HÉRODE
Nom d’une famille de dirigeants politiques des Juifs. Ils étaient Iduméens, ou Édomites. Ils professaient le judaïsme, car, d’après Josèphe, Jean Hyrcan Ier, chef maccabéen, leur avait imposé la circoncision vers 125 av. n. è.
En dehors des brèves mentions que la Bible fait des Hérodes, la plupart des renseignements à leur sujet figurent dans l’histoire de Josèphe. Antipater (Antipas) Ier, l’ancêtre des Hérodes, avait été nommé gouverneur d’Idumée par Alexandre Jannée, roi asmonéen (un Maccabée). Le fils d’Antipater, qui s’appelait aussi Antipater ou Antipas, fut le père d’Hérode le Grand. D’après l’historien Nicolas de Damas, cité par Josèphe, Antipater (II) descendait des principaux Juifs qui revinrent de Babylone dans le pays de Juda. Pourtant, selon Josèphe, l’affirmation de Nicolas n’était destinée qu’à flatter Hérode, qui, en réalité, était Édomite tant du côté de son père que du côté de sa mère.
Antipater II, homme très riche, trempa dans la politique et dans l’intrigue. Il nourrissait de grandes ambitions pour ses fils. Il soutint Jean Hyrcan II, fils d’Alexandre Jannée et de Salomé Alexandra, dans sa prétention aux titres de roi et de grand prêtre des Juifs contre Aristobule, frère d’Hyrcan. Mais, en fait, Antipas travaillait à assouvir ses propres ambitions et finit par recevoir de Jules César la citoyenneté romaine et le gouvernorat de la Judée. Antipater nomma Phasaël, son fils aîné, gouverneur de Jérusalem, et Hérode, un autre fils, gouverneur de Galilée. Sa carrière prit fin par un empoisonnement.
1. Hérode le Grand, deuxième fils d’Antipater (Antipas) II et de sa femme Cypros. L’Histoire corrobore l’exactitude du bref aperçu que la Bible donne du caractère de cet homme : sans scrupules, rusé, suspicieux, débauché, cruel et sanguinaire. Il avait hérité la diplomatie et l’opportunisme de son père. Il faut cependant lui reconnaître des talents d’organisateur et de chef militaire. Josèphe le présente comme un homme d’une grande force physique doublé d’un excellent cavalier, habile au lancer du javelot et au maniement de l’arc (Guerre des Juifs, I, 429, 430 [XXI, 13]). Probablement faut-il voir en son génie de constructeur sa qualité la plus marquante.
Lorsqu’il gouverna la Galilée, il commença à se distinguer en débarrassant son territoire des bandes de voleurs. Toutefois, certains Juifs étaient jaloux et, de concert avec les mères des voleurs exécutés, ils poussèrent Hyrcan II (alors grand prêtre) à convoquer Hérode devant le Sanhédrin, sur l’accusation d’avoir devancé cette assemblée en exécutant sommairement les voleurs au lieu de les faire juger d’abord. Hérode répondit à la convocation. Cependant, alors qu’il était assujetti à ce tribunal en tant que prétendu prosélyte, il se montra hardi et insolent en se présentant devant le Sanhédrin escorté d’une garde. Cet outrage au tribunal suprême juif suscita la colère des juges. D’après Josèphe, l’un d’eux, appelé Saméas (Siméon), eut le courage de se lever et de prédire que s’il échappait à la punition Hérode assassinerait ses juges par la suite. Cependant, Hyrcan était faible et passif. Cédant aux manœuvres d’intimidation d’Hérode et à une lettre de menaces provenant de Sextus César (parent de Jules César et gouverneur de Syrie) qui lui demandait de l’acquitter, il capitula. — Antiquités judaïques, XIV, 168-176 (IX, 4).
Roi de Judée. Hérode succéda à son père et, vers 39 av. n. è., fut fait roi de toute la Judée par le sénat de Rome ; toutefois, il ne put se faire roi de facto que trois ans plus tard, quand il prit Jérusalem et déposa Antigone, fils d’Aristobule. Après cette victoire, Hérode prit des mesures pour affermir sa position. À cet effet, il persuada le Romain Marc Antoine de tuer Antigone, puis il rechercha et exécuta les principaux partisans de ce dernier, 45 hommes au total. Des Pharisiens éminents, il n’épargna que Saméas et Pollion, car il finit par tuer même Jean Hyrcan II quelques années plus tard. En assassinant ainsi ceux qui l’avaient jugé, il accomplit la prédiction de Saméas.
Toujours astucieux en politique, Hérode croyait avoir tout intérêt à soutenir Rome. Cependant, il lui fallait se montrer très diplomate et changer souvent de parti pour ne pas se laisser dépasser par les fréquents caprices du sort des dirigeants romains. Ainsi, étant un ami intime de Sextus, Hérode soutint tout d’abord Jules César. Puis il se rangea du côté de Cassius, assassin de César. Il se ménagea ensuite la faveur de Marc Antoine, ennemi de Cassius et vengeur de César, en partie au moyen de généreux pots-de-vin. Plus tard, quand Octave (César Auguste) vainquit Antoine dans la bataille d’Actium, Hérode obtint adroitement le pardon d’Auguste pour avoir soutenu Antoine et conserva par la suite son amitié. Par sa fidélité à Rome, sa prodigalité envers les Césars et son langage doucereux, Hérode s’en tira toujours lorsque des plaintes ou des accusations furent portées contre lui à Rome par les Juifs ou par d’autres, parfois même par des membres de sa propre maisonnée.
Le premier champ d’action d’Hérode avait été son gouvernorat de Galilée. Cassius l’avait nommé gouverneur de Cœlésyrie. Quelque temps après, sur la recommandation d’Antoine, le sénat de Rome l’avait fait roi de Judée. L’empereur Auguste, pour sa part, ajouta à son royaume Samarie, Gadara, Gaza et Joppé, puis la Trachonitide, la Batanée, l’Auranitide et la Pérée, région située à l’E. du Jourdain et qui correspondait grosso modo à Guiléad. L’Idumée fut aussi sous sa coupe.
