GRÈCE, GRECS
Ces noms viennent de Graïkoï, nom d’une tribu du N.-O. de la Grèce. Les Italiens appliquèrent ce nom (lat. : Graeci) aux habitants de l’ensemble de la Grèce. Finalement, même Aristote fit dans ses écrits un emploi analogue de ce terme.
Un autre nom ancien, Ioniens, figure à partir du VIIIe siècle av. n. è. dans les inscriptions cunéiformes assyriennes, ainsi que dans les récits perses et égyptiens. Ce nom vient de celui de Yavân (héb. : Yawan), fils de Japhet et petit-fils de Noé. Yavân fut l’ancêtre japhétique des premiers occupants de la Grèce et des îles des alentours, et sans doute aussi des premiers habitants de Chypre, de certaines parties du S. de l’Italie, de la Sicile et de l’Espagne. — Gn 10:1, 2, 4, 5 ; 1Ch 1:4, 5, 7 ; voir ÉLISHA No 2 ; KITTIM ; YAVÂN.
Si, du point de vue géographique, on appelle aujourd’hui “ Ionienne ” la mer qui sépare le S. de l’Italie du S. de la Grèce (en incluant la chaîne d’îles qui longe la côte ouest de la Grèce), ce mot a cependant eu une acception plus large qui correspond davantage à l’usage que les Écritures hébraïques font du terme “ Yavân ”. Au VIIIe siècle av. n. è., le prophète Isaïe annonça le temps où les exilés de Juda, après leur retour, seraient envoyés dans des nations éloignées, dont “ Toubal et Yavân, les îles lointaines ”. — Is 66:19.
Dans les Écritures grecques chrétiennes, le pays est nommé Héllas (“ Grèce ”, Ac 20:2) et ses habitants sont appelés Héllênés. Les Grecs eux-mêmes employaient ces noms plusieurs siècles avant le début de n. è. et continuent à le faire. Il se peut que “ Héllas ” ait un lien avec “ Élisha ”, un des fils de Yavân (Gn 10:4). Après la conquête romaine de 146 av. n. è., on appela également Achaïe le centre et le S. de la Grèce.
Le pays et ses particularités. La Grèce occupait le S. de la péninsule montagneuse des Balkans, ainsi que les îles proches, celles de la mer Ionienne à l’O. et celles de la mer Égée à l’E. Au S. s’étendait la Méditerranée. Sa frontière nord est indéterminée, surtout parce qu’à l’origine les Yavanites de Grèce ne formaient pas une nation particulière. Cependant, on pense que par la suite la “ Grèce ” s’étendit jusqu’à l’Illyrie (qui bordait la côte Adriatique) et la Macédoine. D’ailleurs, les Macédoniens étaient peut-être de la même souche que ceux qui furent plus tard appelés Grecs.
Tout comme aujourd’hui, le pays était alors accidenté et rocailleux, des montagnes calcaires abruptes occupant les trois quarts de sa superficie. Les flancs des montagnes étaient abondamment boisés. Les plaines et les vallées fertiles étaient rares, et le sol rocailleux, ce qui limitait considérablement le potentiel agricole du pays. Le climat tempéré favorisait toutefois la croissance des oliviers et de la vigne. On cultivait aussi l’orge, le blé, les pommes, les figues et les grenades. Les troupeaux de moutons et de chèvres paissaient sur les terres non cultivées. Il y avait quelques gisements de minerais — argent, zinc, cuivre, plomb — et les montagnes fournissaient en abondance un marbre d’excellente qualité. La prophétie d’Ézékiel (27:1-3, 13) inclut Yavân parmi ceux qui commerçaient avec Tyr, et elle cite les “ objets de cuivre ” parmi les articles échangés.
Les atouts maritimes. Les montagnes rendaient les voyages par voie de terre lents et difficiles. Les charrettes attelées s’enlisaient facilement en hiver. C’est pourquoi la mer se prêtait le mieux au transport et à la communication pour les Grecs. Le long littoral accidenté, découpé profondément par des baies et des criques, offrait une multitude de ports et d’abris aux bateaux. Comme plusieurs golfes pénétraient dans les terres, peu d’endroits à l’intérieur des frontières anciennes se trouvaient à plus de 60 km de la mer. Le S. de la Grèce continentale, le Péloponnèse, formait presque une île. Seule une étroite bande de terre passant entre le golfe Saronique et le golfe de Corinthe relie le Péloponnèse à la Grèce centrale. (Aujourd’hui, le canal de Corinthe traverse l’isthme étroit, sans écluse, sur environ 6 km, faisant une séparation complète.)
Les Yavanites de Grèce devinrent tôt un peuple de navigateurs. Par le canal d’Otrante, le talon de la “ botte ” italienne ne se trouvait qu’à environ 160 km du N.-O. de la Grèce. À l’E., les archipels (chaînes d’îles formées par des montagnes immergées dont le sommet émerge de l’eau) étaient comme des pierres de gué géantes au travers de la mer Égée en direction de l’Asie Mineure. À l’angle nord-est de la mer Égée, un passage étroit, l’Hellespont (appelé aussi les Dardanelles), conduisait à la mer de Marmara, puis menait à la mer Noire en traversant le détroit du Bosphore. En outre, en naviguant le long de la côte méridionale de l’Asie Mineure, les navires grecs purent très tôt atteindre les rives de Syrie et de Palestine. En une journée, un bateau pouvait parcourir jusqu’à 100 km. Il fallut donc peut-être une semaine ou davantage, en fonction des conditions atmosphériques (et du nombre d’escales), pour que soient transmises les lettres de Paul aux Thessaloniciens en Macédoine, vraisemblablement écrites à Corinthe.
