Chapitre dix-neuf
Jéhovah profane l’orgueil de Tyr
1, 2. a) Quelle sorte de ville était la Tyr antique ? b) Que prophétisa Isaïe concernant Tyr ?
ELLE était “ merveilleusement belle ” et abondait en “ richesses de toutes sortes ”. (Ézékiel 27:4, 12, Bible de Crampon [1905].) Sa grande flotte traversait la mer vers des destinations lointaines. Elle devint “ fort glorieuse au cœur de la haute mer ” et avec ses “ choses de valeur ” elle ‘ enrichissait les rois de la terre ’. (Ézékiel 27:25, 33.) Telle était au VIIe siècle avant notre ère la situation de Tyr, une ville phénicienne à l’extrémité orientale de la Méditerranée.
2 Pourtant, la destruction de Tyr se profilait à l’horizon. Quelque 100 ans avant qu’Ézékiel ne la décrive, le prophète Isaïe prédit la chute de cette forteresse phénicienne et le chagrin de ceux qui vivaient grâce à elle. Isaïe prophétisa également qu’au bout d’un certain temps Dieu s’occuperait de la ville et lui accorderait une nouvelle prospérité. Comment les paroles du prophète s’accomplirent-elles ? Et que pouvons-nous apprendre de tout ce qui arriva à Tyr ? Si nous comprenons précisément ce qui lui arriva et pourquoi cela arriva, notre foi en Jéhovah et en ses promesses s’en trouvera renforcée.
“ Hurlez, navires de Tarsis ”
3, 4. a) Où était Tarsis, et quel lien unissait Tyr à Tarsis ? b) Pourquoi les matelots qui font du commerce avec Tarsis auront-ils des raisons de ‘ hurler ’ ?
3 Sous le titre “ La déclaration concernant Tyr ”, Isaïe proclame : “ Hurlez, navires de Tarsis, car elle a été pillée : ce n’est plus un port, ce n’est plus un lieu pour y entrer. ” (Isaïe 23:1a). On pense que Tarsis était une partie de l’Espagne, bien loin de Tyr et de l’est de la Méditerranéea. Néanmoins, les Phéniciens étaient des marins chevronnés ; leurs bateaux étaient grands et adaptés au large. D’après certains historiens, les Phéniciens furent les premiers à remarquer le lien entre la lune et les marées, et à se servir de l’astronomie pour naviguer. La longue distance qui séparait Tyr de Tarsis ne les arrêtait donc pas.
4 Aux jours d’Isaïe, la lointaine Tarsis est un lieu où Tyr fait du commerce, peut-être sa principale source de revenus à une époque de son histoire. L’Espagne compte de riches mines d’argent, de fer, d’étain et d’autres métaux (voir Jérémie 10:9 ; Ézékiel 27:12). Les “ navires de Tarsis ”, probablement les navires venant de Tyr qui commercent avec Tarsis, auront de bonnes raisons de ‘ hurler ’, de se lamenter sur la destruction de leur port d’attache.
5. Où les marins venant de Tarsis apprendront-ils la chute de Tyr ?
5 Comment, en mer, les marins apprendront-ils la chute de Tyr ? Isaïe répond : “ C’est du pays de Kittim que cela leur a été révélé. ” (Isaïe 23:1b). Le “ pays de Kittim ” désigne sans doute l’île de Chypre, située à une centaine de kilomètres à l’ouest de la côte phénicienne. C’est pour les navires arrivant de Tarsis la dernière halte avant Tyr. Les matelots apprendront donc en faisant escale à Chypre que leur cher port d’attache est renversé. Quel choc ce sera pour eux ! Accablés de chagrin, ils ‘ hurleront ’ de consternation.