Le temple et les autres constructions. Parmi les travaux entrepris par Hérode, la reconstruction du temple de Zorobabel à Jérusalem est particulièrement digne d’intérêt, surtout du point de vue de la Bible. Cette construction, dont Josèphe vante la réelle magnificence, coûta des sommes astronomiques (Antiquités judaïques, XV, 395, 396 [XI, 3]). À cause de la haine et de la méfiance qu’Hérode leur inspirait, les Juifs ne lui permirent pas de détruire tout d’abord le temple existant. Il dut rassembler les matériaux de construction et les apporter sur place avant de démolir quoi que ce soit. D’après Josèphe, le sanctuaire fut rebâti en 18 mois (Antiquités judaïques, XV, 421 [XI, 6]). D’autres bâtiments importants furent érigés en huit ans. Pourtant, en l’an 30 de n. è., les Juifs disaient que le temple avait été construit en 46 ans. C’est ce qu’ils déclarèrent au cours d’une conversation qu’ils eurent avec Jésus Christ, peu avant la première Pâque à compter de son baptême (Jn 2:13-20). D’après Josèphe (Antiquités judaïques, XV, 380 [XI, 1]), les travaux commencèrent la 18e année du règne d’Hérode. Si on calcule de la façon dont les Juifs auraient compté les années de règne de leurs rois, ce pouvait être entre 18 et 17 av. n. è. En fait, les travaux du temple durèrent sous la forme d’agrandissements, et ainsi de suite, jusqu’à six ans avant sa destruction en 70 de n. è.
Hérode fit également construire des théâtres, des amphithéâtres, des hippodromes, des citadelles, des forteresses, des palais, des jardins, des temples en l’honneur de César, des aqueducs, des monuments et même des villes. Il appelait ces villes d’après son nom, celui des membres de sa famille ou ceux des empereurs de Rome. Il construisit à Césarée un port artificiel qui rivalisait avec le port de Tyr. D’après Josèphe, d’énormes pierres furent déposées à 20 brasses (36 m) de profondeur pour faire un môle d’environ 60 m de large (Antiquités judaïques, XV, 334, 335 [IX, 6]). Hérode rebâtit la forteresse Antonia et celle de Massada, cette dernière avec le plus de magnificence. Ses réalisations s’étendirent jusqu’à des villes aussi éloignées qu’Antioche de Syrie et Rhodes (sur l’île du même nom).
Hérode avait des divertissements extrêmement dispendieux et se montrait très prodigue, particulièrement envers les dignitaires romains. Un des principaux griefs des Juifs à son égard était la construction d’amphithéâtres, tels que celui de Césarée, où il organisait des jeux grecs et romains : courses de chars, combats de gladiateurs, combats entre hommes et bêtes sauvages, et autres festivités païennes. Il tenait tellement à préserver les Jeux olympiques que, de passage en Grèce au cours d’un voyage à Rome, il se joignit même aux participants. Puis il fit don d’une somme importante visant à perpétuer les jeux et, du même coup, son nom. Professant le judaïsme, il appelait les Juifs “ mes compatriotes ”, et “ mes pères ” ceux qui étaient revenus de Babylone pour construire le temple de Zorobabel. Néanmoins, son mode de vie démentait complètement sa prétention d’être un serviteur de Jéhovah Dieu.
Problèmes familiaux. Presque tous les membres de la famille des Hérodes étaient ambitieux, suspicieux, scandaleusement débauchés et difficiles à supporter. C’est au sein de sa propre famille qu’Hérode connut les pires difficultés et les plus grands chagrins. Cypros, sa mère, et Salomé, sa sœur, ne cessaient d’envenimer la situation. Hérode avait épousé Mariamne (Ire), petite-fille d’Hyrcan II, et fille d’Alexandre qui était fils d’Aristobule. Mariamne était remarquablement belle, et Hérode l’aimait passionnément. Cependant, la haine naquit entre elle et la mère ainsi que la sœur d’Hérode. Hérode se montrait sans cesse jaloux et suspectait les membres de sa famille, notamment ses fils, de comploter contre lui ; dans certains cas, du reste, ses soupçons étaient fondés. Sa soif de pouvoir et sa suspicion l’incitèrent à faire assassiner sa femme Mariamne, trois de ses fils, ainsi que le frère et le grand-père (Hyrcan) de sa femme, plusieurs de ceux qui étaient ses meilleurs amis, et bien d’autres encore. Il recourait à la torture pour arracher des confessions à tous ceux qui, selon lui, pouvaient posséder des renseignements susceptibles de confirmer ses soupçons.
Ses relations avec les Juifs. Hérode essaya d’apaiser les Juifs en reconstruisant le temple et en leur donnant ce qu’il fallait en temps de famine. Parfois, il diminua les impôts de certains de ses sujets. Il obtint même d’Auguste qu’il accorde des privilèges aux Juifs dans différentes régions du monde. Cependant, son caractère tyrannique et cruel l’emportait et, durant la majeure partie de son règne, il connut des difficultés avec les Juifs.
Sa maladie et sa mort. Très vraisemblablement à cause de sa vie licencieuse, Hérode finit par être atteint d’une maladie répugnante accompagnée de fièvre et, pour citer Josèphe, “ il éprouvait une insupportable démangeaison de toute la peau, de continuelles tranchées, un œdème des pieds pareil à celui des hydropiques ; en outre la tuméfaction du bas-ventre et une gangrène des parties sexuelles qui engendrait des vers, enfin l’asthme, la suffocation, des crampes de tous les membres ”. — Guerre des Juifs, I, 656 (XXXIII, 5).