L’influence et la colonisation grecques ne se limitèrent pas à la Grèce continentale. Les nombreuses îles qui parsèment la mer Ionienne et la mer Égée étaient considérées comme appartenant à la Grèce au même titre que le continent. Le S. de l’Italie et la Sicile étaient inclus dans ce qu’on appelait la Grande Hellade ou, en latin, Graecia Magna. Les témoignages historiques indiquent que les Yavanites de Grèce gardaient des liens et des relations commerciales avec ceux de Tarsis (Espagne), surpassant largement les Phéniciens à cet égard. On retrouve de telles relations entre les Grecs et les Yavanites de Chypre.
Origine des tribus grecques. Les historiens modernes émettent diverses hypothèses sur l’origine des tribus grecques et sur leur arrivée dans la région. L’opinion courante selon laquelle des tribus du N. firent des “ invasions ” successives est en grande partie fondée sur des mythes grecs et des conjectures archéologiques. En réalité, l’histoire de la Grèce ne commence que vers le VIIIe siècle av. n. è. (la première olympiade ayant été célébrée en 776 av. n. è.), et on ne peut établir un récit suivi qu’à partir du Ve siècle av. n. è. C’était bien des siècles après le déluge, et par conséquent longtemps après la dispersion des familles provoquée par la confusion du langage des humains à Babel (Gn 11:1-9). Au fil de ces nombreux siècles, il se peut que d’autres groupes aient infiltré la souche originelle de Yavân et de ses fils, mais en ce qui concerne l’époque antérieure au Ier millénaire av. n. è. il n’existe que des théories de valeur discutable.
Les principales tribus grecques. Parmi les principales tribus qui peuplaient la Grèce figurent les Achéens en Thessalie, au centre du Péloponnèse et en Béotie ; les Étoliens, dans l’O. de la Grèce centrale, le N. du Péloponnèse, l’Élide, l’Étolie et les îles proches ; les Doriens dans l’E. du Péloponnèse, les îles du S. de la mer Égée et la partie sud-ouest de l’Asie Mineure ; et les Ioniens en Attique, sur l’île d’Eubée, sur les îles du milieu de la mer Égée et sur les côtes occidentales de l’Asie Mineure. Toutefois, on ne peut établir avec certitude aucun lien entre ces tribus et les Macédoniens des époques antérieures.
La tradition patriarcale et les cités-États. Les tribus d’expression grecque étaient assez indépendantes, et même au sein de ces tribus les cités-États qui se développèrent étaient aussi assez indépendantes. La géographie du pays contribuait à cette situation. De nombreux Grecs vivaient sur des îles, et sur le continent la majorité vivaient dans de petites vallées entourées de montagnes. À propos de leur structure sociale primitive, The Encyclopedia Americana présente cet avis : “ La cellule sociale de base était la maisonnée patriarcale. [...] La tradition patriarcale était profondément enracinée dans la culture grecque : seuls les éléments masculins adultes étaient les citoyens actifs d’une cité-État (polis). La famille patriarcale était enfermée dans une série de cercles concentriques rattachés par la parenté — le clan (génos), la phratrie [ou : groupe de familles], la tribu. ” (1956, vol. XIII, p. 377). Cela concorde tout à fait avec l’organisation patriarcale postdiluvienne décrite dans le livre biblique de la Genèse.
On peut rapprocher le modèle grec de celui de Canaan, où les différentes tribus (issues de Canaan) étaient constituées en petits royaumes, souvent concentrés autour d’une ville. On appelait la cité-État grecque polis. Ce terme semble s’être appliqué à l’origine à une acropole, ou hauteur fortifiée, autour de laquelle des habitations se construisaient. Par la suite, il en est venu à désigner la zone entière et les citoyens formant la cité-État. La plupart des cités-États grecques étaient petites : elles ne comptaient généralement pas plus de 10 000 citoyens (plus les femmes, les esclaves et les enfants). À son apogée, au Ve siècle av. n. è., Athènes n’aurait compté que quelque 43 000 citoyens masculins. Sparte n’en avait que 5 000 environ. Comme les petits royaumes cananéens, des cités-États grecques se liguaient parfois et se battaient entre elles. Le pays demeura divisé sur le plan politique jusqu’à l’époque de Philippe (II) de Macédoine.
Les expériences démocratiques. Si la façon de gouverner de la plupart des cités-États grecques est obscure (car on ne connaît assez bien que celles d’Athènes et de Sparte), tout porte à croire que leurs gouvernements finirent par être très différents de ceux de Canaan, de Mésopotamie ou d’Égypte. Au moins pendant la période qu’on pourrait qualifier d’historique, au lieu de rois les cités-États grecques avaient des magistrats, des conseils et une assemblée (ékklêsia) de citoyens. Athènes fit l’expérience d’une démocratie directe (le terme “ démocratie ” venant du grec dêmos, qui signifie “ peuple ”, et de kratos, “ domination ”). Sous ce régime, tous les citoyens formaient le corps législatif : ils prenaient la parole et votaient dans l’assemblée. Toutefois, ces “ citoyens ” étaient une minorité, puisque les femmes, les résidents nés à l’étranger et les esclaves ne jouissaient pas des droits du citoyen. On estime que les esclaves représentaient jusqu’au tiers de la population de nombreuses cités-États, et c’était sans aucun doute grâce à leur travail que les “ citoyens ” avaient le temps libre nécessaire pour participer à l’assemblée politique. Fait intéressant, dans la première allusion que les Écritures hébraïques font à la Grèce, vers le IXe siècle av. n. è., il est question de Judéens vendus comme esclaves par Tyr, Sidon et la Philistie aux “ fils des Grecs [littéralement : “ Yavanites ” ou “ Ioniens ”] ”. — Yl 3:4-6.
