GÉNÉALOGIE
Suite d’ancêtres ou de parents qui établit une filiation dans la famille humaine. Jéhovah Dieu est le Grand Généalogiste, le Grand Archiviste, de la création, des origines, des naissances et des lignées. C’est lui “ le Père, à qui toute famille au ciel et sur la terre doit son nom ”. (Ép 3:14, 15.) La Bible, sa Parole, renferme des généalogies exactes qui jouent un rôle important dans son dessein.
L’homme éprouve le besoin inné de connaître son ascendance et de perpétuer son nom de famille. De nombreuses nations de l’Antiquité dressaient des généalogies détaillées, en particulier celles de leurs prêtres et de leurs rois. Les Égyptiens conservaient de tels registres ainsi que les Arabes. On a trouvé des tablettes cunéiformes qui étaient des généalogies de rois de Babylone et d’Assyrie. Les listes généalogiques des Grecs, des Celtes, des Saxons et des Romains sont autant d’exemples plus récents.
Le verbe hébreu employé pour parler de l’enregistrement de la filiation légitime est yaḥas, lequel est rendu par ‘ être enregistré généalogiquement ’ (1Ch 5:17) ; le nom qui lui correspond est yaḥas, traduit par “ enregistrement généalogique ”. (Ne 7:5.) On rencontre le terme grec généalogia en 1 Timothée 1:4 et en Tite 3:9 où il désigne des filiations personnelles, des “ généalogies ”.
L’apôtre Matthieu introduit son Évangile par ces mots : “ Le livre de l’histoire [généséôs, forme de génésis] de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham. ” (Mt 1:1). Le terme grec génésis signifie littéralement “ ligne d’ascendance, origine ”. Ce terme est utilisé dans la Septante pour traduire l’hébreu tôlédhôth, qui a la même signification fondamentale, et qui, les nombreuses fois où on le rencontre dans le livre de la Genèse, désigne à l’évidence “ l’histoire ”. — Voir Gn 2:4, note.
Bien sûr, Matthieu ne se contente pas de retracer la généalogie de Christ. Il relate ensuite la naissance de Jésus en tant qu’humain, son ministère, sa mort et sa résurrection. À l’époque, il n’était pas exceptionnel de procéder ainsi, car des généalogies constituaient la trame des récits grecs les plus anciens. Les histoires tournaient alors autour des personnages évoqués ou présentés dans la généalogie. Ainsi, la généalogie était un élément important du récit et lui servait souvent d’introduction. — Voir 1Ch 1–9.
Lors du jugement prononcé en Éden, Dieu promit que la Semence de la “ femme ” écraserait la tête du Serpent (Gn 3:15). De là découla peut-être l’idée que la Semence aurait une ascendance humaine, car, avant qu’Abraham apprenne que sa Semence serait le moyen de bénir toutes les nations, il n’avait pas été dit expressément que la Semence aurait une filiation terrestre (Gn 22:17, 18). La généalogie de la lignée d’Abraham revêtit donc une importance capitale. La Bible est l’unique registre non seulement des origines d’Abraham, mais aussi de celles de toutes les nations issues des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet. — Gn 10:32.
Comme le montre E. Hamlin dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, la Table des peuples dans la Genèse “ est unique dans la littérature antique [...]. Cette préoccupation pour l’Histoire ne se rencontre dans aucun autre texte sacré du monde ”. — Par G. Buttrick, 1962, vol. 3, p. 515.
Le but des généalogies. En plus de satisfaire l’inclination naturelle de l’homme à conserver un registre des naissances et des liens de parenté, la généalogie était importante pour la chronologie, en particulier dans la période la plus ancienne de l’histoire humaine. Mais surtout, en raison des promesses, des prophéties et des façons d’agir de Dieu, l’enregistrement de certaines lignées devint indispensable.
Après le déluge, la bénédiction prononcée par Noé signala que les descendants de Sem seraient l’objet de la faveur divine (Gn 9:26, 27). Plus tard, Dieu révéla à Abraham que ce qui serait appelé sa “ semence ” viendrait par Isaac (Gn 17:19 ; Rm 9:7). Il devint donc évident que, pour identifier cette Semence, il faudrait dresser une généalogie très minutieuse. Ainsi, par la suite, la descendance de Juda (la tribu à laquelle le commandement était promis [Gn 49:10]) et particulièrement la famille de David (la lignée royale) allaient être très soigneusement enregistrées (2S 7:12-16). Cet enregistrement fournirait la généalogie du Messie, la Semence, la ligne d’ascendance d’une importance exceptionnelle. — Jn 7:42.
Une autre généalogie fut conservée avec le plus grand soin : il s’agit de celle de Lévi, tout particulièrement de celle de la famille sacerdotale d’Aaron. — Ex 28:1-3 ; Nb 3:5-10.
En outre, les généalogies jouaient un rôle essentiel sous la Loi, parce qu’elles permettaient de classer le peuple par tribus pour la répartition des terres et d’établir les liens de parenté pour les héritages fonciers. Elles étaient utiles quand il était nécessaire d’identifier le plus proche parent pour qu’il soit le goʼél, habilité à contracter un mariage léviratique (du lat. levir, “ beau-frère ”) (Dt 25:5, 6), à racheter son parent (Lv 25:47-49) ou à agir comme vengeur du sang en cas d’homicide (Nb 35:19). D’autre part, comme l’alliance de la Loi interdisait le mariage entre parents à certains degrés de consanguinité ou d’affinité, il fallait connaître les liens généalogiques. — Lv 18:6-18.
