ATTITUDES ET GESTES
Les Écritures abondent en références à des attitudes et à des gestes dont la description suffit à montrer que, dans une large mesure, ils sont comparables à ceux qui ont cours encore aujourd’hui au Proche-Orient. Les Orientaux sont beaucoup plus démonstratifs que la plupart des Occidentaux et ils expriment leurs sentiments avec moins de gêne. Qu’ils soient ou non accompagnés de paroles, les attitudes et les gestes avaient beaucoup de force et de signification.
Prière et hommage. Debout. Chez les Hébreux comme chez de nombreux peuples mentionnés dans la Bible, il n’y avait pas d’attitude particulière pour prier. Toutes les attitudes adoptées étaient extrêmement respectueuses. On priait couramment debout. Jésus mentionna cette position pour prier (Mc 11:25). Aussitôt après son baptême, Jésus était sans doute en train de prier debout quand le ciel s’ouvrit et que l’esprit saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, tandis que la voix de Dieu se fit entendre, venant du ciel. — Lc 3:21, 22.
À genoux. C’était une attitude dans laquelle il était courant de prier. Jésus lui-même s’agenouilla dans le jardin de Gethsémané (Lc 22:41). Salomon se mit à genoux quand il représenta la nation d’Israël dans la prière, lors de l’inauguration du temple (1R 8:54). Bien que dans bon nombre de cas la Bible utilise le mot “ genoux ” au pluriel, peut-être arrivait-il qu’une personne ne s’agenouille que sur un genou, comme le font quelquefois les Orientaux aujourd’hui. — Ac 9:40 ; 20:36 ; 21:5 ; Ép 3:14.
Incliné ou prosterné. Quel que soit l’endroit où ils se trouvaient, les Juifs se tournaient vers Jérusalem et son temple pour adorer Dieu (1R 8:42, 44 ; Dn 6:10). Dans une vision, Ézékiel vit 25 hommes, tournant le dos au temple de Jéhovah, qui se prosternaient, la face vers l’E. (Éz 8:16.) Les temples des adorateurs du soleil étaient construits de façon à ce que l’entrée se trouve du côté ouest, pour que les adorateurs se retrouvent face à l’E. en entrant. Par contre, le temple de Jéhovah fut bâti avec l’entrée à l’E., si bien que les adorateurs de Jéhovah tournaient le dos au levant.
Assis et prosterné. On priait également assis, mais vraisemblablement à genoux, assis sur les talons (1Ch 17:16). Dans cette position, celui qui priait pouvait incliner la tête ou l’appuyer sur sa poitrine. Il pouvait encore, comme Éliya, s’accroupir et mettre son visage entre ses genoux (1R 18:42). Les Écritures indiquent souvent qu’une personne se prosternait en disant qu’elle ‘ tombait ’ ou ‘ tombait sur sa face ’. On prenait généralement cette position en tombant sur les genoux et en s’inclinant, s’appuyant sur les mains, ou plus souvent sur les coudes, la tête touchant le sol (Gn 24:26, 48 ; Ne 8:6 ; Nb 16:22, 45 ; Mt 26:39). Il arrivait qu’une personne en proie à une grande peine ou concentrée dans une prière très fervente se couche littéralement face contre terre, le corps étendu sur le sol. Quelqu’un qui suppliait dans une détresse extrême pouvait se vêtir d’une toile de sac (1Ch 21:16). Les faux adorateurs se prosternaient aussi devant leurs idoles (Ex 20:5 ; Nb 25:2 ; 2R 5:18 ; Dn 3:5-12) et souvent les embrassaient. — 1R 19:18.
Les bras étendus. Debout ou à genoux, on tendait parfois les paumes vers les cieux, on levait les mains ou on les tendait en avant dans un geste de supplication (1R 8:22 ; 2Ch 6:13 ; Ne 8:6). On pouvait aussi lever la face (Jb 22:26) ou les yeux vers le ciel. — Mt 14:19 ; Mc 7:34 ; Jn 17:1.