L’artisanat et le commerce. En plus de se livrer à l’agriculture, leur activité principale, les Grecs produisaient et exportaient de nombreux produits manufacturés. Les vases grecs devinrent célèbres dans tout le bassin méditerranéen ; les objets d’argent et d’or ainsi que les étoffes de laine étaient également importants. La Grèce foisonnait de petites boutiques indépendantes dont les propriétaires étaient des artisans qui se faisaient aider par quelques ouvriers, esclaves ou hommes libres. Dans la ville grecque de Corinthe, l’apôtre Paul s’associa à Aquila et à Priscille pour fabriquer des tentes, probablement à partir d’un tissu fait de poil de chèvre qu’on trouvait facilement en Grèce (Ac 18:1-4). Grâce à sa position stratégique, près du golfe de Corinthe et du golfe Saronique, Corinthe devint un grand centre commercial. Les autres villes commerciales principales étaient Athènes et Égine.
La culture et les arts grecs. L’instruction chez les Grecs était réservée aux garçons et avait pour objectif premier de former de “ bons citoyens ”. Mais chaque cité-État avait sa conception du bon citoyen. À Sparte, l’éducation était presque exclusivement physique (opposer au conseil de Paul à Timothée en 1Tm 4:8). Les garçons étaient enlevés de chez leurs parents à l’âge de 7 ans et encasernés jusqu’à 30 ans. À Athènes, l’accent finit par être davantage mis sur la littérature, les mathématiques et les arts. Un esclave de confiance, appelé païdagôgos, accompagnait l’enfant à l’école où sa formation commençait à l’âge de 6 ans. (Noter en Ga 3:23-25 la comparaison que Paul établit entre la Loi mosaïque et un païdagôgos ; voir PRÉCEPTEUR.) La poésie était très populaire à Athènes, et les élèves devaient apprendre de nombreux poèmes par cœur. Bien que Paul ait été instruit à Tarse, en Cilicie, pour faire accepter son message à Athènes il fit une brève citation poétique (Ac 17:22, 28). Le théâtre, qu’il s’agisse de tragédies ou de comédies, devint populaire.
À Athènes, et plus tard dans la Grèce entière, une grande importance était accordée à la philosophie. Parmi les principaux groupes de philosophes figuraient les sophistes, qui soutenaient que la vérité était une question d’opinion personnelle ; cette pensée (qui rappelle celle des hindous) était repoussée par de célèbres philosophes tels Socrate, son disciple Platon, et Aristote, disciple de Platon. D’autres philosophies avaient trait à la source ultime du bonheur. Les stoïciens affirmaient que le bonheur consiste à vivre en accord avec la raison et qu’elle seule importe. Les épicuriens pensaient que le plaisir est la véritable source du bonheur. (Opposer à ce que Paul dit aux Corinthiens en 1Co 15:32.) C’est entre autres des philosophes de ces deux dernières écoles qui discutèrent avec Paul à Athènes, ce qui lui valut d’être emmené à l’Aréopage pour y être entendu (Ac 17:18, 19). Les sceptiques, qui appartenaient à une autre école de philosophie, disaient quant à eux que rien n’était vraiment important dans la vie.
Les Grecs en tant que peuple, tout au moins aux périodes tardives, étaient curieux et typiquement friands de débats et de discussions à propos de choses nouvelles (Ac 17:21). Ils s’efforçaient de trouver par la logique humaine (et la spéculation) la réponse à des questions fondamentales relatives à la vie et à l’univers. Aussi se considéraient-ils comme l’intelligentsia du monde antique. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul mit cette sagesse et cet intellectualisme humains à la place qui leur revenait lorsqu’il déclara, entre autres : “ Si quelqu’un parmi vous pense être sage dans ce système de choses, qu’il devienne sot pour devenir sage. [...] ‘ Jéhovah sait que les raisonnements des sages sont futiles. ’ ” (1Co 1:17-31 ; 2:4-13 ; 3:18-20). Malgré tous leurs débats et leurs recherches philosophiques, leurs écrits révèlent qu’ils ne trouvèrent aucune source véritable d’espoir. Les professeurs J. Sterrett et S. Angus ont fait cette remarque : “ Il n’est pas d’écrits qui contiennent plus de lamentations pathétiques sur ce que la vie a de malheureux, sur ce que l’amour a d’éphémère, sur ce que l’espoir a de trompeur et sur ce que la mort a d’impitoyable. ” — Funk and Wagnalls New Standard Bible Dictionary, 1936, p. 313.
La religion grecque. C’est la poésie épique d’Homère qui donne l’aperçu le plus ancien de la religion grecque. Les historiens lui attribuent deux poèmes épiques, l’Iliade et l’Odyssée. Les plus anciens extraits sur papyrus de ces poèmes datent, croit-on, d’un peu avant 150 av. n. è. G. Murray, professeur de grec, dit à propos de ces textes antiques qu’ils “ diffèrent ‘ considérablement ’ de notre vulgate ”, c’est-à-dire du texte qui a été communément accepté ces derniers siècles (Encyclopædia Britannica, 1942, vol. 11, p. 689). Ainsi, contrairement à la Bible, l’intégrité des textes homériques n’a pas été préservée ; ils existaient dans un état extrêmement variable, comme le démontre le professeur Murray. Les poèmes homériques se rapportaient à des héros et à des dieux guerriers qui ressemblaient beaucoup aux hommes.
