SERMENT
Affirmation solennelle de la véracité d’une déclaration ou de l’intention de faire ou de ne pas faire quelque chose ; un serment implique souvent l’invocation d’une autorité, en particulier de Dieu.
Dans les Écritures hébraïques, deux mots sont utilisés pour désigner ce que l’on comprend par serment. Shevouʽah est rendu par “ serment ”. (Gn 24:8 ; Lv 5:4.) Le verbe hébreu shavaʽ, qui lui est apparenté et qui signifie “ jurer ”, ou prêter serment, dérive de la même racine que le mot hébreu pour “ sept ”. À l’origine, “ jurer ” revenait en effet à “ être sous l’empire des 7 [choses sacrées] ”. (Dictionnaire encyclopédique de la Bible, par A. Westphal, Valence-sur-Rhône, 1973, tome second, p. 659.) Abraham et Abimélek jurèrent sur sept agnelles lorsqu’ils conclurent une alliance au puits de Béer-Shéba, nom qui signifie “ Puits du Serment ” ou “ Puits des Sept ”. (Gn 21:27-32 ; voir aussi Gn 26:28-33.) Shevouʽah désigne un engagement solennel par lequel une personne promet de faire ou de ne pas faire quelque chose. Il n’implique aucune malédiction sur l’auteur du serment en cas de parjure. C’est ce mot qui est employé au sujet du serment fait à Abraham par Jéhovah, dont la parole se réalise toujours et sur lequel aucune malédiction ne peut s’abattre. — Gn 26:3.
L’autre mot hébreu utilisé est ʼalah, qui signifie “ serment, imprécation ” (Gn 24:41, note) et peut également être traduit par “ serment d’obligation ”. (Gn 26:28.) Un dictionnaire d’hébreu et d’araméen définit ainsi ce mot : “ Imprécation (menace de malheur en cas de transgression) sous laquelle quelqu’un se place lui-même ou est placé par d’autres. ” (Lexicon in Veteris Testamenti Libros, par L. Koehler et W. Baumgartner, Leyde, 1958, p. 49). Dans l’Israël antique, faire un serment était considéré comme un acte de la plus haute importance. Même à son détriment, on devait garder un serment (Ps 15:4 ; Mt 5:33). Celui qui faisait inconsidérément une déclaration sous serment était tenu pour coupable devant Jéhovah (Lv 5:4). La violation de serment exposait son auteur aux punitions les plus sévères de la part de Dieu. Chez les peuples les plus anciens, et en particulier chez les Hébreux, le serment était en quelque sorte un acte religieux, dans lequel Dieu était impliqué. En employant le terme ʼalah, les Hébreux engageaient implicitement Dieu dans le serment et se déclaraient prêts à subir le jugement qu’il lui plairait de leur infliger au cas où ils ne tiendraient pas leur promesse. Dieu n’utilise jamais ce mot en rapport avec ses propres serments.
Les termes grecs correspondants sont horkos (“ serment ”) et omnuô (“ jurer ”) ; ils apparaissent ensemble en Jacques 5:12. Le verbe horkizô signifie “ faire jurer ” ou “ ordonner solennellement ”. (Mc 5:7 ; Ac 19:13.) D’autres mots apparentés à horkos sont traduits par “ serment ” (Hé 7:20), “ imposer une obligation solennelle ou un serment ” (1Th 5:27), “ gens qui font de faux serments ou parjures ” (1Tm 1:10), “ jurer sans tenir ou faire un faux serment ”. (Mt 5:33.) En Actes 23:12, 14 et 21, le verbe grec anathématizô est rendu par ‘ engager par une imprécation ’.
Expressions utilisées en faisant serment. Souvent, on faisait un serment en jurant par Dieu ou par son nom (Gn 14:22 ; 31:53 ; Dt 6:13 ; Jg 21:7 ; Jr 12:16). Jéhovah jurait par lui-même ou par sa vie (Gn 22:16 ; Éz 17:16 ; Tse 2:9). Certaines formules figées étaient parfois utilisées par les hommes, telles que : “ Qu’ainsi me [ou : te] fasse Jéhovah et qu’il y ajoute, si... ” je (tu) manque(s) à mon (ton) serment (Ru 1:17 ; 1S 3:17 ; 2S 19:13). L’auteur du serment pouvait lui donner plus de force en prononçant son propre nom. — 1S 20:13 ; 25:22 ; 2S 3:9.
Les païens invoquaient de façon similaire leurs faux dieux. Jézabel, qui adorait Baal, invoqua, non pas Jéhovah, mais “ les dieux ” (ʼèlohim, avec un verbe au pluriel), de même que Ben-Hadad II, roi de Syrie (1R 19:2 ; 20:10). D’ailleurs, parce que ces façons de s’exprimer étaient universellement répandues, l’idolâtrie en vint à être représentée dans la Bible comme le fait de ‘ jurer par un faux dieu ’ ou par ce qui n’est “ pas Dieu ”. — Jos 23:7 ; Jr 5:7 ; 12:16 ; Am 8:14.