Le problème qui surgit après leur retour de Babylone illustre la rigueur avec laquelle les Israélites s’en tenaient aux généalogies. En effet, certains hommes censés appartenir à la lignée sacerdotale ne purent retrouver leur registre. Nehémia leur ordonna donc de ne pas manger des choses très saintes réservées à la prêtrise jusqu’à ce qu’ils puissent établir leur généalogie publiquement (Ne 7:63-65). Quand il enregistra le peuple, Nehémia compta aussi les Nethinim, car ceux-ci, bien que non israélites, étaient officiellement un groupe voué au service du temple. — Ne 7:46-56.
Dans la plupart des cas, les listes généalogiques ne sont pas du tout destinées à fournir des renseignements chronologiques exhaustifs. Néanmoins, elles étayent fréquemment la chronologie en fournissant le moyen de vérifier certains détails de chronologie ou de combler des lacunes importantes. D’ordinaire, ces listes ne fournissent pas non plus un indice de croissance démographique, car souvent des liens intermédiaires sont omis lorsqu’ils ne sont pas indispensables à la généalogie concernée. De plus, puisque les listes ne mentionnent habituellement pas les noms des femmes, ceux des éventuelles épouses et concubines d’un même homme ne sont pas cités ; pareillement, ses fils enfantés par ces femmes ne sont pas forcément tous mentionnés ; même certains des fils de l’épouse principale sont parfois omis.
D’Adam au déluge. La Bible atteste l’existence de listes de filiation dès l’origine de l’homme. À la naissance de Seth, fils d’Adam, Ève déclara : “ Dieu a assigné une autre semence à la place d’Abel, parce que Caïn l’a tué. ” (Gn 4:25). Des représentants de la lignée qui commença avec Seth survécurent au déluge. — Gn 5:3-29, 32 ; 8:18 ; 1P 3:19, 20.
Du déluge à Abraham. La lignée de Sem, fils de Noé, qui reçut la bénédiction de son père, produisit Abram (Abraham), l’“ ami de Jéhovah ”. (Jc 2:23.) Cette généalogie, ainsi que la généalogie antédiluvienne mentionnée précédemment, est la seule qui permette d’établir la chronologie de l’histoire humaine jusqu’à Abraham. La généalogie antédiluvienne retrace la lignée de Seth et la généalogie postdiluvienne, celle de Sem. Le récit indique systématiquement le temps écoulé entre la naissance d’un homme et celle de son fils (Gn 11:10-24, 32, 12:4). Il n’y a pas d’autre liste généalogique détaillée qui recouvre cette période historique — signe que ces listes servent à la fois de généalogie et de chronologie. Dans quelques autres cas, on a utilisé les renseignements généalogiques pour fixer des événements précis dans le cours du temps. — Voir CHRONOLOGIE (De 2370 av. n. è. à l’alliance avec Abraham).
D’Abraham à Christ. Grâce à l’intervention de Dieu, Abraham et Sara eurent un fils, Isaac, par l’intermédiaire duquel devait venir la “ Semence ” de la promesse (Gn 21:1-7 ; Hé 11:11, 12). De Jacob (Israël), fils d’Isaac, provinrent les 12 tribus (Gn 35:22-26 ; Nb 1:20-50). Juda devait être la tribu royale, qui se circonscrit plus tard à la famille de David. Les descendants de Lévi formèrent la tribu sacerdotale, la prêtrise elle-même se limitant à la lignée d’Aaron. Pour établir son droit légal au trône, le Roi Jésus Christ devait pouvoir être reconnu de la famille de David et de la lignée de Juda. Mais du fait que, par un serment de Dieu, il était prêtre à la manière de Melkisédec, il n’était pas nécessaire qu’il soit d’ascendance lévitique. — Ps 110:1, 4 ; Hé 7:11-14.
D’autres listes généalogiques importantes. En plus de la lignée qui relie Adam à Jésus Christ et des généalogies détaillées des 12 fils de Jacob, on trouve les registres relatifs à l’origine des peuples apparentés à Israël. Y sont mentionnés les frères d’Abraham (Gn 11:27-29 ; 22:20-24) ; les fils de Yishmaël (Gn 25:13-18) ; Moab et Ammôn, qui étaient les fils de Lot, neveu d’Abraham (Gn 19:33-38) ; les fils d’Abraham par Qetoura, de qui descendirent Madiân et d’autres tribus (Gn 25:1-4) ; et la postérité d’Ésaü (Édom). — Gn 36:1-19, 40-43.
Ces nations sont importantes en raison du lien de parenté qui les unissait à Israël, le peuple choisi par Dieu. Ainsi, Isaac et Jacob prirent tous deux des femmes dans la famille du frère d’Abraham (Gn 22:20-23 ; 24:4, 67 ; 28:1-4 ; 29:21-28). Dieu attribua des territoires limitrophes d’Israël aux nations de Moab, d’Ammôn et d’Édom, et Israël reçut l’instruction de ne pas empiéter sur l’héritage territorial de ces peuples et de ne pas s’immiscer dans leurs affaires. — Dt 2:4, 5, 9, 19.