On trouve dans la religion grecque des traces de l’influence babylonienne. Une ancienne fable grecque est presque une traduction littérale d’un original akkadien.
On attribue à un autre poète, Hésiode, probablement du VIIIe siècle av. n. è., la systématisation de la kyrielle de légendes et de mythes grecs. Les poèmes homériques et la Théogonie d’Hésiode constituaient les principaux écrits sacrés, ou théologie, des Grecs.
À propos des mythes grecs, il est intéressant de considérer la lumière que la Bible fait sur leur origine possible, voire probable. Selon Genèse 6:1-13, avant le déluge des fils angéliques de Dieu vinrent sur la terre, sans doute en se matérialisant sous forme humaine, et couchèrent avec des femmes séduisantes. Ils engendrèrent une progéniture appelée Nephilim, ou Tombeurs, c’est-à-dire “ Ceux qui font tomber [les autres] ”. À cause de cette union contre nature de créatures spirituelles et d’humains, et de la race hybride qui en fut le produit, la terre se remplit d’immoralité et de violence (voir Jude 6 ; 1P 3:19, 20 ; 2P 2:4, 5 ; voir NEPHILIM). Comme les autres hommes des temps postdiluviens, Yavân, l’ancêtre du peuple grec, entendit sans aucun doute parler de l’époque et des conditions antédiluviennes, probablement de la bouche de Japhet, son père, un survivant du déluge. Voyons maintenant ce que révèlent les écrits attribués à Homère et à Hésiode.
Les dieux et déesses innombrables qu’ils décrivirent avaient une forme humaine et étaient d’une grande beauté, bien qu’ils fussent souvent des géants supra-humains. Ils mangeaient, buvaient, dormaient, avaient des rapports sexuels entre eux et même avec des humains, vivaient en familles, se disputaient et se battaient, séduisaient et violaient. Bien qu’étant tenus pour saints et immortels, ils étaient capables de n’importe quelle sorte de tromperie et de crime. Ils pouvaient circuler parmi les hommes visiblement ou invisiblement. Avec le temps, des écrivains et des philosophes grecs s’efforcèrent de purger les récits d’Homère et d’Hésiode de certains des actes les plus ignobles attribués aux dieux.
Ces récits sont peut-être le reflet, bien que très amplifié, embelli et dénaturé, du récit authentique des conditions qui prévalaient avant le déluge et que rapporte la Genèse. On trouve un autre parallèle étonnant : en plus des dieux principaux, les légendes grecques parlent de demi-dieux ou héros issus à la fois de dieux et d’humains. Ces demi-dieux étaient doués d’une force supra-humaine, mais ils étaient mortels (parmi eux, seul Hercule eut le privilège d’accéder à l’immortalité). Ces demi-dieux présentent donc une ressemblance frappante avec les Nephilim du récit de la Genèse.
Remarquant cette correspondance fondamentale, l’orientaliste E. Speiser a fait remonter le thème des mythes grecs jusqu’en Mésopotamie (The World History of the Jewish People, 1964, vol. 1, p. 260). C’est en Mésopotamie que se trouvaient Babylone ainsi que l’endroit d’où les humains se dispersèrent après la confusion du langage. — Gn 11:1-9.
Les principaux dieux grecs résidaient, croyait-on, sur les hauteurs du mont Olympe (2 920 m d’altitude), au S. de la ville de Bérée. (Paul était assez près des pentes de l’Olympe lorsqu’il accomplit son ministère chez les Béréens au cours de son deuxième voyage missionnaire ; Ac 17:10.) Parmi les dieux olympiens figuraient Zeus (appelé Jupiter par les Romains ; Ac 28:11), dieu du ciel ; Héra (la Junon romaine), femme de Zeus ; Gê ou Gaea, déesse de la terre qu’on appelait également la Grande Mère ; Apollon, dieu solaire et de la mort subite, qui décochait de loin ses flèches mortelles ; Artémis (la Diane romaine), déesse de la chasse (une autre Artémis, déesse de la fécondité, était particulièrement vénérée à Éphèse ; Ac 19:23-28, 34, 35) ; Arès (le Mars des Romains), dieu de la guerre ; Hermès (Mercure chez les Romains), dieu des voyageurs, du commerce et de l’éloquence, messager des dieux (les habitants de Lystres, en Asie Mineure, appelèrent Barnabas “ Zeus, mais Paul, Hermès, puisque c’était lui le porte-parole ” ; Ac 14:12) ; Aphrodite (la Vénus romaine), déesse de la fécondité et de l’amour, considérée comme la “ sœur de l’Ishtar assyro-babylonienne et de l’Astarté syro-phénicienne ” (Greek Mythology, par P. Hamlyn, Londres, 1963, p. 63) ; et une foison d’autres dieux et déesses. À vrai dire, il semble que chaque cité-État avait ses propres dieux secondaires, qui étaient adorés selon la coutume locale.