Alors qu’il était déjà atteint par le mal qui allait l’emporter, il ordonna la mort d’Antipater, son fils, qui conspirait. De plus, sachant que les Juifs se réjouiraient en apprenant sa mort, Hérode ordonna de rassembler les hommes les plus illustres de leur nation à un endroit appelé l’Hippodrome, à Jéricho, et il les y fit enfermer. Il ordonna alors à ses proches de ne pas publier la nouvelle de sa mort avant que ces chefs juifs n’aient d’abord été tués. Ainsi, il était certain que toutes les familles de Judée pleureraient à ses funérailles. Cet ordre ne fut jamais exécuté, car Salomé, sœur d’Hérode, et Alexas, son mari, libérèrent ces hommes et les renvoyèrent chez eux.
Hérode était âgé de 70 ans environ lorsqu’il mourut. Il avait fait un testament dans lequel il désignait son fils Antipas comme successeur, mais, peu avant sa mort, il ajouta un codicille ou fit un nouveau testament qui désignait Archélaüs à cette fonction. Archélaüs fut reconnu comme roi par le peuple et par l’armée (la Bible dit que Joseph, le père adoptif de Jésus, apprit “ qu’Archélaüs régnait en Judée à la place de son père Hérode ” ; Mt 2:22). Mais Antipas ne l’entendait pas de cette oreille. Après avoir entendu l’affaire à Rome, César Auguste soutint Archélaüs. Cependant, il l’établit ethnarque et divisa le territoire sur lequel Hérode avait régné : la moitié échut à Archélaüs, tandis qu’Antipas et Philippe, deux autres fils d’Hérode, se partagèrent l’autre moitié.
Le massacre des enfants. Le récit biblique du massacre de tous les garçons de deux ans et au-dessous à Bethléhem et dans tout son territoire, massacre ordonné par Hérode, s’harmonise avec les autres renseignements historiques relatifs à ce personnage et à sa méchanceté. Ce drame eut lieu peu avant la mort d’Hérode, car, si Jésus fut épargné, c’est parce que ses parents l’emmenèrent en Égypte ; mais ils revinrent et se réinstallèrent en Galilée après la mort d’Hérode. Jéhovah avait prédit ces deux événements par l’intermédiaire de ses prophètes Jérémie et Hoshéa. — Mt 2:1-23 ; Jr 31:15 ; Ho 11:1.
La date de sa mort. Un problème se pose au sujet de la date de la mort d’Hérode. Certains chronologistes soutiennent qu’il mourut en l’an 5 ou 4 av. n. è. Leur chronologie est en bonne partie fondée sur l’histoire de Josèphe. Lorsque Josèphe donne la date à laquelle Hérode fut établi roi par Rome, il emploie une “ datation consulaire ”, c’est-à-dire qu’il situe l’événement par rapport à l’exercice de certains consuls romains. Datée de la sorte, l’intronisation d’Hérode aurait eu lieu en 40 av. n. è. Toutefois, Appien, un autre historien, situe l’événement en 39 av. n. è. Par le même système de datation, Josèphe place la prise de Jérusalem par Hérode en 37 av. n. è., mais il dit également que cet événement eut lieu 27 ans après que Pompée se fut emparé de la ville (en 63 av. n. è.) (Antiquités judaïques, XIV, 487, 488 [XVI, 4]). Sa mention de ce dernier événement signifierait qu’Hérode aurait pris Jérusalem en 36 av. n. è. Or, Josèphe déclare qu’Hérode mourut 37 ans après avoir été intronisé par les Romains et 34 ans après avoir pris Jérusalem (Antiquités judaïques, XVII, 190, 191 [VIII, 1]). Cela indiquerait que la date de sa mort fut 2 ou peut-être 1 av. n. è.
Il se peut que l’historien juif Josèphe ait compté les règnes des rois de Judée selon la méthode des années d’accession, comme cela s’était fait pour les rois de la lignée de David. Si Hérode fut intronisé par Rome en 40 av. n. è., sa première année de règne dura de Nisan 39 à Nisan 38 av. n. è. ; de même, si on calcule à partir de la prise de Jérusalem en 37 (ou 36) av. n. è., il commença à régner en Nisan 36 (ou 35) av. n. è. C’est pourquoi, si Hérode mourut 37 ans après son intronisation par Rome, comme le dit Josèphe, et 34 ans après la prise de Jérusalem, et si ces années sont dans chaque cas calculées en fonction de l’année du règne, sa mort a pu survenir en 1 av. n. è. Appuyant cette thèse dans The Journal of Theological Studies, W. Filmer écrit que les éléments fournis par la tradition juive font situer la mort d’Hérode le 2 Shebat (le mois de Shebat correspond, dans notre calendrier, à janvier-février). — Par H. Chadwick et H. Sparks, Oxford, 1966, vol. XVII, p. 284.
D’après Josèphe, Hérode mourut peu après une éclipse de lune et avant une Pâque (Antiquités judaïques, XVII, 167 [VI, 4] ; 213 [IX, 3]). Puisqu’il y eut une éclipse le 11 mars 4 av. n. è. (13 mars, calendrier julien), certains en ont conclu que ce fut l’éclipse dont parlait Josèphe.
Par ailleurs, il y eut une éclipse de lune totale en 1 av. n. è., 3 mois environ avant la Pâque, tandis que celle qui eut lieu en 4 av. n. è. ne fut que partielle. L’éclipse totale de 1 av. n. è. eut lieu le 8 janvier (10 janvier, calendrier julien), soit 18 jours avant le 2 Shebat, date traditionnelle de la mort d’Hérode. Une autre éclipse (partielle) se produisit le 27 décembre 1 av. n. è. (29 décembre, calendrier julien.) — Voir CHRONOLOGIE (Les éclipses de lune).