Les archives officielles. Outre les registres tenus par chaque famille, il apparaît qu’on tenait en Israël des registres généalogiques nationaux. En Genèse chapitre 46 figure la liste de ceux qui naquirent dans la maisonnée de Jacob jusqu’au moment où ce dernier entra en Égypte, et même, selon toute vraisemblance, jusqu’à sa mort. On trouve en Exode 6:14-25 une généalogie qui concerne surtout les descendants de Lévi et qui semble avoir été copiée sur un registre antérieur. Le premier recensement de la nation fut effectué dans le désert du Sinaï en 1512 av. n. è., soit la deuxième année de sa sortie d’Égypte. À ce moment-là, les Israélites firent reconnaître leur origine “ quant à leurs familles dans la maison de leurs pères ”. (Nb 1:1, 18 ; voir aussi Nb 3.) Avant l’Exil, le seul autre recensement d’Israël autorisé par Dieu et conservé par écrit eut lieu quelque 39 ans plus tard, dans les plaines de Moab. — Nb 26.
À part les généalogies consignées dans les écrits de Moïse, d’autres chroniqueurs officiels dressèrent des listes. On peut citer Samuel, le rédacteur des Juges, de Ruth et d’une partie de Un Samuel ; Ezra, qui écrivit Un et Deux Chroniques et le livre d’Ezra ; ainsi que Nehémia, le rédacteur du livre qui porte son nom. Ces écrits mentionnent d’autres généalogistes, tels Iddo (2Ch 12:15) et Zorobabel, lequel dirigea sans doute l’enregistrement des Israélites rapatriés (Ezr 2). Au cours du règne du juste roi Yotham, on dressa la liste généalogique des tribus d’Israël qui habitaient dans le pays de Guiléad. — 1Ch 5:1-17.
Ces généalogies furent conservées avec soin jusqu’au début de notre ère, comme en témoigne le fait que chaque famille d’Israël put retourner dans la ville de sa maison paternelle pour s’y faire enregistrer à la suite du décret de César Auguste peu avant la naissance de Jésus (Lc 2:1-5). De même, le récit précise que Zekaria, le père de Jean le baptiseur, faisait partie de la division sacerdotale d’Abiya, et qu’Élisabeth, la mère de Jean, était d’entre les filles d’Aaron (Lc 1:5). De son côté, Anne la prophétesse était, lit-on, “ de la tribu d’Asher ”. (Lc 2:36.) Et, bien entendu, les listes détaillées des ancêtres de Jésus consignées en Matthieu chapitre 1 et en Luc chapitre 3 montrent clairement que ces documents étaient gardés dans les archives publiques, à la disposition de ceux qui voulaient les compulser.
L’historien Josèphe atteste l’existence de registres généalogiques officiels dans la nation juive, en ces termes : “ Ma famille n’est pas sans gloire, issue qu’elle est de prêtres. [...] Or, dans mon cas, non seulement la famille est de race sacerdotale, mais encore de la première des vingt-quatre classes — distinction déjà appréciable — et qui plus est de la plus illustre de ses tribus. ” Puis, après avoir montré que sa mère descendait des Hasmonéens, il conclut : “ Voilà donc la généalogie de notre famille. Je la cite telle que je l’ai trouvée consignée dans les registres publics, et je me moque bien de ceux qui essaient de nous calomnier. ” — Autobiographie, 1, 2, 6.
Les généalogies officielles des Juifs furent détruites, non par le roi Hérode le Grand, comme l’affirmait Africanus au début du IIIe siècle, mais sans doute par les Romains quand ils dévastèrent Jérusalem en 70 (Contre Apion, par F. Josèphe, I, 30-36 [VII] ; Guerre des Juifs, II, 426-428 [XVII, 6] ; VI, 354 [VI, 3]). Depuis lors, les Juifs sont dans l’impossibilité de prouver leur origine, même dans les deux lignées principales, celle de David et celle de Lévi.
La détermination des liens de parenté. Pour déterminer les liens de parenté, il faut souvent recourir au contexte ou comparer des listes ou des textes parallèles de la Bible. Par exemple, le mot “ fils ” désigne parfois un petit-fils, voire seulement un descendant (Mt 1:1). Par ailleurs, une liste de noms peut sembler être une énumération de frères, des fils d’un même homme. Cependant, un examen plus attentif et une comparaison avec d’autres textes révèlent parfois qu’il s’agit du registre d’une ligne généalogique, qui nomme quelques fils et aussi quelques petits-fils ou des descendants plus éloignés. En Genèse 46:21, le mot “ fils ” s’applique manifestement à la fois aux fils et aux petits-fils de Benjamin, comme cela ressort d’une comparaison avec Nombres 26:38-40.
On retrouve ce cas même dans les généalogies de certaines grandes familles. Par exemple, 1 Chroniques 6:22-24 énumère dix “ fils de Qehath ”, alors qu’au verset 1Ch 6:18, et en Exode 6:18, seulement quatre fils lui sont attribués. Et l’examen du contexte montre que la liste des “ fils de Qehath ” en 1 Chroniques 6:22-24 fait partie en réalité d’une généalogie de familles de la lignée de Qehath, dont des représentants étaient présents pour recevoir de David certaines tâches au temple.
