SOUVERAINETÉ
Suprématie quant au règne ou pouvoir ; domination ou règne d’un seigneur, d’un roi, d’un empereur, etc. ; pouvoir qui en fin de compte détermine le gouvernement d’un État.
Le mot ʼAdhonay figure fréquemment dans les Écritures hébraïques, et l’expression ʼAdhonay Yèhwih 285 fois. ʼAdhonay est un pluriel de ʼadhôn, qui signifie “ seigneur, maître ”. Le pluriel ʼadhonim peut s’employer pour des hommes avec la simple pluralité, donnant “ seigneurs ” ou “ maîtres ”. Mais, dans les Écritures, le terme ʼAdhonay sans suffixe est toujours utilisé à propos de Dieu, le pluriel servant à dénoter l’excellence ou la majesté. Le plus souvent, les traducteurs l’ont rendu par “ Seigneur ”. Quand il est associé au nom de Dieu (ʼAdhonay Yèhwih), comme en Psaume 73:28, l’expression est traduite par “ Seigneur DIEU ” (TOB), “ Seigneur Dieu ” (ZK), “ Seigneur Yahweh ” (CT), “ Seigneur Yahvé ” (Os) et “ Souverain Seigneur Jéhovah ”. — MN.
Le mot grec déspotês évoque une personne qui possède l’autorité suprême, ou la propriété absolue et un pouvoir illimité (Vine’s Expository Dictionary of Old and New Testament Words, 1981, vol. 3, p. 18, 46). Il est traduit par “ seigneur ”, “ maître ”, “ propriétaire ”, et quand il est employé pour s’adresser directement à Dieu il est rendu par “ Seigneur ”, ‘ Maître ’ (Pl ; TOB) ou “ Souverain Seigneur ” (MN) en Luc 2:29, en Actes 4:24 et en Révélation 6:10. En Actes 4:24 la Bible de Darby le traduit par “ Souverain ”, la Bible de Crampon (1905) par “ Maître souverain ”, la Bible Synodale par “ Souverain Maître ”, et la Kingdom Interlinear contient “ maître ”.
Ainsi donc, bien que les textes hébreu ou grec n’aient pas un qualificatif séparé pour “ souverain ”, cette nuance est présente dans les termes ʼAdhonay et déspotês lorsqu’ils sont employés dans les Écritures à propos de Jéhovah Dieu, cette qualification évoquant l’excellence de sa seigneurie.
La souveraineté de Jéhovah. Jéhovah Dieu est le Souverain de l’univers (“ il domine tout l’univers ” ; “ il est souverainement élevé ” ; Ps 47:10, S ; Sg [47:9, MN]) en raison de sa qualité de Créateur, de sa Divinité et de sa suprématie en tant que Tout-Puissant (Gn 17:1 ; Ex 6:3 ; Ré 16:14). Il est le Propriétaire de toutes choses, la Source de tout pouvoir et de toute puissance, le Maître suprême dans le gouvernement de l’univers (Ps 24:1 ; Is 40:21-23 ; Ré 4:11 ; 11:15). À son sujet un psalmiste chanta : “ Jéhovah lui-même a solidement établi son trône dans les cieux ; et sa royauté a dominé sur tout. ” (Ps 103:19 ; 145:13). Les disciples de Jésus prièrent Dieu en ces termes : “ Souverain Seigneur, c’est toi qui as fait le ciel et la terre. ” (Ac 4:24). Pour la nation d’Israël, Dieu concentrait en sa seule main les trois pouvoirs : judiciaire, législatif et exécutif. Le prophète Isaïe dit : “ Jéhovah est notre Juge, Jéhovah est notre Législateur, Jéhovah est notre Roi ; lui-même nous sauvera. ” (Is 33:22). Moïse fait une description remarquable de Dieu le Souverain en Deutéronome 10:17.