Les fêtes et les jeux. Les fêtes occupaient une place importante dans la religion grecque. Concours d’athlétisme, pièces de théâtre, sacrifices et prières attiraient des gens de très loin ; les fêtes constituaient ainsi un lien entre les cités-États divisées sur le plan politique. Parmi les fêtes les plus renommées figuraient les Jeux olympiques (à Olympie), les Jeux isthmiques (qui se déroulaient près de Corinthe), les Jeux pythiques (à Delphes) et les Jeux néméens (près de Némée). La célébration des Jeux olympiques tous les quatre ans était une base de calcul de l’ère chez les Grecs, chaque période de quatre ans étant appelée une olympiade. — Voir JEUX.
Les oracles, l’astrologie et les sanctuaires. Les devins et les médiums, par l’intermédiaire desquels les dieux étaient supposés révéler une connaissance cachée, avaient de nombreux adeptes. Les plus célèbres devins se trouvaient dans les temples de Délos, de Delphes et de Dodone. Là, les gens payaient pour recevoir par l’oracle les réponses aux questions qu’ils posaient. D’ordinaire, ces réponses étaient ambiguës et devaient être interprétées par les prêtres. À Philippes, en Macédoine, la fille qui pratiquait l’art de la prédiction (que l’apôtre Paul délivra d’un démon) était devineresse et “ procurait un bon gain à ses maîtres ”. (Ac 16:16-19.) Le professeur G. Wright fait remonter l’astrologie moderne aux devins de Babylone en passant par les Grecs (Biblical Archaeology, 1963, p. 37). Les sanctuaires où se produisaient des guérisons étaient également populaires.
L’immortalité, enseignement des philosophes. Puisque les philosophes grecs s’intéressaient aux questions fondamentales de la vie, leurs opinions façonnaient les croyances du peuple. Socrate, du Ve siècle av. n. è., enseignait l’immortalité de l’âme humaine. Dans Phédon (64c, 105e), Platon rapporte le dialogue de Socrate avec deux de ses collègues : “ ‘ À notre avis, la mort c’est quelque chose ? [...] Rien autre chose, n’est-ce pas, que la séparation de l’âme d’avec le corps ? Être mort, c’est bien ceci : à part de l’âme et séparé d’elle, le corps s’est isolé en lui-même ; l’âme, de son côté, à part du corps et séparée de lui, s’est isolée en elle-même ? La mort, n’est-ce pas, ce n’est rien d’autre que cela ? ’ ‘ Non, mais cela même ’, dit-il. ‘ L’Âme, n’est-ce pas ? ne reçoit pas en soi la Mort ? ’ ‘ Non. ’ ” Socrate poursuit : “ ‘ C’est donc que l’Âme est une chose non-mortelle ? ’ ‘ Une chose non-mortelle. ’ ” Opposer à Ézékiel 18:4 et Ecclésiaste 9:5, 10.
Les temples et les idoles. On érigea des temples magnifiques en l’honneur des dieux, et des statues de marbre et de bronze furent artistiquement sculptées pour les représenter. On trouve les ruines de quelques-uns des temples les plus célèbres sur l’Acropole d’Athènes ; il s’agit, entre autres, du Parthénon, de l’Érechtéion et des Propylées. C’est à Athènes que Paul parla de la crainte notoire des divinités qui prévalait dans la ville et déclara sans ambages à ses auditeurs que le Créateur du ciel et de la terre “ n’habite pas dans des temples faits à la main ” et, qu’étant la lignée de Dieu, ils ne devaient pas s’imaginer que le Créateur soit “ semblable à de l’or ou à de l’argent ou à de la pierre, semblable à quelque chose qui a été sculpté par l’art et l’imagination de l’homme ”. — Ac 17:22-29.
L’époque des guerres médiques. L’essor de l’Empire médo-perse sous Cyrus (qui conquit Babylone en 539 av. n. è.) représentait une menace pour la Grèce. Cyrus avait déjà conquis l’Asie Mineure, y compris les colonies grecques qui s’y trouvaient. Dans la troisième année de Cyrus (sans doute en qualité de souverain de Babylone), un messager angélique de Jéhovah fit savoir à Daniel que le quatrième roi de Perse ‘ soulèverait tout contre le royaume de Grèce ’. (Dn 10:1 ; 11:1, 2.) Le troisième roi de Perse (Darius Hystaspe) réprima une révolte des colonies grecques en 499 av. n. è. et se prépara à envahir la Grèce. La flotte des envahisseurs perses fit naufrage à cause d’une tempête en 492. Puis, en 490, d’importantes forces perses envahirent la Grèce, mais une petite armée d’Athéniens les vainquit dans les plaines de Marathon, au N.-E. d’Athènes. Xerxès, fils de Darius, était résolu à prendre une revanche. En tant que ‘ quatrième roi ’ annoncé, il souleva tout l’empire pour former une armée considérable et en 480 il franchit l’Hellespont.
Malgré l’unité exceptionnelle qui souda certaines des principales cités-États grecques dans leur lutte pour endiguer l’invasion, les troupes perses progressèrent par le N. et le centre de la Grèce, arrivèrent à Athènes et brûlèrent l’Acropole, la forteresse qui dominait la ville. Sur la mer, par contre, les Athéniens et les Grecs qui les soutenaient l’emportèrent en tactique sur la flotte perse et la coulèrent (ainsi que celle des Phéniciens et autres alliés) à Salamine. Ils firent suivre cette victoire sur les Perses par une autre sur terre à Platées, et par une autre encore à Mycale, sur la côte ouest de l’Asie Mineure, sur quoi les forces perses se retirèrent de Grèce.