Dans certains cas rares et très graves, ou lorsque la déclaration solennelle était prononcée dans un climat de vive émotion, les malédictions ou punitions qui devaient sanctionner toute violation du serment étaient énoncées explicitement (Nb 5:19-23 ; Ps 7:4, 5 ; 137:5, 6). Job, argumentant pour démontrer sa droiture, passe sa vie en revue et se déclare prêt à subir les punitions les plus dures si on le trouve coupable d’avoir violé les lois de Jéhovah en rapport avec la fidélité, la justice et la moralité. — Jb 31.
Lorsque la jalousie d’un mari donnait lieu à une comparution devant le prêtre, ce dernier lisait les termes du serment et de la malédiction, après quoi la femme répondait “ Amen ! Amen ! ” ce qui revenait à jurer de son innocence. — Nb 5:21, 22.
Souvent on affirmait quelque chose non seulement par le nom de Jéhovah, mais en plus par la vie du roi ou d’une autre personne haut placée, ce qui équivalait dans la pratique à un serment (1S 25:26 ; 2S 15:21 ; 2R 2:2). La formule “ aussi vrai que Jéhovah est vivant ”, couramment utilisée, donnait un caractère solennel à un engagement ou à une affirmation (Jg 8:19 ; 1S 14:39, 45 ; 19:6 ; 20:3, 21 ; 25:26, 34). Jurer par la vie de la personne à qui on s’adressait n’avait pas la même force et n’était probablement pas fait pour être perçu comme un serment, mais c’était un moyen de manifester la fermeté d’une intention ou d’apporter une assurance à l’interlocuteur, comme lorsque Hanna s’adressa à Éli (1S 1:26) ou bien Ouriya au roi David. — 2S 11:11 ; voir aussi 1S 17:55.
Formules ou gestes employés. Le geste le plus fréquent pour faire un serment consistait à lever la main droite vers le ciel. Symboliquement, Jéhovah est décrit prononçant un serment de cette manière (Gn 14:22 ; Ex 6:8 ; Dt 32:40 ; Is 62:8 ; Éz 20:5). Dans une vision de Daniel, un ange prononce un serment en levant les deux mains vers le ciel (Dn 12:7). Il est dit au sujet des parjures que leur “ droite [leur main droite] est une droite de mensonge ”. — Ps 144:8.
Celui qui faisait jurer quelqu’un pouvait lui demander de placer sa main sous sa cuisse (ou hanche). Lorsqu’Abraham envoya son intendant chercher une femme pour Isaac, il lui dit : “ S’il te plaît, mets ta main sous ma cuisse. ” L’ayant fait, le serviteur jura qu’il prendrait une fille de la parenté d’Abraham (Gn 24:2-4, 9). Jacob fit jurer de la même manière à Joseph qu’il ne l’enterrerait pas en Égypte (Gn 47:29-31). Pour la signification de cette pratique, voir ATTITUDES ET GESTES.
Fréquemment, un serment était associé à la conclusion d’une alliance. Dans ce cas, on utilisait la formule courante : “ Dieu est témoin entre moi et toi. ” (Gn 31:44, 50, 53). Cette formule servait également à renforcer une affirmation. Parlant des obligations qui incombent à Israël dans le cadre de l’alliance liée à un serment, alliance conclue avec Jéhovah, Moïse prend à témoin le ciel et la terre (Dt 4:26). Souvent, une ou plusieurs personnes, un document écrit, une colonne ou un autel servaient de témoignage ou de rappel au sujet d’un serment ou d’une alliance. — Gn 31:45-52 ; Dt 31:26 ; Jos 22:26-28 ; 24:22, 24-27 ; voir ALLIANCE.
Sous la Loi. Il existait des situations où certaines personnes étaient tenues par la Loi mosaïque de prêter serment : la femme en comparution à cause de la jalousie de son mari (Nb 5:21, 22), le dépositaire chez qui on ne retrouvait plus le bien laissé en garde (Ex 22:10, 11), les anciens d’une ville où un meurtre non élucidé avait eu lieu (Dt 21:1-9). Les serments volontaires d’abstinence étaient autorisés (Nb 30:3, 4, 10, 11). Les serviteurs de Dieu étaient parfois adjurés par un représentant de l’autorité, et ils disaient la vérité. De même, un chrétien qu’on fait jurer ne mentira pas, mais dira toute la vérité qu’on attend de lui ou refusera de parler si cela met en péril les intérêts justes de Dieu ou de ses compagnons chrétiens, auquel cas il devra être prêt à subir les conséquences éventuelles de son refus de témoigner. — 1R 22:15-18 ; Mt 26:63, 64 ; 27:11-14.
En Israël, le vœu était considéré comme un engagement aussi fort qu’un serment. Il était sacré et devait être exécuté même s’il en résultait une perte pour son auteur. On estimait que Dieu observait la façon dont chacun s’acquittait de ses vœux et qu’il punissait ceux qui les enfreignaient (Nb 30:2 ; Dt 23:21-23 ; Jg 11:30, 31, 35, 36, 39 ; Ec 5:4-6). Les vœux des femmes mariées et des filles célibataires pouvaient être confirmés ou annulés par leur mari ou par leur père, tandis que les veuves et les femmes divorcées étaient liées par les vœux qu’elles prononçaient. — Nb 30:3-15.
