FILS DE DIEU
L’expression “ Fils de Dieu ” désigne principalement Christ Jésus. Parmi les autres personnes appelées “ fils de Dieu ” se trouvent les créatures spirituelles intelligentes que Dieu fit venir à l’existence, l’homme Adam avant qu’il ne pèche, et les humains avec qui Dieu entretenait des rapports sur le fondement de relations d’alliance.
“ Les fils du vrai Dieu. ” La Bible mentionne pour la première fois “ les fils du vrai Dieu ” en Genèse 6:2-4. D’après ce récit, ces fils “ remarquèrent les filles des hommes : ils virent qu’elles étaient belles ; et ils se mirent à prendre pour eux des femmes, c’est-à-dire toutes celles qu’ils choisirent ”. C’était avant le déluge universel.
De nombreux commentateurs disent que ces ‘ fils de Dieu ’ étaient eux-mêmes des humains, plus précisément des hommes de la lignée de Seth. Ils s’appuient sur le fait que la lignée de Seth était celle par laquelle vint Noé, qui craignait Dieu, et que contrairement à elle les autres lignées issues d’Adam, celle de Caïn et celles de tous ses autres fils (Gn 5:3, 4), furent anéanties au déluge. Ainsi, d’après eux, dire que “ les fils du vrai Dieu ” prirent pour femmes “ les filles des hommes ” signifie que les Sethites se marièrent avec des descendantes du méchant Caïn.
Toutefois, rien ne montre que Dieu ait fait une telle distinction entre les lignées familiales à cette époque. Aucun élément biblique ne vient confirmer qu’il soit ici question de mariages entre la lignée de Seth et celle de Caïn, ni que ces unions aient amené la naissance d’“ hommes forts ” dont parle le verset Gn 6:4. Il est vrai que l’expression “ fils des hommes [ou : “ des humains ”] ” (que les tenants de l’explication ci-dessus opposent à l’expression “ fils de Dieu ”) est souvent utilisée dans un sens péjoratif, mais ce n’est pas systématique. — Voir Ps 4:2 ; 57:4 ; Pr 8:22, 30, 31 ; Jr 32:18, 19 ; Dn 10:16.
Les fils angéliques de Dieu. En revanche, il y a une explication qui se trouve étayée dans les Écritures. L’expression “ fils du vrai Dieu ” figure ensuite en Job 1:6, et là elle désigne manifestement les fils spirituels de Dieu assemblés en sa présence, parmi lesquels se présenta aussi Satan, qui venait de “ rôder par la terre ”. (Jb 1:7 ; voir aussi 2:1, 2.) De même, en Job 38:4-7, “ les fils de Dieu ” qui “ poussaient des acclamations ” lorsque Jéhovah ‘ posa la pierre angulaire ’ de la terre étaient indiscutablement ses fils angéliques, et non des humains descendant d’Adam (lequel n’avait pas encore été créé). Pareillement, “ les fils de Dieu ” en Psaume 89:6 sont sans aucun doute des créatures célestes, et non terrestres. — Voir DIEU (Les mots hébreux).
Les partisans de l’explication donnée plus haut ne veulent pas voir dans “ les fils du vrai Dieu ” de Genèse 6:2-4 des créatures angéliques, car, disent-ils, le contexte dans son intégralité évoque la méchanceté des hommes. Cependant, cette objection n’est pas valable puisque l’intrusion pernicieuse de créatures spirituelles dans les affaires humaines pouvait, sans l’ombre d’un doute, favoriser ou accélérer l’accroissement de la méchanceté des hommes. À l’époque où Jésus était sur la terre, sans être matérialisés sous forme visible les esprits méchants étaient à l’origine de la conduite extrêmement mauvaise de certains humains (voir DÉMON ; DÉMON [POSSESSION D’UN]). Il est logique qu’une immixtion des fils angéliques de Dieu dans les affaires humaines soit signalée dans le récit de la Genèse précisément parce qu’elle explique en grande partie la gravité de la situation qui régnait sur terre avant le déluge.
