre de prophétiser au “vent [rûaḫ]”, en ces termes: “Des quatre vents [rûaḫ], entre, ô vent, et souffle sur ces tués, pour qu’ils viennent à la vie.” Puisqu’on parle de quatre vents, il convient effectivement de rendre ici rûaḫ par vent. Cependant, lorsque ce “vent”, qui n’est que de l’air en mouvement, entre dans les narines des morts de la vision, il devient leur “souffle”, une autre force d’air en mouvement. C’est pourquoi il est préférable, dans cette partie du récit (v. 37:10), de traduire rûaḫ par “souffle” plutôt que par “esprit” ou “force vitale”. De plus, Ézéchiel pouvait voir ces corps se mettre à respirer, mais il ne pouvait pas voir la force vitale ou l’esprit qui agissait en eux.
Comme les versets 11 à 14 37:11-14 l’indiquent, cette vision symbolisait la revivification spirituelle (et non physique) du peuple d’Israël, qui se trouvait momentanément dans une condition de mort spirituelle en raison de son exil à Babylone. Puisque les Israélites étaient déjà physiquement dotés de la vie et du souffle, il est logique de traduire rûaḫ par “esprit” au verset 14 37:14, quand Dieu déclare qu’il mettra ‘son esprit’ en eux pour qu’ils viennent à la vie, spirituellement parlant.
En Révélation chapitre 11, une vision symbolique analogue décrit “deux témoins” qui sont tués, puis laissés dans la rue pendant trois jours et demi. Ensuite, “l’esprit [ou souffle, pneuma] de vie, venant de Dieu, est entré en eux, et ils se sont tenus sur leurs pieds”. (Rév. 11:1-11.) Cette vision puise, elle aussi, dans la réalité physique pour illustrer une revivification spirituelle. Elle indique également que le mot grec pneuma, comme l’hébreu rûaḫ, peut désigner la force vivifiante issue de Dieu qui anime l’âme ou la personne humaine, comme le souligne Jacques (2:26) en ces termes: “Le corps sans esprit [pneuma] est mort.” — Kingdom Interlinear Translation.
Par conséquent, lorsque Dieu créa l’homme en Éden et souffla dans ses narines le “souffle [neshâmâh] de vie”, il a dû lui donner aussi, en même temps, l’esprit [rûaḫ] ou force vitale nécessaire pour animer toutes les cellules de son corps. — Gen. 2:7; comparez avec Psaume 104:30; Actes 17:25.
Les parents transmettent la force vitale à leurs enfants lors de la conception. Puisque Dieu est à la fois la Source première de cette force vitale et l’Auteur de la procréation, il convient de reconnaître que nous lui devons la vie, bien qu’il ne nous l’ait pas donnée directement, mais par l’entremise de nos parents. — Comparez avec Job 10:9-12; Psaume 139:13-16; Ecclésiaste 11:5.
L’esprit: une force vitale impersonnelle
Comme nous l’avons vu, les Écritures ne mentionnent pas seulement la force vitale ou rûaḫ de l’homme, mais encore celle des animaux (Gen. 6:17; 7:15, 22). D’après Ecclésiaste 3:18-22, la mort de l’homme est semblable à celle des bêtes, car “ ils ont tous un même esprit [rûaḫ], de sorte qu’il n’y a pas de supériorité de l’homme sur la bête”, du moins pour ce qui est de leur force vitale commune. De ce fait, il apparaît que cet “esprit” ou force vitale (rûaḫ) est impersonnel. On pourrait le comparer à l’électricité, une autre énergie invisible qui peut faire fonctionner différents appareils. Ainsi, par cette même énergie, un four peut dégager de la chaleur, un ventilateur propulser de l’air, un ordinateur résoudre des problèmes, et un récepteur de télévision transmettre des images, des voix ou d’autres sons. Cependant, le courant électrique ne s’imprègne jamais des caractéristiques des machines qu’il fait fonctionner.