6. Décrivez les relations qui unissaient Tyr et Sidon.
6 La consternation frappera peut-être aussi les habitants de la côte phénicienne. Le prophète déclare en effet : “ Faites silence, habitants du pays côtier ! Les marchands de Sidon, ceux qui traversent la mer — ils t’ont remplie. Et sur les eaux nombreuses a été la semence de Shihor, la moisson du Nil, son revenu ; et cela est devenu le gain des nations. ” (Isaïe 23:2, 3). Les “ habitants du pays côtier ”, les voisins de Tyr, feront silence tellement ils seront atterrés par la chute catastrophique de Tyr. Qui sont “ les marchands de Sidon ” qui ‘ ont rempli ’ ces habitants, autrement dit les ont enrichis ? À l’origine, Tyr était une colonie de Sidon, une ville portuaire à seulement 35 kilomètres au nord. Sur ses pièces de monnaie, Sidon se qualifiait de mère de Tyr. Bien qu’elle ait éclipsé Sidon par sa richesse, Tyr est toujours une “ fille de Sidon ” et ses habitants se donnent toujours le nom de Sidoniens (Isaïe 23:12). Par conséquent, l’expression “ les marchands de Sidon ” se rapporte probablement aux habitants de Tyr, des commerçants.
7. Comment les marchands sidoniens ont-ils répandu la richesse ?
7 Pour les besoins de leur négoce, les riches marchands sidoniens traversent la Méditerranée. Ils transportent à de nombreux endroits la semence (le grain) de Shihor, le bras du Nil le plus à l’est dans le delta d’Égypte (voir Jérémie 2:18). “ La moisson du Nil ” comprend d’autres produits d’Égypte. Le commerce et le troc de ces produits rapportent beaucoup à ces marchands au long cours ainsi qu’aux nations avec lesquelles ils font des affaires. Les commerçants sidoniens remplissent Tyr de revenu. Ils éprouveront vraiment du chagrin lorsqu’elle sera désolée !
8. Quel effet la destruction de Tyr aura-t-elle sur Sidon ?
8 Isaïe s’adresse ensuite à Sidon par ces mots : “ Sois honteuse, ô Sidon, car la mer, ô forteresse de la mer, a dit : ‘ Je n’ai pas eu les douleurs, je n’ai pas accouché, je n’ai pas élevé de jeunes gens, je n’ai pas fait grandir de vierges. ’ ” (Isaïe 23:4). Après la destruction de Tyr, la côte où la ville se tenait aura un aspect nu et désolé. La mer donnera l’impression de crier d’angoisse, comme une mère qui a perdu ses enfants et qui est si désespérée qu’elle nie les avoir jamais eus. Sidon aura honte de ce qui sera arrivé à sa fille.
9. Le chagrin suscité par la chute de Tyr sera comparable à la consternation causée par quels autres événements ?
9 Ainsi, la nouvelle de la destruction de Tyr répandra partout le chagrin. Isaïe dit : “ Tout comme à la nouvelle concernant l’Égypte, on sera de même dans de violentes douleurs à la nouvelle sur Tyr. ” (Isaïe 23:5). La douleur des endeuillés sera comparable à la douleur provoquée par la nouvelle relative à l’Égypte. À quelle nouvelle le prophète pense-t-il ? Peut-être à l’accomplissement de la “ déclaration contre l’Égypteb ” qu’il a énoncée précédemment (Isaïe 19:1-25), ou bien à la nouvelle de la destruction de l’armée de Pharaon au temps de Moïse, nouvelle consternante qui s’était répandue (Exode 15:4, 5, 14-16 ; Josué 2:9-11). Quoi qu’il en soit, ceux qui entendront la nouvelle de la destruction de Tyr seront dans de violentes douleurs. Ils sont invités à chercher refuge au loin, à Tarsis, et reçoivent l’ordre d’exprimer bruyamment leur chagrin : “ Traversez jusqu’à Tarsis ; hurlez, habitants du pays côtier ! ” — Isaïe 23:6.
En liesse “ depuis ses premiers temps ”
10-12. Décrivez la richesse, l’ancienneté et l’influence de Tyr.
10 Tyr est une ville ancienne ; Isaïe le rappelle quand il demande : “ Est-ce là votre ville qui était en liesse depuis les jours d’autrefois, depuis ses premiers temps ? ” (Isaïe 23:7a). L’histoire de la prospérité de Tyr remonte au moins à l’époque de Josué (Josué 19:29). Au fil du temps, Tyr s’est rendue célèbre par la fabrication d’objets en métal et en verre, ainsi que par la teinture pourpre. Les robes de pourpre tyrienne se vendent extrêmement cher, et les tissus coûteux de Tyr sont recherchés par les nobles (voir Ézékiel 27:7, 24). Tyr est aussi un centre de commerce pour les caravanes et un important carrefour d’importation-exportation.