À l’appui, on a ce qu’écrivit l’apôtre Pierre au sujet des “ esprits en prison, qui, autrefois, avaient désobéi, quand la patience de Dieu attendait aux jours de Noé ” (1P 3:19, 20), et au sujet des “ anges qui avaient péché ”, mentionnés en rapport avec le “ monde ancien ” de l’époque de Noé (2P 2:4, 5). On a aussi les propos de Jude concernant “ les anges qui n’ont pas gardé leur position originelle, mais ont abandonné leur demeure naturelle ”. (Jude 6.) Si on nie que “ les fils du vrai Dieu ” de Genèse 6:2-4 étaient des créatures spirituelles, alors ces déclarations des écrivains chrétiens deviennent énigmatiques, car plus rien n’explique en quoi les anges désobéirent, ni le rapport qui existe entre cette désobéissance et l’époque de Noé.
Il est certain que des anges se matérialisèrent parfois en prenant un corps humain, allant jusqu’à manger et boire avec les hommes (Gn 18:1-22 ; 19:1-3). De l’affirmation de Jésus selon laquelle les hommes et les femmes ressuscités ne se marient ni ne sont donnés en mariage, mais sont comme “ des anges dans le ciel ”, on déduit qu’il n’y a pas de mariage entre ces créatures célestes, car rien n’indique qu’il existe chez eux une distinction mâle-femelle (Mt 22:30). Toutefois, cela ne veut pas dire que les créatures angéliques étaient incapables de se matérialiser sous une forme humaine et de contracter mariage avec des femmes. Il est à noter qu’aussitôt après sa remarque sur les anges qui n’avaient pas gardé leur position originelle et avaient abandonné leur “ demeure naturelle ” (il veut sûrement parler ici de l’abandon du monde invisible), Jude ajoute : “ Pareillement Sodome et Gomorrhe et les villes d’alentour, après qu’elles eurent commis, de la même manière que ceux-là, la fornication avec excès et furent allées après la chair pour un usage contre nature, sont placées devant nous comme un exemple qui est un avertissement. ” (Jude 6, 7). Ainsi, tous ces éléments bibliques concordants montrent qu’aux jours de Noé des anges dévièrent et s’adonnèrent à des actes contraires à leur nature spirituelle. Il n’y a donc, semble-t-il, aucune raison valable de douter que les ‘ fils de Dieu ’ de Genèse 6:2-4 soient des fils angéliques. — Voir NEPHILIM.
Le premier fils humain et ses descendants. Ayant été créé par Dieu, Adam fut le premier “ fils de Dieu ” humain (Gn 2:7 ; Lc 3:38). Lorsqu’il fut condamné à mort pour avoir péché volontairement et fut expulsé du lieu protégé de Dieu qu’était l’Éden, il fut en quelque sorte renié par Dieu et perdit le lien filial qui l’unissait à son Père céleste. — Gn 3:17-24.
Ses descendants naquirent avec un penchant héréditaire au péché (voir PÉCHÉ). Étant nés de quelqu’un que Dieu avait rejeté, ils ne pouvaient revendiquer la relation de fils de Dieu simplement de par leur naissance. C’est ce que l’apôtre Jean indique en Jean 1:12, 13. Il montre que ceux qui ont reçu Christ Jésus, qui exerçaient la foi dans son nom, se sont vu accorder “ pouvoir de devenir enfants de Dieu [...] nés, non du sang ou d’une volonté de chair ou de la volonté de l’homme, mais de Dieu ”. Ainsi, la filiation par rapport à Dieu n’est pas considérée comme quelque chose que reçoivent automatiquement tous les descendants d’Adam à la naissance. Comme ce texte et d’autres le montrent, depuis qu’Adam est tombé dans le péché, pour que des humains soient appelés “ fils ” de Dieu il faut qu’ils soient reconnus par lui d’une façon particulière. On en a un exemple dans les relations qu’il a entretenues avec Israël.