De même, au sujet de l’homme, Psaume 146:3, 4 dit que “son esprit [rûaḫ] sort, il retourne à son sol; en ce jour-là périssent ses pensées”. L’esprit ou force vitale qui opère dans les cellules du corps humain, par exemple dans les neurones qui contribuent à l’élaboration de la pensée, ne conserve pas les caractéristiques de ces cellules. Si l’esprit ou force vitale (rûaḫ; pneuma) était doté d’une personnalité, alors les enfants des veuves israélites qui furent ressuscités par les prophètes Élie et Élisée auraient eu quelque part une existence consciente pendant leur mort. Tel aurait été le cas de Lazare, qui fut ressuscité environ quatre jours après sa mort (I Rois 17:17-23; II Rois 4:32-37; Jean 11:38-44). Ils se seraient certainement rappelé une telle existence consciente, et l’on aurait raisonnablement pu s’attendre à ce qu’ils la décrivent, ou du moins à ce qu’ils en fassent mention. Pourtant, rien n’indique qu’aucun d’entre eux ait parlé de la sorte. Par conséquent, l’esprit qui cesse d’opérer dans les cellules de l’homme à sa mort ne perpétue pas sa personnalité.
En Ecclésiaste 12:7, nous lisons qu’à la mort le corps humain retourne à la poussière “et l’esprit retourne au vrai Dieu qui l’a donné”. Puisque la personne n’a jamais vécu au ciel avec Dieu, seule sa force vitale, qui lui a permis de vivre, peut “retourner” à lui.
En raison du caractère impersonnel de la force vitale ou de l’esprit de l’homme et des animaux, la déclaration de David, consignée en Psaume 31:5 et reprise par Jésus au moment de sa mort (Luc 23:46), savoir: “En ta main je confie mon esprit”, représentait de toute évidence un appel à Dieu pour qu’il garde sa force vitale et qu’il en prenne soin (comparez avec Actes 7:59). Cela ne signifie pas que cette force doit être transmise littéralement depuis notre planète jusqu’en la présence céleste de Dieu. Tout comme Dieu ‘sentait’ l’odeur agréable des sacrifices d’animaux (Gen. 8:20, 21) alors que leur parfum ne sortait certainement pas de l’atmosphère terrestre, il pouvait aussi, figurément parlant, ‘reprendre’ ou accepter cet esprit qui lui était confié, sans qu’aucun transfert réel d’énergie fût nécessaire (Job 34:14; Luc 23:46). Celui qui confie son esprit à Dieu place sans aucun doute son espérance en lui pour qu’il lui restitue plus tard sa force vitale par la résurrection. — Comparez avec Nombres 16:22; 27:16; Job 12:10; Psaume 104:29, 30.
UNE FORCE D’IMPULSION
Les termes rûaḫ et pneuma désignent souvent la force qui incite une personne à adopter une certaine attitude, à éprouver un sentiment, à entreprendre une action ou à suivre une certaine voie. Si cette force intérieure est invisible, elle n’en produit pas moins des effets visibles. Cet emploi des termes hébreu et grec traduits par “esprit” et dont le sens premier a trait au souffle ou à l’air en mouvement correspond en grande partie à certaines expressions françaises. Ainsi nous parlons de quelqu’un qui ‘prend de grands airs’, qui a ‘un air calme’, ou qui a ‘mauvais esprit’. Nous dirons peut-être qu’une personne découragée a ‘l’esprit abattu’. De même, lorsqu’il s’agit de la force d’impulsion ou de la motivation d’un groupe de personnes réunies pour quelque événements, on pourra parler de “se mettre dans l’ambiance” de leur réunion ou faire allusion à “l’esprit de révolte” qui les caractérise. Nous emploierons des métaphores semblables en décrivant “une atmosphère de mécontentement” ou en parlant du “vent de réforme ou de révolution qui souffle sur une nation”. Par toutes ces expression, nous entendons une force d’impulsion invisible qui opère chez les gens et les pousse à parler ou à agir comme ils le font.