11 Par ailleurs, la ville est forte sur le plan militaire. L. Sprague de Camp écrit : “ Même s’ils n’étaient pas particulièrement portés à la guerre (ils étaient commerçants, pas soldats), les Phéniciens défendaient leurs villes avec un courage et une obstination fanatiques. Ces qualités, alliées à leur puissance navale, permirent aux Tyriens de résister à l’armée assyrienne, la plus forte de l’époque. ”
12 Tyr marque incontestablement le monde méditerranéen de son empreinte. “ Ses pieds l’amenaient au loin pour y résider comme étrangère. ” (Isaïe 23:7b). Les Phéniciens parcourent de longues distances, fondent des comptoirs et des ports d’escale qui parfois deviennent des colonies. Carthage, par exemple, sur la côte nord de l’Afrique, est une colonie de Tyr. Avec le temps, cette ville surpassera Tyr et rivalisera d’influence avec Rome dans le monde méditerranéen.
Son orgueil sera profané
13. Pourquoi demande-t-on qui ose prononcer un jugement contre Tyr ?
13 Sachant que Tyr est ancienne et riche, on comprend la question suivante : “ Qui a donné ce conseil contre Tyr, la distributrice des couronnes, dont les commerçants étaient des princes, dont les marchands étaient les gens honorables de la terre ? ” (Isaïe 23:8). Qui ose élever la voix contre la ville qui investit des personnages puissants d’une grande autorité dans ses colonies et ailleurs, se faisant ainsi “ la distributrice des couronnes ” ? Qui ose élever la voix contre la métropole dont les commerçants sont des princes et dont les marchands sont des hommes honorables ? Maurice Chéhab, ancien directeur des antiquités au musée national de Beyrouth, au Liban, a dit : “ Entre le IXe et le VIe siècle [avant notre ère], Tyr fut ce qu’a été Londres au XIXe s[iècle] et au début de notre siècle. ” Qui ose donc élever la voix contre cette ville ?
14. Qui prononce un jugement contre Tyr, et pourquoi ?
14 La réponse divinement inspirée jettera la consternation dans Tyr. Isaïe déclare : “ C’est Jéhovah des armées lui-même qui a donné ce conseil, pour profaner l’orgueil de toute beauté, pour traiter avec mépris tous les gens honorables de la terre. ” (Isaïe 23:9). Pourquoi Jéhovah prononce-t-il un jugement contre cette ville riche et ancienne ? Est-ce parce que ses habitants adorent le faux dieu Baal ? Est-ce à cause de son lien avec Jézabel, la fille d’Ethbaal le roi de Sidon ainsi que de Tyr, qui s’est mariée au roi Ahab d’Israël et qui a massacré les prophètes de Jéhovah (1 Rois 16:29, 31 ; 18:4, 13, 19) ? La réponse à ces deux questions est non. Tyr est condamnée à cause de son orgueil ; elle s’est engraissée aux dépens des autres peuples, notamment des Israélites. Au IXe siècle avant notre ère, Jéhovah dit à Tyr et à d’autres villes par l’intermédiaire du prophète Yoël : “ Vous avez vendu aux fils des Grecs les fils de Juda et les fils de Jérusalem, afin de les éloigner de leur territoire. ” (Yoël 3:6). Dieu peut-il sans sourciller laisser Tyr traiter comme une simple marchandise le peuple avec qui il a contracté une alliance ?
15. Quelle sera la réaction de Tyr lorsque Neboukadnetsar prendra Jérusalem ?
15 Un siècle passera sans que Tyr ne change. Lorsque l’armée de Neboukadnetsar, roi de Babylone, détruira Jérusalem en 607 avant notre ère, Tyr exultera : “ Ah ah ! elle [Jérusalem] a été brisée, les portes des peuples ! À coup sûr, on va se tourner vers moi. Je serai remplie — elle a été dévastée. ” (Ézékiel 26:2). Tyr se réjouira ; elle espérera tirer profit de la destruction de Jérusalem. Elle espérera faire davantage de commerce, puisque la capitale judéenne ne la concurrencera plus. Jéhovah traitera avec mépris ceux qui s’autoproclament “ honorables ”, qui se rangent orgueilleusement du côté des ennemis de son peuple.