Réciproquement, le terme “ père ” peut signifier “ grand-père ”, voire prédécesseur royal (Dn 5:11, 18). Dans de nombreux passages, comme en Deutéronome 26:5, en 1 Rois 15:11, 24 et en 2 Rois 15:38, l’hébreu ʽav (père) est aussi employé au sens d’“ aïeul ” ou d’“ ancêtre ”. De même, les mots hébreux ʼém (mère) et bath (fille) signifient parfois “ grand-mère ” et “ petite-fille ”. — 1R 15:10, 13.
Les villes et les noms au pluriel. Dans certaines listes, un homme peut être présenté comme “ le père ” d’une ville. Ainsi, en 1 Chroniques 2:50-54 Salma est appelé “ le père de Bethléhem ” et Shobal “ le père de Qiriath-Yéarim ”. Les villes de Bethléhem et de Qiriath-Yéarim furent sans doute soit fondées par ces hommes, soit habitées par leurs descendants. La même liste dit plus loin : “ Les fils de Salma furent Bethléhem, les Netophathites, Atroth-Beth-Yoab, la moitié des Manahathites, les Tsorites. ” (1Ch 2:54). Ici, les Netophathites, les Manahathites et les Tsorites étaient sans doute autant de familles.
En Genèse 10:13, 14, les noms des descendants de Mitsraïm ont des formes en apparence plurielles. C’est pourquoi certains ont pensé qu’il s’agissait de noms de familles ou de tribus plutôt que d’individus. Toutefois, il ne faut pas oublier que d’autres noms au duel comme Éphraïm, Appaïm, Diblaïm, ainsi que le Mitsraïm cité plus haut, le fils de Cham, désignent chacun un seul individu. — Gn 41:52 ; 1Ch 2:30, 31 ; Ho 1:3.
Les listes abrégées. Souvent les rédacteurs de la Bible ont beaucoup abrégé leurs listes généalogiques, ne nommant sans doute que les chefs de famille des maisons les plus éminentes, les personnages importants ou ceux qui jouaient un rôle marquant dans l’histoire qu’ils relataient. Parfois le chroniqueur ne cherchait apparemment qu’à montrer que quelqu’un descendait d’un certain ancêtre lointain ; de ce fait, il sautait de nombreux noms intermédiaires.
La généalogie personnelle d’Ezra est un exemple de liste abrégée (Ezr 7:1-5). Ezra retrace son ascendance depuis Aaron le grand prêtre, mais en Ezra 7:3 il omet plusieurs noms qui apparaissent dans une liste parallèle de 1 Chroniques 6:3-14, aux versets 1Ch 6:7 à 10. Il agit probablement ainsi afin d’éviter les répétitions inutiles et de raccourcir cette longue suite de noms. Cependant, sa généalogie convenait parfaitement pour prouver qu’il était d’ascendance sacerdotale. En se présentant comme “ le fils ” de Seraïa, Ezra voulait dire qu’il était son descendant, car il devait être son arrière-petit-fils, voire son arrière-arrière-petit-fils. En effet, Seraïa, grand prêtre, avait été tué par Neboukadnetsar au temps de l’exil à Babylone (607 av. n. è.), et Yehotsadaq, son fils, avait été exilé (2R 25:18-21 ; 1Ch 6:14, 15). Yoshoua (Yéshoua) le grand prêtre, qui revint en compagnie de Zorobabel 70 ans plus tard, était petit-fils de Seraïa (Ezr 5:2 ; Hag 1:1). Puisqu’Ezra ne se rendit à Jérusalem que 69 ans après cela, il ne pouvait pas être réellement le fils de Seraïa et le frère de Yehotsadaq.
La comparaison des généalogies montre encore qu’Ezra, bien que descendant d’Aaron par Seraïa, n’était probablement pas issu de la branche provenant de Seraïa dans laquelle la charge de grand prêtre était héréditaire, c’est-à-dire de Yehotsadaq. Après Seraïa, la filiation de grand prêtre passait par Yoshoua (Yéshoua), Yoïaqim et Éliashib, lequel occupait cette fonction lorsque Nehémia était gouverneur. Ezra atteignit son but en donnant une généalogie abrégée, car elle fournissait juste assez de noms pour attester sa position dans la descendance d’Aaron. — Ne 3:1 ; 12:10.
Quelques causes de variantes dans les listes. Souvent, un fils qui mourait sans enfant n’était pas nommé ; il arrivait qu’un homme ait une fille mais pas de fils, et que l’héritage se transmette par une fille qui, en se mariant, passait sous l’autorité d’un autre chef de famille appartenant à la même tribu (Nb 36:7, 8). Il arrivait aussi que la généalogie fusionne une famille peu importante sous un autre chef de famille, de sorte que la famille mineure n’était plus mentionnée. C’est ainsi que des noms disparaissaient de certaines listes généalogiques parce que quelqu’un n’avait pas d’enfant, que l’héritage était transmis par des femmes, qu’une adoption intervenait ou qu’une maison ancestrale distincte n’avait pas été fondée. En revanche, la formation de nouvelles maisons pouvait entraîner l’addition de noms aux listes. Il est dès lors évident que les noms d’une généalogie récente sont susceptibles de différer grandement de ceux d’une liste plus ancienne.