Pareillement, nous apprenons qu’Isaac et Rébecca ont éprouvé de “l’amertume d’esprit” lorsque Ésaü se maria avec des femmes hittites (Gen. 26:34, 35). La Bible nous parle aussi de la tristesse d’esprit d’Achab, qui lui fit perdre l’appétit (I Rois 21:5) et de “l’esprit de jalousie” qui pouvait inciter un homme à suspecter sa femme au point de l’accuser d’adultère. — Nomb. 5:14, 30.
Dans le même sens fondamental de force qui ‘pousse’ ou qui ‘incite’ à agir et à parler, on décrit Josué comme un “homme en qui se trouve de l’esprit”. (Nomb. 27:18.) Nous apprenons aussi que Caleb a manifesté “un esprit différent” de celui de la majorité des Israélites, démoralisés par le mauvais rapport de dix espions (Nomb. 14:24). Élie se montra énergique et fort dans le service zélé qu’il rendait à Dieu, et son successeur Élisée s’efforça d’obtenir “deux parts” de son esprit (II Rois 2:9, 15). Jean le Baptiseur montra le même zèle et le même ‘dynamisme’ qu’Élie ce qui lui permit d’avoir un puissant impact sur ses auditeurs, de sorte qu’on put dire qu’il était venu “avec l’esprit et la puissance d’Élie”. (Luc 1:17.) En revanche, la reine de Schéba fut tellement ébahie par la richesse et la sagesse de Salomon qu’“il n’y eut plus d’esprit en elle”. (I Rois 10:4, 5.) Dans le même sens général, l’esprit ou force d’impulsion de l’homme peut être ‘excité’, ‘éveillé’ (I Chron. 5:26; Esdras 1:1, 5; Aggée 1:14; comparez avec Ecclésiaste 10:4), ‘agité’, ‘irrité’ (Gen. 41:8; Dan. 2:1, 3; Actes 17:16) ou ‘calmé’ (Juges 8:3); il peut connaître “la détresse”, ‘défaillir’ (Job 7:11; Ps. 142:2, 3; comparez avec Jean 11:33; 13:21), “reprendre vie” ou se voir “réconforté”. — Gen. 45:27, 28; És. 57:15, 16; I Cor. 16:17, 18; II Cor. 7:13; comparez avec II Corinthiens 2:13.
La Bible insiste sur l’importance de maîtriser son esprit. “Comme une ville forcée, sans muraille, tel est l’homme qui ne contient pas son esprit.” (Prov. 25:28). Si on l’irrite, un tel homme risque d’agir comme le stupide dépourvu de patience qui “laisse sortir” “tout son esprit”, tandis que le sage “le fait rester calme jusqu’au bout”. (Prov. 29:11; comparez avec 14:29, 30.) Lorsque les Israélites “aigrirent son esprit”, Moïse s’irrita à l’excès et “se mit à parler légèrement de ses lèvres”, à son propre détriment (Ps. 106:32, 33). Vraiment donc, “celui qui est lent à la colère vaut mieux qu’un homme puissant, et celui qui maîtrise son esprit vaut mieux que celui qui s’empare d’une ville”. (Prov. 16:32.) Il faut être humble pour y parvenir (Prov. 16:18, 19; Eccl. 7:8, 9); c’est pourquoi “celui qui est humble d’esprit saisira la gloire”. (Prov. 29:23.) La connaissance et le discernement aident l’homme à rester “calme d’esprit” en retenant sa langue (Prov. 17:27; 15:4). Jéhovah, qui “jauge les esprits”, juge ceux qui ‘ne se tiennent pas sur leurs gardes quant à leur esprit’. — Prov. 16:2; Mal. 2:14-16.
L’esprit d’un groupe de personnes
Comme un individu, un groupe de personnes ou corps collectif peut manifester un certain esprit (Gal. 6:18; I Thess. 5:23). La congrégation chrétienne devait être unie dans l’esprit et refléter l’esprit de son Chef, Jésus Christ. — II Cor. 11:4; Phil. 1:27; comparez avec II Corinthiens 12:18; Philippiens 2:19-21.