Dans sa position souveraine, Jéhovah a le droit et l’autorité de déléguer des responsabilités gouvernementales. David fut établi roi d’Israël, et les Écritures parlent du ‘ royaume de David ’ comme s’il s’agissait du sien. Mais David salua en Jéhovah le Maître Souverain : “ À toi, ô Jéhovah, sont la grandeur, la puissance, la beauté, la supériorité et la dignité ; car tout, dans les cieux et sur la terre, est à toi. À toi est le royaume, ô Jéhovah, Celui qui t’élève aussi en chef au-dessus de tout. ” — 1Ch 29:11.
Les dirigeants terrestres. Les dirigeants des nations de la terre exercent leur domination limitée par tolérance ou permission du Souverain Seigneur Jéhovah. Il ressort de Révélation 13:1, 2, où on lit que la bête sauvage à sept têtes et dix cornes reçoit “ sa puissance et son trône et un grand pouvoir ” du Dragon, Satan le Diable, que les gouvernements politiques ne reçoivent pas leur autorité de Dieu, autrement dit qu’ils n’agissent pas par le fait d’un pouvoir ou d’une puissance reçus de lui. — Ré 12:9 ; voir BÊTES SYMBOLIQUES.
Ainsi, s’il est un fait que Dieu a permis à diverses dominations humaines d’apparaître et de disparaître, un de leurs puissants rois, ayant fait l’expérience de la réalité de la souveraineté de Jéhovah, dut reconnaître : “ Sa domination est une domination pour des temps indéfinis et [...] son royaume est de génération en génération. Tous les habitants de la terre sont considérés comme rien ; et il agit selon sa propre volonté parmi l’armée des cieux et les habitants de la terre. Et il n’existe personne qui puisse arrêter sa main ou qui puisse lui dire : ‘ Qu’as-tu fait ? ’ ” — Dn 4:34, 35.
Par conséquent, aussi longtemps qu’il sera de la volonté de Dieu de permettre à des gouvernements conçus par les hommes de dominer s’appliquera l’injonction que l’apôtre Paul fit aux chrétiens : “ Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures, car il n’y a pas d’autorité si ce n’est de par Dieu ; les autorités qui existent se trouvent placées de par Dieu dans leurs positions relatives. ” L’apôtre poursuit en faisant remarquer que, si ces gouvernements agissent pour punir celui qui fait le mal, l’‘ autorité supérieure ’ ou le dirigeant (quand bien même il n’est pas un fidèle adorateur de Dieu) agit indirectement en tant que ministre de Dieu dans cette fonction particulière, en manifestant la colère sur celui qui pratique ce qui est mauvais. — Rm 13:1-6.
Quant au fait que ces autorités sont “ placées de par Dieu dans leurs positions relatives ”, les Écritures indiquent que cela ne signifie pas que Dieu a formé ces gouvernements ou qu’il les soutient. Plus exactement, il les a manœuvrés selon son vouloir, en rapport avec sa volonté concernant ses serviteurs sur la terre. Moïse déclara : “ Quand le Très-Haut a donné aux nations un héritage, quand il a séparé l’un de l’autre les fils d’Adam, alors il a fixé la frontière des peuples par rapport au nombre des fils d’Israël. ” — Dt 32:8.
La royauté du Fils de Dieu. Après le renversement du dernier roi ayant siégé sur “ le trône de Jéhovah ” à Jérusalem (1Ch 29:23), le prophète Daniel reçut une vision décrivant l’institution future du Fils de Dieu comme Roi. La position de Jéhovah apparaît clairement quand il donne, en sa qualité d’Ancien des jours, la domination à son Fils. On lit : “ Je continuai de regarder dans les visions de la nuit, et, voyez : avec les nuages des cieux venait quelqu’un de semblable à un fils d’homme ; il eut accès auprès de l’Ancien des jours, et on le fit approcher devant Celui-là. Et on lui donna domination, dignité et royaume, pour que les peuples, communautés nationales et langues le servent tous. Sa domination est une domination de durée indéfinie qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas supprimé. ” (Dn 7:13, 14). Une comparaison de ce texte avec Matthieu 26:63, 64 révèle sans aucune ambiguïté que le “ fils d’homme ” de la vision de Daniel est Jésus Christ. Il a accès jusqu’à la présence de Jéhovah et reçoit la domination. — Voir Ps 2:8, 9 ; Mt 28:18.