Un certain nombre de chefs de famille peuvent apparaître dans ce qui semble être une liste de frères, mais qui peut comprendre des neveux. C’est ce qui eut lieu lorsque Jacob “ adopta ” les fils de Joseph, disant : “ Éphraïm et Manassé seront à moi comme Ruben et Siméon. ” (Gn 48:5). C’est pourquoi, plus tard, Éphraïm et Manassé sont comptés parmi leurs oncles comme chefs de tribu. — Nb 2:18-21 ; Jos 17:17.
Nehémia chapitre 10 donne un certain nombre de noms d’hommes qui authentifièrent de leur sceau l’“ engagement ferme ” qu’ils avaient pris d’observer les commandements de Dieu (Ne 9:38). Les noms qui figurent sur ces listes ne sont pas forcément ceux des individus qui passèrent les accords : ils désignent peut-être les maisons concernées, le nom donné étant celui du chef et ancêtre (voir Ezr 10:16). C’est ce qu’on déduit du fait que nombre des noms mentionnés correspondent à ceux des Israélites qui étaient revenus de Babylone avec Zorobabel quelque 80 ans auparavant. Ainsi, bien que certains des hommes présents aient peut-être porté le même nom que leur chef et ancêtre, ils pouvaient aussi n’être que les représentants des maisons ancestrales désignées par ces noms.
Répétition de noms. Il arrive assez fréquemment qu’un nom revienne dans une liste généalogique. L’utilisation du même nom pour un descendant était certainement une méthode par laquelle il lui était plus facile de signaler son ascendance, même si, bien sûr, il y avait parfois des personnes portant le même nom dans des lignées différentes. Parmi les nombreux cas de telles répétitions de noms dans une même ligne d’ancêtres, on peut citer : Tsadoq (1Ch 6:8, 12), Azaria (1Ch 6:9, 13, 14) et Elqana. — 1Ch 6:34-36.
Dans un certain nombre de cas, les noms de listes parallèles diffèrent. C’était quelquefois parce que certaines personnes avaient plusieurs noms, comme Jacob, qui fut aussi appelé “ Israël ”. (Gn 32:28.) Il pouvait également y avoir une légère modification dans l’orthographe d’un nom, ce qui lui donnait parfois un sens différent. En voici quelques exemples : Abram (“ Père est élevé ”) et Abraham (“ Père d’une foule [multitude] ”), Saraï (peut-être “ Querelleuse ”) et Sara (“ Princesse ”). Élihou, ancêtre du prophète Samuel, semble être aussi appelé Éliab et Éliël. — 1S 1:1 ; 1Ch 6:27, 34.
Les Écritures grecques chrétiennes emploient de temps à autre des surnoms, comme pour Simon Pierre, qui était appelé Céphas, de l’équivalent araméen du nom grec traduit par Pierre (Lc 6:14 ; Jn 1:42). Il y avait aussi Jean Marc (Ac 12:12). On donnait parfois un nom à quelqu’un en raison d’un trait marquant de sa personne. C’est ainsi que l’apôtre Simon “ le Cananéen ” (également appelé “ le zélé ”) se distingue de Simon Pierre (Mt 10:4 ; Lc 6:15). Dans certains cas, on faisait une différence grâce à des expressions comme “ Jacques le fils d’Alphée ”, ce qui le distinguait de Jacques le fils de Zébédée et frère de l’apôtre Jean (Mt 10:2, 3). Le nom de la ville, du district ou du pays d’origine était parfois ajouté, comme pour Joseph d’Arimathée ou Judas le Galiléen (Mc 15:43 ; Ac 5:37). On pense que Judas Iscariote signifie Judas “ Homme de Qeriyoth ”. (Mt 10:4.) Les Écritures hébraïques employaient les mêmes méthodes (Gn 25:20 ; 1S 17:4, 58). On donnait quelquefois le nom du frère de quelqu’un pour préciser son identité (Jn 1:40). Plusieurs femmes qui portaient le même nom pouvaient pareillement être distinguées les unes des autres grâce au nom de leur père, de leur mère, de leur frère, de leur sœur, de leur mari ou de leur fils. — Gn 11:29 ; 28:9 ; 36:39 ; Jn 19:25 ; Ac 1:14 ; 12:12.
Les Écritures hébraïques comme les Écritures grecques chrétiennes utilisaient parfois un nom de famille ou un titre, puis identifiaient l’individu qui le portait par son nom personnel ou encore par l’époque ou les événements historiques auxquels il était lié. Par exemple, Abimélek était, selon toute vraisemblance, soit le nom personnel, soit le titre de trois rois philistins, comparable à “ Pharaon ” chez les Égyptiens (Gn 20:2 ; 26:26 ; 40:2 ; Ex 1:22 ; 3:10). L’Abimélek ou le pharaon en question était donc identifié par l’époque ou la situation. Hérode était un nom de famille ; César aussi était un nom de famille qui devint un titre. Celui qui parlait d’un des Hérodes pouvait (s’il y avait risque d’ambiguïté) l’appeler simplement par son nom personnel, par exemple Agrippa, ou combiner le nom personnel ou un autre titre avec Hérode, ce qui donnait, par exemple, Hérode Antipas ou Hérode Agrippa. De même pour les Césars, qu’on appelait César Auguste, Tibère César, etc. — Lc 2:1 ; 3:1 ; Ac 25:13.