Une autre méthode de calcul se fonde sur l’âge d’Hérode à sa mort. Josèphe déclare qu’il avait environ 70 ans. D’après lui, Hérode avait 15 ans lorsqu’il fut établi gouverneur de Galilée (événement qu’on situe généralement en 47 av. n. è.) ; toutefois, les biblistes pensent qu’il s’agit d’une erreur et qu’il était sans doute question de 25 ans (Antiquités judaïques, XVII, 148 [VI, 1] ; XIV, 158 [IX, 2]). Partant, Hérode mourut en 2 ou en 1 av. n. è. Il faut toutefois savoir que la chronologie de Josèphe recèle de nombreuses incohérences et qu’elle n’est donc pas la source la plus sûre. C’est la Bible qui donne les renseignements les plus fiables.
Les faits disponibles indiquent qu’Hérode mourut probablement en 1 av. n. è. Luc, historien de la Bible, dit que Jean vint baptiser en la 15e année de Tibère César (Lc 3:1-3). Auguste mourut le 17 août 14 de n. è. Le sénat romain nomma Tibère empereur le 15 septembre. Les Romains n’utilisaient pas le système des années d’accession ; par conséquent, la 15e année de Tibère se compterait de la fin de l’an 28 de n. è. à la fin de l’an 29. Jean avait six mois de plus que Jésus et il commença son ministère (sans doute au printemps) avant Jésus, lui servant de précurseur qui prépara le chemin (Lc 1:35, 36). Jésus, qui d’après la Bible naquit en automne, avait environ 30 ans lorsqu’il vint vers Jean pour être baptisé (Lc 3:21-23). Dès lors, Jésus se fit très vraisemblablement baptiser en automne, vers octobre 29 de n. è. En remontant de 30 ans, on situe la naissance du Fils de Dieu en tant qu’humain en automne de l’an 2 av. n. è. (Comparer Lc 3:1, 23 avec la prophétie de Daniel [9:24-27] relative aux “ soixante-dix semaines ”.) — Voir SOIXANTE-DIX SEMAINES.
Les astrologues qui rendirent visite à Jésus. L’apôtre Matthieu dit qu’après la naissance de Jésus à Bethléhem, “ aux jours d’Hérode le roi ”, des astrologues venus de l’Est arrivèrent à Jérusalem et dirent qu’ils avaient vu son étoile alors qu’ils étaient encore dans l’Est. Cela éveilla immédiatement les craintes et les soupçons d’Hérode, qui se renseigna auprès des prêtres en chef et des scribes et apprit que le Christ devait naître à Bethléhem. Hérode appela ensuite les astrologues et s’informa auprès d’eux de la date à laquelle l’étoile était apparue. — Mt 2:1-7.
On note qu’un certain temps s’était écoulé depuis la naissance de Jésus, car il ne se trouvait plus dans une mangeoire, mais dans une maison avec ses parents (Mt 2:11 ; voir aussi Lc 2:4-7). Comme les astrologues ne revinrent pas le trouver pour lui apprendre où le petit enfant se trouvait, le roi ordonna le massacre de tous les garçons de Bethléhem et de son territoire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous. Entre-temps, les parents de Jésus, avertis par Dieu, l’avaient emmené en Égypte (Mt 2:12-18). La mort d’Hérode n’aurait guère pu survenir avant l’an 1 av. n. è., car, dans ce cas, Jésus (né vers le 1er octobre de l’an 2 av. n. è.) aurait eu moins de trois mois.
Par contre, Jésus n’avait pas nécessairement deux ans lors du meurtre des enfants ; peut-être n’avait-il même pas un an, puisqu’Hérode fonda ses calculs sur le moment où l’étoile était apparue aux astrologues, alors qu’ils étaient dans l’Est (Mt 2:1, 2, 7-9). Il est très possible que cette période ait été de plusieurs mois, car, si les astrologues étaient venus du centre séculaire de l’astrologie, Babylone ou la Mésopotamie, comme c’était vraisemblablement le cas, cela représentait un très long voyage. Il avait fallu au moins quatre mois aux Israélites pour revenir de Babylone quand ils avaient été rapatriés en 537 av. n. è. Hérode conclut sans doute qu’en tuant tous les petits garçons de deux ans et moins, il serait sûr de se débarrasser de celui qui était né “ roi des Juifs ”. (Mt 2:2.) Hérode mourut peu après ces événements, car Jésus ne resta apparemment pas très longtemps en Égypte. — Mt 2:19-21.
Ainsi donc, la chronologie biblique, les renseignements astronomiques et les récits historiques disponibles semblent converger sur la date de 1 av. n. è. comme celle de la mort d’Hérode, peut-être même le début de 1 de n. è.
2. Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand et de Malthace, une Samaritaine. Il fut élevé à Rome avec Archélaüs, son frère. Dans son testament, Hérode avait désigné Antipas pour la royauté ; en fin de compte, cependant, il le modifia et nomma Archélaüs. Antipas contesta le testament devant César Auguste, qui appuya la revendication d’Archélaüs, mais divisa le royaume et donna à Antipas la tétrarchie de la Galilée et de la Pérée. Le terme “ tétrarque ”, qui signifie ‘ chef d’un quart ’ de province, désignait le chef d’un petit district ou le prince d’un territoire. Toutefois, ce personnage était peut-être communément appelé roi, au même titre qu’Archélaüs. — Mt 14:9 ; Mc 6:14, 22, 25-27.
Antipas épousa la fille d’Arétas, roi d’Arabie, dont la capitale était Pétra. Mais au cours d’un de ses voyages à Rome, il rendit visite à son demi-frère Hérode Philippe (non pas Philippe le tétrarque), fils d’Hérode le Grand et de Mariamne II. Chez lui, il s’éprit d’Hérodiade, la femme de Philippe, ambitieuse de pouvoir. Il revint en Galilée avec elle et l’épousa, après avoir divorcé d’avec la fille d’Arétas et l’avoir renvoyée chez elle. Cet outrage déclencha la guerre. Arétas envahit le territoire d’Antipas et lui infligea d’énormes pertes, au point de presque le renverser. Antipas fut sauvé en faisant appel à Rome, à la suite de quoi l’empereur somma Arétas de cesser la guerre.