La souveraineté de Jéhovah est contestée. La méchanceté existe depuis la presque totalité des années que l’homme est présent sur la terre d’après la chronologie biblique. Tous les humains meurent, et les péchés et transgressions contre Dieu se multiplient (Rm 5:12, 15, 16). Puisque la Bible indique que Dieu donna à l’homme un départ parfait, des questions se posent : Comment le péché, l’imperfection et la méchanceté sont-ils apparus ? Et pourquoi le Dieu Tout-Puissant a-t-il laissé ces choses se perpétuer pendant des siècles ? Les réponses résident en ceci : que la souveraineté de Dieu a été contestée, ce qui a soulevé une question d’une suprême importance, question qui concerne les humains.
Ce que Dieu recherche chez ses serviteurs. Par ses paroles comme par ses actes, Jéhovah Dieu démontra au fil des siècles qu’il est un Dieu d’amour et de faveur imméritée, qui exerce une justice et un jugement parfaits, et témoigne de la miséricorde à ceux qui désirent le servir (Ex 34:6, 7 ; Ps 89:14 ; voir JUSTICE No 1 ; MISÉRICORDE). Il a même témoigné de la bonté aux ingrats et aux méchants (Mt 5:45 ; Lc 6:35 ; Rm 5:8). Il prend plaisir au fait que sa souveraineté s’exerce dans l’amour. — Jr 9:24.
Par voie de conséquence, le genre de personnes que Dieu désire voir vivre dans l’univers qu’il a créé sont celles qui le servent par amour pour sa personne et pour ses qualités remarquables. Il leur faut aimer Dieu en premier, et leur prochain en second (Mt 22:37-39). Elles doivent être des personnes qui aiment la souveraineté de Jéhovah, qui la souhaitent sincèrement et qui la préfèrent à toute autre (Ps 84:10). Même s’il leur était possible de devenir indépendantes, elles choisiraient Sa souveraineté parce qu’elles savent que sa domination est de loin plus sage, plus juste et meilleure que toute autre (Is 55:8-11 ; Jr 10:23 ; Rm 7:18). De telles personnes servent Dieu non pas simplement par crainte de sa toute-puissance ou pour des considérations égoïstes, mais par amour pour sa justice, son équité et sa sagesse, et parce qu’elles connaissent la grandeur et la bonté de cœur de Jéhovah (Ps 97:10 ; 119:104, 128, 163). Avec l’apôtre Paul elles s’exclament : “ Ô profondeur de la richesse et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont inscrutables et ses voies introuvables ! Car ‘ qui est parvenu à connaître la pensée de Jéhovah, ou qui est devenu son conseiller ’ ? Ou : ‘ Qui lui a donné le premier, pour devoir être payé de retour ? ’ Parce que c’est de lui, et par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire pour toujours. Amen. ” — Rm 11:33-36.
Ces personnes parviennent à connaître Dieu, et le connaître vraiment signifie l’aimer et rester attaché à sa souveraineté. L’apôtre Jean écrit : “ Tout homme qui demeure en union avec lui ne pratique pas le péché ; tout homme qui pratique le péché ne l’a pas vu et n’est pas non plus parvenu à le connaître. ” “ Celui qui n’aime pas n’a pas appris à connaître Dieu, parce que Dieu est amour. ” (1Jn 3:6 ; 4:8). Jésus connaissait son Père mieux que quiconque. Il déclara : “ Toutes choses m’ont été remises par mon Père, et personne ne connaît pleinement le Fils si ce n’est le Père, personne non plus ne connaît pleinement le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. ” — Mt 11:27.