“ Israël est mon fils. ” S’adressant à Pharaon, qui se prenait pour un dieu et un fils du dieu égyptien Râ, Jéhovah appela Israël “ mon fils, mon premier-né ”, et intima cet ordre au monarque : “ Renvoie mon fils pour qu’il me serve. ” (Ex 4:22, 23). Par conséquent, Dieu considérait toute la nation d’Israël comme son “ fils ”, parce qu’elle était son peuple choisi, un “ bien particulier, parmi tous les peuples ”. (Dt 14:1, 2.) Si Jéhovah est appelé le “ Créateur ” d’Israël, “ Celui qui l’a formé ”, son “ Père ”, Celui du nom de qui ce peuple était appelé, c’est non seulement parce qu’il est la Source de toute vie, mais plus précisément parce que, conformément à l’alliance abrahamique, il avait produit ce peuple (voir Ps 95:6, 7 ; 100:3 ; Is 43:1-7, 15 ; 45:11, 12, 18, 19 ; 63:16). Il avait ‘ aidé Israël dès le ventre ’, c’est-à-dire, de toute évidence, dès le commencement de son histoire en tant que peuple. Il l’avait ‘ formé ’ par ses manières d’agir envers lui et par l’alliance de la Loi, mettant ainsi au point les caractéristiques et les structures de cette nation (Is 44:1, 2, 21 ; voir la façon dont Dieu s’adressa à Jérusalem en Éz 16:1-14 et les paroles de Paul en Ga 4:19 et en 1Th 2:11, 12). Jéhovah avait protégé, porté et corrigé les Israélites, il avait subvenu à leurs besoins comme un père l’aurait fait pour son fils (Dt 1:30, 31 ; 8:5-9 ; voir aussi Is 49:14, 15). Comme un “ fils ”, la nation devait contribuer à la louange de son Père (Is 43:21 ; Ml 1:6). Sans cela, Israël démentirait sa qualité de fils (Dt 32:4-6, 18-20 ; Is 1:2, 3 ; 30:1, 2, 9), ce que firent certains Israélites qui adoptèrent une conduite honteuse et qui furent appelés ‘ fils de bélial ’ (expression hébraïque littérale traduite par “ vauriens ” en Dt 13:13 et dans d’autres textes ; voir aussi 2Co 6:15). Ils devinrent des “ fils renégats ”. — Jr 3:14, 22 ; voir aussi 4:22.
C’était en considérant l’ensemble de leur nation, en raison de leurs relations d’alliance, que Dieu traitait les Israélites comme des fils. En effet, Dieu se désigne lui-même non seulement comme leur “ Auteur ”, mais aussi comme leur “ Racheteur ”, voire comme leur “ propriétaire-époux ”, plaçant Israël, par cette dernière expression, dans la relation d’une femme vis-à-vis de lui (Is 54:5, 6 ; voir aussi Is 63:8 ; Jr 3:14). Selon toute apparence, c’est en pensant à leurs relations d’alliance et en reconnaissant devoir à Dieu la formation de leur nation que les Israélites s’adressaient à Jéhovah en l’appelant “ notre Père ”. — Is 63:16-19 ; voir aussi Jr 3:18-20 ; Ho 1:10, 11.
Éphraïm devint la tribu prééminente du royaume du Nord, celui des dix tribus, son nom désignant souvent l’ensemble de ce royaume. Puisque Jéhovah avait décidé qu’Éphraïm recevrait de son grand-père Jacob la bénédiction du fils premier-né à la place de Manassé, le véritable fils premier-né de Joseph, il était exact qu’il dise “ mon premier-né ” pour parler de la tribu d’Éphraïm. — Jr 31:9, 20 ; Ho 11:1-8, 12 ; voir aussi Gn 48:13-20.
Des ‘ fils ’ israélites à titre individuel. Dieu appela aussi ‘ fils ’, dans un sens particulier, certains membres de la nation d’Israël. Le Psaume 2, attribué à David en Actes 4:24-26, s’applique sans doute en premier à lui lorsqu’il parle du “ fils ” de Dieu (Ps 2:1, 2, 7-12). Comme l’indique le contexte du passage des Actes précité, ce psaume s’accomplit plus tard en la personne de Christ Jésus. Puisque, d’après le contexte du psaume, Dieu s’adressa non pas à un bébé, mais à un adulte, quand il dit : “ Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je suis devenu ton père ”, cette filiation résultait du fait que Dieu avait choisi spécialement David pour la royauté et agissait comme un père envers lui (voir Ps 89:3, 19-27). D’une manière semblable, Jéhovah parla de Salomon le fils de David en ces termes : “ Moi je deviendrai son père, et lui deviendra mon fils. ” — 2S 7:12-14 ; 1Ch 22:10 ; 28:6.