Gestes religieux à l’égard d’un objet. Job souligna le danger de laisser un objet de culte quelconque, tel que le soleil ou la lune, séduire son cœur au point de faire un geste d’adoration à l’égard de cet objet, peut-être en posant sa main sur sa bouche pour envoyer un baiser, à l’exemple des adorateurs païens de la lune ainsi que de ceux qui rendaient hommage à des idoles. Job était conscient qu’agir ainsi revenait à renier le vrai Dieu et qu’on devait rendre des comptes pour une telle faute. — Jb 31:26-28.
Position des chrétiens pour prier. Jésus pria en public, avec sincérité, tout comme Paul et d’autres. Il recommanda également de prier en privé (Mt 6:5, 6). Mais Jésus condamna l’ostentation de ceux qui prononçaient de longues prières dans le but de se donner bonne apparence, pratique dans laquelle certains scribes étaient tombés (Mc 12:40 ; Lc 20:47). Néanmoins, les chrétiens adoptèrent nombre de coutumes et de pratiques de la synagogue — celles que Dieu ne désapprouvait pas ; les mêmes attitudes et positions de prière sont décrites dans les Écritures grecques chrétiennes. Celles-ci ne cautionnent nulle part des expressions du visage ou des attitudes corporelles qui dénoteraient une piété affectée et une fausse dévotion. Elles ne prescrivent non plus aucune posture, comme joindre les paumes ou les mains pour prier. En fait, on peut prier en silence et sans le manifester du tout extérieurement, par exemple quand on s’acquitte d’une tâche ou qu’on se trouve confronté à une situation où il faut agir vite (voir Ne 2:4). Il est recommandé aux chrétiens de prier en toute occasion “ par toutes sortes de prières et de supplications ”. — Ép 6:18.
Respect, humilité. S’agenouiller. Les attitudes et les positions que les Orientaux prenaient pour se témoigner mutuellement du respect, et surtout pour présenter une requête à un supérieur, ressemblaient beaucoup aux attitudes qu’ils adoptaient pour prier. Il existe des exemples où des individus s’agenouillèrent pour en supplier d’autres, non dans le but de les adorer, mais pour montrer très respectueusement qu’ils reconnaissaient leur position ou leur charge. — Mt 17:14 ; Mc 1:40 ; 10:17 ; 2R 1:13.
S’incliner ou se prosterner était plus fréquent pour saluer quelqu’un, pour aborder une personne afin de traiter une affaire avec elle, ou encore pour lui témoigner un profond respect. Lorsqu’il rencontra Ésaü, Jacob se prosterna sept fois devant lui (Gn 33:3). Bien qu’il fût roi, Salomon témoignait du respect à sa mère en se prosternant devant elle. — 1R 2:19.
Une telle attitude était aussi une façon symbolique de reconnaître sa défaite (Is 60:14). Les vaincus pouvaient paraître devant leur vainqueur vêtus de toiles de sac et portant des cordes sur la tête, afin de le supplier de leur faire miséricorde (1R 20:31, 32). Certains pensent que les cordes en question étaient mises autour de leur cou en symbole de leur captivité et de leur soumission.
Alors qu’il était courant chez les Juifs de s’incliner respectueusement devant quiconque détenait l’autorité, Mordekaï s’y refusa devant Hamân. Pourquoi ? Parce que Hamân, un Agaguite, était très probablement Amaléqite. Or, Jéhovah avait dit qu’il effacerait complètement le souvenir d’Amaleq de dessous les cieux et qu’il serait en guerre avec lui de génération en génération (Ex 17:14-16). S’il s’était incliné ou prosterné devant Hamân, Mordekaï aurait laissé croire qu’il était en paix avec lui et aurait violé le commandement de Dieu. Il refusa donc de s’incliner devant Hamân. — Est 3:5.
Josué se prosterna devant un ange, “ prince de l’armée de Jéhovah ”, non pas pour l’adorer, mais parce qu’il reconnaissait la fonction supérieure de l’ange et que celui-ci avait manifestement été envoyé par Jéhovah pour lui transmettre un commandement. — Jos 5:14.