Un manque d’amour et de reconnaissance. Par conséquent, lorsque la souveraineté de Jéhovah fut contestée, ce fut le fait de quelqu’un qui, bien que jouissant des bienfaits de la souveraineté divine, n’appréciait ni ne cultivait la connaissance de Dieu, ce qui aurait accru son amour pour lui. Cet individu était un esprit créé par Dieu, un ange. Quand le couple humain, Adam et Ève, fut placé sur la terre, cet esprit vit là une occasion d’attenter à la souveraineté de Dieu. Il allait tout d’abord essayer (et il réussit dans sa tentative) de détacher Ève, puis Adam, de la souveraineté divine. Il espérait instaurer une souveraineté rivale.
Pour ce qui est d’Ève, la première personne à qui il s’adressa, elle n’éprouvait assurément pas de gratitude pour son Créateur et Dieu, et elle ne saisissait pas la possibilité qui s’offrait à elle de le connaître. Elle écouta la voix d’un inférieur, le serpent d’après ce qu’elle voyait, mais en réalité l’ange rebelle. La Bible ne laisse pas entendre qu’Ève fut surprise d’entendre le serpent parler. Elle dit par contre que le serpent était “ la plus prudente de toutes les bêtes sauvages des champs qu’avait faites Jéhovah Dieu ”. (Gn 3:1.) Il n’est pas précisé si le serpent mangea du fruit défendu de “ l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais ” et donna alors l’impression d’avoir été rendu sage, capable de parler. L’ange rebelle, se servant du serpent pour parler à Ève, lui offrit (du moins le pensa-t-elle) la possibilité de devenir indépendante, d’être “ comme Dieu, connaissant le bon et le mauvais ”, et il réussit à lui faire croire qu’elle ne mourrait pas. — Gn 2:17 ; 3:4, 5 ; 2Co 11:3.
Lorsqu’il rencontra la rébellion dans son foyer, Adam non plus ne montra pas de gratitude et d’amour envers son Créateur et Bienfaiteur, ni ne se montra fidèle en prenant parti pour son Dieu lorsqu’il fut mis à l’épreuve, et il succomba à la force de persuasion d’Ève. Il perdit manifestement sa foi en Dieu et en la capacité divine de fournir toutes choses bonnes à ses serviteurs fidèles (voir la déclaration de Jéhovah à David après son péché avec Bath-Shéba en 2S 12:7-9). De plus, Adam, semble-t-il, s’irrita contre Jéhovah, si on en juge par sa réponse lorsqu’il fut interrogé sur sa conduite : “ La femme que tu as donnée pour être avec moi, elle m’a donné du fruit de l’arbre et ainsi j’ai mangé. ” (Gn 3:12). Contrairement à Ève, l’homme ne croyait pas qu’il ne mourrait pas comme l’avait prétendu le serpent, mais aussi bien Adam que sa femme choisirent la voie de l’autonomie, de la rébellion contre Dieu. — 1Tm 2:14.
Adam ne pouvait pas dire : “ Je suis en train d’être éprouvé par Dieu. ” C’est au contraire le principe suivant qui s’appliquait : “ Chacun est éprouvé en se laissant entraîner et séduire par son propre désir. Puis le désir, quand il a été fécondé, donne naissance au péché ; à son tour, le péché, quand il a été accompli, enfante la mort. ” (Jc 1:13-15). Ainsi, les trois rebelles (l’ange, Ève et Adam) usèrent de la liberté que Dieu leur avait accordée pour se détourner de leur état d’innocence et suivre la voie du péché volontaire. — Voir PÉCHÉ ; PERFECTION.