Antipas gagna la grande faveur de Tibère César, successeur d’Auguste. Constructeur comme son père, quoique sur une bien plus petite échelle, il bâtit une ville au bord du lac de Gennésareth (la mer de Galilée ou de Tibériade) et l’appela Tibériade, d’après le nom de l’empereur (Jn 6:1, 23). Il nomma une autre ville Julias, d’après Julie (plus communément appelée Livie), femme d’Auguste. Il construisit également des forteresses, des palais et des théâtres.
Le meurtre de Jean le baptiseur. L’union adultère qu’Hérode Antipas avait contractée avec Hérodiade lui valut un blâme de Jean le baptiseur. Jean était tout à fait en droit de le reprendre sur cette affaire, car Antipas professait le judaïsme et se disait soumis à la Loi. Antipas jeta Jean en prison ; il désirait le tuer, mais il craignait le peuple, qui le tenait pour un prophète. Néanmoins, lors d’une fête donnée pour l’anniversaire d’Antipas, la fille d’Hérodiade lui plut tant qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Hérodiade dit à sa fille de demander la tête de Jean. Bien que cela ne lui plût pas, Hérode céda lâchement pour sauver la face devant ceux qui assistaient aux festivités, et à cause de son serment. (Toutefois, sous la Loi, un serment ne le contraignait pas à perpétrer un acte illicite tel qu’un meurtre.) — Mt 14:3-12 ; Mc 6:17-29.
Plus tard, lorsqu’Antipas entendit parler du ministère de Jésus, qui prêchait, guérissait et expulsait les démons, il eut peur que Jésus ne soit autre que Jean ressuscité. S’il désirait grandement voir Jésus par la suite, ce n’était pas, semble-t-il, pour entendre sa prédication, mais parce qu’il n’était pas sûr de sa déduction. — Mt 14:1, 2 ; Mc 6:14-16 ; Lc 9:7-9.
C’est probablement un jour où Jésus traversait la Pérée pour se rendre à Jérusalem que les Pharisiens lui dirent : “ Sors et va-t’en d’ici, parce qu’Hérode veut te tuer. ” Peut-être était-ce Hérode qui faisait courir ce bruit dans l’espoir de faire fuir Jésus de son territoire par crainte, car lui-même, on peut le supposer, hésitait à pousser la hardiesse jusqu’à lever une nouvelle fois la main sur un prophète de Dieu pour le tuer. Faisant sans doute allusion à la ruse d’Hérode, Jésus, dans sa réponse, l’appela “ ce renard ”. — Lc 13:31-33.
“ Le levain d’Hérode ”. C’est sous le règne d’Hérode Antipas que Jésus donna à ses disciples cet avertissement : “ Ouvrez l’œil, prenez garde au levain des Pharisiens et au levain d’Hérode. ” (Mc 8:15). Ces deux sectes, les Pharisiens et les Hérodiens, ou gens du parti d’Hérode, s’opposaient à Jésus Christ et à ses enseignements. Bien qu’ennemies, elles considéraient le Christ comme un adversaire commun et étaient unies contre lui. Les Hérodiens formaient un parti plus politique que religieux ; ils prétendaient, dit-on, suivre la Loi, mais considéraient qu’il était permis aux Juifs de se soumettre à un prince étranger (puisque les Hérodes n’étaient pas de vrais Juifs, mais des Iduméens). Les Hérodiens étaient très nationalistes et ne supportaient ni l’idée d’un gouvernement théocratique dirigé par des rois juifs ni la domination romaine. Ils souhaitaient le rétablissement du royaume national dirigé par n’importe lequel des fils d’Hérode.
La question captieuse qu’avec les Pharisiens ils posèrent à Jésus pour tenter de le prendre au piège est un exemple révélateur de ce qu’était leur “ levain ” nationaliste. Ils demandèrent : “ Est-il permis ou non de payer à César l’impôt par tête ? Devons-nous payer ou ne devons-nous pas payer ? ” (Mc 12:13-15). Jésus les traita d’“ hypocrites ” et montra qu’il veillait à prendre garde à leur “ levain ”, car sa réponse les désarma, contrecarrant leur intention soit de l’accuser de sédition, soit de soulever le peuple contre lui. — Mt 22:15-22.
Il se moque de Jésus. Le dernier jour de sa vie terrestre, Jésus comparut devant Ponce Pilate. Quand ce dernier apprit que Jésus était Galiléen, il l’envoya à Hérode Antipas le chef du district (tétrarque) de Galilée (qui se trouvait alors à Jérusalem), parce qu’il avait lui-même eu maille à partir avec les Galiléens (Lc 13:1 ; 23:1-7). Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit, non qu’il eût souci de son bien-être ou qu’il voulût vraiment démêler le vrai du faux dans les accusations que les prêtres et les scribes portaient contre lui, mais parce qu’il désirait lui voir opérer quelque signe. Cela, Jésus refusa de le faire, et il se tut quand Hérode l’interrogea “ avec force paroles ”. Jésus savait que cette comparution devant Hérode, qui lui avait été imposée, n’était au fond qu’un simulacre. Hérode, déçu par Jésus, lui témoigna du mépris, se moqua de lui en le revêtant d’un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate, l’autorité supérieure par rapport à Rome. Les deux hommes étaient ennemis, peut-être parce qu’Hérode avait porté certaines accusations contre Pilate. Cependant, la démarche de Pilate plut à Hérode, de sorte qu’ils devinrent amis. — Lc 23:8-12.