La suprématie d’Athènes. Grâce à la puissance de sa marine, Athènes se hissa alors à la tête du pays. La période qui suivit, jusqu’en 431 av. n. è. environ, fut “ l’âge d’or ” d’Athènes, où furent élaborées les œuvres d’art et d’architecture les plus illustres. Athènes dirigea la ligue de Délos, qui réunissait plusieurs cités et îles grecques. Mais la ligue Péloponnésienne, dirigée par Sparte, jalousait la prééminence d’Athènes. Cela déclencha la guerre du Péloponnèse, qui dura de 431 à 404 av. n. è. et à l’issue de laquelle les Athéniens furent complètement battus par les Spartiates. Le régime de fer imposé par Sparte subsista jusqu’en 371 av. n. è. environ, après quoi c’est Thèbes qui domina. La Grèce entra dans une période de déclin politique, bien qu’Athènes restât le centre culturel et philosophique du bassin méditerranéen. Finalement, en 338 av. n. è., sous le règne de Philippe II, la puissance macédonienne montante conquit la Grèce et le pays fut unifié sous l’hégémonie macédonienne.
La Grèce sous Alexandre le Grand. Au VIe siècle av. n. è., Daniel avait reçu une vision prophétique annonçant que l’Empire médo-perse serait renversé par la Grèce. Alexandre, fils de Philippe, avait été instruit par Aristote et devint après l’assassinat de son père le champion des peuples d’expression grecque. En 334, Alexandre partit venger les villes grecques de la côte ouest de l’Asie Mineure que les Perses avaient attaquées. Il fit la conquête éclair non seulement de toute l’Asie Mineure, mais encore de la Syrie, de la Palestine, de l’Égypte et de tout l’Empire médo-perse jusqu’en Inde, réalisant ainsi le tableau prophétique de Daniel 8:5-7, 20, 21 (voir aussi Dn 7:6). En s’emparant de Juda en 332, la Grèce devenait la Cinquième Puissance mondiale par rapport à la nation d’Israël, les quatre premières ayant été l’Égypte, l’Assyrie, Babylone et l’Empire médo-perse. En 328, Alexandre avait achevé sa conquête, et le reste de la vision de Daniel s’accomplit. Alexandre mourut à Babylone en 323 et, comme prédit, son empire fut alors partagé en quatre royaumes, dont aucun n’égala le premier en force. — Dn 8:8, 21, 22 ; 11:3, 4 ; voir CARTES, vol. 2, p. 334 ; ALEXANDRE No 1.
Cependant, avant sa mort, Alexandre avait introduit la culture et la langue grecques dans tout son immense territoire. Des colonies grecques furent établies dans de nombreux pays conquis. On construisit en Égypte la ville d’Alexandrie, qui devint un centre intellectuel rivalisant avec Athènes. C’est ainsi que commença l’hellénisation de la plupart des régions méditerranéennes et du Proche-Orient. Le grec commun, ou koinè, devint la lingua franca parlée par des gens de nombreuses nationalités. C’est la langue dans laquelle des érudits juifs d’Alexandrie traduisirent leur version des Écritures hébraïques, la Septante. Par la suite, les Écritures grecques chrétiennes furent rédigées en koinè, et l’expansion internationale de cette langue facilita la propagation rapide de la bonne nouvelle chrétienne dans tout le pourtour méditerranéen. — Voir GREC.
Effet de l’hellénisation sur les Juifs. Lorsque les généraux d’Alexandre se partagèrent la Grèce, Juda se retrouva État frontière entre le régime ptolémaïque d’Égypte et la dynastie séleucide de Syrie. D’abord sous domination égyptienne, le pays fut conquis par les Séleucides en 198 av. n. è. Dans un effort visant à unir Juda et la Syrie dans la culture grecque, on favorisa l’expansion de la religion, de la langue, de la littérature et des vêtements grecs dans le pays.
Des colonies grecques furent fondées dans tout le territoire juif, notamment celles de Samarie (appelée plus tard Sébaste), d’Akko (Ptolémaïs) et de Beth-Shéân (Scythopolis), ainsi que d’autres en des lieux auparavant inhabités à l’E. du Jourdain (voir DÉCAPOLE). Un gymnase fut ouvert à Jérusalem et attira les jeunes Juifs. Les jeux des Grecs étant liés à leur religion, le gymnase contribua à affaiblir l’attachement des Juifs aux principes des Écritures. Même la prêtrise subit considérablement l’influence grecque à cette époque. Par ce moyen, des croyances jusqu’alors étrangères aux Juifs s’enracinèrent progressivement, parmi lesquelles l’enseignement païen de l’immortalité de l’âme humaine et la notion d’un lieu de tourments souterrain après la mort.
La profanation du temple de Jérusalem par Antiochus Épiphane au moyen du culte de Zeus (en 168 av. n. è.) marqua le point culminant de l’hellénisation des Juifs et déclencha les guerres maccabéennes.
À Alexandrie, en Égypte, où le quartier juif occupait une partie considérable de la ville, l’influence hellénistique était forte aussi (voir ALEXANDRIE). Certains Juifs d’Alexandrie se laissèrent détourner par la popularité de la philosophie grecque. Des écrivains juifs se sentirent obligés d’essayer d’adapter les croyances juives à ce qui était alors la “ tendance moderne ”. Ils essayèrent de prouver que les idées philosophiques grecques en vogue étaient en réalité précédées par des idées similaires dans les Écritures hébraïques ou même en dérivaient.