16, 17. Qu’arrivera-t-il aux habitants de Tyr quand elle sera renversée (voir la note) ?
16 Isaïe poursuit la condamnation de Tyr par Jéhovah : “ Traverse ton pays comme le Nil, ô fille de Tarsis ! Il n’y a plus de chantier maritime. Il a tendu sa main sur la mer ; il a fait s’agiter des royaumes. Jéhovah lui-même a donné un ordre contre la Phénicie, celui d’anéantir ses forteresses. Et il dit : ‘ Non, tu ne recommenceras plus à exulter, ô opprimée, la vierge, fille de Sidon ! Lève-toi, traverse jusqu’à Kittim. Même là ce ne sera pas reposant pour toi. ’ ” — Isaïe 23:10-12.
17 Pourquoi Tyr est-elle appelée la “ fille de Tarsis ” ? Peut-être parce que, après la défaite de Tyr, Tarsis sera la plus puissante des deuxc. Tyr en ruines, ses habitants seront dispersés comme un fleuve en crue dont les rives sont emportées et dont les eaux submergent toutes les plaines environnantes. Le message adressé par Isaïe à la “ fille de Tarsis ” accentue la gravité de ce qui arrivera à Tyr. Jéhovah lui-même tend sa main et donne l’ordre. Personne ne peut changer l’issue.
18. Pourquoi Tyr est-elle appelée “ vierge, fille de Sidon ”, et quel changement de situation subira-t-elle ?
18 Isaïe qualifie également Tyr de “ vierge, fille de Sidon ”, ce qui indique qu’elle n’a jamais été capturée et dépouillée par des conquérants étrangers et qu’elle n’est encore soumise à personne (voir 2 Rois 19:21 ; Isaïe 47:1 ; Jérémie 46:11). Mais maintenant elle doit être anéantie et, comme des réfugiés, certains de ses habitants feront la traversée jusqu’à la colonie phénicienne de Kittim. Seulement, du fait qu’ils auront perdu leur pouvoir économique, ils n’y trouveront pas le repos.
Les Chaldéens la pilleront
19, 20. Qui, d’après la prophétie, conquerra Tyr, et comment cette prophétie s’accomplit-elle ?
19 Quelle puissance politique exécutera le jugement de Jéhovah sur Tyr ? Isaïe proclame : “ Voyez ! Le pays des Chaldéens. Voici le peuple — l’Assyrie ne le fut pas — ils l’ont fondée pour les hôtes du désert. Ils ont érigé leurs tours de siège ; ils ont dénudé ses tours d’habitation ; on l’a mise comme une ruine qui se désagrège. Hurlez, navires de Tarsis, car votre forteresse a été pillée. ” (Isaïe 23:13, 14). Ce sont les Chaldéens, et non les Assyriens, qui prendront Tyr. Ils érigeront leurs tours de siège, raseront les lieux d’habitation de Tyr et feront de la forteresse des navires de Tarsis un tas de ruines qui se désagrègent.
20 Conformément à la prophétie, peu après la chute de Jérusalem, Tyr se rebelle contre Babylone, si bien que Neboukadnetsar met le siège devant la ville. Tyr se croit imprenable ; elle résiste. Au cours du siège, les têtes des soldats babyloniens sont “ rendues chauves ” par le frottement de leurs casques, et leurs épaules sont “ dénudées ” à force de transporter des matériaux pour construire des ouvrages de siège (Ézékiel 29:18). Le siège coûte cher à Neboukadnetsar. Il détruit la ville continentale de Tyr, mais le butin qu’elle renferme lui échappe. Le gros des trésors de Tyr a été transféré dans une petite île éloignée d’environ 800 mètres du rivage. N’ayant pas de flotte, le roi chaldéen ne peut s’emparer de l’île. Au bout de 13 années, Tyr capitule, mais elle survivra et verra l’accomplissement d’autres prophéties.
