INTÉGRITÉ
Probité, état d’un tout complet, qualité d’une personne irréprochable et sans défaut.
Les termes hébreux se rapportant à l’intégrité (tom, toummah, tam, tamim) désignent fondamentalement ce qui est “ complet ” ou “ entier ”. (Voir Lv 25:30 ; Jos 10:13 ; Pr 1:12.) Le mot tam, “ intègre ”, s’emploie pour qualifier Job, homme intègre, et aussi la Shoulammite, amie intègre (on pourrait aussi traduire “ la parfaite ”, c’est-à-dire dont la beauté est parfaite) (Jb 1:1, 8 ; Ct 5:2 ; 6:9). Parce qu’il menait une vie paisible et tranquille sous les tentes, par opposition à la vie aventureuse, sans règle ni frein, de son frère qui était chasseur, on disait de Jacob qu’il était un homme intègre (Gn 25:27). Tamim est parfois utilisé pour désigner ce qui est complet, c’est-à-dire ce qui est sans défaut, sans lacune, sans imperfection sur le plan physique, comme les animaux offerts en sacrifice (Ex 12:5 ; 29:1 ; Lv 3:6) ; mais le terme s’emploie plus souvent pour décrire ce qui est sans défaut, sans imperfection sur le plan moral. Il est parfois rendu par “ intègre ”, au sens d’“ irréprochable, sans défaut, parfait ”. (Pr 2:21 ; 11:5, 20.) Les termes hébreux tam et tamim dérivent de la racine verbale tamam, qui signifie “ être complet, achevé, s’achever, disparaître ”. (Ps 19:13 ; 1R 6:22 ; Is 18:5 ; Jr 24:10 ; voir aussi 1S 16:11, où l’expression rendue par “ Est-ce que ce sont là tous les garçons ? ” veut dire littéralement : “ Les garçons sont-ils achevés ? ”) Dans la Septante, le terme hébreu tam est parfois traduit par amémptos (Jb 1:1, 8 ; 2:3 ; 9:20). Des formes de ce mot apparaissent aussi dans les Écritures grecques chrétiennes et peuvent être rendues par “ irréprochable ”. — Lc 1:6 ; Ph 3:6 ; Hé 8:7.
Quand il se rapporte à Dieu, le terme tamim peut à juste titre se traduire par “ parfait ”, comme lorsqu’il qualifie son action, ses œuvres, sa voie, sa connaissance ou sa loi (Dt 32:4 ; Jb 36:4 ; 37:16 ; Ps 18:30 ; 19:7). Toutes les qualités et manifestations divines témoignent d’une telle perfection et d’une telle plénitude, elles sont si complètement exemptes de défauts et de lacunes qu’elles montrent clairement que c’est le seul vrai Dieu qui en est à l’origine. — Rm 1:20 ; voir PERFECTION.
Lorsqu’il s’applique aux humains, le terme “ intègre ” doit toujours s’entendre au sens relatif et non absolu. Dans ses souffrances, Job tira de mauvaises conclusions à propos de Jéhovah, y compris à propos de la façon dont le Tout-Puissant considérait ceux qui sont intègres (Jb 9:20-22). Zekaria, le père de Jean le baptiseur, manqua de foi en la déclaration que Jéhovah fit par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (Lc 1:18-20). Pourtant, Job et Zekaria furent déclarés intègres ou irréprochables, car ils étaient à la hauteur de ce que Jéhovah attendait d’humains qui, bien que fidèles, n’en étaient pas moins imparfaits. — Jb 1:1 ; Lc 1:6.
Importance de l’intégrité de l’homme. Dans quelques cas, l’hébreu tom emporte simplement l’idée de droiture, d’innocence ou d’absence de mauvaises intentions (voir Gn 20:5, 6 ; 2S 15:11). Cependant, ces mots hébreux apparentés évoquent surtout un attachement inébranlable à la justice. Leur emploi dans la Bible et les exemples qu’elle contient montrent l’importance capitale de l’attachement indéfectible à une personne, Jéhovah Dieu, ainsi qu’à sa volonté et à ses desseins déclarés.
Son rôle dans la question de la plus haute importance. Le premier couple humain se vit offrir la possibilité de se montrer intègre en Éden. L’interdiction concernant l’arbre de la connaissance mettait à l’épreuve son attachement à son Créateur. Sous l’influence extérieure de l’Adversaire de Dieu qui fit appel à leur égoïsme, l’homme et la femme désobéirent. Leur honte, leur répugnance à paraître devant leur Créateur et le manque de franchise de leurs réponses à ses questions attestaient qu’ils n’étaient pas restés intègres (voir Ps 119:1, 80). Toutefois, ils n’étaient manifestement pas les premiers à renoncer à leur intégrité puisque la créature spirituelle qui les conduisit sur la voie de la rébellion l’avait déjà fait. — Gn 3:1-19 ; comparer la voie suivie par cette créature avec le chant funèbre entonné contre le roi de Tyr en Éz 28:12-15 ; voir SATAN.