Paul oppose “l’esprit du monde” à l’esprit de Dieu (I Cor. 2:12). Puisque le monde gît au pouvoir de l’ennemi de Dieu (I Jean 5:19), son esprit caractérisé par la poursuite des désirs égoïstes de la chair déchue s’oppose totalement à Dieu (Éph. 2:1-3; Jacq 4:5). Les motivations impures du monde, comme celles de l’Israël infidèle, poussent à la fornication spirituelle ou littérale ainsi qu’à l’idolâtrie. — Osée 4:12, 13; 5:4; Zach. 13:2; comparez avec II Corinthiens 7:1.
2. Dans certaines versions des Écritures grecques chrétiennes, le mot “esprit” traduit plusieurs mots grecs apparentés qui, eux, décrivent divers attributs du cerveau, comme la faculté de réflexion, la perception mentale, l’intelligence, la raison, la pensée, l’état mental, l’inclination mentale, la disposition d’esprit ou les facultés mentales. Alors que des traductions emploient parfois ce terme “esprit”, d’autres préfèrent utiliser les termes plus précis et plus évocateurs que nous venons de citer.
“RENOUVELÉS DANS LA FORCE QUI INCLINE VOTRE ESPRIT”
L’esprit de l’homme imparfait est naturellement enclin aux mauvais raisonnement. C’est pourquoi la Bible en parle comme d’une “mentalité charnelle”. (Col. 2:18.) Les chrétiens doivent se rappeler qu’ils étaient autrefois ennemis de Dieu, parce que leur esprit était tourné vers les œuvres méchantes. — Col. 1:21.
Contrairement à l’esprit de l’homme “spirituel”, celui de l’homme “physique” (ou, littéralement, de l’homme “d’âme”) est orienté vers les choses matérielles. La force intérieure qui incline son esprit est façonnée par ce qu’il a appris et vécu. Lorsqu’il est confronté à un problème, cette force pousse ou dirige son esprit dans un sens matérialiste. Par conséquent, les chrétiens reçoivent le commandement suivant: “Vous devez être renouvelés dans la force [ou l’esprit, au sens de force d’impulsion] qui incline votre esprit.” (Éph. 4:23). Ils peuvent transformer cette force d’impulsion grâce à l’étude de la Parole véridique de Dieu et à l’action de son esprit saint, afin d’incliner leur attitude d’esprit vers le bien. Dès lors, quand un problème surgira, cette force inclinera leur esprit vers la voie spirituelle qu’il convient de suivre. — I Cor. 2:13, 15.
Par conséquent, la connaissance et les facultés intellectuelles ne saurait, à elles seules, procurer à l’homme la faveur divine, ni renouveler son esprit dans le sens de la volonté de Dieu (Rom. 12:2). Voici ce que dit Jéhovah: “Je ferai périr la sagesse des sages et je rejetterai l’intelligence des intellectuels.” (I Cor. 1:19). Sans l’aide de l’esprit de Dieu, on ne peut obtenir l’intelligence (Prov. 4:5-7; I Cor. 2:11), la sagesse et le bon sens véritables (Éph. 1:8, 9). Celui qui désire devenir un serviteur mûr de Dieu doit mettre en œuvre son cœur comme son esprit.
‘LA LOI DE L’ESPRIT’
L’apôtre Paul appelle loi de l’esprit ce qui dirige l’action de l’esprit qui est ainsi renouvelé. Cette loi régit l’esprit selon la “loi de Dieu”, à laquelle le nouvel esprit du chrétien prend plaisir. Néanmoins, celui-ci connaît une lutte intérieure constante, car la “loi du péché” qui agit dans sa chair déchue combat la ‘loi de l’esprit’. Peut-il cependant obtenir la victoire? Oui, “grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur!”. En vertu du sacrifice propitiatoire du Christ, Dieu, par sa faveur imméritée, lui accorde le pardon des péchés de sa chair imparfaite et l’aide de l’esprit saint. Le chrétien se trouve donc dans une situation différente de celle de l’incroyant, situation que Paul résume en ces termes: “Ainsi donc, moi-même, par mon esprit, je suis esclave de la loi de Dieu, mais par ma chair, esclave de la loi du péché.” — Rom. 7:21-25; 8:5:11; Gal. 5:16, 17.