La perte de la position de fils. Lorsque Jésus était sur la terre, les Juifs prétendaient encore avoir Dieu pour “ Père ”. Pourtant, Jésus déclara sans ménagement à certains opposants qu’ils venaient ‘ de leur père le Diable ’, car ils écoutaient l’adversaire de Dieu, accomplissant sa volonté et ses œuvres ; ils montraient ainsi qu’ils n’étaient “ pas de Dieu ”. (Jn 8:41, 44, 47.) Voilà qui montre encore que les descendants d’Adam ne peuvent être fils de Dieu de par quelque ascendance selon la chair, mais avant tout grâce aux relations spirituelles que Dieu peut leur donner d’entretenir avec lui. De plus, ces relations exigent que les “ fils ” gardent la foi en Dieu, en manifestant ses qualités, en se soumettant à sa volonté et en servant fidèlement son dessein et sa cause.
Les fils de Dieu chrétiens. Comme cela ressort clairement de Jean 1:11, 12, seuls quelques membres de la nation d’Israël, ceux qui exercèrent la foi en Jésus Christ, reçurent “ pouvoir de devenir enfants de Dieu ”. Le sacrifice rédempteur du Christ affranchit ce “ reste ” de Juifs (Rm 9:27 ; 11:5) de l’alliance de la Loi, alliance qui, quoique bonne et parfaite, les condamnait comme pécheurs à l’esclavage du péché. Ainsi, Christ les libéra pour qu’ils reçoivent “ l’adoption comme fils ” et deviennent héritiers grâce à Dieu. — Ga 4:1-7 ; voir aussi Ga 3:19-26.
Des gens des nations, autrefois “ sans Dieu dans le monde ” (Ép 2:12), se réconcilièrent aussi avec Dieu grâce à la foi en Christ et entrèrent dans la relation de fils. — Rm 9:8, 25, 26 ; Ga 3:26-29.
Tout comme Israël, ces chrétiens constituent un peuple d’alliance, parce qu’ils sont introduits dans la “ nouvelle alliance ” validée grâce à l’application du sang versé de Christ (Lc 22:20 ; Hé 9:15). Cependant, Dieu traite avec ces chrétiens individuellement en les admettant dans cette alliance. Ayant entendu la bonne nouvelle et exercé la foi, ils sont appelés à être cohéritiers du Fils de Dieu (Rm 8:17 ; Hé 3:1), sont “ déclarés justes ” par Dieu en raison de leur foi dans la rançon (Rm 5:1, 2), et sont ainsi “ enfantés par la parole de vérité ” (Jc 1:18), ‘ naissant de nouveau ’ en qualité de chrétiens baptisés, engendrés ou produits comme fils de Dieu par son esprit, promis à la vie spirituelle dans les cieux (Jn 3:3 ; 1P 1:3, 4). Ils ont reçu, non un esprit d’esclavage tel qu’il en est résulté de la faute d’Adam, mais ‘ un esprit d’adoption comme fils, par lequel ils crient : “ Abba, Père ! ” ’, “ Abba ” étant une appellation intime et affectueuse (Rm 8:14-17 ; voir ABBA ; ADOPTION [Signification chrétienne]). Grâce à la médiation et à la prêtrise supérieures de Christ, ainsi qu’à la faveur imméritée de Dieu exprimée par son moyen, ces chrétiens engendrés de l’esprit ont avec Dieu un lien de filiation plus intime que celui qu’avait l’Israël selon la chair. — Hé 4:14-16 ; 7:19-25 ; 12:18-24.
Comment rester fils de Dieu. Leur “ nouvelle naissance ” pour cette espérance vivante (1P 1:3) n’est pas en elle-même une garantie qu’ils resteront toujours fils de Dieu. Ils doivent être “ conduits par l’esprit de Dieu ”, non par leur chair pécheresse, et ils doivent se montrer disposés à souffrir comme le Christ (Rm 8:12-14, 17). Il leur faut être “ des imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ” (Ép 5:1), reflétant les qualités divines que sont la paix, l’amour, la miséricorde et la bonté (Mt 5:9, 44, 45 ; Lc 6:35, 36), être “ irréprochables et innocents ” de toutes les choses qui caractérisent la “ génération tortueuse et pervertie ” dans laquelle ils vivent (Ph 2:15), se purifier des pratiques injustes (1Jn 3:1-4, 9, 10), obéir aux commandements de Dieu et accepter sa discipline. — 1Jn 5:1-3 ; Hé 12:5-7.