La domination romaine sur les États grecs. La Macédoine et la Grèce (un des quatre territoires nés du partage de l’empire d’Alexandre) furent assujetties par les Romains en 197 av. n. è. L’année suivante, un général romain proclama la “ liberté ” pour toutes les cités grecques. Cela signifiait que Rome ne réclamerait aucun tribut, mais attendait une coopération totale. L’hostilité contre Rome s’intensifiait sans cesse. La Macédoine fit la guerre aux Romains, mais essuya une nouvelle défaite en 167 av. n. è. Quelque 20 ans plus tard, elle devenait province romaine. En 146, menée par Corinthe, la ligue Achéenne se révolta contre Rome, mais les armées romaines pénétrèrent dans le S. de la Grèce et détruisirent Corinthe. Ainsi fut formée la province d’“ Achaïe ”, qui en 27 av. n. è. en vint à englober toute la Grèce méridionale et centrale. — Ac 19:21 ; Rm 15:26 ; voir ACHAÏE.
La période de domination romaine fut pour la Grèce une période de déclin politique et économique. Seule la culture grecque resta forte et fut largement adoptée par les conquérants. Les Romains se passionnèrent pour les statues et la littérature grecques, qu’ils importèrent. Des temples entiers furent même démontés et transportés par bateau en Italie. Nombre de jeunes Romains furent instruits à Athènes et dans d’autres centres intellectuels grecs. De son côté, la Grèce se replia sur elle-même, resta sur son vécu et devint passéiste.
Les “ Hellènes ” au Ier siècle de n. è. À l’époque du ministère de Jésus Christ et de celui de ses apôtres, les gens nés en Grèce ou d’origine grecque étaient toujours appelés Héllênés (singulier : Héllên). Les Grecs qualifiaient les non-Grecs de “ barbares ”, nom qui désignait simplement les étrangers ou ceux qui parlaient une langue étrangère. En Romains 1:14, l’apôtre Paul établit un contraste analogue entre “ Grecs ” et “ Barbares ”. — Voir BARBARE.
Dans certains cas, toutefois, Paul utilise aussi le terme Héllênés dans un sens plus large. Surtout par opposition aux Juifs, il parle des Héllênés, ou Grecs, comme représentants de tous les peuples non juifs (Rm 1:16 ; 2:6, 9, 10 ; 3:9 ; 10:12 ; 1Co 10:32 ; 12:13). Ainsi, en 1 Corinthiens chapitre 1, Paul met vraisemblablement en parallèle “ les Grecs ” (v. 1:22) et “ les nations ” (v. 1:23), sans aucun doute à cause du rôle important et prééminent que la langue et la culture grecques jouaient dans tout l’Empire romain. Dans un sens, les Grecs venaient “ en tête de liste ” parmi les peuples non juifs. Il ne faut pas en déduire que Paul ou les autres rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes utilisaient Héllênés dans un sens si large que par Héllên ils désignaient simplement un “ Gentil ”, comme certains commentateurs l’affirment. En Colossiens 3:11, Paul distingue le “ Grec ” de l’“ étranger [barbaros] ” et du “ Scythe ”, ce qui montre que Héllênés qualifiait un peuple particulier.
En harmonie avec ce qui précède, l’helléniste Hans Windisch déclare : “ Le sens de ‘ Gentil ’ [pour le mot Héllên] n’est confirmé [...] ni dans le judaïsme hellénistique ni dans le NT. ” (Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament, par G. Kittel, 1935, vol. II, p. 513). Néanmoins, il présente des preuves que les écrivains grecs appliquaient parfois le terme Héllên à des personnes d’autres races qui avaient adopté la langue et la culture grecques, des personnes qui étaient “ hellénisées ”. Ainsi, en examinant les références bibliques aux Héllênés, ou Grecs, dans de nombreux cas il faut penser qu’ils pouvaient au moins ne pas l’être de naissance ou d’origine.
Pour être qualifiée de “ grecque ”, la femme de nationalité syro-phénicienne dont Jésus guérit la fille (Mc 7:26-30) devait probablement être de descendance grecque. Les “ Grecs parmi ceux qui étaient montés pour adorer ” lors de la Pâque et qui demandèrent une audience avec Jésus étaient sans doute des prosélytes grecs de la religion juive (Jn 12:20 ; remarquer la déclaration prophétique de Jésus au verset 12:32 : “ J’attirerai des hommes de toutes sortes vers moi. ”). Le père de Timothée ainsi que Tite sont l’un et l’autre appelés Héllên (Ac 16:1, 3 ; Ga 2:3), ce qui signifie peut-être qu’ils étaient de descendance grecque. Cependant, puisque, au dire de certains, quelques auteurs grecs avaient tendance à appeler Héllênés des non-Grecs de langue et de culture grecques, et compte tenu du sens représentatif examiné plus haut dans lequel Paul employait ce terme, il n’est pas impossible que toutes ces personnes aient été grecques dans ce dernier sens. Néanmoins, le fait que la femme grecque vivait en Syro-Phénicie, ou que le père de Timothée habitait Lystres, en Asie Mineure, ou que Tite résidait, semble-t-il, à Antioche de Syrie, ne saurait prouver qu’ils n’étaient ni Grecs de race ni descendants de Grecs ; en effet, des colons et des immigrants grecs étaient présents dans toutes ces régions.
Lorsque Jésus dit à un groupe qu’il ‘ s’en allait vers celui qui l’avait envoyé ’ et que, ‘ là où lui était, eux, ils ne pouvaient pas venir ’, les Juifs se dirent entre eux : “ Où cet homme veut-il aller, de sorte que nous ne le trouverons pas ? Il ne veut tout de même pas aller vers les Juifs dispersés parmi les Grecs et enseigner les Grecs ? ” (Jn 7:32-36). Par “ les Juifs dispersés parmi les Grecs ”, ils entendaient sans doute simplement, non pas ceux qui s’étaient installés à Babylone, mais ceux qui étaient disséminés au loin, dans les cités et dans les territoires grecs à l’O. Les récits des voyages missionnaires de Paul donnent une idée du nombre considérable d’immigrants juifs qui se trouvaient dans ces régions grecques.