Lorsque Jésus était sur la terre, il ne reprit pas les gens qui se prosternaient devant lui pour lui adresser une requête ou pour lui rendre hommage (Lc 5:12 ; Jn 9:38). La raison en est qu’il était le Roi établi ou désigné, ce qu’il affirma lui-même en disant : “ La majesté royale de Dieu s’est approchée. ” (The Emphatic Diaglott). “ Le royaume de Dieu s’est approché. ” (MN, Mc 1:15). Étant l’héritier du trône de David, Jésus fut fort justement honoré comme un roi. — Mt 21:9 ; Jn 12:13-15.
En revanche, les apôtres de Jésus Christ ne permirent pas qu’on se prosterne devant eux, parce que, dans les cas rapportés, il s’agissait d’un geste d’adoration, comme si la puissance de l’esprit saint qui était en eux, et grâce à laquelle ils opéraient des guérisons et d’autres œuvres puissantes, était la leur. Les apôtres comprenaient que leur pouvoir leur venait de Dieu, qu’il fallait donc lui en attribuer l’honneur et qu’on devait adorer Jéhovah seul par l’intermédiaire de Jésus Christ, eux-mêmes n’étant que leurs représentants. — Ac 10:25, 26.
À propos du respect accordé à Jésus, la Bible emploie souvent le mot proskunéô, dont le sens premier est “ rendre hommage ”, mais qui est aussi traduit par “ adorer ”. (Mt 2:11 ; Lc 4:8.) Jésus ne permettait pas qu’on l’adore, car le culte appartient à Dieu seul (Mt 4:10) ; il accepta toutefois qu’on lui rende hommage en reconnaissance de l’autorité que Dieu lui avait accordée. L’ange que Jésus Christ envoya donner la Révélation à Jean refusa d’être adoré par l’apôtre et énonça le principe selon lequel le culte revient à Dieu seul. — Ré 19:10 ; voir CULTE ; HOMMAGE.
En se couvrant la tête, les femmes montraient leur respect. Cette coutume était d’ailleurs observée dans la congrégation chrétienne. Exposant le principe de l’autorité chrétienne, l’apôtre Paul déclara : “ Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête découverte fait honte à son chef [...]. Voilà pourquoi la femme doit avoir un signe d’autorité sur la tête, à cause des anges. ” — 1Co 11:3-10 ; voir AUTORITÉ.
Ôter ses sandales était une marque de respect ou de révérence. Moïse reçut l’ordre de retirer ses sandales près du buisson embrasé, et Josué dut faire de même en la présence d’un ange (Ex 3:5 ; Jos 5:15). On dit que les prêtres accomplissaient pieds nus leurs tâches au tabernacle puis au temple, parce que c’étaient des lieux saints. Défaire les lacets des sandales de quelqu’un ou lui porter ses sandales était considéré comme une tâche servile ou comme une démonstration d’humilité par laquelle on reconnaissait sa petitesse par rapport à son maître. Il est encore courant au Proche-Orient, quand quelqu’un entre dans une maison, qu’on lui retire ses sandales, ce qu’accomplit parfois un serviteur. — Mt 3:11 ; Jn 1:27 ; voir SANDALE.
Verser de l’eau sur les mains de quelqu’un. On montrait qu’Élisha était le ministre ou serviteur d’Éliya en disant de lui qu’il “ versait l’eau sur les mains d’Éliya ”. Ce genre de tâche était accomplie notamment après les repas. Au Proche-Orient, on avait l’habitude de manger avec les doigts, et non avec un couteau et une fourchette. C’est pourquoi, à la fin de chaque repas, un serviteur versait de l’eau sur les mains de son maître pour les lui laver (2R 3:11). Une autre coutume semblable consistait à laver les pieds de quelqu’un, en témoignage d’hospitalité, également de respect et, dans le cadre de certaines relations, d’humilité. — Jn 13:5 ; Gn 24:32 ; 43:24 ; 1Tm 5:10.