Comment atteindre la pleine adoption comme fils. Bien qu’ils soient appelés à être enfants de Dieu, tant qu’ils sont dans la chair ils ne possèdent qu’un “ gage de ce qui est à venir ”. (2Co 1:22 ; 5:1-5 ; Ép 1:5, 13, 14.) C’est pourquoi l’apôtre, même en considérant déjà ses frères chrétiens et lui comme des “ fils de Dieu ”, pouvait néanmoins dire : “ Nous aussi, qui avons les prémices, à savoir l’esprit, oui nous gémissons en nous-mêmes, tandis que nous attendons ardemment d’être adoptés comme fils, d’être libérés de notre corps par rançon. ” (Rm 8:14, 23). C’est donc après avoir vaincu le monde en restant fidèles jusqu’à la mort qu’ils deviennent fils à part entière, en étant ressuscités comme fils spirituels de Dieu et “ frères ” de Christ Jésus, son Fils principal. — Hé 2:10-17 ; Ré 21:7 ; voir aussi Ré 2:7, 11, 26, 27 ; 3:12, 21.
Ceux qui sont enfants spirituels de Dieu, appelés à cet appel céleste, savent qu’ils le sont, car ‘ l’esprit de Dieu lui-même témoigne avec leur esprit qu’ils sont enfants de Dieu ’. (Rm 8:16.) Cela signifie sans doute que leur esprit a agi comme une force irrésistible dans leur vie, les poussant à se sentir concernés par ce que dit l’esprit de Dieu par l’intermédiaire de Sa Parole inspirée lorsqu’elle parle de cette espérance céleste, et à être sensibles à la façon dont Dieu agit à leur égard par cet esprit. Ainsi, ils acquièrent la certitude d’être effectivement les enfants spirituels et les héritiers de Dieu.
La liberté glorieuse des enfants de Dieu. L’apôtre parle de “ la gloire qui va être révélée en nous ” et ajoute que “ l’attente impatiente de la création attend la révélation des fils de Dieu ”. (Rm 8:18, 19.) Puisqu’il s’agit pour ces fils d’une gloire céleste, cette “ révélation ” de leur gloire doit forcément être précédée de leur résurrection pour la vie au ciel (voir Rm 8:23). Cependant, cela signifie davantage encore, car 2 Thessaloniciens 1:6-10 parle de la “ révélation du Seigneur Jésus ” qui fera venir la punition judiciaire sur ceux qui sont jugés défavorablement par Dieu, “ à l’époque où il viendra pour être glorifié au sujet de ses saints ”. — Voir RÉVÉLATION.
Puisque, selon Paul, “ la création ” attend cette révélation qui lui permettra d’être “ libérée de l’esclavage de la corruption ” et d’avoir “ la liberté glorieuse des enfants de Dieu ”, il est évident que d’autres personnes en plus de ces “ fils de Dieu ” célestes doivent profiter de leur révélation glorieuse (Rm 8:19-23). Il est vrai que le terme grec traduit par “ création ” peut désigner toute créature, humaine ou animale, ou la création en général. Paul dit que la “ création ” en question est dans une “ attente impatiente ”, qu’elle “ attend ”, qu’elle a été “ soumise à la futilité, [mais] non de son propre gré ”, qu’elle “ sera libérée de l’esclavage de la corruption [pour avoir] la liberté glorieuse des enfants de Dieu ”, et qu’elle ‘ gémit ensemble ’ comme les “ fils ” chrétiens gémissent en eux-mêmes ; toutes ces expressions s’appliquent, sans équivoque possible, à la création humaine, à la famille humaine et non à la création en général qui compte les animaux, la végétation ou les autres œuvres de Dieu, animées ou inanimées (voir Col 1:23). Il faut donc en déduire que la révélation glorieuse des fils de Dieu fraie la voie pour que d’autres humains entrent dans des relations de réelle filiation avec Dieu et qu’ils aient la liberté liée à ces relations. — Voir DÉCLARER JUSTE (D’autres justes) ; GRANDE FOULE.