La rébellion de Satan, qui se manifesta clairement en Éden, suscita une question d’importance universelle, celle du bon droit de Dieu dans l’exercice de sa souveraineté sur toutes ses créatures, son droit d’exiger d’elles une obéissance absolue. Il ne s’agissait pas ici de savoir qui était le plus fort ; la question était d’ordre moral et ne pouvait donc être tranchée par le simple usage de la force, Dieu écrasant immédiatement Satan et le couple humain. Voilà qui aide à comprendre pourquoi Dieu a permis que la méchanceté et Satan, son auteur, subsistent depuis si longtemps (voir MÉCHANCETÉ). Étant donné que l’Adversaire de Dieu rechercha d’abord le soutien des humains dans sa rébellion (les premières indications d’une prise de position en faveur de Satan par des fils spirituels de Dieu n’apparaissent que quelque temps avant le déluge ; Gn 6:1-5 ; voir aussi 2P 2:4, 5), la question de l’intégrité de l’homme à l’égard de la volonté souveraine de Dieu devint partie intégrante de la question universelle (bien que la souveraineté de Jéhovah ne dépende pas, elle, de l’intégrité de ses créatures). On en a pour preuve le cas de Job.
Job. Job, qui vécut sans doute à une époque comprise entre la mort de Joseph et les jours de Moïse, est présenté comme un homme qui “ était intègre [héb. : tam] et droit, craignant Dieu et s’écartant du mal ”. (Jb 1:1 ; voir JOB.) Que l’intégrité des hommes soit incluse dans la question qui oppose Jéhovah Dieu et Satan, c’est ce qui ressort de ce que Dieu demanda à son Adversaire à propos de Job lorsque Satan se présenta lors d’une assemblée angélique dans les cours célestes. Satan prétendit que le culte que Job rendait à Dieu était mû par de mauvais mobiles ; il affirma que Job servait Dieu non par pur attachement, mais parce qu’il en tirait égoïstement profit. Il mit donc en question l’intégrité de Job envers Dieu. Bien qu’ayant été autorisé à priver Job de ses nombreux biens et même de ses enfants, Satan ne réussit pas à briser son intégrité (Jb 1:6–2:3). Il prétendit ensuite que par égoïsme Job était prêt à supporter la perte de ses biens et de ses enfants tant qu’il pouvait sauver sa “ peau ”. (Jb 2:4, 5.) Frappé ensuite d’une maladie douloureuse et dévorante, et soumis aux paroles dissuasives de sa propre femme ainsi qu’aux critiques désobligeantes et aux insinuations de compagnons qui déformaient les normes et les desseins divins (Jb 2:6-13 ; 22:1, 5-11), Job répondit qu’il ne cesserait jamais d’être un homme d’intégrité. Il dit : “ Jusqu’à ce que j’expire, je ne me dessaisirai pas de mon intégrité ! J’ai saisi ma justice et je ne la lâcherai pas ; mon cœur ne me provoquera pour aucun de mes jours. ” (Jb 27:5, 6). En restant intègre, il démontra que l’Adversaire de Dieu était un menteur.
Les déclarations provocantes de Satan à l’égard de Job révèlent qu’il maintenait sa position : qu’on pouvait détourner de Dieu n’importe quel homme, que personne ne servait Dieu avec des mobiles purs et désintéressés. Aussi les humains, comme les fils spirituels de Dieu, ont-ils le remarquable privilège de contribuer à la justification de la souveraineté de Jéhovah, et cela en restant intègres devant lui. En agissant ainsi, ils sanctifient également son nom. Ceux qui sont “ intègres dans leur voie sont pour [Jéhovah] un plaisir ”. — Pr 11:20 ; opposer à l’opinion erronée avancée par Éliphaz en Job 22:1-3.