Lorsque Pierre et Jean eurent été relâchés de leur détention peu après la Pentecôte de l’an 33, les disciples prièrent Dieu en ces termes : “ Aussi bien Hérode [Antipas] que Ponce Pilate avec les hommes des nations et avec les peuples d’Israël se sont réellement rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus [...]. Et maintenant, Jéhovah, sois attentif à leurs menaces, et accorde à tes esclaves de continuer à dire ta parole avec une pleine hardiesse. ” — Ac 4:23, 27-29.
Actes 13:1 parle d’un chrétien nommé Manaën, qui avait été éduqué avec Hérode le chef de district. Étant donné qu’Antipas fut élevé à Rome avec un certain simple citoyen, peut-être ce détail biblique est-il l’indication que Manaën fut instruit à Rome.
Banni en Gaule. Quand Agrippa Ier fut fait roi de la tétrarchie de Philippe par Gaius César (Caligula), Hérodiade en fit le reproche à son mari Antipas, lui disant que s’il n’avait pas reçu la royauté c’était uniquement à cause de son indolence. D’après elle, puisqu’il était déjà tétrarque, alors qu’Agrippa ne remplissait auparavant absolument aucune fonction, Antipas devait se rendre à Rome pour demander une royauté à César. Antipas finit par céder aux pressions incessantes de sa femme. Mais Caligula, irrité par son ambitieuse requête et prêtant l’oreille à des accusations d’Agrippa, bannit Antipas en Gaule (à Lyon) ; finalement, Antipas mourut en Espagne. Étant la sœur d’Agrippa, Hérodiade aurait pu échapper à la punition, mais, vraisemblablement par fierté, elle demeura avec son mari. La tétrarchie d’Antipas et, après qu’il eut été exilé, son argent ainsi que les biens d’Hérodiade échurent à Agrippa Ier. Ainsi, Hérodiade fut la cause des deux grands malheurs survenus à Antipas : sa défaite presque totale contre le roi Arétas et son bannissement.
3. Hérode Agrippa Ier. Petit-fils d’Hérode le Grand. Il était fils d’Aristobule, lui-même fils d’Hérode le Grand par Mariamne Ire, petite-fille du grand prêtre Hyrcan II. Aristobule avait été mis à mort par Hérode le Grand. Agrippa fut le dernier des Hérodes à être roi sur toute la Palestine, comme son grand-père.
Ses débuts. Agrippa devint “ Hérode le roi ” par suite d’un certain nombre d’intrigues et grâce à l’aide de ses amis de Rome (Ac 12:1). Élevé à Rome avec Drusus, fils de l’empereur Tibère, et Claude, son neveu, Agrippa devint une figure familière des hautes sphères de la ville. Il était extrêmement dépensier et insouciant. Criblé de dettes, débiteur même du trésor romain, il quitta Rome et s’enfuit en Idumée. Finalement, avec l’aide d’Hérodiade, sa sœur, et de sa femme, Cypros (fille du neveu d’Hérode le Grand qui avait épousé la fille d’Hérode), il s’établit quelque temps à Tibériade. Il se querella avec Antipas, ce qui l’amena à partir. Il revint enfin à Rome et retrouva les bonnes grâces de Tibère César.
Toutefois, des propos imprudents lui attirèrent des ennuis avec l’empereur Tibère. Dans un moment d’étourderie, il fit savoir à Gaius (Caligula), avec qui il avait lié amitié, qu’il souhaitait le voir prochainement empereur. Surprises par un serviteur d’Agrippa, ses paroles parvinrent aux oreilles de Tibère, qui fit jeter Agrippa en prison. Sa vie fut menacée pendant plusieurs mois, mais par la suite Tibère mourut et Caligula devint empereur. Celui-ci libéra Agrippa et l’éleva au rang de roi sur les territoires que Philippe, son oncle défunt, avait gouvernés.
En faveur auprès des empereurs romains. Jalouse de la royauté de son frère, Hérodiade persuada son mari Hérode Antipas, qui n’était que tétrarque, d’en appeler au nouvel empereur romain afin d’obtenir une couronne. Cependant, en la circonstance, Agrippa se montra plus habile qu’Antipas. Devant Gaius (Caligula), il accusa Antipas de s’être allié contre Tibère avec le conspirateur Séjan et les Parthes, ce dont Antipas ne put se défendre. Ce dernier fut donc banni. La Galilée et la Pérée, territoires d’Antipas, furent annexées au royaume d’Agrippa. Dans un passage, Josèphe dit que Caligula donna ces territoires à Agrippa, tandis qu’à deux autres endroits il déclare que c’est Claude qui le fit. C’est probablement Caligula qui en fit la promesse, et Claude qui la tint.
Lorsque Caligula fut assassiné, en 41 de n. è. au dire des historiens, Agrippa se trouvait à Rome. Il put ainsi jouer le rôle d’agent de liaison ou de négociateur entre le sénat et son ami, le nouvel empereur Claude. En gage de reconnaissance, Claude lui accorda le territoire de la Judée et de la Samarie, ainsi que le royaume de Lysanias. Désormais, Agrippa était chef d’à peu près le même territoire qu’avait possédé son grand-père Hérode le Grand. À cette époque, Agrippa demanda et obtint de Claude le royaume de Chalcis pour son frère Hérode. (Cet Hérode n’est cité dans l’Histoire qu’en qualité de roi de Chalcis, un petit territoire situé sur le versant occidental des montagnes de l’Anti-Liban.)
Il recherche la faveur des Juifs ; persécute les chrétiens. Agrippa rechercha la faveur des Juifs en prétendant pratiquer le judaïsme avec ferveur. Caligula, qui affirmait être un dieu, avait décidé d’ériger une statue de lui dans le temple de Jérusalem, mais Agrippa le persuada adroitement de n’en rien faire. Par la suite, Agrippa commença à construire un mur dans le faubourg nord de Jérusalem. Claude prit cette initiative pour une fortification possible de la ville contre une éventuelle attaque des Romains. Il ordonna donc à Agrippa de cesser les travaux. Agrippa montra qu’il n’était pas un véritable adorateur de Dieu quand il finança et organisa des combats de gladiateurs et d’autres spectacles païens au théâtre.