Puisque Christ Jésus est celui dont il fut prédit qu’il deviendrait le “ Père éternel ” (Is 9:6) et puisque les “ fils de Dieu ” chrétiens deviennent ses “ frères ” (Rm 8:29), logiquement il doit y avoir d’autres membres de la famille humaine qui obtiendront la vie grâce à Christ Jésus et qui sont, non pas ses cohéritiers ni des rois et prêtres adjoints, mais ses sujets sur lesquels il règne. — Voir Mt 25:34-40 ; Hé 2:10-12 ; Ré 5:9, 10 ; 7:9, 10, 14-17 ; 20:4-9 ; 21:1-4.
On peut également remarquer que Jacques (1:18) parle des “ fils de Dieu ” engendrés de l’esprit comme d’“ une sorte de prémices ” des créatures de Dieu, expression semblable à celle qui désigne, en Révélation 14:1-4, les “ cent quarante-quatre mille ” qui sont “ achetés d’entre les humains ”. Qui dit “ prémices ” suppose d’autres fruits ensuite, donc, vraisemblablement, la “ création ” de Romains 8:19-22 concerne ces ‘ fruits suivants ’, ou ‘ fruits secondaires ’, les humains qui, grâce à la foi en Christ Jésus, parviendront finalement à la qualité de fils dans la famille universelle de Dieu.
En parlant du “ système de choses ” à venir et de la “ résurrection d’entre les morts ” pour vivre dans ce système-là, Jésus déclara que les personnes concernées deviennent “ enfants de Dieu en étant enfants de la résurrection ”. — Lc 20:34-36.
Tout ce qui précède montre que la ‘ filiation ’ des humains par rapport à Dieu peut être considérée sous plusieurs aspects. Dans chaque cas, il convient donc de considérer cette filiation dans le contexte pour déterminer ce qu’elle inclut et la nature exacte de la relation filiale.
Christ Jésus, le Fils de Dieu. L’Évangile selon Jean met particulièrement l’accent sur l’existence préhumaine de Jésus, “ la Parole ”, et explique que “ la Parole devint chair et résida parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle d’un fils unique-engendré et qui vient d’un père ”. (Jn 1:1-3, 14.) Les déclarations de Jésus montrent bien que sa filiation par rapport à Dieu n’a pas commencé seulement avec sa naissance en tant qu’humain, par exemple celle-ci : “ Les choses que j’ai vues chez mon Père, moi je les dis ” (Jn 8:38, 42 ; voir aussi Jn 17:5, 24), et d’autres déclarations explicites faites par ses apôtres sous l’inspiration divine. — Rm 8:3 ; Ga 4:4 ; 1Jn 4:9-11, 14.
“ Unique-engendré. ” Certains commentateurs récusent la traduction du mot grec monogénês par l’expression “ unique-engendré ”. Ils font remarquer que la deuxième partie du mot (génês) ne vient pas de génnaô (engendrer), mais de génos (genre), et que par conséquent ce terme désigne ‘ l’unique représentant d’une catégorie ou d’un genre ’. Ainsi, de nombreuses versions présentent Jésus comme le “ Fils unique ” (BFC [Jn 1:14 ; 3:16, 18] ; Jé ; Sg) plutôt que comme le “ fils unique-engendré ” de Dieu (Jn 1:14 ; 3:16, 18 ; 1Jn 4:9). Cependant, bien que l’un et l’autre composant ne contiennent pas le sens verbal de naître, l’utilisation qui en est faite emporte manifestement l’idée d’origine ou de naissance, car le mot grec génos signifie “ souche, parenté, progéniture, race ”. Il est rendu par “ race ” en 1 Pierre 2:9. La Vulgate de Jérôme rend monogénês par unigenitus, ce qui signifie “ unique-engendré ” ou “ unique ”. De nombreux lexicographes reconnaissent que ce mot a un lien avec la naissance ou l’origine.