Entente, collaboration. Donner une poignée de main ou toper dans la main étaient des gestes par lesquels on montrait qu’on donnait son accord ou qu’on ratifiait ou confirmait un contrat ou une transaction (Ezr 10:19). Les Écritures déconseillent de se porter garant pour un prêt en faveur de quelqu’un en faisant de tels gestes (Pr 6:1-3 ; 17:18 ; 22:26). Des hommes se donnaient également une poignée de main ou se prenaient la main afin de marquer leur collaboration ou leur participation à une action commune. — 2R 10:15 ; Ga 2:9.
Bénédiction. Placer ses mains sur la tête de quelqu’un ; lever les mains. Puisque le mot hébreu barakh emporte aussi bien l’idée de s’agenouiller que de bénir, il est probable que celui qui recevait une bénédiction s’agenouillait et s’inclinait devant celui qui le bénissait. Ce dernier lui posait alors les mains sur la tête (Gn 48:13, 14 ; Mc 10:16). Quand quelqu’un bénissait tout un groupe de personnes, il levait généralement les mains dans leur direction tout en prononçant sa bénédiction. — Lv 9:22 ; Lc 24:50.
Serment. Lever la main ; placer la main sous la cuisse de quelqu’un. La coutume voulait qu’on lève la main droite lorsqu’on prononçait un serment. Dieu parle de lui-même comme faisant symboliquement ce geste (Dt 32:40 ; Is 62:8). L’ange que Daniel vit dans sa vision leva les deux mains vers le ciel pour prononcer un serment (Dn 12:7). Pour appuyer un serment, un autre geste consistait à placer sa main sous la cuisse (hanche) de l’autre personne, comme le fit le serviteur d’Abraham quand il jura à son maître de choisir dans la parenté de celui-ci une femme pour Isaac (Gn 24:2, 9). Joseph fit le même geste quand il jura à Jacob qu’il ne l’enterrerait pas en Égypte (Gn 47:29-31). Le mot “ cuisse ” désigne la partie supérieure de la jambe comprise entre le genou et la hanche, là où se trouve le fémur. Selon le rabbin Rashbam, ce geste était accompli par quelqu’un (un maître ou un père par exemple) quand il adjurait un inférieur (son serviteur ou son fils), qui lui devait obéissance, de faire une certaine chose. Selon Abraham Ibn Ezra, un autre érudit juif, à cette époque-là la coutume voulait qu’un serviteur prononce un serment de cette manière, c’est-à-dire en plaçant sa main sous la cuisse de son maître qui s’asseyait donc dessus. Par ce geste, il indiquait qu’il se soumettait à l’autorité de son maître. — The Soncino Chumash, par A. Cohen, Londres, 1956, p. 122.
Chagrin, honte. Lancer de la poussière sur sa tête ; déchirer ses vêtements ; porter une toile de sac. On exprimait son chagrin généralement en pleurant (Gn 50:1-3 ; Jn 11:35), souvent en courbant tristement la tête (Is 58:5), en se lançant de la poussière sur la tête (Jos 7:6) ou encore en restant assis par terre (Jb 2:13 ; Is 3:26). Celui qui avait du chagrin le montrait souvent en déchirant ses vêtements (1S 4:12 ; Jb 2:12 ; voir DÉCHIRER SES VÊTEMENTS) et parfois en se mettant de la cendre sur la tête (2S 13:19). Quand, sur l’ordre du roi Assuérus, les Juifs furent condamnés à être détruits par leurs ennemis, “ la toile de sac et la cendre furent alors étendues comme un lit pour beaucoup ”. (Est 4:3.) Par ailleurs, Jéhovah enjoignit à Jérusalem, qui allait connaître le tourment, de ceindre la toile de sac et de se rouler dans la cendre (Jr 6:26). Mika invita les habitants d’Aphra, ville philistine, à ‘ se rouler dans la poussière ’. — Mi 1:10.