Ce qui a été contesté. Qu’a-t-on mis en cause ici ? Qui a été outragé et diffamé par cette contestation de l’ange qu’on appela plus tard Satan le Diable, contestation que l’homme Adam a soutenue par son acte de rébellion ? Était-ce la suprématie de Jéhovah en tant que telle ? Sa souveraineté en tant que telle ? La souveraineté divine était-elle menacée ? Non, car Jéhovah détient le pouvoir et la puissance suprêmes, et personne au ciel ou sur la terre ne peut l’en déposséder (Rm 9:19). Ce qui a été contesté, c’est la justice et le bon droit de Dieu dans l’exercice de sa souveraineté : Dieu exerçait-il sa souveraineté convenablement, d’une manière conforme à la justice et dans l’intérêt de ses sujets ? C’est ce qu’indiquent les premières paroles adressées à Ève : “ Est-ce vrai que Dieu a dit que vous ne devez pas manger de tout arbre du jardin ? ” Ici le Serpent laissait entendre que pareille chose était impensable, que Dieu restreignait trop la liberté du couple et lui interdisait quelque chose qui lui revenait de droit. — Gn 3:1.
Qu’était “ l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais ” ?
Adam et Ève exprimèrent leur rébellion en prenant du fruit de “ l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais ”. Lorsqu’il avait donné la loi concernant l’arbre, le Créateur, le Souverain de l’univers, avait agi totalement dans son droit, car Adam, étant une personne créée, et non souveraine, avait des limites, et il lui fallait admettre ce fait. Pour que la paix et l’harmonie règnent dans l’univers, il incomberait à toutes les créatures douées de raison de reconnaître et de soutenir la souveraineté du Créateur. Adam, pour sa part, montrerait son adhésion à ce fait en s’abstenant de manger le fruit de cet arbre. Étant le futur père d’une planète qui serait remplie d’humains, il était tenu de se montrer obéissant et fidèle, jusque dans les plus petites choses. Dans son cas s’appliquait le principe suivant : “ Celui qui est fidèle dans ce qui est tout petit est fidèle aussi dans ce qui est beaucoup, et celui qui est injuste dans ce qui est tout petit est injuste aussi dans ce qui est beaucoup. ” (Lc 16:10). Adam était capable de cette obéissance parfaite. Le fruit de l’arbre n’avait sans doute rien de mauvais en lui-même. (Ce ne sont pas les relations sexuelles qui étaient interdites, puisque Dieu avait ordonné au couple de ‘ remplir la terre ’. [Gn 1:28.] Comme le dit la Bible, il s’agissait du fruit d’un arbre bien réel.) Ce que représentait l’arbre est bien exprimé dans une note de la Bible de Jérusalem sur Genèse 2:17 :
“ Cette connaissance est un privilège que Dieu se réserve et que l’homme usurpera par le péché, 3 Gn 3:5, 22. Ce n’est donc ni l’omniscience, que l’homme déchu ne possède pas, ni le discernement moral, qu’avait déjà l’homme innocent et que Dieu ne peut pas refuser à sa créature raisonnable. C’est la faculté de décider soi-même ce qui est bien et mal et d’agir en conséquence, une revendication d’autonomie morale par laquelle l’homme renie son état de créature [...]. Le premier péché a été un attentat à la souveraineté de Dieu, une faute d’orgueil. ”
Les serviteurs de Dieu accusés d’égoïsme. Un autre aspect de la question restée pendante transparaît dans les paroles que Satan adressa à Dieu au sujet de son fidèle serviteur Job : “ Est-ce pour rien que Job a craint Dieu ? N’as-tu pas toi-même élevé une haie autour de lui, autour de sa maison et autour de tout ce qui est à lui à la ronde ? L’œuvre de ses mains, tu l’as bénie, et son bétail s’est répandu sur la terre. Mais, pour changer, avance ta main, s’il te plaît, et touche à tout ce qui est à lui, et vois s’il ne te maudit pas à ta face. ” De nouveau il lança une accusation : “ Peau pour peau, et tout ce qu’un homme a, il le donnera pour son âme. ” (Jb 1:9-11 ; 2:4). Par ces mots, Satan accusa Job d’être au fond en désaccord avec Dieu, mais de le servir et de lui obéir uniquement à cause de considérations égoïstes, pour son profit. Ainsi, Satan calomnia Dieu quant à sa souveraineté, et ses serviteurs quant à leur intégrité à l’égard de cette souveraineté. En somme, il affirmait qu’on ne trouverait jamais sur la terre un homme qui reste intègre envers la souveraineté de Jéhovah si lui, Satan, était autorisé à le mettre à l’épreuve.