Dans son ouvrage (Greek and English Lexicon of the New Testament, 1885, p. 471), Edward Robinson donne de monogénês la définition suivante : “ Unique-né, unique-engendré, c.-à-d. enfant unique. ” W. Hickie (dans Greek-English Lexicon to the New Testament, 1956, p. 123) lui prête aussi le sens d’“ unique-engendré ”. Et un dictionnaire explique : “ μονο- [mono-] ne se rapporte pas à la source, mais à la nature de la provenance. μονογενής [monogénês] signifie donc : unique-engendré, seul engendré, c.-à.-d. sans frère ni sœur, ce qu’on peut rendre [...] simplement par : unique. Il désigne le seul enfant qu’ont des parents, principalement par rapport à eux. [...] Mais il peut également être utilisé dans un sens plus large, sans référence à l’extraction, si bien qu’il veut dire : unique, incomparable, sans pareil. ” — Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament, par G. Kittel, vol. IV, 1942, p. 745, 746.
Voici ce que dit le même ouvrage (p. 747-749) au sujet de l’utilisation de ce terme dans les Écritures grecques chrétiennes, ou “ Nouveau Testament ” : “ Il a le sens de : unique. [...] En [Jean] 3, :16., 18 ; 1 J 1Jn 4, :9 ; [Jean] 1, :18, la position de Jésus n’est pas simplement comparée à celle d’un fils unique par rapport à son père ; elle est celle du fils unique par rapport à son Père. [...] En J Jn 1, :14., 18 ; 3, :16., 18 ; 1 J 1Jn 4, :9, en aucun cas μονογενής ne désigne seulement le caractère unique ou incomparable de Jésus ; il est à tous ces endroits expressément assimilé au Fils [...] ou considéré comme tel [Jean] 1, :14. Dans Jn, μονογενής se rapporte à l’extraction de Jésus. Il est μονογενής en qualité d’unique. ”
Compte tenu de ces déclarations et du témoignage clair des Écritures elles-mêmes, il n’y a aucune raison de critiquer les traductions qui montrent que Jésus n’est pas simplement le Fils unique, ou incomparable, de Dieu, mais qu’il est aussi son “ Fils unique-engendré ”, donc issu de Dieu au sens de produit par Dieu. C’est ce que confirment les écrits apostoliques qui présentent ce Fils comme “ le premier-né de toute création ” et comme “ Celui qui est né [forme de génnaô] de Dieu ” (Col 1:15 ; 1Jn 5:18) ; par ailleurs, Jésus lui-même déclare être “ le commencement de la création de Dieu ”. — Ré 3:14.
Jésus est le “ premier-né ” de Dieu (Col 1:15) parce qu’il est la première création de Dieu, appelée “ la Parole ” dans son existence préhumaine (Jn 1:1). Le mot “ commencement ” en Jean 1:1 ne peut désigner le “ commencement ” de Dieu le Créateur puisqu’Il est éternel et n’a pas eu de commencement (Ps 90:2). Il s’agit donc du commencement de la création, lorsque la Parole, son Fils premier-né, a été produite par Dieu. Le terme “ commencement ” est utilisé dans d’autres textes de la même façon pour parler du début d’une période, d’une carrière ou d’une façon de se conduire, tels le “ commencement ” de la vie chrétienne de ceux à qui Jean adressa sa première lettre (1Jn 2:7 ; 3:11), le “ commencement ” du comportement rebelle de Satan (1Jn 3:8), ou le “ commencement ” de la déviation de Judas par rapport à la justice (Jn 6:64 ; voir JUDAS No 4 [Il se corrompt]). Jésus est le “ Fils unique-engendré ” (Jn 3:16) en ce sens qu’il est le seul des fils de Dieu, humains ou spirituels, à avoir été créé par Dieu seul, car tous les autres ont été créés par l’intermédiaire ou ‘ par le moyen ’ de ce Fils premier-né. — Col 1:16, 17 ; voir JÉSUS CHRIST (Son existence préhumaine) ; UNIQUE-ENGENDRÉ.