Se couper les cheveux ou s’arracher les poils ; se frapper la poitrine. En se coupant les cheveux (Jb 1:20), en s’arrachant une partie des poils de la barbe (Ezr 9:3), en se couvrant la tête (2S 15:30 ; Est 6:12) ou la moustache (Éz 24:17 ; Mi 3:7), ou encore en mettant les mains sur la tête, un homme montrait qu’il éprouvait une telle honte ou un tel chagrin qu’il en était frappé de stupeur (2S 13:19 ; Jr 2:37). Certains croient que le geste indiqué en dernier signifiait que, telle une main pesante, l’affliction de Dieu demeurait sur celui qui était dans le deuil. Isaïe marcha nu et nu-pieds pour indiquer que l’Égypte et l’Éthiopie connaîtraient la honte (Is 20:2-5). Sous le coup d’un chagrin exceptionnel ou par un sentiment de contrition hors du commun, quelqu’un pouvait se frapper la poitrine (Mt 11:17 ; Lc 23:27) ou se taper la cuisse à cause du remords, de la honte ou de l’humiliation, ou encore parce qu’il était dans le deuil. — Jr 31:19 ; Éz 21:12.
Colère, moquerie, insulte, appeler le mal. Hocher la tête ; gifler quelqu’un. Généralement accompagnés de paroles, différents gestes exprimaient avec force la colère, l’animosité, la moquerie, le blâme, le mépris, etc. On pouvait, par exemple, manifester ces sentiments par des mimiques de la bouche, en hochant la tête ou en agitant la main (2R 19:21 ; Ps 22:7 ; 44:14 ; 109:25 ; Tse 2:15), en donnant une gifle à quelqu’un (Jb 16:10 ; Mt 5:39 ; Jn 18:22) ou en lui arrachant les poils de la barbe (Is 50:6). Jésus subit les pires affronts quand il comparut devant la cour suprême des Juifs : on lui cracha dessus, on le gifla, on lui couvrit le visage et on le frappa du poing tout en lui demandant, pour le provoquer : “ Prophétise-nous, Christ ! Qui est-ce qui t’a frappé ? ” (Mt 26:67, 68 ; Mc 14:65). Les soldats lui infligèrent ensuite un traitement similaire. — Mt 27:30 ; Mc 15:19 ; Jn 19:3.
Lancer de la poussière était une autre manière d’exprimer son mépris. Shiméï agit ainsi à l’encontre de David, tout en le maudissant et en lui jetant des pierres (2S 16:13). À Jérusalem, une foule de Juifs devant qui Paul présenta sa défense manifestèrent leur colère en élevant la voix, en criant, en jetant leurs vêtements de dessus et en lançant de la poussière en l’air. — Ac 22:22, 23.
Battre des mains pouvait être simplement un geste destiné à attirer l’attention, comme en Josué 15:18. Mais c’était le plus souvent un geste de colère (Nb 24:10), une façon de témoigner son mépris ou de se moquer de quelqu’un (Jb 27:23 ; Lm 2:15), ou encore une expression de chagrin (Éz 6:11). Ce pouvait être aussi une manifestation d’animosité de la part d’un homme qui se réjouissait du malheur qui s’abattait sur un rival, un ennemi ou un oppresseur ; ce geste était parfois accompagné de trépignements. — Éz 25:6 ; Na 3:19.
Installation dans une fonction. Onction. On recourait à divers gestes pour montrer qu’on établissait quelqu’un dans une fonction ou qu’on lui déléguait une certaine autorité. Ainsi, quand la prêtrise fut installée, Aaron fut oint avec l’huile d’onction sainte (Lv 8:12). Les rois aussi étaient oints (1S 16:13 ; 1R 1:39). Le roi Cyrus de Perse ne fut pas à proprement parler oint par un représentant de Dieu, mais la Bible parle de lui dans un sens figuré comme de l’oint de Jéhovah, parce qu’Il le choisit pour conquérir Babylone et libérer Son peuple (Is 45:1). Élisha fut ‘ oint ’, c’est-à-dire désigné comme prophète, mais il ne fut jamais oint d’huile au sens propre (1R 19:16, 19). Jésus fut oint par Jéhovah, son Père, non pas d’huile, mais d’esprit saint (Is 61:1 ; Lc 4:18, 21). Les frères de Jésus engendrés de l’esprit, qui constituent la congrégation chrétienne, sont oints par son intermédiaire (2Co 1:21 ; Ac 2:33). Cette onction les établit et les qualifie comme ministres de Dieu, et les charge d’une mission. — 1Jn 2:20 ; 2Co 3:5, 6 ; voir OINT, ONCTION.