Les Juifs acceptaient Agrippa parce qu’il était d’origine asmonéenne du côté de Mariamne, sa grand-mère. S’il défendit la cause des Juifs soumis au joug romain, il se fit aussi une renommée peu enviable de persécuteur des chrétiens, qui en règle générale étaient détestés des Juifs incrédules. “ Il supprima par l’épée Jacques le frère de Jean. ” (Ac 12:1, 2). Voyant que cela plaisait aux Juifs, il arrêta Pierre et l’emprisonna, mais celui-ci fut délivré par l’intervention d’un ange. Cet événement provoqua une grande agitation parmi les soldats d’Agrippa et eut pour résultat le châtiment des gardes de Pierre. — Ac 12:3-19.
Exécuté par l’ange de Dieu. Le règne d’Agrippa connut une fin brutale. À Césarée, lors d’une fête en l’honneur de César, Agrippa revêtit de magnifiques vêtements royaux et commença à prononcer un discours public devant des gens de Tyr et de Sidon, rassemblés pour solliciter la paix avec lui. Son auditoire réagit en criant : “ Voix d’un dieu, et non d’un homme ! ” La Bible rapporte en ces termes l’exécution sommaire de cet hypocrite condamné : “ À l’instant même, l’ange de Jéhovah le frappa, parce qu’il n’avait pas donné la gloire à Dieu ; et il fut dévoré par les vers et expira. ” — Ac 12:20-23.
Les chronologistes situent la mort du roi Hérode Agrippa Ier en 44 de n. è., alors qu’il avait 54 ans et qu’il avait régné trois ans sur toute la Judée. Il laissa en mourant un fils, Hérode Agrippa II, et des filles, Bérénice (Ac 25:13), Drusille la femme du gouverneur Félix, et Mariamne III. — Ac 24:24.
4. Hérode Agrippa II. Arrière-petit-fils d’Hérode le Grand. C’était le fils d’Hérode Agrippa Ier et de sa femme Cypros. D’après les historiens, il fut le dernier prince de la lignée des Hérodes. Agrippa avait trois sœurs nommées Bérénice, Drusille et Mariamne III (Ac 25:13 ; 24:24). Il fut élevé à Rome, dans la maisonnée impériale. Il n’avait que 17 ans à la mort de son père, si bien que les conseillers de l’empereur Claude l’estimèrent trop jeune pour diriger les territoires paternels. En conséquence, Claude établit à sa place des gouverneurs sur ces territoires. Après être resté quelque temps à Rome, à la mort de son oncle (Hérode, roi de Chalcis) Agrippa II reçut la royauté sur Chalcis, petite principauté située sur le versant occidental de la chaîne de l’Anti-Liban.
Peu après, Claude le fit roi sur les tétrarchies qui avaient appartenu à Philippe et à Lysanias (Lc 3:1). Agrippa se vit également confier la surveillance du temple de Jérusalem et le pouvoir de nommer les grands prêtres juifs. Néron, successeur de Claude, agrandit encore ses domaines en lui accordant Tibériade et Tarichée en Galilée, ainsi que Julias en Pérée et les localités qui en dépendaient.
Plus tard, Agrippa s’attacha à agrandir le palais construit à Jérusalem par les rois asmonéens. Comme désormais il pouvait voir de son palais ce qui se passait dans la cour du temple, les Juifs érigèrent un mur qui lui bouchait la vue, et bouchait aussi la vue qu’avaient les gardes romains depuis une certaine position élevée. Cela irrita Hérode et Festus, mais les Juifs en appelèrent à Néron, qui leur permit de garder le mur. Agrippa embellit également Césarée de Philippe (dont il changea le nom en Néronias, en l’honneur de Néron). Suivant l’exemple de son père, il construisit un théâtre à Béryte, en Phénicie, et dépensa beaucoup d’argent dans des spectacles qu’il y organisa.
Le bruit courait qu’Agrippa entretenait une liaison incestueuse avec Bérénice, sa sœur, qui avait quitté son mari, le roi de Cilicie (Antiquités judaïques, par F. Josèphe, XX, 145, 146 [VII, 3]). Josèphe n’indique nulle part si Agrippa était marié ou non.
Lorsqu’il devint évident que la rébellion des Juifs contre le joug romain (66-70 de n. è.) ne pourrait qu’aboutir à une catastrophe nationale, Agrippa tenta de les persuader d’adopter une attitude plus modérée. Ses tentatives restant sans écho, il abandonna les Juifs et se joignit à l’armée romaine ; il fut blessé par une pierre de fronde au cours du combat.
La défense de Paul devant lui. Les Écritures présentent le roi Hérode Agrippa II et Bérénice, sa sœur, au moment où ceux-ci firent une visite de politesse au gouverneur Festus, vers 58 de n. è. (Ac 25:13.) Festus avait succédé au gouverneur Félix. C’est pendant le gouvernorat de ce dernier que les Juifs avaient accusé l’apôtre Paul, mais Félix, qui voulait se concilier la faveur des Juifs, avait laissé Paul lié quand il avait quitté cette fonction (Ac 24:27). Soit dit en passant, Félix était le beau-frère d’Agrippa, car il avait épousé sa sœur Drusille (Ac 24:24). Alors que Paul attendait que d’autres dispositions soient prises en réponse à son appel à César (Ac 25:8-12), le roi Agrippa fit savoir au gouverneur Festus qu’il désirait entendre ce que Paul avait à dire (Ac 25:22). Paul se réjouit de présenter sa défense devant Agrippa, qui, selon ses propres paroles, ‘ s’y connaissait dans toutes les coutumes ainsi que dans les controverses parmi les Juifs ’. (Ac 26:1-3.) Le raisonnement puissant de Paul poussa Agrippa à s’exclamer : “ En peu de temps tu me persuaderais de devenir chrétien. ” À quoi Paul répondit : “ Qu’il faille peu ou beaucoup de temps, je souhaiterais devant Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis moi-même, à l’exception de ces liens. ” (Ac 26:4-29). Agrippa et Festus aboutirent à la conclusion que Paul était innocent, mais que, comme il en avait appelé à César, il fallait l’envoyer à Rome pour qu’il soit jugé. — Ac 26:30-32.