Les noms des femmes. Les registres généalogiques ne nommaient qu’occasionnellement les femmes, quand il y avait une raison historique de le faire. En Genèse 11:29, 30, on trouve le nom de Saraï (Sara), sans doute parce que la Semence promise devait venir par elle, et non par une autre femme d’Abraham. Peut-être Milka est-elle mentionnée dans le même passage parce qu’elle était la grand-mère de Rébecca, femme d’Isaac ; c’était une manière de montrer que l’ascendance de Rébecca provenait de la parenté d’Abraham, puisqu’Isaac ne devait pas prendre une femme d’entre les autres nations (Gn 22:20-23 ; 24:2-4). En Genèse 25:1 figure le nom de Qetoura, femme d’Abraham plus tard dans sa vie. Cela révèle qu’Abraham se remaria après la mort de Sara et que ses facultés procréatrices fonctionnaient toujours plus de 40 ans après que Jéhovah les eut miraculeusement régénérées (Rm 4:19 ; Gn 24:67 ; 25:20). De plus, ces précisions révèlent le lien de parenté qui unissait Madiân et d’autres tribus arabes à Israël.
Léa, Rachel, les concubines de Jacob et les fils auxquels elles donnèrent le jour sont nommés (Gn 35:21-26). Cela aide à comprendre la façon dont Dieu agit plus tard envers ces fils. Dans les registres généalogiques apparaissent les noms d’autres femmes, pour des raisons analogues. Elles pouvaient être mentionnées lorsqu’un héritage était transmis par leur intermédiaire (Nb 26:33). Bien entendu, Tamar, Rahab et Ruth font figure d’exceptions. Dans chaque cas, quelque chose de remarquable explique comment ces femmes s’ajoutèrent dans la succession des ancêtres du Messie, Jésus Christ (Gn 38 ; Ru 1:3-5 ; 4:13-15 ; Mt 1:1-5). D’autres femmes encore sont citées dans les listes généalogiques, par exemple en 1 Chroniques 2:35, 48, 49 ; 3:1-3, 5.
La généalogie et les générations. Dans certaines généalogies, les noms d’un homme et de ses descendants sont cités jusqu’à ses arrière-arrière-petits-fils. D’un certain point de vue, on pourrait compter quatre ou cinq générations. Cependant, si par exemple l’homme cité en premier vivait suffisamment longtemps pour connaître toutes ces générations de descendants, de son point de vue une “ génération ” pouvait désigner le temps écoulé depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ou jusqu’à l’ultime descendant apparu de son vivant. Si c’est de ce genre de “ génération ” qu’on parle, il va sans dire qu’on embrasse un temps bien plus long que selon le premier point de vue.
Exemple : Adam vécut 930 ans, au cours desquels il eut des fils et des filles. Pendant ce temps, il vit au moins huit générations de ses descendants. Il vivait encore ou était mort depuis peu quand naquit Lamek père de Noé. Ainsi, de ce point de vue on peut dire que le déluge eut lieu dans la troisième génération de l’histoire humaine. — Gn 5:3-32.
On constate que la Bible emploie quelquefois cette dernière méthode de calcul. Jéhovah promit à Abraham que sa semence deviendrait résidente étrangère dans un pays qui ne serait pas le sien et qu’elle reviendrait en Canaan “ à la quatrième génération ”. (Gn 15:13, 16.) Le recensement rapporté en Nombres, chapitres 1–3, montre que de nombreuses générations père-fils durent se succéder au cours des 215 ans que les Israélites passèrent en Égypte, puisque, peu après l’Exode, on comptait 603 550 hommes de 20 ans et au-dessus (excepté la tribu de Lévi). Toutefois, les ‘ quatre générations ’ de Genèse 15:16 à partir de l’entrée en Égypte jusqu’à l’Exode peuvent être comptées de la manière suivante : 1) Lévi, 2) Qehath, 3) Amram et 4) Moïse (Ex 6:16, 18, 20). En moyenne, ces personnages vécurent bien plus de cent ans. Partant, chaque membre de ces quatre “ générations ” connut de nombreux descendants, peut-être jusqu’à ses arrière-arrière-petits-enfants ou plus loin encore, et ce en comptant 20 ou même 30 ans entre la naissance d’un père et celle de son premier fils. Cela expliquerait comment en ‘ quatre générations ’ une si grande population était en vie au moment de l’Exode. — Voir EXODE.
Le même recensement présente une autre difficulté pour les biblistes. En Nombres 3:27, 28, il est écrit que quatre familles issues de Qehath totalisaient, à l’époque de l’Exode, le chiffre impressionnant de 8 600 mâles (8 300, d’après certains mss de la LXX) d’un mois et au-dessus. Il semblerait donc qu’à ce moment-là Moïse avait des milliers de frères, cousins et neveux. Certains ont conclu de cela que Moïse n’était pas le fils d’Amram le fils de Qehath, mais celui d’un autre Amram, séparé du premier par plusieurs générations, de façon à laisser le temps nécessaire à une croissance aussi importante des effectifs masculins de ces seulement quatre familles qehathites jusqu’à l’Exode.