“ Elle devra retourner à son salaire ”
21. En quel sens Tyr est-elle “ oubliée ”, et pendant combien de temps ?
21 Isaïe continue de prophétiser : “ Il arrivera sans faute en ce jour-là que Tyr sera bel et bien oubliée pendant soixante-dix ans, comme les jours d’un roi. ” (Isaïe 23:15a). Après la destruction de la ville continentale par les Babyloniens, la ville insulaire de Tyr ‘ sera oubliée ’. La prophétie est exacte : le temps d’“ un roi ”, l’Empire babylonien, la Tyr insulaire ne sera pas une puissance financière importante. Par l’intermédiaire de Jérémie, Jéhovah inclut Tyr parmi les nations qui seront contraintes de boire le vin de sa colère. Il déclare : “ Ces nations devront servir le roi de Babylone soixante-dix ans. ” (Jérémie 25:8-17, 22, 27). Certes, la ville insulaire de Tyr n’est pas soumise à Babylone pendant 70 années entières, puisque l’Empire babylonien tombe en 539 avant notre ère. De toute évidence, les 70 ans représentent la période où la Babylonie domine sans partage, pendant laquelle la dynastie royale de Babylone se vante d’avoir élevé son trône même au-dessus des “ étoiles de Dieu ”. (Isaïe 14:13.) Diverses nations tombent sous cette domination à différents moments. Mais au bout de 70 ans, cette domination se désagrégera. Qu’arrivera-t-il alors à Tyr ?
22, 23. Que deviendra Tyr lorsqu’elle ne sera plus dominée par Babylone ?
22 Isaïe poursuit : “ Au bout de soixante-dix ans, il en sera pour Tyr comme dans la chanson d’une prostituée : ‘ Prends une harpe, fais le tour de la ville, ô prostituée oubliée ! Fais vibrer les cordes de ton mieux ; multiplie tes chansons, afin qu’on se souvienne de toi. ’ Oui, il arrivera au bout de soixante-dix ans que Jéhovah s’occupera de Tyr, et elle devra retourner à son salaire et se livrer à la prostitution avec tous les royaumes de la terre sur la surface du sol. ” — Isaïe 23:15b-17.
23 Après la chute de Babylone en 539, la Phénicie devient une satrapie de l’Empire médo-perse. Le monarque perse, Cyrus le Grand, est un souverain tolérant. Sous cette nouvelle domination, Tyr reprendra son ancienne activité ; elle s’évertuera à retrouver sa position de centre commercial mondial, de même qu’une prostituée qu’on a oubliée et qui a perdu sa clientèle cherche à attirer de nouveaux clients en faisant le tour de la ville, jouant de la harpe et chantant des chansons. Tyr atteindra-t-elle son objectif ? Oui. Jéhovah le lui permettra. Avec le temps, la ville insulaire deviendra si prospère que vers la fin du VIe siècle avant notre ère le prophète Zekaria dira : “ Tyr a entrepris de se bâtir un rempart, elle s’est mise à entasser de l’argent comme de la poussière et de l’or comme la boue des rues. ” — Zekaria 9:3.
‘ Son gain deviendra chose sainte ’
24, 25. a) En quel sens le gain de Tyr devient-il chose sainte pour Jéhovah ? b) Bien que Tyr aide son peuple, quelle prophétie Jéhovah inspire-t-il la concernant ?
24 Les paroles prophétiques suivantes sont remarquables. “ Son gain et son salaire deviendront chose sainte pour Jéhovah. Cela ne sera ni amassé ni mis en réserve, car son salaire sera pour ceux qui habitent devant Jéhovah, pour qu’ils mangent à satiété et pour la couverture magnifique. ” (Isaïe 23:18). En quel sens le gain matériel de Tyr devient-il chose sainte ? Jéhovah dirige les événements de façon à ce que ce gain soit utilisé selon sa volonté, pour que ses serviteurs mangent à satiété et qu’ils aient une couverture. Cela se produit une fois les Israélites revenus de leur exil à Babylone. Les habitants de Tyr les aident en leur fournissant du bois de cèdre pour rebâtir le temple. Ils reprennent aussi le commerce avec la ville de Jérusalem. — Ezra 3:7 ; Nehémia 13:16.
25 Malgré cela, Jéhovah inspire une nouvelle déclaration contre Tyr. Zekaria prophétise au sujet de la ville insulaire maintenant riche : “ Voyez ! Jéhovah lui-même la dépossédera, oui il abattra dans la mer ses forces militaires ; et elle-même sera dévorée dans le feu. ” (Zekaria 9:4). Ces paroles se réalisent en juillet 332 avant notre ère, lorsqu’Alexandre le Grand démolit l’orgueilleuse maîtresse de la mer.