L’AMOUR ISSU DE L’ESPRIT
Jéhovah avait prédit la conclusion d’une nouvelle alliance sous laquelle l’esprit saint écrirait ses lois dans l’esprit et dans le cœur des membres de son peuple (Héb. 8:10; 10:16). C’est ainsi qu’ils seraient en mesure d’observer les commandements auxquels toute la Loi et les Prophètes étaient suspendus, savoir: “aimer Jéhovah ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit”, et “ton prochain comme toi-même”. (Mat. 22:37-40; Luc 10:27, 28.) Il faut donc aimer de tout son cœur (lequel désigne surtout les mobiles et les sentiments), de toute son âme (c’est-à-dire de toute sa vie et de tout son être) et, enfin de tout son esprit. D’après cette dernière expression, les chrétiens ne doivent pas se contenter de manifester de l’amour par leurs sentiments, leurs émotions et leur force; ils doivent encore employer pleinement leur esprit pour absorber la connaissance de Dieu et du Christ (Jean 17:3), pour acquérir l’intelligence (Marc 12:33; Éph. 3:18), pour servir Dieu et ses desseins et pour proclamer la bonne nouvelle. Les Écritures leur conseillent de ‘tenir leur esprit fixé sur les choses d’en haut’ (Col. 3:2), de ‘raidir leur esprit pour l’activité’ et ‘de garder tout leur équilibre’. (I Pierre 1:13.) L’apôtre Pierre comprenait la nécessité de ‘réveiller leur faculté de réfléchir lucidement’ pour qu’ils se souviennent de ce qu’ils avaient appris (II Pierre 3:1, 2). Ils ne doivent ‘jamais oublier la présence du jour de Jéhovah’ et toujours garder cet événement présent à l’esprit. — II Pierre 3:11, 12.
Lorsqu’il parla des dons miraculeux de l’esprit saint qui existaient dans la congrégation chrétienne du premier siècle, l’apôtre Paul souligna l’importance d’utiliser son esprit. Comme il l’expliqua, s’il priait dans une langue sans pouvoir la traduire, son intelligence serait stérile; d’une part, s’il chantait des louanges dans une telle langue, quel profit en retirerait celui qui ne les comprendrait pas? Par conséquent, Paul ajoute qu’il préférait dire cinq paroles avec son intelligence afin d’instruire ses auditeurs, plutôt que dix mille dans une langue, et il conclut en exhortant ses frères à devenir des adultes sous le rapport des facultés de compréhension. — I Cor. 14:13-20.
L’UNITÉ DE L’ESPRIT CHEZ LES CHRÉTIENS
Les serviteurs de Jéhovah doivent être “étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée”. (I Cor. 1:10; Phil. 2:2; I Pierre 3:8.) Cela signifie, bien sûr, qu’ils doivent être unis dans les choses importantes, qui concernent le culte pur, et non dans les goûts personnels ou dans des questions secondaires qui seront réglées lorsqu’ils atteindront la maturité (Rom. 14:2-6, 17). Ils doivent “être bien d’accord dans le Seigneur” (Phil. 4:2), et ‘penser en harmonie’ au lieu de se quereller. — II Cor. 13:11.
LA PENSÉE DE DIEU ET DU CHRIST
Les chrétiens doivent s’efforcer de mieux connaître Dieu, dans la mesure où il leur révèle sa pensée sur certains sujets (Rom. 11:33, 34). Ils doivent aussi adopter l’attitude d’esprit soumise et humble de Jésus, pour avoir “la pensée de Christ”. (I Cor. 2:15, 16.) Paul encouragea ses frères à oublier les choses qui sont derrière et à tendre vers celles qui sont devant (Phil. 3:13-15). Pareillement, Pierre donna le conseil suivant: “Puisque Christ a souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même disposition d’esprit.” — I Pierre 4:1.