Toutefois, cette difficulté peut être résolue de deux manières. Premièrement, comme on l’a déjà vu, les fils d’un homme n’étaient pas forcément tous nommés. Il se peut donc que les quatre fils nommés de Qehath aient eu chacun plus de fils que la liste n’en cite expressément. Deuxièmement, bien que Lévi, Qehath, Amram et Moïse représentent quatre générations du point de vue de leurs durées d’existence, chacun d’entre eux put connaître plusieurs générations de son vivant. Ainsi, même si on suppose qu’une période de 60 ans a séparé les naissances de Lévi et de Qehath, de Qehath et d’Amram, d’Amram et de Moïse, de nombreuses générations ont pu naître au cours de chaque période de 60 ans. Au moment de l’Exode, Moïse pouvait avoir vu arriver ses arrière-arrière-petits-neveux, voire leurs enfants. Le total de 8 600 mâles (ou peut-être 8 300) n’implique donc pas nécessairement l’existence d’un autre Amram entre Amram le fils de Qehath et Moïse.
En rapport avec la lignée menant à la Semence promise, le Messie, une question se pose à propos de la généalogie de Nahshôn, chef de la tribu de Juda après l’Exode. En Ruth 4:20-22, Jessé est le cinquième chaînon entre Nahshôn et David. Or, environ 400 ans s’écoulèrent de l’Exode jusqu’à David. Cela signifierait que chacun de ces ancêtres de David était âgé, en moyenne, de 100 ans (comme Abraham) à la naissance de son fils. Ce n’était pas impossible, et ce fut peut-être le cas. Les fils dont il est question dans le livre de Ruth n’étaient pas nécessairement des premiers-nés, de même que David lui-même n’était pas le premier-né, mais le plus jeune des fils de Jessé. En outre, il se pourrait que Jéhovah ait suscité la lignée menant à la Semence de cette manière presque miraculeuse pour qu’on discerne avec le recul que pendant tout ce temps il avait dirigé ce qui concernait la Semence promise, comme il l’avait visiblement fait dans le cas d’Isaac et de Jacob.
Cela dit, il se peut que certains noms aient été délibérément omis dans cette partie de 400 ans de la généalogie du Messie, qui se retrouve en 1 Chroniques 2:11-15, en Matthieu 1:4-6 et en Luc 3:31, 32. Mais le fait que pour cette partie de généalogie toutes les listes concordent laisse supposer qu’aucun nom n’a été sauté. Néanmoins, même si les chroniqueurs qui dressèrent ces listes omirent bel et bien certains noms considérés comme peu importants ou peu nécessaires pour leur intention, cela ne pose pas de problème, car l’hypothèse selon laquelle plusieurs générations supplémentaires s’intercalèrent ne ferait pas violence à d’autres déclarations ou données chronologiques de la Bible.
La généalogie biblique est digne de foi. Celui qui étudie assidûment et sincèrement la généalogie biblique ne taxera pas ses chroniqueurs de négligence, d’inexactitude ou d’exagération mues par le désir de glorifier leur nation, une tribu ou une personne. Il ne faut pas oublier que ceux qui inclurent des généalogies dans leurs écrits (Ezra et Nehémia pour ne citer qu’eux) consultèrent les archives nationales et puisèrent leurs renseignements dans des sources officielles auxquelles ils avaient accès (voir CHRONIQUES [LIVRES DES]). Ils y trouvèrent les renseignements dont ils avaient besoin. Ils se servirent de ces listes pour prouver de manière satisfaisante tout ce qui devait être prouvé à cette époque-là. Manifestement, les généalogies qu’ils dressèrent étaient tout à fait acceptées par leurs contemporains, qui étaient aussi au courant des faits et avaient accès aux registres. En toute logique, il faut tenir compte de la situation qui préoccupait les écrivains. Ainsi, Ezra et Nehémia s’intéressèrent à ces questions à une époque de réorganisation. Or, les généalogies qu’ils compilèrent étaient indispensables au fonctionnement d’institutions essentielles à l’existence de la nation.
Ces généalogies étaient inévitablement sujettes à varier d’une époque à une autre ; de nouveaux noms étaient ajoutés, tandis que d’autres disparaissaient ; souvent on ne nommait que les chefs des familles principales dans ces listes qui se rapportaient à un passé lointain. Dans certains cas, des noms moins importants apparaissaient sur des listes parce qu’ils revêtaient un intérêt sur le moment. Parfois les sources ne fournissaient que des listes partielles. Certaines portions manquaient, à moins que le chroniqueur lui-même ne saute plusieurs parties qui n’étaient pas nécessaires pour atteindre son but. Et elles ne sont pas nécessaires pour notre but aujourd’hui.
Dans quelques cas, des erreurs de copistes purent se glisser dans le texte, en particulier dans l’orthographe des noms. Toutefois, cela ne pose pas de difficultés ayant des conséquences graves sur les lignées utiles à une bonne intelligence de la Bible ; elles n’affectent non plus en rien le fondement du christianisme.