Rejetons le matérialisme et l’orgueil
26. Pourquoi Dieu condamna-t-il Tyr ?
26 Jéhovah condamna Tyr en raison de son orgueil, un défaut qu’il méprise. “ Des yeux hautains ” sont en effet cités en premier parmi les sept choses que Jéhovah hait (Proverbes 6:16-19). Paul associa l’orgueil à Satan le Diable, et la description de l’orgueilleuse Tyr par Ézékiel contient des éléments qui correspondent à Satan lui-même (Ézékiel 28:13-15 ; 1 Timothée 3:6). Pourquoi Tyr était-elle orgueilleuse ? S’adressant à elle, Ézékiel déclare : “ Ton cœur s’est alors enorgueilli à cause de ta fortune. ” (Ézékiel 28:5). La ville était vouée au commerce et à l’acquisition d’argent. La réussite de Tyr la rendit insupportablement orgueilleuse. Par l’intermédiaire d’Ézékiel, Jéhovah dit au “ guide de Tyr ” : “ Ton cœur s’est enorgueilli et [...] tu continues à dire : ‘ Je suis un dieu. Sur le siège de dieu je me suis assis. ’ ” — Ézékiel 28:2.
27, 28. Dans quel piège les humains peuvent-ils tomber, et quelle parabole Jésus donna-t-il à ce sujet ?
27 Les nations cèdent parfois à l’orgueil et à une mauvaise opinion sur la richesse... et il peut en aller de même des individus. Jésus énonça une parabole qui montre à quel point ce piège peut être subtil. Il parla d’un homme riche dont les champs avaient très bien rapporté. Enchanté, l’homme projeta de bâtir des magasins plus grands pour ses produits et se réjouit à la perspective de mener une longue vie confortable. Mais ses projets ne se concrétisèrent pas. Dieu lui dit : “ Homme déraisonnable, cette nuit même on te réclame ton âme. Alors, les choses que tu as entassées, qui les aura ? ” L’homme mourut, et sa richesse ne lui servit à rien. — Luc 12:16-20.
28 Jésus conclut la parabole par ces mots : “ Ainsi en est-il de l’homme qui amasse un trésor pour lui-même, mais qui n’est pas riche à l’égard de Dieu. ” (Luc 12:21). Être riche n’était pas mal en soi, et engranger une bonne récolte n’était pas un péché. La faute de l’homme résidait dans ce qu’il faisait de ces choses les plus importantes de sa vie. Il mettait toute sa confiance dans ses richesses. Quand il songeait à l’avenir, il ne tenait aucun compte de Jéhovah Dieu.
29, 30. Quel avertissement Jacques écrivit-il contre la confiance en soi ?
29 Jacques établit la même idée avec force. Il déclara : “ Allons, maintenant, vous qui dites : ‘ Aujourd’hui ou demain nous irons dans cette ville, nous y passerons une année, nous nous lancerons dans les affaires et nous ferons des bénéfices ’, alors que vous ne savez pas ce que votre vie sera demain. Car vous êtes une brume qui apparaît pour un peu de temps et puis disparaît. Au lieu de cela, vous devriez dire : ‘ Si Jéhovah le veut, nous vivrons et ferons aussi ceci ou cela. ’ ” (Jacques 4:13-15). Jacques montra ensuite le lien qui existe entre la richesse et l’orgueil, en ces termes : “ Vous tirez fierté de vos vantardises arrogantes. Toute fierté de ce genre est mauvaise. ” — Jacques 4:16.
30 Encore une fois, ce n’est pas un péché de faire des affaires. Le péché, c’est l’orgueil, l’arrogance, la confiance en soi que l’acquisition de richesses peut engendrer. Un vieux et sage proverbe dit : “ Ne me donne ni pauvreté ni richesse. ” La pauvreté peut rendre la vie très difficile. Mais la richesse peut amener quelqu’un à ‘ renier Dieu et à dire : “ Qui est Jéhovah ? ” ’ — Proverbes 30:8, 9.