En Actes 17:12 et 18:4, qui mentionnent des événements survenus dans les cités grecques de Bérée et de Corinthe, il est certainement question de personnes d’origine grecque. Ce peut être également vrai des “ Grecs ” de Thessalonique, en Macédoine (Ac 17:4) ; d’Éphèse, sur la côte occidentale de l’Asie Mineure, ville colonisée depuis longtemps par les Grecs et qui avait été la capitale de l’Ionie (Ac 19:10, 17 ; 20:21) ; voire d’Iconium, au centre de l’Asie Mineure (Ac 14:1). Bien que l’association “ Juifs et Grecs ”, employée dans quelques-uns de ces passages, puisse laisser entendre que Luc, comme Paul, parlait des “ Grecs ” en tant que représentants des peuples non juifs en général, en réalité seule Iconium se situait géographiquement hors de ce qui était le domaine grec par excellence.
Les “ Hellénistes ”. Dans le livre des Actes apparaît un autre terme : Héllênistaï (singulier : Héllênistês). Ce mot ne se trouve ni dans la littérature grecque ni dans celle des Juifs hellénisés ; dès lors, on ne peut être absolument sûr de son sens. Cependant, la plupart des lexicographes estiment qu’il désigne les “ Juifs de langue grecque ” en Actes 6:1 et 9:29. Le premier de ces deux textes oppose ces Héllênistaï aux “ Juifs de langue hébraïque ”. (Ébraïoï [texte grec de B. Westcott et F. Hort].) Le jour de la Pentecôte 33 de n. è., des Juifs et des prosélytes de nombreux pays étaient présents. Que bien des personnes d’expression grecque vinrent dans la ville, c’est ce qu’atteste l’“ inscription de Théodote ” découverte sur la colline d’Ophel à Jérusalem. Écrite en grec, elle déclare : “ Théodote fils de Ouettènos, prêtre et archisynagogue [président d’une synagogue], fils d’archisynagogue, petit-fils d’archisynagogue, a construit la synagogue pour la lecture de la Loi et pour l’enseignement des Commandements, ainsi que pour l’hôtellerie et les chambres et les aménagements des eaux, pour servir d’auberge à ceux qui, (venus) de l’étranger, en auraient besoin — (synagogue) qu’avaient fondée ses pères, et les Anciens, et Simonidès. ” (Revue biblique, 1921, p. 251). Certains établissent un lien entre cette inscription et la ‘ synagogue des Affranchis ’ dont les membres étaient parmi les responsables du martyre d’Étienne. — Ac 6:9 ; voir AFFRANCHI, HOMME LIBRE.
Par contre, la forme de Héllênistaï qui est employée en Actes 11:20 à propos de certains habitants d’Antioche, en Syrie, peut désigner les “ gens de langue grecque ” en général plutôt que des Juifs de langue grecque. Cela semble indiqué par le fait qu’avant l’arrivée de chrétiens de Cyrène et de Chypre, on ne prêchait la parole, à Antioche, qu’aux “ seuls Juifs ”. (Ac 11:19.) Par conséquent, les Héllênistaï dont il est question dans ce passage pouvaient être des gens de diverses nationalités qui avaient été hellénisés, donc qui parlaient le grec (et qui avaient peut-être adopté les coutumes grecques). — Voir ANTIOCHE No 1 ; CYRÈNE, CYRÉNÉEN.
L’apôtre Paul se rendit en Macédoine et en Grèce au cours de ses deuxième et troisième voyages missionnaires (Ac 16:11–18:11 ; 20:1-6). Il consacra du temps à la prédication dans les grandes villes macédoniennes de Philippes, de Thessalonique et de Bérée, ainsi que dans les grandes cités d’Achaïe qu’étaient Athènes et Corinthe (Ac 16:11, 12 ; 17:1-4, 10-12, 15 ; 18:1, 8). Il accomplit son ministère à Corinthe pendant un an et demi au cours de son deuxième voyage (Ac 18:11) ; pendant ce temps, il écrivit les deux lettres aux Thessaloniciens et peut-être celle aux Galates. Lors de son troisième voyage, il rédigea sa lettre aux Romains à Corinthe. Entre 61 et 64 de n. è., après son premier emprisonnement à Rome, Paul retourna vraisemblablement en Macédoine, et c’est probablement là qu’il écrivit sa première lettre à Timothée et peut-être sa lettre à Tite.
Au cours des premiers siècles de notre ère, la culture grecque continua d’exercer son influence sur l’Empire romain, et la Grèce conserva ses acquis intellectuels, puisqu’Athènes possédait une des principales universités de l’Empire romain. Constantin s’efforça de fondre le christianisme avec certains enseignements et pratiques païens, et son exemple prépara le terrain pour que cette religion fusionnée devienne la religion officielle de l’empire. C’est ainsi que la Grèce devint une partie de la chrétienté.
Aujourd’hui, la Grèce a une superficie de 131 957 km2 et une population de 10 420 000 habitants (estimation de 1994).
[Illustration, page 1023]
Zeus. Les dieux grecs avaient une forme humaine et avaient souvent la réputation d’être extrêmement immoraux.