Le fondement du jugement divin. Pour qu’une créature soit jugée favorablement par Dieu, elle doit rester intègre (Ps 18:23-25). À ce propos, le roi David écrivit : “ Jéhovah lui-même prononcera une sentence contre les peuples. Juge-moi, ô Jéhovah, selon ma justice et selon mon intégrité en moi. S’il te plaît, qu’elle prenne fin, la méchanceté des méchants, et puisses-tu établir le juste. ” (Ps 7:8, 9 ; voir aussi Pr 2:21, 22). Alors qu’il souffrait, Job exprima ainsi sa confiance : “ [Jéhovah] me pèsera dans une balance exacte et Dieu pourra connaître mon intégrité. ” (Jb 31:6). Sur quoi, il énumère une douzaine d’attitudes courantes qui, s’il les avait adoptées, auraient montré qu’il n’était pas intègre. — Jb 31:7-40.
Que signifie, pour des humains imparfaits, rester intègre ?
Puisque tous les humains sont imparfaits et incapables de se conformer parfaitement aux principes divins, il est évident que, dans leur cas, l’intégrité ne signifie pas la perfection, en actes ou en paroles. Selon les Écritures, elle implique plutôt que leur cœur soit complet dans leur attachement à Dieu. David commit plusieurs fautes graves par faiblesse, mais cela ne l’empêcha pas de ‘ marcher avec intégrité de cœur ’ (1R 9:4), car il accepta la réprimande et se réforma, montrant ainsi qu’il avait toujours en son cœur un amour sincère pour Jéhovah Dieu (Ps 26:1-3, 6, 8, 11). David dit plus tard à Salomon, son fils : “ Connais le Dieu de ton père et sers-le d’un cœur complet et d’une âme délicieuse, car Jéhovah sonde tous les cœurs et discerne toute inclination des pensées. ” Pourtant, le cœur de Salomon “ ne fut pas complet à l’égard de Jéhovah son Dieu, comme le cœur de David son père ”. — 1Ch 28:9 ; 1R 11:4 ; dans ces deux versets, le mot “ complet ” traduit un autre terme hébreu, shalém, qu’on retrouve en Pr 11:1 ; 1R 15:14.
L’intégrité ne se limite donc pas à un seul aspect de la conduite humaine, ni aux questions manifestement “ religieuses ”. Pour le serviteur de Dieu, c’est un mode de vie, une voie dans laquelle il ‘ marche ’ en cherchant constamment à connaître la volonté de Jéhovah (Ps 119:1-3). David fit paître la nation d’Israël “ selon l’intégrité de son cœur ”, tant dans les questions directement liées au culte de Jéhovah que dans sa façon de diriger les affaires gouvernementales. En outre, il désirait que les gens de son entourage et ses serviteurs soient eux aussi des personnes intègres, qui ‘ marchent d’une manière intègre ’. (Ps 78:72 ; 101:2-7.) C’est avec le temps qu’on ‘ se montre intègre ’ devant Dieu, à l’instar de Noé, d’Abraham et d’autres. — Gn 6:9 ; 17:1 ; 2S 22:24.
L’intégrité suppose une fidélité absolue à Dieu et un attachement indéfectible à la justice, non seulement dans des conditions et des circonstances favorables, mais aussi dans n’importe quelle condition et en tout temps. Après avoir souligné que seul l’homme d’intégrité qui “ exprime la vérité dans son cœur ” est agréable à Jéhovah, le psalmiste ajoute au sujet d’un tel homme : “ Il a juré pour ce qui est mauvais pour lui, et pourtant il ne change pas. ” Autrement dit, même s’il a pris un engagement solennel qui semble tourner à son détriment, il reste fidèle à cet engagement (Ps 15:1-5 ; opposer à Rm 1:31 ; 1Tm 1:10). Dès lors, l’intégrité d’un individu ressort davantage quand son attachement est mis à l’épreuve et quand on fait pression sur lui pour qu’il renonce à se conduire avec justice. Même s’il est un objet de risée pour ses adversaires (Jb 12:4 ; voir aussi Jr 20:7), la cible de leurs paroles amères (Ps 64:3, 4), l’objet de leur haine ou de leur persécution violente (Pr 29:10 ; Am 5:10), s’il est malade ou affligé par quelque malheur pénible, il doit, comme Job, ‘ tenir ferme son intégrité ’ coûte que coûte. — Jb 2:3.