Après la destruction de Jérusalem en 70, Hérode Agrippa se rendit avec sa sœur Bérénice à Rome, où il fut nommé préteur. Agrippa mourut sans enfant vers l’an 100 de n. è.
5. Hérode Philippe. Fils d’Hérode le Grand par Mariamne II, fille du grand prêtre Simon. Philippe fut le premier mari d’Hérodiade, qui divorça d’avec lui pour se marier avec son demi-frère, Hérode Antipas. La Bible le mentionne incidemment en Matthieu 14:3, en Marc 6:17, 18 et en Luc 3:19.
Le nom d’Hérode Philippe le distingue de Philippe le tétrarque, car, d’après Josèphe, ce dernier était aussi fils d’Hérode le Grand, mais par une autre femme, Cléopâtre de Jérusalem.
Philippe semblait promis à la succession de son père. En effet, il était l’aîné après ses demi-frères Antipater, Alexandre et Aristobule, que leur père avait tous trois exécutés. Dans l’un de ses premiers testaments, Hérode l’avait cité comme successeur après Antipater. Toutefois, il l’omit dans son dernier testament, et le royaume échut à Archélaüs. D’après Josèphe, Hérode ôta le nom de Philippe de son testament parce que Mariamne II, la mère de ce dernier, avait été informée du complot qu’Antipater avait tramé contre lui, mais ne l’avait pas dévoilé.
Philippe eut une fille, Salomé, par Hérodiade. C’est sans doute elle qui dansa devant Hérode Antipas et qui, sur le conseil de sa mère, demanda la tête de Jean le baptiseur. — Mt 14:1-13 ; Mc 6:17-29.
6. Philippe le tétrarque. Fils d’Hérode le Grand par sa femme Cléopâtre de Jérusalem. Il fut élevé à Rome. Il épousa Salomé, fille d’Hérode Philippe et d’Hérodiade. Lorsque son père mourut, César Auguste divisa le royaume et donna à Philippe la tétrarchie qui comprenait l’Iturée, la Trachonitide et d’autres territoires proches, ainsi qu’un revenu annuel de 100 talents. (Peut-être l’Iturée lui fut-elle donnée plus tard, ce qui expliquerait que Josèphe l’omette.) Il exerça plus de 30 ans. Josèphe dit : “ Il avait montré un caractère modéré et pacifique à l’égard de ses sujets. En effet, il passait toute l’année dans les terres qui lui appartenaient. ” Josèphe poursuit en disant que, où qu’il lui arrive de se trouver, Philippe siégeait pour juger et écoutait les affaires sans tarder. Il mourut à Julias et fut enterré en grande pompe. Comme il ne laissa pas de fils, l’empereur Tibère réunit sa tétrarchie à la province de Syrie. — Antiquités judaïques, XVIII, 106-108 (IV, 6).
Le nom de Philippe apparaît une seule fois dans la Bible, lorsqu’est située l’époque du ministère de Jean le baptiseur (Lc 3:1). Ce texte, associé aux renseignements que l’Histoire fournit sur les règnes d’Auguste et de Tibère, montre que le ministère de Jean commença en 29 de n. è.
[Diagramme, page 1113]
(Voir la publication)
GÉNÉALOGIE PARTIELLE DES HÉRODES
(Les noms des hommes sont en capitales)
ANTIPATER Ier
ANTIPATER II et Cypros (sa femme)
PHASAËL
HÉRODE LE GRAND (Mt 2:1-22 ; Lc 1:5)
JOSEPH
PHÉRORAS
Salomé
FEMMES D’HÉRODE LE GRAND
Doris
ANTIPATER
Mariamne Ire
ALEXANDRE
ARISTOBULE
HÉRODE Roi de Chalcis
AGRIPPA Ier Roi de Palestine (Ac 12:1-6, 18-23)
AGRIPPA II Roi de Chalcis ; il reçut plus tard le territoire qui appartenait à Philippe le tétrarque, ainsi que d’autres régions (Ac 25:13, 22-27 ; 26:1, 2, 19-32)
Mariamne III
Drusille Femme de Félix (Ac 24:24)
Bérénice (Ac 25:13, 23 ; 26:30)
Hérodiade Mère de Salomé (Mt 14:3, 4, 6-8)
Salempsio
Cypros
Mariamne II
HÉRODE PHILIPPE Premier mari d’Hérodiade (Mt 14:3)
Salomé
Cléopâtre de Jérusalem
PHILIPPE Tétrarque d’Iturée, de Trachonitide et des territoires proches (Lc 3:1)
Malthace
ARCHÉLAÜS Roi de Judée ; plus tard ethnarque (Mt 2:22)
ANTIPAS Tétrarque de Galilée et de Pérée ; communément appelé “ roi ” ; deuxième mari d’Hérodiade (Mt 14:1-12 ; Mc 6:14-29 ; Lc 3:1, 19, 20 ; 13:31, 32 ; 23:6-15 ; Ac 4:27 ; 13:1)
(Hérode le Grand eut cinq autres femmes et 15 enfants en tout.)
[Illustration, page 1112]
Ruines d’un palais à plusieurs étages construit par Hérode le Grand au sommet de Massada.
[Illustration, page 1117]
Pièce de bronze représentant la tête de Domitien et, sur le côté pile, le nom du roi Agrippa (II).