Poser les mains sur un homme était un geste par lequel on le désignait pour assumer une fonction ou pour accomplir une tâche particulière. C’est ainsi que les apôtres désignèrent sept hommes pour distribuer la nourriture dans la congrégation de Jérusalem (Ac 6:6). Timothée fut nommé à une fonction particulière par le collège des anciens de la congrégation (1Tm 4:14). Plus tard, l’apôtre Paul le chargea à son tour d’établir des anciens, tout en l’exhortant à ne le faire qu’après mûre réflexion. — 1Tm 5:22.
Poser les mains sur quelqu’un signifiait aussi d’autres choses, par exemple reconnaître un fait, comme en Exode 29:10, 15 où Aaron et ses fils reconnaissaient que les sacrifices étaient offerts pour eux. On trouve une signification semblable de ce geste en Lévitique 4:15.
On posait aussi les mains sur ceux qui allaient recevoir un bienfait ou un pouvoir particulier, comme lorsque Jésus guérit des hommes et des femmes (Lc 4:40) ou quand l’esprit saint fut donné à ceux sur qui l’apôtre Paul posa les mains (Ac 19:6). Cela ne veut pas dire que l’esprit saint passait par les mains de Paul, mais qu’en tant que représentant du Christ il était habilité à désigner, en tenant compte des conditions requises, ceux qui recevraient les dons de l’esprit (voir aussi Ac 8:14-19). Il n’était pas nécessaire de poser les mains sur quelqu’un pour lui transmettre les dons de l’esprit : c’est ce que montra le cas de Corneille et des gens de sa maisonnée, qui reçurent l’esprit saint et le don des langues simplement en présence de l’apôtre Pierre. — Ac 10:44-46.
Faveur. Debout devant un supérieur. Le fait de se tenir debout devant un homme détenant l’autorité était une marque de faveur et de considération, car, pour se présenter devant un roi, il fallait y être autorisé (Pr 22:29 ; Lc 1:19 ; 21:36). Révélation 7:9, 15 décrit une grande foule de personnes qui se tiennent debout devant le trône, preuve que Dieu les reconnaît et leur accorde sa faveur.
Quand on disait qu’on avait relevé la tête d’un homme, c’était parfois une manière symbolique d’indiquer qu’il avait retrouvé son rang ou qu’il était de nouveau en faveur. — Gn 40:13, 21 ; Jr 52:31.
Remplir les mains de pouvoir. Les mains des prêtres furent remplies du pouvoir sacerdotal quand Moïse, agissant en médiateur, mit toutes les choses qui devaient être offertes en sacrifice sur les mains d’Aaron et de ses fils, après quoi il balança le sacrifice devant Jéhovah en symbole de présentation permanente devant lui. — Lv 8:25-27.
Amitié. Embrasser quelqu’un ; lui laver les pieds ; lui enduire la tête. On témoignait son amitié à quelqu’un en l’embrassant (Gn 27:26 ; 2S 19:39) ou, dans des moments de grande émotion, en se jetant à son cou, tout en l’embrassant et en versant des larmes (Gn 33:4 ; 45:14, 15 ; 46:29 ; Lc 15:20 ; Ac 20:37). Trois gestes étaient toujours considérés comme nécessaires pour témoigner son hospitalité envers un hôte : l’embrasser en le saluant, lui laver les pieds et oindre sa tête. — Lc 7:44-46.
À l’époque où Jésus était sur la terre, on avait l’habitude de s’étendre à table pour prendre un repas. Permettre à un invité de se pencher sur son sein était un gage d’étroite amitié ou de faveur. C’est la place qu’on appelait le sein (Jn 13:23, 25). Jésus fit allusion à cette coutume dans ses exemples rapportés en Luc 16:22, 23 et Jean 1:18.
Manger le pain avec quelqu’un était un gage d’amitié et de paix (Gn 31:54 ; Ex 2:20 ; 18:12). L’homme qui faisait ensuite du mal à celui qui l’avait invité à manger le pain se rendait coupable de la plus ignoble des trahisons. C’est ce que fit Judas. — Ps 41:9 ; Jn 13:18.