Il est possible de demeurer dans la voie de l’intégrité, non pas grâce à sa force morale, mais uniquement grâce à une foi et à une confiance profondes en Jéhovah et dans son pouvoir salvateur (Ps 25:21). Dieu promet d’être un “ bouclier ” et une “ forteresse ”, de garder la voie des hommes qui marchent dans l’intégrité (Pr 2:6-8 ; 10:29 ; Ps 41:12). Leur souci constant d’obtenir l’approbation de Jéhovah rend leur vie plus stable, ce qui leur permet d’avancer droit vers leur but (Ps 26:1-3 ; Pr 11:5 ; 28:18). Certes, comme Job le fit remarquer avec perplexité, l’homme intègre souffre parfois de la domination du méchant et meurt tout comme lui ; mais Jéhovah certifie qu’il connaît la vie de celui qui est intègre, et garantit que l’héritage de celui-là subsistera, que son avenir sera paisible et qu’il entrera en possession du bien (Jb 9:20-22 ; Ps 37:18, 19, 37 ; 84:11 ; Pr 28:10). Comme dans le cas de Job, ce n’est pas la richesse, mais l’intégrité d’un homme qui fait sa vraie valeur, qui commande le respect (Pr 19:1 ; 28:6). Les enfants qui ont le privilège d’avoir un père intègre peuvent être déclarés heureux (Pr 20:7), car ils reçoivent un magnifique héritage : l’exemple de sa vie, tout en bénéficiant de son beau nom et du respect qu’il s’est acquis.
Outre celui de Job et de David, les Écritures hébraïques regorgent d’exemples d’hommes d’intégrité. Abraham fit preuve d’une fidélité inébranlable envers Dieu, étant prêt à sacrifier son fils Isaac (Gn 22:1-12). Daniel et ses trois compagnons furent, tant dans leur jeunesse que plus tard, des modèles d’intégrité dans l’épreuve (Dn 1:8-17 ; 3:13-23 ; 6:4-23). En Hébreux chapitre 11, l’apôtre Paul énumère une longue liste d’hommes des temps préchrétiens qui, grâce à la foi, restèrent intègres dans de nombreuses situations difficiles. — Noter particulièrement les v. 11:33-38.
L’intégrité dans les Écritures grecques chrétiennes. Si aucun mot précis signifiant “ intégrité ” ne figure dans les Écritures grecques chrétiennes, la notion d’intégrité ne s’en retrouve pas moins dans toute cette partie de la Bible. Jésus Christ, le Fils de Dieu, laissa le plus bel exemple qui soit d’intégrité et de confiance absolue dans la force et l’affection de son Père céleste. Il fut ainsi “ rendu parfait ” pour remplir sa fonction de Grand Prêtre et de Roi oint du Royaume céleste, Royaume plus grand que celui de David (Hé 5:7-9 ; 4:15 ; 7:26-28 ; Ac 2:34, 35). L’intégrité est incluse dans le commandement que Jésus présenta comme le plus grand de tous : aimer Jéhovah Dieu de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force (Mt 22:36-38). Avec l’injonction : “ Vous devez donc être parfaits, comme votre Père céleste est parfait ” (Mt 5:48), Jésus faisait également ressortir l’importance d’un attachement sans réserve à la justice. (Les termes grecs pour perfection évoquent l’idée de ce qui est ‘ mené à son terme ’, et ont donc un sens quelque peu semblable à celui des mots hébreux déjà examinés.)
Dans son enseignement, Jésus mit l’accent sur la pureté du cœur, l’unité de but et d’intention, l’absence d’hypocrisie, autant de qualités caractéristiques de l’intégrité (Mt 5:8 ; 6:1-6, 16-18, 22, 23 ; Lc 11:34-36). Avant de devenir un disciple de Jésus Christ, Paul était irréprochable du point de vue de ses contemporains juifs. Il faisait ce qu’exigeait la Loi, s’acquittant de ses obligations et s’abstenant de ce qui était interdit (Ph 3:6). Toutefois, il n’était pas irréprochable aux yeux de Jéhovah. Il était coupable d’un péché grave, car il persécutait les frères du Christ et était un blasphémateur et un homme insolent (1Tm 1:13, 15). Devenu chrétien, l’apôtre Paul se soucia autant que David et d’autres serviteurs de Dieu qui avaient vécu avant lui d’être intègre et irréprochable. Il n’était coupable ni de corruption ni de sournoiserie dans son ministère et dans tous ses rapports avec autrui. — 2Co 4:1, 2 ; 6:3-10 ; 8:20, 21 ; 1Th 1:3-6.
Paul et les autres premiers chrétiens attestèrent aussi qu’ils étaient des hommes et des femmes d’intégrité en persévérant malgré l’opposition dans la mission que Dieu leur avait confiée, en supportant les privations, la persécution et les souffrances parce qu’ils demeuraient attachés à Dieu. — Ac 5:27-41 ; 2Co 11:23-27.
Le Très-Haut prend plaisir en ceux dont la conduite reflète leur santé spirituelle, leur pureté, leur intégrité (Pr 11:20). Il est donc capital que les chrétiens adoptent un mode de vie irréprochable, exempt de toute critique justifiée. — Ph 2:15 ; 1Th 5:23.