LA CORRUPTION ET L’ENGOURDISSEMENT MENTAUX
Les Israélites qui, au mont Sinaï, n’avaient pas tourné complètement leur cœur vers Jéhovah, eurent leurs facultés mentales engourdies, comme ceux qui restèrent sous la Loi après que Dieu l’eut abolie par Jésus Christ (II Cor. 3:13, 14). Ces derniers ne voyaient pas que la Loi les dirigeait vers Jésus (Col. 2:17). Quant à ceux qui n’ont pas jugé bon de garder Dieu dans la connaissance exacte, mais qui ont adoré la création, “Dieu les a livrés à une mentalité désapprouvée”; ils sont mentalement dans les ténèbres et pratiquent toutes sortes de choses stériles, qui ne conviennent pas (Rom. 1:28; Éph. 4:17, 18). Dès l’époque de Moïse, des hommes à l’esprit corrompu ont fait opposition à la vérité, comme d’autres ont combattu plus tard le véritable christianisme; parmi eux, certains prétendaient même être chrétiens, tout en essayant de diviser et de démolir les congrégations (II Tim. 3:8; Phil. 3:18, 19; I Tim. 6:4, 5). Puisque leur esprit et leur conscience sont souillés, rien n’est pur pour eux; c’est pourquoi ils s’efforcent, par de vains discours, de leurrer l’intelligence des vrais chrétiens et de les asservir à des enseignements d’hommes (Tite 1:10-16). Il est donc essentiel que tous les chrétiens, et plus particulièrement ceux qui assument des responsabilités, fassent montre de bon sens. — Rom. 12:3; I Tim. 3:2; Tite 2:6; I Pierre 4:7.
C’est “le dieu de ce système de choses”, le Diable, qui a aveuglé l’esprit des incrédules pour qu’ils ne voient pas la lumière de la bonne nouvelle au sujet du Christ (II Cor. 4:4). Par conséquent, le grand adversaire de Dieu risquerait de séduire les chrétiens par sa ruse, de corrompre leur esprit, l’amenant à s’écarter “de la sincérité et de la chasteté dues au Christ”. (II Cor. 11:3.) C’est pourquoi ceux-ci doivent se montrer raisonnables, unis dans l’esprit, et persévérer dans la prière, afin que la paix de Dieu, “surpasse toute pensée”, garde leurs facultés mentales par l’entremise de Christ Jésus. — Phil. 4:2, 5-7.
GUÉRIR OU OUVRIR L’ESPRIT
Jésus rétablit la santé mentale d’un possédé, démontrant par là son pouvoir de rendre sains d’esprit ceux-là même que les démons ont rendus fous (Marc 5:15; Luc 8:35). Il peut aussi ouvrir l’esprit de ceux qui ont la foi pour qu’ils saisissent le sens des Écritures (Luc 24:45). Les timides et ceux qui pensent être intellectuellement inférieurs aux autres puiseront du réconfort dans ces paroles de l’apôtre Jean: “Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu’il nous a donné l’intelligence afin que nous parvenions à la connaissance du véritable [Jéhovah].” — I Jean 5:20.
L’apôtre Paul expliqua aux chrétiens de Corinthe qu’il était sain d’esprit lorsqu’il parlait en vue de leur édification, mais qu’il pouvait leur paraître déraisonnable (ou “hors de son bon sens”) lorsqu’il se glorifiait des preuves de son apostolat par des propos qu’un chrétien ne tient pas habituellement. Toutefois, comme il le dit lui-même, il fut contraint de leur parler ainsi. En effet, ils s’étaient tournés vers de faux apôtres qui les trompaient. Il devait donc les empêcher de s’égarer et les ramener à Dieu. — II Cor. 5:13; 11:16-21; 12:11, 12, 19-21; 13:10.