Innocence et dénégation de responsabilité. Se laver les mains. Par ce geste symbolique, on affirmait son innocence ou on déniait toute responsabilité dans une certaine action (Dt 21:6). C’est ainsi que le psalmiste affirme son innocence en Psaume 73:13 ; voir aussi Psaume 26:6. Pilate tenta de dégager sa responsabilité dans la mort de Jésus en se lavant les mains devant la foule et en disant : “ Je suis innocent du sang de cet homme. À vous de voir ! ” — Mt 27:24.
Secouer ses vêtements. Paul montra qu’il déclinait toute responsabilité future en secouant ses vêtements devant les Juifs de Corinthe à qui il avait prêché et qui s’opposaient à lui. Il leur dit : “ Que votre sang soit sur votre tête. Moi, je suis pur. À partir de maintenant, j’irai vers les gens des nations. ” (Ac 18:6). Quand Nehémia secoua son “ sein ”, c’est-à-dire le giron de son vêtement, ce fut pour symboliser un rejet complet de la part de Dieu. — Ne 5:13.
Secouer la poussière de ses pieds. Celui qui secouait la terre ou la poussière de ses pieds montrait également qu’il dégageait sa responsabilité. Jésus dit à ses disciples d’agir ainsi envers tout lieu ou toute ville dont les habitants ne les recevraient pas ou ne les écouteraient pas. — Mt 10:14 ; Lc 10:10, 11 ; Ac 13:51.
Joie. Battre des mains. On manifestait sa joie en battant des mains (2R 11:12 ; Ps 47:1) ou en dansant, souvent au son de la musique (Jg 11:34 ; 2S 6:14). Par leurs cris et leurs chants, les travailleurs, et notamment les vendangeurs, exprimaient leur bonheur, leur joie et leur gratitude. — Is 16:10 ; Jr 48:33.
Opposition. Agiter la main (de façon menaçante) contre quelqu’un était un signe d’opposition. — Is 10:32 ; 19:16.
Lever la tête indiquait symboliquement qu’on passait à l’action, généralement pour s’opposer à d’autres hommes, pour les combattre ou les opprimer. — Jg 8:28 ; Ps 83:2.
Lever la main contre quelqu’un qui détenait une autorité signifiait qu’on se rebellait contre lui. — 2S 18:28 ; 20:21.
Lécher la poussière indiquait symboliquement la défaite et la destruction. — Ps 72:9 ; Is 49:23.
Mettre sa main ou son pied sur la nuque de ses ennemis était un geste symbolique qui montrait que ceux-ci étaient vaincus, qu’ils avaient été mis en déroute et en fuite, et qu’on les avait poursuivis et rattrapés. — Gn 49:8 ; Jos 10:24 ; 2S 22:41 ; Ps 18:40.
Prendre le pouvoir ou passer à l’action. Par se lever, on entendait prendre le pouvoir ou passer à l’action. On dit des rois qu’ils se lèvent quand ils reçoivent le pouvoir royal ou qu’ils l’exercent de façon manifeste (Dn 8:22, 23 ; 11:2, 3, 7, 21 ; 12:1). La Bible dit de Jéhovah qu’il se lève pour juger les peuples (Ps 76:9 ; 82:8) et de Satan, quand il incita David à recenser Israël, qu’il se leva contre Israël. — 1Ch 21:1.
Se ceindre les reins signifie se préparer à l’action. Cette expression fait allusion à la coutume qui, dans les temps bibliques, consistait à relever ses vêtements flottants et à les serrer avec une ceinture, afin de ne pas être gêné pour travailler, courir, etc. — Jb 40:7 ; Jr 1:17 ; Lc 12:37 ; 1P 1:13, note.
Divers. Se coucher aux pieds de quelqu’un. Quand Ruth voulut rappeler à Boaz sa position de racheteur, elle vint de nuit et se coucha à ses pieds après les avoir découverts. Quand il se réveilla, elle lui dit : “ Je suis Ruth ton esclave ; tu dois étendre sur ton esclave le pan de ton vêtement, car tu es racheteur. ” Elle montrait ainsi qu’elle était disposée à contracter un mariage léviratique. — Ru 3:6-9.