31. Quelles questions un chrétien devrait-il se poser ?
31 Nous vivons dans un monde où beaucoup sont tombés dans l’avidité et l’égoïsme. L’heure est au mercantilisme ; on met beaucoup l’accent sur la richesse. Un chrétien fait donc bien de s’examiner, de s’assurer qu’il n’est pas en train de tomber dans le même piège que la ville de Tyr qui était vouée au commerce. Consacre-t-il tant de temps et d’énergie à la recherche des biens matériels qu’il est, si on regarde les choses en face, esclave des richesses (Matthieu 6:24) ? Envie-t-il certains qui ont des biens en plus grande quantité ou de plus grande valeur que les siens (Galates 5:26) ? S’il est riche, pense-t-il orgueilleusement qu’il mérite plus d’attention ou de privilèges que les autres (voir Jacques 2:1-9) ? S’il n’est pas riche, est-il ‘ bien décidé à être riche ’, quoi qu’il en coûte (1 Timothée 6:9) ? Est-il tellement pris par ses affaires qu’il ne consacre que des miettes au service de Dieu (2 Timothée 2:4) ? Est-il accaparé par la recherche des richesses au point d’enfreindre les principes chrétiens dans le cadre de ses affaires ? — 1 Timothée 6:10.
32. Quel avertissement Jean donna-t-il, et comment pouvons-nous en tenir compte ?
32 Quelle que soit notre situation matérielle, le Royaume devrait rester à la première place dans notre vie. Il est indispensable que nous ne perdions jamais de vue ces paroles de l’apôtre Jean : “ N’aimez pas le monde ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. ” (1 Jean 2:15). Il est vrai que, pour survivre, nous sommes obligés de nous servir du système économique du monde (2 Thessaloniciens 3:10). C’est pourquoi nous ‘ usons du monde ’ ; cependant, nous n’en usons pas “ pleinement ”. (1 Corinthiens 7:31.) Si nous aimons à l’excès les choses matérielles, les choses qui sont dans le monde, nous n’aimons plus Jéhovah. On ne peut rechercher “ le désir de la chair et le désir des yeux et l’orgueilleux étalage de ses moyens d’existence ” en même temps que l’on accomplit la volonté de Dieud. Les deux sont inconciliables. Or, c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu qui mène à la vie éternelle. — 1 Jean 2:16, 17.
33. De quelle manière les chrétiens échapperont-ils au piège dans lequel Tyr tomba ?
33 Tyr tomba dans le piège qui consiste à faire passer la recherche des biens matériels avant tout le reste. Elle réussit sur le plan matériel, devint très fière et fut punie pour son orgueil. Son cas tient lieu d’avertissement aux nations et aux individus aujourd’hui. Il vaut mieux, et de loin, suivre le conseil de l’apôtre Paul. Il dit aux chrétiens “ de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais en Dieu, qui nous procure richement toutes choses pour que nous en jouissions ”. — 1 Timothée 6:17.
[Notes]
a Des biblistes identifient Tarsis à la Sardaigne, une île de la Méditerranée occidentale. La Sardaigne aussi était éloignée de Tyr.
b Voir le chapitre 15 du présent ouvrage, pages 200-207.
c Sinon, la “ fille de Tarsis ” peut désigner les habitants de Tarsis. Un ouvrage de référence déclare : “ Les natifs de Tarsis sont désormais libres de voyager et de commercer aussi librement que le Nil qui coule dans toutes les directions. ” Néanmoins, l’accent est mis sur les répercussions terribles de la chute de Tyr.
d “ Orgueilleux étalage ” traduit le mot grec alazonia, qui est défini comme “ une présomption impie et sans fondement qui croit en la stabilité des choses de la terre ”. — The New Thayer’s Greek-English Lexicon.
[Carte, page 256]
(Voir la publication)
EUROPE
ESPAGNE (Emplacement possible de TARSIS)
MÉDITERRANÉE
SARDAIGNE
CHYPRE
ASIE
SIDON
TYR
AFRIQUE
ÉGYPTE
[Illustration, page 250]
Tyr serait prise par Babylone, et non par l’Assyrie.
[Illustration, page 256]
Pièce à l’effigie de Melqart, principale divinité de Tyr.
[Illustration, page 256]
Maquette de navire phénicien.