Jéhovah accepta de s’engager dans cette question. Mais non parce qu’il doutait de sa justice dans l’exercice de sa souveraineté. Il n’avait rien à se prouver à lui-même. C’est par amour pour ses créatures intelligentes qu’il laissa l’affaire passer au crible du temps. Il permit à Satan de mettre les hommes à l’épreuve devant tout l’univers. Il donna d’autre part à ses créatures le privilège de démontrer que le Diable est un menteur, et de laver de toute calomnie non seulement Son nom, mais aussi le leur. Satan, dans son vain désir de se mettre en avant, fut ‘ livré à une mentalité désapprouvée ’. Dans sa conversation avec Ève, il s’était de toute évidence contredit (Rm 1:28). D’un côté, en effet, il accusait Dieu d’exercer sa souveraineté d’une manière injuste, et de l’autre il comptait sans doute sur la justice, l’honnêteté de Dieu. Il croyait, semble-t-il, que Dieu se sentirait tenu de le laisser en vie s’il parvenait à prouver son accusation concernant l’infidélité des créatures de Dieu.
Le règlement de cette question est d’une importance capitale. Le règlement de cette question était de première importance pour tous les vivants, pour ce qui est de leurs relations avec Dieu en tant que souverain. En effet, une fois tranchée, une telle question n’aurait jamais plus sa raison d’être. Manifestement, Jéhovah désirait que tous les aspects liés à cette question soient révélés et parfaitement compris. L’action entreprise par Dieu inspire confiance en l’immutabilité divine, elle met en valeur sa souveraineté, la rend encore plus désirable et solidement ancrée dans l’esprit de ceux qui prennent fait et cause pour elle. — Voir Ml 3:6.
Une question d’ordre moral. La question ne portait donc pas sur la force, sur la puissance d’action ; il s’agissait avant tout d’une question d’ordre moral. Cependant, parce que Dieu est invisible et que Satan fait tous ses efforts pour aveugler l’intelligence des humains, il est arrivé que la puissance de Jéhovah, ou même son existence, soient mises en doute (1Jn 5:19 ; Ré 12:9). Les hommes se sont mépris sur les raisons de la patience et de la bonté de Dieu, et eux-mêmes se sont endurcis dans la rébellion (Ec 8:11 ; 2P 3:9). Voilà pourquoi servir Dieu fidèlement a été synonyme de foi mais aussi de souffrance (Hé 11:6, 35-38). Cependant, Jéhovah a pour dessein de révéler sa souveraineté et son nom à tous. En Égypte il dit à Pharaon : “ C’est pour cela que je t’ai laissé exister : c’est pour te faire voir ma force et afin qu’on proclame mon nom dans toute la terre. ” (Ex 9:16). Pareillement, Dieu a laissé à ce monde et à son dieu, Satan le Diable, un temps pour exister et évoluer dans leur méchanceté, et il a fixé un temps pour leur destruction (2Co 4:4 ; 2P 3:7). Un psalmiste prononça cette prière prophétique : “ Pour qu’on sache que toi, dont le nom est Jéhovah, tu es, toi seul, le Très-Haut sur toute la terre ! ” (Ps 83:18). Jéhovah lui-même a juré : “ Devant moi tout genou pliera, toute langue jurera, en disant : ‘ Oui, en Jéhovah il y a pleine justice et force. ’ ” — Is 45:23, 24.