L’apparence de celui qui jeûne. Par ‘ affliger son âme ’, on entendait très probablement jeûner, par exemple parce qu’on était en deuil, qu’on reconnaissait ses péchés, qu’on se repentait ou encore qu’on se montrait contrit (Lv 16:29, 31 ; 2S 1:12 ; Ps 35:13 ; Yl 1:13, 14). Lorsque Jésus était sur la terre, les hypocrites prenaient un air sombre et montraient un visage défait pour se donner une apparence de “ sainteté ” du fait qu’ils jeûnaient. Mais Jésus dit à ses disciples que lorsqu’ils jeûnaient ils devaient s’enduire la tête avec de l’huile et se laver le visage, afin d’avoir la même apparence que d’habitude, sachant que le Père regarde dans le cœur (Mt 6:16-18). Les chrétiens jeûnaient parfois pour se consacrer à des choses spirituelles sans se laisser distraire. — Ac 13:2, 3 ; voir JEÛNE.
Poser la main sur les yeux d’un mort. Quand Jéhovah déclara à Jacob : “ Joseph posera sa main sur tes yeux ” (Gn 46:4), c’était une manière de lui dire que Joseph lui fermerait les yeux après sa mort, ce qui incombait ordinairement au premier-né. Il semble donc que Jéhovah indiquait par là à Jacob que le droit de premier-né devait aller à Joseph. — 1Ch 5:2.
Siffler. Un “ sifflement ” représentait l’étonnement ou la stupéfaction. Ainsi réagirent ceux qui virent la désolation effrayante de Juda, et, plus tard, les ruines impressionnantes de Babylone. — Jr 25:9 ; 50:13 ; 51:37.
Les rois ou les hommes jouissant d’une certaine autorité avaient coutume de s’appuyer sur le bras d’un serviteur ou d’un subordonné. C’est ce que faisait Yehoram, roi d’Israël (2R 7:2, 17). Le roi Ben-Hadad II s’appuyait sur le bras de Naamân, son serviteur, quand il se prosternait dans la maison de Rimmôn, son dieu. — 2R 5:18.
Emploi métaphorique. Laver les pieds d’autrui. Jésus se servit d’une coutume orientale pour donner un exemple. En lavant les pieds de ses disciples, il leur donna une leçon d’humilité et leur montra la nécessité de se servir l’un l’autre. Pierre lui demanda alors de lui laver non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête, à quoi Jésus répondit : “ Celui qui s’est baigné n’a besoin que de se faire laver les pieds, mais il est entièrement pur. ” (Jn 13:3-10). Jésus pensait à celui qui rentrait chez lui après avoir pris un bain. Un tel homme, qui portait des sandales, n’avait besoin que de se laver les pieds pour se débarrasser de la poussière du chemin. Jésus se servit de la propreté physique comme d’une image de la pureté spirituelle.
Marcher. Il s’agit là d’une autre image concernant celui qui suit une certaine ligne de conduite. Ainsi, il est dit que “ Noé marchait avec le vrai Dieu ”. (Gn 6:9 ; 5:22.) Les hommes qui marchaient avec Dieu suivaient le mode de vie qu’il préconisait et gagnaient sa faveur. Reprenant la même expression, les Écritures grecques chrétiennes décrivent les deux voies opposées que le chrétien suit avant de devenir serviteur de Dieu et après (Ép 2:2, 10 ; 4:17 ; 5:2). Dans le même ordre d’idées, les Écritures parlent de “ courir ” pour dire qu’on suit une certaine ligne de conduite (1P 4:4). Dieu déclara que les prophètes de Juda “ ont couru ” alors qu’il ne les avait pas envoyés, montrant par là qu’ils s’étaient engagés dans la voie des prophètes, mais à tort, sans y avoir été autorisés (Jr 23:21). Paul compare la voie du chrétien à une course qu’il faut courir dans les règles si on veut remporter le prix. — 1Co 9:24 ; Ga 2:2 ; 5:7.