Dans son Sermon sur la montagne, Jésus reprocha aux Juifs leur habitude de faire des serments futiles, imprécis et irréfléchis. Il était devenu courant de jurer par le ciel, par la terre, par Jérusalem et même par sa propre tête. Mais comme le ciel était “ le trône de Dieu ”, la terre, son “ marchepied ” et Jérusalem, sa ville royale, et qu’en outre la tête d’un individu (sa vie) dépendait de Dieu, jurer de cette façon équivalait à faire serment par le nom de Dieu. On ne devait pas prendre cela à la légère. C’est pourquoi Jésus dit : “ Que votre mot Oui signifie simplement Oui, votre Non, Non ; car ce qui est en plus vient du méchant. ” — Mt 5:33-37.
Par là, Jésus Christ n’interdisait pas tous les serments. Lui-même était sous la Loi de Moïse, qui imposait des serments en certaines circonstances. D’ailleurs, lors de son procès, le grand prêtre le fit jurer, ce à quoi il n’opposa aucune objection, mais répondit à la question posée (Mt 26:63, 64). Ce que Jésus voulait montrer, c’est plutôt qu’une personne ne devrait pas avoir deux paroles. La fidélité à la parole donnée devrait être considérée comme un devoir sacré à accomplir, au même titre qu’un serment ; chacun devrait sincèrement penser ce qu’il dit. Jésus jeta une lumière nouvelle sur le sens de ses paroles lorsqu’il dénonça l’hypocrisie des scribes et des Pharisiens et qu’il leur dit : “ Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : ‘ Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais si quelqu’un jure par l’or du temple, il est tenu. ’ Fous et aveugles ! Quel est, en effet, le plus grand, l’or ou le temple qui a sanctifié l’or ? ” Il ajouta : “ Celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y siège. ” — Mt 23:16-22.
Par leurs faux raisonnements et leur casuistique ergoteuse, que Jésus visait ici, les scribes et les Pharisiens se justifiaient de violer certains serments. Jésus montra qu’en jurant ainsi ils étaient malhonnêtes vis-à-vis de Dieu ; en fait, ils jetaient l’opprobre sur son nom (étant donné que les Juifs étaient un peuple voué à Jéhovah). Jéhovah dit tout net qu’il hait le faux serment. — Ze 8:17.
Jacques fait écho aux paroles de Jésus (Jc 5:12). Mais les déclarations de ces deux hommes contre ces pratiques abusives n’interdisent pas au chrétien de faire un serment lorsque c’est nécessaire, ni d’assurer les autres du sérieux de ses intentions ou de la véracité de ce qu’il dit. Par exemple, comme Jésus le montra devant le grand prêtre juif, un chrétien ne verra pas d’objection à prêter serment dans un tribunal, sachant qu’il dira la vérité de toute façon, qu’il ait juré ou non (Mt 26:63, 64). La résolution que prend le chrétien de servir Dieu est d’ailleurs elle-même un serment qu’il fait à Jéhovah et qui l’introduit dans une relation sacrée. Jésus mettait sur le même plan le serment (le fait de jurer) et le vœu. — Mt 5:33.
L’apôtre Paul, quant à lui, fait ce qui équivaut à un serment en 2 Corinthiens 1:23 et en Galates 1:20 pour donner plus de force au témoignage qu’il présente à ses lecteurs. Il parle également du serment comme d’un moyen habituel et convenable de mettre fin à une contestation, et attire l’attention sur le fait que Dieu, “ lorsqu’il s’est proposé de montrer plus abondamment aux héritiers de la promesse le caractère immuable de son conseil, est intervenu par un serment ”, jurant par lui-même puisqu’il ne pouvait pas jurer par quelqu’un de plus grand. Dieu ajouta ainsi à sa promesse une garantie légale et offrit une double assurance au moyen de “ deux choses immuables dans lesquelles il est impossible que Dieu mente ”, c’est-à-dire sa promesse elle-même et son serment (Hé 6:13-18). Paul souligne en outre que Christ fut fait Grand Prêtre à la suite d’un serment de Jéhovah et qu’il fut donné comme gage d’une alliance meilleure (Hé 7:21, 22). Les Écritures font plus de 50 fois mention de serments faits par Jéhovah lui-même.
La nuit de l’arrestation de Jésus, l’apôtre Pierre nia à trois reprises connaître Jésus et, à la fin, il se laissa aller aux imprécations et aux serments. On lit au sujet de ce troisième reniement : “ Alors [Pierre] commença à faire des imprécations et à jurer : ‘ Je ne connais pas cet homme [Jésus] ! ’ ” (Mt 26:74). Poussé par la crainte, Pierre essayait de convaincre ceux qui l’entouraient que ses dénégations étaient sincères. En jurant, il faisait le serment que ses paroles étaient véridiques et qu’un malheur pouvait s’abattre sur lui si elles ne l’étaient pas. — Voir aussi IMPRÉCATION.