Un examen attentif de la Bible permet de réfuter l’idée fausse parfois émise selon laquelle les généalogies dressées en Genèse chapitres 5 et 11 et dans d’autres livres de la Bible contiennent des noms fictifs ou imaginaires, cités pour arranger le chroniqueur. Les chroniqueurs étaient des serviteurs voués à Dieu, dépourvus de sentiment nationaliste, qui se souciaient du nom de Jéhovah et de ses relations avec son peuple. En outre, d’autres rédacteurs de la Bible, ainsi que Jésus Christ, présentèrent nombre de ces personnages comme ayant réellement existé (Is 54:9 ; Éz 14:14, 20 ; Mt 24:38 ; Jn 8:56 ; Rm 5:14 ; 1Co 15:22, 45 ; 1Tm 2:13, 14 ; Hé 11:4, 5, 7, 31 ; Jc 2:25 ; Jude 14). Refuser l’ensemble de ces témoignages reviendrait à accuser le Dieu véridique de mentir ou de recourir à des artifices pour faire croire en sa Parole. Ce serait aussi nier l’inspiration de la Bible.
Comme le déclara l’apôtre Paul, “ toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour reprendre, pour remettre les choses en ordre, pour discipliner dans la justice, pour que l’homme de Dieu soit pleinement qualifié, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne ”. (2Tm 3:16, 17.) Nous pouvons donc nous fier totalement aux généalogies consignées dans la Bible. Elles ont fourni des statistiques très utiles non seulement pour l’époque de leur rédaction, mais aussi pour nous aujourd’hui. Du point de vue généalogique, par elles nous avons l’assurance que Jésus Christ est la Semence d’Abraham promise et longtemps attendue. Nous sommes grandement aidés pour faire remonter la chronologie jusqu’à Adam, ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Nous apprenons que Dieu “ a fait d’un seul homme toutes les nations des hommes, pour habiter sur toute la surface de la terre ”. (Ac 17:26.) Nous constatons que, vraiment, “ quand le Très-Haut a donné aux nations un héritage, quand il a séparé l’un de l’autre les fils d’Adam, alors il a fixé la frontière des peuples par rapport au nombre des fils d’Israël ” (Dt 32:8), et avons une meilleure idée des liens entre les peuples.
Connaissant l’origine de l’homme, sachant qu’Adam fut créé “ fils de Dieu ” et que tous les humains descendent de lui (Lc 3:38), nous saisissons toute la justesse de cette déclaration : “ De même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes parce que tous avaient péché. ” (Rm 5:12). Cette connaissance permet de comprendre en quel sens Jésus Christ est “ le dernier Adam ” et le “ Père éternel ”, et comment, “ de même [...] qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus à la vie ”. (Is 9:6 ; 1Co 15:22, 45.) Nous percevons mieux encore le dessein de Dieu de restituer aux humains obéissants la relation d’“ enfants de Dieu ”. (Rm 8:20, 21.) Nous constatons que la bonté de cœur de Jéhovah s’exprime envers ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements “ jusqu’à mille générations ”. (Dt 7:9.) Nous sommes frappés de Sa véracité de Dieu fidèle à ses alliances et du soin avec lequel il a préservé un récit historique sur lequel nous pouvons bâtir notre foi en toute sûreté. Comme d’autres aspects de la Bible, la généalogie démontre que Dieu est par excellence Celui qui consigne et préserve l’Histoire. — Voir GÉNÉALOGIE DE JÉSUS CHRIST.
Les conseils de Paul sur les généalogies. Lui écrivant entre 61 et 64 de n. è., l’apôtre Paul conseilla à Timothée de ne pas faire attention à “ des fables et à des généalogies qui ne mènent à rien, mais qui donnent lieu à des questions pour les recherches plutôt qu’à ceci : que quelque chose soit dispensé par Dieu en ce qui concerne la foi ”. (1Tm 1:4.) On comprend mieux la vigueur de cet avertissement quand on sait jusqu’à quels extrêmes les Juifs allèrent plus tard dans leurs recherches généalogiques et avec quelle minutie ils firent la chasse à la moindre divergence éventuelle. À en croire le Talmud (Pessahim 62b), “ entre Atsel (en I Chr. 8,:38) et Atsel (en ibid. 9,:44) [partie de la Bible consacrée aux généalogies], il y avait des interprétations de quoi charger quatre cents chameaux ”. — Le Talmud, traduit par I. Salzer, Paris, 1986.
Les études et les discussions sur ce genre de sujets étaient stériles, et ce d’autant plus à l’époque où Paul écrivit à Timothée. La tenue de registres généalogiques pour prouver son ascendance avait perdu de son importance puisque Dieu n’admettait désormais plus aucune distinction entre Juif et Gentil dans la congrégation chrétienne (Ga 3:28). De plus, les généalogies avaient déjà établi l’ascendance de Christ par la lignée de David. Enfin, peu après cette exhortation de Paul, Jérusalem allait être détruite et, avec elle, les registres de la nation juive. Dieu ne les préserva pas. C’est pourquoi Paul désirait que Timothée et les congrégations ne se détournent pas des choses importantes pour passer du temps à des recherches et à des controverses sur des filiations personnelles, qui n’apporteraient rien à la foi chrétienne. Les généalogies données par la Bible suffisent à prouver que Jésus est le Messie, la question généalogique qui importe le plus aux chrétiens. Les autres généalogies des Écritures attestent l’authenticité du texte biblique, démontrant à l’évidence qu’il s’agit vraiment d’un récit historique.