Engendré de l’esprit, retour à la condition de fils céleste. Bien sûr, lorsqu’il naquit en tant qu’humain, Jésus était toujours Fils de Dieu, comme il l’avait été au cours de son existence préhumaine. Sa naissance ne fut pas le fruit d’une conception par la semence, ou le sperme, d’un homme descendant d’Adam, mais eut lieu par l’opération de l’esprit saint de Dieu (Mt 1:20, 25 ; Lc 1:30-35 ; voir aussi Mt 22:42-45). Jésus parla de sa filiation en rapport avec Dieu à l’âge de 12 ans, lorsqu’il dit à ses parents terrestres : “ Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ” Ils ne saisirent pas le sens de ces paroles, pensant peut-être que par “ Père ” il entendait Dieu seulement dans le sens où les Israélites en général utilisaient ce mot, comme on l’a vu précédemment. — Lc 2:48-50.
Toutefois, environ 30 ans après sa naissance en tant qu’humain, lorsque Jésus fut baptisé par Jean le baptiseur, l’esprit de Dieu vint sur lui et Dieu lui dit : “ Tu es mon Fils, le bien-aimé ; je t’ai agréé. ” (Lc 3:21-23 ; Mt 3:16, 17). C’est sans doute à ce moment-là que l’homme Jésus ‘ naquit de nouveau ’ pour être un Fils spirituel ayant l’espérance de retourner vivre au ciel, et il fut oint par l’esprit afin d’être le roi et le grand prêtre établi par Dieu (Jn 3:3-6 ; voir aussi 17:4, 5 ; voir JÉSUS CHRIST [Son baptême]). Dieu s’est exprimé de façon semblable lors de la transfiguration sur la montagne, vision dans laquelle Jésus apparut dans une gloire royale (voir Mt 16:28 et 17:1-5). En rapport avec la résurrection de Christ d’entre les morts, Paul fit une application d’une partie du Psaume 2, lorsqu’il cita ces paroles de Dieu : “ Tu es mon fils, je suis devenu ton Père en ce jour ”, et il fit également une application d’un extrait de l’alliance de Dieu avec David, à savoir : “ Moi je deviendrai son père, et lui deviendra mon fils. ” (Ps 2:7 ; 2S 7:14 ; Ac 13:33 ; Hé 1:5 ; voir aussi Hé 5:5). Par le moyen de sa résurrection pour la vie spirituelle, Jésus fut “ déclaré Fils de Dieu ” (Rm 1:4) et “ déclaré juste dans l’esprit ”. — 1Tm 3:16.
Ainsi, il apparaît que tout comme David avait pu en tant qu’humain adulte ‘ devenir fils de Dieu ’ dans un sens particulier, de même Christ Jésus ‘ devint Fils de Dieu ’ d’une manière spéciale, au moment de son baptême et à sa résurrection, et aussi, semble-t-il, au moment où il fut investi de la pleine gloire du Royaume.
Fausse accusation de blasphème. Parce qu’il disait que Dieu était son Père, certains Juifs hostiles accusèrent Jésus de blasphème contre lui, disant : “ Toi, bien qu’étant un homme, tu te fais dieu. ” (Jn 10:33). Dans ce passage, la plupart des traductions mettent “ Dieu ”. Néanmoins, la Bible de la Pléiade traduit ce terme par “ dieu ”, avec un d minuscule ; un dictionnaire donne comme sens de théos en Jean 10:33 : “ Un dieu, une divinité. ” (Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament, par M. Carrez et F. Morel, Pierrefitte, 1985, p. 117 ; voir aussi The Emphatic Diaglott). En fait, dans sa réponse, Jésus lui-même corrobore cette option en citant Psaume 82:1-7. En effet, ce texte ne désignait pas des personnes appelées “ Dieu ”, mais “ des dieux ” et “ des fils du Très-Haut ”.
Comme le contexte l’indique, Jéhovah appelait “ dieux ” et “ fils du Très-Haut ” dans ce psaume les juges israélites qui pratiquaient l’injustice, la situation exigeant qu’il juge personnellement ‘ au milieu de ces dieux ’. (Ps 82:1-6, 8.) Puisque Jéhovah avait appliqué de tels termes à ces hommes, Jésus ne se rendait assurément coupable d’aucun blasphème en disant : “ Je suis le Fils de Dieu. ” Tandis que les œuvres de ces “ dieux ” magistrats démentaient qu’ils soient “ fils du Très-Haut ”, les œuvres de Jésus prouvaient immanquablement qu’il était en union, en accord, avec son Père, par des relations harmonieuses avec lui. — Jn 10:34-38.