L’importance de la question. Qui était touché par cette question ? Puisque l’homme avait été entraîné dans le péché, et puisqu’un ange avait péché, cette question toucha les créatures célestes de Dieu, y compris son Fils unique-engendré, celui qui était le plus proche de Jéhovah. Ce Fils, qui faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père, fut ardemment désireux de contribuer à la justification de la souveraineté de Jéhovah (Jn 8:29 ; Hé 1:9). Dieu le choisit pour cette mission et l’envoya sur la terre, où il naquit enfant mâle de la vierge Marie (Lc 1:35). Il était parfait, et il resta parfait et irréprochable toute sa vie, même jusqu’à une mort infamante (Hé 7:26). Il dit avant sa mort : “ Maintenant a lieu un jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. ” Et encore : “ Le chef du monde vient. Et il n’a aucune prise sur moi. ” (Jn 12:31 ; 14:30). Satan, qui voulait briser l’intégrité de Christ, n’avait eu aucune prise sur lui, et il fut condamné sur son échec et se trouva prêt à être jeté dehors. Jésus avait “ vaincu le monde ”. — Jn 16:33.
Jésus Christ, celui qui justifie Dieu. Jésus Christ démontra de façon absolument parfaite que le Diable est un menteur, ce qui trancha définitivement la question soulevée, à savoir : Se trouvera-t-il ne serait-ce qu’un homme qui restera fidèle à Dieu quelles que soient les épreuves et les souffrances qu’il subisse ? C’est pourquoi Jésus fut chargé par le Dieu Souverain d’être Celui qui exécutera tous Ses desseins, qui éliminera de l’univers la méchanceté, le Diable y compris. Jésus exercera bel et bien ce pouvoir, et ‘ tout genou pliera, et toute langue reconnaîtra ouvertement que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père ’. — Ph 2:5-11 ; Hé 2:14 ; 1Jn 3:8.
Dans le cadre de la domination qui lui a été conférée, le Fils règne au nom de son Père, ‘ réduisant à rien ’ tout gouvernement et pouvoir et puissance qui s’opposent à la souveraineté de Jéhovah. L’apôtre Paul révèle que Jésus Christ rendra ensuite le plus grand hommage qui soit à Jéhovah en tant que Souverain ; en effet, “ lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra aussi à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit toutes choses pour tous ”. — 1Co 15:24-28.
Le livre de la Révélation montre qu’après la fin du Règne millénaire de Christ, pendant lequel il brisera toute autorité qui voudra s’opposer à la souveraineté de Jéhovah, le Diable sera relâché pour une courte période. Il tentera de soulever de nouveau la question, mais on ne lui accordera pas beaucoup de temps pour ce qui est déjà réglé. Satan sera anéanti complètement avec ceux qui l’auront suivi. — Ré 20:7-10.
D’autres justifient la souveraineté de Dieu. Si la fidélité de Christ a pleinement donné raison à Dieu pour ce qui est de la question pendante, d’autres ont, cependant, l’occasion de servir Dieu sur ce plan (Pr 27:11). L’apôtre Paul montre quels furent les effets de la conduite de Christ, qui est resté intègre jusqu’à sa mort sacrificielle : “ Par un seul acte de justification le résultat pour des hommes de toutes sortes c’est qu’on les déclare justes pour la vie. ” (Rm 5:18). Christ a été fait Chef, ou Tête, d’un “ corps ”, la congrégation (Col 1:18), dont les membres, à son exemple, restent intègres jusqu’à la mort, et il se réjouit de les voir participer à sa domination royale en qualité de cohéritiers et de rois adjoints (Lc 22:28-30 ; Rm 6:3-5 ; 8:17 ; Ré 20:4, 6). Des hommes fidèles des temps anciens se réjouissaient de ce que Jéhovah ferait dans l’avenir et restèrent intègres malgré leur état d’imperfection (Hé 11:13-16). Et les nombreuses autres personnes qui plieront finalement le genou en soumission reconnaîtront de même de tout cœur que Dieu est juste et droit dans l’exercice de sa souveraineté. Ainsi qu’un psalmiste le chanta prophétiquement : “ Que tout ce qui respire loue Yah ! Louez Yah ! ” — Ps 150:6.